City Hunter Fanfictions
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Mercury80
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Mer 21 Avr - 20:39
Ryo doit à nouveau effectuer une mission pour Saeko : il doit se marier...
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Mercury80
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Mer 21 Avr - 20:40
Chapitre 1

Assis sur un banc dans le parc par une belle journée de septembre, Ryo regardait les jeunes femmes passer avec beaucoup d’intérêt. Plusieurs fois, il faillit se lever et en poursuivre une ou deux de ses assiduités mais il se retint, sachant que, s’il le faisait, il risquait de manquer son rendez-vous et il ne pouvait manquer la miss mokkori par excellence, se dit-il en ricanant bêtement. Son sixième sens en action, il se leva et s’élança, mokkori fièrement dressé, vers la belle jeune femme aux yeux améthyste qui arrivait. Avec bonheur, il aperçut la jolie culotte en dentelle noire qu’elle portait avant de ressentir la douleur de son talon enfoncé profondément dans sa bouche.

- Chalut Chaeko…, l’accueillit-il, retombant lourdement sur le sol.

Son moral remonta cependant très vite car il avait une vue imprenable sur les deux collines proéminentes de son amie et sa libido se réveilla de nouveau, très rapidement matée par quelques coutelas bien placés.

- Tu es insupportable, Ryo !, le tança-t-elle sévèrement.
- Tu n’as qu’à pas être aussi mokkori, ma chère.
- Bien, alors regarde mais ne touche pas !, fit-elle d’un ton pincé.
- C’est toujours pareil avec toi. Tu agites la marchandise sous mon nez et je dois rester de marbre. Mais je ne suis qu’un pauvre homme, moi…, geignit-il dramatiquement.
- Bon, si on en venait à la raison de notre présence ici. Je n’ai pas toute la journée devant moi., lui asséna-t-elle.

Saeko observa les alentours, méfiante, puis se tourna vers Ryo.

- Comment as-tu fait pour venir sans Kaori ?, lui demanda-t-elle, suspicieuse.
- Elle est partie de bonne heure à l’orphelinat. Il y a eu plusieurs nouvelles arrivées et ils avaient besoin de bras pour s’en occuper., répondit le nettoyeur nonchalamment.
- Tant mieux. Ryo, je voudrais te confier une mission., commença-t-elle.

Il bondit du banc et se posta, poings sur les hanches, face à elle, l’air furieux. Elle le regarda patiemment et attendit sa diatribe endiablée.

- Je pense que tu oublies quelque chose. Regarde ça !, dit-il en sortant une liste de petits billets noircis qui vola dans les airs sur dix mètres de long.
- Ce sont tous les coups que tu me dois et que tu n’honores jamais ! Alors c’est d’avance ou rien !, hurla-t-il, faisant se retourner plusieurs passants.
- Fais voir., demanda-t-elle en prenant la liste à sa moitié.

Elle fit mine de l’étudier puis la déchira en deux, en froissant la fin.

- Eh !, s’offusqua Ryo.
- Ca, c’est pour les dommages que tu as causés en ville la semaine dernière et que j’ai dû couvrir., expliqua-t-elle.
- A qui la faute ? Tu ne m’avais pas dit que ces tarés étaient armés de lance-missiles à ciblage thermographique ! Je ne l’ai appris qu’en y faisant face ! Sinon, je serais parti hors de la ville !
- Si tu n’avais pas passé ton temps à courir après la fille du chef, tu l’aurais su bien plus tôt. Même Kaori s’en était aperçue., rétorqua Saeko.

Un peu trop tard pour prévenir, mais elle s’en était aperçue tout de même. Ryo croisa les bras, boudeur. Il était vexé qu’on lui rappela que, sur ce coup-là, sa partenaire avait été meilleure que lui, enfin surtout beaucoup plus concentrée… Caché sous des tonnes de crasse accumulées pendant des années, il était néanmoins fier des progrès qu’elle avait faits.

- Mouais. Ben si c’est comme ça, t’as qu’à embaucher Kaori., répliqua-t-il.
- Je ne suis pas sûre que tu diras la même chose quand tu sauras le fin mot de l’histoire., soupira-t-elle, regardant au loin.

Il releva les yeux et vit son air sérieux. Il reprit alors place auprès d’elle, l’invitant silencieusement à parler.

- On a probablement des cas d’enlèvements avec séquestrations et demande de rançons à travers le monde.
- Là, tu ne m’apprends rien, Saeko. Tu n’as pas l’air sûre…, remarqua-t-il.
- En fait, c’est récent. Nous avons retrouvé trois hommes errant sur des plages autour de la baie de Tokyo. Trois occidentaux qui ne se rappelaient de rien. Après enquête, il s’est avéré que ce sont trois hommes qui ont disparu il y a entre neuf et douze mois en Italie et en Espagne. Ils avaient été portés disparus et on pensait qu’ils étaient morts dans des accidents divers avec leurs épouses., expliqua-t-elle.
- La femme aura demandé l’enlèvement pour toucher le pactole, rien de neuf sur Terre., fit Ryo, désabusé.
- Non, elles ont disparu en même temps.

Ryo tourna le visage vers elle, la détaillant. Il n’aimait pas son attitude rigide, souvent signe qu’elle cachait son désarroi, elle qui n’aimait pas montrer ses faiblesses.

- Chaque couple a disparu ensemble le même jour dans la semaine après le début de leur voyage de noces. Comme les hommes sont réapparus, on a compris qu’il s’agissait d’enlèvements et non de morts.
- Combien de couples sont concernés d’après vos recherches ?, lui demanda-t-il d’un ton neutre.
- Vingt-neuf. Huit en Europe, dix en Amérique, quatre en Afrique et déjà sept en Asie. Après enquête, toutes les familles ont payé une rançon dans les semaines qui ont suivi les disparitions mais ne voulaient rien dire par peur de représailles. Aujourd’hui, on voit réapparaître les maris mais pas les femmes et on se demande pourquoi.
- Une deuxième rançon, ne cherche pas plus loin.
- Qui leur dit qu’ils paieront ? Peut-être que certains refuseront de payer pour la femme. Tu imagines les conséquences ?, l’interrogea-t-elle sans vraiment attendre de réponse.

Il s’adossa au banc et se perdit dans la contemplation des nuages. Il imaginait très bien le pouvoir que pouvait avoir l’argent face à l’amour. Il n’imaginait que trop bien que certains hommes s’étaient mariés par besoin plus que par sentiments et qu’ils n’hésiteraient que peu à laisser leur épouse entre les mains de ces malfaiteurs, la livrant à la mort ou à un réseau de traite des femmes. Il serra les dents de rage.

- Qu’attends-tu de moi ?, lui demanda-t-il.
- Nous avons trouvé certains points communs entre les couples. Je voudrais que tu t’infiltres. Je sais que c’est dangereux mais je sais aussi que tu es capable de le faire., lui assura-t-elle.
- Tu veux que je devienne un des hommes de cette bande ? Tu les as identifiés ?, s’étonna-t-il.

Elle le dévisagea sérieusement et secoua négativement la tête.

- Non, nous ne savons pas qui ils sont. Ryo, je voudrais que tu deviennes leur cible, leur trentième proie et j’espère bien la dernière., lui dit-elle.

Il resta silencieux un moment, méditant sa demande.

- En gros, tu me demandes de me marier., résuma Ryo, très sérieux.
- Oui., répondit-elle simplement.
- Je savais qu’on arriverait à s’entendre un jour, ma Saeko d’amour !, fit-il, la serrant contre lui.

Saeko était ébahie et mit quelques secondes à réagir.

- Qui dit mariage dit nuit de noces. Toi et moi allons faire mokkori toute la nuit !, claironna-t-il, sa face de pervers émergeant.

Il imaginait déjà très bien Saeko en petite nuisette blanche transparente se donner à lui.

- Oh oui, mon Ryo, prouve-moi tes talents. Je suis à toi…, lui susurrait-elle d’une voix lascive.

Il se mit à rire bêtement, ne prenant pas garde à la manifestation physique de ses réflexions qui mettaient en émoi les passants, mais pas pour la raison qu’il aurait espérée, et la colère grandissante de la femme qu’il étreignait et surtout sur qui il gouttait. Un poing rageur reçu en pleine figure le sortit de sa transe.

- Ce ne sera pas moi, idiot., lui apprit-elle sèchement.
- Ryo, tu te rends compte que ce n’est certainement pas une mission de quelques jours ? Il faudra jouer le jeu de la préparation du mariage, du mariage et du voyage de noces.
- Et l’après., intervint-il d’un ton posé.
- Et l’après., acquiesça-t-elle.
- Sans savoir ce qu’ils attendent exactement., ajouta-t-elle.
- Je ne veux pas entraîner Kaori dans cette histoire., lui dit-il.

Malgré toutes ses simagrées, il avait déjà réfléchi à tout cela et estimait la situation trop dangereuse pour sa partenaire.

- Moi non plus., approuva Saeko.
- Alors tu as pensé à qui ?, lui demanda-t-il, ayant déjà une petite idée de la réponse.
- Reika. Elle est expérimentée et suffisamment aguerrie pour pouvoir supporter cela., répondit l’inspectrice.

Elle n’aimait pas non plus savoir sa sœur au milieu de ce guêpier mais elle avait confiance en elle. Elles en avaient surtout déjà parlé et Reika s’était imposée. Saeko savait très bien pourquoi mais elle avait quand même accepté.

- Je m’en doutais. Tu me mets dans une position des plus inconfortables. Je sens que je vais me prendre des massues à n’en plus finir., soupira Ryo.
- Evite-les., répliqua-t-elle.
- Je pourrais…, soupira-t-il.

Mais il ne le ferait pas.

- Trouve un moyen d’éloigner Kaori. Pourquoi ne pas l’envoyer voir Sayuri à New York ? Si elle est au loin, elle ne saura pas ce que tu fais., proposa Saeko.
- Tu me conseilles de lui mentir ? Ca ne fait pas très… inspectrice intègre., plaisanta-t-il, un sourcil levé.
- Si j’étais aussi respectueuse de la loi, tu serais depuis longtemps derrière les barreaux, Ryo., répondit-elle, lui faisant un clin d’oeil.

Il esquissa un léger sourire amer, sentant une nouvelle fois le poids de sa vie illégale lui peser.

- Heureusement que je n’existe pas alors…, murmura-t-il.

Saeko s’appuya contre le dossier du banc à son tour.

- Ca ne t’a jamais traversé l’esprit de devenir quelqu’un ?, lui demanda-t-elle, curieuse.
- Si, une fois ou deux., avoua-t-il.

Ca lui était parfois arrivé quand il s’était demandé comment il avait pu laisser la petite sœur innocente de son meilleur ami entrer si profondément dans ses ténèbres et qu’il s’était rendu compte qu’elle ne partirait jamais sans lui. Mais sans existence légale, pas d’emploi légal, pas de vie normale, pas d’elle et lui.

- Mais à quoi bon s’appesantir sur le sujet ? Je ne peux de toute manière pas le faire., éluda-t-il sombrement.
- Donc je vais avoir le droit de faire mokkori avec ta sœur ?, fit-il, l’oeil lubrique.
- Peut-être que je lui ferais un chantage pour que tu payes TES dettes., reprit-il.
- Voyons, Ryo. Entre beau-frère et belle-sœur, ce ne sera pas très moral…, minauda-t-elle.
- Tu imagines la tête de mon père s’il apprenait que tu couchais avec ses deux filles.
- J’imagine la tête de ton père s’il apprenait que son beau-fils est l’un des hommes les plus recherchés du Japon.

Saeko eut la décence de paraître gênée.

- Heureusement que ce mariage sera factice alors., sourit-il.
- Oui. Tiens, c’est le dossier. Il faudra prendre rendez-vous à l’une de ces agences qui préparera le mariage de vos rêves. Faites attention à bien demander tous les prestataires soulignés dans le dossier. Appelle-les vite. Reika attend ton coup de fil.
- Pour les frais ?
- Tout est dans le dossier. Je t’ai ouvert un compte, tu as une carte sans plafond et un budget illimité…

Elle vit le pétillement de plaisir dans l’oeil de son ami.

- Evite d’en profiter pour aller te saouler et prendre du bon temps avec les bunnies. Tu es fiancé, Ryo. Et pense à la quincaillerie., dit-elle en agitant ses doigts devant lui.
- Les bagues ? Tu veux que je m’occupe des bagues ? Mais j’y connais rien, moi !, pesta-t-il.
- Pense à ce que tu aimerais et ce que la femme que tu aimes aimerait., lui conseilla-t-elle.
- Je n’aime personne, tu le sais bien., rétorqua-t-il, chassant certaines images de son esprit.

Elle ne répondit que par un petit sourire amusé et partit. Il se laissa aller contre le banc et poussa un long soupir. Dans quoi s’était-il encore une fois embarqué ? Volontairement qui plus était, sans qu’elle eut à le séduire… Il n’avait même pas négocié de coups avec elle comme quoi, il considérait cette affaire très sérieusement. Il ne savait pas ce qu’il découvrirait mais il se doutait qu’il n’aimerait pas. Entendant quelqu’un donner l’heure, il se secoua et sortit du parc après avoir rangé la carte bleue et les espèces que Saeko lui avait données. Pour une fois, elle avait été généreuse. Il consulta les divers papiers qui attestaient de son identité et les glissa dans sa poche intérieure. Elle n’avait pas changé son nom, ce qui était étonnant mais il ne s’en plaindrait pas.

Après être passé devant plusieurs boutiques, il entra dans une bijouterie un peu en retrait de la rue. Il erra devant les petites vitrines et son regard se figea sur deux alliances très simples avec un léger ornement très finement ciselé et juste à côté un solitaire sur lequel s’érigeait un diamant pas très gros, taillé légèrement en ovale. Elle apprécierait, se dit-il sans chercher à définir exactement à qui il pensait.

- Je peux vous aider, Monsieur., lui proposa le bijoutier.
- Oui, je voudrais ces deux alliances et cette bague., dit-il en désignant les trois pièces.
- Très bon choix. En revanche, je tiens à vous préciser que ce sont des bijoux anciens. Je pourrais effacer les inscriptions mais je ne pourrais pas changer la taille. Vous devriez peut-être les essayer avant.
- Montrez-les moi., demanda Ryo.

Il lui tendit les deux alliances qu’il enfila à son annulaire et son auriculaire côte à côte. Elles iraient parfaitement. Il essaya ensuite le solitaire et en fut également satisfait.

- Je les prends toutes les trois., affirma Ryo.
- Bien, Monsieur. Que dois-je inscrire ?
- Rien, pour le moment., répondit distraitement le nettoyeur.

Son regard s’était porté plus loin, là où il avait vu passer Mick en train de draguer les passantes. Il espéra qu’il serait parti quand il sortirait de la boutique car il ne voulait en aucune manière répondre à ses questions. Il savait d’avance ce qu’il lui dirait…

- Très bien. Je vais les mettre dans deux écrins et je vous les redonne de suite.
- Merci.

Ryo attendit deux minutes avant de voir revenir l’homme qui posa les deux boîtiers sur le comptoir. Il enregistra la vente, Ryo sortit sa nouvelle carte flambant neuve et paya avant de mettre les deux boites dans sa poche de pantalon.

- Tous mes vœux de bonheur à votre fiancée et vous, Monsieur., le salua le commerçant.

Ryo se tourna vers lui et ne sut quoi répondre. Sa fiancée et lui, ça sonnait tellement étrange, tellement faux quand il songeait à Reika qu’il ne savait comment réagir.

- Merci., répondit-il simplement avant de sortir.

Mission numéro un accomplie. Guettant les environs, il fut soulagé de ne pas trouver son ami et se dirigea vers l’immeuble de Reika. Jetant un œil vers leur appartement, il ne vit aucune lumière allumée, aucun signe que Kaori était déjà rentrée. Il appréhendait son retour et espérait vraiment qu’elle ne verrait rien de plus qu’une proposition amicale d’aller voir son amie à New York. Il grimpa les deux étages qui menait jusqu’aux bureaux de la deuxième sœur Nogami et frappa à la porte.

- Ryo, mon amour !, fit-elle en se jetant à son cou.
- Doucement, Reika. On n’en est pas encore là., répondit Ryo, regardant nerveusement le couloir.

Il la poussa à rentrer et referma la porte. Il tourna nerveusement en rond avant de s’immobiliser et de regarder sa future partenaire… Il n’arrivait pas à s’y faire mais il le devait : Reika deviendrait sa partenaire le temps de cette mission…

- Bon, je suppose que Saeko t’a largement briefée. Tiens, essaie cela., lui dit-il lui tendant les boites à bijoux.

Esquissant une petite moue déçue, elle attrapa les écrins et les ouvrit.

- Ben dis donc, tu ne t’es pas foulé. Pour un richissime hommes d’affaires, tu aurais pu trouver un peu mieux., affirma-t-elle d’un ton pincé.

Il regarda les bijoux et haussa les épaules. Elles lui convenaient très bien à lui. Ce n’était pas parce qu’on était riche qu’on devait acheter des trucs clinquants, non ?

- Elles ne me vont pas ! Elles sont trop petites !, râla-t-elle.
- Tiens, retourne à la pêche.
- Ouais, je verrais cela plus tard., maugréa-t-il, rangeant précieusement les bijoux.
- Bon, je vais rentrer et prendre rendez-vous pour organiser nos noces. Des exigences particulières ?
- Je veux du monde autour de nous., fit-elle, rêveuse.
- Et une belle robe blanche avec une longue traîne… , continua-t-elle.
- Et papa qui m’amène à l’autel.
- Reika, c’est un faux mariage., lui rappela-t-il.
- On pourrait en faire un vrai, mon chéri., susurra-elle, passant les bras autour de son cou pour l’embrasser.

Ryo prit sa tête de pervers et laissa un coucou se glisser entre eux.

- Oh alors tu ne verras aucune objection à tirer un coup avant le mariage ?, fit-il, pétrissant sans trop d’égard ses fesses.
- Quoi ? Mais… Mais non !, s’écria-t-elle, outrée.

Elle le repoussa et il atterrit les quatre fers en l’air derrière le canapé.

- Avant tout, tu me signeras cela !, lui asséna-t-elle, lui tendant son éternel exemplaire de contrat de mariage avec un stylo.
- Je ne signerai rien, Reika. Ce sera un simulacre et rien d’autre. Personne ne m’épinglera sur son tableau de chasse., lui jura-t-il.
- Je te laisse. Je t’appellerai pour te donner l’heure et le lieu du rendez-vous. A plus.

Il la salua vaguement puis s’en alla, regagnant son appartement.

- Kaori ? Kaori, tu es là ?, cria-t-il.

Il la chercha dans la cuisine, la salle de bains et sa chambre mais elle n’était visiblement pas rentrée. Il en profita donc pour prendre rendez-vous dans l’une des agences indiquées par Saeko, obtenant un rendez-vous pour le lendemain matin à neuf heures. Il prévint donc Reika et venait juste de raccrocher quand il entendit la clef tourner dans la porte. Il se jeta dans le canapé, attrapant une de ses revues planquées derrière les coussins, et l’ouvrit à n’importe quelle page, riant bêtement.

Kaori pénétra dans l’appartement, un sac de courses dans les bras. Elle observa la table du petit-déjeuner qui n’avait pas été débarrassée, la veste de Ryo à terre plus tout le ménage qu’elle n’avait pas fait depuis quelques jours, passant tant de temps à l’orphelinat. Elle soupira mais ne regretta pas son implication. Les deux plus jeunes enfants qui étaient arrivés avaient vraiment eu besoin qu’on s’occupa d’eux tout spécialement et elle avait pu les rassurer. Elle esquissa un sourire ému en repensant au câlin que lui avait fait le plus jeune avant de partir.

- Bonsoir, Ryo.
- ‘lut., fit-il absorbé dans sa lecture.

Elle réprima un soupir et partit en cuisine ranger ses courses. Elle prépara le repas et fit un peu de ménage pendant que ça mijotait.

Ryo attendit d’être à table pour passer à l’offensive.

- C’est calme en ce moment niveau travail., commença-t-il.
- Oui, c’est vrai. Il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps…, répondit-elle, calculant le temps qu’ils pourraient ainsi tenir.
- Destresse, Kaori. Je me disais que ça faisait longtemps maintenant que Sayuri et toi ne vous étiez pas vues.
- C’est vrai. On se parle souvent au téléphone, ça compense un peu., admit la nettoyeuse, pensive.
- Et si tu allais la voir quelques jours, voire quelques semaines ? Ca te ferait du bien de souffler un peu.

Elle le regarda d’abord surprise puis plissa les yeux.

- Qu’est-ce que tu me caches ? Tu veux m’écarter, c’est cela ?, demanda-t-elle, la colère grondant dans sa voix.

Il se mordit intérieurement les doigts mais garda son calme, s’autorisant juste à paraître mécontent.

- Mais non ! Ca y est, pour une fois que je me montre sympa avec toi, tout de suite tu me prêtes de mauvaises intentions., fit-il, claquant ses baguettes sur la table avant de se lever.

S’immobilisant près de la fenêtre, il se décerna l’oscar du meilleur acteur : elle s’en voulait visiblement alors qu’elle avait tapé dans le mille. Il s’empressa de fixer l’extérieur quand elle releva le visage, contrite. Elle se leva et s’approcha de lui.

- Je suis navrée, Ryo. Je… Tu as raison., souffla-t-elle.
- N’en parlons plus. Alors, tu veux aller à New York ?, lui demanda-t-il, radouci.
- Ca me ferait plaisir mais on ne peut pas se le permettre…, dit-elle, malheureuse.
- Si on peut. Vas-y, fais-toi plaisir pour une fois, Kaori. C’est un voyage que tu ne feras certainement qu’une fois alors si tu veux rester plusieurs semaines, n’hésite pas. Je ferais en sorte de ne pas mettre le feu à la maison en ton absence., plaisanta-t-il.
- Tu es sûr ?, l’interrogea-t-elle, une lueur d’espoir grandissant dans ses prunelles.
- Oui. Vas-y.
- Merci, Ryo.

Sans prévenir, elle déposa un baiser sur sa joue et recula en rougissant avant de s’enfuir dans sa chambre. Ryo resta stupéfait et toucha sa joue.

- Tu vas morfler quand elle va rentrer et se rendre compte que tu t’es foutu d’elle., murmura-t-il, le coeur lourd.

Certainement mais au moins elle serait à l’abri, loin du danger et c’était ce qui primait.
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Jeu 22 Avr - 22:23
Chapitre 2

Réveillée de bonne heure le lendemain matin, Kaori se leva de bonne humeur, prise d’une excitation enfantine à l’idée de revoir enfin Sayuri et de visiter un peu les Etats-Unis. C’était son premier voyage en dehors du Japon et elle devait avouer qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire. Certainement un passeport, se dit-elle. Elle ferait des photos d’identité à la gare puis elle se rendrait en agence de voyages… A la limite de frapper des mains tellement elle était contente, elle bondit de son lit et fila sous la douche. En moins de dix minutes, elle était lavée et habillée et commençait à préparer le petit-déjeuner. Rien n’allait assez vite à son goût tant elle trépignait de pouvoir sortir. Elle déjeuna en moins de deux et se retrouva dehors, marchant d’un bon pas vers la gare.

Chemin faisant, son excitation se tempéra. Elle aurait aimé pouvoir faire ce voyage avec Ryo, profiter de ce moment où ils auraient enfin pu être vraiment seuls à deux, sans danger, sans visite impromptues, sans mission pourrie… Peut-être même qu’il aurait pu lui montrer ce qu’avait été sa vie dans ce pays… Elle allait le laisser seul pendant quelques semaines, parce qu’il avait insisté encore la veille au soir et qu’il avait raison, un voyage aussi cher méritait de durer autant. Saurait-il se débrouiller ? Dans quel état retrouverait-elle la maison ? Et parmi les questions qui la terrifiaient le plus, en profiterait-il pour ramener des filles chez eux ? Serait-il encore célibataire ? Aurait-elle encore sa place ? Et la question ultime, serait-il encore vivant ?

Soudain, ce voyage ne lui plaisait plus autant. Elle avait peur de le perdre, pour une autre ou définitivement, mais cela, elle ne pourrait jamais lui expliquer. Il ne comprendrait pas, ou ne voudrait pas le comprendre plutôt, il se moquerait certainement d’elle. Elle se secoua : il ne pouvait pas régir toute sa vie et c’était lui qui lui avait offert de partir quelques temps sans mauvaises intentions pour une fois. Elle devait se montrer courageuse et lui faire confiance.

A la gare, le tableau était toujours vide. Elle s’arrêta à un photomaton et prit une planche de photos d’identité avant de ressortir. Toutes les agences de voyage qu’elle croisa sur sa route étaient fermées et n’ouvraient qu’à neuf heures. Elle consulta sa montre : huit heures cinq… Elle se mit à rire bêtement : elle s’était peut-être laissée un peu emporter… Elle préféra rentrer et revenir plus tard et reprit donc le chemin de l’immeuble. Arrivée proche de chez elle, elle vit garée non loin la Porsche rouge de Saeko.

- Elle est bien matinale elle aussi., murmura-t-elle, levant les yeux vers l’appartement de Reika dont les fenêtres étaient ouvertes.

Reika profiterait-elle de son absence pour tenter de mettre le grappin sur Ryo ? Elle chassa cette idée.

- Je vais me marier, Saeko !, entendit-elle soudain.

Elle aurait reconnu cette voix entre mille, Reika. Elle ne put s’empêcher de s’approcher de l’immeuble pour écouter la conversation malgré sa conscience qui la réprimandait vertement.

- Reika, redescends sur Terre. Tu sais très bien que ce ne sera pas un vrai mariage., la tança Saeko.
- Toi, tu es juste jalouse parce que c’est moi qui aurai le privilège de lui passer la bague au doigt., répondit sa sœur.

« Va-t-en », lui répétait sa conscience. « Va-t-en avant qu’il ne soit trop tard » mais ses pieds refusaient de bouger.

- Il ne tient qu’à moi de lui montrer que je suis la femme qu’il lui faut pendant cette mission., ajouta la détective.
- Je compte sur toi pour être concentrée sur ta mission, Reika. Je ne veux pas t’enterrer., la réprimanda l’inspectrice.
- Que veux-tu qu’il m’arrive ? Tu n’as pas confiance en Ryo pour me protéger ?, la nargua Reika.

Ce fut comme si les enfers s’ouvraient sous ses pieds. Le sang de Kaori se glaça dans ses veines. Ryo, une mission, un mariage, Reika, son voyage aux Etats-Unis… Il l’avait bernée encore une fois… Il voulait l’écarter pour une mission où il se marierait avec la détective. Pourquoi pas elle ? Le rebutait-elle à ce point ? N’était-elle pas assez douée ? Pourquoi Reika ? Quand elle se réveilla de ses réflexions, elle faisait face aux deux sœurs Nogami, stupéfaites.

- Kaori ?, l’appela Saeko.

La nettoyeuse se retourna, voyant la porte grande ouverte. Hébétée, elle ne se souvenait pas d’être montée, quatre à quatre à en juger par son souffle court.

- On ne t’a pas appris à frapper avant d’entrer ?, lui lança aigrement Reika.
- La ferme., répondit-elle calmement, dardant un regard lourd de menaces sur elle.

Ce regard pesa quelques instants sur la détective avant de se tourner vers l’inspectrice. Les deux femmes se jaugèrent du regard avant que Saeko ne le détourna.

- Assieds-toi., lui proposa-t-elle.
- C’est quoi cette histoire de mission et de mariage, Saeko ?, demanda-t-elle d’une voix neutre.

Elle se serait presque applaudie de cet exploit car, intérieurement, elle hurlait à la mort, le coeur déchiré. L’inspectrice jeta un regard vers les fenêtres, levant les yeux au ciel exaspérée, avant d’aller les fermer.

- Je ne veux pas que tu t’en mêles, Kaori. C’est trop dangereux., lui dit-elle.
- Trop dangereux pour moi, mais pas pour ta sœur ?, fit Kaori d’un ton pincé.
- Hideyuki m’en voudrait à mort si je te laissais y aller., soupira Saeko.

Pendant un instant, la nettoyeuse ne sut quoi répondre. Elle vit le même flash de douleur qu’elle ressentait dans les yeux de l’inspectrice. C’était souvent fugace mais très intense, la submergeant. Puis cela passa.

- Explique-moi alors que je comprenne pourquoi vous me mettez tous à l’écart, pourquoi mon partenaire me ment et m’envoie au loin., lui demanda-t-elle avec une moue de défi.
- Il s’agit de démanteler un réseau d’enlèvement de couples, des jeunes mariés qui disparaissent pendant leurs voyages de noces. Nous avons vingt-neuf couples jusqu’ici encore tous retenus en otage à l’exception de quatre hommes…
- Quatre ?, intervint Reika.
- Oui, on en a encore retrouvé un cette nuit. Aucun souvenir, visiblement drogué…, lui expliqua Saeko.
- Mais les autres ? Leurs femmes ?, l’interrogea Kaori, le coeur serré.
- On ne sait pas. On pense qu’une deuxième rançon va être demandée pour les femmes. On espère que c’est le scénario…, répondit l’inspectrice.
- Ca dure depuis combien de temps ?
- Un an pour la plus ancienne disparition.

Kaori se laissa aller dans le canapé de Reika. Ca ne lui plaisait pas mais elle comprenait l’intérêt de Saeko et la volonté de Ryo d’intervenir.

- Donc tu as demandé à Ryo de devenir une cible ?
- Oui.
- Et à ta sœur de jouer le rôle de son épouse ?

Elle vit Saeko hésiter et jeter un regard à sa sœur qui esquissait un petit sourire victorieux.

- En quelque sorte., répondit-elle.
- En quelque sorte…, répéta Kaori à voix basse.
- Ca commence quand ?, s’enquit-elle.

Elle s’en voulut de sa question qui n’avait qu’une seule finalité : la faire souffrir.

- Nous avons rendez-vous ce matin à neuf heures à l’agence qui va s’occuper de nos noces., répondit fièrement Reika, agitant un papier entre ses doigts.
- Reika !, la reprit Saeko, le regard noir.
- Kaori, que vas-tu faire ?, l’interrogea l’inspectrice, inquiète.

La nettoyeuse baissa les yeux, le coeur en miettes. Réduire Reika en bouillie ? Ecraser Ryo sous une massue ? Hurler à la mort ? Se mettre à genoux et le supplier de la laisser être sa femme ? Elle releva la tête et regarda son amie.

- Rien. Sois tranquille. Je vais prendre l’avion pour les Etats-Unis, partir voir Sayuri. Peut-être même que je ne reviendrai pas., répondit-elle, tournant les talons avant de sortir.

Elle ne vit pas le regard peiné de Saeko et ignora celui victorieux de Reika. Elle sortit de l’immeuble, se recomposa une attitude neutre et rentra chez elle. Lorsqu’elle pénétra dans l’appartement, elle entendit le bruit de la douche et leva les yeux vers l’horloge : huit heures trente cinq… C’était un exploit pour Ryo : il était déjà levé, avait déjeuné de bon coeur à en juger les miettes éparpillées autour de la table et était sous la douche. Il devait être motivé par sa mission ou à l’idée de passer du temps avec Reika… Elle n’épilogua pas sur le sujet et débarrassa la table avant de partir en cuisine.

- Salut, tu étais bien matinale ce matin., remarqua Ryo, entrant dans la cuisine alors qu’elle faisait la vaisselle.

Il détailla sa silhouette habillée d’une jolie robe d’un jaune pâle sans se presser. Elle était si concentrée sur sa tâche qu’il n’avait même pas besoin de cacher ses émotions et surtout que la vue lui plaisait.

- Oui. Je voulais aller faire des photos d’identité pour le passeport dont j’aurai besoin., répondit-elle.
- Tu ne t’ennuieras pas pendant mon voyage., laissa-t-elle échapper.

Elle s’en voulut : ça avait été plus fort qu’elle. Elle se retenait difficilement de lui envoyer une massue sur le coin du nez. Elle était blessée.

- Pourquoi dis-tu cela ?, fit-il innocemment.

Intérieurement, il se posait des questions. Elle avait l’air si heureuse hier soir et il l’avait entendue aller et venir fébrilement ce matin, ressentant son excitation mais, là, devant lui, elle semblait nettement plus froide.

- Pour rien. C’était une question., mentit-elle.
- Je ne serai pas là pour t’ennuyer et te restreindre. Tu pourras faire tout ce que tu voudras., ajouta-t-elle, se retenant de pleurer.
- Kaori…, commença-t-il mais il s’arrêta.

Que lui dire ? Qu’elle allait lui manquer ? Ce serait après tout la vérité mais elle partirait le coeur lourd. Qu’il n’aurait pas le temps de courir les filles et qu’elle pouvait partir l’esprit tranquille ? Ce serait comme lui dire que la Terre avait arrêté de tourner, elle se poserait tout un tas de questions auxquelles il ne voulait pas répondre…

- Profite de ton voyage sans t’inquiéter, s’il te plaît., lui demanda-t-il.
- Je dois aller faire le tour de mes indics. A tout à l’heure., l’informa-t-il.

Il l’observa encore quelques secondes, attendant une réponse qui ne vint pas, puis s’éloigna.

- Dommage que je ne sois pas une petite chose sans cervelle. Pourquoi suis-je tombée amoureuse de toi, Ryo Saeba ?, laissa échapper Kaori, le pensant suffisamment loin pour ne pas l’entendre.

Mais il ne l’était pas et son coeur se serra. Il sortit discrètement et se dirigea vers l’agence. Tout le long du trajet, il se rappela pourquoi il l’avait semblait-il blessée une fois de plus : sa sécurité. Parvenu à destination, il sortit une cigarette, qu’il alluma et fuma en patientant.

Peu après le départ de Ryo, Kaori jeta le torchon sur la table après s’être essuyée les mains puis, repentante, elle le prit et l’étala sur le porte-serviette comme il fallait : cette pauvre chose n’avait rien fait après tout… Elle récupéra sa veste, son sac à main et remit ses chaussures avant de sortir pour se rendre à une agence de voyages. Dans la rue, elle tomba sur Reika qui sortait de son appartement et lui lança un regard de défi. Elle l’ignora et reprit son chemin.

Elle n’avait pas fait dix mètres que la détective l’arrêtait, une main sur le bras. Elle posa un regard noir sur elle et eut un petit sourire moqueur.

- Je te conseille de ne pas gaspiller ton fric à prendre un billet retour. Reste aux Etats-Unis, Kaori. Trouve-toi un gentil mari là-bas et oublie Ryo.
- Je resterai là-bas si ça me chante, Reika., répondit la nettoyeuse.
- Tu as une chance d’avoir une vie normale. Tu ne crois pas que, s’il avait voulu de toi, il se serait lancé depuis longtemps déjà ?

Kaori fit un effort considérable pour cacher la blessure qu’elle venait de lui infliger. Elle ne se montrerait pas faible devant elle.

- Moi, quand il me voit, il me saute dessus. Tu ne peux pas en dire autant…, la nargua-t-elle.
- Oublie-le. Reste là-bas.
- Je n’ai pas besoin de tes conseils. J’ai un partenaire qui compte sur moi…, commença la nettoyeuse.
- Tu en es si sûre ?, la coupa la détective.
- S’il comptait vraiment sur toi, ce serait avec toi qu’il ferait cette mission, non ?
- Fiche-moi la paix, Reika. Le jour où Ryo ne voudra plus de moi, il me le dira en face. Tant que ce n’est pas arrivé, ne m’exclue pas de sa vie., répliqua Kaori.

Elle se tourna, lui signifiant que la conversation était close. Reika serra les poings de rage et la suivit.

- Sale petite peste ! Je ne vais pas te laisser gâcher ma vie éternellement ! Tu vas lui foutre la paix. On va se marier et tu quitteras sa vie !
- Tu perds ton sang froid, Reika ! Tu es bien moins jolie quand tu affiches ton vrai fonds., persifla la nettoyeuse.
- Sale garce !, cria la détective.

Elle s’élança vers Kaori, furieuse, et celle-ci fit juste un pas de côté au dernier moment. Elle ne voulait pas se battre avec elle. Ca ne servirait de toute façon à rien. Reika, prise dans son élan, se retrouva dans le mur et se retourna rapidement, encore plus en rage. Elle repartit à la charge pour se lancer sur Kaori.

- Reika !, cria Saeko qui arrivait en courant.

Distraite par l’arrivée de sa sœur, la détective ne vit pas le poteau incendie placé sur son chemin alors que Kaori venait à nouveau de s’écarter et fonça dedans à pleine vitesse. Elle se retrouva par terre deux secondes plus tard, une douleur horrible lui transperçant la jambe. Quand elle regarda l’endroit concerné, elle vit que son membre n’avait pas l’aspect habituel. Elle sentait une suée perler sur son front et laissa sa tête reposer par terre, serrant les dents.

- Ma jambe…, murmura-t-elle, se retenant de hurler.
- Oh bon sang Reika, qu’est-ce que tu as fait ?, souffla Saeko, inquiète.

Elle tenait la main de sa sœur en appelant une ambulance.

- Je suis désolée, Saeko., intervint Kaori.
- Tu n’as pas à être désolée. Tu n’as fait que l’éviter., lui répondit l’inspectrice.
- Il faut prévenir Ryo que la mission est annulée. J’espère qu’il n’est pas déjà dans l’agence…, dit-elle, soucieuse.
- Je peux prendre la place de Reika., proposa Kaori.
- Non ! C’est trop dangereux, Kaori. Je… Je ne veux pas que tu le fasses., s’opposa l’ex-coéquipière de son frère.

Kaori souffla de mécontentement, croisant les bras sur sa poitrine.

- Très bien., marmonna-t-elle.
- Merci. Tu peux rester deux minutes avec elle que j’éloigne les badauds., lui demanda-t-elle.

La nettoyeuse accepta et s’accroupit à côté de Reika. Elle vit le papier qu’elle avait agité sous son nez peu auparavant dépasser de sa poche et le subtilisa, faisant taire sa mauvaise conscience.

- C’est de ta faute tout ça., grommela Reika d’une voix douloureuse.
- T’as qu’à arrêter de t’en prendre à moi !, lui répondit-elle.
- T’es toujours dans mes pattes. Si tu ne fliquais pas Ryo, ça ferait longtemps qu’on serait ensemble.
- Pfff… Ryo fait ce qu’il veut et tu le sais bien. S’il voulait vraiment cela, il se serait arrangé pour que ça arrive. Tires-en les conclusions que tu veux., répliqua Kaori.
- Ryo ne décroche pas. J’ai laissé un message, j’espère qu’il l’écoutera avant d’entrer dans l’agence., maugréa Saeko.

Kaori se retint de lui dire qu’elle avait vu son téléphone sur la console de l’entrée, chose qui ne l’avait pas étonnée d’ailleurs. Il ne le prenait jamais quand il avait des choses à faire qui nécessitait toute discrétion. Il avait dû craindre qu’elle l’appela, pensa-t-elle amèrement.

- Ca ne sert à rien que tu restes là, Kaori. Les secours arrivent. Tu peux vaquer à tes occupations., fit Saeko.
- Tu es sûre ?, demanda la nettoyeuse.
- Oui. Dis à Ryo de m’appeler quand il rentrera. On essaiera de voir comment sauver les choses.
- Je lui passerai le message., acquiesça Kaori.

Elle se tourna et partit vers la zone commerçante d’un pas pressé. Saeko plissa les yeux et se releva, rattrapant la nettoyeuse deux secondes plus tard.

- Où vas-tu, Kaori ?, l’interrogea-t-elle.
- Chercher mon billet d’avion, pourquoi ?, répondit-elle innocemment.
- Tu t’attendais à quoi ? Que j’aille retrouver Ryo pour remplacer ta sœur ?, ajouta-t-elle, faisant preuve d’un affront qu’elle ne se sentait pas.
- Je… non bien sûr., fit Saeko, déroutée par l’attitude de son amie.
- Comment veux-tu que j’y aille de toute façon ? Je ne sais même pas où ils ont rendez-vous., acheva-t-elle, touchant le papier dans sa poche.
- C’est vrai.
- A moins que tu ne souhaites me le dire…, tenta Kaori.
- Jamais de la vie…, répliqua sèchement l’inspectrice.
- Je m’en doutais. Bonne journée, inspecteur Nogami., la salua froidement la nettoyeuse.

Elle tourna les talons et repartit vers le centre-ville. Dès qu’elle eut tourné au croisement, elle sortit le papier de sa poche et le lut. Il était presque neuf heures et quart. Elle était déjà en retard. Elle pressa le pas. Par chance, l’agence n’était qu’à dix minutes à pieds. Plus ses pas la portaient, plus sa résolution l’emportait : il l’accepterait à ses côtés pour cette mission. Ils allaient tous voir si elle n’était pas à la hauteur. Parce qu’après tout, c’était de ça dont il était question, non ? Une mission trop dangereuse pour elle mais pas pour Reika, pour qui la prenaient-ils ? Une idiote ? Tout ce qu’elle comprenait, c’était qu’ils jugeaient la détective plus compétente qu’elle et elle ne pouvait l’admettre. Ryo et elle formaient une bonne équipe. Il l’avait déjà dit et il était hors de question de le laisser remettre cela en cause.

La seule raison qui ferait que cette mission serait définitivement abandonnée serait qu’il serait déjà parti. Elle en doutait. Par chance, il avait voulu se protéger d’elle et, finalement, ça se retournait contre lui puisqu’il ne savait pas pour Reika et Saeko n’avait pas pu lui dire que la mission était annulée. Elle avait donc encore une ouverture et elle allait devoir la jouer finement pour s’imposer. Passant devant une vitrine, elle observa son profil, s’arrêta deux secondes et réajusta sa coiffure et sa tenue. Elle sortit le tube de rouge à lèvres qu’Eriko avait glissé dans son sac à main et s’en mit. La couleur était légère, ce qui lui allait bien. Elle reprit le chemin et tourna au coin de la rue. Elle souffla : il était encore là.

- Ca va ?, demanda Saeko à sa sœur dans l’ambulance qui les menait à l’hôpital.
- J’ai mal., souffla Reika, livide.
- Tu peux me donner mon mouchoir, s’il te plaît ? Dans la poche droite, à côté du papier., murmura la détective.

Saeko le récupéra et le donna à sa sœur qui s’épongea le front. Elle sentit soudain le sang quitter son visage et remit la main dans la poche, fouillant frénétiquement.

- Tu es sûre que tu l’avais mis dans ta poche droite ?, lui demanda son aînée.
- Quoi ?
- Le papier.
- Oui. Pourquoi ?, murmura Reika.
- Il n’y est plus.
- Il est peut-être tombé…
- Ou on te l’a pris., souffla Saeko, pensant immédiatement à Kaori.

Elle se maudit intérieurement et imagina la colère de Ryo si la nettoyeuse allait effectivement le rejoindre comme elle le craignait.

Nerveuse mais déterminée, Kaori approcha de son partenaire, admirant son profil. Il paraissait tendu, ce qui n’était pas étonnant puisque Ryo détestait attendre. Bien trop fâchée, elle ne l’avait pas regardé ce matin et fut surprise de le trouver si élégant. Il avait revêtu un costume noir sur une chemise bleu foncé dont les deux premiers boutons avaient été laissés ouverts. Il faisait chic négligé avec ses cheveux pas vraiment domptés et elle fut soufflée par sa beauté. Elle n’était pas la seule d’ailleurs puisque d’autres passantes se retournaient sur leur passage. Elle le vit soudain jeter sa cigarette et approcher de la porte d’une boutique. Elle hâta le pas et ils se retrouvèrent à deux devant la vitrine. Pour une fois, elle vit ses yeux s’agrandir de surprise puis s’assombrir sous le coup d’une émotion plus violente.

Ryo n’en croyait pas ses yeux. Alors qu’il s’attendait à voir Reika qui avait plus d’une demie-heure de retard, il se retrouvait face à face avec la seule personne qu’il ne voulait pas voir à cet endroit. Comment était-elle arrivée là ? Pourquoi maintenant ? Il ne voulait pas la voir ici. Il ne voulait pas laisser la moindre chance au hasard de la mettre dans une position délicate. Il n’arrivait pas à croire qu’elle était vraiment là… Comment Saeko avait-elle pu faire cela ?

- Kaori ?
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Ven 23 Avr - 20:58
Chapitre 3

- Qu’est-ce que tu fais là ?, lui demanda-t-il, le regard dur.
- Ta cousine s’est cassée la jambe. Je… je la remplace., répondit-elle avec tout l’aplomb dont elle pouvait faire preuve.
- On rentre., gronda-t-il, nerveux.
- Non. Tu as une course à faire et je vais t’aider., s’opposa-t-elle.
- Je ne veux pas de ton aide., répondit-il, sèchement.
- Je te l’impose., rétorqua-t-elle, affrontant son regard sans ciller.

Ils s’observèrent un long moment jusqu’à ce qu’une jeune femme arriva devant la porte.

- Monsieur Saeba ?, demanda-t-elle.
- Hitomi Satori. Veuillez excuser mon retard. Le métro est tombé en panne., s’excusa-t-elle en tendant la main.

Ryo ne réagit pas, souhaitant encore s’en aller, mais Kaori le prit de court.

- Bonjour, Madame Satori. Kaori Makimura., se présenta-t-elle, lui serrant la main.
- Vous êtes sa fiancée ?
- Je… euh oui, c’est cela., répondit-elle en rougissant.
- C’est encore récent, n’est-ce pas ?, lui demanda la jeune femme en souriant attendrie.
- Oui, vraiment très récent., affirma Kaori.

En fait, moins d’une minute… Elle jeta un regard en coin à son… fiancé et vit son regard sombre posé sur elle. Elle tressaillit, sentant qu’il était en colère.

- Veuillez excuser mon compagnon mais je suis arrivée très en retard et il n’a pas apprécié. Vous nous donnez une minute, s’il vous plaît ?
- Prenez votre temps. Je vais ouvrir l’agence et poser mes affaires., fit Hitomi en rentrant.

Ryo et Kaori restèrent seuls et elle osa se tourner vers son partenaire.

- Tu as cru pouvoir m’envoyer au loin pour prendre du bon temps avec Reika mais c’est moi ta partenaire. Ne t’avise plus de l’oublier., lui affirma-t-elle sèchement.
- Tu n’as aucune idée de ce dans quoi tu t’engages., répondit Ryo, l’air fermé.
- Si, Saeko m’a expliqué.

Son regard se durcit et la ligne de ses lèvres s’affina dans un mouvement de colère.

- Je t’expliquerai tout à la maison. Pour le moment, il faut qu’on y aille., fit Kaori, se tournant vers la porte.

Ryo l’observa. Il était encore temps de se dégager de là et de la mettre à l’abri. Il n’arrivait pas à croire que Saeko avait pu briefer Kaori sur l’affaire et encore moins qu’elle ait pu l’envoyer volontairement dans la gueule du loup.

- Attends, Kaori., l’interpela-t-il.
- Quoi ?, demanda-t-elle, se retournant les sourcils froncés.
- Ma cousine t’a envoyée volontairement ici ?, murmura-t-il, l’attirant dans ses bras, leur interlocutrice les regardant.
- Non, pas vraiment., admit-elle, les joues légèrement rosies.

Elle appréciait de se retrouver collée à lui même si le fond de la discussion était très sérieux et se serait plutôt prêté à un peu plus d’éloignement.

- Elle ne sait donc pas que tu es avec moi ?
- Pas encore normalement., sourit-elle légèrement.

L’humeur de Ryo s’allégea quelque peu à cet aveu, ça plus le fait de la tenir dans ses bras.

- Ma cousine…, reprit-il avec un léger sourire, n’arrivant pas à croire à son audace.
- Oui. On y va ?
- Non, encore une seconde., murmura-t-il.

Il prit la bague de fiançailles dans sa poche et la passa discrètement à l’annulaire de sa partenaire. Elle lui allait parfaitement comme il l’avait pensé. Kaori posa la main sur son épaule, l’admira quelques instants puis leva un regard humide vers lui.

- Elle est magnifique., murmura-t-elle.

Il la regarda et, soudain, une forte envie de l’embrasser le prit. Se secouant, il s’écarta et la prit par la main. Il l’attira à lui après être entrés dans la boutique.

- Ne me contredis surtout pas, compris ?, chuchota-t-il à son oreille, déposant un baiser sur sa tempe.

Pour seule réponse, elle pressa sa hanche et ils prirent place aux sièges indiquées par Hitomi.

- Alors, j’aimerais d’abord que vous me parliez de vous pour que j’apprenne à vous connaître afin de mieux vous guider., proposa Hitomi.
- Je suis dans les affaires., répondit vaguement Ryo.
- J’aime négocier plus ou moins durement, tout dépend de mes interlocuteurs., fit-il, jetant un regard à Hitomi.
- Je déteste les fioritures, la mauvaise foi et les mondanités., reprit-il
- Très bien. Nous serons amenés à nous voir souvent. Me permettez-vous de vous appeler par vos prénoms ?, leur demanda-t-elle avec un grand sourire.

Les deux nettoyeurs acquiescèrent.

- Merci. Et vous, Kaori.
- Je… Je suis l’assistante de Ryo., commença-t-elle, jetant un rapide coup d’oeil pour avoir son aval.
- Cela fait plusieurs années que je travaille pour lui.
- En fait, ce que Kaori n’ose jamais dire, c’est que ça fait plusieurs années que nous travaillons ensemble. Elle a su faire sa place professionnellement…, compléta Ryo lui adressant un regard chaud.
- Personnellement aussi apparemment puisque vous allez vous marier., affirma Hitomi.

Le couple la regarda un peu gêné puis sourit.

- Oui, c’est vrai., admit Kaori.
- Vous ne semblez pas très à l’aise avec votre nouveau statut. Vous doutez ?, les interrogea-t-elle.
- Non mais c’est vrai que c’est difficile de changer de rôle quand on a travaillé aussi longtemps ensemble. On est encore en phase d’ajustement., expliqua la nettoyeuse.
- Comme dit la dame, nous nous ajustons., confirma Ryo, les mains jointes comme en prière, deux doigts touchant ses lèvres.
- Très bien. La préparation d’un mariage est parfois très stressante et nombre de couples se déchirent à cause de cela. C’est pourquoi je préfère ne pas m’engager envers certains couples quand je ne les sens pas sûrs., expliqua l’organisatrice.
- Nous sommes solides et je ne pense pas que l’organisation sera un gros problème. Nous n’avons pas de famille, juste quelques amis et nous voulons faire cela dans l’intimité., lui apprit Ryo.
- Kaori, c’est votre souhait également ?
- Oui, tout à fait. Je me fiche de l’apparat et du monde qui nous entourera. Ne comptent que les personnes que nous aimons.

Elle tendit la main vers Ryo, craignant qu’il ne la prit pas mais elle eut le plaisir de sentir ses doigts s’enrouler autour des siens.

- Vous souhaitez quand même la robe blanche, le costume, les fleurs et tout cela ? Sinon, il ne me restera pas grand-chose à faire., plaisanta Hitomi.

Kaori se tut et laissa Ryo parler. Il avait en main toutes les cartes du jeu, ce qui n’était pas son cas.

- Oui, un beau mariage pour la femme qui me supporte depuis autant d’années., répondit-il, le regard pétillant.
- Je veux qu’elle puisse s’en souvenir comme le plus beau jour de sa vie., ajouta-t-il.
- Le plus beau jour de ma vie, c’est celui où nous nous sommes rencontrés…, fit Kaori, émue.

Il la regarda, surpris, son coeur battant un peu plus vite.

- Malgré le café trop noir et le bureau en désordre ?, lui demanda-t-il.
- Tu débutais…, justifia-t-elle avec tendresse.

Hitomi les regarda tour à tour et sourit.

- En tout cas, je ne peux nier que vous vous aimez. Vous n’êtes pas très démonstratifs mais ça se ressent dans tous vos gestes et regards. On sent que vous avez du vécu ensemble., leur dit-elle.

Ryo et Kaori se regardèrent puis elle sans savoir quoi répondre. Il ne sut pourquoi mais il lâcha la main de sa partenaire même s’il le regretta immédiatement. Kaori ne dit rien malgré sa déception.

- Ok, donc ne pas faire de remarques sur vos sentiments réciproques que vous avez du mal à assumer, semble-t-il., nota-t-elle, légèrement amusée.
- Y a-t-il des choses particulières que vous souhaiteriez ?, reprit-elle.
- Non., fit Kaori.
- Oui., répondit Ryo, en même temps.
- Ca m’est passé par la tête cette nuit., répondit-il, lui faisant un clin d’oeil.

Elle rougit. C’était tellement rare qu’il agit ainsi avec elle… Il sortit une feuille de la poche intérieure de sa veste et la tendit à Hitomi qui y jeta un œil.

- Dites donc, vous réfléchissez beaucoup la nuit…, souffla-t-elle, surprise par la longueur.
- J’ai un peu trop de temps à tuer actuellement., laissa-t-il échapper, lançant un regard suggestif à sa fiancée qui rougit un peu plus.
- Il est temps de vous marier alors…, plaisanta l’organisatrice.
- D’où la question suivante : quand voulez-vous fêter l’évènement ?
- Samedi., répondit Ryo.
- Samedi ?, répéta Hitomi, stupéfaite.

Kaori le regarda également surprise mais ne dit rien. Tout cela allait vite, très vite.

- Oui, samedi., répéta tranquillement Ryo.
- J’ai un timing très serré. Nous nous marions samedi, le voyage de noces durera dix jours et, après nous devons partir en voyages d’affaires, n’est-ce pas, Kaori ?, dit-il, se tournant vers elle.

D’abord surprise, elle se reprit et lui décocha son plus beau sourire. Il sentit son coeur battre un peu plus vite.

- Tu acceptes de prendre quelques jours de congés. C’est exceptionnel. On mettra une croix dans le calendrier., répondit-elle, le taquinant.

Au sourire qu’il lui renvoya, elle sut qu’elle avait bien joué son rôle. Hitomi les regarda tour à tour puis se cala au fond de son siège.

- Ca ne nous laisse que trois jours. C’est court mais jouable. Pour les invitations…
- Dites-nous juste le lieu et l’heure, Kaori gérera le reste. C’est l’affaire de quelques coups de fil. Si vous réussissez à nous caler tout cela, je monte vos honoraires de vingt pour cent., lui offrit Ryo.
- C’est très généreux de votre part., souffla Hitomi.
- C’est le moins que je puisse faire en vous donnant si peu de délai de prévenance.
- Pour le budget ?
- Il n’est pas défini mais restez dans nos contraintes : ça doit rester simple., continua-t-il.
- Kaori, pour la robe, vous avez déjà un modèle en tête ?

Parler de la robe de mariée lui fit soudain réaliser dans quoi elle se lançait exactement et tout lui sembla bientôt trop précipité. Elle commençait à avoir la tête qui tournait. Elle baissa les yeux et vit dix heures indiqués à sa montre. Deux heures plus tôt, elle allait partir à New York. Une demie-heure plus tard, Ryo allait se marier avec Reika et là elle parlait de son propre mariage avec Ryo, faux certes mais tout de même… Elle sentit une main se poser sur son genou et releva le visage pour croiser le regard rassurant de son partenaire, fiancé ?, elle ne savait même plus comment elle devait le considérer.

- Je suis persuadé que tu serais ravie de demander à ton amie pour ta robe, non ?, lui proposa Ryo.
- Eriko ? Oui…, murmura-t-elle.
- J’ai des réunions cette après-midi. Tu pourrais peut-être profiter de ce temps où je ne vais pas t’accaparer pour y aller avec Hitomi., lui suggéra-t-il, pressant doucement sur sa jambe pour qu’elle se ressaisit.
- Oui, c’est une bonne idée. On se retrouve à quatorze heures devant la boutique d’Eri Kitahara ?, demanda Kaori à l’organisatrice.
- Je note. Nous en profiterons pour parler de fleurs. Je suppose que ce ne sera pas un sujet pour Monsieur., plaisanta Hitomi.
- Non, en effet. Je gérerai mon costume.
- Très bien. Je pense que nous avons fait le tour. Je vais me mettre de suite sur vos requêtes. Qui dois-je contacter si j’ai des questions ?
- Moi., fit Ryo, lui tendant une carte de visite.
- Nous allons vous laisser maintenant. Nous avons suffisamment abuser de votre temps. Tu viens Kaori ?, dit-il en se levant et lui tendant la main.

Elle la prit pour se lever et il la relâcha ensuite, la posant dans son dos comme pour la guider. Ils saluèrent Hitomi et sortirent de l’agence, marquant un arrêt.

- On va se balader un peu à deux pour voir si on est suivis puis nous rentrerons. Nous avons beaucoup de choses à nous dire., murmura-t-il d’une voix dure à son oreille.

Il déposa un baiser sur sa tempe et elle acquiesça, nerveuse. Toujours la main posée dans le bas de son dos, ils errèrent à travers les rues puis dans les allées du parc. Après plus d’une heure à marcher ainsi au gré semblait-il de leurs envies, ils reprirent la direction de l’immeuble, Ryo lâchant Kaori. Elle baissa les yeux, consciente qu’elle allait devoir affronter un sacré sermon de sa part et certainement aussi dans les heures ou jours à venir de la part de Saeko. Elle n’était pas fière de ce qu’elle avait fait car, après tout, elle n’avait pas été élevée pour mentir effrontément. Elle sentit une boule d’angoisse naître au fond de sa gorge en pensant à son frère et à la déception qu’elle lui aurait causée.

Elle n’avait pas voulu ça. Elle n’avait pas voulu les blesser. Elle avait voulu leur montrer qui elle était, asseoir la place qu’elle occupait dans leur partenariat, mais pas les blesser. Seulement comme dans bon nombre de décisions qu’elle avait prises sous le coup de la colère, elle n’avait pas réfléchi aux conséquences. Elle avait juste voulu lui montrer de quel bois elle était faite et peut-être aussi un peu l’assommer fictivement à défaut de pouvoir lui abattre une massue sur le coin du nez.

Machinalement, elle porta la main à sa tempe pour remettre une mèche de cheveux derrière son oreille et capta le reflet du soleil sur sa bague de fiançailles. Elle était fiancée à Ryo. Elle portait une bague qui semblait faite pour elle, simple, discrète, comme elle les aimait. Elle se demandait qui l’avait choisie. Elle jeta un discret coup d’oeil vers son partenaire qui marchait le regard fixé au loin. Etait-ce lui ? Elle sentit son coeur battre un peu plus vite en l’espérant fortement. Elle tendit la main devant elle, en toute discrétion, et l’admira. Après tout, ce serait peut-être la seule heure où cela arriverait, pensa-t-elle amèrement. Peut-être même devait-elle enlever la bague et la lui rendre ? Ce serait certainement moins humiliant. Oui, elle le ferait dès qu’ils seraient arrivés. Autant prendre les devants. De toute façon, connaissant Ryo, il allait trouver un moyen de s’esquiver et faire cette mission avec une autre…

Non ! Non, non, non et non, personne ne lui prendrait sa place. C’était elle sa partenaire, elle et personne d’autre et, même si elle devait souffrir en jouant la mariée pour de faux, faire semblant d’être sa femme pendant quelques jours pour redevenir sa partenaire après, elle le ferait. Elle lui montrerait qu’elle était capable de se dépasser, d’agir aussi froidement que lui, même de piétiner ses rêves pour accomplir un travail… Elle serra les poings et sa décision fut prise. Ils iraient au bout de cette mission, ils contribueraient à délivrer ces hommes et femmes encore pris en otages et retourneraient à leur vie comme tout autre travail.

En attendant, pensa-t-elle en voyant l’immeuble de briques rouges se profiler non loin, elle allait avoir droit à une sacrée engueulade. Deux même puisque la Porsche de Saeko venait justement d’entrer sur le parking. Elle déglutit mal à l’aise mais elle ferait face comme toujours. Son père et son frère lui avaient appris à affronter ses responsabilités et elle leur ferait honneur sur ce point-là.

Bien qu’apparemment indifférent, Ryo suivait l’évolution des pensées de sa partenaire sans en manquer une miette. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert et il était également vrai que Kaori ne masquait rien de ce qu’elle ressentait depuis qu’ils avaient quitté l’agence. Il avait vu son inquiétude, ses remords, son émerveillement, sa tristesse, sa détermination et son courage. Il avait réprimé un sourire d’amusement lorsqu’elle avait légèrement tendu sa main gauche pour admirer la bague de fiançailles. Cette bague lui allait bien. Il avait pensé à elle en la choisissant, c’était donc un peu normal, mais tout de même, c’était étrange. Il n’avait jamais songé à épouser Kaori, sauf peut-être une fois lors de cette mission à la Roméo et Juliette où ils avaient été debout devant l’autel.

Cette fois-ci, ils seraient debout, prononceraient des vœux et sortiraient ensemble de l’église comme mari et femme. Quel pas… bizarrement, ça ne l’embêtait pas plus que cela. Ce qui l’embêtait, c’était l’après, l’enlèvement pendant le voyage de noces. Il aurait préféré savoir à quoi s’attendre. A quoi étaient confrontés tous ces couples pendant leur enfermement ? Est-ce que les femmes séparées de leurs maris subissaient des sévices ? Que devenaient-elles ? Plus que tout, c’était la peur qu’il lui arriva quelque chose de mal qui le poussait à trouver un prétexte pour annuler cette mission.

Mais il y avait aussi quelque chose qui l’empêchait de le faire, quelque chose qu’il n’aurait jamais osé imaginer et encore moins avouer : il avait envie de ce mariage, même s’il était faux, même si ça ne signifiait rien, même s’il devait le nier, il en avait envie, rien qu’une fois, l’espace de quelques jours. Intérieurement, il l’acceptait mais jamais, ô grand jamais, il ne lui dirait le fond de sa pensée : il ne pouvait la laisser espérer que les choses entre eux évolueraient après. Il ne pouvait pas se le permettre. Le danger serait toujours là. Ils n’auraient que cette parenthèse.

Ils arrivèrent enfin au pied de l’immeuble et Kaori s’arrêta, le coeur au bord des lèvres, nerveuse.

- Saeko est déjà là., fit remarquer Ryo d’un ton neutre.

Il posa un regard aiguisé sur sa partenaire et nota son trouble. Il ne pouvait pas ne pas l’engueuler. Elle ne pouvait agir impunément à sa guise même pour de bonnes raisons.

- Oui, j’ai vu., murmura-t-elle.

Ils montèrent jusqu’à l’appartement où les attendait déjà l’inspectrice, le visage neutre. Seul son regard trahissait sa colère quand il se posa sur Kaori.

- On ne t’a pas appris à ne pas rentrer chez les gens en leur absence, Saeko ?, fit Ryo d’un ton blasé.
- Nous devons parler de choses sérieuses, Ryo. Je n’allais pas attendre sur le palier., répondit-elle d’une voix autoritaire.
- Comment va Reika ?, intervint Kaori, soucieuse de l’état de santé de la jeune femme même si elle était sa rivale.

Le regard de l’inspectrice s’adoucit quelque peu et elle remit une mèche de cheveux en place.

- Elle a une triple fracture déplacée du tibia. Elle est sur la table d’opération. Ils doivent lui mettre des broches., répondit Saeko.
- Je suis désolée.
- Je sais même si tu n’y es pour rien. Je ne suis pas venue ici pour parler de cela., reprit-elle, posant un regard acéré sur la nettoyeuse.

Nerveuse, Kaori chercha un échappatoire pour quelques minutes, juste le temps de se préparer seule à la bataille qui s’annonçait. Elle lui tenait bien trop à coeur pour la négliger.

- Je vais faire du café. Je reviens., dit-elle, s’enfuyant.
- Kaori…, gronda Ryo, les sourcils froncés.
- Je n’en ai que pour quelques minutes., répondit-elle, lui adressant un regard suppliant.

Il soutint son regard et le sien s’adoucit quelque peu.

- D’accord. Dépêche-toi., abdiqua-t-il.
- Mais Ryo…, intervint Saeko.
- Laisse-lui quelques minutes., imposa-t-il simplement.

Saeko se tut et se rassit dans le canapé, les bras croisés, mécontente.

Dans la cuisine, Kaori s’activa et, pendant que l’eau filtrait dans la cafetière, elle s’appuya au plan de travail et se remémora toutes les raisons qui faisaient qu’elle devait faire cette mission, tous les arguments qu’elle pouvait leur opposer. Cela fait, elle sortit un plateau, des tasses et du sucre puis versa le café tout en laissant le calme revenir dans son esprit. Ce fut donc en pleine maîtrise de ses pensées qu’elle revint près d’eux et qu’elle affronta le regard dur de son partenaire alors qu’elle avait à peine posé les tasses sur la table basse.

- On a beaucoup de choses à se dire, il me semble., dit-il simplement.

Elle serra les poings et sentit le métal autour de son annulaire gauche, y puisant toute sa force.
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Sam 24 Avr - 21:22
Chapitre 4

- Assieds-toi., lui intima Ryo.

Kaori faillit lui tenir tête, ne voulant pas se retrouver en position d’infériorité, mais, voyant son regard, elle préféra choisir ses batailles et lui laisser cette victoire-là. Elle prit donc place dans le divan, les mains jointes sur ses genoux pour ne pas montrer leur léger tremblement. Elle vit sa bague de fiançailles et cela lui redonna un peu de baume au cœur.

Saeko, assise à sa gauche, se tourna vers elle, les yeux plissés.

- Dis-moi que tu n’as pas pris dans la poche de Reika le papier avec l’adresse de l’agence où elle avait rendez-vous avec Ryo ?, entama Saeko d’un ton amer.
- Je pourrais te le dire mais je mentirai., répondit Kaori.
- Je n’arrive pas à le croire…, murmura Saeko d’une voix où perçait une colère grandissante.
- Tu m’as regardée dans les yeux et dit que tu allais acheter ton billet d’avion ! Tu savais que je ne voulais pas que tu y ailles !, se fâcha-t-elle.
- Oui, c’est vrai., admit la nettoyeuse, regardant ses mains qu’elle s’efforçait de garder sur ses genoux au lieu de triturer ses doigts.
- Tu m’as menti, Kaori. Tu m’as regardée dans les yeux et tu m’as menti sans une once de remords. C’est indigne de ton frère !, lui asséna-t-elle.

Kaori serra les dents sous le coup de la douleur et de la colère mêlées.

- Je t’ai dit que c’était trop dangereux. Tu n’écoutes donc jamais ?, lui reprocha-t-elle.

La nettoyeuse releva les yeux et les planta dans ceux de son amie sans faillir.

- Oh si, j’ai bien entendu. La mission est trop dangereuse pour moi mais pas pour ta sœur qui s’est, si j’ai bien compris, imposée pour être la future épouse de Ryo. Elle se voyait déjà à son bras, parée de sa longue robe blanche avec peut-être des centaines d’invités, tout cela pour un faux mariage. Qu’attendait-elle en réalité : accomplir une mission de sauvetage ou obtenir ce qu’elle veut depuis des années ? Mission professionnelle ou personnelle, Saeko ? Vu l’excitation qui perçait dans sa voix, tu me feras difficilement croire qu’elle réfléchissait uniquement avec la partie froide de son cerveau.

Ryo observait l’échange entre les deux femmes. Il les comprenait toutes les deux et, même s’il était d’accord avec Saeko, Kaori n’avait pas tort. Il était même plutôt fier de la façon dont elle se défendait.

- Alors, oui, j’ai menti et je me suis précipitée à l’agence pour retrouver MON partenaire parce qu’aux dernières nouvelles, nous sommes toujours une équipe et, dans une équipe, on se fait confiance., lança Kaori, posant un regard acéré sur Ryo qui eut le courage de soutenir son regard, finissant par acquiescer.
- Mais c’est dangereux, Kaori. Nous n’avons pas beaucoup d’éléments., reprit Saeko.

Voyant l’air déterminé de Kaori, elle se sentit nerveuse et se leva, allant se poster devant la fenêtre, observer sans le voir l’extérieur.

- Ton frère ne voudrait pas…
- Cessez d’invoquer Hide dès que ça vous arrange !, s’insurgea Kaori en se levant.
- Oui, Hide aurait voulu me savoir en sécurité, me protéger mais il m’a aussi appris à défendre les causes en lesquelles je crois, à affronter les dangers et défis que la vie nous impose. Le connaissiez-vous donc si mal ?, leur demanda-t-elle.

Elle s’approcha de Saeko et la regarda via le reflet de la vitre.

- Il t’aimait, Saeko, et Hide protégeait ceux qu’il aimait. Tu faisais le même métier que lui. A-t-il seulement essayé de te faire changer de profession ou de service ?
- Non., répondit Saeko à voix basse.
- Et pourtant, tu es très exposée là où tu es ?, insista Kaori.
- Oui., admit l’inspectrice.
- Penses-tu qu’il ne t’aimait pas vraiment ?

Saeko réprima la boule qui entravait sa gorge et prit une profonde inspiration avant de répondre. Témoin silencieux de cet échange bouleversant entre les deux femmes les plus proches de son meilleur ami, Ryo était ému et surpris de voir Saeko si affectée après autant de temps. Elle semblait tellement inébranlable en tout temps…

- Si, il m’aimait. Il avait assez de respect pour ne pas me faire choisir., murmura l’inspectrice.
- Du respect… intéressant…, murmura Kaori.

Elle se retourna et Ryo se retint de tressaillir. Quelque chose lui disait que son tour était venu. Il ne bougea pas cependant et attendit de voir à quelle sauce il serait mangé.

- J’ai entendu parler de cette histoire de promesse, Ryo. Tu crois qu’il aurait voulu que tu t’occupes de moi si j’avais dû être en sécurité dans une vie normale ?, dit-elle en mimant des guillemets sur le dernier mot.
- Il a mis plus de quatre ans à nous présenter parce qu’il ne voulait pas me mêler à son monde et, au moment de partir, il me confie à toi., commença-t-elle, plongeant son regard dans le sien tout en approchant jusqu’à ne plus être qu’à une longueur de bras de lui.
- Il m’a confiée à toi, Ryo. Il ne t’a pas demandé de me mettre à l’abri. Il a remis ma vie entre tes mains.
- Je n’ai jamais réellement compris ce qu’il attendait de moi., avoua Ryo.
- Hide n’était pas très expansif mais il parlait directement, sans grandes métaphores, alors pourquoi cherches-tu plus qu’il n’y a en réalité ? Il me savait en sécurité avec toi. Il avait confiance en toi, Ryo, suffisamment pour nous présenter au moment où tu aurais pu être le plus dangereux pour moi.

Elle tourna les talons et s’éloigna de lui. Il souffla : il s’en sortait à bon compte. Kaori le sentit et eut un léger sourire.

- Toi et moi savons qu’à cette époque-là, je te plaisais. Alors pourquoi n’as-tu jamais tenté quoi que ce soit à l’époque ?, lui demanda-t-elle, se retournant pour lui faire face.

Il avait soufflé trop vite. Il avait le choix entre être honnête et biaiser. Tout comme il avait observé la conversation entre Saeko et Kaori plus tôt, il sentait le regard de l’inspectrice posé sur lui, curieux.

- J’ai du respect pour ton frère. Je ne voulais pas déshonorer sa mémoire en t’alignant sur la liste de mes conquêtes d’un soir., avoua-t-il, ne cherchant pas pour une fois à nier cette attirance.
- Merci… de ton honnêteté., dit-elle, lui lançant un regard qui en disait long.
- Alors tous les deux, vous me balancez à la tête que mon frère n’aimerait pas me voir en danger, qu’il ne voudrait pas que je m’implique mais moi, je sais que, s’il était là, il serait inquiet mais il ne s’opposerait pas à mon action parce qu’il me respectait. Alors, faites honneur à sa mémoire et accordez-moi votre respect également., leur dit-elle.

Elle les dévisagea tour à tour puis, étant satisfaite de ce qu’elle venait de leur dire, alla s’asseoir dans le divan pour boire une gorgée de café. Elle ne savait pas si ça se voyait mais elle se sentait tendue et avoir évoqué son frère remuait des émotions parfois difficiles à gérer. Marqué par sa démonstration, Ryo l’observa et vit le léger tremblement de la tasse dans ses mains. Il devait avouer qu’elle avait été drôlement efficace dans cette bataille-là et avait presque envie de sourire.

- Kaori, je ne nie pas tout ce que tu viens de dire., commença Saeko, calmée.
- Mais tu imagines ce que c’est d’être retenue en otages pendant des mois ? On ne sait même pas ce qu’ils leur font…
- Non, je ne sais pas mais je sais que je peux le faire., répondit-elle calmement.
- Tu manques de compétences, Kaori., objecta-t-elle.
- Tu n’as pas appris à vivre comme un infiltré. C’est déjà difficile avec des clefs pour s’en sortir…
- Dis-moi, Kaori, comment as-tu su ?, l’interrogea Ryo, coupant volontairement Saeko.

Elle se tourna vers lui se demandant de quoi il parlait puis comprit.

- Je les ai entendues de la rue., expliqua la nettoyeuse.
- De la rue ?

Il lança un regard furieux vers Saeko qui baissa les yeux.

- Reika avait ouvert les fenêtres de son bureau pour aérer et elle s’est laissée emporter., admit l’inspectrice.
- Au point d’alerter tous les passants ? Bon sang Saeko, c’est la plus élémentaire des prudences !, la rabroua Ryo.
- Je le sais et je m’en veux. Je n’avais pas fait attention. J’essayais de canaliser ma sœur…, se défendit-elle.
- On ne va pas épiloguer sur ce point. Maintenant, il faut décider de ce qu’on fait pour la suite., fit Ryo, les regardant tour à tour.
- On annule., répondit Saeko.
- On continue., répondit Kaori en même temps.
- Enfin… si tu veux bien de moi comme partenaire., ajouta-t-elle, retirant sa bague, le cœur gros.

Il les observa un long moment, réfléchissant aux tenants et aboutissants de l’une ou l’autre décision.

- Garde la bague., répondit-il, la regardant droit dans les yeux.

Kaori le regarda un instant incrédule puis remit la bague en place, ne pouvant réprimer le sourire de soulagement qui lui mangea le visage.

- Ryo, non…, souffla Saeko.
- Si. On a déjà posé des jalons à l’agence. On ne peut plus faire marche arrière. On doit arrêter ces hommes et délivrer les cinquante-quatre otages restant. Ce sera Kaori et moi. Si ça ne te plaît pas, c’est ton problème.
- Très bien. Comme tu le voudras., répondit-elle, pensant à son ex-coéquipier.
- Kaori a raison, Saeko. Hide aurait voulu qu’on la respecte comme il nous respectait. Il avait des convictions et elle en a. On doit la soutenir comme il l’aurait fait., lui dit-il d’une voix douce.

Elle acquiesça après un moment de réflexion puis se dirigea vers la console où elle avait posé son sac à main.

- Je vous laisse. Tenez-moi informée des avancées., dit-elle en sortant.

Les deux nettoyeurs fixèrent la porte qui se fermait puis se regardèrent légèrement gênés.

- Merci, Ryo., balbutia Kaori.
- Merci de m’accorder ta confiance.

Il se dirigea vers le bar, sortit un verre dans lequel il versa du whisky. Il le tourna un moment avant d’en boire une gorgée.

- Ma confiance, tu l’as gagnée il y a un bon moment déjà, Kaori., admit-il sans la regarder.

Il reposa son verre et se retourna pour lui faire face, s’appuyant nonchalamment sur le meuble.

- En revanche, ne me refais plus jamais un coup pareil. J’ai horreur qu’on me force la main et qu’on me jette dans l’inconnu., dit-il, les dents serrés.

Kaori grimaça : elle préférait nettement l’homme qui l’avait défendue face à Saeko que celui à qui elle faisait face maintenant. C’était l’heure du sermon et elle n’y couperait pas malgré les échanges précédents.

- J’ai encore plus horreur de cela quand ça te concerne. Maintenant, le mal est fait et on va s’en arranger mais je te jure que, si tu refais un coup pareil pendant la mission, je te botte les fesses jusque Mars., la sermonna-t-il durement.

Elle se prit à imaginer la scène et eut envie de rire. Elle se vit voler dans les airs, traverser l’atmosphère terrestre et fendre l’espace jusqu’à être en orbite autour de la planète rouge. Elle imagina la tête de Ryo gonflée par la colère et de gros yeux exorbités occuper les deux-tiers de son visage et se retint encore plus difficilement.

- J’ai dit quelque chose de drôle ?, lui demanda-t-il sèchement.
- N… Non… Non, rien., répondit-elle, se retenant.

Leurs regards se croisèrent et l’atmosphère s’allégea quelque peu.

- Sérieusement Kaori, je te laisse m’accompagner malgré mes doutes pour ta sécurité mais pas de prise de risque inconsidérée., affirma-t-il, radouci.
- Je sais réfléchir., se vexa-t-elle.
- Je le sais mais tu agis trop avec ton cœur parfois., lui dit-il.
- Pourquoi tu es venue à l’agence, Kaori ? Pourquoi tu n’es pas revenue ici et n’as pas attendu que je rentre pour me mettre un bon coup de massue sur la tête ?, lui demanda-t-il.

Elle savait très bien que, si elle lui disait la vérité, il marquerait un point.

- Kaori ?, la pressa-t-il.
- Parce que j’étais en colère, parce que je ne supportais pas que tu l’aies choisie elle et pas moi alors qu’on travaille ensemble et que tu m’as assuré que City Hunter, c’était nous deux., avoua-t-elle, les yeux baissés.
- J’en ai marre que tu cherches toujours à m’évincer, Ryo. C’est… C’est ma place.
- Je ne comptais pas remettre cela en cause, Kaori. Seulement, il faut que tu comprennes qu’il y a des missions où je préférerais te savoir à l’abri et celle-là en fait… faisait partie., corrigea-t-il.
- Pourquoi ? Parce que je ne suis pas compétente ?
- Avant, je l’aurais justifié ainsi. Mais cette mission…

Il prit son verre et se concentra sur le liquide qu’il faisait tourner. C’était la discussion qu’il n’aurait pas voulu avoir avec elle mais maintenant les dés étaient jetés et il devait jouer cartes sur table.

- Quoi cette mission ? Parle, bon sang !, s’énerva Kaori.

C’était dur, se dit-il. Il devait la prévenir de ce qui pouvait se passer, de ce qui pouvait bouleverser un équilibre si durement acquis. Elle était novice sur ce plan-là. Il savait maîtriser ses sentiments et faire la part des choses… Bon peut-être pas totalement quand ça la concernait, s’avoua-t-il honnêtement mais en tous cas, plus qu’elle.

- Nous allons simuler un couple qui s’aime, Kaori., dit-il.
- Oui, je sais et on s’en est bien sortis à l’agence., répliqua-t-elle.
- Un couple qui s’aime, Kaori, qui va se marier et partir en voyage de noces…, compléta-t-il.

Elle le fixa un moment et au rouge qui monta à ses joues, il sut qu’elle avait compris où il voulait en venir. Il approcha d’elle et, malgré son envie, n’osa pas la toucher.

- Nous allons devoir nous embrasser devant nos amis, devant des inconnus, pas qu’une fois, même si nous avons pris le style de couple discret. Il faudra leur montrer qu’on est attachés l’un à l’autre., dit-il.
- D… D’accord., bafouilla-t-elle.
- Kaori, notre chambre risque d’être sous écoute voire vidéosurveillance., continua-t-il.
- Nous… Bon sang, ce que c’est dur…, soupira-t-il en détournant les yeux.

Contre toute attente, elle posa la main sur sa joue et il tourna de nouveau le visage vers elle. Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait ça, peut-être pour lui montrer sa confiance ou son soutien, peut-être juste qu’elle était là et qu’il n’était pas seul...

- Nous allons devoir simuler…, commença-t-elle, virant au rouge cramoisi.
- Des rapports sexuels, oui., acheva-t-il pour elle.

Elle retira la main de sa joue, une pensée déplaisante l’assaillant.

- Tu aurais simulé aussi avec Reika ?, lui demanda-t-elle, baissant les yeux pour qu’il ne lut pas sa jalousie.

Il posa deux doigts sous son menton et la força à relever la tête.

- Oui., répondit-il sans aucune trace de duplicité ou de regrets dans le regard.
- Mais les baisers, nous ne pourrons les simuler, Kaori. Il va falloir que tu détaches ce qui va se passer de nos rapports normaux., lui conseilla-t-il, sachant que ça valait également pour lui.
- Je sais., dit-elle d’une voix morne.
- Kaori, si c’est trop pour toi, tu peux encore te désengager. Je ne t’en voudrais pas. Je préfère que tu te retires plutôt que de t’engouffrer dans cette affaire avec des doutes., lui offrit-il.
- Et toi, tu n’as pas de doutes ?, lui demanda-t-elle.

Il la dévisagea et, bien qu’il eut envie de jouer les hommes forts et inébranlables, il estima lui devoir la vérité parce qu’elle en avait besoin et qu’il la sentait capable de l’affronter.

- J’en ai, particulièrement plus pour cette mission. On manque de certaines données et je n’aime pas cela mais ces personnes doivent pouvoir compter sur quelqu’un pour les sauver et, s’il y a bien une chose dont je ne doute pas, c’est que je peux y arriver., lui répondit-il.

Elle médita ses paroles quelques secondes avant de se décider.

- Je sais que tu peux y arriver. Tu penses qu’on peut y arriver ?, l’interrogea-t-elle.
- Je pense qu’on a de meilleures chances encore., lui dit-il, en souriant, rassurant.
- J’ai des doutes, Ryo, et j’ai un peu peur aussi mais je ne veux pas me débiner. Je suis ta partenaire et, si tu m’acceptes à tes côtés pour cette mission, je me montrerai à la hauteur., dit-elle.
- C’est toi qui choisis., dit-elle en lui tendant la bague de fiançailles.

Il lui prit la bague des doigts et la considéra un moment. Elle leur avait tenu tête à Saeko et lui pour leur faire accepter son point de vue, l’avait convaincu de l’accepter comme partenaire pour cette mission dangereuse et elle lui prouvait sa confiance en lui en lui laissant le choix ultime. Il avait encore la possibilité de la tenir éloignée du danger et, malgré tout, il prit sa main gauche dans la sienne.

- Kaori Makimura, acceptes-tu d’être ma partenaire ?, lui demanda-t-il.
- Oui, à la vie, à la mort., répondit-elle d’une voix étranglée.

Il lui passa de nouveau la bague au doigt. Emue, elle se jeta dans ses bras.

- Tu aimes bien que je te passe la bague au doigt décidément., marmonna-t-il, embarrassé.
- Il faut croire… Merci, Ryo. Merci de m’accorder ta confiance une nouvelle fois.
- J’espère que tu le repenseras encore dans quelques jours ou semaines, Kaori., dit-il en refermant les bras sur elle brièvement.

Doucement, il l’écarta de lui et prit son visage entre ses mains.

- Il y a quelques points sur lesquels nous devons nous mettre d’accord, ma chérie., dit-il en lui souriant, légèrement amusé par le rougissement qui la prit une nouvelle fois.
- Je… je t’écoute., bafouilla-t-elle, la bouche sèche.
- Pas de massue., commença-t-il.
- On va faire une croisière pour notre voyage de noces. Je n’ai pas envie de couler.

Elle acquiesça, subjuguée. Une croisière avec Ryo pour leur voyage de noces… il n’avait pas lésiné mais, après tout, il était sensé être riche…

- Il va falloir que tu cesses de rougir autant à chaque fois que je te touche., murmura-t-il.
- Je vais essayer.
- Point un peu plus embarrassant, tu devrais aller voir le Professeur ou un gynéco pour un moyen de contraception. Nous allons simuler mais je ne sais pas ce qui peut se passer. Je préférerais que tu sois protégée. Tu… tu veux bien ?, s’enquit-il, soucieux.
- Oui, j’irais demain matin.

Même si elle était gênée par cette partie de la conversation également, elle était contente de savoir qu’il se préoccupait ainsi d’elle. Elle ne voulait pas penser à ce qui pouvait arriver, qu’un autre homme que lui put la toucher. Si, les concernant, leurs actes allaient au-delà de la simulation, elle n’était pas persuadée de le regretter mais il avait raison de vouloir la préserver d’une grossesse. La vie reprendrait son cours après.

- Très bien.

Il caressa sa joue du pouce et elle se demanda à quoi il pensait. Elle se battait pour rester concentrée car doucement elle perdait conscience de ce qui l’entourait, hypnotisée par la lueur sombre de ses yeux. Elle sentait une certaine langueur la prendre et un désir l’envahir.

- Tu es belle, ma chérie., lui dit-il.

Il utilisait ce petit sobriquet pour mettre une barrière mentale entre le réel et le fictif mais il savait ce qu’il pensait en réalité.

- Il nous reste un dernier point à éclaircir., lui annonça-t-il.
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Lun 26 Avr - 19:45
Chapitre 5

Les yeux dans les yeux, le cœur battant la chamade, Kaori était comme hypnotisée par son partenaire. Ryo tenait son visage entre ses deux mains, le caressant doucement du pouce. Il la regardait comme il l’avait fait trop peu souvent à son goût, tendrement, chaudement… Elle avait l’impression de se liquéfier sous le feu de son regard. Quel était ce dernier point ? Allait-il l’embrasser pour les entraîner ? Elle mordit sa lèvre inférieure sans s’en rendre compte.

Ryo regardait sa partenaire. Devait-il ou ne devait-il pas aller jusqu’au bout de sa pensée ? Il l’observait se désintégrer sous ses yeux tellement elle était nerveuse. Il connaissait ses sentiments pour lui. Il savait qu’il devait lui apprendre à détacher ses actes de ses émotions et c’était son dernier point. Il ne voulait pas que leur premier baiser eut lieu à l’église. Il voulait le savourer en dehors de toute pression.

Quand il la vit mordre sa lèvre, il sentit le désir surgir du plus profond de lui avec une violence qui l’ébranla fortement. Il fut soudain inquiet de ne pas savoir la maîtriser, ni se maîtriser d’ailleurs, et changea d’avis. Ils avaient tous deux besoin de reprendre le contrôle. Il déposa un baiser sur son front puis la lâcha.

- Il faut que nous appelions nos amis pour les prévenir du rôle qu’ils devront tenir. Et préviens Eriko de ta venue : il ne faut pas qu’elle vende la mèche à Hitomi., dit-il, prenant un air détaché.

Kaori le regarda un instant sans comprendre puis redescendit de son nuage en un dixième de seconde. Elle se calqua sur son attitude et afficha un masque neutre. Elle avait eu tellement envie de ses lèvres sur les siennes mais elle s’était aussi rendue compte de son oubli momentané de la réalité et il faudrait qu’elle agisse contre cela pendant la mission.

- Si ça ne te dérange pas, je vais appeler Eriko d’abord puis j’irai préparer le repas. Tu vas leur annoncer au téléphone ou on leur donne rendez-vous au Cat’s ?, lui demanda-t-elle.
- Au Cat’s si ça te va, vers dix-sept heures. Trois heures pour te trouver une robe, ça te suffira ?, l’interrogea-t-il.

Elle se retourna et lui lança un regard suspicieux, cherchant à voir s’il se moquait d’elle ou non. N’entendant pas sa réponse alors qu’elle était encore présente dans la pièce, Ryo releva le regard et vit son regard plissé.

- Quoi ?
- Tu te moques de moi ?, s’enquit-elle, suspicieuse.
- Non. Je suppose que ça prend du temps de choisir une robe de mariée, non ?, répondit-il.
- Peut-être mais ce n’est pas un vrai mariage alors n’importe quelle robe fera l’affaire., fit-elle, nonchalante… en apparence.
- Si tu le dis. Profites-en pour prendre quelques vêtements pour le voyage., lui conseilla-t-il.
- Pourquoi ? J’ai ce qu’il faut dans mon armoire.
- Tu deviens la femme d’un richissime homme d’affaires. Renouvelle ta garde-robe et prends quelques bikinis pour la croisière.

Elle retint sa mâchoire de tomber à terre.

- Je n’arrive pas à y croire… Même pas une vanne sur mon physique et la nécessité de le cacher à tes yeux ?, fit-elle interloquée.
- Non. Comme tu l’as dit, ce corps me plaisait à nos débuts. J’ai peut-être besoin de me rafraîchir la mémoire…, dit-il d’une voix chaude.

Elle le regarda, ouvrit la bouche et la referma, déglutit et recula, se cognant dans le fauteuil.

- Je… je vais appeler Eriko., bafouilla-t-elle, se retournant précipitamment.

Il sourit tel le chat qui avait mangé le canari et la laissa seule. Il l’avait assez chahutée pour le moment. Il se rendit dans sa chambre et s’allongea sur son lit, songeur. N’ayant plus aucun rôle à jouer face à elle, il se demanda comment il allait tenir ces quelques jours avec elle sans aller plus loin que simuler. Il crevait d’envie de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, de la déshabiller et de la faire sienne. La femme qu’il avait découverte aujourd’hui l’avait surpris. Kaori était déterminée mais elle ne s’était jamais imposée comme elle l’avait fait face à lui et Saeko. Il était fier d’elle.

Deux coups furent frappés à la porte et Kaori passa la tête par l’entrebâillement de la porte.

- J’ai prévenu Eriko. J’y ai perdu un tympan., dit-elle en souriant.
- Tu m’étonnes. Elle a dû être déçue de perdre une occasion de conclure avec moi., la taquina-t-il.
- Bien sûr… si c’est la nouvelle traduction de « il était temps qu’il se décide »…, répondit-elle avec le sourire.
- Je serai en cuisine. Ce sera prêt dans une demi-heure., l’informa-t-elle.

Elle referma la porte. Elle s’appuya deux secondes contre le mur et tenta de dompter son cœur qui battait un peu trop vite à son goût. Elle devait apprendre à gérer ses émois, à contrôler ses élans affectifs qui le poussaient vers lui immanquablement. Si elle ne gardait pas son sang froid, elle irait au devant de grandes désillusions lorsqu’ils en auraient fini et elle risquerait leurs vies pendant la mission. Elle redescendit et partit à la cuisine. Sortant les aliments du frigo et préparant un plat simple, elle retrouva doucement le contrôle.

Ils se retrouvèrent tous deux pour déjeuner. Le silence fut de mise pendant ce moment partagé, la réflexion battait son plein pour les deux nettoyeurs. La matinée avait été chargée en découvertes et émotions et il leur fallait digérer tout cela. Pour une fois, Ryo aida sa partenaire à débarrasser la table. Cela faisait partie de son exercice de préparation à la promiscuité. Kaori semblait à fleur de peau en sa présence, ce qu’il comprenait pour le vivre également, et il fallait absolument en finir.

- J’y vais. On se retrouve ce soir à dix-sept heures ?, lui demanda-t-elle pour confirmation.
- Oui. Au Cat’s. Prépare-toi., lui répondit-il avec un clin d’œil.
- J’aurai déjà eu Eriko avant…, soupira-t-elle, amusée.

Elle s’en alla et se dirigea vers la boutique de la styliste. Hitomi l’attendait devant la vitrine et elles y pénétrèrent ensemble.

- Kaori ! J’arrive pas à y croire !, fit Eriko, la prenant dans ses bras, excitée.
- Ca y est ! Tu vas te marier avec Ryo !, s’écria-t-elle.
- J’ai plusieurs robes pour toi, tu vas voir !
- Eriko, deux minutes. Laisse-moi au moins te présenter notre organisatrice. Hitomi, je vous présente mon amie, Eri Kitahara. Eriko, Hitomi Satori.

Les deux femmes se saluèrent cordialement puis la styliste emmena la nettoyeuse en arrière-boutique. Elle sortit une vingtaine de robes que Kaori dut essayer patiemment et, au bout d’une heure, elle avait trouvé sa robe.

- Elle est parfaite., approuva Hitomi.
- Je suis sûre qu’elle plaira à Ryo.
- Oh que oui., confirma Eriko.
- Je l’adore., murmura la future mariée.

Se souvenant de son autre mission, elle se tourna vers son amie.

- As-tu quelques vêtements à me conseiller pour notre croisière ? J’ai carte blanche., lui demanda Kaori.
- Ne bouge pas. Je reviens dans cinq minutes.

Eriko la laissa seule avec Hitomi qui sortit sa tablette.

- Nous avons peut-être un peu de temps pour avancer sur certains points., l’interrogea l’organisatrice.
- Oui, je vous écoute.
- Pour les fleurs, avez-vous une préférence ?
- J’aime les œillets blancs., répondit Kaori.
- Simple mais efficace, comme vous, non ?, répondit l’organisatrice avec un sourire.
- Oui., murmura Kaori, répondant à son sourire.

Elle ne put s’empêcher de repenser à la manière dont elle s’était imposée pendant la matinée. Elle ne pensait pas y arriver. Maintenant, elle allait devoir affronter un autre combat : rester maîtresse d’elle-même en jouant les femmes amoureuses, ce qui ne serait pas un rôle de composition pour elle…

- Pour la cérémonie, église ou temple ?
- Ca nous est égal. Ce que vous trouverez dans le temps imparti. Ca n’a pas besoin d’être grand, au contraire. Nous aimons les lieux intimistes.
- Très bien. J’ai contacté deux traiteurs de ma connaissance pour des menus. J’aurai un retour demain matin. Pourra-t-on se voir ?
- Oui. Vers dix heures, si cela vous convient., répondit Kaori.
- Vous n’allez pas être gênée par les rendez-vous de votre fiancé ?
- Non, il m’a demandé de me libérer autant que nécessaire pour la préparation. Il veut que le mariage me plaise., inventa la nettoyeuse.
- Il semble vouloir vous faire plaisir.
- Oh vous savez, tant qu’il y est, cela me suffit., affirma la nettoyeuse sans mentir ni inventer.

Hitomi l’observa avec un léger sourire d’envie.

- Vous formez un très beau couple.
- Voilà, tout ce que j’ai trouvé pour toi., fit Eriko en revenant les bras chargés.

Elle posa le tout sur une table basse et commença à exhiber ses choix. Des robes, des pantalons et chemisiers, deux nuisettes qui firent rosir son amie, trois bikinis qui la firent virer au rouge et quelques sous-vêtements qui la transformèrent en mode cocotte-minute, ce qui fit rire la styliste et l’organisatrice.

- Vous ne semblez pas être habituée à autant d’impudeur. Pourtant, Ryo et vous…
- Nous avons décidé d’attendre le mariage…, intervint Kaori pour couper court au sujet, rouge pivoine.
- Vraiment ?, s’étonna l’organisatrice.
- Oui. On… on s’est dits qu’après autant de temps, on pouvait attendre encore un peu et faire de ce moment un moment spécial., mentit la jeune fiancée.
- C’est très romantique., souffla Hitomi.
- C’est surtout surprenant., pipa Eriko.

Kaori lui lança un regard d’avertissement et elle toussota.

- Oui, C’est un bel homme et tu es une magnifique jeune femme, tous deux dans la fleur de l’âge. On se demande comment vous faites pour ne pas céder., se justifia-t-elle.
- Notre relation n’est pas que physique !, la rabroua Kaori assez sèchement.
- C’est vrai… J’ai parfois tendance à l’oublier. Vous êtes faits l’un pour l’autre., admit Eriko.
- Vous êtes tellement peu démonstratifs…
- Oui, je l’avais noté aussi. Mais c’est un virage à cent quatre vingts degrés qu’ils amorcent. Il leur faudra un peu de temps, relativisa l’organisatrice.
- Bon, en attendant, si on allait faire chauffer la carte bleue de ton businessman, ma chérie., fit Eriko, prenant les affaires qu’elle avait choisies sans demander l’avis de Kaori.

Elle mit la robe dans une housse, les vêtements dans plusieurs sacs et la nettoyeuse et Hitomi repartirent peu après, se séparant devant l’agence.

- Demain, nous devrons aller à la mairie pour le mariage officiel. Nous pouvons faire cela l’après-midi si Ryo est disponible. Sinon, vendredi matin au plus tard., l’informa l’organisatrice.
- Je lui en parlerai. A demain, Hitomi., la salua-t-elle.

La nettoyeuse poursuivit son chemin jusqu’au Cat’s où Ryo venait d’arriver, sortant de la mini. Il lui prit les sacs des mains et les posa dans le coffre.

- Je peux fouiller ? Il y a des choses qui vont me plaire ?, demanda-t-il, posant un regard suggestif sur elle.

Elle se mit à rougir et referma le coffre précipitamment.

- Tu verras plus tard !, répondit-elle brusquement, se tournant pour repartir.

Il l’attrapa par le poignet et l’attira à lui, la prenant dans ses bras.

- Cesse de te conduire comme un papillon affolé, Kaori. Je ne vais pas te manger., tenta-t-il de la rassurer.
- Je… Je sais mais… Je ne suis pas habituée à être le centre de ton attention. Ca me perturbe., avoua-t-elle.
- Je vais faire un effort. Nous allons devoir aller à la mairie pour nous marier demain après-midi ou vendredi matin.
- Je n’avais pas pensé à cela. Il faudra qu’on prévienne, Saeko, pour qu’elle fasse surgir un acte de naissance et qu’elle retienne notre certificat de mariage., pensa Ryo à voix haute.
- On verra tout cela plus tard. Viens, allons prévenir nos amis du rôle qu’ils devront tenir.

Ils entrèrent tous deux dans le café et, pour une fois, Ryo se tint tranquille. Il n’avait pas songé au passage à la mairie et ça le perturbait un peu plus qu’il ne l’aurait imaginé.

- Bonjour, tout le monde., fit Kaori.
- Ma Kaori, mon amour, ma douce, ma mie. Dans mes bras !, cria Mick, la prenant par la taille et tendant les lèvres pour l’embrasser.

Un mouvement d’air derrière lui attira son attention et il vit Kazue faire tourner une massue entre ses doigts tel un bâton de majorette. Lentement, il relâcha la nettoyeuse et se tourna vers sa femme.

- Voyons ma chérie, je ne faisais qu’accueillir notre amie., se justifia-t-il.
- Et moi que cueillir mon ami…, répondit-elle, l’envoyant valser dans le mur.
- Pour une fois, ce ne sera pas sur notre note., murmura Ryo à l’oreille de sa partenaire, laissant son souffle caresser sa nuque un peu plus que nécessaire.

Il vit l’effort qu’elle produisit pour rester maîtresse de ses émotions mais elle rougit légèrement malgré tout.

- C’est bien, ma chérie., chuchota-t-il.
- Dites donc vous deux, c’est quoi ces messes basses ?, les taquina Miki.
- On va se marier., répondit Ryo sans sembler y prêter attention.

Il était cependant parfaitement conscient de ce qu’il faisait et de la réaction qu’il provoqua : le silence se fit dans le café, un silence incrédule, stupéfait, comme si on entendait toutes les respirations cesser, comme le silence qui se fait dans la nature avant un cataclysme. Il était également conscient du regard anxieux que Kaori lui lança et sut qu’il ne devait pas trop jouer avec ses sentiments. Ce n’était pas son intention mais cela pouvait en être une conséquence.

- Pour une mission., compléta-t-il.
- Putain, tu m’as fichu une frousse du tonnerre. J’ai bien cru que t’étais sérieux., souffla Mick, pour alléger la tension.

Il n’aurait pas été contre un rapprochement des deux tourtereaux mais pas à ce moment-là, ça aurait été bien trop soudain, se dit-il. Il faillit rire à sa propre réflexion : ça ne faisait après tout que sept ans qu’ils se tournaient autour…

- Tu nous expliques ?, demanda-t-il, curieux.
- Saeko m’a demandé de jouer les appâts pour démanteler un réseau d’enlèvements. Vingt-neuf couples ont été kidnappés dans le monde entier, le plus ancien il y a un an déjà environ. Ils sont encore retenus en otage à l’exception de quatre hommes qui ont été libérés.
- Que leur font-ils ?, demanda Kazue, horrifiée.
- On ne sait pas. Ils ont été drogués et ne se souviennent de rien., répondit Kaori.
- Donc vous allez vous jeter dans la gueule du loup sans savoir à quoi vous attendre ? C’est du suicide, Ryo. Tu ne peux pas emmener Kaori là-dedans., intervint Miki, inquiète.
- C’est mon choix de le suivre. Nous sommes partenaires, Miki., rétorqua la nettoyeuse en fronçant les sourcils, mécontente de la réaction de son amie.
- Je n’ai pas envie de me battre contre toi ou un autre pour légitimer ma place. J’ai eu mon compte pour la journée., dit-elle en lançant un regard vers son partenaire.
- Nous allons avoir besoin de votre aide sur plusieurs points., coupa Ryo pour changer de sujet.
- Nous risquons d’être absents plusieurs jours voire semaines. Peut-on compter sur vous pour maintenir l’ordre dans le quartier ?, les interrogea-t-il.

Kaori le dévisagea, stupéfaite : il ne parlait pas en son nom mais en leur nom et ça lui fit un bien fou. Il lui accordait la reconnaissance devant tous leurs amis.

- Bien sûr. On va enfin pouvoir s’amuser un peu., lui assura Umibozu.
- Mick, j’ai besoin de ton aide sur deux points : tu vas devoir jouer l’intermédiaire. C’est vers toi que je dirigerai la demande de rançon quand nous serons pris en otages.
- Très bien. Je ne pourrais payer que pour ma Kaori, alors…, s’amusa-t-il.
- Tu n’auras pas le choix que de me libérer en premier parce qu’ils retiennent les femmes et on ne sait pas encore ce qu’ils en font.
- Quoi ? Non, Kaori…, s’insurgea Miki.
- Ne restera pas longtemps seule entre leurs mains, je peux te le jurer, Miki., l’interrompit-il.
- Je ne laisserai personne lui faire du mal., dit-il, prenant sa main dans la sienne.
- Je sais. J’ai confiance en toi., lui assura sa partenaire.
- Bon et mon deuxième rôle ?, demanda Mick.
- Assurer les demandes XYZ., indiqua Ryo.
- C’est dans mes cordes.
- Enfin, nous aurons tous besoin de vous samedi pour notre faux mariage. Maquillés, grimés, comme vous voudrez mais nous vous voulons présents., leur dit-il.
- Il t’a offert une bague de fiançailles ?, fit Kazue, s’approchant surprise.
- C’est pas vrai ?, s’étonna la barmaid, contournant son bar.

Kazue prit la main de Kaori et la leva pour admirer le bijou.

- Ce n’est qu’un prêt… le temps de la mission., murmura la fiancée.
- Elle est magnifique en tous cas., remarqua Miki, adressant un regard curieux à Ryo.
- Un coup de chance., répondit celui-ci en haussant les épaules, désinvolte.

La clochette tinta et tous se retournèrent pour accueillir Saeko.

- Bonsoir Saeko. Comment va Reika ?, demanda Kaori.
- Elle se repose après son opération. Autant te dire qu’elle est verte de rage. Je ne voudrais pas être à ta place.
- Laisse-moi deviner : Reika était la première fiancée de Ryo ?, lança Mick, posant un regard noir sur son ami.
- Oui mais elle a eu un petit accident et Kaori a gagné sa place., répondit Saeko avec un petit sourire.

Elle avait digéré la discussion de la matinée et était décidée à faire en sorte que tout se passa pour le mieux pour eux.

- Nous allons devoir aller à la mairie demain après-midi. Tu peux faire apparaître un certificat de naissance à mon nom ?, lui demanda Ryo.
- Oui. Je m’en occuperai ce soir.
- Et il faudra gérer le certificat de mariage également., ajouta-t-il.
- Ce sera un peu plus compliqué mais je ferai le nécessaire., lui promit-elle.
- Ca veut dire que vous allez être officiellement mari et femme pendant quelques jours ?, plaisanta Miki.
- Oui., répondit le nettoyeur.
- Et la nuit de noces sera réelle aussi ?, l’interrogea Mick, le regard lubrique.

Kaori se sentit rougir à l’allusion. C’était l’un des sujets qui lui pesaient le plus, autant face à l’envie qu’à la peur que ça arriva réellement.

- Arrête de dire des conneries, Angel. On simulera., grogna Ryo.
- Et pourquoi ? Rien ne vaut la vérité…, laissa-t-il échapper avec un petit sourire en coin.

Les deux nettoyeurs virent le sourire entendu de tous leurs amis et se sentirent vivement embarrassés. Voyant la rougeur des joues de sa partenaire et son regard fuyant qu’elle ne savait plus où poser, Ryo décida d’abréger ses souffrances.

- Viens, on rentre. La journée sera encore chargée demain., lui proposa-t-il.

Elle acquiesça et le suivit jusqu’à la voiture. Ils regagnèrent l’immeuble et chacun vaqua quelques minutes à ses occupations avant de se rendre sur le toit, ressentant le besoin de réfléchir. Lorsque Kaori y arriva, Ryo était déjà accoudé à la rambarde et observait le soleil couchant.

- Viens., dit-il simplement alors qu’elle s’apprêtait à repartir.

Elle se mit à ses côtés et ils observèrent ensemble le paysage en silence un moment.

- Ca va ?, lui demanda-t-il.
- Oui. Ca fait beaucoup à assimiler en une journée mais ça va., répondit-elle.

Il l’observa et remarqua les légères cernes sous ses yeux.

- Tu as encore trois jours pour changer d’avis, jusqu’au moment où on sera devant l’autel. Même si à ce moment-là, tu me dis non, je ne t’en voudrai pas., lui assura-t-il.
- Je ne te dirai pas non. Je veux aller au bout de cette mission. Je veux et je vais. Tu peux compter sur moi., lui répondit-elle, plongeant son regard dans le sien avec détermination.

Il lui sourit tendrement. C’était sa Kaori. Il reconnaissait bien là son caractère fier et trempé qui n’avait d’égal que sa douceur et son amour

- Alors il faut te préparer à un autre point., fit-il sur le ton de la confidence.
- Lequel ?, lui demanda-t-elle, curieuse.
- Celui-là.

Il prit son visage entre ses mains et posa les lèvres sur les siennes.
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Mer 28 Avr - 0:00
Chapitre 6

Quelque part, au plus profond de cette forêt cérébrale dont les ramifications se mêlaient et s’emmêlaient, un flash d’un blanc éblouissant éclata et coupa toutes les connexions synaptiques pendant quelques secondes.

Kaori cligna des yeux et regarda Ryo devant elle qui tenait toujours son visage entre ses mains. Il avait un regard… doux. Pourquoi ? Elle ne comprenait pas. Elle avait l’impression d’avoir manqué quelque chose.

- Ca va ?, lui demanda-t-il.
- Oui… oui oui., répondit-elle d’un air absent.
- J’ai rêvé que tu m’embrassais., laissa-t-elle échapper.

Abasourdie d’avoir avoué cela devant lui, elle posa la main sur sa bouche et se mit à rougir furieusement. Il se mit à rire et écarta sa main.

- Et c’était comment ?

Elle réfléchit, certaine d’avoir rêvé. Elle toucha ses lèvres du bout des doigts, lèvres qui lui semblaient sensibles, légèrement gonflées…

- Doux et agréable.
- Tu n’as pas regretté de m’avoir embrassé alors, même en rêves ?, la questionna-t-il, amusé.
- Non., souffla-t-elle.
- Heureusement que tu n’as pas rêvé alors…, murmura-t-il avant de l’attirer à lui une nouvelle fois pour l’embrasser à nouveau.

Sentant ses lèvres sur les siennes, tout lui revint en mémoire. La surprise avait dominé quelques secondes, le temps de réaliser que, oui, Ryo l’embrassait, ses lèvres étaient sur les siennes, les pressant doucement. Sa bouche était chaude et douce. Il ne la pressait pas. Ses mains étaient toujours autour de son visage comme s’il voulait l’empêcher de bouger mais elle savait qu’elle pouvait se dégager quand elle le voulait. Elle sentait son cœur gonfler et quelque chose en elle éclata.

Ce baiser-là était plus pressant. Il voyageait sur sa bouche et elle écarta les lèvres légèrement. Il en saisit une entre les siennes, la mordillant doucement, arrachant un gémissement à sa partenaire. Ses mains quittèrent son visage pour descendre le long de son corps jusqu’en bas de son dos. Il l’attira un peu plus contre lui alors qu’elle laissa ses mains atteindre sa nuque et ses cheveux, s’offrant un peu plus à lui. Il sentit le bout de sa langue pointer doucement, touchant ses lèvres, et, d’instinct, il envoya la sienne à sa rencontre.

Contrairement au premier baiser qu’il avait su gérer, Ryo sentait qu’il perdait le contrôle et elle aussi. Elle déclenchait des émotions bestiales en lui, un besoin primaire de la posséder, de l’aimer et il devait se maîtriser pour ne pas y céder. Tout cela ne devait rester qu’un simulacre. Il n’était pas question de faire d’eux un vrai couple. Ils redeviendraient simples partenaires après cette mission. Si seulement elle ne mettait pas autant d’ardeur dans leur échange, ce serait certainement plus facile de mettre fin à ce baiser. Encore quelques secondes, se dit-il, juste quelques secondes volées à leur vie normale, quelques secondes, une parenthèse, sa bouche contre la sienne, sa langue dansant avec la sienne, sa poitrine pressée contre lui, ses mains dans ses cheveux…

Kaori avait chaud, très chaud et, pour une fois, ce n’était pas aux joues qu’elle ressentait cette chaleur mais en elle, au plus profond d’elle-même, là-bas quelque part au fond de son ventre, au niveau de ses mains posées sur ses reins et ça irradiait dans tout son corps. Elle ne s’était jamais sentie aussi bien qu’entourée de ses bras, ses lèvres contre les siennes, son corps contre le sien. Si elle avait été légèrement gênée par l’invasion de sa langue dans sa bouche au départ, elle ne l’était plus. Cela provoquait en elle une autre envie et elle se dit que ce serait bien difficile de n’en rester qu’à la simulation sur ce plan-là. Si elle lui suggérait ? Non, il refuserait mais il ne pourrait pas dire que c’était parce qu’elle ne le faisait pas bander. Elle sentait la réaction physique de son corps contre son bas-ventre et ça l’émoustillait énormément et la terrifiait un peu simultanément. La tête commençant à lui tourner, elle s’écarta doucement de lui, se reposant sur son torse, cherchant son souffle. Son cœur battait tellement fort qu’elle avait l’impression qu’il allait exploser…

Ryo retint le gémissement de mécontentement qui faillit lui échapper quand elle quitta ses lèvres. Il avait beau se dire que ça devait s’arrêter, il n’arrivait à quitter la chaleur et la douceur de cette bouche qui l’avait fait rêver tant de nuits. La sentant s’appuyer contre lui, il posa une main sur ses cheveux comme pour la cajoler et revint lentement à la réalité. Il se rendit alors compte de son état d’excitation et se demanda comment faire. Devait-il bouger et quitter ce moment volé ou ne pas bouger et en espérant qu’elle ne se fut rendue compte de rien ? Il opta pour la deuxième solution. Pour l’une des rares fois de sa vie, il se sentait bien, serein et ne voulait pas briser ce moment trop vite. Ce serait bien difficile de rester de marbre pendant la mission. Comment faire pour les aider à passer ce cap ?

- C’était fort…, laissa-t-il échapper d’une voix rauque.
- Oui., murmura Kaori, relâchant légèrement son tee-shirt qu’elle avait agrippé sans s’en rendre compte.
- Il va falloir qu’on apprenne à ne pas perdre le contrôle., dit-il.

Elle ressentit une certaine satisfaction à l’entendre s’impliquer dans cette affirmation. Ainsi n’était-elle pas la seule concernée…

- Que suggères-tu ?, l’interrogea-t-elle, s’écartant de lui.
- De l’entraînement., répondit-il, la retenant dans ses bras.

Elle frissonna sous la lueur de son regard, chargé de désir. C’était si rare de le voir ainsi, laissant ses émotions apparaître sans aucune tentative de maîtrise. Il caressa son visage.

- On va rentrer. Il commence à faire frais. Tu voudrais peut-être lire le dossier de Saeko ?, lui proposa-t-il.

Elle faillit lui dire, assez vertement d’ailleurs, qu’elle se fichait bien du dossier, qu’elle voulait juste qu’il la déshabilla et lui fit l’amour jusqu’au petit matin mais se retint. Faux mariage, faux actes, se rappela-t-elle. Elle devait se souvenir que leurs actes devaient être détachés de leurs sentiments et c’était exactement ce qu’elle avait oublié quand il l’avait embrassée. Finalement, lire le dossier de Saeko n’était pas une si mauvaise idée. Ca lui permettrait de reprendre le contrôle. Elle releva les yeux vers lui et vit le calme revenir en lui également.

- Oui. C’est une bonne idée., admit-elle.

Il la relâcha à regrets et ils descendirent au salon. Prenant place dans le divan côte à côte, Ryo lui tendit la pochette laissée par l’inspectrice. Kaori l’ouvrit et commença à feuilleter. Il aurait pu la laisser seule et vaquer à ses occupations mais il avait envie de voir ce qu’elle pensait.

- C’est de là que tu as sorti ta liste d’exigences pour Hitomi ce matin ?, lui demanda-t-elle, les sourcils froncés.
- Oui. Saeko avait repéré certains points communs et m’a demandé d’explorer ces pistes., répondit-il.
- Je… Je n’arrive pas à penser que ces personnes puissent être des kidnappeurs., répondit-elle distraitement.
- Tu sais, la nature humaine est imparfaite., rétorqua-t-il.
- Je ne suis pas naïve, Ryo. Ce que je veux dire, c’est que c’est un tout petit monde que celui des loisirs de luxe. Les rumeurs vont vite et puis, ça pourrait coller si tous les enlèvements avaient lieu au même endroit mais, à part un vague lien sur les activités, il n’y a rien qui colle. Saeko a cherché loin, ça se voit, mais j’ai le sentiment qu’elle a fait fausse route., réfléchit-elle à voix haute.
- Pourquoi ? Tu vois un autre lien ?, l’interrogea-t-il.
- Non et c’est cela qui m’interpelle. Je pense que le lien est ailleurs, ce qui collerait assez bien avec tout le plan qu’ils ont élaboré. Ryo, ils enlèvent des couples depuis un an, les retiennent en otage très longtemps dans une logique qui nous échappe et commencent à délivrer les hommes seulement maintenant. Pourquoi ? J’ai comme l’impression qu’ils vont s’arrêter là.
- C’est ton petit doigt qui te l’a soufflé ?, se moqua-t-il.

Pourtant, il était impressionné par son ressenti qui collait assez bien à l’idée qu’il s’était faite. Il avait lui aussi dans l’idée que les enlèvements allaient s’arrêter en espérant bien que ce ne fut pas déjà le cas.

- Ne te moque pas de moi., se vexa-t-elle, se laissant aller dans le fauteuil, la mine boudeuse.

Brusquement, il la bascula sur le fauteuil et se mit au dessus d’elle, le regard chaud et pénétrant. Voir ses lèvres retroussées l’avait émoustillé et il pouvait bien profiter de cette occasion pour poursuivre leur entraînement, non ?

- Ca ne me viendrait même pas à l’idée, ma chérie., murmura-t-il avant de l’embrasser.

Kaori passa les bras autour de lui et le laissa enflammer leur échange à sa guise. Tout en répondant à ses assauts, elle tenta de rester consciente de la réalité, de surveiller les alentours comme ils devraient peut-être le faire en mission. Elle compta le nombre de fois où des phares se reflétèrent dans l’écran de la télévision, le nombre de fois où elle entendit un klaxon, le nombre de fois où la langue de Ryo tournoya dans sa bouche et essaya même de dresser sa liste des tâches à faire le lendemain matin mais elle se perdit quelque part entre se laisser mordiller l’oreille et le déshabiller qui venait après l’embrasser, l’embrasser, le toucher, l’embrasser et… l’embrasser bien loin devant faire le ménage ou la lessive sauf si ça impliquait de faire l’amour sur la machine en mode essorage… Cette pensée soudaine la ramena à la réalité et, doucement, elle réussit à s’écarter de lui.

Ryo ne sut pas ce qui la fit s’éloigner de lui mais il lui en fut gré. Il avait bien essayé de maîtriser les choses au départ mais il s’était laissé emporter. Il n’imaginait pas qu’embrasser sa partenaire aurait pu l’emmener si loin hors des sentiers battus. Il était pourtant habitué aux échanges charnels avec les femmes mais cette femme-là ne faisait pas qu’échanger : elle se donnait à lui corps et âme. C’était une sensation intense et déroutante. Par dessus tout, c’était enivrant.

Il se mit sur le côté pour ne pas l’écraser, la tête appuyée sur une main, et regarda Kaori. Elle fixait le plafond, reprenant visiblement son souffle. Délicatement, il replaça certains boutons de sa robe malmenés pendant ces quelques minutes.

- Je suis désolée…, murmura-t-elle.
- De quoi ?, s’étonna-t-il.

Elle tourna un regard brillant d’une lueur intense vers lui et semblait se sentir coupable.

- Je n’arrive pas à me contrôler., répondit-elle.
- J’ai essayé de rester maîtresse de mes pensées mais j’ai échoué., balbutia-t-elle.
- Kaori, moi non plus, je n’y suis pas arrivé., lui avoua-t-il.
- Mais c’est normal. C’est nouveau. Une fois l’effet passé, ça ira mieux., lui affirma-t-il même si, pour une fois, il n’était pas sûr de son fait.
- Combien de temps ça durera, tu penses ?, demanda-t-elle.
- Deux trois jours.
- Donc en attendant, on fait quoi ?, l’interrogea-t-elle, le rouge lui montant aux joues.
- On s’entraîne., répondit-il, un léger sourire aux lèvres.

Les lèvres de la jeune femme formèrent un O qu’elle n’eut pas le temps de vocaliser, la bouche de Ryo prenant la sienne en un baiser fougueux. Cependant, cette fois, il la relâcha presque aussitôt avant de se lever.

- Je vais aller voir au sous-sol ce qui pourrait nous être utile pendant notre mission., l’informa-t-il.
- Je vais préparer le repas et j’irais mettre une lessive en route., dit-elle.

L’idée associée à la machine à laver lui revint soudain en tête et elle se mit à rougir furieusement. Ryo la regarda bizarrement puis, voyant son regard fuyant, se mit à rire. Il approcha et la saisit par la taille.

- Tu as des pensées peu avouables concernant la cuisine ?, lui demanda-t-il, narquois.
- Non… la machine à laver., admit-elle en balbutiant.

Elle vit un flash de désir dans ses yeux et se sentit encore plus rougir.

- Il paraît que le mode essorage peut donner des sensations… Je n’ai encore jamais testé., murmura-t-il, posant un regard gourmand sur elle.

Elle ne sut définitivement plus où se mettre. Il posa un baiser très léger sur ses lèvres et la lâcha.

- A tout à l’heure, ma chérie.

Il la quitta en se disant qu’il ne faisait tout cela que pour son entraînement… enfin, il tenta de s’en convaincre… Arrivé au sous-sol, il fut soulagé de se retrouver au frais. Il n’aurait pas été contre une petite douche froide pour calmer son corps chauffé à blanc. Il pensa un moment aller faire un tour dans un cabaret, trouver une jeune demoiselle suffisamment à son goût pour évacuer une partie de sa tension mais un seul visage lui revenait en tête et il ne le trouverait jamais au Kabuki sauf le pourchassant.

Il se força à se concentrer sur sa tâche. Il devait trouver le moyen de les faire localiser ou de localiser Kaori lorsqu’ils seraient séparés. Il n’avait aucune idée de la portée dont il aurait besoin pour l’émetteur. Ils n’avaient même pas idée de l’endroit où étaient retenus en otages tous ces couples. Il examina ensuite toutes ses armes et en sélectionna deux. Pour une fois, il ne pourrait se servir de son arme favorite. Cela fait, il prit les munitions correspondantes et remonta.

Dans l’appartement, il entendit sa partenaire dans la buanderie et se retint de l’y rejoindre. Il n’aurait pu s’empêcher de la taquiner à nouveau et cela aurait risqué de dégénérer. Son corps lui demandait grâce pour le moment. Il fila donc vers sa chambre puis la sienne en ressortant avec leurs deux valises. Ce fut ainsi que Kaori le retrouva, les deux valises grandes ouvertes, dévissant les doublures, poignées et tout ce qu’il pouvait.

- Que fais-tu ?, l’interrogea-t-elle.
- Je cache deux revolvers dans nos bagages en pièces détachées. Tiens, tu peux glisser les deux canons dans ces deux stylos, s’il te plaît ?, lui demanda-t-il, désignant deux objets sur la table.

Elle s’exécuta tout en le regardant défaire et remettre en place les différentes parties qu’il démontait.

- Tu penses qu’ils prendront nos bagages quand ils nous enlèveront ?, s’enquit-elle, dubitative.
- Je ne pense pas mais on ne sait jamais. Je préfère prévoir. Tu demanderas au Professeur de te glisser cela en sous-cutané à un endroit discret qui ne soit pas…, s’interrompit-il en lui tendant une micro-puce et désignant son intimité du regard.

Elle se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux. Elle devait cesser de rougir à tout va mais n’y arrivait pas. Toutes ces allusions au sexe la mettaient mal à l’aise. Elle attrapa du bout des doigts le petit objet.

- S’il ose et insiste, dis-lui que je viendrais lui couper sa troisième jambe et que je ne signifie pas par là sa canne en bois., maugréa-t-il.
- Il peut te la poser à la lisière du cuir chevelu. Ca restera discret., conseilla-t-il.
- D’accord.

Elle partit en cuisine, enferma la puce dans un essuie-tout et coupa les brûleurs. Elle s’appuya un moment au plan de travail tentant de reprendre contenance. Elle savait pour quand Ryo lui avait confié cette puce. Il voulait pouvoir la localiser quand ils seraient séparés. Ca la rassura en même temps que l’angoissa. Elle avait confiance en lui mais qui savait ce qui se passerait avant qu’il n’arriva ? Qu’étaient devenues les épouses des quatre hommes relâchés ? Etaient-elles encore retenues en otage ou avaient-elles été utilisées, revendues ou encore tuées ? Elle réprima un frisson et sentit soudain deux bras l’entourer.

Ayant fini sa tâche, Ryo avait rangé les valises et décidé de rejoindre Kaori en cuisine. Quand il la vit livide, appuyée au plan de travail, il éprouva le besoin de la réconforter. C’était juste pour partir sans appréhension en mission, se justifia-t-il. Il n’y avait rien de plus… Quand elle se retourna, il glissa une main dans ses cheveux et garda sa tête contre lui dans un geste protecteur. Ils restèrent un long moment ainsi avant qu’elle ne releva le regard vers lui, lui dévoilant ses inquiétudes.

- Je ne laisserai personne te faire de mal, Kaori., lui assura-t-il, caressant son visage.
- Je sais., murmura-t-elle.

Déposant un baiser sur sa joue en guise de remerciement, elle le lâcha et alla mettre la table. Ils mangèrent peu, l’estomac quelque peu noué, angoisse de la mission ou trop d’émotions, ils n’auraient su le dire. La soirée se termina devant la télé distraitement. D’abord assis l’un à côté de l’autre, ils finirent dans les bras l’un de l’autre. Ryo avait d’abord passé un bras autour des épaules de sa fiancée, l’air de rien, se sentant un peu comme un adolescent avec sa petite amie, enfin tout du moins ce qu’il en avait entendu parler en croisant des groupes de gamins dans le parc… Kaori avait ensuite posé la tête contre lui, s’était rapprochée. Ils avaient échangé quelques baisers furtifs, pour l’entraînement disaient-ils à chaque fois, ne poussant pas trop loin comme ils l’avaient fait plus tôt dans la soirée. Finalement, pensa-t-il, des soirées comme celle-ci pouvaient s’avérer très agréables également…

Le film terminé, ils se levèrent à regrets et montèrent à l’étage. Prenant chacun leur tour à la salle de bains, ils se croisèrent dans le couloir.

- Rassure-moi. Tu ne comptes pas porter cette horreur pour notre nuit de noces., plaisanta Ryo, un air horrifié devant un pyjama hideux de Kaori.

Celle-ci se mit à rougir et jeta un regard à son vêtement : il était vrai qu’elle pourrait faire un effort de ce côté-là…

- Non… Eriko a choisi des choses un peu plus appropriées…, répondit-elle.
- Ouf… je suis soulagé. Et ça ressemble à quoi ?, l’interrogea-t-il, la voyant dans ses petits souliers.
- Je n’ai pas eu le temps de bien voir…, avoua-t-elle.

Elle devrait peut-être faire sa valise dès ce soir. Ainsi elle aurait le temps de rapporter les vêtements qui ne lui conviendraient pas. Connaissant Eriko, elle risquait d’en rapporter les trois quarts. Elle sentit une main sur son poignet puis fut tirée jusqu’à buter dans un corps chaud et musclé.

- Fais confiance à Eriko., lui murmura-t-il.
- Elle te connaît bien et a très bon goût. Je suis sûr que ça t’ira à merveille… ma chérie., ajouta-t-il après coup.

Elle le regarda incertaine puis acquiesça, subjuguée par son regard chaud. « Embrasse-moi », pensait-elle et ce fut elle qui initia le mouvement à leur plus grande surprise. Elle passa les bras autour de son cou, se mit sur la pointe des pieds et attira son visage au sien pour les quelques millimètres qui manquaient. Elle s’entendit gémir en touchant la pulpe de ses lèvres, qu’elle quitta aussitôt pour longer sa joue, légèrement râpeuse, et revenir à sa bouche, les lèvres légèrement irritées par la repousse de sa barbe. Elle l’avait à peine de nouveau embrassé que sa langue envahissait sa bouche, exigeante, taquine, provoquant mille sensations en elle.

Sans s’en rendre compte, Ryo la fit reculer contre le mur et pressa tout son corps contre le sien, lui faisant prendre conscience de son désir. Ses mains glissaient en un mouvement de va et vient sur ses côtés et, lorsqu’il trouva le rebord de son haut, il les passa en dessous sentant la chaleur de sa peau. Il quitta ses lèvres pour explorer le contour de son visage, plonger dans la douceur de son cou. Il la sentait se tordre contre lui, onduler sous son corps, attisant son désir. Dire qu’il n’entendait pas toutes les alarmes qui résonnaient dans son cerveau aurait été mensonger. Il était parfaitement conscient qu’il franchissait bon nombre de limites qu’il s’était imposé et s’en fichait. L’instant était juste trop bon.

Kaori se laissait porter par les sensations et le désir qui montaient en elle. Quand, lassée de ne plus sentir ses lèvres contre les siennes, elle en eut assez, elle le plaqua à son tour contre le mur et reprit le contrôle. Elle leva un regard fiévreux sur lui et lut la surprise dans le sien, momentanée, avant que la flamme ne s’aviva un peu plus. Elle tira sur sa chemise pour la sortir de son pantalon et glissa ses mains en dessous sur la peau nue au dessus de sa ceinture. Elle sentit un long frisson le parcourir et son audace augmenta. Elle posa les lèvres dans son cou alors qu’il leva obligeamment la tête pour la laisser accéder et remonta baiser après baiser jusqu’à son menton qu’elle mordilla puis sur lequel elle frotta son nez avant d’aller capturer sa lèvre inférieure.

Ryo poussa un grognement sourd avant de la retourner une nouvelle fois et d’écraser ses lèvres sur les siennes dans un baiser langoureux qui les laissa pantelants. Passant une main dans le bas de son dos pour la maintenir contre lui, il laissa l’autre errer sur toute la surface nue et chaude, se risquant même à franchir l’élastique de son pantalon pour descendre jusqu’à la limite de ses fesses. Elle répondait à toutes ses attaques et il sentait ses mains errer sous sa chemise. Il s’écarta de ses lèvres un instant et posa une main sur son visage caressant sa joue, ses lèvres de son pouce. Il contemplait son regard voilé, ses joues rosies, sa bouche rouge et gonflée dont les lèvres étaient légèrement écartées. Il devait arrêter. Il le savait. Il devait arrêter. Il était sur un terrain dangereux et il ne pouvait aller plus loin. Il devait arrêter. Il en était conscient. Il sentait son excitation. Il devait arrêter.

Pourtant, il baissa le visage et reprit ses lèvres avec avidité tel un affamé qui n’aurait pas mangé depuis des jours, des semaines même… Il ne pouvait se rassasier des sensations qu’elle éveillait en lui. Il était comme saoul mais ni le whisky ni le saké ne lui procuraient de sensations aussi agréables. Ni le whisky ni le saké ni les bunnies ne lui donnaient le sentiment d’être aimé aussi intensément…

Saisissant sa partenaire par la taille, il la souleva et, toujours accrochée à ses lèvres, elle noua les jambes autour de sa taille. Il l’emmena dans sa chambre et la reposa sur son lit, s’allongeant sur elle, repassant les mains sous son pyjama pour retrouver la douceur de sa peau tout comme elle avait de nouveau les mains sous sa chemise. Il en voulait plus. Il voulait sentir sa peau nue contre la sienne. Il s’écarta d’elle et plongea son regard dans le sien. Elle peinait à retrouver son souffle. Elle était belle et désirable. Il en voulait plus, tellement plus…
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Mer 28 Avr - 23:40
Chapitre 7

- Kaori, tu es avec moi ?, l’appela le Professeur.
- Oui, pardon., s’excusa la nettoyeuse pour la troisième fois.
- Tu es bien distraite ce matin. C’est rare., constata-t-il, un regard perçant posé sur elle.

Elle le regarda et se mit à rougir en pensant à la nuit d’avant. Ryo et elle… Wouah quel rapprochement en si peu de temps… Elle en avait le vertige d’ailleurs. Tout allait tellement vite depuis hier matin qu’elle avait l’impression d’avoir vécu quinze vies en une journée.

- Kaori…, s’impatienta le vieil homme.
- Que se passe-t-il ?, l’interrogea-t-il.
- J’ai besoin d’un contraceptif., dit-elle simplement, toujours perdue dans ses pensées.
- Quoi ?!, fit le médecin, surpris.
- J’ai besoin d’un contraceptif., répéta-t-elle, se sentant rougir.
- Tu as rencontré quelqu’un ? Babyface et toi…
- Nous partons en mission. Nous allons simuler un couple marié et risquons d’être séparés. Ryo préfère assurer mes arrières.
- Vous allez coucher ensemble ?
- Non ! On… on va simuler., le corrigea-t-elle.

Il leva un sourcil, doutant apparemment de sa réponse, puis se recomposa une attitude neutre. Il ouvrit son dossier sur l’ordinateur et le consulta.

- Pourrais-tu être enceinte ?
- Non… nous n’avons… Je n’ai… Je suis toujours vierge., avoua Kaori, baissant les yeux.

Elle devait se calmer. Elle était encore sur les émotions de la veille au soir et c’était dur de redescendre après ce qui aurait pu se passer. Elle s’était sentie prête, elle aurait sauté le pas sans hésiter, elle avait complètement perdu le contrôle de la situation. Elle s’en voulait mais, heureusement, - enfin non pas vraiment- raisonnablement, Ryo s’était repris au dernier moment avant qu’ils ne furent allés trop loin.

- Très bien. Enfin, je veux dire, ça règle un problème. Alors je peux te proposer la pilule ou l’implant. Tu connais ?
- Oui, avec Miki, j’ai eu le droit à des conversations sans fin sur les moyens de contraception., lâcha-t-elle.
- Tu m’étonnes. Que préfères-tu ?
- Je suppose que l’implant est plus sûr. Je doute que les ravisseurs penseront à prendre ma pilule…, dit-elle.
- Oui, c’est plus sûr en effet. Vu qu’on est dans l’urgence, je suppose que je n’aurais pas la chance que tu sois réglée actuellement., laissa-t-il échapper.
- Non. Je l’ai été il y a dix jours., répondit Kaori.
- Alors sache que l’implant sera efficace dans sept jours. Avant cela, si tu as des rapports, il faut te protéger ou il y aura un risque de grossesse., lui apprit-il.

Elle acquiesça et il l’invita à passer dans la salle d’examen, l’ausculta rapidement puis lui inséra l’implant.

- Ryo voudrait aussi que vous me posiez cela en sous-cutané à la lisière des cheveux., dit-elle, lui montrant la micro puce.
- Il se montre prudent.

Le Professeur prit la puce, la désinfecta soigneusement et fit une très légère incision à la base du crâne de Kaori après avoir anesthésié la zone. Il l’inséra et utilisa une colle transparente pour refermer la plaie.

- Ca ne se verra pas. Evite de gratter si ça te démange : tu pourrais enlever la colle. Alors quel est le programme ?, l’interrogea-t-il curieux.
- On se marie cette après-midi à la mairie, samedi à l’église et on embarque pour une croisière de dix jours. On suppose qu’on n’en rentrera pas dans les temps prévus. Si vous êtes libre samedi, vous êtes le bienvenu., lui offrit Kaori.
- Rater le mariage de l’Etalon de Shinjuku ? Tu plaisantes. Je serais là. En attendant, si tu veux que je t’initie sur certains points…, lui proposa-t-il, ses doigts frétillants approchant de sa poitrine.
- C’est un faux mariage, Professeur, et Ryo a un message pour vous : si je résume, si vous avez un comportement déplacé, il vous coupe votre troisième jambe, enfin celle qui n’est pas en bois…, lui apprit-elle, un sourire ironique aux lèvres.

Les doigts s’arrêtèrent net et il pâlit légèrement.

- Je crois… que je vais m’abstenir., dit-il en reculant.
- Il faut que j’y aille. Je vais être en retard pour mon rendez-vous avec l’organisatrice de mariage., fit Kaori, voyant l’heure à sa montre.
- N’oublie pas, Kaori, sept jours avant que ce soit efficace., lui rappela-t-il.
- On ne va que simuler…, dit-elle en sortant.
- Simuler ? Ces deux-là ? On se revoit dans quelques temps…, murmura-t-il pour lui-même.
- J’ai failli faire l’amour à ta sœur, Maki. Pas coucher avec elle mais lui faire l’amour vraiment. J’avais envie d’elle hier soir comme un fou. Pas juste de son corps, je voulais tout., avoua-t-il à voix haute à son vieil ami disparu.

Cela faisait une heure maintenant que Ryo était là, adossé à la stèle de Hideyuki. Il avait déjà essuyé quelques regards désapprobateurs à cause de sa position déplacée mais il s’en fichait : il parlait avec son ami. Au début, il avait évoqué divers sujets puis il en était venu à l’affaire. Là, il éprouvait le besoin de lui parler de Kaori.

- Ca m’a fichu la trouille parce que… je ne sais pas en fait. Je n’ai jamais ressenti cela pour personne. C’est tellement fort entre nous deux. Tant que nous gardons nos distances, ça reste gérable mais hier… J’ai été scié. Je ne pouvais plus m’arrêter. J’avais juste envie de la toucher et de l’embrasser et, plus je le faisais, plus j’en avais envie. Mais elle mérite tellement mieux, Hide. Elle mérite une belle vie.

Il se fit silencieux un moment, sentant le vent sur son visage. Il réfléchit à tout ce qui s’était passé la veille.

- C’est vrai ce qu’elle a dit ? Tu m’as confié sa vie ? Putain Maki, quelle idée t’est passée par la tête ce jour-là ? T’imagines : elle était jeune et innocente et regarde le monde dans lequel on vit maintenant ! Elle est prête à se donner à un homme comme moi mais, moi, je ne mérite pas quelqu’un d’aussi pur qu’elle. Je ne pourrais jamais lui rendre un centième de ce qu’elle m’a offert. Je ne vais pas en plus lui voler son cœur et encore moins sa virginité, non ? Si ? T’as pas envie de te transformer en fantôme deux minutes et de venir me causer ? J’ai besoin de ta bénédiction, de tes conseils, de ton poing dans ma gueule, tout ce que tu voudras mais merde Maki… J’ai besoin de toi là.
- Ca va, jeune homme ?

Ryo releva les yeux et fit face à un homme d’un certain âge, le gardien du cimetière.

- Oui, merci. J’ai une discussion avec mon pote., plaisanta Ryo.
- Sérieuse apparemment., pipa l’homme.
- Oui. Ca concerne sa sœur.
- Oh… Un homme qui vient parler à un ami décédé de sa sœur. Soit elle a fait une grosse bêtise soit vous êtes amoureux. Un frère veut voir sa sœur heureuse. Si c’est votre but, alors il vous donnerait sa bénédiction.

Sur ces paroles, l’homme s’en alla et laissa Ryo seul avec ses pensées. Voir Kaori heureuse, c’était ce qu’il voulait. Mais, s’il faisait le bilan des sept dernières années, il ne pouvait pas dire qu’il avait accompli sa mission. Il n’avait aucune idée de la façon dont il devait s’y prendre. Il n’était même pas sûr d’être l’homme de la situation… Il poussa un long soupir.

- Allez Maki, juste une petite apparition, deux secondes, tu me dis oui ou non et tu t’en vas. Je n’en demande pas plus…, insista le nettoyeur.
- Un coup de tonnerre ? Un rayon de soleil ?, tenta-t-il mais le ciel resta désespérément gris.

Il finit par se relever et regagna la mini. Il n’était pas plus avancé. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il allait retrouver Kaori et que, s’ils continuaient à se tourner autour comme ils le faisaient, la nuit de noces n’aurait rien d’un simulacre… Il n’arriverait certainement pas à se contenir comme la veille au soir à tous les coups. Sans ce sursaut de conscience, ce sentiment étrange qui l’avait effrayé au dernier moment, sans l’envie qu’elle fut parfaitement consciente de ses actes, ils se seraient réveillés dans les bras l’un de l’autre ce matin, la dernière limite entre eux franchie, et il n’avait absolument aucune idée de la réaction qu’il aurait pu avoir. L’aurait-il blessée en n’assumant pas ? Aurait-il accepté de se laisser enchaîner à elle pour une relation de plus d’une nuit ? Il ne savait pas. Il était attiré par elle comme un aimant mais il ne savait pas ce qui se passerait s’ils venaient à fusionner. Est-ce que ça les rapprocherait ? Les éloignerait ?

Par le plus grand des hasards, ils se retrouvèrent devant l’immeuble en même temps et regagnèrent l’appartement ensemble dans le silence. Sans un mot, ils ôtèrent leurs vestes avant de se séparer. Kaori partit en cuisine réchauffer de la soupe dans laquelle elle versa des nouilles, Ryo consulta les messages avant de la rejoindre.

- Il faut qu’on parle d’hier soir., lui dit-elle, légèrement tendue.
- Sur quel point ? Ce n’était pas toi, Kaori. C’est moi. Je ne voulais pas te blesser.
- J’ai compris, Ryo. Je t’assure que j’ai compris et je ne suis pas fâchée. J’ai… J’ai juste besoin d’être sûre qu’on va bien, qu’on est capable de dépasser ce léger malaise., lui expliqua-t-elle.

Il approcha d’elle et la prit dans ses bras. Ce simple geste attisa son envie.

- Oui, ça va, Kaori. Ne t’inquiète pas., la rassura-t-il.
- Cette après-midi à la mairie, tu ne t’enfuiras pas en courant alors ?, le taquina-t-elle.

Il baissa les yeux vers elle et sourit, amusé.

- Non, je ne fuirai pas., répondit-il.
- Tu m’embrasseras ?, demanda-t-elle, les joues rosies.

Elle rêvait de sentir ses lèvres sur les siennes à nouveau. C’était déraisonnable et ne faisait qu’attiser son envie mais elle en rêvait quand même. Il caressa sa joue et déposa un baiser sur ses lèvres.

- Ca répond à ta question ?, murmura-t-il.

Elle lui sourit. Ils déjeunèrent rapidement puis partirent à la mairie. Hitomi les retrouva sur place à l’heure qu’ils avaient convenue.

- Si vous avez un peu de temps, nous pouvons aller visiter l’église que j’ai trouvée pour le mariage et la salle de réception. J’ai validé avec le traiteur, le fleuriste et le photographe, ce que nous avons décidé ce matin, Kaori. Vous avez des questions, Ryo ?
- Juste une : il y aura un gâteau ?, demanda-t-il, le regard empli de gourmandise.
- Oui, au chocolat et à la mousse de framboises, gourmand., répondit Kaori, amusée.
- C’est parfait, alors.
- On y va ?, les invita Hitomi.

Ils furent dirigés à travers les couloirs de la mairie jusqu’au service des enregistrements des mariages. Ils remplirent consciencieusement les papiers et les rendirent. Ils se rassirent et se jetèrent un regard légèrement anxieux, priant pour que Saeko ait eu le temps de créer le certificat de naissance de Ryo, sinon tout tombait à l’eau. Le nettoyeur prit la main de sa compagne et en embrassa les doigts.

- Je t’ai dit que tu étais ravissante dans cette petite robe grise ?, lui demanda-t-il pour tuer le temps autant que faire impression sur Hitomi.
- Non., murmura-t-elle.
- Tu es sublime. J’ai de la chance que tu t’intéresses à un type comme moi., rétorqua-t-il.
- Cesse de te dévaloriser tout le temps, Ryo. Je… Je t’aime tel que tu es. Je ne veux pas que tu changes., lui dit-elle, caressant sa joue tendrement.

Elle approcha de lui et l’embrassa doucement. Il l’attrapa derrière la nuque et accentua le baiser, souhaitant lui montrer par les gestes ce qu’il ressentait et qu’il n’arrivait pas à lui dire. Hitomi les regarda faire en souriant, émue.

- Saeba-Makimura !, entendirent-ils soudain.

Ils se levèrent main dans la main, Hitomi les suivant. Un officier d’état civil les accueillit et les invita à s’asseoir.

- Nous avons un problème., leur apprit-il.

Les deux nettoyeurs se regardèrent anxieux.

- Notre système informatique est en panne depuis ce midi. Je ne pourrais pas enregistrer votre mariage avant qu’il soit de retour mais tout est officiel, ne vous inquiétez pas. Il vous faudra juste donner cela à la personne qui officiera. Voilà, vous signez ici et ici., leur dit-il, présentant trois exemplaires d’un document à signer.

Il s’exécutèrent et posèrent les stylos. L’homme leur tendit un exemplaire chacun qu’ils prirent et rangèrent soigneusement.

- Félicitations, Monsieur et Madame Saeba., les salua-t-il, ouvrant la porte pour les laisser ressortir.

Tous les trois se retrouvèrent hors de la mairie deux minutes plus tard et les nettoyeurs consultèrent bêtement leurs montres.

- Vingt minutes ? C’est du rapide., souffla Kaori.
- C’est minable comme mariage., dit-il en attirant sa femme dans ses bras.

Il ne lui demanda pas son avis et lui donna un baiser langoureux qui les laissa tous deux à bout de souffle et ranima le désir dans leurs veines. Le regard fiévreux, ils se perdirent dans les yeux de l’autre et se rapprochèrent de nouveau pour s’embrasser plus tendrement, oubliant le monde qui les entourait et notamment leur organisatrice qui était un peu jalouse de leur relation si intense.

- Voilà qui est beaucoup mieux. Vous ne trouvez pas, Madame Saeba ?, murmura-t-il à son oreille.

Voilà une association de mots qui sonnaient bien à son oreille, Madame Saeba… Kaori rosit de plaisir et acquiesça, la gorge serrée par l’émotion. Elle savait que ce mariage n’avait rien de réel. Pourtant, elle se sentait réellement émue. Hitomi se racla la gorge et ils sortirent de leur transe.

- Alors, nous allons voir cette église ?, leur proposa-t-elle.

Ils acquiescèrent et tous trois prirent place dans la mini pour se rendre au lieu qu’elle leur indiqua.

- C’est étonnant de vous voir conduire une telle voiture et surtout de n’avoir ni chauffeur ni garde du corps., remarqua l’organisatrice.

Les nettoyeurs se regardèrent un court instant puis Kaori se tourna vers Hitomi.

- Cette voiture, c’est sentimental pour Ryo. C’est son premier amour. Il a appris à conduire avec et ne veut pas la lâcher. Par moments, je me demande même si elle n’a pas plus d’importance à ses yeux que moi…, expliqua-t-elle dan une version relativement proche de la vérité.
- Elle ne peut pas avoir plus d’importance que toi, ma chérie. Elle ne me tiendra pas chaud la nuit, elle., lâcha-t-il d’un ton suggestif qui la fit rougir.
- Son seul avantage, c’est qu’elle ne me tient pas tête comme toi. Avec elle, j’ai toujours raison., ajouta-t-il malicieusement.

Ils éclatèrent de rire tous les trois puis Hitomi se tourna de nouveau vers Kaori.

- Et le garde du corps ?

Kaori se retint de lui dire qu’un garde du corps avait rarement besoin d’un garde du corps…

- Vous croyez vraiment qu’il fait multimilliardaire dans cette voiture ?, lui demanda-t-elle.
- Non, c’est vrai., admit Hitomi.
- Nous sommes arrivés., leur apprit-elle.

Ryo gara la voiture et ils sortirent tous trois. Le nettoyeur attrapa sa femme par la taille et déposa un baiser dans le creux de son cou.

- Bien joué., murmura-t-il.

Ils échangèrent un regard lumineux et Kaori lui vola un baiser, le laissant quelque peu surpris. Ils avancèrent et contournèrent la rangée d’arbres qui cachaient l’édifice. La vue leur coupa le souffle. L’église se situait au sommet d’une petite colline et, dans le fond, alors même que le ciel était gris, ils devinaient la silhouette du Mont Fuji.

- Il ne manque qu’un rayon de soleil et ce sera parfait., souffla Ryo.

Il était émerveillé, ce qui n’était pas une mince affaire avec lui. Il n’aurait pu rêver plus bel endroit pour épouser la femme de sa vie, se dit-il avant de se morigéner. C’était un faux mariage, un faux mariage, un simulacre, une tromperie, un piège pour délivrer cinquante-quatre personnes. Il sentit un mouvement à ses côtés et vit Kaori s’éloigner du lieu.

- Kaori ?, s’inquiéta Hitomi qui fit pour aller la rejoindre.
- Laissez, j’y vais., dit-il, lui faisant signe de rester là.

Quand elle avait découvert le lieu, Kaori avait eu un coup au cœur. Elle adorait cet endroit. C’était magnifique et tout ce dont elle aurait pu rêver mais le fait était que cet endroit ne consacrerait qu’un mariage destiné à ne pas exister ou seulement pour quelques jours. Ses sentiments eux resteraient. Ils se fichaient de savoir qu’ils avaient une mission à accomplir. Ils étaient là avant, pendant et seraient encore là après. Elle fut submergée par la tristesse et le dégoût. C’était trop. Et hier soir, il n’avait pas voulu d’elle et, même si elle avait affirmé en étant sûre d’elle qu’elle l’avait bien pris, qu’elle avait compris, elle avait mal parce qu’elle ne pouvait même pas se raccrocher à l’espoir d’un après plus heureux qu’avant. Donc elle était là en plein air à avoir la sensation d’étouffer.

Elle sentit soudain deux bras l’entourer et la plaquer contre un corps chaud. Une main s’aventura dans ses cheveux massant légèrement son cuir chevelu alors que l’autre la maintenait fermement mais doucement.

- Respire., murmura Ryo à son oreille.
- Ne pense à rien. Inspire, Kaori. Doucement. Et expire maintenant. Doucement.

Il sentait les tremblements de son corps contre le sien, signe évident de son stress. Sachant que c’était déjà compliqué pour lui de parvenir à tout gérer, très imparfaitement qui plus était, il ne pouvait qu’imaginer la tension de sa partenaire beaucoup moins habituée que lui. Il se montra présent. Il ne la brusqua pas, ne fit que la tenir dans ses bras, murmurant quelques « Respire » de temps à autre, jusqu’à ce qu’elle s’écarta d’elle-même, les yeux humides levés vers lui, fautive.

- Ca va ?, lui demanda-t-il.
- Oui. Je suis désolée. J’ai paniqué., avoua-t-elle.
- C’est normal. Ca va vite, très vite. Ne t’excuse pas., la rassura-t-il.

Il lui accorda quelques instants de plus pour se reprendre puis passa un bras autour de sa taille pour la ramener vers Hitomi. Sur le chemin, Kaori posa la tête sur son épaule et il déposa un baiser dans ses cheveux. Il voyait au loin l’organisatrice fondre et, si ce n’était pas l’objectif premier, ça ne mangeait pas de pain…

- Kaori, ça va ? L’église ne vous plaît pas ?, s’inquiéta-t-elle.
- Si, c’est parfait, Hitomi., répondit la mariée.
- C’est de ma faute. J’ai voulu que tout cela aille vite mais c’est beaucoup de stress que j’ai délégué à ma fiancée. Un petit moment de doute mais c’est aussi pour son cerveau tortueux que je l’aime., plaisanta-t-il, posant un regard attendri sur Kaori.

La gardant contre lui, ils entrèrent dans l’édifice et apprécièrent la simplicité du lieu. Hitomi leur présenta ses idées pour la décoration deux jours plus tard et ils validèrent le tout, se séparant peu après pour regagner chacun leurs pénates.

A l’appartement, Kaori monta sur le toit et observa les étoiles faire leur apparition dans le ciel. Elle n’avait pas vu la journée passer. Elle avait encore été forte en émotions, d’un autre ordre cette fois mais tout aussi intense que ce fut de doutes que de plaisir.

- Alors, Madame Saeba, on prend l’air ?, plaisanta Ryo.

Elle eut envie de le reprendre, de lui dire de ne pas l’appeler ainsi, qu’elle ne voulait pas s’habituer parce qu’elle mourrait d’envie de porter ce nom depuis tant de temps que c’en était devenu presque risible mais se résigna à se montrer forte et détachée.

- Je cherche à fuir ma part de tâches ménagères. Je me disais que peut-être mon… tu nous commanderais à manger chez un traiteur pour ce soir., répondit-elle.

Elle avait failli l’appeler « mon mari » mais avait buté sur le mot au dernier moment, ressentant une profonde angoisse au fait de le perdre sans qu’il lui eut jamais vraiment appartenu. Elle se rappela alors les avertissements de Saeko sur la difficulté d’être un agent infiltré, de jouer un rôle sans se laisser piéger… Elle ne regretta pas son choix, pas encore peut-être, mais elle était en plein dedans.

- Je vais le faire mais avant., murmura-t-il.

Il attrapa sa main et la força à se retourner pour la prendre dans ses bras. Il contempla son visage anxieux, ce visage qui aurait dû resplendir parce qu’elle venait de se marier même si ce n’était pas LE grand jour. Elle méritait tellement d’être heureuse. Il baissa le visage et l’embrassa délicatement. Il sentit au bout de quelques secondes qu’elle s’accrochait à lui et répondait à son étreinte et laissa leur baiser s’enflammer un peu plus, mais pas de trop non plus. Il ne voulait pas revivre la même chose que la veille, ce sentiment de faire quelque chose de raisonnable tout en faisant une erreur, de vouloir faire le bien en faisant mal, non, il ne voulait pas de cela. Il voulait juste être là pour elle.

Quand ils se séparèrent, Kaori posa la tête sur le cœur de Ryo et l’écouta battre un moment. Ce son régulier, fort, l’apaisa quelque peu. Elle avait tellement peur que cette mission ne mit à mal un équilibre si durement gagné, de le voir s’éloigner d’elle parce qu’ils se seraient trop rapprochés...

- J’ai peur, Ryo. J’ai peur de te perdre., murmura-t-elle, deux larmes roulant sur ses joues.
- Tu ne me perdras pas, Kaori. Je serais toujours là.
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Jeu 29 Avr - 19:23
Chapitre 8

- Je vous enlève votre épouse pour la journée., annonça Hitomi à Ryo à la fin du dernier point sur le mariage.

Il la regarda, un sourcil levé, en se disant que c’était un intéressant jeu de mots si on connaissait le contexte qui entourait leur mariage. Il se demanda soudain si elle était au courant de la combine, de ce qui allait se passer. Ils l’avaient écartée de la liste des suspects car ils n’avaient aucune preuve ni aucune sensation négative à son égard mais peut-être jouait-elle un jeu extrêmement trompeur ?

- Je l’emmène se faire pomponner pour qu’elle soit la plus belle demain., lui expliqua-t-elle avec un grand sourire.
- Mais elle est déjà magnifique…, répondit le nettoyeur, charmeur.

Kaori rosit au compliment et Ryo fut au moins satisfait de voir que les séances d’entraînement auxquelles ils s’étaient adonnés depuis deux jours commençaient à porter leurs fruits.

- Soit mais je l’emmène tout de même. Vous pourrez l’admirer à loisirs pendant votre lune de miel et le restant de votre vie., rétorqua-t-elle, l’œil pétillant.
- D’accord., ronchonna-t-il.

Sa partenaire le regarda un instant et, avant d’être entraînée par leur organisatrice, déposa un baiser sur ses lèvres.

- A tout à l’heure., murmura-t-elle.
- Ne fais pas de bêtises en mon absence., lui enjoignit-il.
- Rien que tu ne ferais., dit-elle avec un clin d’œil.
- Je t’interdis de draguer d’autres mecs !, cria-t-il après elle.

Elle se retourna et lui fit signe de la main en souriant taquine.

Il laissa échapper un léger rire et repartit en direction de leur immeuble. La séance du matin leur avait été profitable à tous deux et il ne regrettait pas de l’avoir initiée. Ca avait été un réel plaisir de la tenir contre lui, juste la tenir, pendant quelques minutes, allongés dans le lit. Après la vague d’angoisse de la veille au soir et avec le stress qui montait doucement avant de plonger dans le feu de l’action, ce moment de calme avait été plus que bienvenu. Cela leur avait permis d’initier une conversation certes sérieuse mais détendue sur ce qui se passerait, les précautions qu’ils devraient prendre et ce à quoi ils pensaient s’attendre.

Quand il arriva sur le palier, Ryo trouva Saeko et Mick en grande conversation. Quelle mouche les avait donc tous piqués ? Il n’y avait aucun dégât apparent, Mick ne portait aucune trace de coup et, pour le peu qu’il en vit parce qu’il ne chercha pas plus loin, tous les coutelas de Saeko étaient en place.

- Où est Kaori ?, demanda l’inspectrice.
- Enlevée par notre organisatrice pour une séance pomponnage. Ce sont ses mots., répondit Ryo, simplement, ouvrant la porte et les laissant passer.
- Tu as fait ton enquête sur elle ?
- Oui. Elle est clean., affirma Saeko.
- Il y a quelque chose qui me chiffonne dans cette histoire. Kaori aussi d’ailleurs. On a l’impression de se tromper de voie.
- Tu penses que je suis passée à côté de quelque chose ?, lui demanda-t-elle, vexée.
- Tu as cherché loin. Je ne te reproche rien, Saeko. C’est juste une sensation que nous partageons, elle et moi.
- J’espère bien que tu partages autre chose avec ta femme., rétorqua Mick, ironique.

Ryo lui lança un regard d’avertissement et revint sur le sujet premier.

- Quoiqu’il advienne, on reste sur notre lancée et on verra bien où ça nous mène., dit-il, légèrement nerveux.
- Ca t’embête tant que cela ?, lui demanda-t-elle.
- Tu sais bien que je n’aime pas être passif. Je suis plutôt du genre à passer à l’attaque plutôt que d’attendre que ça arrive.
- Comment s’en sort Kaori ?, l’interrogea son ami.
- Bien. Elle est nerveuse mais elle gère plutôt bien., admit Ryo.
- Et le mariage, c’est comment, vieux frère ?, le taquina l’américain.

Ryo le dévisagea, retenant un grognement, puis vit que Saeko elle aussi esquissait un sourire en coin.

- Nous ne faisons que simuler, vous le savez bien !, répliqua-t-il, agacé.
- Pas de baiser, pas de sexe… C’est triste…, déplora Mick.
- Bien sûr qu’on s’embrasse. On n’a pas vraiment le choix mais on gère., mentit-il, évitant de repenser aux moments très chauds qu’ils avaient déjà partagés.
- Tu devrais peut-être éviter…, pipa le blondinet.
- De quoi ?
- De gérer., compléta Saeko, suivant le raisonnement de Mick.
- Vous n’allez pas vous y mettre ! On est en mission pour toi d’ailleurs !, pointa-t-il vers Saeko.
- J’espère d’ailleurs que tu n’as pas oublié de t’occuper du certificat de mariage., lui rappela-t-il.
- Je dois attendre lundi pour que votre mariage soit célébré. Il y aura un contrôle., l’informa-t-elle.
- N’oublie pas !, lui dit-il sèchement.

Mick regarda son ami, les yeux plissés, et s’assit nonchalamment dans le canapé.

- Ca serait un tel drame de rester marié à Kaori ?, lui demanda-t-il.
- Déconne pas, Mick. Tu sais bien que ce mariage n’a rien de valide. Je n’existe pas., répondit-il sombrement.
- Justement, tu existes aujourd’hui. Tu as un certificat de naissance, tu es marié. Tu existes, Ryo.
- Je ne veux pas rester marié., décréta le nettoyeur japonais.

Il ne pouvait pas rester le mari de Kaori. Elle méritait une autre vie si jamais la possibilité lui était donnée. Il ne serait pas celui qui la retiendrait dans ce monde-là si elle voulait en sortir et elle devait pouvoir en sortir la tête haute sans avoir le statut de divorcée. Il souffrirait de son départ mais il ne pouvait agir égoïstement. Il aurait ces quelques jours pour le reste de sa vie, quelques jours où il aurait pu l’appeler Madame Saeba, la tenir dans ses bras, l’embrasser et même la caresser. Il ne se perdrait pas dans ses bras, logé au creux d’elle mais c’était ce qu’il y avait de mieux à faire… pour elle, rien que pour elle.

- Mais…, voulut poursuivre Mick.

Saeko posa la main sur son épaule et lui fit un signe négatif de la tête. Elle voyait le regard de Ryo, sombre et dur, et le connaissait suffisamment pour l’avoir eu à certains moments de sa vie quand elle se demandait quoi faire avec lui, l’autre moitié de City Hunter à l’époque.

- Ne prends pas de décision que tu puisses regretter, Ryo. Il faudrait avant tout que tu acceptes de t’ouvrir., lui conseilla-t-elle seulement.

Il plongea son regard dans le sien et acquiesça au bout d’un moment.

- Je dois vous laisser. On se voit demain au mariage., les salua-t-elle.
- Et ta sœur au fait ?, s’enquit Ryo par politesse.
- Elle hurle sur tout le personnel qu’elle veut sortir. Elle fait tourner mes parents en bourrique et Yuka en rajoute une couche en ne parlant que de votre mariage…, s’amusa Saeko.
- Bref, un joyeux moment familial quand on va à l’hôpital.

Elle referma la porte derrière elle, laissant les deux hommes seuls.

- Kaori a demandé au Professeur de lui poser une micro-puce émettrice sur mes instructions. Tiens, je te le confie. C’est le récepteur. Elle a une très longue portée mais je ne sais pas si ce sera suffisant. Tu pourras tester quand nous embarquerons sur le bateau pour voir à quelle distance tu captes ?, lui demanda Ryo.
- Je le ferais. Tu peux compter sur moi.
- Je sais. Je t’ai aussi créé une ligne avec un numéro de téléphone américain et fait un transfert d’appel vers ton numéro. Je ne veux pas qu’ils aient de soupçons le jour où ils te contacteront pour la rançon., l’informa le nettoyeur.
- Comment ça va se passer, Ryo, d’après toi ?
- J’espère que tu arriveras à nous suivre et que vous pourrez intervenir quand on sera encore à deux. Sinon, il faudra qu’on agisse le plus vite possible après ma libération. Je ne la laisserai pas entre leurs mains plus que quelques heures et c’est encore beaucoup trop à mon goût., répondit-il, les dents serrés.

Mick acquiesça. Il n’aimait pas savoir ses amis dans une fâcheuse posture même s’il faisait confiance à Ryo pour protéger Kaori.

- Tiens Mick. Je te confie les alliances. Ne les oublie pas demain.

L’américain regarda les deux bijoux et fut étonné.

- Ce sont des bijoux anciens.
- Oui., répondit Ryo, se retournant pour verser deux verres de whisky.

Des bijoux anciens qui avaient du vécu, qui avaient survécu au temps qui passe… comme eux. Il secoua la tête pour chasser toutes ces idées saugrenues qui l’assaillaient depuis quelques jours… quelques semaines en fait depuis… le mariage de Miki et Umi, depuis tous ces mots qu’il avait prononcés et fait semblant d’oublier…

- Des bijoux neufs étaient trop chers ?, l’interrogea Mick.
- Je ne voyais pas l’utilité de gaspiller de l’argent pour un mariage qui n’est pas vrai., répliqua-t-il, comme s’il parlait de la pluie et du beau temps.
- C’est vrai, un mariage qui n’est pas vrai mais qui l’est quand même… pour le moment et pourrait le devenir pour tout le temps… Santé à ton vrai faux mariage ou faux vrai mariage peut-être, je ne sais pas comment il faut dire., plaisanta-t-il en cognant son verre sur celui de son ami.

Ryo lui lança un regard ennuyé et but une gorgée. Vrai, faux, qu’est-ce qui était réel ? Il reposa son verre d’un geste sec.

- Je pense qu’on s’est tout dit, Mick. On se revoit demain pour le mariage., lui annonça-t-il d’un ton sec, le congédiant abruptement.
- Ah, je ne t’organise pas de vrai ou faux enterrement de vie de garçon, alors, avec des vraies stripteaseuses, un vraie bonne bouteille de whisky et une vraie gueule de bois demain matin ?, ironisa-t-il.

Il vit Ryo serrer les poings et battit en retraite, le laissant seul. Le nettoyeur tourna en rond une bonne partie de la journée à l’instar des pensées qui le tourmentaient et que Mick n’avait fait qu’exacerber. Il ne savait plus où il en était, ce qu’il devait faire et il ne pouvait se permettre de laisser tout cela accaparer son esprit. Mais il n’arrivait pas non plus à stopper le cercle infernal.

Kaori rentra détendue de sa journée à l’institut de beauté. Hitomi n’avait pas lésiné sur les soins et elle avait l’impression d’avoir été décapée de haut en bas. La coiffeuse avait coupé ses cheveux et leur avait fait un soin. Ils étaient doux et souples au toucher. Elle n’aurait qu’à se faire coiffer le lendemain matin en même temps qu’elle viendrait se faire maquiller, point sur lequel Hitomi n’avait pas voulu céder. Elle avait même réussi à enrôler Eriko pour l’accompagner pour être sûre qu’elle ne se défilerait pas alors qu’elle préparerait l’église.

Elle avait aussi eu droit à une séance d’épilation qui lui permettrait de se mettre au soleil sans aucune honte, à un gommage du corps, du visage, un soin intégral, un masque hydratant et le tout s’était fini par un massage du corps. Elle se sentait complètement alanguie et rêvait de s’allonger pour piquer un somme. Elle pénétra dans l’immeuble et entendit les sons sourds et répétés de tir. Elle se dirigea vers la salle et poussa la porte, attrapant sur l’étagère à côté de l’entrée deux balles qu’elle glissa dans ses oreilles pour atténuer le son. Elle observa Ryo tenir son arme et viser, le visage fermé. Elle approcha et se retint de le toucher tant qu’il n’eut pas fini. Elle sentait sa tension, voyait le noir de ses yeux tel une flaque de goudron. Quand il était serein, son regard semblait luire comme une pierre au soleil. Elle avait le cœur serré et se demanda ce qui le perturbait.

Quand il baissa enfin son arme, elle s’approcha de lui et posa d’abord une main sur son épaule avant de se coller contre son dos passant les bras autour de sa taille.

- Qu’est-ce que tu fais ?, demanda-t-il un peu rudement.
- Je m’entraîne., murmura-t-elle.

Il se réfréna de lâcher un petit rire mais elle sentit les muscles de son ventre se détendre un peu. Elle avait ce don-là, celui de l’apaiser, et il le ressentit une nouvelle fois. Il ne chercha pas à s’échapper et la laissa l’étreindre. Il aimait son contact même s’il l’aurait nié haut et fort.

- Tu penses que j’ai réussi l’exercice ?, demanda-t-elle après de longues minutes d’un silence paisible.
- Oui, je crois., dit-il.

Elle le relâcha et il se tourna vers elle. Il leva la main pour lui caresser le visage comme il aimait le faire mais la laissa retomber. Il ne pouvait pas : il n’était pas sûr de pouvoir s’arrêter là et, voyant la flamme qui dansait dans ses yeux, il n’était pas non plus certain qu’elle l’arrêterait.

- Si on remontait ?, lui proposa-t-il à la place.

Il la devança et lui tint galamment la porte. Ce n’était pas un geste auquel il l’avait habituée et elle en fut agréablement surprise. Peut-être que certaines choses changeraient avec cette mission… Elle l’espérait. Elle n’attendait pas de grands discours ni de violons mais un peu plus d’attentions de sa part lui suffiraient.

- Tu t’es coupée les cheveux ?, remarqua-t-il.
- Oui, les pointes. Hitomi y tenait., se justifia-t-elle, en rougissant légèrement.

Elle n’était pas habituée à dépenser tant d’argent en futilités et elle s’attendait à se faire sermonner. Elle baissa les yeux et continua à monter les escaliers.

- Elle a eu raison. Tu devrais prendre plus souvent du temps pour toi. Ca a l’air de t’avoir fait du bien., dit-il pensif.
- Oui, c’est vrai., admit-elle.

Ils arrivèrent sur le palier et posèrent en même temps la main sur la poignée de la porte. Surprise, Kaori leva le regard vers lui et plongea dans le sien. Comme deux aimants, leurs bouches s’attirèrent et se trouvèrent, affamées. Les mains de Ryo agrippèrent sa taille et plaquèrent son dos contre son torse alors que sa langue fouillait sa bouche avec avidité. Glissant sa main derrière elle, Kaori attrapa ses cheveux assez sauvagement pour qu’il ne s’écarta pas. Elle rendait coup pour coup à son adversaire buccal et s’épanouissait dans cet échange sulfureux. Elle posa sa deuxième main sur l’une des siennes et leurs doigts s’entrelacèrent.

Soudain, elle le lâcha et se retourna dans ses bras, passant les siens autour de son cou, appuyant tout son corps contre le sien. Ses deux larges mains posées dans son dos la pressèrent un peu plus contre lui et elle attrapa chaud, très chaud. Leurs lèvres ne se quittaient plus que quelques secondes pour reprendre leur souffle avant de renouer le contact plus ou moins sauvagement. Elle se retrouva bientôt plaquée contre la porte dont son partenaire tourna la poignée pour l’ouvrir et les faire entrer sans jamais se séparer. Il poussa le battant du pied, l’entendit claquer fermé et se reconcentra sur sa tâche en cours : occuper la cavité buccale de son épouse momentanée et tenter de lui arracher un gémissement de contentement. Ryo était conscient qu’ils jouaient un jeu dangereux mais il s’en fichait. Il voulait plus, il voulait encore d’elle, de ses lèvres, de son corps contre le sien.

Sans aucune précaution, Kaori laissa tomber son sac à main et défit sa veste, abandonnant momentanément les cheveux de son mari. Reprenant sa respiration après un long baiser, elle passa les mains sous sa veste et la repoussa de ses épaules pour la faire tomber à terre. Croisant son regard, elle se sentit rougir mais la lueur chaude de ses yeux la rassura. Elle sentit sa main se poser sur sa joue et ferma les yeux momentanément avant de les rouvrir.

- Pour l’entraînement…, l’entendit-elle murmurer.
- Pour l’entraînement., répondit-elle avant de reprendre ses lèvres.

Elle se fichait de savoir si ça durerait une heure, une nuit ou toute la vie. Tout ce qui comptait, c’était lui, elle et le moment présent. Elle avait déjà trop attendu et, si tout ce qu’elle devait avoir était ce moment, alors elle en profiterait autant que possible sans remords ni regrets. Elle avait l’impression que tout son corps était chauffé à blanc. Ses sens étaient assaillis de toutes parts et elle se sentait prête à exploser tant c’était fort. Elle n’avait même plus peur de cette manifestation virile qui appuyait sur son bas-ventre. Elle l’attendait avec impatience, anticipation. Elle voulait être à lui, plus que jamais.

Ryo la souleva dans ses bras et l’emmena dans le canapé. Elle s’accrocha à son cou, approfondissant leur baiser sans aucune retenue. Il la coucha sur les coussins et s’allongea à ses côtés, la reprenant contre lui sans attendre. Il posa la main sur sa cuisse et lentement remonta jusqu’à sa hanche avant de poursuivre son chemin plus haut. Ses lèvres quittèrent enfin celles de sa partenaire et il explora la ligne délicate de sa mâchoire puis de son cou, l’observant fermer les yeux tout en rejetant la tête en arrière pour le laisser accéder plus facilement. Ses doigts glissèrent entre ses seins et trouvèrent le premier bouton de sa robe, le défaisant doucement. Il écarta le tissu et souffla sur la peau de sa gorge. Un gémissement vint en réponse et il se retrouva sur le dos, la bouche de Kaori sur la sienne, lui infligeant un baiser passionné. C’était si bon de se laisser enfin aller selon ses envies.

La nettoyeuse ne réfléchissait plus à rien. Elle n’était qu’une boule de sensations et de pulsions et voulait juste trouver le moyen de les assouvir, de s’en libérer. Elle agissait par instinct, à défaut d’expérience, et se laissait guider quand il en montrait l’envie. Lorsqu’elle sentit le froid sur la peau enfiévrée de sa poitrine, elle ouvrit les yeux, légèrement surprise, et vit Ryo déposer une pluie de baisers sur et entre ses seins, juste à la lisière de son soutien-gorge. Elle s’en serait bien débarrassée pour sentir ses lèvres partout mais elle ne voulait pas perdre la sensation qu’il faisait naître en elle, cette boule de désir qui grossissait au fond d’elle, l’impression que des décharges électriques agitaient tout son corps. Elle posa les mains sur sa tête et la pressa un peu plus contre elle.

- Doucement, ma belle., murmura-t-il d’une voix chaude avant de laisser traîner le bout de sa langue.
- Ryo…, gémit-elle, s’arc-boutant sous son assaut.

Il en profita pour faire descendre un peu sa robe de ses épaules et avoir ainsi accès à un peu plus de terrain découvert. Il déboutonna encore quelques boutons et découvrit son ventre, y déposant également les lèvres, jouant avec son nombril. Il la sentait onduler sous lui et la voir ainsi répondre avec tant d’ardeurs à ses caresses l’excitait au plus haut point. Il parcourut son ventre d’une hanche à l’autre, de la lisière de son soutien-gorge à celle de sa culotte, retardant le moment de l’en débarrasser et passer au niveau supérieur de leurs échanges puis remonta lentement, baiser après baiser, jusqu’à ses lèvres. Il erra un moment au dessus d’elle, les yeux dans les yeux, sans la toucher et, en ayant assez, ce fut Kaori qui l’attrapa derrière la nuque pour l’attirer à elle et prendre sa bouche sauvagement. Elle apprenait vite…

La nettoyeuse se demanda combien de temps elle pourrait encore tenir sans qu’il prit possession de son corps. Elle ne voulait plus que le sentir en elle. Il lui faisait perdre la tête et elle le voulait lui tout entier. Elle noua ses jambes autour de sa taille, faisant se toucher leurs intimités, et ressentit comme une puissante décharge monter en elle. D’une force qu’elle ne se connaissait pas, elle réussit à le faire se retourner et ils atterrirent par terre.

- Ca va ?, s’inquiéta Ryo.

Pour toute réponse, elle se pencha sur lui pour l’embrasser de nouveau. Quand elle s’écarta de lui, il vit qu’elle avait totalement enlevé sa robe et put admirer son corps uniquement paré de ses sous-vêtements. Elle était si belle et sexy… et diablement entreprenante, pensa-t-il, sentant ses doigts fébriles tâcher de déboutonner sa chemise. Finalement, excédée, elle attrapa chaque pan et tira d’un coup sec.

- Impatiente ma chère., la taquina-t-il.

Elle se mordit la lèvre, légèrement embarrassée, puis son regard s’assombrit quand elle regarda son torse musclé dénudé. Elle posa les mains dessus et partit en exploration, d’abord du bout des doigts puis du bout des lèvres. Ryo ne put retenir de longs frissons de plaisir et elle s’enhardit, se laissant glisser le long de son corps pour descendre toujours plus bas. Se rendait-elle compte du supplice auquel elle le soumettait ? S’imaginait-elle qu’il était non loin d’exploser en sentant son intimité frôler la sienne ? Elle n’en avait peut-être même pas idée.

- Doucement, ma belle., murmura-t-il, l’attrapant sous les bras et la relevant pour l’allonger dans le canapé.

Il devait reprendre le contrôle où tout irait trop vite et il avait tout son temps. Allongée dans une pose lascive, elle posait ses grands yeux couleur de feu sur lui, se mordillant la lèvre inférieure. Même s’il l’avait voulu, il aurait été incapable de lui résister. Il attrapa les pans de sa chemise pour la retirer puis soudain s’immobilisa, jetant un regard noir vers la porte.

- Ryo ?, s’inquiéta Kaori.
- Monte vite dans ta chambre te rhabiller., lui dit-il lui tendant sa robe.

Elle entendit les pas dans l’escalier, les rires, et ne se le fit pas répéter deux fois. Elle était à peine entrée dans sa chambre qu’elle entendit Ryo grimper au pas de course les escaliers et filer dans la salle de bains puis peu après les coups frappés à la porte. Elle enfila rapidement un jean et un pull, regarda son reflet dans son miroir espérant que personne ne remarquerait l’éclat trop brillant de ses yeux, ses joues un peu trop roses et sortit de sa chambre. Elle entendit la douche couler et pensa un moment envoyer balader leurs visiteurs pour finir ce qu’ils avaient commencé… Entendant de nouveaux coups, elle soupira et descendit ouvrir, soulagée de voir que plus rien ne traînait de leur « entraînement ».

- Bonsoir !, s’exclama Mick, entrant dans l’appartement suivi de toute la bande et Hitomi.
- Pas de mariage sans enterrement de vie de célibataire !, fit-il.
- Umi et moi emmenons Ryo faire le tour des cabarets et les filles t’ont concoctée une soirée film romantique., lui apprit-il.

Elle lui lança un regard noir : cabarets et films romantiques contre nuit mokkori ? Elle avait franchement très très très envie, mais alors très très très, avait-elle dit très ?, envie de lui envoyer une massue sur le coin du nez. L’arrivée de Ryo, les cheveux encore mouillés, finissant d’enfiler son tee-shirt sur son corps musclé et bouillant, changea le cours de ses pensées. Elle sentit le rouge lui monter aux joues. Ils avaient été à deux doigts de faire l’amour. Oh bon sang, elle se sentit se liquéfier de l’intérieur : elle avait embrassé, caressé et touché le corps de Ryo.

- Soirée fiesta, mon pote, avant de devenir le toutou de Madame., s’excita Mick.
- J’aime bien être le tout de Madame. Surtout si j’ai toute ma dame., plaisanta-t-il d’une voix enjôleuse.

Kaori se sentit fumer et elle fut juste capable de passer les bras autour de son cou quand il l’embrassa langoureusement avant d’être entraîné par son ami.

- Ben dis donc, c’est caniculaire ici…, laissa échapper Miki.
- La nuit de noces risque d’être torride., pipa Saeko.
- ils étaient beaucoup plus réservés quand je les ai rencontrés mercredi., nota Hitomi, surprise.

Toutes se regardèrent et échangèrent des regards complices alors que la nettoyeuse tentait désespérément de faire redescendre la température.

- Alors, Ryo, tu ne me feras pas croire que ce sera un vrai faux mariage quand tu vas taquiner ainsi la glotte de ta partenaire., le taquina Mick alors qu’ils sortaient tous les trois.
- La ferme, Angel., gronda Ryo.

Malgré la douche glacée, il sentait encore les effets de son corps-à-corps avorté avec Kaori. La mission allait être compliquée…
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Sam 1 Mai - 5:11
Chapitre 9

Sans le savoir, quand ils se réveillèrent le lendemain matin, Ryo et Kaori eurent la même pensée : c’était LE grand jour. Le jour où ils se marieraient, pour de faux, devant leurs amis, où ils partiraient en voyage de fausses noces pour se faire vraiment enlever… Tous deux se levèrent et sortirent de leurs chambres simultanément. Leurs regards se croisèrent un bref instant puis ils se séparèrent pour partir l’une vers la cuisine, l’autre vers la salle de bains. Cela valait-il la peine de se dire bonjour quand ce jour était une promesse de souvenirs doux qui deviendraient certainement amers le temps passant quand toute cette comédie serait finie car aucun des deux ne pouvaient nier que l’attirance qui les liait était elle bien réelle et ne demandait qu’à être assouvie.

Quand Ryo redescendit, Kaori avait fini de préparer le petit-déjeuner. La gorge nouée, elle n’avait pu qu’avaler un café et encore très péniblement. L’anxiété montait doucement à la fois liée à ce mariage et à la plongée en eaux profondes dans cette mission. Fuyant son regard, elle sortit de la cuisine pour aller prendre sa douche à son tour et tenter de chasser le froid qui gagnait son corps. Une fois sortie de là, elle se hâta d’aller dans sa chambre et enfila les sous-vêtements qu’Eriko lui avait conseillés pour sa robe de mariée et se sentit drôlement attifée en se regardant dans le miroir. Ce ne pouvait être elle la jeune femme sexy habillée en porte-jarretelle et soutien-gorge blancs… Elle se hâta d’enfiler une robe bain de soleil qu’elle emmènerait en voyage par dessus. Elle casa dans sa valise les quelques affaires à prendre à la dernière minute, attrapa la housse qui contenait sa robe et sortit de sa chambre.

- Laisse ta valise. Je vais la prendre., fit Ryo qui sortait également de sa chambre.
- Merci., murmura-t-elle.

Lorsqu’elle fit mine de s’en aller, il la rattrapa par le poignet.

- Kaori…

Il la regarda nerveusement et ne savait par où commencer.

- Il n’est pas encore trop tard. Rappelle-toi, tu peux toujours me dire non., lui dit-il d’une voix tendue.

Elle le regarda comme si elle ne comprenait pas à quoi il faisait allusion et il devait avouer qu’il n’était pas très sûr de le savoir lui-même. Etait-ce non pour dire d’arrêter cette mission ou non pour mettre fin à ce rapprochement qui semblait inévitable ?

- Rien ne t’oblige à continuer., ajouta-t-il à voix basse.

Elle le regarda incertaine, se demandant pourquoi il parlait sur le ton de la confidence alors qu’ils n’étaient qu’à deux, mais se calqua malgré elle sur lui.

- Je le veux, Ryo. Je ne te dirai pas non. Je veux le faire., affirma-t-elle.
- Je ne veux pas que tu aies de regrets. Il sera trop tard après.
- J’en aurais si nous ne le faisons pas. C’est toi et moi, Ryo. Ca l’a toujours été.

Elle vit comme une lueur de soulagement apparaître dans son regard et se mit sur la pointe des pieds pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.

- Pour l’entraînement., murmura-t-elle, le regard pétillant.
- Pour l’entraînement., répéta-t-il, lui en volant un à son tour.

Ils se sourirent et se séparèrent en entendant des coups frappés à la porte. Kaori alla ouvrir et trouva Eriko sur le seuil. Elle prit à peine le temps de dire bonjour à Ryo, d’attraper la robe de mariée et passa un bras sous celui de son amie pour l’emmener. Il referma la porte et s’appuya dessus un moment avant de retourner dans sa chambre finir ses bagages et se préparer. A l’heure prévue, il descendit, leurs deux valises en main, et retrouva Mick et Kazue en bas de chez eux.

- Alors, ça y est ? C’est le grand saut ?, l’accueillit l’américain.
- On rentre dans le vif du sujet., répondit Ryo, éludant sciemment la vraie question de son ami.

Il ignora le regard appuyé dans le rétroviseur et se concentra sur l’extérieur.

- Fiche-lui la paix !, entendit-il Kazue le houspiller.
- Tu as rédigé tes vœux ?, insista-t-il.
- Mick…, gronda-t-elle.
- Pourquoi je m’embêterais à écrire des vœux pour un mariage qui ne sera pas réel ? Je sortirai deux trois phrases bateaux. Ca sera bien assez. Maintenant, tu peux me foutre la paix ? J’ai besoin de me concentrer., répondit Ryo, d’une voix neutre.

Mick leva les deux mains en signe de reddition et se tut. Il sentait la nervosité de son ami et décida de lui accorder un moment de répit. Arrivés à l’église, le nettoyeur fut soulagé de voir la voiture d’Eriko déjà garée. Il ne s’attarda pas sur cet étrange sentiment et pénétra dans le bâtiment. Dès qu’Hitomi le vit, elle fonça sur lui.

- Bonjour Ryo. J’espère que vous êtes en forme. Kaori passe sa robe. Tenez, votre boutonnière comme vous me l’avez demandée., dit-elle, glissant un œillet blanc à l’endroit prévu.
- Vous êtes très élégant., l’admira-t-elle.
- Merci Hitomi. Vous avez fait un travail remarquable., avoua-t-il, voyant la décoration de l’église.
- Merci. Les bougies n’étaient pas prévues mais l’église n’a plus d’électricité depuis hier soir. Heureusement qu’ils ont pu me prévenir. J’ai eu le temps d’improviser pour que nous ne soyons pas trop dans l’obscurité., lui expliqua-t-elle, désolée.
- Ca me plaît. Je suis sûr que ça plaira aussi à Kaori., murmura-t-il.

Ca donnait un côté intimiste à la cérémonie, une certaine chaleur également et son cœur se serra. Tout cela, ça aurait pu être la façon dont il aurait voulu épouser Kaori… pour de vrai mais toute cette cérémonie ne serait qu’une parodie et, pour la première fois, il regretta de s’être engagé dans cette histoire. Il aurait mieux fait de s’en tenir à sa méthode, de traquer ses salopards et de les éliminer…

- Reste concentré !, s’entendit-il enjoindre par un géant avec une perruque et une barbe blanche.

Ryo se souvint de la première fois où il avait vu Umi dans cette tenue. C’était quand il avait dû le remplacer auprès de Maki, la jeune violoniste, fille d’un de ses anciens compagnons guérilleros.

- Tu te poses beaucoup de questions, Ryo. Mais il n’y en a qu’une qui est essentielle., ajouta Umibozu, le visage neutre.
- Laquelle ?, s’étonna le nettoyeur.
- Tu le sais très bien. Il faut juste que tu l’acceptes., répondit-il mystérieusement avant de le laisser.
- Ca, ça veut juste dire que t’en sais rien toi-même, Tête de Poulpe !, s’énerva Ryo.

Il chassa cette pensée de sa tête et se concentra sur ce qui allait arriver.

- Tout le monde est là. Je vais chercher Kaori et on pourra commencer., le prévint Hitomi.
- D’accord., acquiesça-t-il, sentant la nervosité monter d’un cran.

Il jeta un regard en coin à tous leurs amis réunis derrière lui et envisagea un quart de seconde de fuir. Pourquoi ne s’en étaient-ils pas tenus au mariage à la mairie ? C’était glauque mais bien plus simple, non ? Ah oui, il devait faire les choses en grand avec une organisatrice et tout… Il poussa un long soupir au moment où les portes s’ouvrirent laissant apparaître ladite organisatrice qui fit un signe de tête, Eriko prenant place dans l’assistance simultanément, et la musique s’éleva dans les airs.

Eriko et Kaori attendaient patiemment dans la salle réservée à la mariée. La styliste l’avait aidée à passer sa robe, l’avait ajustée puis elle avait posé le voile retenu par un fin diadème en strass.

- Tu es magnifique…, souffla-t-elle.
- Dommage que tout ceci soit uniquement pour l’apparat., murmura Kaori, clignant des yeux pour réprimer les larmes qui montaient.
- Aie confiance en l’avenir, Kaori. Peut-être que ça lui ouvrira les yeux., tenta de la rassurer Eriko.
- J’en doute. Je pense qu’il a des sentiments réels pour moi mais il n’envisage pas d’avenir avec moi. Dans quoi me suis-je engagée, Eriko ?, s’en voulut la nettoyeuse.

Eriko prit sa meilleure amie dans ses bras et la serra contre elle.

- Tu es forte et courageuse, Kaori. Rappelle-toi les raisons qui t’ont poussée à t’engager. Pour le reste, laisse faire le temps., lui conseilla-t-elle.
- Je l’aime, Eriko. Je l’aime plus que ma vie même, comme je n’ai jamais aimé. Je sais que je vais lui dire oui mais, au fond de moi, je sais que ce ne sera pas pour de faux. Je veux me marier avec lui, vivre avec lui. Mais dans quelques jours voire quelques semaines, tout cela n’aura pas existé. Ce sera comme si je l’avais rêvé. C’est… C’est tellement difficile…
- Tu es la seule à pouvoir décider de ce que tu es prête à endurer pour lui, avec lui. Personne ne t’en voudra si tu dis non parce que tu as besoin de te préserver.
- Je ne peux pas me rétracter…, murmura Kaori.
- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

La nettoyeuse releva la tête vers son amie et reconnut ce qu’elle voulait ignorer.

- Je ne veux pas., admit-elle.

Deux coups furent alors frappés à la porte.

- Kaori, vous êtes prête ?

Eriko ouvrit la porte et elles sortirent toutes deux de la pièce. Elles avancèrent jusqu’à l’entrée de l’église et la styliste plaça le voile, en vérifiant le tomber, puis s’éclipsa après avoir serré une dernière fois la main de son amie pour l’encourager. Hitomi ouvrit alors la porte et pénétra, la musique commença et elle sut que c’était le moment où elle devait se lancer. Elle avança doucement, cherchant du regard son partenaire, et, quand il se retourna et plongea ses yeux dans les siens, ses doutes s’envolèrent. Un léger sourire fit alors son apparition sur ses lèvres, sourire auquel il répondit comme soulagé également.

Arrivée devant lui, Kaori s’immobilisa et il souleva doucement son voile pour le placer derrière elle.

- Tu es magnifique…, murmura-t-il.

Il vit ses joues se teinter de rose et sourit amusé.

- On manque encore d’entraînement apparemment., observa-t-il, malicieux.

Kaori repensa alors à tous leurs échanges et elle vira au rouge carmin. En écho, la flamme au fond des yeux de son fiancé s’accentua.

- Mesdames et messieurs, nous sommes aujourd’hui réunis pour assister à l’union de cet homme et de cette femme. Si quelqu’un souhaite s’opposer à ce mariage qu’il le dise maintenant ou se taise à jamais., prononça le prêtre.

Tous se sourirent amusés : il n’y avait que dans les films que quelqu’un surgissait au dernier moment pour arrêter un mariage qui n’avait pas lieu d’être… Aussi sursautèrent-ils tous lorsque la porte claqua bruyamment et qu’on entendit :

- Non, attendez. Ryo, tu ne dois pas te marier avec elle !
- Reika, reviens ici. Tu as juré de ne pas faire de scandale !, criait derrière elle le Préfet de Police.
- Qu’est-ce qu’elle fait là ?, maugréa-t-il, lançant un regard interrogateur à Saeko qui haussa les épaules et se dirigea vers sa sœur.
- Que fais-tu là, Reika ? Tu vas tout foutre en l’air., gronda l’inspectrice.
- C’est ma place !, hurla-t-elle telle une gamine capricieuse.
- C’est moi qui dois épouser Ryo !
- Tu as perdu ta place avec tes gamineries, alors cesse de nous ennuyer et dégage d’ici !

Pendant que les deux sœurs discutaient, le Préfet de Police approcha des mariés et jeta un regard noir à Ryo.

- Est-ce vrai Monsieur que vous avait porté atteinte à l’honneur de ma fille ?, demanda-t-il.
- Laquelle ?, répondit Ryo, bêtement.

Kaori se frappa le front de stupeur alors que le reste de l’assistance était envahi de corbeaux.

- Comment ça laquelle ? Reika voyons…, dit-il en désignant sa cadette dans un fauteuil roulant.

Ce fut alors qu’il avisa son aînée présente dans l’assistance.

- Saeko ? Vous n’avez tout de même pas porté atteinte à mes deux filles ?, s’offusqua-t-il.
- J’aurais pu mais je ne l’ai pas fait, Monsieur. Vous avez trois très adorables filles mais j’ai déjà une femme dans mon cœur., répondit Ryo, prenant la main de Kaori dans la sienne.
- Je préfère cela… Comment cela trois adorables filles. Laquelle connaissez-vous encore ?, s’inquiéta le Préfet.
- Yuka. Les deux autres sont paraît-il trop jeunes pour sortir seules., rétorqua Ryo, s’amusant un peu aux dépens du pauvre homme.

Celui-ci était en effet étonné d’apprendre que cet homme qu’il n’avait jamais vu auparavant, ou peut-être une fois se dit-il en l’examinant de plus près, en sut autant sur lui et sa famille.

- Vous voudrez bien nous excuser mais je voudrais épouser ma fiancée. Vous pouvez rester si vous le souhaitez mais tenez-la., lui demanda Ryo, pointant Reika du doigt.
- On y retourne ?, proposa-t-il à Kaori, se tournant vers elle.

Elle acquiesça et il déposa un baiser sur ses doigts.

- Il est complètement mordu, notre Etalon. Si seulement il pouvait le réaliser…, soupira Mick, attrapant la main de sa femme.

Le prêtre reprit la cérémonie, jetant de temps à autre un regard inquiet sur la jeune femme qui pleurait toutes les larmes de son corps dans l’assistance.

- Kaori, Ryo, je vais maintenant vous laisser prononcer vos vœux.

Ils se firent face, d’abord gênés, puis la nettoyeuse tendit les mains à son fiancé qui les saisit rapidement.

- Ryo, je t’aime du plus profond de mon cœur. Je suis tombée amoureuse de toi dès le premier jour où on s’est rencontrés. Certes, tu m’exaspérais énormément également mais mon cœur ratait un battement dès que tu posais le regard sur moi. Je t’ai vu t’ouvrir toi qui étais si renfermé, te tourner vers les autres alors que tu n’avais appris qu’à vivre pour toi et ta survie et je suis extrêmement fière de toi et honorée que l’homme que tu es devenu aies su trouver une place pour moi dans sa vie., prononça-t-elle d’une voix émue.

Il la regarda, l’estomac noué, et se racla la gorge pour chasser l’émotion qui l’enserrait. « C’est un faux mariage... », se répétait-il.

- Kaori, tu n’imagines même pas la désillusion que j’ai eu en te voyant arriver dans mon bureau., commença-t-il.

Il vit son regard se ternir et pressa doucement ses doigts.

- J’attendais une belle jeune femme avec de longs cheveux et des courbes voluptueuses et j’ai vu arriver un garçon manqué avec une volonté et une poigne de fer. Je n’avais jamais vécu que selon mon bon vouloir et mes envies du moment et tu m’as imposé une nouvelle façon de vivre ma vie, une façon qui me convenait bien mieux même si je ne voulais pas l’admettre. Tu as fait de moi un homme bien, un homme bon, un homme adulte et responsable. Sans toi, je ne suis rien. J’ai mis du temps à accepter mes sentiments pour toi et, aujourd’hui, nous les exposons aux yeux de nos amis. Je suis honoré que tu acceptes de lier ta vie à la mienne en dehors du travail. J’ai trouvé la partie de moi qui me manquait et je suis heureux de pouvoir m’endormir ce soir en sachant qu’elle ne me quittera jamais., acheva-t-il.

Les deux époux s’observèrent un moment, le regard brillant de joie contenue.

- Dormir ce soir ? Il a mieux à faire, non ?, pipa soudain le Professeur, déclenchant l’hilarité collective.

Le prêtre fit un pas en avant, le sourire aux lèvres.

- Les alliances ?, demanda-t-il.

Mick sortit du rang et les apporta, taquin.

- Je suppose que, si je te dis que je les ai oubliés, tu me tueras ?, s’amusa-t-il.
- J’attendrais qu’on soit sortis de l’église quand même., rétorqua le nettoyeur.

L’américain plongea la main dans sa poche et les tendit à Ryo et Kaori avant de repartir.

- Ryo, acceptez-vous de prendre Kaori pour épouse, de l’aimer et de la chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la bonne santé ou la maladie jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
- Oui, je le veux., répondit-il d’un ton déterminé.
- Tu as encore le choix., lui murmura-t-il, plongeant son regard dans le sien.

Elle le soutint et acquiesça légèrement, signe qu’elle l’avait bien entendu.

- Kaori, acceptez-vous de prendre Ryo pour époux, de l’aimer et de le chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la bonne santé ou la maladie jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
- Oui, je le veux., répondit-elle, lui communiquant toute son assurance.
- Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare mari et femme. Ryo, vous pouvez embrasser la mariée., l’invita le prêtre.

Les deux nouveaux époux se regardèrent anxieux un instant puis s’approchèrent. Leurs lèvres s’effleurèrent et ils s’observèrent un dixième de seconde avant de fermer les yeux et se presser l’un contre l’autre. Le baiser se fit doux et aimant, très respectueux l’un de l’autre. Leurs amis les regardaient attendris et applaudirent lorsqu’ils se séparèrent.

- Mesdames et messieurs, je vous présente Monsieur et Madame Saeba.

Tout sourire, la boule dans la gorge, ils se tournèrent vers l’assistance et avancèrent vers la sortie, leurs amis les précédant. Dehors, ce fut une pluie de pétales de roses qui les accueillit lancées sous les hourras des huit personnes présentes. Ils se protégèrent comme ils purent en riant, presque insouciants. Quand le tout se calma une dizaine de minutes plus tard, ils balayèrent les pétales sur leurs vêtements et Hitomi vint les voir.

- J’ai fini mon travail. La limousine va vous conduire au lieu de la réception puis au port pour l’embarquement. C’était un beau mariage.
- Merci à vous Hitomi. Vous avez fait un excellent travail., fit Kaori, les larmes aux yeux.
- Oui, merci d’avoir réussi à tout boucler en si peu de temps., ajouta Ryo, lui serrant la main avant de la passer autour de la taille de sa femme.
- Je suis contente d’avoir fait votre connaissance. Je vous souhaite d’être heureux tous les deux., leur souhaita-t-elle.

Elle les laissa avec leurs amis et ils prirent tous la route de la réception.

- Tu es vraiment très belle dans cette robe., avoua Ryo.
- Merci., balbutia Kaori.
- Tu es très élégant également., ajouta-t-elle.
- Kaori, je… je suis content de faire cette… ce bout de chemin avec toi., avoua-t-il, remplaçant le terme mission qu’il avait failli lâcher par inadvertance.
- Moi aussi., répondit-elle, prenant sa main dans la sienne.

Doucement, il l’attira à lui et la prit dans ses bras. Elle releva le visage et posa les lèvres sur les siennes. Au fil des minutes, leur échange se passionna et, lorsque la voiture s’arrêta, ils eurent bien du mal à se séparer. La porte s’ouvrit sur le couple, le souffle court. Ryo sortit, ignorant le sourire sarcastique de son ami américain, et tendit la main à sa femme.

- Madame Saeba…, fit-il.

Elle posa la main dans la sienne et il l’attira volontairement un peu trop fort pour pouvoir la rattraper.

- C’était bas., murmura-t-elle, faussement sévère.
- Je plaide coupable. C’était juste une bonne excuse pour t’avoir contre moi avant la première danse., rétorqua-t-il.
- Alors tu es pardonné.

Main dans la main, ils rejoignirent leurs amis et firent la fête jusqu’en fin d’après-midi, malgré la tension qui montait inéluctablement professionnellement et personnellement.

Quand Mick le trouva dehors fumant une cigarette, il lui lança un regard narquois :

- Quelques phrases bateaux…, lâcha-t-il simplement.
- La ferme, Angel., grogna le nettoyeur.

A dix-huit heures, la limousine les déposa devant un énorme bateau de croisière où ils s’apprêtaient à embarquer apparemment avec beaucoup de plaisir et d’insouciance.
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Sam 1 Mai - 23:21
Chapitre 10

- J’aurais peut-être dû me changer avant de partir…, soupira Kaori, gênée.

Elle détourna une énième fois le regard alors que les passagers qui attendaient d’embarquer la dévisageaient avec insistance. Elle n’aimait décidément pas être au centre de l’attention… sauf de celle de Ryo, pensa-t-elle, réprimant un frisson d’anticipation.

- Non, tu es très bien ainsi. J’aimerais avoir le plaisir de te l’enlever cette robe., répondit-il d’une voix chaude.

Elle se sentit rougir et prit une profonde inspiration avant de relever la tête regardant la passerelle à gravir pour monter sur le bateau.

- J’espère que je ne vais pas me prendre les pieds dans ma robe. Il ne manquerait plus que je m’étale de tout mon long pour parachever le tout., marmonna-t-elle.

Toute cette journée avait été bien trop belle, hormis l’apparition de Reika bien évidemment. Son rêve éveillé de princesse allait prendre fin d’une manière ou d’une autre. Les connaissant, il ne pouvait en être autrement.

- Monsieur et Madame Saeba ?

Ils se tournèrent vers les deux hommes d’équipage qui se présentèrent à eux.

- Oui., fit Ryo passant un bras autour de la taille de sa femme.
- Nous vous présentons toutes nos félicitations pour votre mariage. Nous allons vous conduire à votre cabine. Suivez-nous, s’il vous plaît., dit l’un d’eux.

Les deux hommes prirent chacun l’un des bagages, les laissant seuls et surpris.

- Puisque j’ai mes deux mains…, fit Ryo.

Kaori le regarda sans comprendre et se retrouva dans les bras de son partenaire, lâchant un cri de surprise.

- Mais qu’est-ce que tu fais ? Lâche-moi, Ryo. Arrête, tout le monde nous regarde., gronda-t-elle.
- Arrête de hurler. Je t’évite de tomber et de te faire remarquer et tu réussis encore à attirer tous les regards sur toi. Il faut savoir ce que tu veux., se moqua-t-il.
- Je voudrais disparaître dans un trou de souris., murmura-t-elle.

Elle nicha son visage dans le creux de son cou pour se cacher. Ainsi lovée, elle sentit l’odeur de son aftershave, la chaleur de sa peau. Elle resserra les bras autour de sa nuque, glissa les doigts dans ses cheveux.

- Tu veux m’étouffer ?, la taquina-t-il.
- Non, je vérifiais la qualité de ton rasage à cette heure., répondit-elle d’une voix langoureuse.

Elle posa les lèvres sur la ligne de sa mâchoire et taquina la peau rugueuse du bout de la langue. Il tourna la tête pour lui échapper tout en souriant.

- On fuit le danger, Monsieur Saeba ?, susurra-t-elle.

Elle vit son regard s’enflammer et il s’immobilisa, la lâcha et la plaqua contre le mur du couloir pour l’embrasser très langoureusement. Quand ils se séparèrent haletants, ils virent les deux hommes souriant mais détournant poliment le regard. La jeune femme rougit légèrement et, un sourire narquois aux lèvres, Ryo la prit par la main pour l’entraîner à la suite des deux hommes qui les guidaient. Kaori semblait vouloir s’enhardir mais sa nature revenait vite au galop, ce qui n’était pas pour lui déplaire, ses nerfs en pâtiraient un peu moins… Ils finirent par arriver à leur cabine et l’un des marins ouvrit la porte. Ils pénétrèrent dans une énorme suite luxueusement décorée. C’était à peine s’ils osaient regarder ce qui les entourait.

- Alors vous avez un salon avec mini-bar de ce côté., indiqua le deuxième marin alors que l’autre avait disparu par une porte à leur droite avec leurs valises.
- La salle de bains est là et, si vous désirez prendre l’air, vous trouverez une terrasse ici.

Il les guida vers la baie vitrée et en fit coulisser un pan pour arriver sur un espace d’une vingtaine de mètres carrés sans aucun vis-à-vis.

- Vous trouverez dans l’angle là-bas un jacuzzi. Il suffit d’actionner l’interrupteur sur le côté. Il est très facile d’utilisation. Venez, je vais vous conduire à votre chambre.

Ils le suivirent à l’intérieur, retrouvant le deuxième marin sortant de leur chambre où il avait posé leurs deux valises sur un porte-bagages.

- C’est trop beau, tout cela., murmura Kaori, époustouflée.

Elle s’accrocha à l’épaule de son mari, submergée par autant de luxe.

- Tu le mérites, ma chérie., dit-il.
- Je n’aurais jamais pu me permettre tout cela sans toi et ton soutien., fit-il, se tournant vers elle et caressant son visage.

Elle acquiesça, inclinant le visage pour profiter de son geste tendre.

- Nous allons vous laisser. Comme il est de coutume, le commandant vous attend à sa table pour le dîner de ce soir qui sera servi à vingt heures., leur apprit l’un des deux marins.

Ryo leur laissa un généreux pourboire et ils s’éclipsèrent. Il consulta sa montre et sourit.

- Ca nous laisse une heure et demie pour nous préparer. Je t’aide à défaire cette robe ?, lui proposa-t-il, l’enlaçant par derrière.

Il glissa les mains sur son ventre et alla taquiner la ligne menant de sa nuque à son épaule. Il sentit sa tête se poser sur son épaule et en profita pour laisser une de ses mains caresser sa gorge.

- Tu me rends folle., gémit-elle.

Elle se retourna dans ses bras et l’embrassa passionnément, passant les bras autour de son cou. Il posa les mains dans le bas de son dos à un endroit où la peau était dénudée. Du bout des doigts, il traça la ligne de sa colonne vertébrale et sentit le long frémissement qui la traversa. Il trouva l’agrafe qui tenaient les deux larges bandes qui se croisaient entre ses omoplates et la fit sauter mais ne chercha pas à lui enlever la robe de suite.

- Tu es si belle., répondit-il, s’écartant quelques secondes pour l’admirer.
- J’ai envie de toi, Kaori., avoua-t-il.
- Moi aussi.

Ils se fixèrent un long moment du regard avant de s’approcher et de s’embrasser avec tendresse. Leurs mains se lièrent avant de se séparer et de partir en exploration du corps de l’autre. La veste de Ryo tomba en première, enlevée par le nettoyeur qui voulait un peu plus d’aisance dans ses mouvements. Il commençait aussi à avoir chaud. Il ne prit pas plus d’une seconde pour retrouver les lèvres de sa femme, plonger entre elles et explorer sa bouche et jouer avec sa langue. Ses mains trouvèrent la poitrine de Kaori et la caressèrent doucement. La nettoyeuse n’était pas en reste et déboutonna la chemise de son mari. Elle passa les mains sous le tissu et caressa son ventre, sentant ses abdominaux se contracter au passage puis explora ses hanches et son dos. Elle distinguait les traces de ses anciennes cicatrices mais ça ne l’effraya pas. Revenant sur ses pectoraux, elle glissa jusqu’à ses épaules et fit tomber sa chemise. Face à son torse musclé, elle se mordilla la lèvre puis les posa sur ses pectoraux, embrassant, caressant lentement la zone.

- Tu es trop habillée…

Il chercha son accord au fond de ses yeux, les doigts sur les bretelles de sa robe. Elle posa les mains sur les siennes, nerveuse, et initia le mouvement. Elle le dévisagea alors qu’il découvrait son corps. Elle avait peur de voir une moue désapprobatrice mais ne croisa que son regard surpris mais émoustillé quand la robe quitta ses hanches pour dévoiler son porte-jarretelles, s’étalant au sol telle une corolle de fleur. Il lui tendit la main pour l’aider à en sortir sans tomber et l’attira dans ses bras.

Il se pencha et l’embrassa à nouveau, posant sagement les mains sur ses hanches. Elles n’y restèrent que quelques secondes avant d’explorer le reste de son corps, de sentir sa peau chaude et veloutée sous ses paumes, de sentir son corps tressaillir sous ses caresses, sa langue danser contre la sienne dans un mouvement sensuel. Sa poitrine pressée contre son torse l’embrasait. Elle caressait son dos, ses cheveux et se risqua à toucher ses fesses. Il ne put s’empêcher de presser son intimité contre la sienne, lui faisant prendre conscience de son désir.

Elle ne recula pas. Elle cessa de l’embrasser, rejetant la tête en arrière pour le regarder, sonder ses pensées, mais ne recula pas. Il admira son regard voilé, ses lèvres gonflées, ses joues rosies et baissa le visage pour embrasser sa gorge avant de remonter le long de son cou jusqu’à ses lèvres. Il la souleva tout en l’embrassant et la déposa sur le lit délicatement. Il retira ses chaussures tout en la regardant le regarder, sa poitrine trahissant son émoi, se soulevant et baissant en un mouvement saccadé et irrégulier. Il saisit son pied droit et retira son escarpin, laissant ses doigts griffer sa voûte plantaire. Elle tenta de lui échapper mais il ne la lâcha pas jusqu’au moment où il décida de prendre son autre pied pour lui infliger le même traitement. Il la vit se tordre sur le matelas.

Il se glissa entre ses jambes, parsemant chacune de baisers tout en remontant lentement. Il dégrafa lentement les bas et retira le tissu qui les tenait.

- Je n’aurais jamais cru te voir porter cela un jour., murmura-t-il, rêveur.
- Je n’aurais jamais cru que tu m’enlèverais cela un jour., répondit-elle, espiègle.
- Arrête de discuter, Saeba, ou nous n’aurons pas le temps de… avant de devoir aller dîner., fit-elle, rougissante.

Il sourit, mutin, et lâcha le porte-jarretelle avant de plonger sur son nombril. Il redescendit et lui ôta ses bas l’un après l’autre, caressant ses jambes dénudées en remontant. Il revint chercher ses lèvres et il se retrouva sur le dos, sa femme le chevauchant. Il sentit ses doigts défaire sa ceinture et détacher son pantalon à l’aveugle, alors qu’elle le regardait droit dans les yeux en se mordillant nerveusement la lèvre.

- Je ne savais pas que tu possédais cette… compétence., la taquina-t-il.
- Si tu veux tout savoir, moi non plus., avoua-t-elle.

Il se redressa, la plaquant contre lui, et prit ses lèvres avidement. Ils échangèrent un long baiser passionné et se séparèrent haletants. Elle posa son front contre le sien et tenta de reprendre son souffle.

- Ryo, je suis prête., murmura-t-elle.

Elle croisa son regard et lui transmit tout son amour, sa confiance et son envie de lui.

- Tu es sûre ? Ca ne voudra pas dire…
- Je sais mais je le veux… vraiment.
- Moi aussi., répondit-il avant de fondre à nouveau sur ses lèvres et de la faire basculer sur le dos.
- Ryo…, l’interpela-t-elle doucement.

Il s’écarta et la regarda, interrogateur. Elle faillit se perdre dans son regard chargé de désir mais se secoua. Elle posa sa joue contre la sienne et chuchota aussi bas que possible :

- L’implant ne sera efficace que dans cinq jours. Tu as… ce qu’il faut ?, l’interrogea-t-elle, intimidée.
- Oui, ne t’inquiète pas., répondit-il avant de reprendre ses lèvres.

Ils repartirent en exploration du corps de l’autre et finirent de se déshabiller, intimidés, nerveux. Ils se retrouvèrent nus, l’un face à l’autre, leur désir parfaitement visible, mais la barrière de respect qu’ils avaient dressée entre eux était encore bien présente.

- Tu es sûre de toi ? Nous ne sommes pas pressés, Kaori., lui demanda-t-il à nouveau.
- Aime-moi., lui dit-elle, tendant la main pour la passer dans son cou et l’attirer à elle.

Discrètement, il se protégea avant de se laisser aller à leur étreinte et de s’immiscer doucement dans l’intimité de sa partenaire. Il s’immobilisa quand il la sentit se crisper sous lui, un flash de douleur passant dans ses yeux. Il l’embrassa tendrement, ému du cadeau qu’elle venait de lui faire à lui, l’homme qu’il était et qui n’arrivait pas à se donner à elle aussi entièrement qu’elle le faisait. Lentement, prêt à s’arrêter à tout moment malgré le désir qu’il éprouvait pour elle, il se mit à bouger, la sentant rapidement l’accompagner dans ses mouvements. La passion prit vite le dessus et ils s’agrippèrent l’un à l’autre pour subir et affronter cette forte déferlante de sensations inédites pour tous deux. Ryo sentit la fin arriver et s’immobilisa pour faire durer le moment. Kaori le regarda sans comprendre et il se pencha sur elle pour l’embrasser tendrement.

- Fais-moi confiance…, murmura-t-il.
- Toujours., répondit-elle.

Son cœur cogna très fort dans sa poitrine et il eut presque envie de pleurer en entendant la ferveur de sa voix. Comment pouvait-il la mériter ? Très lentement, il réinitia le mouvement, tentant de réfréner les ardeurs de sa partenaire dont l’impétuosité allait rapidement lui faire perdre la tête s’il ne la contrôlait pas et il ne le voulait pas. Sentant ses caresses sur ses fesses qui l’excitaient énormément, il attrapa ses mains et les rabattit au dessus de sa tête. Elle se cambra et il pénétra plus profondément en elle, ce qui leur arracha un gémissement de plaisir.

Quand il l’entendit l’appeler de plus en plus fréquemment, son souffle se raccourcissant, il relâcha ses mains et la laissa l’étreindre. Il laissa son corps reposer sur le sien comme pour se fondre en elle et posa la tête sur son épaule, cherchant un appui pour lutter contre la puissance de l’orgasme qui allait frapper. Juste avant que ça n’arriva, il releva la tête et plongea dans son regard. Il sentit son corps se contracter et se tendre, son bassin se coller au sien et vit ses yeux s’écarquiller de surprise. Il lutta contre la vague pour ne pas être happé tout de suite et avoir le temps de profiter de cette vision enchanteresse.

Quand le moment se calma, il se pencha sur elle et l’embrassa doucement avant de se retourner sur le dos, l’entraînant avec lui. Ils reprirent leurs souffles lentement, les battements de cœur ralentirent et un frisson les parcourut en sentant l’air frais sur leurs peaux humides, ce qui incita Ryo à remonter le drap sur eux avant de l’enlacer. Sans s’en rendre compte, il traçait des arabesques dans son dos dans un geste apaisant et très tendre.

- On devra refaire le lit., plaisanta-t-il doucement au bout d’un moment.

Elle acquiesça sans un mot, incapable encore de parler.

- Ca va ?, s’inquiéta-t-il.
- Oui., murmura-t-elle, la tête encore dans les nuages.

Anxieux, il passa un doigt sous son menton et la força à relever le visage. Avait-il été trop vite, trop loin, trop brutal ? Il vit son regard pétillant et fut rassuré.

- Ca t’a plu ?, demanda-t-il, grimaçant après coup.

Il espérait qu’elle ne prendrait pas cela comme une question sur ses compétences. C’était sa première fois et elle aurait pu ne pas apprécier, c’était cela qui l’inquiétait.

- Oui, beaucoup., répondit-elle, frottant son nez contre son torse.
- Et toi ?, l’interrogea-t-elle à son tour, nerveuse.
- Enormément., admit-il.

Il déposa un baiser sur ses lèvres mais ne le poussa pas trop loin sachant qu’ils n’en avaient pas vraiment le temps. Ils restèrent ainsi lovés pendant quelques minutes avant de se lever et chacun leur tour prendre une douche. A huit heures moins dix, ils quittèrent leur cabine et, main dans la main, se rendirent dans la salle à manger.

- Tu es très élégant., approuva Kaori, détaillant avec gourmandise son homme habillé d’un pantalon gris clair sur une chemise bleu ciel.
- Ca change des jeans noirs et tee-shirt rouges., s’amusa-t-elle.
- J’en ai aussi des blancs avec tee-shirt verts., rétorqua-t-il, faussement vexé.
- Je n’ai rien à t’envier. Cette robe blanche te va à ravir. Je l’apprécierais encore plus quand je pourrais te l’enlever., murmura-t-il contre ses lèvres dans l’ascenseur.

Ils s’embrassèrent et se séparèrent quand ils arrivèrent au niveau du restaurant. Ils furent surpris de voir toutes les tables déjà occupées alors qu’ils étaient piles à l’heure et encore plus quand le capitaine se leva leur faisant signe de le rejoindre, un micro à la main.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, nous avons l’insigne honneur d’accueillir à notre bord pour cette croisière un couple de jeunes mariés. Je vous présente Monsieur et Madame Saeba. Félicitations à vous deux !, annonça-t-il alors que tout le monde les applaudissait.

Dire qu’ils furent gênés d’être le point de mire de tout le monde était plus qu’évident. Ils arrivèrent à table et furent chaudement accueillis et félicités par le commandant de bord. Celui-ci installa Kaori à sa droite laissant Ryo s’asseoir de l’autre côté de son épouse. Le repas fut très agréable. La discussion était légère, s’articulant autour des joies du mariage, du voyage qu’ils allaient entamer juste après le dîner, de la carrière du commandant. Ils se regardèrent un court instant pensant tous deux à la même chose : pour eux, le voyage ne serait pas aussi long et paisible que prévu… Ils chassèrent vite cette pensée pour profiter du moment.

Quand le repas fut terminé, le départ fut annoncé et la plupart des touristes se retrouvèrent sur le pont pour voir le port s’éloigner. Le couple retrouva l’intimité de sa cabine et s’accouda sur le bastingage qui longeait leur terrasse. Ryo s’absenta deux minutes et revint avec deux coupes de champagne gracieusement offert par la compagnie pour l’occasion. Kaori lui lança un regard inquiet.

- Tu crois qu’il…, lui demanda-t-elle.

Il comprit sa question inachevée et se l’était posée aussi mais il avait goûté le champagne avant de le lui donner et il n’était pas drogué tout comme ne l’était pas le biscuit qu’il lui glissa entre les lèvres, posant la bouche sur la sienne pour ramasser le sucre glace qui y était resté.

- Non, tu peux y aller sereinement., la rassura-t-il.

Ils portèrent un toast à leur mariage, pour l’apparence ou non selon chacun, et burent une gorgée de la boisson en voyant le quai s’éloigner lentement. Ayant posé leurs coupes, les doigts commencèrent à se frôler, suivis des mains puis des lèvres. Ils n’avaient pas encore quitté la rade qu’ils avaient déjà regagné leur chambre, laissant la passion les emporter. Ils s’endormirent enlacés.

Quelques temps plus tard, Ryo se réveilla sous les caresses de sa femme, caresses audacieuses qui l’emmenèrent rapidement à un point de non-retour. Il ressentait un besoin insatiable de l’aimer, de s’unir à elle et, à voir ses pupilles dilatées, il savait qu’il en était de même tout comme il savait qu’il y avait autre chose. Tout en la refaisant basculer sur le dos avant de prendre possession de son corps, il vit brièvement la bouteille de champagne sur la console et se demanda s’il s’était trompé, si elle avait été agrémentée, ou peut-être étaient-ce les biscuits alors, d’une drogue dont il n’aurait pas eue connaissance ou qui n’agissait qu’en combinaison… Il ne savait pas et il s’en fichait. Il était en elle et il se sentait bien. Il ne voulait rien de plus que l’emmener sur les sentiers du plaisir et jouir de ce corps qu’il avait si longtemps repoussé. Ils se rendormirent épuisés et se réveillèrent à nouveau moins d’une heure plus tard et ainsi de suite durant toute la nuit. Ils étaient insatiables et leur envie semblait augmenter au fil des heures.

Lorsque le petit matin les cueillit, ils étaient fourbus et courbaturés. Ryo caressa le visage de sa femme et vit ses jolis yeux noisette s’ouvrir. Il fut rassuré de les voir normaux et l’embrassa doucement, frottant sa joue râpeuse contre son menton, ce qui la fit rire. Tous les réveils pouvaient-ils être ainsi avec elle ? Sereins, joyeux ?

- Comment tu te sens ? La nuit a été agitée., fit-il avec un sourire.
- Courbaturée et un peu groggy., avoua-t-elle.
- Je pense qu’on a été un peu aidés., murmura-t-il à son oreille avant de déposer des baisers sur son visage jusqu’à ses lèvres.
- Tu veux dire…

Il l’embrassa en murmurant un oui sur sa bouche. Il se serait bien laissé aller à profiter de ce moment mais il se secoua mentalement et se tourna pour attraper sa montre.

- Il nous reste vingt minutes pour profiter du petit-déjeuner. Je n’aurais bien profité que de toi mais je pense qu’on ferait mieux de manger au restaurant., lui dit-il.
- Oui.

Ils se levèrent du lit et tous deux furent surpris du mouvement du bateau.

- Ca tangue beaucoup, non ?, fit Kaori d’une voix peu assurée.
- Ca va encore. Tu n’as jamais pris le bateau ?, lui demanda Ryo.
- Non, c’est la première fois., lui apprit-elle.
- Deux premières fois en moins de vingt-quatre heures…
- Trois, je ne m’étais jamais mariée non plus… enfin pas jusqu’au bout tout du moins.
- Tu verras. C’est dur au début mais ça finit par passer tout seul., lui dit-il, un sourire coquin aux lèvres.
- J’espère bien que ça n’est pas dur qu’au début alors., dit-elle d’une voix mutine, lui claquant les fesses au passage.

Abasourdi par son audace, Ryo resta planté au milieu de la chambre puis, dans un grognement, la rejoignit sous la douche. Ils arrivèrent juste au moment où les portes du restaurant se fermaient mais le personnel, indulgent pour le couple de jeunes mariés, les laissa rentrer et déjeuner paisiblement, les yeux dans les yeux…
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Dim 2 Mai - 21:32
Chapitre 11

Après le petit-déjeuner, le couple ne regagna pas sa suite mais alla s’étendre au bord de la piscine. Ils trouvèrent deux transats libres l’un à côté de l’autre et s’installèrent.

- Je ne sais pas si je vais te laisser rester ainsi., murmura Ryo.

Kaori se retourna et vit son regard chaud posé sur elle. Elle portait un bikini rouge qui dévoilait et soulignait ses formes et il sentait la jalousie le tarauder en voyant les regards des autres hommes sur elle.

- Jaloux ? De toute façon, je ne suis pas sûre de rester longtemps au soleil. Je me sens barbouillée., dit-elle.

Il la dévisagea et elle était effectivement un peu pâle.

- Si ça ne va pas, on ira à l’infirmerie, d’accord ?
- Oui., fit-elle d’une petite voix.
- Tu peux m’aider ?, lui demanda-t-elle, lui tendant un tube de crème solaire.
- Avec plaisir. Sinon on peut rentrer directement à la cabine., susurra-t-il à son oreille alors qu’elle s’était assise sur le bord de son transat.
- Ryo., gronda-t-elle, gênée, voyant le regard amusé de leurs voisins.

Il entendit néanmoins également la petite note d’excitation et en profita pour la taquiner un peu, déposant des baisers sensuels dans son cou, avant de s’appliquer à sa tâche. Une fois qu’il eut fini, elle s’allongea et ferma les yeux, tentant de se reposer un peu. Elle sentit la main de Ryo prendre la sienne et son pouce la caresser tendrement, ce qui la fit sourire. Elle ne savait pas si c’était pour la mission ou par envie mais le résultat était là et elle ne voulait pas gâcher ce moment.

- Tu viens nager ?, lui demanda-t-elle, souhaitant se rafraîchir un peu.
- Vas-y. Je suis bien là., répondit-il, profitant de la chaleur du soleil.

C’était tellement rare de pouvoir ainsi se détendre sans penser à rien qu’il voulait en profiter. Après tout, ce n’était pas au milieu de tout ce monde qu’ils seraient enlevés… Un petit quart d’heure plus tard, il vit sa femme ressortir de l’eau, s’appuyant des deux mains sur le bord de la piscine. Il admira son décolleté ainsi avantagé et sentit le désir monter. Légèrement à l’étroit dans son caleçon de bain, il s’assit en la voyant arriver.

- Si on rentrait ?, lui proposa-t-il.
- Oui. On passe par l’infirmerie d’abord., murmura-t-elle, encore plus pâle.

Elle avait pensé que la fraîcheur de l’eau lui ferait du bien mais elle s’était trompée et son estomac se tordait de plus en plus douloureusement. Ils rassemblèrent rapidement leurs affaires et, un bras autour de la taille pour la soutenir, ils trouvèrent leur objectif. Ryo attendit patiemment à l’extérieur de la voir ressortir un quart d’heure plus tard avec une plaquette de médicaments.

- Alors ?
- Il pense que c’est le mal de mer. Si ça ne passe pas avec ça, c’est peut-être une indigestion ou un virus., répondit-elle, posant la tête sur son épaule, se sentant vraiment mal.
- Combien de temps pour que ça agisse ?
- Une heure normalement. Il m’a conseillée de m’allonger…
- Ca peut s’arranger., répondit Ryo avec un sourire.
- Et de me reposer., compléta-t-elle, taquine.

Un mouvement de houle un peu plus fort les fit vaciller et Kaori sentit son estomac se contracter. Elle porta la main à sa bouche et lui adressa un regard paniqué.

- Là !, fit-il en la dirigeant vers des toilettes.

Il la suivit à l’intérieur mais attendit à la porte du cabinet, l’entendant vider son estomac violemment. Une dame pénétra et lui lança un regard noir, regard qu’il soutint sans faillir et qui finit par s’adoucir en voyant Kaori ressortir mal en point. Il la guida doucement jusqu’au lavabo où elle se rafraîchit.

- Ca va mieux ?
- Bof…, murmura-t-elle.

Il la prit par la taille et ils reprirent le chemin de leur cabine.

- Heureusement que je ne prends pas la pilule…, lâcha-t-elle soudain.
- Certainement… Mais…, commença-t-il, semblant soudain nerveux.
- Quoi ?, s’inquiéta-t-elle.
- Je ne suis pas sûr d’avoir été vigilant à tous les coups cette nuit., lui apprit-il, coupable.
- J’avais l’impression de ne plus me contrôler. C’était pareil pour toi ?, lui chuchota-t-elle.
- Oui. Kaori…, se tourna-t-il vers elle.

Elle le dévisagea et vit sa tension et sa culpabilité. Ils avaient une mission à accomplir et la situation était déjà assez compliquée. Elle posa un doigt sur ses lèvres et lui adressa un regard rassurant.

- Je te propose qu’on oublie ce risque pour le moment. Il sera toujours temps d’en reparler plus tard. On va essayer de rester vigilants pour la suite, d’accord ?, lui proposa-t-elle.

Elle le faisait autant pour lui que pour elle. Si elle devait ajouter la possibilité d’être enceinte dans toute cette équation où ils jouaient un rôle, avaient une relation qui ne serait peut-être que temporaire et allaient se faire enlever sans savoir ce qui leur arriverait, elle n’était pas sûre de réussir à garder son sang-froid. Il l’observa un court instant et acquiesça. Il comprenait sa démarche et l’acceptait, priant pour qu’ils n’eurent pas en reparler car c’était une situation qu’il n’était pas certain de pouvoir accepter ni assumer. La voyant vaciller, il la reprit contre lui et ils regagnèrent leur chambre. Ayant pris le cachet contre le mal de mer, Kaori s’allongea et s’endormit une petite heure.

Quand elle se réveilla, elle constata que Ryo l’avait suivie et dormait paisiblement à ses côtés. Elle l’observa un moment avant de laisser ses pensées voguer. Elle espérait vraiment que le médicament fit effet car elle ne voulait pas perdre une minute de ce temps qu’ils avaient à deux. Elle se voyait mal passer toute une journée au lit à cause d’une indigestion ou d’un virus, vraisemblablement plus le deuxième d’ailleurs… Elle chercha qui dans ses connaissances aurait pu lui refiler ce petit cadeau et ne vit personne. Inopinément, elle repensa à la dernière fois où toute la bande avait été malade de façon aléatoire et très illogique d’ailleurs et dont seul Ryo y avait échappé. Elle se souvenait des mots de Kazue quand elles en avaient parlé par le biais hasardeux d’une conversation des plus anodines. Elle sentit soudain une main glisser sur son ventre et tourna la tête vers Ryo qui s’était réveillé.

- A quoi tu penses ?, lui demanda-t-il très sérieux.
- A une conversation avec Kazue sur les virus., répondit-elle.

Elle le vit lever un sourcil, mi-surpris mi-amusé, et sourit.

- Tu as trop de temps pour penser., répondit-il, se positionnant au dessus d’elle.

Il se pencha pour l’embrasser mais elle esquiva ses lèvres, d’humeur joueuse.

- Tu as tort. C’était passionnant. Elle m’expliquait comment il était difficile de connaître l’impact et les « cibles » d’un virus parce qu’on ne pouvait que difficilement prédire son origine et le mode de contamination., expliqua-t-elle, sentant ses lèvres qui mordillaient son cou, s’ingéniant à lui faire perdre la tête.
- Qu’en général… ça touchait les… personnes à prox...imité… mais que parfois… sans qu’on comprenne… pourquoi… d’autres per...sonnes plus é… loignées pou… vaient êtres im… mmmmh Ryo…, gémit-elle alors qu’il la caressait savamment.
- Pouvaient être quoi, Kaori ? Concentre-toi., la taquina-t-il, poursuivant son assaut.
- impactées… alors… qu’elles… n’avaient… aucun… lien… apparent…, finit-elle.

Au même moment, deux choses arrivèrent : Ryo revint à hauteur de son visage plongeant son regard dans le sien et elle pensa à leur affaire. Elle grimaça intérieurement : ce n’était pas flatteur pour lui mais elle venait de comprendre quelque chose.

- Ryo, un virus…, murmura-t-elle très sérieusement.

Il soutint son regard et comprit. Il avait suivi son raisonnement même s’il tentait de la distraire et il avait également compris ce qui les tracassait depuis le début : l’absence de lien apparent.

- Je m’assurerai que ma cousine ne l’a pas attrapé., lui répondit-il avant de reprendre son activité précédente mais elle lui échappa une deuxième fois alors qu’il allait l’embrasser.
- Attends, je vais me laver les dents. Je ne veux pas t’embrasser alors que j’ai… enfin tu vois quoi, sans m’être lavée les dents., lui dit-elle en sortant de l’étau de ses bras.
- Kaori, tu gâches l’ambiance…, geignit-il.

Elle repassa la tête à la porte de la salle de bains, tout sourire.

- Alors dépêche-toi de prendre des nouvelles de ta cousine. Tu vas avoir très chaud après., lui annonça-t-elle en lui faisant un clin d’œil.

Il regarda l’endroit où elle se trouvait deux secondes avant d’un œil rond et se dépêcha d’attraper son téléphone portable pour appeler Saeko.

- Nogami, j’écoute., entendit-il au bout de quelques secondes.
- Bonjour cousine., l’accueillit le nettoyeur.
- Ryo ? Comment ça se passe ?
- Bien pour le moment à part le mal de mer de Kaori., répondit-il d’un ton enjoué.
- On a eu de la chance, tu sais. On a bien cru un moment que c’était un virus., ajouta-t-il, sa voix se tendant sur le dernier mot.
- Un virus ?, l’interrogea-t-elle sur le ton de la conversation alors qu’elle avait bien saisi le sens de son propos.
- Oui et on se serait bien demandé d’où ça venait puisque personne n’a été malade dans notre entourage dernièrement. Je voulais juste m’assurer que tu ne l’avais pas attrapé et que tu y fasses bien attention.
- Oui, j’ai compris. Je prendrai soin de ma santé et ouvrirai l’œil pour voir si les personnes que nous connaissons ne l’ont pas attrapé.
- Très bien. Et Saeko, tu n’oublies pas mon papier., lui rappela-t-il.
- Ce sera fait demain, Ryo., lui promit-elle.
- Merci. A plus tard.

Il raccrocha et resta accoudé au bastingage deux minutes. Il ne comprenait pas pourquoi il s’était senti bizarre en lui rappelant de supprimer leur certificat de mariage. Il ne voulait après tout pas rester marié avec Kaori, parce qu’il n’était pas prêt à rester attaché, parce qu’il n’existait pas réellement, pour son bien à elle. C’était la chose à faire. Il rangea le téléphone dans sa poche et revint dans la chambre. Sa mâchoire se décrocha.

- Tu en as mis du temps…, l’accueillit une Kaori aussi nue qu’au premier jour, l’attendant lascivement allongée sur le lit.

Il aurait pu partir en mode Tex Avery, voir sa langue se dérouler et lui sauter dessus comme un chien surexcité, il aurait pu… mais il ne le fit pas. Les yeux assombris par le désir, il avança lentement dans la pièce, son sex-appeal irradiant de chaque pore de sa peau. Il ôta lentement ses vêtements, les lançant sur l’une des chaises de la chambre, et grimpa à genoux sur le lit. Il posa les mains sur ses pieds et les laissa remonter doucement le long de ses jambes, les écartant lentement alors qu’il progressait. Ses lèvres prirent le relais et il ne résista pas à l’envie de pousser très loin son exploration jusqu’à l’entendre gémir de plaisir. Continuant son chemin, il remonta le long de son ventre, entre ses seins, sur sa gorge, dans son cou et finit par aller explorer sa bouche très passionnément. Il avait tellement bien fait son travail qu’il eut à peine le temps d’enfiler une protection avant que Kaori ne l’attira en elle, ne cachant rien de l’effet qu’il lui avait fait.

- Tu n’as plus de nausée ?, lui demanda-t-il alors qu’ils se rhabillaient pour aller déjeuner.
- Non, ça va mieux. Le médecin m’a dit de ne pas arrêter le traitement, sinon ça va revenir.
- Des effets secondaires ?, l’interrogea-t-il, soucieux.
- Non. Il m’a même assuré que ce serait sans danger si j’étais enceinte sans que je lui pose la question.
- Pourquoi te dire cela ? C’est étrange, non ?, remarqua Ryo, les sourcils froncés.
- C’est ce que je lui ai dit, enfin à peu près. D’après ce que j’ai compris, les rumeurs vont déjà bon train sur le bateau sur les raisons qui auraient pu pousser un beau milliardaire à épouser aussi vite son assistante de toujours., répondit-elle.

Malgré son air neutre, il vit qu’elle était blessée et s’approcha d’elle, prenant son visage d’une main pour la forcer à le regarder.

- Alors ce sont tous des idiots parce qu’ils devraient se demander comment un crétin comme moi a réussi à garder une femme aussi merveilleuse que toi à ses côtés aussi longtemps sans rien faire. S’ils te connaissaient comme moi, ils sauraient que tu ne vis pas pour l’argent, que la seule raison qui te fait courir après à certains moments, c’est pour boucler une fin de mois difficile.
- Merci Ryo., murmura-t-elle, touchée par sa sincérité.
- De rien. Tu viens, j’ai faim… de nourriture pour le moment., lui dit-il, taquin.
- Tu crois que ça arrivera quand ?, lui demanda-t-elle alors qu’ils marchaient dans les couloirs, main dans la main.
- On est encore en mer jusque demain soir. Après-demain, nous aurons une sortie avec une activité prévue., lui résuma-t-il leur programme pour les deux jours à venir.

Sans un mot de plus, ils se regardèrent, la compréhension passant entre eux. Probablement dans deux jours, leur croisière s’arrêterait. Il pressa sa main en entrant dans le restaurant et ils prirent place à une table un peu isolée. Ils déjeunèrent discutant tranquillement de tout et de rien, flirtant légèrement, de petits gestes tendres ponctuant le repas. Ils profitaient de ce moment pleinement quand des éclats de voix se firent entendre un peu plus loin : un couple se disputait âprement et la femme partit en jetant sa serviette à terre, l’homme restant seul un moment hébété avant de la suivre. Revenant vers sa compagne de table, il vit ses yeux légèrement écarquillés et ternis.

- Kaori ?, l’appela-t-il.

Elle mit quelques secondes avant de se tourner vers lui et de poser un regard hagard qu’elle mit quelques secondes de plus à dompter. Elle força un sourire à ses lèvres mais il sentit que le cœur n’y était pas.

- Excuse-moi. Ca… surprend., dit-elle, détournant le regard pour observer l’horizon, le temps de se reprendre.

Elle s’était vue dans quelques jours avec Ryo, se disputant à nouveau pour tout et n’importe quoi, cette belle parenthèse refermée. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il décida de changer de fusil d’épaule sur leur relation. Elle savait que tout cela se terminerait même si c’était beau et qu’il semblait y prendre du plaisir. Et c’était là le problème : ce n’était que le plaisir qu’il recherchait et il y trouvait apparemment son compte pour le moment. Elle savait cependant que ça ne durerait pas et qu’il se lasserait. Peut-être prenait-il du plaisir à l’initier, peut-être savourait-il le fait d’être son premier amant, peut-être que tout cela n’était en fait que simulation pour la mission et qu’il s’ennuyait déjà avec elle.

Et elle, elle avait foncé tête baissée, se prenait au jeu d’être sa femme, sa maîtresse alors qu’elle n’était que le réceptacle de son plaisir, un plaisir somme toute bien mécanique chez un homme d’après ce qu’elle savait, beaucoup moins cérébral que chez une femme de ce que ne cessait de lui dire Miki. Elle était idiote, stupide. Comment avait-elle pu se mettre dans une position aussi difficile s’exposant d’elle même au risque d’être blessée, sachant qu’elle serait forcément rejetée à la fin de cette mission ? Elle eut un haut-le-cœur et posa sa serviette sur ses lèvres pour le stopper et cacher le tremblement.

- Excuse-moi. Je reviens., bafouilla-t-elle avant de se lever.

Ryo la regarda se lever sans comprendre et, rien qu’à ce fait, il sut que ses pensées avaient dérivé vers le personnel, le seul point où il avait plus de mal à la suivre intuitivement. La seule chose qu’il devinait, c’était qu’elle n’allait pas bien et il ne voulait pas la laisser seule. Il se leva à son tour et la chercha. Sans se soucier de la bienséance, il entra dans les toilettes des dames mais ne la trouva pas. Il vit juste en face la porte qui menait à l’extérieur et se dit qu’elle était certainement dehors en train de réfléchir comme elle le faisait à l’appartement sur le toit. Il sortit et, tournant la tête des deux côtés, l’aperçut un peu plus loin, serrant un mouchoir dans sa main.

Ne sachant si sa présence serait la bienvenue, il hésita puis approcha d’elle. Il ne lui demanda rien, ne chercha pas de paroles vaines ou passe-partout pour la soulager de ce qui l’oppressait. Il passa les bras autour d’elle et l’entoura de sa chaleur. Elle pleurait et ça lui serra le cœur. Quand elle se retourna et se plaqua contre lui, il passa une main dans ses cheveux et une dans son dos, les caressant doucement. Ils restèrent ainsi très longtemps, ignorant les personnes qui passèrent à côté d’eux après la fin du repas. Il sut quand elle cessa de pleurer mais attendit encore un peu avant de se manifester.

- Tu veux retourner à la cabine ?, lui proposa-t-il.
- Je t’aime, Ryo., murmura-t-elle si doucement qu’il crut avoir rêvé.
- Ne me laisse pas., ajouta-t-elle.
- Jamais. Je te l’ai déjà dit., lui assura-t-il.

Elle acquiesça et s’écarta de lui sans le regarder. Elle n’avait pas la force de lire le mensonge dans ses yeux. Elle savait que son ami, son partenaire seraient toujours là, mais l’homme qui l’aimait, lui, disparaîtrait.

Ryo resta anxieux bien qu’elle lui eut parlé. Il n’était pas sûr d’avoir réussi à calmer ses angoisses. Il espérait juste qu’elle avait réussi à reprendre le dessus, suffisamment en tout cas pour effectuer cette mission en toute sécurité. Ils reparleraient de tout cela à tête reposée. Ils pénétrèrent dans leur suite et Ryo se demanda comment réussir à chasser ses pensées moroses.

- Met ton maillot de bain., lui demanda-t-il.
- Je n’ai pas envie d’aller à la piscine., soupira-t-elle, retirant ses chaussures.

Elle se dirigea vers la chambre et fut saisie par deux bras musclés.

- Met ton maillot de bain… à moins que tu ne préfères aller nue dans le jacuzzi., lui suggéra-t-il.

Elle croisa son regard pétillant, sans savoir que cela était feint car il était soucieux en réalité, et s’en voulut. Il n’avait pas besoin de ses états d’âme. Il avait besoin d’une partenaire forte et fiable. C’était ce qu’elle s’était engagée à être pour qu’il l’accepta à ses côtés. Elle chassa ses pensées sombres au plus profond de son cœur et esquissa un sourire, sourire qui s’agrandit et atteignit bientôt ses yeux. Il respira un peu mieux.

- Dans tes rêves, Saeba. Tu seras nu avant moi dans ce jacuzzi., répondit-elle.
- Mais c’est loin d’être un problème pour moi, madame Saeba., dit-il.

Il lui en fit même la démonstration. Il partit d’abord mettre en route le jacuzzi puis la rejoignit dans la chambre et se déshabilla très sensuellement devant elle. Il se retrouva complètement nu devant elle qui enfilait son bikini. Il lui prit le haut et le jeta sur le lit.

- Juste le bas., lui annonça-t-il.
- Ryo…, murmura-t-elle, gênée, mettant ses mains devant sa poitrine.
- Il n’y aura que toi et moi, Kaori. Tu es très belle. Je veux profiter de ma femme tant que j’en ai le temps., lui dit-il, lui tendant la main.

Il ne savait s’il parlait de sa femme de mission ou de la femme qui lui avait volé son cœur et à qui il avait décidé de céder l’espace de ces quelques jours. Il voulait juste ce moment avec elle et il s’en tiendrait à ce qu’elle voudrait. Il lut son incertitude, ses doutes puis la détente. Ne voulant pas gâcher ses précieux instants qu’ils pouvaient enfin partager, elle se détendit et, baissant les bras, prit sa main. Il l’emmena sur la terrasse et grimpa dans le bassin, lui tendant une fois encore galamment la main pour l’aider à entrer. C’était aussi pour lui une porte qu’il lui laissait, le droit de choisir ce qu’elle voulait faire… Elle le regarda droit dans les yeux et il douta un instant de son choix, surtout quand elle porta les mains à son bassin. A sa plus grande surprise, elle dénoua le bas de son maillot de bain et le laissa tomber avant d’entrer.

- Kaori, tu es sûre ?, lui demanda-t-il.
- Non… mais je veux profiter de l’instant présent. Le reste peut attendre., dit-elle, entrant dans l’eau et se laissant enfermer dans le cocon de son corps.

L’après-midi fut sensuelle et la suite vit bon nombre d’allers-retours d’un couple nu entre la chambre et la terrasse. Ils arrivèrent juste à l’heure pour le dîner et le prirent dans un silence confortable. Ceux qui les connaissaient auraient vu que ce silence cachait une conversation d’un tout autre ordre qui passait dans leurs regards, leurs gestes et leurs sourires, une conversation très intime d’un couple né longtemps auparavant mais qui ne découvrait qu’à peine sa sensualité latente.

Après le repas, ils ne se pressèrent pas pour regagner leur cabine et firent le tour du bateau par la passerelle admirant le reflet de la lune sur l’eau, profitant du silence des environs qui contrastait avec la vie bruyante mais tant aimée de leur quartier de Tokyo. Revenus dans leur cabine après une petite heure de promenade qui les avait apaisés et éreintés de leur après-midi très physique, ils se couchèrent et s’endormirent rapidement, prêts à profiter d’une bonne nuit de sommeil.

Cependant, une petite heure plus tard, Ryo se réveilla avec un besoin urgent de réveiller sa compagne, ce qu’il fit de manière très passionnée, la surprenant par un baiser langoureux, ses mains se perdant sur sa poitrine. Malgré tout, elle plongea son regard noisette, les pupilles une nouvelle fois dilatées dans le sien, identique, et répondit avec ardeur à son attaque. Ils s’aimèrent très fougueusement, perdant tout sens rationnel, toute la nuit.

Le petit matin les cueillit allongés sur la terrasse, nus.

- Qu’est-ce qu’on fait ici, Ryo ?, demanda Kaori, désorientée.
- Je ne me souviens pas de grand-chose, juste qu’on a fait l’amour et que j’avais chaud., répondit-il, se sentant un peu groggy.

Il se releva en grimaçant et vit la même chose chez sa partenaire. Ils retournèrent à l’intérieur pour échapper à l’air frais de l’extérieur.

- J’ai l’impression qu’on a un peu abusé…, grogna-t-il.
- Un peu ? Je découvre des muscles dont j’ignorais l’existence., fit-elle.

Elle s’attendait à ce qu’il fit référence à son statut d’Etalon mais il n’en parla pas et elle lui en fut gré. Elle n’était pas sûre qu’elle aurait apprécié, même sur le ton de la blague. Elle ne comprenait pas ce qui se passait et c’était déstabilisant, d’autant plus que Ryo semblait aussi un peu perdu.

- Va prendre un bain si tu veux. On a encore un peu de temps avant l’heure du petit-déjeuner., lui conseilla-t-il.

Elle accepta le conseil et se glissa dans de l’eau chaude qui lui dénoua les muscles. Elle vit Ryo arriver soucieux dans la pièce, fouiller la poubelle puis lentement se glisser dans le bain avec elle. Il s’allongea sur elle et elle faillit le repousser, ne souhaitant pas réitérer leurs ébats amoureux pour le moment mais se retint face à l’éclat sérieux de ses yeux. Il approcha d’elle et l’embrassa doucement puis, restant proche d’elle, il chuchota, l’eau du robinet couvrant ses paroles :

- On a été prudents hier après-midi mais pas cette nuit, Kaori. Quels sont les risques ?, lui demanda-t-il, le regard sombre.

Quand il vit une larme rouler sur sa joue livide, il eut sa réponse et il l’enlaça, le cœur lourd.

- Je serai là quoiqu’il arrive., lui murmura-t-il à l’oreille.
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Lun 3 Mai - 20:40
Chapitre 12

- Tu dois manger, Kaori. Je sais que c’est difficile mais tu le dois. Tu dois rester en forme pour lutter contre tu sais quoi., l’encouragea Ryo.
- Je sais., murmura-t-elle, se forçant à avaler un morceau de toast et le mâchant longuement.
- Tu es une jeune mariée. Ne l’oublie pas., la tança-t-il, le regard plissé.

Il ne voulait pas la voir s’effondrer et lui demander de se concentrer sur sa mission était un moyen de l’aider à sortir la tête de l’eau. Elle le regarda et, soudain, la ligne de ses lèvres se releva en un fin sourire.

- Excuse-moi de penser au travail, mon amour., répondit-elle, se détendant.

Ca lui demanda un effort colossal mais elle parvint à paraître heureuse et légère malgré ses craintes et ses angoisses concernant l’avenir. Ryo attrapa sa main et la serra doucement. Elle lui sourit chaudement et se mit à manger de plus belle.

- Merci., murmura-t-il.
- Si on allait au spa faire un massage en couple ce matin ?, lui proposa-t-il.
- Tu vas supporter que quelqu’un pose les mains sur moi ?, lui demanda-t-elle.
- Si elle est vieille, moche et hétérosexuelle, ça devrait aller., plaisanta-t-il.
- D’accord. Si ton masseur est pareil., rétorqua-t-elle, l’œil pétillant.

Elle le vit plisser le nez de dégoût et se mit à rire. Il adora le son pétillant et caressa son nez du bout du doigt.

- D’accord pour le massage. Ca nous fera du bien., admit-elle.

Ils se dirigèrent donc vers le spa et furent pris en charge par deux jeunes femmes ravissantes. Kaori craignit un moment qu’il ne se mit à jouer les séducteurs mais il resta calme, soit les yeux fermés profitant du moment ou alors la regardant. Ils ressortirent de là, relaxés, et se dirigèrent vers la passerelle où ils prirent place sur un transat, Kaori reposant sur le torse de son mari dont les bras se refermèrent sur elle. Il caressait paresseusement son ventre, faisant monter en elle une certaine langueur bienvenue. Il la sentit se détendre contre lui et, bientôt, elle s’endormit.

- Une couverture, Monsieur ?, lui proposa une hôtesse en les voyant.
- Oui merci., répondit-il à voix basse.

Elle l’aida à l’ajuster sur eux puis les laissa avec un sourire attendri. N’ayant rien d’autre à faire, il observa l’horizon et laissa son esprit vagabonder. Il se demandait pourquoi ils étaient drogués et surtout comment. Hier soir, ils n’avaient ni bu de champagne ni mangé de biscuits. Ils avaient été servis par des serveurs différents au restaurant et le laps de temps entre la fin du repas et les premiers symptômes lui semblait trop long. Il aurait pu appeler le Professeur mais il ne pourrait pas avoir une conversation codée avec lui. Comment s’y prenaient-ils ? Quel était leur objectif en le faisant ? Ils perdaient leurs inhibitions et tout sens rationnel. Etait-ce pour obtenir des photos compromettantes ou humiliantes pour les faire chanter ? Cela ne lui semblait pas logique.

Il poussa un soupir et déposa un baiser dans les cheveux de sa partenaire. Toute cette histoire allait beaucoup plus loin qu’il ne l’avait imaginé. Elle avait soulevé beaucoup de pierres sous lesquelles étaient cachés de nombreux secrets et non-dits. Beaucoup de questions naissaient et restaient sans réponse pour le moment. Il l’avait entraînée dans la gueule du loup sans savoir à quoi s’attendre. Il avait laissé éclore une relation entre eux sans être sûr de pouvoir l’assumer sur le long terme. Il l’avait peut-être mise enceinte sans être certain de vouloir être père. La seule chose dont il était sûr, c’était qu’il ne la laisserait pas tomber que ce fut pour la mission, pour leur partenariat ou pour le bébé. Il ne serait peut-être pas son conjoint mais il serait présent pour elle, pour eux. Il ne se montrerait pas lâche. Il posa la main à plat sur son ventre. Sa priorité numéro un n’avait pas changé : il devait la ramener en vie, seule ou avec un passager supplémentaire.

Il la sentit soudain s’étirer contre lui et elle tourna la tête vers lui, les yeux encore ensommeillés. Il resserra son étreinte sur elle.

- J’ai dormi longtemps ?, lui demanda-t-elle.
- Une heure. Tu as récupéré un peu ?
- Oui. Tu n’es pas fatigué, toi ?
- Si mais je croise les doigts pour que tu ne m’en veuilles pas quand je dormirai comme une souche quand on rentrera., la taquina-t-il.
- Promis.
- Vous êtes bien brave, ma p’tite dame., rétorqua-t-il, le regard pétillant.

Il posa les lèvres sur les siennes, l’embrassant doucement. Avisant que l’heure du repas était déjà arrivée, ils se levèrent et se dirigèrent à nouveau vers le restaurant. Ils déjeunèrent puis retournèrent à leur cabine temporairement avant de repartir participer à une visite guidée du bateau. En fin d’après-midi alors qu’ils profitaient une nouvelle fois du jacuzzi pour se détendre, le téléphone de Ryo sonna. Il sortit de l’eau et décrocha.

- Ryo, c’est Saeko.
- Bonjour cousine., répondit-il, adressant un clin d’œil à Kaori.
- Je voulais juste te prévenir : je suis malade. J’ai attrapé le virus. Le médecin cherche les causes., lui apprit-elle.

Le professeur était sur le coup : c’était une bonne nouvelle.

- Je vous ramènerai des petits cadeaux. Tu auras de quoi t’amuser., lui dit-il, un grand sourire aux lèvres.
- Et pour le reste ?, lui demanda-t-il.
- Je suis sur le sujet, Ryo. Il y a eu un bug mais je m’en occupe., répondit-elle, visiblement contrariée.
- Je te fais confiance, Saeko., répliqua-t-il, tendu.
- Je m’en occupe, Ryo, même si je ne te comprends pas. Je n’y suis pour rien s’il y a un bug !, s’énerva-t-elle.
- Oui, je sais. Désolé., murmura-t-il.
- Soigne-toi bien, cousine. A plus.

Il raccrocha et retourna dans le jacuzzi aux côtés de Kaori.

- Ma cousine est malade. Elle a attrapé un fichu virus mais elle a trouvé un bon docteur pour la soigner., lui dit-il, glissant un bras autour de ses épaules.
- J’espère qu’elle en sortira vite., murmura la nettoyeuse.
- Et si on sortait de là ? J’ai envie de faire un peu d’exercice physique avant le dîner…, suggéra-t-il d’une voix langoureuse, louchant sur sa poitrine.
- Et à jeun qui plus est…, murmura-t-il à son oreille.

Elle se tourna vers lui et l’embrassa, se collant à lui.

- Tu crois que cette nuit, on ne sera plus frais ?, murmura-t-elle contre ses lèvres.
- Je pense. Je ne sais pas encore comment mais prépare-toi., répondit-il avant de l’embrasser à son tour.

Ils sortirent peu après du jacuzzi et se dirigèrent dans la chambre où ils laissèrent leurs sentiments s’exprimer sensuellement. Reposant dans les bras l’un de l’autre, ils fixaient le plafond, pensifs. Kaori jeta un regard interrogateur vers son mari et se retourna, les mains posées sur son torse, son menton posé au-dessus. Il baissa les yeux vers elle.

- Si on allait à la soirée dansante ?, lui proposa-t-elle.
- Ca te plairait ?
- Oui. C’est une autre façon de perdre la tête entre tes bras., répondit-elle, mutine.
- Et tu aimes perdre la tête entre mes bras ?, lui demanda-t-il avec un petit sourire.
- Oui, de quelque manière que ce soit.

Il passa un bras autour de sa taille et la bascula sur le dos, se positionnant au dessus d’elle.

- Alors on ira danser mais avant je t’offre une danse à l’horizontale., susurra-t-il.
- Monsieur est extrêmement généreux… et endurant., souffla-t-elle.
- Comment tu crois que j’ai acquis ce corps de rêve…, murmura-t-il.

Il se rendit compte de sa bêtise avant même de sentir le corps de sa partenaire s’immobiliser sous le sien. Il posa la tête sur son épaule. Pourquoi lui avait-il sorti une connerie pareille ? Il savait pourtant que c’était un sujet délicat. C’était un idiotie qu’il pouvait sortir avec Mick qui le prendrait comme lui sur le ton de la plaisanterie mais pas avec elle. En entendant ses mots, Kaori se figea. Elle ne put s’empêcher de le visualiser avec d’autres femmes dans la même position, leur susurrant les mêmes mots, effectuant les mêmes gestes qu’il avait eus avec elle, les emmenant au septième ciel comme il l’y avait emmenée. Que lui avaient-elles fait qu’elle n’avait pas fait ? Qu’avaient-elles de plus ? Lui avaient-elles fait plus d’effet ?

- Arrête…, murmura-t-il, sentant la tension monter en elle.
- J’ai été stupide, Kaori, mais arrête de te monter la tête. J’ai un passé chargé mais je te jure que ça n’a absolument rien de comparable à ce que nous vivons actuellement.
- Mais je n’ai aucune expérience…, balbutia-t-elle.
- Je m’en fiche. C’est encore plus beau, plus fort. Je n’ai pas besoin de t’impressionner et toi non plus. J’aime le partage que nous avons. Je n’ai jamais vécu cela auparavant. Laisse-nous vivre cela sans complications. Je t’en prie…, l’implora-t-il, cherchant son regard.

Sans complications… Il en avait de bonnes. Les complications étaient déjà là et s’accentueraient peut-être dans les semaines à venir et pour les années à venir. Elle sentit son cœur se serrer, les larmes lui monter aux yeux et réprima un tressaillement. Elle voulait retrouver la légèreté de leur après-midi, elle en avait besoin sinon elle s’effondrerait. Toute cette comédie, cette mission, ce tourbillon d’émotions depuis cinq jours maintenant et l’éventualité d’une grossesse commençaient à peser sur ses nerfs. Elle sentait qu’il n’en faudrait pas beaucoup plus pour qu’elle craqua. Elle ferma les yeux, fort, très fort et fit le vide dans son esprit. Quand elle réussit à évacuer tout cela, elle les rouvrit et plongea dans son regard. Elle leva la main, caressa sa joue et la passa derrière sa nuque, l’incitant à l’embrasser.

- Fais-moi perdre la tête…, murmura-t-elle.

Elle lut le soulagement dans ses prunelles juste avant de fermer les siennes et profiter du baiser qu’il lui donna. Ils s’aimèrent oubliant tout ce qui était en jeu, profitant juste de la présence de l’autre.

Au dîner, un peu plus tard, ils furent de nouveau conviés à la table du commandant.

- Nous allons arriver au port après le dîner. Vous verrez, l’accueil des habitants est souvent spectaculaire. Vous allez descendre à terre demain ?, les interrogea-t-il, curieux.
- Ou vous allez profiter de votre cabine tranquillement pendant que personne ne vous entoure ?, ajouta-t-il, les taquinant.

Kaori se mit à rougir à l’allusion, s’étouffant alors qu’elle buvait une gorgée d’eau. Elle se mit à tousser, Ryo lui tapotant le dos.

- Si mon épouse n’est pas morte d’ici là, nous allons faire un tour sur la terre ferme pour mieux replonger dans l’eau en fin de matinée., répondit Ryo, avec un léger sourire.
- Vous allez à la plage ?
- Non, nous allons faire de la plongée sous-marine., précisa-t-il.
- Il y a de superbes coins par ici. Profitez-en bien., leur conseilla-t-il.
- Pourquoi ?, demanda nonchalamment Ryo, avalant une gorgée de vin.
- J’ai cru comprendre que vous étiez un homme très occupé, Monsieur Saeba. Je suppose que vous avez rarement l’occasion de vous poser et de profiter de temps libre.
- C’est vrai. Peut-être que cela changera à l’avenir., laissa échapper le nettoyeur, caressant la joue de son épouse.
- Il est des bonheurs dont il faut savoir savourer chaque instant., murmura-t-il, croisant son regard.

Ils échangèrent un regard lourd et le commandant se mit à rire légèrement.

- J’ai l’impression que la température a instantanément grimpé de plusieurs degrés, vous ne trouvez pas ?, demanda-t-il aux autres invités qui acquiescèrent, complices dans la plaisanterie.

Le dîner se poursuivit dans cette humeur légère et, une fois terminé, le couple rejoignit les autres passagers sur le pont pour assister à l’accostage du bateau. Le commandant n’avait pas menti : l’accueil était des plus chaleureux. Une fanfare attendait le bateau et, dès les manœuvres terminées, elle se mit à jouer des airs entraînants. Des guirlandes lumineuses parsemaient le quai d’une lumière douce et féerique.

- C’est beau., murmura Kaori.
- Oui. C’est l’un des points positifs de ce voyage. On aura au moins l’occasion de voir des choses qu’on n’aurait pas vu à Tokyo., lui dit-il, l’enlaçant.

Elle sentit que ses paroles étaient plus profondes qu’elles ne le semblaient et elle saisit le message : ils devaient profiter des bons côtés de cette mission, des choses qui ne seraient pas arrivées sans cela. Elle bascula la tête en arrière et alla cueillir un baiser sur ses lèvres.

- J’aimerais avoir ta force, Ryo. J’aimerais tellement ne plus vaciller au moindre coup de vent. Tu mérites tellement quelqu’un de plus fort., murmura-t-elle.
- Tu es forte, Kaori. Tu vacilles parce que tu réfléchis trop et que tu veux le contrôler., dit-il en posant une main sur son cœur.
- Laisse-le parler librement. Ta force est là. Ma force est là aussi, en toi. Laisse-moi être la partie froide de notre duo. C’est pour cela que ça marche si bien nous deux. Ne change rien. J’ai besoin qu’il batte pour nous deux.

Elle le regarda à nouveau et acquiesça avant de se renfoncer dans son étreinte, posant la tête contre son épaule. Elle voulait se souvenir de cela aussi plus tard, de la façon dont son corps semblait fait pour la protéger, l’entourer. Elle aurait voulu pouvoir graver chaque parole sur du marbre, enregistrer chaque geste pour être sûre de ne rien oublier. La chute serait dure mais elle chassa cette idée au plus profond. Elle devait vivre le moment présent, ne pensait à rien d’autre. Au bout de trois-quarts d’heure, la fanfare acheva son dernier morceau et s’éparpilla. Une annonce résonna aux hauts-parleurs du bateau pour le début de la soirée dansante et la foule regagna pour la plupart l’intérieur du paquebot. Le restaurant avait été débarrassé et transformé en salle de réception. Il y avait de la musique d’ambiance en arrière-fond et la foule commença à s’amasser autour de la salle.

Arrivés aux portes de la pièce, les nettoyeurs furent accueillis par le commandant.

- Nous avons l’habitude de demander aux couples de jeunes mariés, quand nous en avons, d’ouvrir la soirée dansante. Rien ne vous y oblige mais nous feriez-vous cet honneur ?, leur demanda-t-il.

Les deux époux se regardèrent puis se tournèrent vers lui.

- Avec plaisir., répondit Kaori.
- Notre disc-jockey a trouvé une chanson qui, je pense, vous conviendra à merveille. Vous pouvez y aller dès que vous vous sentirez prêts., leur offrit-il, les laissant seuls.
- J’aurais dû te dire de mettre un col roulé et un pantalon. Je sens que je vais perdre ma femme pendant quelques danses lors de cette soirée., lui murmura-t-il à l’oreille, tout en la conduisant au centre de la piste.

Il regardait avec hantise tous ces hommes qui la couvaient du regard et ne pouvait leur en vouloir réellement de la trouver très jolie car elle était vraiment ravissante dans la robe noire qu’elle portait, une création d’Eriko avec un dos tout en voile et une jupe légèrement évasée qui lui arrivait une dizaine de centimètres au dessus des genoux. Pour ne rien gâcher, elle portait pour une fois des escarpins qui galbaient ses jambes et avaient la vertu d’amener son visage presque à la même hauteur que le sien de sorte que, lorsqu’il la prit dans ses bras, il sentit ses cheveux taquiner son nez, ce qui était loin d’être désagréable. Il baissa les yeux vers elle et sourit en voyant ses joues rosies par le compliment.

- Ce ne seront que quelques danses, Ryo. Tu m’as pour toute la vie., murmura-t-elle, essayant de ne pas se demander si elle disait cela dans le cadre de la mission ou personnel.

Ryo acquiesça puis fit signe au disc-jockey et il lança la musique, annonçant le titre de la chanson en faisant un grand sourire au couple.

- Mesdames et messieurs, nous allons accueillir notre couple de jeunes mariés et entamer cette soirée sur la délicieuse Etta James avec At last.

La musique emplit alors l’air.

At last, my love has come along
Enfin, mon amour est venu…
My lonely days are over,
Mes jours solitaires sont terminés
And life is like a song.
Et la vie est comme une chanson
Oh, yeah, at last,
Oh oui, enfin
The skies above are blue…
Les cieux au dessus sont bleus
My heart was wrapped up in clovers,
Mon cœur était enveloppé de trèfles,
The night I looked at you.
La nuit où je t'ai vu.
I found a dream that I could speak to
J'ai trouvé un rêve dont je pouvais parler,
A dream that I can call my own
Un rêve que je pouvais dire être le mien.
I found a thrill to rest my cheek to
J'ai trouvé un frisson pour reposer mes joues,
A thrill that I have never known
Un frisson que je n'avais jamais connu.
Oh, yeah when you smile, you smile
Oh oui, quand tu souris, tu souris…
Oh, and then the spell was cast
Oh, et ensuite la magie était lancée,
And here we are in heaven
Et ici nous sommes au Paradis,
For you are mine
Et tu es à moi…
At last
Enfin…

Quand la musique s’arrêta, le couple s’immobilisa et se regarda, particulièrement ému. La chanson leur avait parlés et leurs cœurs battaient la chamade tout en se serrant. Ryo posa la main sur la joue de sa femme et l’embrassa doucement. Elle se laissa aller contre lui et répondit avec tendresse et émotion à son étreinte.

- Je voudrais ne jamais quitter ce bateau., murmura-t-elle, les larmes au bord des yeux.
- Moi non plus., laissa-t-il échapper.

Ils furent cependant rappelés à la réalité par les applaudissements et sifflets des spectateurs et se séparèrent, allant remercier le DJ qui lança le morceau suivant. Ils rejoignirent la piste de danse, se déhanchant sur les rythmes festifs et, comme il l’avait escompté, il perdit sa femme pour les bras d’autres hommes dès qu’une série de slows fut lancée et se résolut à inviter complaisamment les épouses délaissées en échange. Au bout de cinq danses séparées, il s’arrangea pour la récupérer, dansa la suivante avec elle tout en lui énonçant les excellentes raisons qui faisaient qu’ils devaient regagner leur chambre et s’adonner à une séance d’exercice physique qui leur ferait le plus grand bien selon lui. Elle finit par accepter, le sourire aux lèvres, le rose aux joues, et ils s’éclipsèrent de la salle, main dans la main, mains qui devinrent baladeuses alors qu’ils échangeaient un long baiser dans l’ascenseur et qui se frôlèrent sensuellement alors qu’ils remontaient le corridor qui menait à leur suite.

Ne pouvant attendre d’être entré, Ryo plaqua sa femme contre le mur alors qu’il ouvrait la porte de leur cabine et la prit dans ses bras, refermant sans ménagement du pied la porte. Il la reposa près de leur lit et se déshabilla rapidement avant de s’attaquer à ses vêtements.

- Ryo ?, s’inquiéta-t-elle en le voyant si empressé.
- Je suis encore à jeun, ma belle., chuchota-t-il à son oreille.
- Mais j’ai envie de toi, vraiment très envie., lui apprit-il.

Il prit ses lèvres et la fit reculer jusqu’au lit où il la poussa à s’allonger en la retenant avec délicatesse. Il attrapa un préservatif qu’il enfila rapidement et n’attendit pas plus longtemps pour venir en elle, s’immobilisant un long moment. Il était appuyé sur les coudes et avait encadré son visage de ses deux mains, le regard plongé dans le sien. Elle y lisait de la douceur, de la tendresse et du contentement, peut-être même quelque chose qui ressemblait au bonheur qu’elle ressentait.

- Ryo, tu es sûr que ça va ?, l’interrogea-t-elle doucement.

Il baissa le visage et l’embrassa doucement avant de le relever et de replonger dans son regard.

- Oui. Je suis au paradis, Kaori. Tu es mon paradis., murmura-t-il avant de doucement se mouvoir en elle.

Emue, elle s’accrocha à ses épaules et le serra contre elle. Peu lui importait qu’il l’écrasa, elle voulait juste le sentir au plus près d’elle sur chaque centimètre carré de son corps. Elle tourna donc le visage et trouva ses lèvres. Elle franchit ensuite la barrière et alla faire danser leurs langues ensemble alors qu’elle nouait ses jambes autour de sa taille. Ce ne fut, comme les deux soirs précédents, que la première étreinte de la nuit mais au moins celle-ci fut-elle consciente…
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Mer 5 Mai - 23:09
Chapitre 13

Main dans la main, Ryo et Kaori descendirent la passerelle qui menait au quai de débarquement.

- N’oubliez pas, le bateau appareillera à vingt heures précises, ne soyez pas en retard., leur annonça l’hôtesse comme à tous les autres passagers qui descendaient.

Ils la saluèrent et avancèrent dans les rues peuplées des croisiéristes, se baladant comme tout couple normal. Nonchalamment, Ryo sortit son téléphone et appela Mick.

- Salut Mick. Juste un appel en vitesse, je voulais savoir où tu en étais des travaux d’approche sur l’affaire dont on a parlé avant mon départ., lui demanda le nettoyeur.
- Je viens juste de reprendre contact avec notre correspondant. Il va falloir que j’amplifie la fréquence., répondit-il.

Ryo jeta un regard en coin à Kaori sombrement. L’émetteur n’avait pas une portée suffisante en mer. Ce n’était pas une bonne nouvelle pour lui et, inconsciemment, il pressa un peu plus la main de sa compagne.

- Je te fais confiance, Mick. On ne peut pas rater cette opportunité., lui indiqua-t-il.
- Je sais. Je fais le maximum. Et la lune de miel se passe bien ?, s’enquit innocemment l’américain.

Le japonais entendit dans sa voix le sourire moqueur.

- Tu n’imagines même pas. On fait l’amour toute la nuit comme des bêtes., dit-il d’une voix doucereuse.
- Ryo !, s’offusqua Kaori, rouge pivoine.
- Quoi ? Ma pauvre Kaori chérie ! Je lui montrerai à son retour ce qu’elle mérite., s’écria Mick outré.
- Tu ne lui montreras rien, Angel. C’est ma femme !, rétorqua vertement Ryo.
- Ah oui, vraiment ? Il était temps que tu t’en aperçoives…, laissa traîner son ami, satisfait.

Le nettoyeur se renfrogna, conscient que son ami attendait de lui beaucoup plus qu’un mariage missionné.

- Je dois y aller, Mick. Occupe-toi de tes affaires…, lui asséna-t-il avant de raccrocher.
- Crétin., souffla Mick, fâché, alors que seul le vide lui répondit.
- Tout va bien ?, demanda Kaori à Ryo alors qu’il rangeait leur téléphone.
- Il est toujours aussi énervant., répondit-il brièvement.

Elle n’insista pas et ils marchèrent pendant plus d’une heure, visitant les lieux avant de se diriger vers la plage. Lorsqu’ils arrivèrent à l’agence où était réservé leur équipement pour la plongée sous-marine, le gérant les guida vers l’arrière-salle pour leur permettre de se changer et d’enfiler les combinaisons.

- Dommage que ce ne soit pas plus intime. Je te sauterais bien dessus., fit Ryo, l’enlaçant brièvement.
- Après cette nuit ? On va frôler la blessure., répliqua-t-elle en grimaçant.

Elle ne se souvenait pas de tout mais la nuit avait été très torride et fougueuse. Ils s’étaient réveillés entortillés dans les draps par terre. Des serviettes humides traînaient par terre, attestant de leur passage et peut-être même de leurs ébats sous la douche, ce qui était sur la commode était au sol et elle ne pouvait qu’imaginer ce qui avait pu se passer… Elle ne voulait même pas se demander tout ce qu’ils avaient pu faire à d’autres endroits.

- Tes expériences sont toujours aussi… mouvementées ?, lui demanda-t-elle, baissant les yeux, gênée.

Il la regarda et hésita à lui répondre. Il appréhendait un peu sa réaction mais elle avait confiance en lui et il avait le sentiment de le lui devoir.

- Ca a déjà été fougueux mais jamais à ce point-là, je pense., répondit-il.
- Je t’aide à fermer ta combinaison ?, lui proposa-t-il, changeant de sujet.

Pour toute réponse, elle se retourna et il remonta la fermeture éclair, déposant un baiser à la base de sa nuque. Elle l’aida à son tour et ils partirent rejoindre leur accompagnant. Après dix minutes d’instructions et de mises en garde, ils montèrent dans le bateau et s’éloignèrent de la plage. Anxieuse, Kaori prit la main de Ryo. Elle avait le pressentiment que leur mission était sur le point de passer du côté obscur. Il la pressa et elle lui jeta un regard en coin. Malgré son sourire apparent, elle vit la lueur de ses yeux et sut que lui aussi avait cette sensation.

- Voilà, on est arrivés sur le lieu de plongée., leur apprit leur moniteur.

Il avertit sa base de leur emplacement puis leur donna leurs bouteilles d’oxygène.

- Vous respirez normalement dans l’embout. C’est déroutant au début mais vous vous habituerez vite., les prévint-il.
- D’accord., répondit Ryo.

Cachant son inquiétude montante, il ajusta le masque de Kaori et caressa son visage. Elle lui sourit bravement en réponse.

- Première plongée ?, leur demanda-t-il.
- Oui.
- Vous verrez, c’est quelque chose que vous n’oublierez jamais., leur affirma-t-il chaleureusement.
- On y va.

Ils mirent l’embout dans leur bouche et se laissèrent tomber en arrière. Ils plongèrent dans l’eau et furent d’abord surpris et légèrement désorientés. C’était étonnant cette nouvelle vision des choses. Ils voyaient le soleil qui brillait au dessus d’eux troublé par le mouvement de l’eau. Ils n’avaient aucun mur qui les entourait et pourtant c’était un sentiment étrange, euphorisant et terrifiant de se retrouver comme prisonniers de l’immensité aquatique. Kaori vit Ryo s’approcher d’elle, un regard tendu. Elle leva son pouce vers le haut pour lui dire que ça allait. Il se détendit quelque peu. Ils trouvèrent leur moniteur devant eux et le suivirent. Il ne plongea pas de suite, les laissant s’habituer à cette nouvelle situation. Quand il les sentit à l’aise, il plongea un peu plus profondément et ils allèrent visiter une épave de bateau où des milliers de poissons multicolores et de toutes tailles semblaient avoir trouvé refuge.

Les deux nettoyeurs ouvrirent de grands yeux, profitant du spectacle. Malgré cela, ils restaient vigilants, s’attendant à se faire attaquer à tout moment. Ils passèrent dans différentes parties du bateau avant d’en ressortir et faire le tour. Sans s’en rendre compte, ils venaient de passer une bonne heure sous l’eau et le moniteur leur fit signe de remonter. Ils le suivirent, respectant les paliers qu’il leur imposa par sécurité, les yeux encore emplis des magnifiques images qu’ils venaient de voir.

Kaori se sentit fatiguer. Ses yeux piquaient. Elle leva les yeux vers la surface et elle lui sembla encore loin. Prenant sur elle, elle approcha de Ryo et lui tapa sur le bras. Il la regarda et attrapa sa main, l’attirant à lui. Il sentit lui-même les premiers effets du gaz soporifique qu’il respirait. Ils y étaient. C’était certainement le moment où ils allaient être enlevés. Il jeta un œil vers le moniteur et le vit également immobile, déjà endormi. Il rejeta son masque et enleva celui de Kaori puis du moniteur, les emmenant vers la surface. Il vit au loin deux silhouettes noires arriver vers eux. Kaori et lui seraient « pris en charge ». Il devait assurer la survie de leur accompagnant. Il lui retira sa bouteille et vit son corps remonter à la surface avant de sombrer dans l’inconscience.

Quand il se réveilla, Ryo eut la désagréable impression de tanguer, ce qui était étrange vu qu’il était allongé. Il se souvint soudain de ce qui s’était passé et se releva, inquiet. Soulagé, il vit Kaori étendue à ses côtés, nue. Il baissa les yeux sur lui et se vit dans la même absence de tenue. Que s’était-il passé ? Il posa les doigts sur la carotide de sa compagne et sentit son pouls battre normalement. Elle était juste endormie… Il se leva et examina les lieux.

Il avait l’impression d’être revenu dans la cabine du paquebot et, pourtant, il y avait quelque chose de différent : les bruits ou plutôt l’absence de bruit. Il approcha du placard et l’ouvrit, espérant trouver de quoi se vêtir, en vain, puis approcha d’une porte et actionna la poignée, en vain également. Il trouva une autre porte et découvrit derrière une salle de bains très propre et même très bien équipée. Puis il se dirigea vers les hublots pour essayer de comprendre où ils se trouvaient et ce fut le choc : il n’y avait que l’océan et le ciel à perte de vue. Ils étaient en pleine mer, ce qui signifiait qu’à part un miracle, Mick ne pourrait pas les localiser et ils devraient attendre d’être séparés pour que Ryo put venir la rechercher. C’était pour lui la pire situation. Il abhorrait l’idée même de la laisser seule aux mains d’inconnus dont il ignorait les intentions.

Un léger gémissement lui annonça le réveil de sa partenaire et il s’approcha d’elle, s’asseyant à ses côtés. Elle ouvrit les yeux et examina les environs. Un sourire soulagé éclaira ses traits en le voyant et elle tenta de se lever mais il l’en empêcha.

- Attends deux minutes. Les effets du gaz ne sont peut-être pas encore tout à fait dissipés., lui expliqua-t-il.
- D’accord. Où sommes-nous, Ryo ?, murmura-t-elle.
- Je ne sais pas à part que c’est en pleine mer.
- Oh non…, soupira-t-elle.

Elle savait ce que ça signifiait pour la portée de l’émetteur. Ils étaient seuls. Elle grimaça en pensant également à ce que son estomac allait subir et se releva cherchant son sac des yeux. Ce fut alors qu’elle se rendit compte de leur nudité. Gênée, elle releva le drap sur elle.

- J’ai déjà tout vu, tu sais., ricana-t-il.
- Ce n’est pas pour toi., murmura-t-elle.
- Il n’y a pas de caméra., chuchota-t-il contre ses lèvres, déposant un léger baiser sur ses lèvres.
- Tu es sûr ?
- Affirmatif. Pas de vêtement non plus d’ailleurs., ajouta-t-il.
- Je suppose pas de sac à mains non plus alors ?, demanda-t-elle sans grand espoir.
- Non.

Elle se laissa retomber sur le matelas, dépitée.

- Ca va être l’enfer., décréta-t-elle.
- Mal de mer ?
- Pas encore mais ça va certainement revenir. En tout cas, on aurait pu avoir pire comme cellule., se dit-elle en repensant à certaines des geôles qu’elle avait connues.
- C’est vrai. Ils auraient pu mettre la télé parce que, là, on risque de s’ennuyer., reprit Ryo.
- Je suppose qu’on n’aura pas un programme débordant d’activités comme sur le bateau., ajouta-t-il.

Elle sourit et laissa échapper un petit rire malgré l’angoisse de la situation. Il avait le chic pour dédramatiser les moments difficiles et elle était contente, même si le mot n’était pas forcément le plus adapté, d’être là avec lui.

- Non, c’est vrai. Pourquoi nous priver de vêtements, Ryo ?
- Je ne sais pas. Pour nous éviter de fuir peut-être ? Nous donner un sentiment d’infériorité ? Pour éviter les frais de pressing ?, supposa-t-il.
- Idiot., lâcha-t-elle.
- Coupable, M’dame. Je te laisse le drap pour t’en faire une toge si tu veux. Je prendrais une des serviettes de la salle de bains.
- Il y a une salle de bains ?, répéta-t-elle, incrédule.
- Oui, très belle même avec douche et baignoire.
- C’est quoi ces ravisseurs ?, s’étonna Kaori.

Il se gratta la tête, mille questions lui venant en tête auxquelles il ne trouvait pas de réponse. C’était bien l’une des rares fois où il se sentait perdu sur une affaire.

- Je ne sais pas. J’avoue que je suis largué., admit-il.
- Pas étonnant puisqu’on est sur un bateau., pipa-t-elle, le regard malicieux.
- T’es malade ? Tu nous fais de l’humour en situation de crise ?, s’inquiéta-t-il, posant une main sur son front.
- Je ne sais pas. Faut croire qu’y en amarre., ajouta-t-elle, les yeux pétillants.

Il la regarda les yeux ronds de stupeur puis un large sourire fendit son visage. Il préférait la voir ainsi qu’en stress et il était persuadé qu’ils affronteraient suffisamment de stress par la suite.

- Je crois que j’ai déteint sur toi…, lâcha-t-il.
- Je pense aussi. Je vais aller prendre une douche. J’ai un peu froid., dit-elle.

Elle se leva et, enroulée dans le drap, partit dans la direction que lui indiqua Ryo. Il avait raison : la salle de bains était aussi luxueuse que celle de leur cabine du paquebot. C’en était déroutant. Se glissant sous le jet d’eau chaude, elle tressaillit. Elle se sentait frigorifiée de l’intérieur. Elle avait fait face devant Ryo mais elle se sentait extrêmement mal à l’aise et tendue. Elle se souvint du sentiment de panique qui l’avait envahie quand elle s’était rendue compte qu’elle s’endormait sans le vouloir, reconnaissant le picotement sur sa langue du gaz. Elle ne pouvait pas rejeter l’embout, encore trop loin de la surface. Elle avait vraiment eu peur de sombrer tout au fond de l’océan et de s’y noyer. Pour elle, c’était l’une des pires morts qui put exister. Son seul réconfort fut de sentir la main de Ryo au moment où elle ne pouvait plus résister et que ses yeux se fermaient.

Réprimant un haut-le-cœur, elle ferma les yeux et s’appuya contre la paroi de la douche. Elle prit plusieurs inspirations profondes et regagna la maîtrise de ses nerfs. Elle devait reconnaître une chose : elle était fatiguée et ses trois nuits sans sommeil réel n’y étaient pas étrangères. Ryo aussi l’était, il l’avait admis la veille. Peut-être pouvaient-il profiter de leur présence mutuelle pour récupérer un peu, chacun veillant le sommeil de l’autre alternativement. Un mouvement derrière elle la fit sursauter et elle se retourna pour trouver son partenaire derrière elle. Elle le dévisagea et vit son regard sombre, ses pupilles dilatées : il était de nouveau drogué.

- Ryo…, murmura-t-elle.

Il ne lui laissa pas le temps d’en dire plus et se jeta sur elle, l’embrassant fougueusement. Ses mains voyagèrent sur son corps sans aucun répit, l’amenant rapidement au bord du précipice et, lorsqu’il la saisit par les fesses pour la soulever et la plaquer contre la paroi, elle n’opposa aucune résistance, nouant ses jambes autour de ses reins, le laissant envahir son intimité sauvagement. Il les emmena rapidement au summum de l’extase et se figea en elle un long moment avant de la relâcher.

Il sembla soudain reprendre pied dans la réalité et regarda autour de lui comme déboussolé.

- Ne me dis pas que…, murmura-t-il, embarrassé.
- Tu étais drogué, Ryo., lui dit-elle sans aucun reproche dans la voix.
- Comment ? Je n’ai rien bu rien mangé. Je suis juste resté…, s’énerva-t-il avant de s’arrêter et de la regarder.
- C’est dans l’air., murmura-t-il.
- Comme dans la cabine alors., supposa-t-elle.
- Mais comment et pourquoi que la nuit ?, se demanda-t-elle.
- Un système de minuterie. Si c’était la journée, on s’en serait d’autant plus rendus compte et on aurait pu prévenir quelqu’un mais la nuit, on était sans défense., expliqua-t-il.

Il ferma l’eau et lui tendit une serviette. Elle se sécha rapidement et se drapa de nouveau dans le drap alors qu’il enroulait une serviette autour de ses hanches. Ils s’assirent à même le sol dans la salle de bains qui ne semblait pas touchée par la drogue.

- Quel est leur but, Ryo ? Je n’y comprends rien., murmura Kaori.
- Je ne sais pas. La seule supposition logique, c’est d’obtenir des images compromettantes pour faire chanter leurs otages après, ce qui expliquerait l’usage d’une drogue désinhibitrice et stimulante…, lui répondit-il.
- Tu as l’air de douter., remarqua-t-elle, elle-même sceptique.
- Toi aussi, non ?, rétorqua-t-il, penchant la tête légèrement de côté avec un léger sourire.
- Oui. En quoi des photos compromettantes d’un couple légitimement marié pourraient servir ?, s’interrogea-t-elle par pure rhétorique.
- On est d’accord. Ce qui ne nous laisse aucun motif… ou alors ce sont juste des adeptes du peace and love et ils veulent s’assurer que les couples mariés effectuent bien leur devoir conjugal…, plaisanta-t-il.
- Dans deux secondes, tu nous sors une théorie fumeuse sur le repeuplement de la planète par une catégorie de la population ?

Il lui lança un regard perçant et ses lèvres s’étirèrent en une moue amère.

- Ne plaisante pas. Tu n’imagines même pas le nombre de groupuscules qui rêveraient de pouvoir mettre en place un tel système…, lâcha-t-il.
- Ne me prends pas pour plus naïve que je ne suis. Je suis loin d’imaginer un monde rose et innocent, Ryo. Si c’était le cas, je ne serais pas restée avec toi. J’aurais pris le fric, ou peut-être pas d’ailleurs, et je me serais trouvée un homme à qui on ne peut rien reprocher pour en faire mon prince charmant., lui répondit-elle.

Elle agrippa le drap noué autour d’elle et s’approcha de lui, s’agenouillant à ses côtés.

- Je suis une romantique, Ryo. Je ne le nie pas. Mais je suis réaliste et je sais que notre monde est sombre et imparfait. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce qui est parfait. C’est de savoir qu’il reste des personnes qui sont prêtes à tout pour aller vers quelque chose de meilleur. Je veux faire partie de ces personnes. Je veux aider à créer un monde meilleur où ceux que nous aimons, et les autres aussi d’ailleurs, pourront vivre et s’épanouir.
- Tu en fais partie, Kaori. Tu es l’espoir incarné., répondit-il, caressant sa joue.
- Toi aussi, Ryo. Je sais que tu ne le crois pas mais toi aussi. Tu imagines le nombre de vies dont tu as changé la trajectoire depuis qu’on se connaît ?, lui demanda-t-elle.

Il secoua négativement la tête, dubitatif. Elle le plaçait sur un piédestal mais il était loin de mériter un tel honneur. Lui, il vivait dans la boue et c’était encore trop beau pour lui.

- Alors réfléchis à la destinée qu’auraient eue certaines des personnes que nous avons côtoyées et peut-être qu’un jour tu accepteras de comprendre que tu es un homme bien meilleur que tu ne le penses., lui dit-elle avec ferveur.
- Tu as une trop haute opinion de moi, Sugar., répliqua-t-il, quelque peu mal à l’aise.
- Je ne pense pas.

Elle l’observa encore un instant puis se pencha vers lui et l’embrassa tendrement. Il l’attrapa par la taille et l’amena à lui avant d’approfondir leur baiser. Elle s’abandonna à ses lèvres et lui rendit toute la passion qu’il exprimait. Quand ils se séparèrent un moment plus tard, pantelants, elle nicha la tête au creux de son cou et ils restèrent ainsi quelques minutes.

- Tu crois qu’on va pouvoir ouvrir l’un des hublots pour aérer la pièce et dissiper la drogue ?, lui demanda-t-elle.
- Ca m’étonnerait mais il faut essayer. Au pire, on se retrouvera au lit pour faire l’amour comme des enragés., répondit-il avec un sourire taquin aux lèvres.
- On pourra dire qu’on a rattrapé notre retard…, murmura-t-elle.

Elle croisa son regard sombre et son cœur se serra. Le voyant prêt à parler, elle posa un doigt sur ses lèvres.

- Je sais, Ryo. Ce n’est pas la peine de le dire., balbutia-t-elle, les larmes aux yeux.

Elle se dégagea de ses bras et se releva, se dirigeant vers la porte. Il la regarda s’éloigner, se sentant mal de la douleur qu’il lui infligeait. Ce serait douloureux pour eux deux mais leur histoire devait s’arrêter après cette mission. Il ne serait même pas question d’en évoquer l’existence. Il n’avait toujours pas changé d’avis à ce sujet. Il ne voulait toujours pas la lier définitivement à leur milieu même si elle l’aimait, même s’il crèverait de la voir partir, encore plus maintenant qu’il avait touché le paradis, même s’ils étaient faits l’un pour l’autre. C’était un pas qu’il n’avait pas encore franchi et qu’il ne se sentait pas prêt à faire.

Immobile devant la porte, ravalant les larmes amères qui menaçaient de la submerger, Kaori prit une profonde inspiration. Elle remit de l’ordre dans ses idées, chassa les plus pénibles au fond de son esprit et pénétra dans la chambre. Sans attendre, elle se dirigea vers l’un des hublots et actionna la poignée. Celle-ci bougea mais n’ouvrit pas la fenêtre pour autant. Elle les essaya tous jusqu’au dernier sur lequel elle s’échina, baissant et relevant le bout de métal violemment à plusieurs reprises mais rien n’y fit.

La main de Ryo vint alors recouvrir la sienne et son bras la ceintura.

- Ca ne sert à rien. Ils ont bloqué les ouvertures également., murmura-t-il à son oreille.

Elle se retourna dans ses bras et posa la tête contre son torse, luttant contre les larmes de rage qui voulaient sortir, contre le cri qui montait dans sa gorge, contre l’envie de le frapper de ses poings, lui qui refusait de partager sa vie après tout ce par quoi ils étaient passés, contre le sort qui s’acharnait contre eux, contre leurs ravisseurs, contre… Elle ne savait plus et elle finit par craquer, s’effondrant en larmes dans les bras de Ryo qui la garda serrée contre lui, sans un mot.

Il résista aussi longtemps que possible à la drogue qui brouillait ses sens et son cerveau mais elle finit malgré tout par prendre le dessus. Il prit alors le menton de sa femme entre ses doigts, lui releva le visage et écrasa ses lèvres sur les siennes. Il croisa furtivement ses pupilles dilatées avant de sentir ses bras se nouer derrière sa nuque alors que leurs langues bataillaient violemment. Rapidement, les bouts de tissus tombèrent à terre et leur monde ne fut plus composé que de caresses, baisers et gémissements…
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Ven 7 Mai - 4:26
Chapitre 14

Réunie à la clinique, la bande, amputée du couple City Hunter, discutait à bâtons rompus de la mission.

- J’ai amplifié le signal autant que possible mais, à part te dire par où Kaori a été emmenée, je n’en sais pas plus… et cela revient à supposer qu’ils n’ont pas bifurqué par la suite pour prendre l’une de ces voies maritimes., fit Mick en pointant sur la carte les voies dont il parlait.

Il était nerveux. Cela faisait maintenant deux jours que Ryo et Kaori avaient disparu et qu’il avait perdu le signal quelque part au large de Kagoshima, à une centaine de miles de la côte côté océan Pacifique.

- C’est possible ou ils se sont juste réfugiés dans les eaux internationales parmi les milliers de bateaux qui naviguent., reprit Saeko.
- Exactement là où les autorités n’ont aucun pouvoir sans savoir de quel pays dépend le bateau concerné et je ne t’explique même pas la paperasse qu’il faudra remplir si on doit intervenir…, soupira-t-elle.
- Tu as fini d’interroger le moniteur et le gérant de l’agence ?, demanda Umibozu.
- Oui. Ils ne sont pas impliqués. On ne sait par quel miracle le moniteur a réussi à enlever sa bouteille. Il aurait coulé sans cela., leur apprit l’inspectrice.
- Ryo peut-être., pipa Kazue.
- Certainement. Le pauvre homme est complètement sous le choc. C’est la première fois qu’il perd des clients et s’en veut terriblement., ajouta Saeko.
- Tu lui as bien dit qu’il n’y était pour rien et qu’ils étaient encore vivants ?, l’interrogea Miki, connaissant l’absence de tact dont elle faisait parfois preuve.
- Oui, bien évidemment.

Le silence retomba quelques instants lourd de leurs inquiétudes.

- Je me demande comment ils vont., s’inquiéta Kazue.
- Ryo a de la ressource et il veillera sur Kaori., répondit Umibozu pour la rassurer.
- En tout cas, j’en connais une qui ne doit pas apprécier son séjour en mer., fit le Professeur, les rejoignant.
- J’ai enfin fini les analyses de tout ce que tu m’as rapporté, Saeko. Kaori a le mal de mer. Elle était soignée sur le bateau mais, sans ses pilules, elle va revivre les nausées et vomissements.
- Rien de suspect dans les cachets ?, l’interrogea Mick, suspicieux.
- Non, rien. Tout comme il n’y avait rien dans le champagne ni les biscuits dont Ryo nous avait laissé un échantillon., leur apprit-il.
- Par contre, ils ont été drogués mais je ne sais pas comment. J’ai retrouvé des traces d’un mélange que je ne connaissais pas jusque maintenant., fit-il sombrement.
- Donc on se serait attaqués à eux déjà dans le bateau. Les interrogatoires du personnel ont donné quoi ?, fit Mick.
- Rien. Tout le personnel est clean également., répondit Saeko qui s’en arrachait les cheveux.
- Et cette drogue, quel effet a-t-elle ?
- Je dois encore l’étudier pour comprendre., lui apprit le Professeur.

Il n’aimait pas cette donnée d’autant plus avec les antécédents de Ryo et son sevrage de la poussière d’ange. Il espérait qu’il n’y aurait pas de complication.

- Et concernant le virus informatique, vous avez pu avancer, Professeur ? Mes équipes ont fait chou blanc., l’informa Saeko.
- Je suis dessus mais ça me prend du temps. J’ai réussi à craquer facilement le système informatique de l’organisatrice et il y a bien eu un piratage de ses dossiers. J’essaie de trouver le programme qui informe les ravisseurs de l’existence de leurs proies. Il y a forcément eu un flux d’information., avoua le vieil homme.
- Dès que j’aurais une idée, j’irais craquer les autres agences et je chercherai la faille. Je te tiens informée.
- Merci Professeur. J’espère qu’en trouvant le flux informatique, nous arriverons à remonter jusqu’au bateau.
- Et là, ce sera à nous de jouer…, l’informa Umibozu, les bras croisés.
- Umi…
- Tu l’as dit toi-même, ce sera pénible d’utiliser les voies administratives. Nous n’avons pas ces soucis-là., répondit-il.
- Très bien., céda-t-elle.
- Mick, toujours pas d’appel pour la rançon ?
- Non. Je ne sais pas ce qu’ils attendent. Ils ont vraiment envie d’entretenir des otages aussi longtemps ? C’est vraiment étrange., remarqua-t-il.
- Oui. Il y a bien des choses obscures dans cette histoire., murmura Saeko en rangeant ses dossiers.

Ils se saluèrent et se dirigèrent vers la sortie. Kazue devant finir son service, Mick la laissa et rattrapa l’inspectrice.

- Au fait, tu as pu gérer le certificat de mariage ?, l’interrogea-t-il.
- Tu tiens tant que ça toi aussi à le voir annulé ?, lui rétorqua-t-elle, un sourcil suspicieux levé.
- Non pas vraiment mais tu connais Ryo…, maugréa-t-il.
- Oui. Depuis lundi, je le supprime et, chaque jour, il réapparaît. Le service informatique de la mairie a été hacké fin de semaine dernière. Ils me disent qu’ils n’ont plus de souci mais moi, j’ai ce problème-là et je me vois mal leur expliquer ce que je veux faire et leur demander pourquoi ça ne marche pas.
- Tu m’étonnes. Donc ils sont toujours mariés ?, reprit Mick.
- Oui. Mais, s’il te plaît, n’en parle à personne pour le moment. Je n’ai pas l’intention de rompre ma promesse. C’est juste un contretemps technique., le supplia-t-elle.
- Ne t’inquiète pas. J’aimerais bien que Ryo change d’avis. Ce serait peut-être une bonne chose que ce contretemps technique dure…, pipa l’américain malicieux.

Ils se sourirent, se comprenant mutuellement, puis se séparèrent.

En plein milieu de l’océan, Ryo était assis dans le divan de la chambre, la tête de Kaori endormie posée sur ses cuisses. Les épisodes où ils étaient drogués étaient moins fréquents depuis la veille au soir et ils pouvaient ainsi se reposer un peu plus, ce qui n’était pas négligeable. Entendant le petit grincement familier, il leva le regard vers la porte et vit leur plateau-repas apparaître par la trappe aménagée pour cet usage. Il posa les yeux, contrarié, sur le visage livide de sa femme qui n’avait cessé de vomir son petit-déjeuner qu’une heure auparavant et se demanda si ça valait la peine qu’elle essaya de manger, sachant quel en serait le résultat probable. Cela faisait après tout le quatrième repas qu’elle ne gardait pas et il s’inquiétait des répercussions que ça aurait sur sa santé. Il voyait déjà bien sa fatigue et il savait qu’elle ne tarderait pas à perdre du poids de manière visible, elle qui n’avait déjà pas beaucoup de réserves.

Il l’entendit soudain gémir et elle se retourna contre lui, nichant son nez contre lui. Il comprit mieux en sentant l’odeur de nourriture qui leur arrivait. Il la vit soudain ouvrir les yeux, effarée, et bondir du divan pour filer dans la salle de bains. Il entendit le son caractéristique de son estomac qui se vidait et grimaça. Elle devait souffrir car tout ce qui sortait maintenant, c’était de la bile acide. Il se leva et alla la rejoindre pour la soutenir, caressant son dos pour l’apaiser. Quand enfin les spasmes se calmèrent, elle se lova dans ses bras, épuisée.

Il se sentait frustré de ne pouvoir faire plus. Il avait bien tenté de forcer la porte, les hublots, de voir les failles du système mais il n’avait rien trouvé. La porte avait une poignée mais pas de serrure, ce qui lui laissait penser que la fermeture était électronique. Il avait bouché les aérations pour limiter les afflux de produit toxique mais avait été obligé de défaire son travail car c’était également leur seule arrivée d’air frais et qu’ils avaient vite ressenti les premiers effets d’une intoxication au dioxyde de carbone. Leur seule échappatoire avait été la salle de bains… temporairement parce qu’il y faisait vraiment trop froid pour y rester en permanence. Tout était calculé, pensa amèrement le nettoyeur.

- Ca va aller, Kaori. Je te jure que ce n’est qu’un mauvais moment à passer., tenta-t-il de la rassurer.
- Menteur… On va se retrouver enfermés dans cette boîte flottante pendant des semaines. Je ne tiendrai jamais le coup., murmura-t-elle, d’une voix faible.
- Tu veux essayer de manger un peu ? J’ai cru voir qu’il y avait du pain. Ca passera peut-être., lui suggéra-t-il.
- Je peux essayer mais je reste ici. Rien que l’odeur…, s’interrompit-elle, portant une main à sa bouche pour réprimer une nouvelle nausée.
- Va manger toi. Tu en as besoin., lui conseilla-t-elle.

Il acquiesça et la laissa, la posant le dos contre la baignoire avec trois serviettes pour la caler. Il revint peu après avec un morceau de pain qu’elle accepta sans réel plaisir.

- Je ne serais pas long. Dès que ce sera débarrassé, je te préviendrai.

Elle acquiesça et le regarda sans aller, serrant le drap autour d’elle pour tenter de garder un peu de chaleur. Elle porta le pain à ses lèvres et en prit un petit morceau qu’elle mâcha longuement avant d’avaler, alors même que son estomac se rebellait déjà. Elle dut attendre un long moment, la tête posée sur ses genoux, avant que les spasmes se calmèrent et qu’elle put tenter d’en manger un deuxième. Elle avalait le troisième morceau, se forçant, quand Ryo pénétra de nouveau dans la pièce. Il n’eut pas le temps de se réjouir qu’elle bondit vers la cuvette et rendit le peu qu’elle avait avalé. Impuissant, il s’agenouilla à ses côtés et caressa ses cheveux pour lui montrer qu’elle n’était pas seule, qu’il était là pour la soutenir même si ça n’allégeait pas sa souffrance. Quand elle se laissa repartir en arrière, vidée, il la recueillit contre lui, l’entourant de ses bras.

- J’ai froid., balbutia-t-elle, se calant un peu plus contre lui.

Il la souleva et l’emmena dans le lit, s’allongeant à ses côtés, la tenant contre lui. Il sentait sous sa main son estomac se tordre assez brutalement et aurait aimé pouvoir faire plus que que ce qu’il faisait. Grognant de désillusion, il sentit les effets de la drogue monter en lui et la tenir nue dans ses bras n’arrangeait rien à l’affaire.

- On ferait mieux d’aller dans la salle de bains, Kaori., murmura-t-il.
- Non, j’ai trop froid., bredouilla-t-elle.
- Je ne veux pas te faire l’amour alors que tu es malade., fit-il, sentant qu’il perdait le contrôle.
- Ca me réchauffera, Ryo. J’ai besoin de toi., l’entendit-il balbutier.

Il tourna son visage vers lui, inquiété par la faiblesse de sa voix. Il croisa son regard un bref instant avant de voir ses paupières se refermer et sentir son corps s’affaisser. La peur qu’il ressentit à ce moment-là éradiqua tous les effets de la drogue.

- Kaori ! Kaori, réveille-toi ! Kaori !, l’appela-t-il.

Il tapota sa joue, frotta son bras pour la réchauffer, la secoua… Il finit par la prendre contre lui et la bercer, l’angoisse lui vrillant l’estomac.

- Réveille-toi, Kaori ! S’il te plaît, reviens-moi. Je n’aurais jamais dû céder…, s’en voulut-il.

Soudain, il se sentit bizarre. Une odeur piquante lui envahit le nez et il n’eut pas le temps de réagir que ses yeux se fermèrent et il tomba inconscient sur elle.

Lorsqu’il se réveilla, la nuit était tombée. Il se tourna et buta sur un corps. Il ouvrit les yeux et vit sa femme paisiblement allongée à ses côtés. Il savait qu’il la tenait quand il avait perdu connaissance, donc quelqu’un était venu dans leur chambre et il n’aimait pas ne pas savoir ce qui s’était passé. Il alluma la lampe de chevet et l’observa. Elle avait meilleur mine et c’était certainement dû à la perfusion qui était accrochée à sa main. Sa première envie fut de la lui arracher : comment pouvait-il être sûr qu’on ne lui avait pas injecté une saloperie ? Néanmoins, il se retint et regarda les inscriptions sur les poches. C’était une simple poche de solution saline et une autre de polyvitamines. Il jeta de nouveau un œil sur sa partenaire, hésita puis décida de laisser la perfusion en place. Il espérait que la seule substance ajoutée éventuellement aux poches serait un anti-émétique pour qu’elle eut droit à un peu de répit.

Légèrement rassuré, il revint s’allonger à ses côtés. Passant un bras sous sa tête, il l’attira contre lui. Il sentit son bras se glisser sur son ventre et elle poussa un léger soupir de contentement. Peu après, elle releva la tête et il croisa son regard noisette un peu plus alerte.

- La belle au bois dormant se réveille., la taquina-t-il, souhaitant rester léger.
- J’ai dormi longtemps ?, demanda-t-elle.
- Toute l’après-midi. Tu t’es évanouie., lui apprit-il.

Elle se mordit la lèvre, se sentant coupable, et chercha à s’écarter de lui mais il la retint.

- Tu dois regretter de m’avoir épousée. Je ne suis même pas capable de tenir le choc., bredouilla-t-elle.
- Kaori, tu as le mal de mer et aucun médicament pour gérer. Ne t’en veux pas. Regarde, moi, je suis bien incapable de monter dans un avion sans une boite d’anxiolytiques., tenta-t-il de la convaincre.
- Mais avec R…

Il étouffa ses paroles sous un baiser, lui adressant un regard sévère qu’elle comprit. Elle avait failli les dévoiler. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, s’en voulant, et, comme s’il se rendait compte de sa détresse, Ryo se fit plus tendre.

- C’est avec toi que je me suis marié. Tu te souviens, Kaori, à la vie, à la mort., lui rappela-t-il quand il s’écarta.
- Oui., murmura-t-elle.

Elle enfouit le nez dans son épaule et sentit ses doigts se glisser dans ses cheveux, tirant doucement dessus pour la forcer à relever les yeux vers lui.

- N’aie pas honte d’être faible. Je suis là pour toi comme tu as su le faire quand j’avais besoin de toi.
- Tu n’as jamais eu besoin…
- Yuka. Tu as été mes yeux, Kaori. J’ai pu m’appuyer sur toi., lui rappela-t-il.

Elle se remémora cet épisode où, pris par la fièvre, Ryo avait été incapable de viser et elle avait dû le faire à sa place. Mais cela lui semblait si peu par rapport à toutes les fois où il l’avait sauvée.

- Tu en as déjà fait bien plus pour moi., objecta-t-elle à son tour.
- Tu n’as pas idée de ce tout ce que tu m’as apporté, Kaori. Alors cesse de comparer., lui enjoignit-il.

Elle acquiesça et se lova contre lui. Ils restèrent silencieux un moment, profitant juste du moment. Peut-être qu’un jour, il serait capable de lui expliquer tout ce qu’elle avait changé en lui, peut-être qu’un jour il serait capable d’aller au bout de sa deuxième naissance, de ne pas seulement être là pour elle mais aussi avec elle, peut-être qu’un jour, il serait capable de dépasser sa peur de la perdre et de vivre leur vie.

- Qu’est-ce que c’est ?, fit Kaori en entendant un bruit étrange.

Elle se releva sur lui et tendit l’oreille.

- Je n’ai rien entendu.
- Moi si. Ce n’était pas fort mais j’ai entendu un bruit.
- Une porte qui grince peut-être ?, suggéra-t-il.
- Non. Ce n’était pas métallique., répondit-elle.

Elle sentit sa main descendre le long de sa colonne vertébrale et tourna la tête vers lui. Elle sombra dans son regard aux pupilles dilatées, se sentant elle-même un peu ivre. Elle oublia tout ce qui n’était pas lui et se hissa sur lui. La perfusion l’embêtant, Ryo la retourna du bon côté et s’allongea sur elle, embrassant sa nuque, sa gorge, caressant son corps aux courbes parfaites, à la chaleur et l’odeur enivrantes, ce corps qui l’appelait à communier avec lui longuement, ardemment. Kaori le cherchait également et parcourait son dos de ses mains mais, après s’être à plusieurs reprises pris dans la tubulure, il saisit sa main et la posa sous l’oreiller.

- Interdiction de la bouger de là. Tu ne joues qu’avec une main., lui dit-il d’une voix sensuelle.

Elle lui montra alors qu’une seule main pouvait tout à fait suffire à lui donner du plaisir et lui faire perdre la tête et il se glissa en elle, l’emmenant vers un orgasme fulgurant avec toujours autant de passion. Reprenant doucement leurs souffles après l’amour, Kaori retint Ryo sur elle, l’empêchant de bouger, et ils s’endormirent ainsi.

Le lendemain matin, ils se réveillèrent dans la même position, la seule différence étant que la perfusion avait disparu. Ryo ragea de ne rien avoir entendu ni senti pendant qu’ils dormaient. Et si l’un des hommes s’en prenait à elle ? S’ils profitaient de leur sommeil pour la violer, lui injecter des produits ou autres ? Il sentait une colère noire monter en lui et dut se contenir pour ne pas la laisser exploser. Il se sentait vraiment en dessous de tout pour cette mission. Il avait laissé Kaori le persuader de l’accompagner, il n’avait pas su résister à l’envie qu’il avait d’elle, il n’avait aucun moyen de la sortir de là. Quand allait-il enfin faire quelque chose de bien ?

Nerveux, il se leva et alla dans la salle de bains. Il laissa la porte ouverte, juste au cas où ils rentreraient de nouveau dans la pièce, et se glissa sous l’eau chaude. Il se frotta vigoureusement avec le gel douche comme s’il cherchait à se laver de ses fautes mais rien n’y faisait, il se sentait toujours aussi coupable de son incapacité. Il espérait que Mick avait réussi à les localiser mais il en doutait. Il était persuadé qu’il ne les laisserait jamais aussi longtemps prisonniers s’il avait su.

Ryo se concentra sur les sensations qu’il avait et il savait que les moteurs du bateau n’étaient pas en route. Ils avaient certainement décidé de se positionner à cet endroit, probablement dans les eaux internationales pour avoir un peu plus de liberté. Ils devaient être suffisamment éloignés des côtes pour ne pas craindre les gardes-côtes japonais et suffisamment près pour être en mesure de délivrer leurs otages masculins rapidement.

Il avait encore plus le sentiment qu’avant qu’ils étaient arrivés au bout de leur opération, que Kaori et lui étaient leur dernier couple et qu’après cela, tout serait fini ou ils changeraient d’activités peut-être. Il était étonné par l’absence de bruit également. Il s’attendait à entendre des cris ou des pleurs mais rien de tout cela comme si le bateau était vide, qu’il n’y avait qu’eux et les ravisseurs, ravisseurs dont ils ne connaissaient l’existence que par les plateaux-repas et la perfusion qu’avait eu Kaori. D’ailleurs, pourquoi porter autant de soins à leurs otages ? C’était vraiment un fait étrange, quelque chose qu’il ne s’expliquait toujours pas.

Alors qu’il allait couper l’eau, Ryo sentit deux bras l’entourer et se retourna. Kaori l’avait rejoint sous la douche et, comme lui deux jours auparavant, elle était droguée. Elle ne lui laissa pas le temps de parler et le plaqua contre la paroi. Agrippant sa nuque, elle l’embrassa sauvagement. Sentant ses mains se poser sur elle, elle glissa les bras derrière son cou et se hissa, nouant ses jambes autour de sa taille, pressant tout son corps contre le sien. Elle ne lui laissait pas beaucoup le temps de respirer et trouva les caresses qui lui firent perdre la tête, l’amenant en elle rapidement.

Leur chevauchée se termina assis par terre dans la douche, sous l’eau qui refroidissait. Ryo sut au regard gêné et à son rougissement que les effets de la drogue avaient cessé et qu’elle s’était rendue compte de ce qu’elle avait fait. Pour atténuer son embarras, il caressa son visage et l’embrassa doucement.

- C’est déstabilisant de ne plus être soi-même, n’est-ce pas ?, murmura-t-il.
- Oui., souffla-t-elle, nichant la tête au creux de son cou.

Très déstabilisant même… Comment ferait-elle quand ils seraient rentrés et qu’il ne serait plus question de céder à ses pulsions, d’oublier ce corps qui semblait si bien lui correspondre, ses lèvres qui la faisaient chavirer ?… Comment oublier ces moments de tendresse après l’amour ou après l’angoisse ? Elle ne savait pas comment elle ferait ni si elle tiendrait le coup. Elle n’arrivait plus à imaginer passer une nuit sans lui, sans ses bras ni sa chaleur.

- On va s’en sortir., murmura-t-il à son oreille.
- Je te jure qu’on s’en sortira, Kaori.

Elle serra un peu plus les bras autour de lui, puisant dans sa force pour tenir.

- Pourquoi ils ne se montrent pas, Ryo ?, lui demanda-t-elle soudain.
- Pourquoi continuer à nous droguer ici ?
- Je ne sais pas.
- D’habitude, on voit nos oppresseurs mais là ils se cachent de nous. Que cherchent-ils ?, continua-t-elle nerveuse.

Elle ne s’attendait pas à avoir de réponse car elle savait qu’il lui aurait parlé s’il l’avait su. Elle avait juste besoin d’extérioriser ces pensées qui la rongeaient.

- Je… Je voudrais qu’ils viennent et qu’ils nous expliquent ce qu’ils attendent de nous. Je voudrais savoir s’ils ont déjà appelé pour la rançon, si elle est versée, si...
- Chut, Kaori. Calme-toi., dit-il, sentant son stress monter en flèche.
- Ryo, je veux rentrer à la maison., murmura-t-elle, déboussolée.

Il croisa son regard brillant de larmes et caressa son visage avant de l’attirer contre lui. Lui aussi aurait voulu rentrer mais cela ne dépendait plus d’eux maintenant. Ils devaient attendre le bon vouloir de personnes dont ils ne comprenaient ni la logique ni les motivations. Avec le milieu tokyoïte, c’était simple : c’était l’appât du gain ou la recherche du pouvoir via l’extension des réseaux en place, les meurtres et les pots-de-vins. Mais là, que faisaient-ils ? Comment comptaient-ils se faire du fric ? Une rançon et après ? Demandaient-ils une deuxième rançon pour les femmes ? Les exploitaient-ils avant de finir par les relâcher ? Les vendaient-ils dans des réseaux de traites des blanches ou à des réseaux de prostitution ? Il n’en avait aucune idée et se dit que, si Maki lui en voudrait sur ce coup-là pour avoir mis sa petite sœur en danger inconsciemment, il ne lui donnerait vraiment pas tort. Pourquoi avait-il cédé ?
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Ven 7 Mai - 21:25
Chapitre 15

De bon matin, Kaori se tourna et ouvrit les yeux péniblement. Elle entrevit les lueurs rosées de l’aube là où les nuages gris laissaient quelques trouées. Avant, ce genre de spectacle la ravissait et la mettait de bonne humeur pour la journée. Ce jour-là, cela la déprima. Elle n’irait pas à la gare voir si un message serait inscrit, profitant d’une balade dans l’air frais, ne passerait pas au Cat’s papoter avec Miki et s’amuser de la façon dont elle faisait rougir son mari. Falcon lui manquait autant qu’elle. Pourtant, elle ne pouvait pas dire qu’ils se parlaient beaucoup mais il était là, présence rassurante, posée et il avait su être présent à des moments clefs de son existence. Elle n’enverrait pas Mick valser dans le mur parce qu’il aurait une nouvelle fois tenté de la peloter ou de l’embrasser, ne verrait pas Kazue s’énerver sur lui puis, comme elle, se rapprochait du comptoir pour entamer une conversation entre filles.

Elle pensa à Saeko et elle ne se dit pas qu’elle aurait aimé lui botter les fesses pour cette mission pourrie qu’elle leur avait encore une fois refilée. Elle aurait presque supporté de la voir flirter avec Ryo, de le voir le remettre en place avec son petit sourire en coin qui l’agaçait tant généralement. Elle sourit amèrement : tout était dans la nuance, elle aurait presque supporté… Elle savait ce qu’elle ne supportait plus en revanche. Elle réprima un hurlement de rage en entendant les vagues se fracasser sur la carlingue du cargo encore et encore. C’était pourtant un bruit qu’elle adorait avant, qui l’apaisait même, mais, aujourd’hui, elle n’en pouvait plus… même si c’était le seul bruit continu qui venait briser ce silence lourd de mystères et de danger. C’était une situation surréaliste de savoir que d’autres personnes étaient dans ce navire et qu’ils n’entendaient presque aucun bruit de vie. La seule manifestation qu’ils en avaient, c’était la livraison des repas et, par très rares moments, des bruits de pas dans le couloir. Le seul autre bruit était celui qu’elle avait entendu de manière très furtive, un bruit qu’elle savait connaître mais n’arrivait plus à identifier à cause de la fatigue, un bruit qui lui faisait froid dans le dos quand elle l’entendait…

Soudain, elle sentit le bateau se lever et se rabaisser aussi vite, très brusquement. L’effet ne se fit pas attendre. Son estomac se tordit violemment et elle bondit du lit pour courir aux toilettes, arrivant juste à temps une nouvelle fois. Elle sentit la bile lui brûler la trachée en plusieurs vagues acides. Elle ne faisait même plus attention aux larmes qui coulaient, provoquées par la douleur des remontées. Elle resta penchée sur la cuvette un long moment et, quand enfin l’épisode se calma, elle vit un verre d’eau apparaître devant elle pour se rincer la bouche, puis la serviette légèrement humide lui essuya le front et le cou avant ses lèvres sèches et gercées. Sans même un regard en arrière, elle se laissa aller et fut accueillie contre le torse de Ryo, une main venant se poser sur son ventre, le massant doucement, et l’autre sur son front, le caressant tendrement pour l’apaiser. Ils avaient leurs petits rituels depuis que le mal de mer était revenu en force deux jours plus tôt après seulement une journée de répit.

Au bout de quelques minutes, il la prit doucement dans ses bras et l’emmena dans la chambre sans un mot. Il s’assit sur le canapé, la prenant contre lui, la couverture posée sur eux. Il la serra contre lui et réprima le soupir de frustration qui ne demandait qu’à sortir. Même s’il ne le montrait pas, il n’en pouvait plus. Ce n’était pas dans ses habitudes de rester enfermé dans vingt mètres carré. Il trépignait d’impatience, il tournait comme un lion en cage et, même s’il ne se réjouissait pas du sort de sa partenaire, il avait au moins cela pour l’occuper, ça et le sexe puisqu’ils étaient toujours soumis aux mêmes séances d’intoxication. La seule chose qui avait évolué, c’était l’emprise qu’avait cette saleté sur lui. Elle était moins forte qu’au début parce qu’il refusait de se laisser aller alors que Kaori n’était pas bien. Ca ne marchait pas à chaque fois mais ça l’avait aidé.

Sentant le corps de sa compagne se détendre, il baissa les yeux et la trouva endormie. Il eut mal au cœur. Elle était épuisée, ses joues s’étaient creusées et elle était livide. Il avait vu ses côtes affleurer quand elle était penchée sur les toilettes et son ventre… Elle ne tiendrait jamais le coup deux jours de plus. Il aurait presque voulu voir apparaître leurs ravisseurs pour qu’ils lui remirent une perfusion comme la dernière fois. Elle en avait besoin. Précautionneusement, il l’allongea et s’étendit à ses côtés, posant sa tête sur son épaule. Il aimait la sentir sur lui, prendre ses doigts entre les siens, les serrer, jouer avec. C’était une des petites choses qui l’aidaient à tenir. Ca remplaçait la cigarette. Il sourit face à sa mauvaise foi : ça ne remplaçait pas la cigarette, c’était bien différent, bien mieux. Il n’avait même pas souffert de l’absence de nicotine. Il savait en revanche qu’il souffrirait du sevrage de sa nouvelle drogue dont il caressa la joue tendrement. Pourtant, il n’avait toujours pas le courage d’aller de l’avant avec elle.

Il passa une main dans ses cheveux, nerveux, et regarda le plafond. Il ne pouvait nier qu’il l’aimait. C’était un fait et tout ce qu’il avait fait depuis – il tourna la tête vers l’armoire où il gravait chaque jour qui passait un trait pour ne pas perdre le fil, aujourd’hui serait le sixième - quatorze jours maintenant, calcula-t-il, allait en ce sens. S’il ne l’avait pas aimée à ce point, il n’aurait pas cédé à ses pulsions, ne se serait pas tant pris au jeu du mariage, ne serait pas si inquiet pour elle, aussi frustré de son impuissance. S’il ne l’avait pas tant aimée, il aurait tenté le tout pour le tout sans se demander s’ils s’en sortiraient, si elle s’en sortirait. Là, il ne pouvait juste pas imaginer qu’elle ne put pas sortir de là indemne, elle ne serait pas en forme mais elle devait sortir indemne. C’était impératif surtout… Il baissa de nouveau les yeux vers elle et remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Il sentit l’anxiété enserrer sa gorge et déglutit péniblement, chassant cette idée.

C’était une donnée qu’il ne pouvait intégrer. C’était trop ingérable pour lui. Chaque fois qu’il y pensait, il avait à la fois l’impression de flotter et de sombrer. C’était un déchirement pour lui de penser qu’il avait pu la mettre enceinte dans ces conditions, de la voir forcée de porter un bébé qu’ils n’avaient pas voulu et qu’il n’était pas sûr de pouvoir assumer. En même temps, c’était un rêve utopique qui se réalisait et il sentait son cœur gonfler rien que d’y penser. Le sentiment était tellement ambivalent que cela le déstabilisait souvent pendant un moment et il ne pouvait pas se le permettre, pas maintenant qu’ils devaient tenter de garder la tête froide. S’il avait bien compté, d’ici la fin de semaine, ils seraient fixés. Jusque là, il tenterait de ne pas y penser.

Un bruit différent se fit soudain entendre et Kaori se réveilla.

- Qu’est-ce que c’est ?, demanda-t-elle.
- Reste là., dit-il en se levant.

Il approcha des hublots et vit un petit bateau à moteur s’éloigner du cargo avec trois hommes dont deux armés à bord, les deux semblant surveiller quelque chose, quelqu’un, se dit-il, allongé sur le sol.

- Je pense qu’ils ont libéré un autre otage., lui apprit-il, revenant près d’elle.

Il attrapa le verre d’eau posé sur la chevet et le lui tendit. Il ne dit rien mais elle comprit l’ordre implicite et avala un peu d’eau par toutes petites gorgées, s’arrêtant quand son estomac recommença ses saltos. Elle lui rendit le verre qu’il reposa avant de venir à ses côtés et l’attirer contre lui.

- Tant mieux pour lui., soupira-t-elle.
- Oui. Tu es gelée, Kaori. Tu ferais peut-être bien d’aller prendre un bain., lui conseilla-t-il.
- Peut-être., répondit-elle d’une toute petite voix.
- Reste éveillée, ma belle. Je sais que tu es fatiguée mais fais un effort. Juste quelques minutes. Laisse tomber le bain. Je t’emmène prendre une douche., décida-t-il.
- Tout ça pour pouvoir me toucher…, plaisanta-t-elle à voix basse.
- Oui. Je suis un pervers, tu le sais bien., la taquina-t-il.

Il la prit dans ses bras et l’emmena à la salle de bains. Quand l’eau fut assez chaude, il les glissa sous l’eau et la soutint contre lui.

- Allez, Kaori, un tout petit effort. Juste pour quelques minutes. Ca va te rafraîchir., l’encouragea-t-il.
- Je suis si fatiguée., murmura-t-elle, ses yeux se refermant tous seuls.
- Je sais. Je vais te laver mais essaie de rester debout, d’accord ?

Elle le regarda, les yeux mi-clos, et acquiesça, prenant appui sur la paroi de la douche. Sans tarder, il prit du gel douche, le fit mousser entre ses mains et le passa sur tout son corps rapidement. Il lui lava les cheveux, la tenant contre lui, puis, après s’être lavé à son tour et les avoir rincés, ils sortirent de l’eau.

- Je n’en peux plus, Ryo., murmura-t-elle.

Comme pour prouver ses dires, ses jambes flanchèrent et il eut à peine le temps de la rattraper. La prenant contre lui, il l’emmena dans la chambre et la coucha, déjà endormie, sur le lit. Doucement, il la sécha de la tête aux pieds avant de se sécher lui-même. Soucieux, il s’assit sur le bout du lit et se frotta le visage avec les mains avant de se relever et de prendre le drap aux pieds de Kaori pour l’en recouvrir. Voyant qu’il s’était pris dans ses orteils, il le retira délicatement. Soudain, ses sourcils se froncèrent et il écarta son gros orteil droit de son voisin laissant apparaître l’espace entre les deux parsemé de traces d’aiguilles. Il examina le même espace sur son pied gauche et y vit également des traces. Il sentit la colère le gagner. Injection ou prélèvement ? Etait-ce pour cela qu’ils l’avaient aidée quelques jours plus tôt et plus maintenant. Ils testaient sur elle ? Il ne pouvait y croire. Ils avaient envisagé le trafic d’êtres humains mais pas des tests sur eux…

Soucieux, il examina tout le reste de son corps à la recherche d’autres traces de prélèvement ou de piqûres et n’en trouva pas, ce qui le soulagea. Par mesure de précaution, il s’examina du mieux qu’il put et ne trouva aucune trace chez lui non plus. Qu’avait-elle de plus que lui ? Pourquoi expérimenter sur elle et pas sur lui ? C’était une femme… Est-ce qu’ils avaient touché à sa féminité ? Est-ce qu’ils lui avaient pris des ovules ou injecté un produit qui pouvait la rendre stérile ? Toutes ces suppositions le rendaient dingue. Il devait se calmer et surtout ne pas l’inquiéter : elle était déjà assez fragile ainsi.

Il tira le drap sur elle et s’assit dans le lit à ses côtés. Il se demandait quand ils venaient faire leurs expériences et en conclut que leur endormissement devait, lui aussi, être aidé. S’assurant de leur inconscience, leurs ravisseurs pouvaient alors faire ce qu’ils voulaient. Cette pensée le fit frémir et il s’allongea pour pouvoir la prendre contre lui. Il se sentait impuissant et inutile. Il avait toujours pensé qu’il serait en mesure de la protéger mais il s’était trompé et ça faisait mal parce qu’au final, elle en souffrait plus que lui.

Lorsque Kaori se réveilla à nouveau, il devait être aux alentours de midi puisqu’un plateau repas fut poussé par la trappe au sol. Ryo alla chercher le plateau et le posa sur une table au loin.

- Il y a du bouillon. Tu veux essayer de manger un peu ?, lui proposa-t-il.

Elle le regarda avec beaucoup d’appréhension et, bien qu’elle n’en avait pas envie, elle accepta tout de même. Elle se leva, vacillante, et approcha de la table où elle prit place, essayant d’oublier les autres odeurs. Elle attrapa la cuillère et la porta à ses lèvres mais, la force lui manquant, elle la fit tomber. Elle s’y reprit à deux fois en vain et Ryo finit par la lui prendre des mains.

- Je vais te donner. Tu es trop faible., dit-il avec douceur.

Elle acquiesça, les yeux brillant de larmes. Il porta la cuillère à ses lèvres et elle avala le liquide chaud. Son estomac se tordit quelques fois puis finit par se calmer et elle lui demanda une nouvelle cuillère. Patiemment, elle réussit à avaler cinq cuillères avant de déclarer forfait. Ce n’était pas grand-chose mais si elle réussissait à les garder, ce serait déjà un bon signe.

Epuisée, elle alla s’asseoir dans le divan, tirant la couverture sur ses jambes. Elle regarda Ryo manger, voyant bien qu’il n’y prenait aucun plaisir, puis se laissa aller à somnoler. Elle entendit une nouvelle fois ce bruit étrange et tressaillit. Son mari se tourna vers elle et leva un sourcil.

- C’est ce bruit… je ne le supporte plus., dit-elle, lasse.
- Quel bruit ?, demanda-t-il.
- Je ne sais pas. On dirait un animal mais je n’en suis pas sûre. C’est tellement faible., répondit-elle, jetant un regard angoissé vers la porte.
- Ca te fait peur ?
- Peur ? Non, pas vraiment. Je ne sais pas comment définir ce que je ressens. De l’angoisse peut-être. Ca me perturbe., avoua-t-elle.
- Je n’ai pas entendu, sinon je voudrais bien t’aider. J’ai entendu des grincements mais ça ne ressemble pas à cela a priori., conclut le nettoyeur.

Elle secoua la tête négativement, se mordant la lèvre nerveusement.

- J’ai l’impression de devenir folle, Ryo. Je sais au fond de moi-même que je connais ce son mais c’est comme si mon esprit ne voulait pas me le dire., lui expliqua-t-elle, se triturant les doigts.

Ryo se leva et vint s’asseoir à ses côtés, posant une main sur les siennes pour la calmer. De l’autre, il caressa sa joue et réussit à capter son attention.

- Tu est stressée, Kaori, et épuisée. Tu n’es pas folle. Le corps a parfois besoin de mettre en place des mécanismes de protection. C’est peut-être juste cela., tenta-t-il de la rassurer.
- Tu crois ?

Il hocha doucement la tête. Elle l’observa encore un moment avant de finir par se dire qu’il avait certainement raison et se rallongea avant de s’endormir un peu. Elle fut de nouveau réveillée par une crise de vomissements, se recouchant dans les bras de son partenaire après le même rituel. Ce ne fut d’ailleurs pas la seule de la fin de journée… Plusieurs fois encore dans l’après-midi puis la soirée, elle eut l’impression d’entendre le même bruit mais le repoussa au fond de son esprit. Elle devait divaguer. Alors que la nuit tombait, ils entendirent de nouveau le bateau à moteur repartir et se regardèrent circonspects. Encore une libération peut-être. Le mouvement semblait s’accélérer. Pourquoi ? Craignaient-ils d’être pris ? Avaient-ils atteint leurs objectifs ? Ils finirent par s’endormir d’un sommeil lourd.

Le lendemain matin, ils se réveillèrent presque en même temps, une nouvelle fois au son du canot à moteur. Ryo se leva pour aller observer le départ puis revint vers elle et prit ses pieds, les examinant.

- Qu’est-ce que tu fais ? Tu deviens fétichiste ?, plaisanta-t-elle faiblement.
- Non, je vérifiais que c’était propre., dit-il en déposant un baiser sur sa voûte plantaire.

Le geste la chatouillant, elle tenta de retirer son pied en riant. Cela faisait maintenant plusieurs jours que ce n’était pas arrivé et ça leur fit du bien à tous les deux jusqu’à ce qu’elle posa une main sur sa bouche, blême. Elle bondit du lit mais n’eut pas le temps d’atteindre les toilettes. Elle trouva sur son chemin une poubelle qui accueillit le contenu de son estomac dans une odeur piquante et désagréable. Elle termina à genoux par terre et trouva malgré tout un verre d’eau devant elle quand la crise passa enfin puis vint la serviette et les bras de son amant. Ils finirent par se coucher dans le lit et elle s’endormit à nouveau.

Ryo regarda par le hublot et vit contrarié le ciel se couvrir de vilains nuages noirs. Une tempête se préparait, ce qui signifiait qu’elle allait souffrir dans les heures à venir. Bientôt, il sentit la houle s’accentuer. Ils avaient beau être dans un cargo, ils ressentaient tout de même les mouvements assez fortement. Les vagues grossissant, le bruit qu’elles faisaient en claquant sur la coque du bateau était assourdissant. Ce fut l’un d’eux qui réveilla la nettoyeuse en sursaut, frappant de plein fouet les hublots.

- Il y a des risques qu’ils explosent ?, demanda-t-elle faiblement.
- Normalement non. C’est prévu pour résister., répondit Ryo, d’un ton rassurant.

Elle acquiesça et se nicha contre lui quelques minutes avant de courir vers les toilettes. La pluie commença peu après, frappant agressivement les ouvertures, brouillant la vue. La cabine s’assombrit et l’ambiance devint pesante. Revint alors ce bruit qu’elle tenta une nouvelle fois de chasser au fond de son esprit. Comme si tout cela ne suffisait pas, un éclair illumina brièvement la pièce et Ryo vit le teint livide de sa compagne ainsi que son visage défait. Il l’entendit gémir lorsque le tonnerre se mit à gronder et, au second éclair, il ne put que constater les larmes qui roulaient librement sur ses joues coulant de ses yeux terrifiés. Il se leva et la prit dans ses bras. Kaori avait peur de l’orage. Elle en avait déjà peur à l’abri chez eux sur la terre ferme. Il ne pouvait qu’imaginer son calvaire alors qu’elle devait affronter tous les éléments qui l’entouraient déchaînés. Le bateau tanguait fortement entre chaque vague, les ballottant comme de simples fétus de paille dans le vent.

Il ne fallut pas longtemps à la troisième personne de la pièce, l’estomac de Kaori, pour se manifester et elle termina l’après-midi penchée au-dessus de la cuvette des toilettes, se vidant quasiment sans relâche. Soucieux, Ryo se demandait quand cela allait virer au drame, non pas Kaori lui faisant une crise, mais quand la bile qu’elle recrachait virerait au rouge, signe qu’elle s’était blessée quelque part à force de rendre. Il appréhendait ce moment. Leurs ravisseurs la soigneraient-ils ou la laisseraient-ils mourir ? Il passa une main dans ses cheveux, détestant à nouveau ce sentiment d’impuissance. Comment avait-il pu laisser les choses en arriver là ?

Se sentant sur le point de hurler, il préféra sortir un moment de la pièce pour reprendre le dessus. Il s’appuya à l’un des hublots et regarda l’orage s’éloigner. D’ici une demi-heure, ce ne serait qu’un mauvais souvenir, pensa-t-il. D’ici combien de temps leur emprisonnement ne serait-il qu’un mauvais souvenir lui aussi ? Il jeta un œil vers Kaori qui avait la tête posée sur la porcelaine, de la même couleur que son visage. Vite, il espérait. Elle ne tiendrait pas à ce rythme. Elle avait besoin de soins, de manger, de se réhydrater, de dormir… La voyant de nouveau se pencher au-dessus de la cuvette, il retourna auprès d’elle, passant une main dans son dos pour la réconforter. D’habitude, c’était elle qui prenait soin de lui. Quand ça aurait dû être son tour, il s’était bien souvent défilé et avait laissé ce rôle à d’autres mais, aujourd’hui, il n’y avait personne d’autre et il ne pouvait pas la laisser seule.

Quand la tempête se calma enfin quelques heures plus tard, la nuit était tombée. Le repas avait été distribué et repris et aucun bruit ne troublait le silence hormis, encore et toujours, le bruit des vagues sur la coque.

- J’ai mal partout., souffla Kaori, épuisée.
- C’est normal. Tu es restée longtemps à genoux au même endroit et tu as dû te crisper pendant ta crise. Prends un bain. Ca te délassera un peu.
- Oui.

Sans grand entrain, elle fit couler l’eau. Souhaitant lui mettre un peu de baume au cœur, Ryo ajouta un peu de savon pour la faire mousser et resta près d’elle.

- Tu as vécu des tempêtes comme cela aussi en venant d’Amérique Centrale ?, lui demanda-t-elle soudain, posant un regard épuisé sur lui.
- Une. On avait eu le temps de se préparer.
- Tu penses que c’est pour cela qu’ils ont débarqué des otages hier ?
- Oui. Ca a peut-être bousculé leur programme., répondit-il.
- Tu crois…
- Chut…, l’interrompit-il, un doigt sur les lèvres.
- Je crois que tu as besoin de te détendre un peu. Essaie d’oublier tout cela pour le moment.

Elle lui lança un regard qui lui disait plus facile à dire qu’à faire mais n’insista pas. Ils restèrent silencieux un long moment, profitant juste d’un moment de calme. Soudain, ce bruit revint une nouvelle fois et elle jeta un regard vers la porte puis vers Ryo qui regardait dans la même direction.

- Tu l’as entendu, n’est-ce pas ?, souffla-t-elle.
- Oui., répondit-il.
- Tu as une idée de ce que c’est ?
- On dirait un mouton ou quelque chose dans le genre., dit-il.
- Ils transportent peut-être du bétail dans le fond du cargo. Ca leur fait une explication en cas de contrôle thermographique., expliqua-t-il, dubitatif.
- Ou alors c’est leur garde-manger., proposa Kaori.
- T’es futée quand tu veux., plaisanta-t-il pour alléger la tension.

Elle l’éclaboussa d’eau, vexée, et ils rirent un peu à deux. Peu après, elle sortit de l’eau et ils allèrent se coucher.

En pleine nuit, Kaori se réveilla à nouveau prise de nausées. Elle se précipita aux toilettes et recommença à vomir. Elle avait envie de hurler car à chaque passage elle avait l’impression qu’on lui transperçait la trachée de coups de couteau. Les larmes venaient d’elles-mêmes intarissables. Quand elle se releva, Ryo était à ses côtés une nouvelle fois mais elle passa près de lui comme si elle ne le voyait pas. Elle approcha de la porte de leur chambre et posa la tête et les mains dessus. Il ne l’avait jamais vue aussi en détresse et ne savait quoi faire pour l’apaiser.

- Je veux sortir., murmura-t-elle.
- Je veux sortir. Laissez-nous partir., dit-elle un peu plus fort.
- Vous m’avez entendue ? Laissez-nous sortir !, appela-t-elle, tapant du poing sur la porte.
- Je veux sortir. Laissez-nous nous en aller ! Je veux sortir ! Pourquoi vous nous faites cela ! Laissez-nous partir ! J’en ai assez !, hurla-t-elle, tambourinant sur la porte furieusement.
- Laissez-nous sortir ! Je veux partir. Je veux rentrer chez moi. Laissez-nous partir., redit-elle, sa voix perdant en force et se transformant en sanglots.
- Kaori…, murmura Ryo, impuissant.

Sans le vouloir, elle le renvoyait à ses faiblesses, sa frustration, son impuissance. Il avait voulu être là pour elle mais, à ce moment précis, c’était comme si elle pointait son échec du doigt et il ne se sentait pas le droit de l’approcher ni de la toucher. Il avait failli, il l’avait trahie et ça le tétanisait.

Prise dans sa propre tourmente, Kaori ne s’en aperçut pas. Elle resta un long moment appuyée tête et mains sur la porte à pleurer et, quand les larmes cessèrent, elle ne put pas bouger. Elle savait que la porte ne s’ouvrirait pas, que ses appels n’aboutiraient pas mais elle ne pouvait pas bouger. Elle n’en avait plus la force, ni l’envie. Elle ne voyait plus d’espoir dans leur situation. Elle était tout simplement à bout. Elle se sentait anesthésiée. Elle ne ressentait plus rien, ni colère, ni haine, ni désespoir, elle était juste vidée. Il n’y avait plus de sens à rien, ni à lutter, ni à crier, ni à espérer. Elle ne voulait surtout pas se retourner et affronter le regard dur et déçu de Ryo quand il verrait qu’elle avait abandonné parce que, très clairement dans sa tête, elle était au bord du gouffre et se sentait prête à faire le dernier pas.

Elle entendit soudain au travers de la porte un son étouffé suivi du bruit. Son cœur se figea et ce fut comme si un voile se déchirait dans son esprit. Effarée, les yeux écarquillés, les mains tremblantes, elle se retourna, s’adossant à la porte, et regarda son partenaire, incapable d’émettre le moindre son.

Ryo la regarda et sentit son cœur accélérer. Il se précipita vers elle et la saisit par les épaules.

- Kaori ? Kaori, que se passe-t-il ? Kaori ?, Kaori, parle bon sang !, cria-t-il.

Elle leva les yeux vers lui et ce qu’il y vit le glaça.
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Dim 9 Mai - 14:42
Chapitre 16

- Kaori, que se passe-t-il ?, murmura Ryo.

Il ne lui avait jamais vu un tel regard. Il était empli d’une férocité intense, de peur et de douleur mélangées. Qu’avait-elle entendu qui avait pu la mettre dans un tel état ? La voyant perdue dans sa découverte, il posa une main sur son visage et sa pupille se rétrécit légèrement. Elle sembla enfin s’apercevoir réellement de sa présence.

Elle ouvrit la bouche, la referma, ne sachant comment lui dire. Elle trouvait cela tellement atroce et n’osait imaginer ce qui advenait après… Elle leva la main pour le toucher, hésita, la rebaissa… Elle sentait une colère noire gronder à l’intérieur d’elle en même temps qu’elle était morte de peur. Elle ne savait comment gérer toutes ces émotions. Elle ne s’en sentait plus maîtresse. Et elle avait si mal. Son cœur se serrait à l’idée de penser qu’elle n’avait su être aux rênes de sa destinée, que celle-ci lui échappait une nouvelle fois… Elle sentit son estomac se contracter de nouveau et elle se précipita au dessus de la cuvette des toilettes pour vomir une fois de plus de la bile.

Posant une main sur son estomac, elle se posa pour la première fois la question : et si… Elle laissa sa main descendre plus bas sur son ventre, se demandant si elle aussi était déjà…

- Kaori. Kaori, parle-moi s’il te plaît., murmura Ryo, inquiet.
- Qu’est-ce que tu as entendu ?

Elle leva les yeux vers lui.

- Un cri de femme et des pleurs de bébé. C’est ce que j’entendais depuis plusieurs jours et que je n’arrivais pas à identifier., lui dit-elle.
- Ryo, il y a des bébés sur ce bateau. C’est pour cela qu’ils gardent les couples aussi longtemps, c’est pour cela qu’ils utilisent la drogue et qu’ils nous laissent nus dans la cabine. Ils veulent que nous fassions l’amour aussi souvent que possible pour procréer. J’en suis sûre., résuma-t-elle.

Ryo sentit son cœur s’arrêter de battre. Il y avait donc beaucoup plus d’otages que prévu. Combien de femmes avaient déjà accouché ? Combien étaient enceintes ? Kaori ?

- Que font-ils des bébés, Ryo ? Il les vendent à l’adoption, tu crois ?, demanda-t-elle d’une voix étranglée.

Il la regarda et vit sa détresse. Elle adorait les enfants. Cela lui serrait déjà le cœur lorsqu’elle allait voir ceux de l’orphelinat qui étaient arrivés là par les aléas de la vie, ayant perdu leurs parents. Il imaginait très bien sa colère et sa peine à savoir que des hommes pouvaient volontairement arracher des bébés à leurs mères. Il l’attira contre lui comme pour la protéger de tout cela et tenta de réfléchir plus posément.

D’un autre côté, se dit-il, pourquoi s’encombrer d’une mère avant même qu’elle eut conçu ? Pourquoi enlever des couples pour les faire s’accoupler ? Pourquoi des jeunes couples ? Pour un trafic de bébés, il leur « suffisait » d’enlever des femmes enceintes proches de l’accouchement même s’ils voulaient s’assurer de la catégorie sociale de leurs proies. Non, ça ne cadrait pas avec les soins qu’ils apportaient qui devaient leur revenir cher également.

- Je ne pense pas, Kaori. Je pense qu’ils se sont assurés d’un moyen de recevoir la deuxième rançon. Tu donnerais quoi pour revoir ton enfant, ton héritier ?, lui demanda-t-il.
- Ma vie., répondit-elle, levant les yeux vers lui.
- Sans aller jusque là, tu paierais tout ce qu’on te demanderait, non ?
- Oui.
- C’est ce dont ils se sont assurés. Ils se sont certainement dits que certains de ces hommes ne paieraient pas de rançon pour leur femme, mais qu’ils paieraient pour leur enfant soit par sentiment de filiation soit par pression familiale., résuma-t-il.
- C’est horrible., murmura-t-elle.

Il ne dit rien mais la serra un peu plus contre lui. Il n’osait poser la question qui le taraudait. Il appréhendait la réponse quelle qu’elle fut.

- Kaori… Tu… Comment tu te sens ?, l’interrogea-t-il.
- Mal…, répondit-elle à voix basse.

Il sourit à sa réponse qui n’était pas celle qu’il attendait mais c’était de sa faute aussi, il n’avait qu’à être plus direct plutôt que de tourner autour du pot.

- Je sais mais… est-ce que tu ressens… est-ce que tu as… la sensation que tu pourrais…
- Etre enceinte ?, le coupa-t-elle, sentant son malaise
- Je ne sais pas. C’est possible, je suppose, puisque on a eu des rapports non protégés le week-end de notre mariage et que c’était le milieu de mon cycle… dit-elle.
- Mais maintenant l’implant est efficace, donc on n’a plus de soucis à se faire si on n’a pas été efficaces à ce moment-là., constata Ryo, croisant les doigts pour qu’ils ne l’aient pas été.
- Oui, cette petite chose me protège pour trois ans., dit-elle, soulevant son bras, touchant l’endroit où le Professeur l’avait inséré.

Elle rebaissa le bras et se recala contre lui. Elle sourit en se disant que la zone n’était plus sensible, à peine un léger tiraillement comme elle avait ressenti à la base de son crâne quand la puce avait été insérée et sa peau collée. Même le léger renflement semblait avoir disparu… Elle sentit le froid l’envahir et releva le bras, cherchant frénétiquement.

- Kaori ?, s’inquiéta Ryo, la regardant faire.

Elle ne l’entendit pas, trop prise à chercher, et elle finit par trouver. Elle agrippa un morceau de peau et tira.

- Arrête, tu es folle. Qu’est-ce que…, commença-t-il.

Il s’arrêta en voyant l’incision sur son bras et le morceau de latex de la même couleur que sa peau qu’elle tenait entre ses doigts.

- Non…, murmura-t-elle, le regard empli de désillusion.
- Non ! Non, non et non !, cria-t-elle.
- Ils m’ont enlevé mon implant, Ryo. Ils m’ont enlevé mon implant ! Je… non !, s’énerva-t-elle avant de pleurer.

Il la prit de nouveau dans ses bras, n’arrivant pas non plus à y croire. Ils n’avaient rien laissé au hasard. Ils devaient sortir de là au plus vite. Ils ne pouvaient rester un mois de plus prisonniers de cette chambre au risque supplémentaire de créer une petite vie qu’il n’était pas prêt à assumer… si ce n’était déjà fait, lui souffla une petite voix dans sa tête. Il la sentit trembler contre lui et vit sa peau se couvrir de chair de poule. Il ressentit alors le froid de la pièce et la força à se lever.

- Viens, on va essayer de dormir., dit-il.
- Je n’en ai pas envie. Je veux sortir d’ici., répondit-elle, se dégageant de son emprise.
- Je sais. Moi aussi, je veux sortir d’ici mais, pour cela, nous devons concevoir un plan et tu dois reprendre des forces., lui affirma-t-il patiemment.
- Kaori, si on devait se battre maintenant, tu ne tiendrais pas le coup. Même courir, tu n’en serais pas capable. Je ne sais pas à quoi m’attendre dans ce cargo. Je ne sais pas où sont les canots de sauvetage qu’on pourrait utiliser. Ca veut dire qu’on devrait fuir et se cacher sur le bateau un bon moment avant de pouvoir en descendre. Et on ne peut pas non plus abandonner toutes ces personnes et ces enfants. Il faudra donc rester sur le bateau jusqu’à l’arrivée des secours. Ca peut prendre plusieurs heures à devoir se cacher et rester sur nos gardes.

Il posa une main sur sa joue, la voyant blêmir au fur et à mesure.

- Ca veut dire de la tension et de la fatigue. Si tu ne reprends pas des forces, c’est perdu d’avance et je m’en tiens au plan initial où je vais être libéré et tu devras attendre que je revienne. Très franchement, je ne veux pas te laisser seule entre leurs mains., lui avoua-t-il.
- Moi non plus., balbutia-t-elle, honteuse d’admettre sa faiblesse.
- Alors, pour le moment, on va aller se reposer et essayer de trouver un moyen de lutter contre ton mal de mer pour que tu puisses manger et reprendre des forces. On est d’accord ?
- Oui.
- Allez, viens. Une chose à la fois, Kaori., souffla-t-il, prenant sa main.

Il l’emmena dans le lit et ils se couchèrent dans les bras l’un de l’autre. Le sommeil ne les cueillit qu’au petit matin alors que la lumière du jour perçait à travers les hublots. Ils dormirent une heure avant d’être réveillés par le grincement de la trappe annonçant l’arrivée du petit-déjeuner.

- Allez, on y va à deux à ton rythme mais il faut que tu manges un peu., l’encouragea-t-il.

Elle lui jeta un regard inquiet puis redressa le menton et vint s’asseoir à table. Elle ne pouvait nier que leurs ravisseurs faisaient le nécessaire pour équilibrer leurs repas. Il y avait café, thé et pain mais aussi des fruits et deux laitages. Hésitante, elle avala un morceau de fruit sentant son estomac se révulser. Elle se leva mais Ryo la retint.

- Non, essaie de lutter. Viens ici., dit-il, l’attirant sur ses genoux.
- Pense à autre chose. Respire lentement et profondément. Essaie les techniques de relaxation que tu connais. Ca ne peut qu’aider.

Il sentait la tension dans son corps et son estomac se tordre sous sa main. Il continua à lui parler doucement pour l’apaiser tout en lui caressant le dos. Progressivement, Kaori sentit les spasmes se calmer et la fébrilité passa.

- Ca va mieux., finit-elle par dire.
- Encore un morceau ?, lui proposa-t-il.
- Un peu de thé d’abord.

Elle réussit ainsi à avaler quelques morceaux de plus et un quart de sa tasse de thé. Ce n’était pas grand-chose mais déjà un peu plus que ce qu’elle avait mangé les jours précédents. Ils restèrent toute la matinée assis dans le lit, Kaori assise entre les jambes de Ryo, à trouver un moyen de résister aux nausées et vomissements sans médicament. L’expérience du midi fut un échec, les spasmes prenant le dessus dès la première bouchée avalée mais ils ne baissèrent pas les bras et recommencèrent le soir avec plus de succès.

- Tu as remarqué ?, fit Kaori, alors qu’ils étaient tous les deux allongés dans le lit.
- Ta beauté ?, la taquina-t-il.

Il la vit rosir de plaisir, ce qui lui donna un peu de couleur.

- Pas de drogue aujourd’hui., précisa-t-elle.
- C’est vrai. Ils sont peut-être à court., répondit-il, sans y croire.
- Ou alors ils savent où j’en suis de mon cycle ou si je suis enceinte…, murmura-t-elle.
- C’est trop tôt pour la deuxième option, non ?, se raccrocha Ryo, sombrement.

Kaori réprima le pincement de douleur qu’elle ressentit à sa réponse. Elle savait qu’il n’envisageait pas d’avoir d’enfant et elle ne l’avait pas envisagé non plus, ou plutôt, pour être honnête, elle l’avait rayé de ses listes de souhait puisque ce n’était pas le sien et qu’elle n’envisageait pas d’aimer un autre homme. Néanmoins, ça restait douloureux de l’entendre de vive voix.

- Certainement…, laissa-t-elle échapper.
- Mon corps te manque, ma chérie ?, lui demanda-t-il, le regard pétillant.
- Même pas dans tes rêves…, grogna-t-elle, lui tournant le dos.

Elle se mordit les lèvres et tenta de cacher la rougeur qui lui monta aux joues. Elle refusait d’admettre que, oui, elle avait envie de lui même si elle était épuisée, qu’après des jours à se sentir mal, à avoir froid, à être stressée, elle avait envie d’oublier un peu cette situation et de revivre un corps-à-corps torride avec lui en étant lucide. Elle savait que quoi qu’il advint, ils allaient boucler cette mission dans les jours à venir et qu’elle n’avait aucune idée de ce qui se passerait après. Si elle devait toutefois parier, elle ne miserait pas sur la permanence de leur couple. Pour elle, il prendrait fin quand ils descendraient de ce bateau.

- Tu es sûre ?, susurra-t-il à son oreille.
- Oui.
- Vraiment sûre ?, l’interrogea-t-il, déposant des baisers le long de son cou.

Il ne savait pourquoi il la sentait morose et il voulait à tout prix la voir retrouver sa bonne humeur, ce sourire qui l’avait ébloui pendant la croisière à chaque fois qu’ils avaient fait l’amour de leur plein gré. Il voulait la voir combative et qu’elle retrouva son envie de vivre et de s’en sortir. Il devina le rire qu’elle tentait d’étouffer et se prit à sourire. Il descendit le long de son épaule puis remonta jusqu’à sa joue.

Quand elle sentit sa bouche revenir sur son visage, Kaori tourna instinctivement la tête. Elle avait envie de ses lèvres sur les siennes et fut heureuse de les retrouver, chaudes, humides, tendres. Elle se retourna et sentit ses bras se refermer sur elle. Elle glissa les siens autour de sa taille et se serra un peu plus contre lui. C’était bon de le retrouver pour un moment autre que ses après-vomissements.

Quand ils se séparèrent, Ryo la regarda et vit un sourire s’afficher sur ses lèvres.

- Je préfère te voir sourire, Kaori., murmura-t-il, caressant ses lèvres.
- Merci d’être là., répondit-elle.
- De rien. Si je peux t’être utile…, plaisanta-t-il.

Elle baissa les yeux, se mordillant la lèvre, puis les releva.

- Je… J’ai envie de toi, Ryo., avoua-t-elle.
- J’ai envie que tu me fasses l’amour sans drogue, sans obligation, sans attente particulière. Juste toi et moi maintenant., ajouta-t-elle doucement.

Il l’observa un moment, pas vraiment sûr de devoir céder. Il ne voulait pas lui donner de faux espoirs d’un lendemain possible entre eux. D’un autre côté, ils n’avaient que peu de temps devant eux pour vivre cette histoire. Ne devait-il pas profiter de chaque instant ? Voyant ses doutes, Kaori posa une main sur sa joue.

- Ryo, je suis encore ta femme. Je ne te demande rien d’autre que quelques moments de plaisir. Tu retrouveras ton assistante dès notre retour à la maison., lui affirma-t-elle, les yeux dans les yeux.
- Je te promets que je ne ferai pas d’histoires, peu importe ce qui arrive., ajouta-t-elle à voix basse, réprimant les larmes qui montaient.
- Je le sais, Kaori. Tu as toujours su te contenter de ce que je te donnais. Moi, je suis incapable de profiter de ce que tu m’offres., avoua-t-il.

Ils se regardèrent un moment puis se rapprochèrent et s’aimèrent un long moment avant de s’endormir.

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin, Kaori se sentait un peu mieux. Elle ne s’était pas levée de la nuit pour rendre pour la première fois depuis une semaine et son sommeil avait donc été réparateur. En revanche, elle ne put rien contre la nausée qui l’accueillit rapidement et bondit jusqu’aux toilettes où elle évacua une nouvelle fois de la bile. Elle avait au moins digéré son repas de la veille au soir, ce qui était déjà une bonne nouvelle… Un verre d’eau se présenta devant elle quand les spasmes se calmèrent.

- Désolée, je n’ai pas eu le temps de gérer., s’excusa-t-elle.
- Ca va. Ne t’inquiète pas. Sans médicament, je ne m’attends pas à cent pour cent d’efficacité. Je veux juste que tu reprennes des forces., la rassura-t-il.
- Je te laisse prendre ta douche. Après, petit-déjeuner.

Elle acquiesça et se glissa sous l’eau chaude, maîtrisant tant bien que mal les soubresauts de son estomac. Ryo lui succéda quand elle en sortit. Il ne le lui disait pas encore mais il cogitait à la façon dont ils devaient s’y prendre pour sortir de là. Il voulait lui proposer un plan bien ficelé pour qu’elle ne s’inquiéta pas outre mesure. Il se sentait déjà suffisamment fautif pour l’avoir entraînée dans cette histoire avec un plan aussi bancal. Le prochain plan qu’il lui présenterait serait net, clair et précis… et du style qu’il appréciait : sortir, tirer dans le tas et libérer les otages. Bon d’accord, peut-être un plus élaboré tout de même. Il avait quand même une cinquantaine de personnes à secourir dont probablement des femmes enceintes – dont la sienne ?, il écarta cette pensée parasite – et des bébés. Il ne comptait pas vraiment sur l’aide des autres hommes qui n’auraient certainement jamais manié une arme de leur vie et ne pourrait donc compter que sur eux deux même s’il aurait préféré mettre Kaori à l’abri.

Quand il revint dans la chambre, le plateau du déjeuner était sur la table et Kaori avait les yeux fermés, une main sur son estomac. A voir la légère grimace qui s’imprimait par moment sur son joli visage, elle tentait de dompter les spasmes stomacaux pour conserver un minimum d’aliments. Elle rouvrit les yeux deux minutes plus tard, poussant un soupir de soulagement.

- Et de deux…, dit-elle en prenant la tasse de thé dont elle but une gorgée.
- Je préfère celui de la maison., lâcha-t-elle, claquant la langue, légèrement dégoûtée.
- Tout te paraîtra meilleur à la maison. C’est un avantage d’être pris en otage., répondit-il stoïquement.
- Presque tout…, murmura-t-elle, la tasse masquant ses mots.

Chez eux, elle n’aurait plus le droit de profiter de ses bras et de lui. Il redeviendrait son partenaire pervers et irresponsable en apparence. Ils feindraient que rien ne s’était passé ou rien d’important en tout cas. Après tout, qu’étaient quelques baisers ? Elle regarda sa main gauche et vit sa bague de fiançailles et son alliance. Elle devrait les lui rendre, il les retournerait certainement au magasin pour récupérer l’argent et aller le dépenser dans les cabarets. Son cœur se serra tout comme son estomac et elle ferma les yeux pour se concentrer et ne pas rendre ce qu’elle avait avalé. Cela eut le double avantage de lui permettre de réprimer les larmes qui voulaient sortir.

- Respire., murmura-t-il, posant une main sur sa joue.

S’imaginait-il à quel point ce geste lui était douloureux sur le moment ? Elle avait le vrai Ryo en face d’elle, celui qui ne portait pas de masque pour cacher l’homme qu’il était, celui dont elle soupçonnait depuis longtemps la tendresse et l’attention. L’homme fort et stable apparaissait souvent mais pas le plus sensible dont elle n’avait eu que quelques aperçus en sept ans. Elle inclina le visage pour profiter de ce geste malgré tout. Elle voulait se souvenir d’un maximum de choses. Quand elle retrouva son calme, elle rouvrit les yeux et le regarda.

- Ca va mieux, merci., murmura-t-elle.

Pour masquer la cause réelle de son précédent désarroi, elle attrapa un laitage et une cuillère, se concentrant sur chaque bouchée. Ce faisant, elle réussit à le manger en entier à la grande satisfaction de son partenaire.

- Ca passe ?, lui demanda-t-il, posant une main sur son ventre.
- Je me sens un peu barbouillée. Je n’aurais pas dû forcer., dit-elle en grimaçant.
- Viens t’asseoir.

Il l’entraîna sur le lit, l’asseyant entre ses jambes, une main sur le haut de son ventre.

- Tu as déjà meilleure mine, Kaori. Je ne sais pas où tu as trouvé la force de surpasser ta faiblesse, de prendre sur toi pour lutter contre le mal de mer, mais tu l’as fait. Je suis fier de toi., lui avoua-t-il.
- Je veux rentrer, Ryo. Je n’en peux plus d’être enfermée dans cette cabine et je veux que toutes ces personnes puissent rentrer chez elles également, que ces enfants grandissent dans une maison normale avec leurs parents entourés d’amour et de chaleur, pas dans cette carcasse de métal froide et inamicale sous le joug de personnes plus intéressées par l’argent que par leur prochain., dit-elle.

Elle pensa au bébé qu’elle portait peut-être, se demandant brièvement quelle serait sa vie quand elle rentrerait, mais elle chassa rapidement cette idée de son esprit. Elle ne voulait pas fonder de faux espoirs sur une chimère. Elle savait que ce n’était pas si évident que cela de tomber enceinte, qu’il y avait de fortes chances qu’il ne se fut rien passé d’autre qu’une simple relation charnelle entre un homme et une femme sans conséquence.

Soudain, un bâillement lui décrocha la mâchoire et fit sourire Ryo.

- Tu devrais dormir un peu., lui dit-il, la lâchant.
- Tu as raison., murmura-t-elle, s’allongeant.

Il resta à ses côtés, réfléchissant, l’observant par moments, quand soudain il sentit une odeur lui piquer les narines. Il savait très bien ce qui allait se passer mais il n’était pas encore temps de faire preuve de bravoure. Il devait encore passer sous les radars un jour ou deux. Il sentit ses paupières se fermer et sombra dans l’inconscience.

Quand il se réveilla, Kaori dormait toujours. Elle ne semblait pas avoir bougé et il la passa en revue. Il nota une nouvelle trace de piqûre, à son bras cette fois. Il l’aurait certainement ratée si la veine n’avait pas légèrement fui, laissant apparaître un hématome sous la peau. Etalés sur son ventre, il sentit sous ses doigts des résidus d’une substance légèrement visqueuse comme du gel et, regardant au sol pour trouver des indices, vit des traces de roues. Ils avaient à tous les coups pratiqué un examen sur elle, il optait pour une échographie même. Vérifiaient-ils l’évolution d’une grossesse ou que tout était normal ? Il ne savait pas. Il posa une main sur son ventre, se demandant quoi faire. Il n’en avait aucune idée et poussa un long soupir. Il aviserait en temps voulu.

- Je ne te laisserai pas seule. C’est la seule chose que je peux te promettre., lui dit-il.
- Ryo ?, murmura-t-elle, se réveillant.

Elle avait légèrement mal à la tête et la bouche pâteuse.

- Comment tu te sens ? On a été endormis., lui apprit-il.
- Nauséeuse. Ils sont venus ici ?, demanda-t-elle, inquiète.
- Oui, ils t’ont examinée.

Il ne voulait plus lui mentir à ce sujet.

- Ils t’ont fait une prise de sang et certainement une échographie.
- Mais… pourquoi ?

Il n’eut même pas à lui répondre car il vit la réalisation se peindre sur son visage alors qu’elle portait les mains sur son ventre.

- Tu crois que je suis enceinte ?, s’inquiéta-t-elle.
- Ne te monte pas la tête. Ils peuvent aussi n’avoir fait qu’une vérification., tenta-t-il de la tempérer.
- Oui, tu as raison., murmura-t-elle, la boule au ventre.

Elle ne savait pas ce qu’elle ressentait : de l’espoir, de l’angoisse ? Toujours était-il qu’elle avait plus que jamais envie, besoin même, de rentrer chez elle, chez eux. Elle leva les yeux vers son partenaire qui soutint son regard.

- On va sortir d’ici. Je te le promets, Kaori. Je t’ai dit que je ferai tout pour la femme que j’aime, que je ferai tout pour survivre et qu’elle survive., lui dit-il, la prenant dans ses bras.
- Même si je n’arrive pas à te le montrer, Kaori, je t’aime. Je t’aime vraiment.
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Lun 10 Mai - 5:32
Chapitre 17

Assis au fond de son siège, le Professeur ricana de sa petite farce et jeta un œil sur l’autre programme qui venait de se terminer. Il faillit bondir de sa chaise : après plus de dix jours de recherches intensives, il avait un résultat. Il avait trouvé le programme qui avait piraté l’ordinateur de l’organisatrice de mariage. Un coucou fit son apparition quand le vieil homme repensa à la jeune et jolie femme puis il se rabroua mentalement. Il attrapa le téléphone et appela Mick :

- J’ai trouvé. Donne rendez-vous dans une heure à tout le monde.

Il raccrocha sans attendre de savoir si le message était reçu et se remit à la tâche préparant un patch qu’il ajouterait au programme et le ferait agir comme un tracker. Il était peut-être vieux mais il pourrait en découdre avec presque tous les pirates informatiques de la planète… Il ne se déconcentra pas pour autant. Cela faisait maintenant neuf jour que les City Hunter étaient retenus par ces ravisseurs, peu par rapport aux autres couples mais il connaissait Ryo et son tempérament. Il devait être du genre à tourner en rond comme un lion en cage et Kaori devait se retenir de lui abattre une massue sur la tête… Ah ces deux-là. Un message d’alerte sonna sur son ordinateur et il ouvrit la fenêtre en question.

- Eh non ma belle inspectrice, ce n’est pas encore aujourd’hui que tu feras disparaître ce bout de papier…, ricana-t-il, restaurant l’acte supprimé pour la deuxième fois ce jour-là.
- Il est temps que les choses bougent entre ces deux-là…

Une heure plus tard, Mick, Miki et Umibozu arrivèrent en même temps, rapidement suivis de Saeko. Ils se retrouvèrent tous, Kazue les rejoignant, dans le bureau du Professeur.

- J’ai eu un appel des ravisseurs il y a dix minutes. Ils m’ont demandé une rançon de cinq millions de dollars pour le couple., les informa Mick.
- C’est un leurre. Ils ne libéreront que Ryo., le prévint Saeko.
- Oui, je sais. Par contre, je les trouve où les cinq millions ?, s’enquit Mick.
- Je vais payer., les informa le médecin.
- Vous avez cinq millions ?, s’étonna Kazue, surprise.
- Non. Je vais les créer et, en prime, on les tracera., répondit-il en rigolant de sa farce.

Il s’assit à son bureau, prit le numéro de compte que Mick lui donna et lança le transfert accompagné d’un petit bonus. Cela fait, il revint vers eux.

- J’ai trouvé le programme qui a espionné les ordinateurs de tous les prestataires. Je l’ai légèrement modifié pour pouvoir traquer nos proies., les informa-t-il.
- Et alors ?, lui demanda Saeko.
- Je n’ai pas encore eu le temps de le lancer. Donnez-moi deux minutes.

Il se remit à son poste et termina la manipulation avant de les rejoindre.

- Maintenant il faut attendre un peu que le programme fasse sa mise à jour. Des nouvelles de votre côté ?, se renseigna-t-il.
- Cinq autres hommes ont été relâchés, drogués, amnésiques. Les premiers hommes qu’on a retrouvés commencent eux à recouvrer la mémoire. Ils se souviennent du début de leur détention mais ne nous ont livré aucune information utile. Ils ne savent pas où sont leurs femmes.
- On a réussi à contacter les familles des premiers libérés ?, demanda Miki.
- Oui mais pas de retour non plus de ce côté-là.

Un bip sur l’ordinateur du Professeur retentit et il alla voir. Mick se tourna vers Saeko, l’écartant un peu du groupe.

- Tu as pu t’arranger pour le certificat ?, s’enquit-il à voix basse.
- Non, ça me rend dingue. Je l’ai supprimé deux fois ce matin et il réapparaît à chaque fois., ragea-t-elle.

Le Professeur esquissa un petit sourire en coin puis se racla la gorge pour attirer leur attention.

- J’ai une première orientation à vous fournir. Le programme va continuer à tourner et préciser la localisation pendant la journée. Le bateau se situerait dans cette zone-là., indiqua-t-il sur une carte.
- C’est vaste., fit remarquer Saeko.
- Oui, mais on a l’émetteur de Kaori. Peut-être qu’en s’approchant, on la localisera elle. Ca vaut le coup d’essayer. T’en penses quoi, Umi ?
- Qu’on perd du temps à bavasser., déclara-t-il, l’air ennuyé.

Tous sourirent de la répartie de leur ami et s’en allèrent, le Professeur leur communiquerait ses avancées par radio.

Sans attendre, le nettoyeur et le couple de mercenaires rentrèrent chez eux, se préparèrent puis repartirent vers le port pour prendre le bateau de Umibozu. Moins de deux heures plus tard, ils quittaient la baie de Tokyo et fonçaient vers les eaux internationales, bien déterminés à ramener leurs amis sains et saufs. Saeko, elle, oeuvrait en interne pour que des forces spéciales se tinrent dans la zone limitrophe dans les eaux nationales japonaises dans l’attente d’un SOS qui les obligeraient à intervenir.

Dans le cargo, ce même matin, Ryo et Kaori étaient sous la douche, se caressant, s’embrassant, filant droit sur les chemins du plaisir… enfin pour qui ne les connaissaient pas. A voix basse, Ryo lui décrivait son plan pour sortir de là, un plan dangereux mais il ne voulait pas rester beaucoup plus longtemps dans ce bateau et, même si Kaori était encore faible, il estimait qu’elle serait capable de tenir le choc. Quand il eut terminé, il plongea dans son regard et la vit acquiescer, une confiance absolue en lui illuminant son regard. Il se pencha sur elle et l’embrassa. Ils sortirent de l’eau et se séchèrent rapidement.

Dès que Ryo fit un pas dans la chambre, il repoussa Kaori dans la salle de bains et la rejoignit aussitôt.

- Que se passe-t-il ?
- Il y a du gaz soporifique dans la chambre., la prévint-il.
- Ca veut dire qu’ils vont rentrer., déclara-t-elle.
- Ca veut dire que nous sortons, un peu plus tôt que prévu et sans cinéma, mais nous sortons, Kaori.

Dans son scénario bien élaboré, il avait prévu d’appeler les gardes au secours mais il n’allait certainement pas raté cette chance.

- Prête ?, lui demanda-t-il.
- Oui., affirma-t-elle, déterminée.
- Tu me laisses agir, n’oublie pas., lui rappela-t-il, la poussant dans le coin derrière la porte de la salle de bains, à l’abri.

Il n’eut pas le temps d’entendre sa réponse que la porte de leur chambre s’ouvrit. Il se plaça de l’autre côté de la porte de la salle de bains et attendit. Il y avait deux présences, ce qui le soulagea car il s’était attendu à plus de résistance. La porte s’entrouvrit et un canon de mitraillette apparut. Il le saisit, tira brusquement en avant et, effectuant une rotation sur lui-même, vint abattre son poing sur le visage de l’homme qui le reçut de plein fouet et tomba inconscient. Avant même qu’il eut pu réagir, il se servit de la mitraillette comme d’une batte de base-ball et assomma le deuxième homme.

- Dépêche-toi., enjoignit-il à Kaori, sortant de la pièce deux secondes pour ramener le deuxième homme dans la salle de bains.

Ils les déshabillèrent et enfilèrent leurs vêtements et leurs chaussures en moins de deux minutes. Quand ils ressortirent dans la chambre, le gaz s’était déjà dissipé et il n’en restait qu’une vague odeur piquante. Ryo sortit le premier et vérifia le couloir. Il lui fit signe de le suivre et ils quittèrent la chambre, la refermant derrière eux. A leur grande surprise, il n’y avait aucune caméra dans les couloirs. Ils devaient avoir une sacrée confiance en leur système pour laisser ainsi les allers et venues non surveillées. Après, avec un bateau planqué en pleine mer, ils avaient peu de chance de fuite…

Ils montèrent prudemment une coursive et s’arrêtèrent dans un recoin sombre pour laisser passer un groupe d’hommes. Ils reprirent leur chemin discrètement devant remonter tout un couloir pour pouvoir accéder à l’escalier qui les amènerait au pont puis de là, ils arriveraient sur la passerelle. Ryo évalua la distance et grimaça : ils devaient courir vite pour limiter les risques…

- Ca va?, demanda-t-il dans un murmure à sa partenaire.

Elle acquiesça vaillamment. Il la dévisagea et hocha la tête à son tour. Jetant un dernier regard vers l’autre côté du couloir, il s’engagea, sentant Kaori le suivre de près. Ils mirent plus d’une minute pour atteindre la nouvelle volée de marches qu’ils montèrent prudemment, Ryo en avant, la mitraillette pointée vers le haut des escaliers. Ils débouchèrent enfin sur le pont du bateau et l’air frais les frappa de plein fouet. Etant enfermés depuis neuf jours, ils se sentirent grisés par le vent iodé et eurent presque du mal à bouger de là mais il le fallait. Ils ne pouvaient se faire attraper.

Entendant un groupe d’hommes venir vers eux, ils se planquèrent derrière un escalier. Ryo sentait Kaori pressée contre lui. Il entendait sa respiration rapide, signe des efforts qu’elle accomplissait pour le suivre. Il trouva sa main et la pressa doucement pour lui donner du courage. Les hommes passèrent et s’arrêtèrent non loin d’eux, ne leur laissant pas la possibilité de sortir. Ils riaient bruyamment, tout en fumant une cigarette, fusil à l’épaule.

Soudain, un autre homme arriva d’un pas vif et s’arrêta devant eux. Le silence se fit.

- Les canots sont prêts ?, leur demanda-t-il sèchement.
- On n’a plus qu’à les jeter à l’eau, chef., répondit l’un d’eux.
- Faites. Nous allons libérer deux groupes de cinq hommes aujourd’hui et deux autres demain. Après, nous relâcherons les femmes quand les rançons seront payées. Dès qu’un groupe est complet, vous partez., leur ordonna-t-il avant de partir.

Rapidement, ils virent arriver des hommes armés portant des hommes inconscients. Un premier bateau partit et le deuxième se remplit.

- Il faut qu’on bouge de là. Il y a trop de monde., déclara Ryo, dans un murmure.

Kaori indiqua une porte à deux mètres et il acquiesça. Doucement, elle se leva et se dirigea vers leur objectif. Lorsqu’elle tourna la poignée, elle craignit le grincement mais la porte s’ouvrit sans un bruit. Ils avancèrent dans un couloir obscur, lentement, priant pour ne pas buter dans un objet qu’ils ne pouvaient voir. Kaori entendait son cœur battre à tout rompre, ayant la sensation que tout le monde pouvait l’entendre. Elle tenta de se relaxer pour amoindrir le phénomène mais c’était sans compter sur la dose d’adrénaline qui courait dans ses veines. Tout d’un coup, la lumière du couloir s’alluma et Ryo eut juste le temps de l’entraîner dans un cagibi, plaquant son corps sur le sien avant que deux hommes se firent entendre.

- Le nouveau couple a disparu., entendirent-ils.

Ils se regardèrent, complices. Leur disparition était maintenant connue. La partie de cache-cache allait devenir intéressante…

- L’homme devait partir normalement, non ?
- Oui, on allait le relâcher et demander la deuxième rançon de suite parce que le médecin a un doute sur la…

La fin de la phrase fut couverte par la fermeture de la porte. Le couple se regarda et se posait bien des questions sur ce dont doutait le docteur en question. Ils chassèrent tous deux cette question de leur esprit et se réengagèrent dans le couloir. Ryo remercia intérieurement le capitaine du cargo qui l’avait transporté d’Amérique Centrale au Japon de l’avoir fait courir dans tous les sens pendant sa traversée. Il l’avait détesté à cette époque mais aujourd’hui, il savait se diriger sur ce type de bateau. Bientôt, Ryo poussa avec prudence la porte de la passerelle, entra et, dès que Kaori fut à l’intérieur à son tour, la referma, la bloquant.

- Messieurs, je vais vous demander de mettre les mains au-dessus de vos têtes et de vous éloigner des instruments., annonça Ryo, calmement.

Cinq têtes se tournèrent vers lui puis Kaori et des sourires moqueurs apparurent. La nettoyeuse sentit la moutarde lui monter au nez. Elle aurait bien tiré une rafale d’avertissement juste pour leur montrer qu’elle devait être prise au sérieux mais n’en fit rien.

- Qu’est-ce que vous regardez, gros bétas ? Je sais me servir de ce joujou même si je préfère les bazookas., leur lança-t-elle, furieuse.

Ryo ne put réprimer la lueur de plaisir à entendre sa partenaire sortir les crocs pour se défendre.

- Je vous conseillerais de ne pas énerver la p’tite dame. Elle ne supporte pas les voyages en bateau. Ca la rend irascible., plaisanta-t-il.
- La ferme, Ryo !, lui cria-t-elle.

Il tressaillit et les autres hommes aussi. Ils reculèrent bien sagement et se regroupèrent au milieu de la pièce où il les ligota ensemble bien serrés. Kaori était déjà à son poste, lançant un message d’alerte, pendant que Ryo se souvenait de ses quelques leçons de navigation et remettait le bateau en route.

- Que faites-vous ?, s’inquiéta le capitaine.
- Je dirige ce bateau vers les eaux nationales japonaises et ma femme lance un appel de détresse., expliqua Ryo.
- Maintenant vous allez tous attendre sagement ici pendant qu’on continue notre route., leur dit-il.

Kaori et lui ressortirent de là et se dirigèrent de nouveau vers l’intérieur du cargo.

A quelques miles de là, le bateau d’Umibozu reçut l’appel de détresse. Regardant l’emplacement du bateau, Mick s’aperçut que c’était du même bateau que venait le signal de Kaori.

- C’est pour nous. Il faut prévenir Saeko., leur dit l’américain.

Miki s’en chargea et, juste après, poussa les moteurs.

Pendant ce temps, les nettoyeurs descendirent au premier niveau et l’examinèrent pièce par pièce. Ils trouvèrent plusieurs cabines fermées par des serrures électroniques, un bureau rattaché à une salle d’examen, une autre d’accouchement et un lieu de stockage de médicaments. Le couple s’enferma dans cette pièce pour se concerter.

- On libère les otages ?, l’interrogea Kaori.
- Non, je pense qu’ils seront plus à l’abri dans leur cabine que dans les couloirs. Il faut qu’on neutralise les gardes, que la police doive juste intervenir pour les arrêter et récupérer les prisonniers.
- Je suis d’accord.
- Kaori, je veux que tu t’enfermes dans le bureau du médecin et que tu transfères tous les dossiers à Saeko. Elle en aura besoin pour les inculpations. Si tu trouves d’autres preuves, envoie-les lui aussi., lui demanda Ryo.

Il s’assurait ainsi en même temps de la mettre hors de danger pendant qu’il chasserait les hommes de l’équipage. Elle acquiesça et ils ressortirent de là, leurs chemins se séparant. Elle remonta le couloir et se réfugia dans le bureau, coinçant la porte avec une chaise. Ryo lui poursuivit sa traque.

Au détour d’un couloir, il tomba sur un groupe de quatre hommes. Malgré le surnombre, il les neutralisa facilement et les enferma dans un cagibi. Il descendit à l’étage inférieur et retrouva une dizaine de chambres. Remontant le couloir, il tomba sur un autre groupe qu’il salua comme s’ils se connaissaient depuis toujours tout en les dépassant et, profitant de l’effet de surprise, poussa les deux hommes de derrière sur ceux de devant. Le temps que chacun se releva, il les avait tous assommés. Cependant, à peine eut-il fini qu’une rafale de mitraillette fut tirée dans sa direction. Ils se baissa et riposta avant de déguerpir pour trouver un endroit plus à l’abri, d’où il put ajuster son tir et neutraliser les tireurs.

Entendant des pas arriver en courant, il remonta vers le pont par un autre escalier que celui par lequel il était arrivé, ne souhaitant pas les amener vers Kaori. Arrivé à l’air libre, il fut cependant accueilli par plusieurs hommes armés. Apparemment, la fugue était finie pour lui. Il leva les mains, espérant que la cavalerie arriverait bientôt…

Dans le bureau du médecin, Kaori accéda rapidement aux dossiers recherchés. Sans attendre, elle consulta les dossiers et commença le transfert des données à Saeko. Pendant que les fichiers chargeaient, elle examina les dossiers papier, tombant rapidement sur le sien et celui de Ryo. Elle ouvrit rapidement le sien pour voir ce qu’ils lui avaient fait. Elle vit de nombreuses prises de sang qui contrôlait surtout ses taux hormonaux, des annotations diverses préconisant des prises de sang dans la zone entre les orteils sauf la dernière dans le bras, les veines précédemment utilisées risquant de devenir trop fragiles. Elle s’insurgea quand elle vit mentionner que l’utilisation des médicaments devait être restreinte pour des raisons de coût, qu’à défaut, ils n’attendraient pas la naissance du bébé.

- Pourquoi ?, murmura-t-elle.

Quand le premier transfert fut terminé, elle supprima leurs deux dossiers et transféra le reste. La manipulation lui prit cinq minutes pendant lesquelles elle fouilla les armoires du médecin. Elle appuya sur entrer pour achever l’envoi sans aucun état d’âme. Avisant d’autres papiers sur le bureau, elle les prit et commença à les consulter. Au moment où elle prenait le dernier, à son nom, et le scannait rapidement, la porte fut violemment secouée. Sans réfléchir, elle attrapa leurs dossiers papiers, les glissa dans son dos sous son pull, plia la dernière feuille en quatre et la mit dans sa poche.

- Ouvrez, ouvrez cette porte !, hurla une voix masculine.
- Je vous préviens, je suis armée. Je n’hésiterai pas à tirer., dit-elle.
- Voyons, nous ne vous voulons aucun mal., fit une voix doucereuse derrière le panneau.

Kaori regarda de droite et de gauche mais elle était belle et bien coincée dans ce bureau. Soudain, un coup de feu fut tiré qui fit exploser la poignée. Elle ne riposta pas pour ne pas abîmer le dernier rempart entre elle et eux. Des coups violents furent ensuite donnés pour faire sauter la résistance de la chaise et la porte finit par céder. Elle décida d’y aller coûte que coûte. Elle assomma l’homme qui avait défoncé la porte d’un coup de crosse, tira une salve à travers l’entrée et fonça droit devant, visant l’escalier à trois mètres. Elle n’en fit pas un dans le couloir avant de recevoir un coup de crosse dans le ventre qui la plia en deux.

Elle lutta un moment pour reprendre son souffle tellement la douleur lui sembla atroce alors que des ricanements résonnaient derrière elle. Elle fut empoignée par les cheveux et forcée à se lever, un canon enfoncé dans son dos.

- Allez, avance., lui dit-on, la poussant du canon.

Elle s’exécuta, se dirigeant vers les escaliers. Quand elle arriva sur le pont, elle vit Ryo levant les mains. Leurs regards se croisèrent et il lui adressa un sourire pour la rassurer. Elle le lui rendit du mieux qu’elle put.

- Alors on joue les héroïnes ?

Elle ne répondit même pas ; elle revivait la scène du bureau du moment où elle avait vaguement scanné le papier à celui où ils l’avaient interceptée. Elle revécut le tout au ralenti et réalisa ce qui lui avait échappé plus tôt dans la précipitation : la dernière ligne de l’analyse, celle où apparaissait en majuscule : hormone HCG : test POSITIF. Elle était enceinte. Elle attendait un bébé de Ryo…

- On tue ces deux-là et on les balance à la mer., tonna la voix du chef.

Deux hommes les mirent en joue et deux coups de feu éclatèrent. Kaori ne réagit pas de suite. Ce fut la main de Ryo dans la sienne, l’entraînant à l’abri qui la ramena à la réalité.

- La cavalerie est arrivée, Kaori., souffla le nettoyeur.

Elle le regarda, incapable de parler suite à la découverte qu’elle venait de faire. Elle vit les hommes du cargo rassemblés le long du garde-corps tirer plus bas mais se faire descendre les uns après les autres. Ryo trouva une arme et, après avoir mis sa partenaire à l’abri, créa un deuxième front, ce qui permit à Mick et Umi de monter à bord.

En vingt minutes, l’ensemble de la troupe était neutralisé et il ne leur resta qu’à traquer les têtes pensantes, ce qui fut relativement rapide. Tous se retrouvèrent ligotés sur le pont. La sonnerie du téléphone de Mick brisa le silence.

- Angel.
- Papa, c’est Saeko. Je suis à dix minutes d’arriver sur les lieux d’une investigation. Je ne pourrais être là ce soir., entendit-il au bout du fil.
- Compris, on déguerpit., répondit-il.

Il raccrocha.

- Saeko arrive avec les renforts. On ferait mieux de s’en aller., leur dit-il.

Tous acquiescèrent et descendirent rejoindre Miki dans le bateau. Celle-ci sauta au cou de ses amis, et surtout de Kaori avant de la relâcher et de mettre les gaz. La nettoyeuse descendit dans la cabine pour se passer un peu d’eau sur le visage et se retrouva soudainement pliée en deux par une violente douleur dans le ventre.

- Kaori… Kaori, ça va ?, lui demanda Ryo, inquiet.
- Tu… tu saignes…, remarqua-t-il d’une voix blanche, pointant vers la tâche rougeâtre qui commençait à auréoler l’entrejambe de son pantalon.

Kaori eut du mal à réprimer les larmes d’angoisse qui voulaient tomber. Elle ferma les yeux fortement mais les garda baissés, incapable de supporter son regard.

- Je… Ce sont mes règles qui viennent d’arriver., balbutia-t-elle.

Ryo ne sut quoi dire et se frotta les cheveux nerveusement.

- Je… je vais te laisser.
- Tu peux demander à Miki de descendre, s’il te plaît.
- Oui.

Elle le regarda partir, le cœur lourd, et vit Miki arriver peu après qui la dépanna en vêtements de rechange et protection. Elle put donc remonter auprès des autres. Discrètement, elle déchira le document témoignant de sa grossesse et, à un moment où ils ne prêtaient pas attention à elle, elle dispersa les morceaux qui s’envolèrent dans la nuit tombante. Elle eut l’impression de voir s’envoler les morceaux de son cœur en même temps et réprima les sanglots de douleur qui lui comprimaient la gorge.

Soudain, Ryo vint s’asseoir à ses côtés.

- On rentre à la maison, Kaori., lui dit-il à voix basse.
- Comme tu me l’avais promis., répondit-elle.
- Tiens, je tiens ma promesse également.

Elle déposa au creux de sa main la bague de fiançailles et l’alliance qu’il lui avaient offertes et referma ses doigts au dessus. Ils se regardèrent douloureusement dans le blanc des yeux. La parenthèse venait de se fermer…
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Mer 12 Mai - 5:10
Chapitre 18

Les cinq compères arrivèrent en plein milieu de la nuit au port, débarquant discrètement dans un coin sombre. Ils avaient fait presque tout le chemin depuis le cargo dans le silence, n’échangeant que quelques banalités ou nécessités. Après les avoir gardées un long moment dans la main, Ryo avait fini par ranger les bagues dans sa poche sombrement. Il ne savait quoi penser des sentiments qui l’agitaient.

Il s’était un instant senti soulagé, soulagé de voir qu’elle avait respecté son engagement, soulagé de savoir que les choses allaient revenir à la normale, qu’ils allaient rentrer chez eux… chez eux, pensa-t-il amèrement soudain. Cette histoire était enfin finie, se disait-il. Ils avaient clos tous les aspects de cette mission et il n’y aurait pas de bagages supplémentaires à trimballer, rien qui viendrait se mettre définitivement entre eux.

Néanmoins, il s’était vite senti blessé et se demanda pourquoi en jetant un regard vers le dos de Kaori dont le regard restait fixé sur l’océan. Il s’était attendu à des pleurs, des supplications, des mots doux-amers, des cris peut-être mais rien. Il avait vu la douleur dans ses yeux mais elle ne s’était pas battue pour eux, elle lui avait rendu les bagues sans faire d’histoire… comme promis. Pourquoi lui en voulait-il alors ? Parce qu’elle s’était montrée raisonnable, comme toujours ? Parce qu’elle tournait la page, comme lui l’avait fait auparavant ? Parce qu’il aurait voulu la voir effondrée ? C’était pitoyable de sa part. En fait, il aurait juste voulu la voir se battre contre lui, contre sa peur de s’engager.

Bizarrement, elle lui manquait. Elle était à un mètre de lui mais elle lui manquait. La proximité, l’intimité qu’ils avaient partagées lui avaient apporté beaucoup de bien-être malgré les circonstances. Il avait aimé l’appeler sa femme, la tenir dans ses bras, l’embrasser, lui faire l’amour et même la soutenir pendant ses vomissements. Il étouffa un rire cynique en passant une main sur son visage fatigué. Il fallait être réaliste. En finir avec cette comédie était la meilleure chose à faire pour elle. Elle n’avait pas besoin d’être une cible plus importante pour le milieu. Elle méritait la lumière, la légèreté et, tôt ou tard, il savait qu’il la blesserait et elle ne le méritait pas.

Pour ne rien laisser au hasard, la culpabilité se jeta aussi dans la partie. Comme depuis qu’ils se connaissaient, il ne lui avait encore une fois rien épargné. Non seulement ils avaient fait un vrai mariage légal, jusqu’à la destruction de son existence tout du moins, mais il l’avait aussi poussée à s’exhiber comme une jeune femme amoureuse devant tant de monde. Il l’avait embrassée, plus qu’il n’avait été nécessaire, et ne comptait plus toutes les fois où il lui avait fait l’amour où il aurait pu là aussi s’en passer, ne cédant qu’à ses pulsions et son envie d’elle. Il avait juste été complètement incapable de se contrôler et il ne pouvait, malheureusement ?, pas tout mettre sur le compte de la drogue. Comment ferait-il quand ils se retrouveraient seuls à l’appartement ?

Dire qu’il se sentait mal était un vain mot. S’il s’était écouté comme il l’avait fait pendant toute cette mission, il aurait repris les bagues et les lui aurait remises au doigt, là où était leur place. Il ne pouvait, ne voulait cependant pas le faire. Elle méritait mieux que la vie qu’il pouvait lui offrir. C’était la meilleure, si ce n’était la seule, ligne d’action à tenir. Décidé, il se leva et alla rejoindre Mick et Umibozu.

Quand elle l’entendit s’éloigner, Kaori relâcha la tension qui l’habitait et qui lui permettait de tenir. Continuant à observer l’obscurité, elle laissa librement les larmes couler sur ses joues. Tout était fini, définitivement fini. Il ne lui resterait que des souvenirs de cette mission, certains durs, d’autres très doux et elle savait qu’elle oublierait facilement les premiers mais pas les seconds et que ceux-ci la feraient sourire comme pleurer très souvent. Aucun sanglot ne vint agiter son corps, ce dont elle fut soulagée car les crampes dans son bas-ventre étaient déjà suffisamment fortes pour la faire souffrir. Elle appréhendait par avance le moment où elle devrait faire face au résultat. Son cœur se serra à la pensée. Elle avait perdu leur bébé et, même si elle savait que c’était courant au premier trimestre, cela n’atténuait pas la douleur qu’elle ressentait. Ajoutée à la douleur de leur séparation, prévisible mais à laquelle elle n’avait pas su se préparer, elle se demanda comment elle réussirait à se relever. Elle se demandait même si elle en avait l’envie.

Elle avait espéré pendant quelques instants qu’il lui rendrait les bagues, avait même failli lui demander de tenter l’expérience d’une vie à deux. Après tout, il avait eu l’air heureux par moments pendant cette mission… Mais quand il n’avait esquissé aucun geste alors qu’elle posait les bagues dans sa main et les secondes qui avaient suivi, elle s’était résignée et avait refermé ses doigts sur les anneaux. La page se tournait, c’était peut-être mieux ainsi. Il n’y avait pas besoin de post-scriptum, d’addenda ou d’épilogue. Elle ne lui parlerait pas du bébé. Ils se coucheraient comme d’habitude et demain matin, la vie reprendrait son cours. Le temps passant, la douleur s’atténuerait, elle finirait peut-être même par oublier, pensa-t-elle sans y croire vraiment.

- Kaori, tu dors ?, chuchota Miki à ses côtés.
- Non., murmura-t-elle.

Elle ne tourna pas le visage, le laissant volontairement dans l’ombre pour pouvoir extérioriser sa souffrance sans être vue. Elle n’ajouta pas un mot. Elle avait besoin d’être seule. Elle aurait même préféré se retrouver ailleurs que sur ce bateau voguant à ciel ouvert où elle se sentait paradoxalement enfermée… encore. Son amie resta cependant à ses côtés, respectant son silence, ne le brisant qu’au moment où ils arrivèrent au port.

- Tu es prête ? On va débarquer., l’avertit-elle.

Kaori essuya ses yeux rapidement du dos de la main et, quand les hommes descendirent, elle se leva rapidement pour les suivre. Sans leur demander leur avis, ils furent emmenés à la clinique où ils furent pris en charge par le Professeur.

- Occupe-toi d’abord d’elle., lui demanda Ryo, d’un ton péremptoire.

Le vieil homme accepta et partit sautillant de joie vers le lit de la jeune femme. Il fut sèchement rattrapé par le col et son visage ramené à hauteur de celui du nettoyeur. Ce dernier lui adressa un regard noir.

- Un geste déplacé et couic, finies les galipettes…, le prévint-il.

L’homme déglutit et acquiesça vivement. Ryo le lâcha et le regarda se diriger vers Kaori. Cette dernière leva les yeux et se sentit mal quand elle vit que son partenaire restait dans la pièce. Prenant un air détaché, elle esquissa un léger sourire.

- Tu peux nous laisser et aller prendre un café ou une douche si tu veux., dit-elle d’un ton posé.
- Tu es sûre ?, demanda-t-il, jetant un œil vers le médecin.
- Oui. Je peux de nouveau user de mon arme fétiche, non ?, lui rappela-t-elle.

Ryo déglutit. Ca ne faisait définitivement pas partie des bons côtés du retour à la normale…

- D’accord. Je reviens dans dix minutes.

Kaori souffla en le regardant partir et croisa le regard suspicieux du Professeur quand elle se tourna de nouveau vers lui.

- Tu as quelque chose à cacher, jeune fille ?, lui demanda-t-il.
- Non. Plus rien, Professeur., répondit-elle, réprimant les larmes de douleur.
- D’accord. Alors commençons.
- Ils m’ont retiré mon implant le mercredi après son insertion., l’informa Kaori.

Il l’observa longuement puis acquiesça. Il l’ausculta, contrôla la propreté des incision et piqûres qu’elle lui signala, lui fit un examen complet.

- Tends ton bras., lui ordonna-t-il.
- Pourquoi ?, s’inquiéta Kaori.
- Prise de sang. Je vais faire un bilan global., l’informa-t-il.

Elle le laissa faire et, alors qu’il se tournait pour poser les tubes dans le plateau prévu à cet effet, attrapa son dossier et lut la liste des tests qu’il avait prévus. Il fut surpris de la trouver ainsi en se retournant vers elle.

- Kaori ? Un problème ? Tu sais que je ne ferais rien contre toi, n’est-ce pas ?, voulut-il la rassurer.
- Je sais. Vous avez un stylo ?, l’interrogea-t-elle, très sérieuse.

Il en sortit un de sa poche et le lui tendit se demandant ce qu’elle voulait faire. Il la vit raturer et écrire sur son dossier.

- Vous avez mon autorisation pour tout sauf le test que j’ai barré., lui dit-elle en lui rendant son dossier.

Il le consulta et releva la tête, très sérieux.

- Vous n’avez pris aucun risque ?, l’interrogea-t-il.
- Si., avoua-t-elle en rougissant.
- Mais mes règles sont arrivées. Je ne suis pas enceinte., conclut-elle.
- Je préférerais quand même…, tenta le médecin.
- Je ne suis pas enceinte., martela-t-elle en lui lançant un regard noir, aussi noir que la colère qu’elle éprouvait.

Pourquoi voulait-il l’empêcher d’oublier ? Pourquoi insistait-il pour lui faire une examen devenu inutile ? Elle ne voulait pas répondre à ses questions. Elle voulait juste dormir et oublier. Juste dormir et oublier, se répéta-t-elle, la gorge serrée, ce n’était pas trop demandé, non ? Elle se sentit sur le point de craquer.

- Tu as été fort malade ou ils t’ont donnée des médicaments contre le mal de mer ?, lui demanda-t-il doucement.
- Ils m’ont mis sous perfusion un jour après plus rien., murmura-t-elle.
- C’est ce que je me disais. Tu es épuisée, Kaori, et déshydratée. Je voudrais te garder le temps de te passer une perfusion qui t’aidera à te remettre plus vite. Tu veux bien ?

Elle acquiesça, retenant les larmes qui voulaient tomber.

- Kazue va t’emmener dans une chambre et te la posera. Tu veux de la compagnie ou tu as besoin d’être seule ?
- Seule… je veux être seule., répondit-elle, la gorge serrée.

Autant s’habituer de suite à cette condition qui la suivrait le reste de sa vie. Il lui tendit la main pour se lever et la garda un instant de plus.

- Kaori, tu ne seras jamais seule, tu le sais, j’espère., lâcha-t-il d’un ton paternel.

Elle releva un regard blessé sur lui et une larme roula sur ses joues. Elle ne sut quoi répondre.

- Tu es épuisée. Va prendre une douche et te changer. Tu dormiras bien mieux après., lui conseilla-t-il.

- Où est Kaori ?, demanda Ryo, le regard sombre quand il revint quelques minutes plus tard.
- Partie dormir., répondit le vieil homme.
- Je veux la voir.
- Tu dois être examiné d’abord, Ryo., rétorqua-t-il d’un ton intransigeant.

Il lui indiqua le lit et attendit patiemment que le jeune homme daigna y poser les fesses. Il lui infligea le même traitement qu’à Kaori.

- Alors, le mariage c’était comment ?, lui demanda-t-il, d’un ton léger.
- Occupe-toi de tes affaires, grand-père., répondit sombrement Ryo.
- Babyface, je sais que elle et toi êtes allés plus loin que la simple simulation. La seule question que je me pose c’est à quel point tes sentiments étaient simulés., dit-il, se détournant, n’attendant visiblement pas de réponse.

Ryo regarda son vieil ami, celui qui l’avait vu évoluer contre vents et marées, et soupira.

- Tu sais très bien qu’avec elle, la seule chose que je simule c’est de ne pas l’aimer., murmura-t-il.
- Tu songes un jour laisser tomber le masque ?, lui demanda-t-il.
- Je l’ai fait… pendant quelques jours. Maintenant, c’est fini. La vie reprend son cours., répondit Ryo sombrement.
- En es-tu si sûr, Ryo ? Es-tu sûr de pouvoir tourner la page sans regrets ?
- Je n’ai même pas à être sûr. C’est ce qu’il faut faire. Un point, c’est tout. Je suis crevé. Où est Kaori ?, s’enquit Ryo, le visage fermé.
- Je l’ai installée dans une chambre avec une perfusion qui l’aidera à se remettre plus vite. Elle veut être seule, Ryo.

Le nettoyeur releva brusquement la tête, surpris. Ca lui faisait mal de se retrouver ainsi écarté. Il baissa les yeux et serra les poings sur les draps.

- Très bien., dit-il d’une voix distante.
- Tu peux dormir dans la chambre d’à côté si tu veux ou rentrer chez toi., lui proposa-t-il.
- Je ne rentrerai pas sans elle., répondit Ryo.
- Très bien. Alors va dormir, Babyface.

Ryo quitta la pièce et se réfugia dans la pièce mise à sa disposition par le Professeur. Il s’allongea dans le lit, une main sous la nuque, les yeux fixés sur le plafond, mais le sommeil le narguait. Il ne pensait qu’à une chose : elle. Il avait passé près de deux semaines à dormir en la serrant contre lui et, cette nuit, il se retrouvait seul et il avait froid. Il savait pourtant que la température de la pièce était des plus correctes. Il se tourna sur le côté, donnant un coup dans l’oreiller, et fixa le mur. Il repensa à leurs dix jours de captivité et se demanda comment il avait réussi à ne pas exploser malgré l’exiguïté de la cabine. Il sourit amèrement en pensant aux exercices qu’ils avaient effectués la majorité du temps sous l’effet de la drogue, repensant aux beaux moments qu’ils avaient partagés, à leur première fois très sensuelle et douce. Il sentit son corps se tendre à ces souvenirs, ne semblant pas prêt à oublier le plaisir ressenti dans ses bras.

Ayant trop chaud, Ryo se leva et commença à tourner en rond dans le pièce puis se souvint qu’il pouvait sortir maintenant. Il remonta donc le couloir silencieusement jusqu’à l’entrée et sortit sur le perron, laissant l’air frais lui fouetter le visage. Cette sensation lui avait tellement manqué… Cela l’apaisa quelque peu et, au bout de quelques minutes, il fit le chemin inverse.

Traversant les couloirs déserts, il entendit soudain un gémissement et son corps se tendit. Il approcha de la porte et tourna la poignée, pénétrant silencieusement dans la chambre. Kaori était là, s’agitant dans son lit, une grimace de douleur imprimée sur son visage. Elle faisait un mauvais rêve. Il alla s’asseoir sur le bord du lit et doucement, craignant de la réveiller, il posa la main sur sa joue et laissa glisser ses doigts lentement. Le geste la calma et elle cessa de remuer. Il caressa sa joue doucement et l’observa longuement.

- Sors d’ici, Ryo., murmura le Professeur, le regard sévère.
- Elle faisait un cauchemar., se justifia-t-il à voix basse.

Le vieil homme le suivit dans le couloir après avoir refermé la porte. Il se tourna vers son protégé et le toisa du regard malgré la différence de taille.

- Elle en fera encore beaucoup d’autres. Que vas-tu faire ? T’immiscer dans sa chambre comme un voleur ? La laisser se battre seule ? Ou te décider enfin à faire quelque chose de bien ?

Ryo lui lança un regard noir puis se tourna et repartit dans sa chambre. Il ne voulait pas entendre ce discours-là. Il faisait quelque chose de bien pour elle même si ce n’était pas visible. Il lui laissait une porte de sortie. Dans leur monde noir et sans espoir, c’était presque inespéré… Il pesta un moment encore avant d’être emporté par Morphée.

Quand elle se réveilla le lendemain, Kaori se sentit désorientée. Elle ne savait plus où elle était. Elle n’entendait plus le bruit des vagues et elle mit plusieurs secondes à se souvenir qu’ils étaient sortis du bateau, qu’ils avaient regagné la terre ferme et qu’elle était à la clinique. Elle sentit une vague de stress partir. Elle se cala dans le lit contre l’oreiller comme elle l’aurait fait sur Ryo. Sa chaleur lui manquait, son odeur aussi. Elle rêvait de sentir ses doigts caresser paresseusement sa hanche ou son dos, de sentir ses lèvres sur les siennes, de… Elle se cacha le visage dans le coussin, honteuse de ses pensées. Elle devait rester calme et distante. Elle ne pouvait plus rêver de tout cela. Ca ne pouvait que lui faire du mal…

Lentement, elle se leva et alla se poster devant la fenêtre. La mi-octobre était arrivée et les feuilles commençaient à tomber des arbres. Bientôt le vent soufflerait et apporterait le froid de l’hiver. Ca ne changerait pas grand-chose pour elle. Le froid avait déjà envahi son corps. Elle posa une main sur le bas de son ventre et des larmes s’échappèrent de ses yeux qu’elle essuya rapidement. Quelqu’un pouvait entrer à tout moment et elle ne voulait pas être surprise. Elle ne voulait pas avoir à s’expliquer.

On toqua à la porte et Kazue passa la tête.

- Tu es réveillée. Comment te sens-tu ?, lui demanda-t-elle, un grand sourire aux lèvres.
- Bien, je suppose vu les circonstances., répondit la nettoyeuse.
- Je vais t’enlever la perfusion et tu pourras rentrer si tu veux. Je t’ai rapporté des vêtements.
- Merci.
- Oh de rien. Ryo trépigne d’impatience de sortir d’ici., lui apprit l’infirmière, amusée.
- Je me doute., murmura Kaori.
- Ca me fait plaisir de vous revoir en bonne santé. On était tous tellement inquiets., lui apprit Kazue en la serrant dans ses bras.

Kaori ne sut comment réagir. C’était beaucoup d’informations à gérer en même temps et, par dessus tout, prédominait le fait qu’elle allait rentrer à l’appartement avec Ryo. Ils allaient se retrouver seuls, sans mission, sans fard, sans personne pour les déranger… Elle ne savait pas si elle en aurait la force mais il était hors de question de reculer. Un pas après l’autre, pensa-t-elle.

- Je… je suis contente d’être de retour aussi., répondit Kaori poliment.

Elles se séparèrent et la nettoyeuse laissa son amie lui retirer délicatement la perfusion avant de sortir. Elle se rafraîchit rapidement, s’habilla et attendit. Kazue revint quelques minutes plus tard avec un plateau.

- Le Professeur me fait dire de ne pas forcer, d’augmenter les quantités petit à petit si ça ne va pas. Du café ?
- Un thé, s’il te plaît., répondit Kaori.

Kazue la laissa et revint avec une tasse de thé fumante.

- Ryo est dans le couloir. Je peux le laisser entrer ?, lui demanda-t-elle, lui lançant un regard gêné.

Kaori savait que si elle disait non, cela soulèverait beaucoup de questions, aussi acquiesça-t-elle malgré son envie de rester encore un peu seule. Juste après le départ de Kazue, Ryo passa la porte, visiblement nerveux.

- Salut.
- Bonjour., l’accueillit-elle du bout des lèvres.

Ils s’observèrent un instant puis le nettoyeur approcha.

- Tu as déjà meilleure mine. Tu as bien dormi ?, s’enquit-il doucement.
- J’ai fait beaucoup de rêves. Et toi ?, répondit-elle poliment.
- Pareil.

Leurs regards se croisèrent puis se détournèrent. Kaori, anxieuse, attrapa un bout de pain et le grignota du bout des lèvres.

- Tu rentres ?, lui demanda-t-il.

Elle leva un regard surpris vers lui. S’était-il rendu compte de la détresse qu’il avait laissée paraître dans ces deux mots ? Apparemment non ou il ne le laissait pas voir. Elle en fut bouleversée.

- Oui, bien évidemment, je rentre, Ryo., lui dit-elle.
- Bien., répondit-il seulement.

Pourquoi avait-il eu soudain peur de repartir de là seul ? Pourquoi s’était-il demandé si elle aurait la force de revenir vivre avec lui après ce qu’ils avaient vécu et perdu ? Il savait que les choses avaient bougé entre eux, il savait que ce serait difficile de revenir à leurs relations antérieures, il savait qu’il ne pourrait plus prétendre ne pas voir sa beauté, ne pas être attiré par elle après ces quelques jours passés à deux. Il aurait pu s’ils n’avaient pas fait l’amour volontairement, s’ils ne s’étaient pas cherchés pendant les trois jours qui précédaient, s’il ne lui avait pas dit qu’il l’aimait. Mais ils avaient fait tout cela et, même si cela lui compliquait la tâche dorénavant, il ne regrettait pas, pas un seul moment, pas un seul mot.

Lorsqu’elle eut terminé, Kaori se leva et suivit son partenaire en dehors de la chambre. Sur le chemin de la sortie, ils croisèrent le Professeur qui leur donna ses consignes : du repos pour les jours à venir et surtout éviter les situations stressantes. Ils sortirent tous deux de la clinique et trouvèrent Mick les attendant, appuyé sur le capot de sa voiture.

- Je vous ramène ?, leur proposa-t-il.
- Oui, s’il te plaît., répondit Ryo.

Il grimpa à l’avant à côté de son ami et Kaori à l’arrière. Elle fixa le paysage pendant tout le trajet, ne participant pas à la conversation des deux hommes qui la fixaient discrètement par moments, tous les deux soucieux. Quand ils arrivèrent à l’immeuble, Mick les laissa, leur laissant de l’espace.

- Je suis fatiguée. Je vais me reposer., lui dit-elle à peine entrée dans l’appartement.

Elle avait besoin de rester seule, de se retrouver en tête à tête avec elle-même.

- Très bien. Je serais à la salle de tir., lui dit-il froidement

Elle le regarda se tourner et franchir le seuil. Elle poussa la porte pour la fermer puis monta dans sa chambre. Elle s’allongea sur le lit et se mit à pleurer. Alors ce serait cela désormais leur vie. Il lui soufflerait le froid après lui avoir donné le chaud ? Pourquoi ? Pourquoi ne pouvaient-ils s’aimer simplement ?

Debout face à la cible, Ryo visa et tira. Il se retint de jeter son arme de rage. Il n’arrivait pas à se concentrer et cela se ressentait sur ses cartons. Pourquoi était-il capable de se jeter au devant du danger mais pas de l’être aimé ? Pourquoi était-il intrépide en tout domaine sauf dans celui des sentiments ? Pourquoi n’arrivait-il pas à vivre ici ce qu’ils avaient vécu sur les bateaux ? Bon sang, il était dans une sacrée galère…
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Mer 12 Mai - 22:53
Chapitre 19

Assis sur une banquette dans un cabaret bondé, Ryo passait la soirée avec Mick. Une bouteille de whisky vide sur la table, une autre entamée, tous deux étaient visiblement éméchés et se laissaient aller sur les poitrines des jolies bunnies qui se prélassaient sur leurs genoux.

- On ne t’a pas vu beaucoup ces derniers temps, Ryo chou., susurra l’une d’elles, lui caressant l’entrejambe avec insistance.
- J’étais occupée, ma belle., répondit-il, prenant sa main.

Il y déposa un baiser et la reposa sur son épaule. Voyant ce geste, l’autre bunny se fit une petite place sur son autre genou et lui colla son décolleté sous le nez. Elle savait qu’il appréciait sa poitrine opulente et il lui glissait souvent un petit billet en profitant pour en tâter la fermeté.

- Doucement, Misako. Tu cherches à m’étouffer ?, plaisanta-t-il, s’écartant.

La jeune femme lui jeta un regard offusqué et se leva.

- D’habitude, tu es plus amusant et apprécies la marchandise à sa juste valeur., lui asséna-t-elle avant de partir.

Il la regarda faire sans grand état d’âme et s’intéressa de nouveau à l’autre bunny sur ses genoux qui avait de nouveau trouvé le chemin de son pantalon, tentant de baisser sa braguette.

- Tu veux bien te tenir tranquille deux minutes ?, s’agaça-t-il, écartant sa main de là.
- Tu n’as pas envie de passer un peu de temps avec moi aujourd’hui ?, geignit-elle, embrassant son cou et caressant ses pectoraux.
- Non, je me tire., répondit-il sèchement.

Il la prit par la taille et la posa à côté de lui avant de se lever. Il jeta quelques billets sur la table et sortit sans attendre son comparse. Une fois dehors, l’air frais calma quelque peu sa mauvaise humeur. Les mains dans les poches, il s’appuya à une rambarde le long du trottoir en attendant Mick. Il savait qu’il s’était emporté, qu’il n’avait pas joué sa partition habituelle, celle où il bavait dans le décolleté de la demoiselle, laissait ses mains courir sur son corps, en s’imaginant toucher le corps de sa partenaire, tentait d’arracher un baiser voire une nuit avec la bunny, nuit qu’il finissait par abréger sous prétexte d’un bruit suspect, d’un truc à faire…

Mick arriva peu après nonchalamment. Toute trace d’alcool était effacée chez les deux hommes et ils avaient repris leur sérieux. L’américain lui tendit son paquet de cigarette.

- Non merci., répondit Ryo.
- Tu arrêtes ?, s’étonna Mick, allumant la sienne.
- J’ai eu le droit à un sevrage radical pendant notre détention et, pour être honnête, ça ne me manque pas.
- Et, pour être honnête, il y a autre chose qui te manque ?, lui demanda son ami, regardant la fumée s’envoler dans la nuit.

Le japonais lui lança un regard perçant. Il connaissait cet air faussement innocent. Il avait une petite idée de ce qu’il voulait entendre lui avouer mais il n’avait pas envie de remuer le couteau dans la plaie.

Cela faisait maintenant une semaine qu’ils étaient rentrés, semaine plutôt calme au demeurant où Kaori s’était beaucoup reposée comme le lui avait conseillé le Professeur. Il en avait profité également pour rester à la maison, gardant un œil sur elle. Il s’inquiétait de la façon dont elle allait réagir, de savoir si elle aurait un contre-coup et craquerait ou si la vie allait reprendre son cours normal lentement. Par dessus tout, il n’arrivait pas à se détacher d’elle. Dès qu’il s’éloignait, il se sentait bizarre et il n’avait qu’une hâte, rentrer, la retrouver. C’était exactement le sentiment qu’il ressentait depuis qu’il était sorti.

Pour être honnête… l’expression le fit sourire. Pour être honnête, il ne voulait même pas venir. Il avait vu le regard de Mick, curieux, narquois, quand il était venu le chercher. Il attendait sa réaction, de voir si sa désinvolture vis-à-vis de sa partenaire était feinte ou réelle, si les choses avaient évolué entre eux et, le cas échéant, s’il l’assumerait ou non. Il avait observé Kaori détourner le regard, résignée, et se résigna lui aussi. C’était son rôle, normal, habituel… malhonnête. Il avait enfilé sa veste et avait suivi son ami. Il l’avait laissé lui verser des verres de whisky auxquels il avait à peine touché, laissant les filles se servir dans son verre.

Pour être honnête… Il était tout sauf cela. S’il avait été honnête, il aurait rendu les bagues à Kaori, lui aurait demandé d’emménager dans sa chambre, se serait employé à effectuer son devoir conjugal pendant toute la soirée. Il lui aurait redit qu’il l’aimait, l’aurait embrassée et elle en aurait certainement été heureuse.

Mais, pour être honnête, encore, il devait s’avouer qu’il crevait de trouille. Il ne pouvait s’empêcher de penser que le danger serait trop grand, trop présent, que leur relation raccourcirait sa durée de vie et qu’il devrait l’enterrer avant d’avoir eu le temps de profiter d’elle, de se faire assez de souvenirs pour pouvoir vivre avec elle sans elle. Il ne voulait juste pas la perdre, c’était impensable pour lui.

Pour être honnête, il ne pourrait jamais la laisser partir… pourrait-il la laisser approcher un jour ? Il ne le pensait pas mais c’était beaucoup moins improbable que la voir sortir de sa vie.

- Pour être honnête, il me manque autre chose., répondit Ryo sombrement.
- Vraiment ? Quoi ? Ou dois-je dire qui ?, supposa Mick, les yeux plissés.
- Le silence., rétorqua le nettoyeur.
- Tu me casses les oreilles, Angel., ajouta-t-il, lui tournant le dos et reprenant le chemin de l’immeuble.

Mick fronça les sourcils. Il n’était pas vexé car il savait que c’était juste un subterfuge de son ami pour ne pas répondre à sa question de fond. Ryo avait changé même s’il tentait de le masquer. Ce qui le préoccupait était à quel point cette transformation l’avait atteint car il semblait déstabilisé et il était bien placé pour savoir qu’un mental troublé était synonyme de faiblesse. Il ne voulait pas perdre son ami ni Kaori qu’il protégeait.

Il le rattrapa et calqua son rythme sur le sien, marchant en silence. Si Ryo voulait lui parler, il savait où le trouver. Tant qu’il ne serait pas prêt, il ne le ferait pas mais lui se tiendrait à sa disposition. Arrivés au pied de l’immeuble, Mick se tourna vers son ami.

- Bon, je te laisse. Sympa cette petite soirée…, commença-t-il d’un ton enjoué.
- Pourrie tu veux dire. Désolé, je n’étais pas d’humeur., s’excusa Ryo.
- Y a pas de mal, Ryo. Juste un conseil, règle tes problèmes, fais le point. Je ne veux pas vous voir disparaître., lui dit-il très sérieusement.

Le nettoyeur acquiesça et rentra chez lui. Il grimpa les escaliers et pénétra dans l’appartement plongé dans le noir. Refermant la porte, il repensa aux soirées d’antan où il aurait trouvé Kaori allongée sur le canapé. Il retira sa veste, la rangea dans le placard de l’entrée puis monta dans sa chambre. Il se retint d’entrer dans la chambre de sa partenaire et s’enferma dans la sienne. Après s’être déshabillé, il s’assit sur le bord de son lit et ouvrit le tiroir de sa chevet. Il en sortit l’un des écrins et l’ouvrit. Il observa un moment les bagues qu’il avait choisies en pensant à elle. Il avait eu beau savoir que c’était Reika qui devait l’accompagner, il les avait choisies pour Kaori. Dans sa tête, elle était la seule qu’il voyait comme sa femme même s’il ne pouvait jamais se marier, même s’il ne voulait pas la toucher. Finalement, il avait eu les deux…

Amer, il referma l’écrin et le rangea avant de s’allonger sur son lit, les mains croisées derrière la tête. Il avait admis en lui-même et même à Kaori qu’il l’aimait, qu’elle était beaucoup plus à ses yeux qu’une simple partenaire. Le reste demeurait cependant inchangé.

- On ne peut pas être…, murmura-t-il, le cœur lourd, avant de s’endormir.

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin, Kaori s’étira comme un chat avant de se pelotonner dans sa couette pendant quelques minutes, la serrant contre elle. Elle savait ce qu’elle recherchait ce faisant : la même chaleur que celle qu’elle ressentait dans ses bras. Elle savait aussi qu’elle ne la trouverait pas. Soupirant, elle se leva de son lit, s’enfermant dans un gros gilet avant de se rendre à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Elle laissa infuser son thé pendant qu’elle posait les couverts sur le table. Elle leva les yeux sur la pendule et sortit de la cuisine pour aller réveiller Ryo. Saeko devait arriver à dix heures ce samedi matin. Elle voulait leur faire un debriefing de leurs découvertes.

Elle ouvrit avec appréhension la porte de sa chambre et s’arrêta un long moment pour le regarder. Elle sentait son cœur battre plus vite. Il était si beau et serein alors qu’il dormait. Il n’avait pas cet air fermé ou impassible qu’il avait en étant éveillé. Elle approcha et réprima l’envie de s’allonger à ses côtés. Il dormait en caleçon… pour une fois et, pour une fois, elle aurait préféré le voir sans, pensa-t-elle en rougissant. Tout au fond d’elle, naquirent les premiers élans de désir. Elle se secoua mentalement. Elle devait se montrer forte comme elle l’avait déjà fait.

Une nouvelle fois, elle ressentit le regret poindre. Elle n’aurait peut-être pas dû lui rendre aussi facilement les bagues, elle aurait dû le forcer à les lui demander, à lui dire qu’il voulait en finir là. Machinalement, elle frotta son annulaire gauche et se demanda s’il les avait déjà revendues, si ça lui avait fait quelque chose ou si ça ne l’avait même pas touché.

- Ca suffit, Kaori., s’enjoignit-elle à voix basse.

Elle approcha plus près du lit et posa une main sur l’épaule de son partenaire, le secouant légèrement.

- S’il te plaît, ne me fais pas ton cinéma habituel…, pensa-t-elle.

Elle ne supporterait pas de l’entendre murmurer le prénom d’autres femmes alors qu’elle venait le réveiller pour la première fois de la semaine, pour la première fois depuis qu’ils s’étaient quittés. Amusée, elle l’entendit grogner légèrement puis il ouvrit les yeux et posa un regard curieux sur elle.

- Saeko va arriver dans une heure., lui rappela-t-elle.
- Le petit-déjeuner est prêt. Je vais prendre ma douche., l’informa-t-elle.

Devant les yeux de Ryo, flashèrent des images d’eux deux sous la douche, enlacés, ondulant sous les caresses et les mouvements de l’autre. Il se souvint de la sensation de son corps glissant sur le sien, leurs deux peaux humides et savonneuses, du léger clapotis qui se faisait entendre à chaque va et vient, de leurs gémissements de plaisir… Il sentit son mokkori se tendre douloureusement. Il avait tellement envie de revivre cela. Il prit une profonde inspiration et chassa ces images de la tête.

- Je… J’y vais., bafouilla Kaori, rougissante.

Avec hâte, elle fuit et se réfugia dans la salle de bains. Machinalement, elle se déshabilla, mit en route la douche et se glissa sous l’eau. Le froid qui l’accueillit lui arracha un cri de surprise et elle bondit hors de la cabine, jetant un regard d’incompréhension sur le pommeau de douche. A peine quelques secondes plus tard, Ryo pénétra inquiet dans la pièce. Il fut rassuré de voir qu’elle n’avait rien et fut incapable de quitter des yeux l’objet de ses plus secrets désirs… enfin plus si secrets depuis trois semaines… Il parcourait des yeux ses courbes, ses creux, se souvenant de la texture et du goût de chaque parcelle. Il rêvait d’y retoucher et, sans s’en rendre compte, il s’était approché d’elle. Lorsqu’il croisa son regard écarquillé, il sortit de sa transe et, sentant l’éponge moelleuse dans sa main, la lui tendit.

- Tiens, n’attrape pas froid., murmura-t-il d’une voix rauque.

Kaori ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Elle déglutit et attrapa la serviette avant de s’enrouler dedans, le rouge lui montant rapidement aux joues. Elle n’avait pas été imperméable à la bulle de désir qui semblait avoir envahi la pièce et eut bien du mal à se détacher du regard sombre de son partenaire. Ryo revint cependant à la réalité rapidement et quitta la pièce, se maudissant. Il devait cesser de réagir aussi vivement… ou céder, pensa-t-il, se reprenant aussi vite. Non, il ne pouvait pas.

Les deux partenaires s’évitèrent soigneusement l’heure qui suivit et, à l’heure prévue, Saeko frappa à la porte.

- Bonjour, vous deux., les salua-t-elle en entrant.
- Comment allez-vous ?, leur demanda-t-elle, les examinant de la tête aux pieds, globalement satisfaite.
- Bien merci et toi ?, répondit Kaori.
- Epuisée mais ça en valait la peine. On a pu démanteler tout le réseau grâce à vous.
- Vous avez travaillé aussi de votre côté, il me semble., affirma la nettoyeuse.
- Oui, mais si vous n’aviez pas lancé le signal de détresse et placé le bateau dans les eaux territoriales, je n’aurai pas pu intervenir avant de remplir une tonne de paperasse. Et Ryo, tu n’as pas su t’en tenir au plan initial ?, se moqua gentiment Saeko.
- Tu me connais. C’était trop lisse., répliqua-t-il nonchalamment.

Leurs regards se croisèrent et elle sut que quelque chose avait motivé son passage à l’action.

- Pourquoi tu as changé de stratégie ?, l’interrogea-t-elle.
- J’en avais assez de tourner en rond dans cette cage.
- Plutôt dorée la cage, non ?
- Dorée ou pas, ça restait une cage et moi, je ne supporte pas., répondit-il bougon.
- Vous avez récupéré tous les otages ?, les interrompit Kaori.
- Oui, tous sans exception et ils sont sains et saufs physiquement. Psychologiquement, il leur faudra du temps.
- Et les bébés ?, interrogea-t-elle, baissant les yeux par crainte de laisser transparaître sa douleur.

Saeko sentit la colère remonter. Elle avait été horrifiée devant le spectacle de ces femmes enceintes ou récemment accouchées. Elle était soulagée que Reika n’y eut pas été confrontée et que Kaori ait été protégée par Ryo.

- Ils vont bien. Tous étaient là et en bonne santé., répondit-elle.
- Tant mieux.
- Ils ne souffrent d’aucune séquelle avec les drogues ingérées par leurs mères ?, intervint Ryo, le regard dur.
- D’après les premiers examens, non. Apparemment, l’idée première avait été de revendre les enfants pour l’adoption. Pour cela, ils devaient être en bonne santé. Puis ils ont trouvé plus lucratif de demander une deuxième rançon pour la mère et l’enfant.
- Pourquoi les garder si longtemps enfermés ? Ils auraient pu relâcher les femmes enceintes., lâcha Kaori.

Saeko les regarda tour à tour.

- Ils s’étaient fixés un objectif de trente couples. En les faisant passer pour morts, ils s’assuraient une certaine discrétion et agissaient plus librement. Ils comptaient les relâcher à peu près en même temps. Ils se sont assurés des grossesses de toutes les femmes qu’ils avaient déjà et ont commencé à relâcher quelques hommes pour montrer aux familles qu’ils étaient sérieux, qu’il fallait payer pour revoir les leurs vivants.
- Ils nous ont capturés après les premières libérations., remarqua Ryo.
- Oui. Ils pensaient qu’ils avaient le temps pour finir leur mission avant que tous les hommes soient relâchés. Ils allaient aboutir quand vous avez tout fait capoté. Heureusement pour nous., lâcha Saeko.
- Oui…, murmura Kaori.

Ryo observa sa partenaire un long moment repensant à leur partie de cache-cache.

- Les familles des otages, enfin certaines, ont souhaité vous donner une récompense pour vous remercier de la libération des leurs. Je n’ai donné que le nom de Kaori pour plus de discrétion., précisa-t-elle.
- Tu as bien fait., acquiesça le nettoyeur.

Saeko se leva et sortit un papier de sa poche qu’elle tendit à Kaori. La nettoyeuse le prit et regarda le chiffre noté sur le chèque.

- C’est une plaisanterie ?, s’étonna-t-elle.
- Non, cent millions de yens (NDA : environ cent mille euros). Je peux t’assurer que le chèque sera honoré. Vous avez sauvé tellement de vies… Ca vous permettra de souffler un peu sans vous inquiéter., dit-elle, posant un regard perçant sur eux deux.
- Je suppose que la mission n’a pas été de tout repos. Alors essayez de profiter un peu. Avec tout ce que j’ai comme preuves, ils vont croupir en prison un bon moment. C’est toi qui a subtilisé vos dossiers médicaux ?, demanda-t-elle à Ryo.
- Non., répondit-il.
- C’est moi pour nous préserver., intervint Kaori.

Les dossiers étaient rangés dans son bureau au milieu d’autres papiers. Personne n’avait besoin de savoir ce qu’ils avaient exactement subi.

- Tu as bien fait. Je suis heureuse de savoir que personne ne pourra les utiliser contre vous. Je vais vous laisser, Reika sort de convalescence. Je dois aller la chercher., fit Saeko en se levant.
- Merci d’être passée pour nous tenir informés. Ca fait du bien de savoir que tout cela n’a pas été inutile., lui dit Kaori.

Elle n’avait pas souffert et ne souffrait pas encore en vain. Elle était soulagée de savoir que chacun avait pu regagner son foyer et que les enfants grandiraient en liberté. Ca avait été cher payé mais ils avaient une nouvelle fois réussi à mener leur mission à bien.

- Ca va, Kaori ?, s’enquit-elle, soucieuse.
- Oui.
- Tu… tu n’es pas enceinte ?, s’inquiéta-t-elle.
- Non… je ne le suis pas. Tout va bien., répondit Kaori en soutenant son regard.

Plus aurait été plus exact mais elle s’en tenait à son secret dont elle commençait à assimiler la douleur.

- Tant mieux., soupira Saeko, pressant son bras doucement.
- J’y vais maintenant.

Elle se dirigea vers la porte et l’ouvrit pour partir quand Ryo l’interpela.

- Au fait, tu as pu supprimer notre certificat de mariage ?, demanda-t-il d’un ton faussement neutre.
- Ah oui, c’est vrai. Il y a eu un piratage du réseau de la mairie qui a été résolu. J’ai supprimé l’enregistrement après avoir intercepté le document papier.
- Très bien., répondit Ryo, d’un ton toujours aussi neutre.
- Mais il est réapparu à chaque fois que je l’ai supprimé., dit-elle précipitamment avant de refermer la porte et de s’enfuir pour ne pas subir les foudres de son ami.

Ryo resta un moment à contempler la porte, s’attendant à la voir revenir en criant surprise mais elle ne revint pas. Lentement, il décroisa les bras et se tourna vers Kaori, sa partenaire, sa femme… Elle semblait aussi stupéfaite que lui. Ils étaient encore mariés. Elle était encore à lui. Il aurait dû être en colère mais ce n’était pas le cas. Il ne savait pas trop ce qu’il ressentait : son esprit était en ébullition, c’était un vrai maelstrom de sentiments sans aucune prédominance.

Kaori releva les yeux et croisa son regard. Elle n’arrivait pas à savoir ce qu’il pensait et c’était dur pour elle de ne pas réagir quand elle ressentait à la fois de la joie d’être toujours sa femme en même temps que l’angoisse de savoir que ce n’était pas partagé. Elle sentait le stress monter car, si Saeko ne pouvait supprimer le certificat et que Ryo ne voulait pas rester marié, ils devraient divorcer et elle n’en avait pas envie. Elle ne voulait pas passer par cette épreuve supplémentaire.

- Kaori, je suis désolé., pipa-t-il soudain, passant nerveusement une main dans ses cheveux.
- Tu n’y es pour rien., soupira-t-elle.
- J’aurais peut-être dû faire établir un faux certificat de mariage. Ca nous aurait causé moins de souci., ajouta-t-il.
- Tu as raison ! Tu aurais dû y penser ! Ca n’aurait fait qu’un mensonge de plus entre nous ! C’est si horrible d’être marié avec moi ? Ca te dégoûte donc tellement ? Tu penses qu’il te faudra combien d’aventures pour oublier les sensations de nos corps emmêlés ? Combien de bouteilles de whisky pour oublier qu’on s’est embrassés ? Combien de vacheries pour effacer tous les mots doux que tu m’as murmurés ?, hurla-t-elle, en proie à une colère irrationnelle soudaine.
- Vas-y, Ryo. Cesse de me baby-sitter comme tu l’as fait toute la semaine. Va courir les filles et les love hotels ! Baise-les comme le ferait l’Etalon de Shinjuku ! Baise-les jusqu’à m’oublier ! Je sais que tu ne m’aimes pas, je sais que je suis un fardeau pour toi, une piètre partenaire et un mauvais coup très certainement. Je ne t’intenterai même pas un divorce pour faute., lâcha-t-elle.

Elle baissa la tête, ses yeux remplis de larmes. Elle avait si mal et cette colère soudaine la quittant, elle se sentait vidée de son énergie, la tête lui tournant.

- Si tu ne veux pas de moi, ça ne sert à rien de prolonger tout cela. Un divorce par consentement mutuel ne te prendra que quelques minutes à la mairie… autant de temps que le mariage… On ira lundi si ça te pèse autant., murmura-t-elle avant de partir.

Il la rattrapa en deux enjambées et la força à se retourner pour lui faire face. Il prit son visage dans ses mains, l’obligeant à le relever.

- Ecoute-moi bien. Je ne t’ai pas menti en te disant que je t’aimais et, même si c’est difficile de s’en passer aujourd’hui, je ne regrette rien de ce qui s’est passé entre nous. C’est juste que…

Il détourna le regard, incapable de soutenir le sien plein de larmes.

- C’est juste que ça ne peut pas arriver dans la vraie vie, n’est-ce pas ?, murmura-t-elle, la voix étranglée.
- C’est trop dangereux, Kaori., répondit-il à voix basse.
- Je comprends…, acquiesça-t-elle.
- En fait, non. Je ne comprends pas mais je n’ai pas le choix., répondit-elle dans un mouvement d’humeur.
- Je t’aime, Ryo, et tu m’aimes. Ca devrait être aussi simple que cela., ajouta-t-elle.
- Aussi simple que de nier ta grossesse ?, l’interrogea-t-il d’un ton calme et posé.

Elle eut un mouvement de recul, le regardant les yeux écarquillés. Comment…

- Ils allaient me relâcher, Kaori. Cela signifie que tu étais enceinte. L’es-tu encore ?, lui demanda-t-il posément.
- Tu as bien vu que j’ai saigné, Ryo. Tu étais là., murmura-t-elle, la voix pleine de sanglots.
- J’ai perdu notre bébé.

Elle se mit à pleurer et il la prit dans ses bras. Il s’en voulait de ne pas avoir compris plus tôt. Dans le feu de l’action, il avait repoussé au fond de sa mémoire la phrase des responsables sur sa libération à venir qui ne pouvait signifier qu’une chose…

- Tu aurais dû m’en parler, Kaori. Tu n’es pas seule. Même imparfaitement, je suis là pour toi., lui dit-il.
- Tu n’es pas responsable de cette perte. Ne te sens pas coupable.
- J’ai mal, Ryo. J’ai tellement mal., lui avoua-t-elle, la douleur perçant dans sa voix.
- Pour être honnête… moi aussi, Kaori., admit-il.
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Ven 14 Mai - 21:16
Chapitre 20

Agacé, Ryo s’adossa au mur et rechargea son arme. Pourquoi avait-il fallu qu’il s’interposa dans cette affaire ? Il aurait pu passer son chemin et se rendre à son rendez-vous auquel il était déjà en retard mais était-ce vraiment de sa faute si autant de filles avaient décidé de profiter du beau temps de cette journée de fin octobre pour se mettre en jupe et exhiber leurs jolies jambes et lui laisser une chance de voir leurs dessous ? Il sourit amusé de son subterfuge. Qui cherchait-il à leurrer ? Il s’était volontairement laissé prendre par ses vieux penchants pour oublier. En revanche, il ne pouvait pas laisser ce règlement de compte avoir lieu, surtout lorsqu’un enfant se retrouvait au milieu de tous ces hommes armés.

Il avait déjà désarmé trois hommes, les prenant par surprise comme l’intrus qu’il était. Les trois autres balles avaient dispersé les autres hommes. Cela avait laissé le temps au père de mettre son fils à l’abri. Il jeta un regard en arrière et étudia ses options. Manque de chance pour lui, il sentit d’autres auras meurtrières arriver. Apparemment, leur cible était bien plus précieuse qu’il ne le pensait. Il savait que cet homme n’était pas un enfant de choeur. Il le sentait mais, malgré cela, il ne voulait pas l’abandonner et, surtout, il y avait l’enfant, un petit garçon de trois ou quatre ans terrifié qui s’accrochait à la jambe de son père. Cet enfant n’avait pas à souffrir des erreurs de son paternel.

Sortant de sa cachette, Ryo avança prudemment et réussit à rejoindre l’homme et son fils.

- C’était imprudent de votre part de vous mêler de cette histoire mais merci., lui dit-il, reconnaissant.
- J’ai l’habitude. Alors bonhomme, ça va ? Moi, c’est Ryo.

Le petit regarda son père avec inquiétude et celui-ci lui fit un léger signe de tête qui le rassura.

- Comment tu t’appelles ?, lui demanda le nettoyeur.
- Hiro., répondit le père face au silence de son fils.
- Moi, c’est Toshio. Vous pensez qu’on peut s’en sortir ? Ils sont nombreux., constata-t-il.
- Une douzaine. Une promenade de santé., plaisanta Ryo.

Il sortit deux balles de sa poche et les tendit à Hiro.

- On va jouer à un jeu. Tu vas mettre cela dans tes oreilles et donner la main à ton papa. Tu le suis sans hésiter, d’accord ?, lui proposa le nettoyeur.

Le père glissa les projectiles qui serviraient de boules quies dans les conduits auditifs du petit garçon et se tourna vers Ryo.

- Et maintenant ?
- Je suppose que tu n’as plus ton arme., lâcha Ryo.
- Non. Mais comment sais-tu…, demanda Toshio, à peine surpris de la question.
- Parce que je sens que tu es du milieu comme moi., répondit le nettoyeur.
- Etais. J’en suis sorti à sa naissance, quand sa mère est morte abattue d’une balle qui m’était destinée. On a eu juste le temps de le sauver mais pas elle. J’y ai vu un signe., lui expliqua-t-il sombrement.
- Je n’aurais pas dû revenir à Tokyo mais j’y étais obligé pour voir un spécialiste. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’ils me retrouvent…
- Je vais t’aider à sortir d’ici et après tu t’en iras loin.
- Oui.

Ryo se retourna et évalua la situation. Il y avait une douzaine d’hommes et une seule sortie… derrière eux. Il jeta un regard sombre sur l’enfant logé dans les bras de son père. Seul, c’était une sinécure. A trois, c’était une autre affaire mais il les sortirait de là. Peu importait son passé, Toshio voulait le bien de son fils et s’inquiétait pour lui. Il s’était retiré du métier, c’était un homme comme un autre à présent.

- J’espère qu’il te reste juste quelques petits trucs du métier., lâcha soudain le nettoyeur.
- Lesquels ?
- Courir et slalomer avec un poids dans les bras., répondit Ryo, désignant Hiro du menton.
- Je vais m’écarter de vous et les attirer un peu plus loin. Tu devras courir pour atteindre la sortie qui est là-bas.
- Mais toi…
- Ne t’occupe pas de moi. Ils ne peuvent pas me tuer.

Toshio leva un sourcil interrogateur face à son attitude bien arrogante. Ryo laissa un sourire ironique, proche de la grimace, apparaître sur ses lèvres.

- Ma femme le fera pour avoir raté notre rendez-vous., expliqua le nettoyeur.

Oh oui, Kaori allait le massacrer… sauf peut-être s’il avait le temps de lui expliquer mais il doutait de cela.

- Un sacré caractère…, pipa le père.
- Tu n’as pas idée., murmura tendrement Ryo.
- On y va., souffla-t-il

Toshio attrapa Hiro dans ses bras et s’accroupit, prêt à bondir. Ryo lui fit signe et s’éloigna d’eux. Quand il fut suffisamment loin, le nettoyeur engagea le combat. Méthodiquement, il commença à neutraliser les tueurs, les emmenant plus à l’écart de la sortie. Soudain, il vit bondir Toshio et redoubla les coups de feu dans un champ où il ne risquait pas d’atteindre le père et son fils, distrayant ses ennemis par la même occasion. Il vit avec soulagement les deux fugitifs disparaître par la porte et, le petit n’étant plus là, laissa libre cours à la déferlante de balles pour gérer l’attaque. Cinq minutes plus tard, tous les hommes étaient à terre, gémissant sous la douleur de leurs blessures, et Ryo sortit de là. Sur une caisse, il trouva les deux balles posées sur un morceau de papier. Merci, lut-il. Il saisit le tout et le rangea dans sa poche.

Retrouvant la rue, il s’arrêta et huma l’air exempt de toute odeur de poudre. Ce faisant, il vit la nuit arriver sur Tokyo. Il reprit son chemin et arriva sur le lieu de rendez-vous mais, comme il s’y attendait, elle n’était plus là. Il n’osait même pas se demander combien de temps elle avait attendu et ce qu’elle avait pensé. Elle devait être folle de rage. Etrangement, il ne se sentait pas plus embêté que cela d’avoir manqué leur rendez-vous. Il se sentait même soulagé, à son plus grand étonnement. Il n’aurait pas dû mais finalement, cela expliquait aussi son retard initial…

Fourrant les mains dans les poches, il prit le chemin de l’immeuble. Il était à peu près certain que Kaori ne serait pas allée au Cat’s. Elle ne voudrait pas expliquer à Miki les raisons de sa colère comme elle ne voulait pas parler de sa fausse couche. C’était trop douloureux pour elle et il pouvait le comprendre. Ca lui faisait également mal. Il repensa à Hiro et se demanda s’il aurait été capable d’assurer la sécurité de leur enfant en plus de la leur. Avec quelques ajustements, il se dit que oui… parce qu’il n’était pas seul, parce que Kaori était là et qu’il pouvait lui faire confiance, qu’il ne devait plus la surveiller tout le temps, parce qu’elle avait acquis d’excellents réflexes… Ils auraient pu avoir ce bébé et l’élever à Tokyo.

Il arriva bientôt à l’immeuble de briques rouges et leva les yeux. Elle était là. Les fenêtres étaient éclairées au dernier étage mais il voyait surtout sa silhouette accoudée au garde-corps du toit. Se préparant à la confrontation, il monta et la rejoignit.

- Je t’ai attendu… murmura-t-elle lorsqu’il s’accouda à ses côtés.

Il la regarda malgré l’obscurité. Ses yeux fixaient l’horizon et, s’il ne la voyait pas, il sentait la tension qui émanait de son corps.

- J’ai eu un imprévu., s’excusa-t-il.
- Toute l’après-midi ?, répondit-elle, le doute emplissant sa voix.
- Elle en valait la peine, j’espère., ajouta-t-elle, amère.
- Il avait quatre ans et un père repenti sous la menace d’anciens confrères.

La tension fit place à l’inquiétude et il la ressentit de plein fouet. C’était tout elle. Dès qu’un enfant était en danger, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Elle se tourna légèrement vers lui.

- Ils s’en sont sortis ?
- Oui. Je leur ai conseillés de partir loin d’ici., répondit-il.
- Tant mieux.
- Si on rentrait Kaori ? Il commence à faire froid.

Elle s’écarta de la rambarde et le suivit à l’intérieur. Elle le regarda enlever sa veste, s’attendant à devoir s’énerver parce qu’il la jetterait n’importe où. Ryo fut étonné de la voir approcher de lui. Elle avait plutôt été distante depuis deux jours et il se demanda ce qui lui valait cette proximité, d’autant plus qu’elle le troublait. Tenant toujours sa veste à la main, il la vit approcher la sienne et son corps se tendit prêt à réagir à ce toucher dont il se languissait. Il sentait son cœur battre plus vite et sa respiration s’accélérer en imaginant tout ce qui viendrait avec cette main sur son torse.

Il l’enlacerait, passerait la main derrière sa nuque et poserait ses lèvres sur les siennes. Il la presserait contre lui, retrouvant avec délice ses formes sublimes. Il la plaquerait contre le mur, entrelacerait leurs doigts, fouillant sa bouche avec sa langue avidement. Peut-être prendrait-il le temps de monter dans sa chambre ou pas avant de se glisser entre ses cuisses et retrouver avec envie la chaleur de leurs intimités mêlées. Il se mouvrait alors en elle lentement, laissant le plaisir grossir en eux avant d’exploser tel un feu d’artifice. Loin d’être rassasié, il resterait au creux d’elle et, dans un moment plus passionné, l’emmènerait une deuxième fois, voire plusieurs fois d’affilée, côtoyer le septième ciel, se délectant de ses gémissements et cris d’extase.

- Un père et son fils, Ryo ?, siffla-t-elle soudain.
- Lequel porte une culotte bleue taille 36  et un soutien-gorge 95B noir ? Il était transsexuel ton repenti ? Tu n’en as pas assez de te foutre de ma gueule ?, lui hurla-t-elle, lui lançant à la figure les sous-vêtements qu’elle avait sortis de sa poche de veste.
- J’en ai marre de tes enfantillages et de tes mensonges, Ryo ! Je t’ai attendu comme une conne devant la mairie toute l’après-midi. Je me suis inquiétée pour toi parce que je n’arrivais pas à m’ôter de la tête que, si tu ratais le rendez-vous pour notre divorce, c’est qu’il t’était arrivé quelque chose de grave. Et toi, tu batifolais dans les rues de Tokyo.

Elle le regardait, blanche de rage, les yeux noyés de larmes. Il savait qu’il l’avait déçue, une nouvelle fois, et il ne savait pas comment faire pour se faire pardonner.

- Tu t’imagines seulement à quel point c’est douloureux de devoir divorcer de l’homme que j’aime et qui dit m’aimer ? Je n’en ai pas envie, Ryo, d’autant moins quand tu me dis ne pas regretter ce qui s’est passé pendant cette mission, ce qui inclut notre mariage., reprit-elle, la voix tremblante.
- Kaori…, murmura-t-il.
- Mais je le fais quand même parce que c’est ce que tu as décidé. Je respecte ta décision alors aie au moins un peu de respect pour moi et pointe-toi au rendez-vous. Tu as déjà de la chance que ça puisse être réglé avec une simple demande et une signature. Il y a des pays où même le plus consensuel des divorces prend des mois. Nous, ce sera un quart d’heure.

Elle n’attendit pas sa réponse et monta dans sa chambre. Elle n’avait même pas envie de l’écraser sous une massue. Elle était en colère mais elle avait comme dépassé une limite. Elle voulait juste en finir avec cette situation.

Elle avait passé son après-midi à l’attendre, n’osant bouger de peur de le rater. Elle avait vu une dizaine de couples rentrer et ressortir le sourire aux lèvres, s’embrassant comme des fous, comme eux trois semaines et demies plus tôt. Ils allaient rentrer là comme la dernière fois et ressortir un quart d’heure plus tard retrouvant leur statut de célibataires. Il lui avait dit qu’il l’aimait mais ils ne pouvaient pas rester mariés. Pourtant, ils avaient eu de très bons moments sur le paquebot et même pendant leur détention. Sans le stress de la mission, ce ne pouvait être que mieux, non ? Elle ne comprenait pas mais, comme d’habitude, ou par habitude justement, elle se pliait à ses volontés et elle l’attendait devant la mairie.

Elle avait d’abord été patiente. Il lui avait juré qu’il viendrait directement après avoir fait le tour de ses indics, ce qui avait pu lui prendre un peu plus de temps que prévu si les nouvelles n’étaient pas bonnes. Au bout d’une heure, elle avait pesté, surtout quand elle s’était retrouvée sous la pluie, devant se réfugier dans un endroit encore visible mais peu abrité. Au bout de deux heures, elle était inquiète. Elle avait commencé à imaginer le pire, se demandant si elle devait courir chez le Professeur ou craindre que son statut ne passa de mariée à veuve. Son cœur se serra et elle sentit ses jambes flageoler. Non, il ne pouvait pas mourir… Quand finalement la mairie ferma ses portes, elle rentra à l’appartement.

Elle avait envisagé de se rendre au Cat’s mais changea d’avis. Elle n’avait pas envie d’expliquer à Miki qu’elle n’avait pas pu venir plus tôt parce qu’elle attendait Ryo devant la mairie pour divorcer et qu’il n’était pas venu. Premièrement, elle aurait fait toute une diatribe acide sur son comportement irresponsable et, cela fait, elle aurait tenté de la persuader de persuader Ryo de ne pas aller au bout de la procédure. Elle avait déjà eu l’occasion d’entendre Miki s’extasier sur leur mariage si romantique et de la tanner pour savoir pourquoi ils l’avaient fait annuler. Elle ne voulait plus y répondre. Elle ne voulait plus prétendre que ce n’était rien, juste un truc à faire comme les courses, désagréable mais nécessaire.

Elle se laissa tomber sur son lit et se pelotonna dans la couette. Il avait recommencé à courir les miss mokkori. Elle se sentait déçue, flouée. Finalement, cette semaine qu’il avait passée à ses côtés n’avait été qu’un aparté dans leur vie. Elle avait pensé qu’il avait changé, qu’il avait enfin arrêté ses pitreries et qu’elle pouvait espérer voir évoluer leur relation, même sans mariage. Ca aurait été un moindre mal… Elle s’était trompée. Il reprenait ses habitudes. Bientôt, il sortirait de nouveau tous les soirs et rentrerait complètement saoul, embaumant le parfum capiteux des bunnies.

- Je ne veux pas. Je ne veux plus…, murmura-t-elle.
- Tu es à moi comme je suis à toi. Pourquoi ne puis-je pas te suffire ?

Elle se sentait perdue et épuisée. Elle n’arrivait plus à prendre de recul. Cela faisait beaucoup de choses à digérer en si peu de temps et sa présence ne l’aidait pas. Elle se redressa dans son lit et se regarda dans le miroir. Elle se leva et s’en approcha, posant la main dessus. Elle vit son visage encore très pâle, son jean qui flottait, tout comme son pull, ses yeux qui semblaient ternis. Elle devait faire quelque chose pour aller mieux. Elle vit le cadre-photo de son frère dans le reflet du miroir et se tourna vers lui, le fixant un moment. Son cœur se serra et elle quitta sa chambre.

Elle trouva Ryo, affalé dans le canapé, lisant une de ses revues. Quand il la vit approcher et non se diriger vers la cuisine, il posa son magazine et se redressa.

- Je suis désolé pour tout à l’heure. J’étais en retard mais je voulais vraiment venir Kaori. J’ai vraiment rencontré un père et son fils dans une mauvaise posture., s’excusa-t-il.

Elle le jaugea du regard un moment puis acquiesça.

- Je te crois., murmura-t-elle.
- Ryo, quand on aura… quand on aura divorcé, je vais partir voir Sayuri., lui annonça-t-elle.

Il leva les yeux vers elle, surpris, puis se leva, nerveux.

- Pourquoi ?, souffla-t-il.
- J’ai besoin de souffler, de réfléchir., expliqua-t-elle.

Ryo l’observa. Il avait l’impression que tout s’effondrait autour de lui. L’entendre parler de s’en aller le perturbait beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru. Il savait que ce serait dur mais il n’avait pas imaginé à quel point.

- Tu ne peux pas le faire ici ?, lui demanda-t-il, d’une voix plus anxieuse qu’il ne l’aurait voulue.
- Ca te concerne., murmura-t-elle, baissant les yeux.
- J’ai besoin de faire le point sur où j’en suis et ce que je veux faire de ma vie et notre relation fait partie des choses sur lesquelles je veux réfléchir.
- Je peux te laisser de l’espace si tu veux., proposa-t-il.

Tout ce qu’elle voudrait sauf la voir partir. Pour la première fois de sa vie, il eut vraiment très peur de perdre quelqu’un.

- J’ai besoin de partir., affirma-t-elle.

Même si ça lui faisait peur, si elle craignait de se sentir seule ou de s’apercevoir qu’elle ne voulait pas revenir.

- Tu vas revenir ?, s’enquit-il.

Elle releva les yeux vers lui et le regarda. Sa détresse lui fit mal mais elle devait se montrer forte. Si elle continuait ainsi, ils iraient droit dans le mur. Elle avait besoin de se poser certaines questions, de savoir si elle pouvait continuer avec lui ainsi, à s’aimer sans être ensemble après tout ce qu’ils avaient vécu.

- Normalement, oui…, répondit-elle, à voix basse.
- Normalement ?, répéta-t-il, incrédule.

Comment pourrait-il la laisser partir sans être sûr qu’elle reviendrait ? Pourquoi tout partait à vau-l’eau soudain ? Pourquoi devaient-ils avoir touché le paradis et maintenant vivre l’enfer ?

- Je… Je ne veux pas que tu partes., murmura-t-il.
- Mais tu veux toujours divorcer…, soupira-t-elle.

Il la regarda, déchiré. Il ne voulait pas rester marié avec elle mais pour lui laisser une porte ouverte, pas pour se laisser une porte ouverte, et pour la protéger.

- Oui., souffla-t-il.
- Alors il faut que je parte., conclut-elle.
- Je ne sais pas si je peux continuer ainsi indéfiniment, Ryo. Je n’ai pas seulement besoin de l’idée que tu m’aimes. J’ai besoin que tu m’aimes, physiquement, concrètement, même si ça n’est pas tous les jours facile.
- Tu sais très bien pourquoi je ne le peux pas…, argua-t-il, désespéré.
- Je le sais… mais je ne suis pas sûre de pouvoir encore m’en contenter.

Il avait la sensation d’être mis au pied du mur et c’était quelque chose qu’il détestait. Il avait le sentiment que rien de ce qu’il dirait ne la ferait changer d’avis, qu’elle lui échappait et il ne comprenait pas ce qui s’était passé.

- Tu penses rencontrer quelqu’un là-bas et te marier ?, lui demanda-t-il abruptement.

Elle le regarda sans comprendre et se demanda bien d’où il pouvait sortir une ineptie pareille. Elle aurait pu en rire si son regard n’avait été si sérieux. Il y croyait vraiment.

- Ryo, je n’ai pas envie de sortir de notre mariage. Je le fais pour toi. Alors non, je ne compte pas me marier là-bas… sauf si tu veux venir avec moi., répondit-elle, posant une main sur son torse.

Il sentit comme une décharge électrique à son contact et posa la main sur la sienne. Il avait envie de plus, tellement plus. Il lui aurait suffi de céder comme pendant ces quelques jours, de la prendre dans ses bras et l’embrasser, de la serrer contre lui…

- Tu sais très bien que je ne peux pas., répondit-il dans un murmure.
- Tu ne peux pas venir avec moi, tu ne peux pas rester marié avec moi, tu ne peux pas avoir de liaison avec moi… J’ai vraiment besoin de réfléchir à ce que je peux encore accepter de faire avec toi, Ryo.

Il lâcha sa main et s’écarta d’elle, sombrement. Il se dirigea vers le bar et sortit un verre, versant du whisky dedans. Il contempla la bouteille un instant se demandant s’il n’aurait pas mieux fait de la vider d’un trait puis la reposa. Il ne toucha pas au verre et s’appuya sur le meuble, reprenant le dessus sur ses émotions.

- D’accord., lâcha-t-il enfin.
- Si tu veux, on peut régler cette histoire de divorce à ton retour., proposa-t-il.

Il s’assurait ainsi de la voir revenir. Elle devrait toujours rentrer pour régler ce souci si un jour elle voulait se marier avec un autre.

- Tu penses changer d’avis pendant que je serai partie ?, lui demanda-t-elle, un sourcil levé.

Il tourna les yeux vers elle et croisa son regard. Il réfléchit quelques secondes puis secoua négativement la tête.

- Alors je préfère attendre que ce soit fait. Quand je rentrerai, j’aurai digéré toute cette histoire et on pourra reprendre sur des nouvelles bases plus solides… enfin, j’espère., murmura-t-elle sur la fin.
- Je suppose que tu veux retourner demain à la mairie pour régler ce souci ?, l’interrogea-t-il, sombrement.
- Si tu es libre, oui., acquiesça-t-elle.

Sans avoir touché à son verre, il se redressa et se dirigea vers le placard pour y prendre sa veste. Il l’enfila sur son holster puis se dirigea vers la porte d’entrée.

- Je me rendrai disponible. Ne m’attends pas ce soir., répondit-il, sentant une colère noire monter en lui.

Il ne voulait pas laisser exploser sa rage devant elle, rage principalement dirigée contre lui mais il savait qu’elle était une cible bien trop facile pour lui. La porte claqua sèchement derrière lui, Kaori restant seule à l’appartement, Ryo s’enfonçant dans les ténèbres de la nuit.
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Lun 17 Mai - 22:20
Chapitre 21

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin, Kaori se sentit courbaturée et aussi fatiguée que lorsqu’elle s’était endormie la veille. Pas étonnant, pensa-t-elle, lâchant le coussin du canapé où elle avait fini par s’endormir. Elle jeta un regard anxieux vers le placard de l’entrée et, comme elle le craignait, sa veste n’y était pas. Ryo n’était pas rentré de la nuit. Son cœur saigna : où était-il et avec qui ? Elle réprima les larmes et se leva, chancelante. Elle se remémora leur discussion de la veille, sa détresse lorsqu’elle lui avait dit qu’elle partirait après leur divorce et sa colère en sortant. Une pensée soudaine la saisit d’effroi et elle sentit son estomac se tordre violemment : s’il lui était arrivé quelque chose ? S’il avait été défié dans la soirée ? Si ses idées n’avaient pas été claires et qu’il était… mort ? Elle étouffa un sanglot et monta péniblement les marches vers la salle de bains. Elle se faisait un film. Elle avait juste besoin de retrouver les idées claires et tout irait bien. Ryo rentrerait ivre certainement, empestant la bunny probablement. Elle aurait mal de savoir qu’il avait couché avec une autre mais il serait vivant.

Elle se glissa sous l’eau chaude et tenta d’oublier tout ce que cette journée allait lui apporter. Dès que Ryo serait rentré et prêt, ils iraient à la mairie, à deux cette fois-ci, et divorceraient. En rentrant, elle prendrait son billet d’avion pour les Etats-Unis. Avec un peu de chance, elle décollerait avant la fin de la journée et, demain matin, elle se réveillerait sur un autre continent et pourrait commencer à tourner la page. Son cœur se serra : elle n’avait pas envie de partir mais il le fallait. Elle ne pouvait pas continuer ainsi à se languir de lui et vivre sur des souvenirs. Elle voulait se tourner vers l’avenir en toute sérénité et confiance. Sortant de la douche, elle s’enroula dans une serviette et se regarda dans le miroir en attrapant sa brosse à dents. La femme livide et cernée qu’elle y voyait lui ressemblait mais ce n’était pas elle. Elle devait se retrouver.

Lorsqu’elle en eut terminé dans la salle de bains, elle partit dans sa chambre et entendit du bruit dans celle de Ryo. Elle réfréna son envie d’aller le voir et s’enferma dans son antre. Elle s’habilla rapidement et sortit son sac de voyages, l’emplissant des affaires dont elle aurait besoin. Elle voulait être prête si jamais elle trouvait un billet qui ne lui laisserait que peu de temps pour se préparer. En ayant fini, elle ressortit de là et partit en cuisine préparer le petit-déjeuner. Quand elle eut fini, elle attendit… et attendit… et attendit. Alors que dix heures s’affichaient à la pendule, elle en eut assez et monta dans la chambre de Ryo malgré son anxiété. Elle frappa et pénétra. Il était étalé de tout son long sur son lit, endormi. Il n’avait même pas pris le temps de se déshabiller et ronflait comme un bon.

- Debout, Ryo., l’appela-t-elle.

Seul un ronflement lui répondit.

- Ryo, lève-toi., réitéra-t-elle, s’approchant.
- Allez, Ryo, on doit aller à la mairie.
- Laisse-moi dormir., grogna-t-il.
- Non, on doit aller à la mairie. Tu n’avais qu’à pas rentrer si tard., le tança-t-elle.

Elle était en colère contre lui. Elle s’était inquiétée pour lui, encore une fois sans raison. Ca sentait le réveil après une nuit de débauche et elle préférait ne pas savoir à quel genre de débauche il s’était adonné…

- Laisse-moi dormir, Kaori…, répéta-t-il, enfonçant la tête dans son oreiller.
- Non, tu vas te lever, te laver et on va à la mairie ! Je me fiche de savoir si tu es bourré ou que tu as mal à…

Elle s’interrompit réalisant ce qu’elle s’apprêtait à dire. Elle se mit à rougir furieusement et se tourna vers les fenêtres pour aller ouvrir les rideaux, laissant passer outrageusement la lumière blafarde du jour, cachant ainsi sa gêne.

- Tu es insupportable !, lâcha-t-il, se tournant de l’autre côté, passant la couverture au dessus de sa tête pour se protéger.
- C’est toi qui es insupportable ! Lève-toi ! Je veux régler cette affaire au plus vite., lui asséna-t-elle avant de sortir.

Il le fallait ou elle se mettrait à pleurer devant lui. Elle était épuisée de devoir se battre contre lui pour tout, l’aimer, s’imposer comme partenaire et même divorcer… Elle descendit les escaliers et alla en cuisine faire du rangement.

Quand il entendit la porte se fermer, Ryo sortit de sa cachette et regarda le panneau de bois en pensant à sa femme. Visiblement, elle pensait qu’il avait passé la soirée à noyer ses soucis dans l’alcool ou les vapeurs de parfum d’une autre femme. Les seules vapeurs qu’il avait rencontrées étaient celles des pots d’échappement des rares véhicules qu’il avait croisés. Il ne s’était pas réfugié dans un cabaret et avait encore moins ramassé une fille de joie. Il avait simplement marché et marché encore pour évacuer la colère qu’il ressentait et son angoisse. C’était peut-être ce dernier point qui le déstabilisait le plus. La colère, il connaissait, il avait déjà longuement vécu avec et avait appris à la gérer. Il lui suffisait d’un peu de temps et d’éloignement. Mais l’angoisse, c’était nouveau. Il ne connaissait pas. Même dans la jungle, il n’avait pas dû y faire face. Il avait eu peur parfois, mais n’avait jamais été angoissé, vécu ce sentiment oppressant. La peur passait, l’angoisse l’étouffait et il lui avait fallu marcher longtemps pour maîtriser ce nouveau sentiment.

Il regarda son réveil qui marquait dix heures quarante-cinq et se décida à sortir de son lit. Il lui avait dit qu’il se rendrait disponible pour aller à la mairie, il devait le faire. Il se dirigea vers la salle de bains et prit tout son temps sous la douche. Quand il descendit, enfin prêt, il était onze heures et quart. Il se dirigea vers la cuisine où il trouva Kaori perchée sur une chaise en train de nettoyer l’étagère la plus haute d’une armoire. Il admira un instant la chute de ses reins puis se crispa en voyant la chaise vaciller.

- Tu ne devrais pas monter sur une chaise pour faire cela., dit-il.
- Tu daignes enfin apparaître ?, répondit-elle, amère.

Elle termina sa tâche et laissa tomber son chiffon sur le plan de travail. Elle descendit calmement de sa chaise et, quand elle se tourna vers lui, Ryo tressaillit : son regard d’habitude si chaleureux était froid et il pouvait y lire toute sa colère.

- On peut y aller ou tu vas trouver une nouvelle excuse pour me pourrir un peu plus la journée ?, lui demanda-t-elle agressivement.
- On peut y aller.

Il ne se sentit pas l’audace de recourir à une de ses réparties habituelles. Il avait semblait-il déjà fait assez de dégâts… Ils prirent tous deux leurs manteaux et descendirent. Ils n’échangèrent pas un mot sur la route qui les mena à la mairie. Ryo se réfréna de faire le pitre malgré son envie grandissant au même rythme que son malaise, malaise d’autant plus grand qu’il voyait sa partenaire s’assombrir plus ils approchaient de la mairie.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans le bâtiment, ils se dirigèrent vers l’accueil, ne sachant à qui s’adresser.

- Bonjour, Mademoiselle. Nous… nous venons divorcer., balbutia Kaori, la gorge nouée.
- Vous arrivez juste à temps, les portes ferment dans cinq minutes. Alors pour les divorces…, commença la jeune femme.
- Vous avez un sourire extraordinaire, Mademoiselle., la coupa Ryo d’une voix suave.

Il s’accouda au bureau de l’accueil, lui lançant un regard de braise. L’hôtesse déglutit, subjuguée, et le rouge lui monta aux joues.

- Je… euh… Merci Monsieur., répondit-elle, gênée en jetant un regard vers la nettoyeuse.
- Pour les divorces…
- Vous êtes libre pour le déjeuner ?, reprit-il.
- Ryo…, gronda Kaori d’une voix menaçante.

Il l’ignora ouvertement, ce qui la mit encore plus en colère et la blessa.

- Je… euh… c’est que…
- Vous préférez peut-être passer directement aux choses sérieuses ?, continua-t-il, la bave perlant à ses lèvres.
- On oublie le restaurant et je vous emmène au love hôtel ?, dit-il, tentant de sauter par dessus le bureau pour enlacer la jeune femme.

Il fut retenu par Kaori, fulminant, et sa cible se mit à hurler. Les vigiles de la mairie arrivèrent en courant et le saisirent par le col avant de le jeter dehors.

- Je suis désolée., murmura la nettoyeuse, les larmes aux yeux, à l’hôtesse.
- Où se situe le bureau pour les divorces que je ne vous le redemande pas cette après-midi ?
- Dans ce couloir, le dernier bureau à gauche., répondit-elle, encore tremblante, pointant du doigt un endroit sombre.

Sombre comme son humeur, se dit-elle, peut-être aussi comme son avenir. Elle déglutit, tentant de chasser sa douleur, et sortit de la mairie, s’attendant à ne pas y trouver son futur ex-mari. Pourtant, il était là, nonchalamment appuyé sur un poteau d’éclairage, toujours aussi charismatique et séduisant, et elle aurait certainement fondu si elle n’avait pas été si en colère, si blessée, si peinée. Il se redressa en la voyant arriver et allait s’excuser quand une gifle puissante lui coupa le souffle. Elle plongea son regard dans le sien deux secondes avant de partir et il regretta instantanément ses actes. Il s’y était très mal pris s’il voulait la revoir quand elle partirait aux Etats-Unis. Se maudissant, il se dépêcha de la rejoindre et ils rentrèrent en silence à l’appartement.

- Si tu as faim, débrouille-toi., dit-elle simplement après avoir rangé son manteau.
- Tu ne manges pas ?, s’inquiéta-t-il.

Elle avait déjà perdu suffisamment de poids pendant la mission et peinait à le regagner. Il ne voulait pas la voir s’effondrer.

- Tu m’as coupé l’appétit., lui expliqua-t-elle d’un ton chargé de mépris.

Il avait déjà affronté sa colère mais jamais le mépris. C’était encore un fait nouveau pour lui, nouveau et douloureux, et c’était entièrement de sa faute. Il ne faisait que la blesser, tout ça parce qu’il ne supportait pas de la laisser partir. C’était égoïste de sa part mais il ne pouvait s’en empêcher.

La voyant s’éloigner, il la rattrapa et prit son poignet.

- Que veux-tu, Ryo ?, cracha-t-elle, le regard noir.
- Cette après-midi… Cette après-midi, on va à la mairie dès l’ouverture et on le fait. Je serai sérieux., lui promit-il, le regard plongé dans le sien.
- Vraiment ?, l’interrogea-t-elle, sans y croire.
- Vraiment.

Elle acquiesça et monta sur le toit pour prendre l’air et se calmer. Elle ne comprenait pas pourquoi, malgré toute la colère qu’elle ressentait, une toute petite part d’elle-même était soulagée de ne pas être divorcée. La situation lui était pourtant insupportable et elle la savait sans autre issue possible alors pourquoi ? Elle n’espérait pourtant plus que Ryo changea d’avis. Il avait été clair et il semblait résolu puisqu’il venait de lui-même de lui proposer d’y retourner. S’il ne voulait pas divorcer, il se serait défilé, aurait prétexté un rendez-vous ou une occupation quelconque. Elle essuya les larmes qui coulèrent sur ses joues. Elle était épuisée moralement et physiquement. Elle descendit dans sa chambre et s’allongea sur son lit, s’endormant rapidement.

Une heure et demie plus tard, Ryo monta et la trouva dans un sommeil profond. Il resta un moment à se rassasier de ses traits détendus, qu’il n’avait plus vus depuis plusieurs jours. Il leva la main et toucha délicatement sa joue. Sa peau était aussi chaude et douce que dans ses souvenirs. Il sentit son cœur battre un peu plus vite et les laissa glisser le long de sa mâchoire. Quand il la sentit bouger, il retira sa main et attendit qu’elle fut réveillée. Elle fronça les sourcils en le voyant, un peu désorientée.

- Il est bientôt deux heures. La mairie va ouvrir., lui dit-il.
- Prends le temps de te réveiller. Je t’attends en bas., ajouta-t-il.

Elle acquiesça et le regarda partir, le cœur serré. Elle le détestait, enfin non pas vraiment, mais pourquoi devait-il se montrer d’un coup si tendre et prévenant ? Pourquoi devait-il lui rappeler en deux phrases pourquoi il affolait son cœur, pourquoi elle ne voulait pas divorcer ? Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, encore, ce qui l’énerva et la frustra quand elles finirent par rouler le long de ses joues. Elle en était sûre maintenant, elle avait atteint les limites de sa résistance psychique et elle craquait. Elle laissa les vannes ouvertes un moment puis, quand enfin les larmes se tarirent, se leva et alla à la salle de bains se passer de l’eau fraîche sur le visage.

Quand elle descendit une demi-heure plus tard, Ryo la regarda et vit ses yeux rougis et gonflés. Il baissa les siens, se sentant coupable de son état, mais ne dit rien. Il ne savait pas quoi faire pour apaiser son chagrin. La seule chose qu’il aurait pu faire, il n’était pas capable de l’assumer. Aussi se contenta-t-il de lui tendre son manteau pour qu’elle le passa et ils s’en allèrent. Lorsqu’ils arrivèrent à la mairie, les deux vigiles du matin étaient encore là et lui adressèrent un regard suspicieux. Sans passer par la case accueil, ils se dirigèrent vers le fond du couloir comme l’avait indiqué l’hôtesse à Kaori.

- C’est là., dit-elle d’une voix morne.
- Je reviens dans deux minutes., l’informa-t-elle, se dirigeant vers les toilettes des dames.

Ryo la regarda partir et décida de s’asseoir. Au même moment, un homme sortit du bureau.

- C’est pour un divorce ?
- Oui. J’attends ma femme., l’informa Ryo.
- Je reviens dans deux minutes., dit l’homme, se dirigeant vers les toilettes pour hommes.

Ryo acquiesça et le regarda partir. Dans deux minutes, ils rentreraient dans ce bureau pour en sortir un quart d’heure plus tard, divorcés. Ca n’avait pas de sens. C’était irréel. Comment pouvait-on séparer ainsi un couple en aussi peu de temps ? Dans un quart d’heure, ils sortiraient et Kaori irait chercher son billet d’avion pour les Etats-Unis. Allait-elle prendre un aller simple ou un aller-retour ? Resterait-elle là-bas pour toujours, le laissant seul ici ? Il eut l’impression que son cœur s’arrêta de battre.

- Il n’est pas encore là ?, demanda Kaori, le tirant de ses songes.
- Hein ?, répondit-il, regardant vers la porte du bureau.
- Non., dit-il, se levant à son tour.
- Excuse-moi, je dois y aller aussi.
- D’accord., acquiesça-t-elle, s’asseyant.

Ryo la laissa et entra dans les toilettes, juste après avoir jeté un dernier coup d’œil vers elle. Il y avait quatre cabinets et un seul fermé. Il sortit son magnum, fixa rapidement le silencieux dessus et tira sur la poignet, bloquant la serrure. Marmonnant une vague excuse, il jeta une capsule de gaz soporifique dans le cabinet concerné et, après avoir patienté quelques secondes pour se donner plus de crédibilité, il ressortit des toilettes, cassant la poignée en sortant, et retourna s’asseoir auprès de Kaori. Elle avait les mains jointes, crispées sur ses genoux, les traits tendus. Il posa une main sur son bras, ce qui attira son attention.

- Détends-toi. Ce sera bientôt fini., mentit-il.
- Tant mieux., mentit-elle à son tour.

Ils patientèrent une demi-heure avant qu’elle ne se leva et alla voir au bureau d’à-côté.

- Il devrait être là. Je l’ai vu revenir de pause., fit une autre employée, sortant de son bureau pour aller dans celui de son collègue absent.
- Mayumi, tu as vu Ryosuke ?, demanda-t-elle à la femme dans le bureau situé en face.
- Aux toilettes peut-être., répondit cette dernière.
- Ah c’est gênant, je ne peux pas y entrer., s’agaça la jeune femme.
- Si vous voulez, je peux aller voir., proposa Ryo aimablement.
- Ce serait très gentil de votre part.

Il se leva, réprimant le sourire hypocrite qui naissait sur ses lèvres, et alla aux toilettes pour hommes. Il actionna la poignée à plusieurs reprises puis se tourna vers les femmes qui attendaient.

- La porte est fermée., constata-t-il.
- Encore une fois cassée à tous les coups. Je n’ai aucune idée d’où il peut être. Vous pouvez encore patienter un peu si vous le souhaitez ou rentrer chez vous et revenir demain matin. Il est peut-être tombé malade., supposa sa collègue.

Kaori regarda Ryo, le cœur lourd. Encore un contretemps… Elle sentit ses jambes fléchir sous elle et s’assit.

- Ca va ?, s’inquiéta Ryo, revenant près d’elle.

Elle leva les yeux vers lui et vit qu’il était sincèrement soucieux. Elle secoua négativement la tête en se mordant la lèvre.

- Tu as besoin de te reposer, Kaori. On va attendre encore dix minutes, le temps que tu récupères un peu puis on rentrera. On reviendra demain matin., dit-il.
- D’accord., murmura-t-elle.

Il prit place à ses côtés et passa un bras autour de ses épaules pour l’attirer à lui. Elle se laissa faire et posa la tête sur son épaule. Elle s’apaisa et reprit le contrôle de ses émotions et ils décidèrent de rentrer puisque l’employé n’était toujours pas revenu et que personne ne savait où il était, personne sauf un homme qui savait qu’il dormirait encore une bonne heure avant de se réveiller… Lui avait gagné la fin de journée et une nuit...

L’après-midi se passa tranquillement pour les deux nettoyeurs puisqu’ils passèrent chacun leur temps à réfléchir isolément. Ils prirent leur dîner ensemble, échangeant quelques brèves paroles, puis Ryo se vautra dans le fauteuil devant la télé alors que sa partenaire décida de se coucher tôt pour tenter de récupérer de sa fatigue.

Il était presque vingt et une heures quand Mick appela Ryo, lui demandant de venir chez lui quelques minutes. Surpris, le nettoyeur accepta et, juste avant de partir, monta voir sa partenaire pour la prévenir de son absence momentanée. Quoiqu’il advint, il ne sortirait pas ce soir sauf urgence réelle. Quand il entra dans sa chambre après avoir discrètement frappé sans réponse, il la vit profondément endormie. Il remonta la couverture sur ses épaules car il commençait à faire froid puis la laissa pour se rendre dans l’appartement d’en face.

- Alors Mick, que me veux-tu ?, demanda Ryo.
- Moi rien, c’est elle qui veut te parler., fit l’américain désignant Saeko adossée au mur près de la fenêtre.

Elle se tourna vers lui, lui lançant un regard noir, et il déglutit mal à l’aise.

- Dis-moi que ce n’est pas toi qui as agressé un employé de la mairie cette après-midi, Ryo., attaqua-t-elle directement.
- Je… Je n’ai agressé personne., se défendit-il.
- J’ai peut-être cassé une serrure ou deux… admit-il.
- Et gazé un innocent !, le tança-t-elle sévèrement.
- Ah ça ? Euh oui, c’était peut-être moi aussi…, ricana-t-il bêtement, passant une main dans ses cheveux.
- Mais qu’est-ce qui t’a pris, bon sang ?, se fâcha-t-elle.
- Je… Je ne sais pas., avoua-t-il.

Enfin ce n’était qu’un nouveau mensonge dans sa journée parce qu’il connaissait parfaitement ses raisons : il ne voulait pas qu’elle parte.

- Tu te rends compte du merdier que tu as provoqué ? Tu as de la chance que cette partie de la mairie n’était pas couverte par la vidéosurveillance à cause d’une panne., lui apprit-elle.
- Comment tu as su alors ?, s’enquit-il.
- Une capsule de gaz et une balle de magnum dans la serrure des cabinets. Sombre crétin, tu pensais que ça passerait inaperçu ?
- Mon plan n’était pas parfait…, marmonna-t-il.

Il se laissa tomber sur le divan et passa les mains sur son visage. Il perdait sa lucidité. Si la situation pesait sur Kaori, elle commençait à lui peser également. Il devait faire quelque chose…

- Désolé, Saeko. Ca ne se reproduira pas., s’excusa-t-il sincèrement.

Elle le dévisagea un moment puis ses traits se détendirent. Elle approcha de lui et posa une main sur son épaule.

- Je l’espère, Ryo. Mais règle tes problèmes. Tant que tu ne l’auras pas fait, tu continueras à faire des conneries de ce genre., lui conseilla-t-elle.
- Je n’ai pas de problème, Saeko., se renfrogna-t-il.
- Vraiment ?, répliqua-t-elle, dubitative.

Ryo la regarda sans comprendre. Il se tourna vers Mick qui avait observé toute la scène en retrait, très sérieusement également, et qui soutint son regard.

- Si tu n’as aucun problème, Ryo, pourquoi portes-tu toujours ton alliance alors que Kaori t’a rendu la sienne, malgré elle je pense, et que tu veux divorcer ?, l’interrogea-t-elle.
- Parce que cela m’étonnerait beaucoup que tu te sois attaqué à l’employé chargé des divorces par hasard…, ajouta-t-elle.

Le nettoyeur lui jeta un dernier regard avant de fixer son annulaire gauche, incrédule. Comment avait-il pu omettre cela depuis dix jours ?

- Je dois rentrer., murmura-t-il, se levant.
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Jeu 20 Mai - 6:38
Chapitre 22

Quand il se réveilla le lendemain matin, Ryo sut que c’était LA Journée, la journée où il n’avait pas le droit à l’erreur, où tout pouvait basculer en bien comme en mal, où il devait prouver qu’il pouvait être aussi courageux dans le domaine personnel que professionnel. Il entendait les va-et-vient de sa partenaire et savait qu’elle devait faire du ménage, certainement pour s’occuper l’esprit. Il tourna la tête vers le réveil et grogna. Il n’était que huit heures. Il allait sérieusement devoir lui apprendre à profiter de la vie. Cette pensée lui arracha un sourire. Il se reprit rapidement car il ne pouvait prédire comment elle réagirait. Il s’était enfin décidé à abdiquer mais accepterait-elle de lui pardonner ? Pourrait-elle le faire encore une fois après tout ce qu’il lui avait fait vivre ? Rien n’était moins sûr…

Il se leva et alla prendre sa douche. Il se sentait nerveux, encore plus que lorsqu’il devait se préparer pour un duel… Il en ressortit rapidement, se rasa, se brossa les dents, se coiffa soigneusement puis ébouriffa ses cheveux pour leur donner un côté plus sauvage, hésita un moment puis se rendit dans sa chambre, les hanches ceintes d’une simple serviette. Il tomba nez-à-nez avec Kaori qui ne put s’empêcher de le détailler du regard et vit ses joues prendre une jolie teinte cramoisie avant qu’elle s’enfuit. Cela le fit sourire et le rassura : au moins, elle n’était pas insensible à sa personne. S’habillant prestement, il ramassa ses affaires sur la chevet, les fourra dans sa poche et attacha la montre à son poignet.

Juste avant de sortir, il s’arrêta devant le miroir et se dévisagea. Son regard sombre était sérieux et déterminé mais luisait d’une lueur particulière. Il sut à ce moment-là qu’il avait fait le bon choix.

- Interdiction de flancher, Saeba. C’est ton XYZ. Tu dois réussir ta mission. Tu sais que c’est ta dernière chance., s’enjoignit-il.

Il s’adressa un signe de tête et sortit de sa chambre, apercevant le léger reflet de son alliance qu’il n’avait toujours pas enlevée et n’enlèverait pas. Elle faisait partie de lui comme Kaori. Il descendit les escaliers rapidement et chercha sa femme du regard. Elle n’était nul part en vue et il écouta les bruits de la maison sans l’entendre. Etait-elle partie faire des courses ? Il patienterait : ce n’était que partie remise. Il se dirigea vers la cuisine et but un café. Il était trop anxieux pour avaler autre chose. Ayant fini, il lava sa tasse et la laissa égoutter sur l’évier puis ressortit de la cuisine alors que sa partenaire rentrait.

- Bonjour. Tu as fini ?, lui demanda-t-elle, chassant de son esprit des images sensuelles que leur rencontre matinale avait ravivées.
- Oui. Je voudrais te parler…
- Non !, se braqua-t-elle immédiatement.
- Si c’est pour me dire que tu ne veux pas y aller, je ne veux même pas l’entendre., répondit-elle furieuse.
- Kaori, sérieusement…, l’implora-t-il.
- Non, Ryo. Il faut en finir. Maintenant. Je ne tiendrai pas une journée de plus., cria-t-elle.
- Tu mets ton manteau et on va à la mairie. On discutera après !, lui imposa-t-elle, lui tournant le dos pour couper court à la discussion.

Il passa nerveusement un main dans ses cheveux et approcha.

- Tu veux bien…

Il n’eut pas le temps de finir qu’elle avait déjà franchi la porte. Elle ne voulait pas entendre ses excuses, elle ne voulait plus entendre un mot de sa part jusqu’au moment de confirmer son intention de divorcer à la mairie. Elle avait déjà entendu trop d’excuses, trop de mensonges de sa part… Elle ne voulait plus l’écouter et se faire encore une fois berner, bercer d’illusions. Elle ne voulait plus le laisser en placer une pour tout foutre en l’air et la garder dans cet état de dépendance. Il fallait en finir. Elle marcha donc d’un pas rapide, se fermant à ses appels et à ses signes à tel point qu’il finit par arrêter et la suivit, gardant le rythme beaucoup moins difficilement qu’elle.

Lorsqu’ils arrivèrent à la mairie, ils se rendirent une nouvelle fois au fond du couloir qui n’était plus sombre. Des lumières supplémentaires avaient été installées. La porte du bureau étant fermée, ils s’assirent et attendirent.

- Kaori, je…, commença Ryo, se tournant vers elle.
- Ne dis rien, s’il te plaît. Je te demande de te taire jusqu’à ce qu’on en ait fini, s’il te plaît., le conjura-t-elle, les larmes aux yeux.
- Mais pourquoi ?, lui demanda-t-il sans comprendre.
- Je n’ai plus la force, Ryo. J’essaie de rester debout. Si tu me balades encore une fois, je vais m’effondrer. Je n’ai plus la force., murmura-t-elle, serrant ses mains pour en cacher le tremblement.

Il la regarda, surpris. Il ne s’était pas aperçu de la force de son désespoir. Il n’avait pas vu à quel point toute cette histoire, toute son attitude l’avaient heurtée. Avait-il donc manqué de lucidité à ce point ? Pourtant, tous les signes étaient là quand on y regardait : la perte de poids, la tension, la fatigue, les sautes d’humeur. Sa Kaori si pleine de vie et d’espoir était sur le point de craquer… si ce n’était déjà fait. Il devait lui dire.

- C’est pour un divorce ?, demanda l’employé en sortant de son bureau.
- Oui., répondit Kaori immédiatement.

Cependant, elle eut l’impression d’avoir des membres de plomb en se levant. Ryo, lui, regarda avec désillusion l’homme qui venait de l’empêcher de parler à sa femme.

- Kaori…, tenta-t-il une dernière fois.
- Non, Ryo. Après., répondit-elle d’une voix tremblante.

Elle rentra dans le bureau et il n’eut d’autre choix que de suivre. Il refusait de la contrarier en restant dans le couloir et en la forçant à se donner en spectacle pour lui parler.

- Bien. Vos noms et prénoms, s’il vous plaît ?
- Ryo Saeba et Kaori Makimura., l’informa-t-elle.
- Très bien. Le mariage date de… quatre semaines…, remarqua-t-il en leur lançant un regard suspicieux.

Kaori remua sur son siège, mal à l’aise. Elle se doutait du cours de ses pensées. Cela devait être du même acabit que les rumeurs qui avaient couru sur le bateau…

- Nous nous sommes trompés…, murmura-t-elle, gênée.
- Ca arrive., répondit-il d’un ton faussement neutre.
- Vous êtes tous les deux d’accord ?, leur demanda-t-il.
- Oui., soupira-t-elle après avoir jeté un coup d’œil à Ryo qui semblait avoir complètement décroché.

En réalité, il cherchait désespérément un moyen d’arrêter tout cela sans porter atteinte à la personne de l’employé. Il avait bien pensé à lancer une nouvelle capsule de gaz soporifique ou s’en prendre à l’homme ou tirer sur le fil électrique pour débrancher l’ordinateur mais il se retint parce qu’il ne ferait qu’aggraver son cas. Il devait parler. Il le savait mais les mots semblaient vouloir rester coincés dans sa gorge devenue complètement sèche pour l’occasion.

L’employé tapa sur son clavier, consulta son écran puis imprima des papiers qu’il posa devant chacun d’eux avec un stylo.

- Voilà, vous n’avez qu’à compléter les champs et signer en bas sur les trois exemplaires., leur dit-il.

Ils restèrent un instant sans bouger puis Kaori attrapa d’une main tremblante le stylo. Elle regarda la feuille qui se brouillait devant ses yeux emplis de larmes. Elle se sentait au bord de l’évanouissement tellement son cœur semblait battre de manière désordonnée et sa tête semblait prise dans un étau… Elle commença à remplir la feuille et s’arrêta juste avant de signer. Elle sortit son mouchoir pour s’éponger les yeux et, quand elle y vit un peu plus clair, reprit le stylo pour finir.

Ryo regarda un long moment la feuille sans bouger, son cerveau tournant à vide. Il ne voulait pas signer ce foutu papier. Il voulait le déchirer en petits morceaux, en faire des confettis, les brûler et les exorciser. Il ne voulait pas qu’elle parte aux Etats-Unis et encore moins qu’elle ne fut plus sa femme. Ils s’étaient mariés pour le meilleur et pour le pire, devant leurs amis. Il se souvint des mots qu’il lui avait dits et, même si certains étaient pour l’apparat, les principaux avaient été pensés. Elle était la partie de lui qui lui manquait. Elle avait fait de sa vie un chemin qui valait la peine d’être suivi. Ce qu’il avait pensé la veille au soir se confirmait : elle était sa femme, il était son mari et rien ne devait changer ces faits. Résolu, il posa son stylo et se tourna vers elle. Elle ne l’empêcherait plus de parler. C’était sa dernière chance surtout qu’elle s’apprêtait à signer ce fichu bout de papier. Il saisit sa main prestement mais doucement, l’empêchant d’apposer sa signature en bas du document.

- Non., souffla-t-il.

Elle se tourna vers lui, les yeux écarquillés sur son visage livide. Les larmes se mirent à rouler sur ses joues.

- Ne me fais pas ça, Ryo. S’il te plaît. Ne m’oblige pas à te supplier., bredouilla-t-elle, perdue.
- Je ne vais pas t’obliger à me supplier. C’est moi qui vais le faire, Kaori., répondit-il d’une voix tendue.

Il se laissa tomber un genou à terre et prit ses mains dans les siennes.

- Je t’en supplie, Kaori, ne me divorce pas., l’implora-t-il, se forçant à élever la voix au dessus du simple murmure pour qu’elle l’entendit bien, qu’elle n’eut aucun doute.
- Si c’est encore une de tes tentatives pour…

Il posa un doigt sur ses lèvres tremblantes et ressentit son souffle chaud dans tout son être.

- Non, ce n’est pas une ruse, ni une comédie. C’est juste moi qui ose enfin agir sur mes sentiments et prendre le pas sur mes peurs. J’avais peur de te perdre, Kaori, peur de t’approcher et de te perdre et, finalement, c’est moi qui t’ai poussée à partir. Je ne veux pas te perdre. Je t’aime et j’ai besoin de toi., lui avoua-t-il, la gorge serrée.

Aucun d’eux ne prêta attention à l’homme qui s’éclipsa, sourire aux lèvres, en fermant la porte derrière lui.

- Ne me divorce pas, Kaori., répéta-t-il.
- Je ne supporterai pas un nouveau faux-bond, Ryo., murmura-t-elle.
- Je ne le ferai pas. J’ai pris ma décision et je ne reviendrai pas dessus. Je veux qu’on prenne notre temps pour se sentir à l’aise mais je ne reviendrai pas sur ma décision. Je peux te le jurer. Te perdre est quelques chose d’insupportable. J’ai goûté au paradis et en suis ressorti. Ca m’a fait mal. Mais quand tu m’as dit que tu allais partir et peut-être ne pas revenir, j’ai touché l’enfer. Je pensais y être déjà allé mais ce n’était rien comparé à l’idée de te perdre., lui dit-il d’une voix tendre.

Il savait qu’il n’était pas cohérent, que son discours n’était pas construit, qu’il devait être maladroit mais il s’en fichait. Il voulait juste qu’elle comprit à quel point il avait besoin d’elle, à quel point il la voulait elle et aucune autre. S’en rappelant, il glissa la main dans sa poche et en ressortit sa bague de fiançailles et son alliance.

- Tu les as gardées ?, souffla-t-elle surprise, les larmes aux yeux.
- Ben oui, que voulais-tu que j’en fasse ?
- Je pensais que tu allais les revendre., répondit-elle.
- Je les ai choisis en pensant à toi, Kaori. Ca ne me serait pas venu à l’idée de les revendre., lui opposa-t-il.

Il vit une larme rouler le long de sa joue et l’essuya du pouce. Plongeant dans son regard, il prit une profonde inspiration pour calmer les battements erratiques de son cœur.

- Kaori, acceptes-tu de demeurer mon épouse, de me corriger quand je faiblirai, de me guider sur le chemin du bonheur, de supporter mon insupportable caractère et de faire le bonheur de mes jours ?, lui demanda-t-il, très sérieusement.
- Et de mes nuits bien évidemment., ajouta-t-il malicieusement.

La jeune femme sentit ses joues rosir. Elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer, elle ne savait pas si son cœur battait rapidement ou se serrait. Tout s’enchaînait si vite qu’elle en avait le vertige. Elle était venue divorcer et il lui demandait de ne plus le faire, elle pensait sortir célibataire, une nouvelle fois abandonnée par l’homme qu’elle aimait, et finalement il se déclarait et voulait faire de leur mariage comédie une réalité.

- On ira à ton rythme. Je ne te presserai pas. Je ne veux pas t’oppresser. Je veux que tu te sentes à l’aise à chaque étape., dit-il, commençant à se sentir nerveux face à son silence.
- Alors ?, l’interrogea-t-il.
- Tu veux bien ?

Kaori le regarda, commençant à émerger du melting pot de sentiments qu’il avait éveillés en elle, à réaliser qu’il était sérieux et qu’il voulait vraiment leur réussite.

- Tu as besoin de temps pour réfléchir ? Tu veux quand même partir voir Sayuri ? Tu… tu veux quand même divorcer ?, lui demanda-t-il, son cœur sombrant.
- Parle-moi, Kaori. S’il te plaît, dis-moi quelque chose., l’implora-t-il.
- Oui., répondit-elle.

Il la regarda sans comprendre. Oui, elle avait dit oui… mais à laquelle de ces questions ? Il avait peur de lui demander. Il avait peur de sa réponse, qu’elle ne fut pas celle qu’il attendait. Il l’observa attentivement, tentant de lire en elle, mais il était tellement nerveux qu’il n’y arrivait pas. Il ferma les yeux pour essayer de se reprendre et sentit une main se poser sur sa joue. Il les rouvrit et croisa son regard un peu plus lumineux.

- Si tu me rendais mes biens ?, dit-elle.

Il se demanda de quoi elle parlait et comprit quand elle tendit sa main gauche vers lui. Il passa sa bague de fiançailles puis son alliance et referma les doigts autour des siens, les portant à ses lèvres.

- J’aime quand tu me passes la bague au doigt…, murmura-t-elle avec un léger rire ému.
- Moi aussi, Kaori. Je n’y aurais jamais cru mais moi aussi., admit-il.

Il se releva et l’attira dans ses bras doucement. Il sentit son cœur s’apaiser quand elle posa la tête contre son torse. Il l’enlaça et la serra contre lui. C’était sa place, contre lui, dans ses bras.

- Tu veux encore partir voir Sayuri ?, l’interrogea-t-il, anxieux.

Kaori était si bien contre lui qu’elle mit un peu de temps à réagir. Elle se figea dans ses bras. Son cerveau se mit à fonctionner à cent à l’heure. Est-ce qu’il lui avait joué toute cette comédie juste pour qu’elle resta avec lui ? Est-ce qu’il allait s’éloigner quand il se serait assuré de sa fidélité ? Elle le lâcha et s’écarta de lui.

- Pourquoi me poses-tu cette question ?, demanda-t-elle d’une voix tendue.

Ryo l’observa et sentit qu’un rien pouvait à nouveau faire basculer leur relation. Fébrile, il passa une main dans ses cheveux.

- Je veux juste savoir. Je n’ai pas envie que tu partes, Kaori, mais, si tu en éprouves le besoin, alors je ne tenterai pas de t’en dissuader. Je respecterai ton choix., répondit-il.
- Si j’y vais, tu voudras encore d’un nous quand je reviendrai ?, l’interrogea-t-elle, les yeux plissés.
- Oui., dit-il sans quitter son regard.
- Et si je te dis que je ne veux plus y aller, tu vas encore tenter l’aventure à deux réellement ?, insista-t-elle.
- Oui., lui assura-t-il.

A son regard empli de doutes, il comprit le sens de ses questions. Il approcha d’elle et entoura son visage de ses deux mains.

- J’apprends à être là pour toi, Kaori, pas comme ton partenaire mais comme ton mari. Je veux prendre soin de toi et, si tu as besoin de t’éloigner pour réfléchir, je te laisserai faire même si ça ne me plaît pas. Si tu t’en vas, je serai là quand tu reviendras et, si tu restes, je resterai avec toi. Je ne fuis plus.
- Vrai ?
- Vrai.
- Je… je n’arrive pas à croire que ça puisse être vrai., murmura-t-elle.

Il prit sa main et la posa sur son cœur, passant l’autre dans son dos pour l’attirer contre lui.

- Tu le sens ?, chuchota-t-il.

Elle hocha la tête, subjuguée par son regard et la douceur de sa voix.

- C’est pour toi qu’il bat depuis des années, depuis qu’on s’est rencontrés. Tu as réussi à briser ma carapace mais j’étais encore plus entêté et beaucoup trop terrifié pour admettre la plus simple des évidences. Je t’aime, Kaori.

Il la regarda, rêvant de prendre possession de ses lèvres, mais se contenta d’embrasser son front.

- Je t’aime aussi. Je t’aime tellement, Ryo., murmura-t-elle d’une voix si douce qu’il en frissonna.

Hésitante, elle glissa les bras autour de son cou et les mains dans ses cheveux. Cette sensation lui avait tellement manqué… Les yeux dans ses yeux, elle pressa légèrement sa tête et il ne se fit pas prier pour se laisser diriger et recevoir le baiser qu’elle lui donna, un baiser tendre et doux qui le remua. Il passa à son tour les bras dans son dos et remonta pour glisser les doigts dans ses mèches acajou, tirant légèrement dessus pour lui faire pencher un peu plus la tête. Il l’entendit gémir et profita de l’espace entre ses lèvres pour approfondir leur échange. Il avait faim. Il voulait retrouver son corps et les sensations qu’elle avait su éveiller en lui pendant leur séjour en mer. Il voulait se perdre dans son corps et oublier ses quelques jours sans elle.

Quand ses doigts touchèrent la peau nue du dos de sa femme, il réalisa qu’il était en train de perdre le contrôle rapidement et il lui avait promis du temps. Lentement, il s’écarta d’elle et contempla ses joues rosies, les caressant tendrement des pouces.

- Doucement, ma belle, ou je vais te faire l’amour sur ce bureau sans attendre., la prévint-il.

Il vit la flamme dans ses yeux danser plus vivement et lâcha un petit rire.

- Je t’ai promis du temps, Kaori. Nous avons besoin de nous construire.

Elle l’observa un instant puis acquiesça. Ils avaient le temps, pas comme quatre semaines auparavant où ils savaient que leur mariage était à durée déterminée et qu’ils n’auraient que ce temps-là pour profiter d’eux.

Deux coups frappés à la porte les ramenèrent à la réalité et ils se tournèrent quand elle s’ouvrit. L’employé revenait.

- Alors, nous reprenons où nous en étions ?, leur demanda-t-il.

Ryo regarda Kaori qui acquiesça. Il prit les feuilles et les déchira.

- Nous n’en avons plus besoin. En fait, on s’est trompés en pensant qu’on s’était trompés., conclut Ryo.
- Désolé de vous avoir fait perdre votre temps., ajouta-t-il.
- Ca ne me dérange pas. J’aime les divorces qui se terminent ainsi., les salua-t-il.

Les deux nettoyeurs sortirent de là puis de la mairie, le cœur beaucoup plus léger que prévu. Comme quatre semaines auparavant, ils se retrouvèrent sur le perron et se regardèrent puis s’embrassèrent, faisant fi des éventuels témoins. Se séparant, ils s’observèrent encore et se sourirent.

- On rentre à la maison ?, proposa Ryo.
- Oui. Avec plaisir., répondit Kaori, glissant sa main dans la sienne, lui jetant un regard hésitant.

Il la pressa doucement.

- On n’en fera pas une habitude pour les raisons que tu connais mais, une fois de temps en temps, ça ne nous fera pas de mal., dit-il.
- Merci., souffla-t-elle.

Il regarda son visage qui avait repris un peu de couleurs et ses yeux qui retrouvaient leur pétillement. Il sentit son cœur plus léger battre normalement, paisiblement, ayant retrouvé son équilibre. Il avait fait le bon choix…

- On n’a pas oublié quelque chose ?, lui demanda-t-elle, la tête sur son bras.
- Quoi ?, répondit-il, posant un regard intense sur elle.
- Je ne dois pas te passer la bague au doigt, moi aussi ?, dit-elle, baissant les yeux, intimidée.

Il tendit sa main gauche devant lui, l’inclinant vers elle, lui montrant son alliance.

- Elle ne m’a pas quitté depuis qu’on s’est mariés…, chuchota-t-il.
- Je n’avais pas fait attention. J’étais trop préoccupée.
- Je sais. Il faut croire qu’inconsciemment, je savais ce qu’il fallait faire., répondit-il.
- Tu ne regrettes pas ?, s’inquiéta-t-elle.
- Si. De t’avoir fait souffrir inutilement., avoua-t-il.

Elle s’arrêta, le retenant.

- Moi aussi. Je n’ai jamais voulu te faire de mal en t’annonçant que je partais quelques temps. J’étais juste perdue., s’excusa-t-elle.
- Je ne t’en veux pas, Kaori. Ce qu’on a vécu, c’était dur et intense. Arriveras-tu à me pardonner une énième fois ?
- Pour le meilleur et pour le pire, Ryo. J’ai eu le pire. Ne nous reste que le meilleur à vivre… ensemble.
- Ensemble…, répéta-t-il, songeur.

Il l’attira à lui et caressa son visage.

- Tu me guideras ?
- Oui.

Il lui sourit tendrement et l’embrassa en pleine rue une nouvelle fois au vu et su de tous.

- Je suis heureux que vous ne m’ayez pas divorcé, Madame Saeba., murmura-t-il.
- Je suis heureuse que vous ayez fait le bon choix, Monsieur Saeba., répondit-elle.
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Jeu 20 Mai - 21:07
Chapitre 23

Lorsqu’ils rentrèrent, l’heure du repas approchait et Kaori partit en cuisine. De son côté, Ryo se laissa aller dans le fauteuil, attrapant par réflexe un de ses magazines. Il l’ouvrit et le feuilleta sans parvenir à se concentrer comme à son habitude. Il ne voyait pas les jeunes femmes dénudées, c’était un tout autre corps qui flottait devant ses yeux, un corps qui éveillait des sensations bien différentes, une ferveur insoupçonnée, une envie, un besoin même de protéger, d’aimer du plus profond de lui-même. Il lança le magazine négligemment et fixa le plafond pensivement, les mains derrière la nuque. Il examinait toutes ses sensations récentes qui prenaient une autre dimension maintenant qu’il n’avait plus un temps déterminé pour les savourer. Il se sentait serein et apaisé. Il avait certes très envie de déshabiller sa femme et de lui faire l’amour mais il avait le temps, le temps de bien faire les choses, de consolider leur relation, leur mariage, corrigea-t-il en souriant.

Lorsque Kaori revint dans la salle à manger pour mettre le couvert, elle fut surprise de voir Ryo allongé à son endroit habituel sans aucune lecture en main alors qu’il y avait quelques revues à sa portée. Elle ne dit rien et s’activa. Elle fut soudain entourée de deux bras et pressée contre un corps musclé. La tension liée à la surprise céda vite la place à la détente et elle se laissa aller contre lui. Elle s’était toujours sentie protégée et en sécurité en sa présence mais uniquement physiquement. Aujourd’hui, cette sensation prenait une nouvelle dimension car elle savait qu’il ne lui ferait plus de mal affectivement non plus.

- On devrait passer à table., murmura-t-elle au bout de plusieurs minutes.

Elle n’avait pas envie de quitter ses bras mais le repas allait finir par brûler s’ils ne bougeaient pas.

- D’accord., soupira-t-il à regrets, déposant un baiser dans ses cheveux.

Il la suivit, attrapa deux verres et une bouteille d’eau et revint dans la salle à manger où elle le rejoignit peu après. Ils mangèrent en discutant de tout et de rien, retrouvant le plaisir d’une conversation sans tension, sans arrière-pensée, conviviale. A la fin du repas, Kaori débarrassa la table et partit faire la vaisselle. Ryo tourna en rond un moment avant de s’asseoir dans le canapé. Il se rendit compte que, ne devant plus prétendre ne pas s’intéresser à elle, certaines choses perdaient de l’intérêt. Il se sentit bête et un peu inutile de rester seul dans son coin alors qu’elle était de l’autre côté et décida de la rejoindre. Dans la cuisine, il hésita à s’asseoir puis finalement, prit un torchon et se mit à essuyer la vaisselle sans un mot.

Surprise, Kaori cessa un moment de laver, le regardant faire bouche bée. C’était bien la première fois qu’elle le voyait faire. Quand elle croisa son regard moqueur, elle se reprit et un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Les choses changent, Sugar. Je m’adapte., dit-il simplement.
- Ca me plaît.

Sans prévenir, elle déposa un baiser au coin de ses lèvres et, après une seconde de surprise, il lui sourit à son tour.

- Moi aussi, ça me plaît., admit-il.

Ils terminèrent la vaisselle à deux dans le silence puis sortirent de la cuisine. Arrivés dans le séjour, ils s’arrêtèrent et se regardèrent, gênés, intimidés. Ils avaient envie de passer du temps ensemble mais ne voulaient pas brusquer les choses. S’ils restaient l’un avec l’autre, seraient-ils capables de se contenir et de ne pas sauter dessus ? S’ils s’embrassaient, pourraient-ils ne pas approfondir les choses alors qu’ils voulaient prendre le temps ?

- J’ai l’impression d’avoir quinze ans…, pipa Kaori.
- A quinze ans, je tuais des hommes et culbutais des femmes de deux fois mon âge., répondit-il sans réfléchir, sombrement.

Elle le regarda, le cœur serrée. Il était rare qu’il évoqua des moments de son passé et elle le comprenait car c’était toujours très noir. Elle approcha de lui et glissa les bras autour de sa taille, posant la tête sur son torse. Elle n’aurait pas su trouver les mots pour effacer cette souffrance, il n’en existait probablement aucun d’ailleurs, alors elle était là à sa manière.

- Désolé, je ne sais pas ce qu’il m’a pris de dire cela., murmura-t-il, la serrant contre lui.
- Ne t’excuse pas, Ryo. Tu n’as pas eu une enfance facile. On peut dire qu’on aura grandi en même temps sur ce plan-là, alors., répondit-elle.

Elle leva les yeux vers lui et sombra dans son regard sombre. Elle vit les nuages se dissiper et la tendresse revenir alors qu’il levait la main pour la poser sur son visage. Elle ferma les yeux un instant et sentit ses lèvres se poser sur les siennes. Elle répondit doucement à son appel, tentant de réfréner l’envie qui grandissait dans ses veines. Sentant sa langue taquiner sa bouche, elle la laissa passer, envoyant la sienne à sa rencontre. Le baiser devint plus sensuel, plus avide, plus passionné. Leurs corps se pressèrent un peu plus contre l’autre, envoyant des milliers de décharges électriques qui parcoururent chaque centimètre carré. Leurs mains se glissèrent dans les cheveux, puis le dos du partenaire, descendirent un peu plus au sud avant de revenir escalader la face avant.

Kaori gémit lorsqu’il commença à caresser ses seins. Elle se languissait de ce contact et il l’excitait autant que de sentir son membre durci contre son intimité qui ne demandait qu’à l’accueillir. Sans aucune honte, elle posa la main dessus et le caressa délicatement. Il y a un mois de cela elle aurait fumé par tous les pores de sa peau à ce geste mais là elle savait l’effet que cela ferait à son mari et cela lui plaisait. Il ne fut pas long à se laisser aller et se pressa un peu plus contre sa main, les mouvements de sa langue s’accélérant.

- Ryo, je te veux… maintenant., souffla-t-elle, s’écartant légèrement de lui.

Elle le regarda droit dans les yeux tout en déboutonnant son pantalon et baissant la braguette. Ses yeux luisirent de désir. Sans un mot, il l’attrapa par la taille et l’assit sur le bord de la table. Il remonta sa jupe, lui enleva son sous-vêtement qu’il envoya valser dans la pièce et, se dégageant rapidement de son jean, s’immisça en elle alors qu’elle s’accrochait à ses épaules. Ils laissèrent tous deux échapper un gémissement de plaisir en se retrouvant et ne bougèrent plus, s’accrochant l’un à l’autre. Au bout d’un moment, ils se regardèrent et se sourirent.

- Ce n’est pas des plus romantiques., murmura-t-il pour s’excuser.
- Je m’en fiche. Je ne t’ai pas épousé pour le violon et les fleurs. Tu me fais vibrer, Ryo. Je me sens complète avec toi., répondit-elle.

Ils s’embrassèrent tendrement puis, les yeux dans les yeux, il recula avant de revenir en elle, encore et encore jusqu’à ce que l’orgasme les prit tous deux, les laissant pantelants. Ils restèrent ainsi un moment, les cuisses de Kaori entourant ses hanches, ses mains accrochées à ses épaules, alors qu’il la tenait, les mains posées dans le bas de son dos. Il baissa le visage vers elle et l’embrassa. Peu à peu, leur baiser s’intensifia et ils sentirent le désir revenir en force. Alors qu’il n’avait même pas eu le temps de sortir, il recommença à bouger en elle lentement.

- Si tu veux arrêter, c’est maintenant, Kaori., lui dit-il.

Il n’avait pas envie de le faire mais pouvait encore trouver la force si c’était son souhait.

- On prendra notre temps demain. Si tu t’arrêtes maintenant, je te tue., souffla-t-elle, se laissant tomber sur la table.

Il se pencha sur elle et alla cueillir un baiser sur ses lèvres.

- Je suis déjà au paradis. On ne peut rêver plus belle mort., plaisanta-t-il, tout en continuant à remuer les hanches, sentant les siennes le rejoindre au même rythme.

Son regard trahissait toutefois la profondeur de ses sentiments et la violence des sensations qu’il ressentait, à l’instar des siennes, pensa-t-elle. Sentant la vague monter, elle se cambra et il en profita pour passer les mains sous son dos et la forcer à remonter pour la serrer contre lui. Ils s’agrippèrent l’un à l’autre et soudain toutes leurs connexions nerveuses tressaillirent et l’explosion survint. Il passa les doigts dans ses cheveux et inclina sa tête, cherchant sa bouche. Le baiser fut aussi tendre que leur étreinte avait été fougueuse.

- Ca va ?, lui demanda-t-il, se séparant d’elle.
- Très bien. Et toi ?
- A merveille. C’est un peu raté pour le aller en douceur., lâcha-t-il, légèrement tracassé.
- J’ai confiance, Ryo. Je sais qu’on y arrivera. On doit trouver notre rythme mais, pour aujourd’hui, j’ai juste envie de panser mes blessures, de me sentir vivante entre tes bras, de profiter de nous. Tu m’as manqué.
- Toi aussi. Ca veut dire que tu n’en as pas encore eu assez ?, la taquina-t-il.

Il s’attendait à la voir rougir mais il fut surpris quand elle leva les yeux vers lui brillant de désir.

- Tu crois que deux petits coups vite faits sur le coin de la table me suffiront ?, répondit-elle avec aplomb.
- Deux petits coups vite faits ?, répéta-t-il, incrédule.
- Deux petits coups vite faits. Vite faits, mais bien faits., répondit-il, le regard sérieux.

Il se dégagea de son corps, referma son pantalon puis la saisit en dessous des genoux et la souleva.

- Que fais-tu ?, s’inquiéta-t-elle, passant les mains derrière sa nuque.
- Toi, moi, un lit. Ce n’était qu’un amuse-bouche, Madame Saeba. Les choses sérieuses commencent maintenant., la prévint-il.
- Vraiment ? J’ai hâte., fit-elle d’une voix langoureuse.

Elle se hissa doucement et se mit à l’embrasser le long de sa mâchoire, le griffant du bout des dents par moments. Quand Ryo arriva dans sa chambre, il la jeta sans ménagement sur le lit.

- Hé, un peu de délicatesse., protesta-t-elle.
- Ma rudesse ne t’a pas dérangée tout à l’heure., répliqua-t-il, glissant ses doigts pour enlever son holster.
- Laisse-moi faire., susurra-t-elle, se mettant debout sur le lit.

Il la regarda approcher et, la voyant chavirer, la maintint par les hanches, le nez au niveau de sa poitrine. Elle passa les doigts sous les lanières de cuir et le fit glisser le long de ses épaules puis de ses bras, lui tirant un long frisson. Il entendit son holster tomber par terre mais ne s’en formalisa pas : Kaori avait agrippé son tee-shirt et le tirait. Il se laissa faire et leva les bras pour la laisser le lui retirer.

- J’adore la vue., murmura-t-elle, posant les doigts sur son torse musclé.
- Moi, elle n’est pas assez dégagée à mon goût., répondit-il.

Il glissa les mains dans son dos, les laissa descendre le long de ses fesses. Il remonta sous sa jupe, laissant ses doigts effleurer son intimité avant d’insister un peu plus jusqu’à sentir ses jambes fléchir sous elle. Il la rattrapa et l’allongea, s’allongeant sur elle pour l’embrasser langoureusement. Il s’écarta ensuite d’elle et entreprit de déboutonner son chemisier, lentement, très lentement.

- Dépêche-toi un peu, Saeba., murmura-t-elle.
- Ne sois pas si pressée, ma chérie. Nous avons notre temps, toute la vie devant nous…, susurra-t-il contre sa gorge.

Il déboutonna encore deux boutons puis elle le repoussa et écarta les deux pans brusquement, le regard enfiévré.

- Tu m’ôtes tout mon plaisir, Sugar. Je vais devoir trouver un autre moyen de m’amuser…, bouda-t-il.

Il garda son regard faussement peiné plongé dans le sien et vit ses yeux s’écarquiller et se voiler quand ses doigts trouvèrent un nouveau terrain de jeu. Il la sentit trembler contre lui et il posa les lèvres sur sa joue avant de descendre dans son cou, de parsemer son épaule de baiser avant de se diriger vers sa gorge et d’embrasser ses seins à travers le tissu.

- Ryo…, ronronna-t-elle.
- J’aime quand tu prononces mon prénom ainsi., murmura-t-il avant de lui infliger un langoureux baiser.

Il continua son exploration tactile et sentit bientôt tout son corps se tendre contre lui. Il entendit ses halètements et gémissements et regarda son beau visage exprimer la tension soudaine puis le plaisir qui la submergea. Il posa les lèvres sur les siennes et l’embrassa doucement. Redescendant de son nuage, Kaori enlaça l’homme qui venait de la faire vibrer une nouvelle fois et qui le ferait encore certainement longtemps. Elle le poussa et il se mit sur le dos sans quitter ses lèvres. Elle était assise à califourchon sur lui, ses lèvres et sa poitrine pressées contre lui. Il posa les mains sur le bas de son dos et les laissa descendre vers ses fesses dénudées, les caressant doucement.

Quand elle se releva, elle prit une de ses mains et la posa sur son soutien-gorge dans la vallée de ses seins. Machinalement, il replia les doigts dessus et resta avec le bout de tissu dans les mains, sa compagne le regardant avec un sourire aguicheur.

- Je ne pensais pas que tu arriverais encore à me surprendre., murmura-t-il, caressant ses rondeurs épargnées par son amaigrissement.
- J’aurais dû écouter mon cœur et mon mokkori plus tôt., dit-il distraitement, jouant avec ses collines si douces et agréables.
- Ton mokkori ? Je croyais que tu ne bandais pas pour moi ?, fit remarquer la jeune femme.

Elle plongea la main sur son pantalon et le caressa. Chacun attisant le désir de l’autre, il devint vite intolérable. Le regard sombre, Ryo se libéra de sa prison et se laissa guider dans le saint des saints par sa partenaire.

- Qu’est-ce que tu me fais, Kaori ?, souffla-t-il, tentant de contenir les battements erratiques de son cœur.
- Je t’aime. Je veux juste t’aimer., haleta-t-elle.
- Continue, Sugar. Tu le fais si bien.

Il la ramena brusquement à lui et les retourna, prenant le contrôle de leurs ébats. Il entoura son visage de ses mains et l’embrassa sauvagement, mêlant leurs langues avidement. Quand ils s’effondrèrent dans les bras l’un de l’autre, Ryo posa la tête sur son épaule avant de se remettre sur le dos, l’entraînant avec lui. Ils restèrent silencieux, le temps de reprendre leurs souffles. Ryo laissa descendre sa main le long de sa colonne vertébrale, s’arrêtant à la ceinture de sa jupe. C’était la troisième fois qu’il lui faisait l’amour et il ne l’avait même pas encore entièrement déshabillée. Il se rendit compte qu’il avait encore son pantalon. Il se mit à rire. C’était bien la première femme avec laquelle il perdait totalement la tête… et avec laquelle il se sentait bien. Il se souvint de ce qu’elle lui avait dit et caressa sa joue, la poussant à le regarder.

- Moi aussi, je t’aime et je veux juste t’aimer, Kaori., murmura-t-il.
- Tu te débrouilles pas mal., chuchota-t-elle avant de l’embrasser tendrement.

Ils se regardèrent un instant puis elle reposa la tête sur son torse. Il se souvint de ces moments quand ils étaient à deux sur le bateau et remonta les couvertures sur eux. Il les aimait autant que leurs moments passionnés.

- Dors, ma belle.

Elle acquiesça doucement et ferma les yeux, tombant rapidement endormie. Ryo glissa les doigts dans ses cheveux et se laissa aller dans les bras de Morphée à son tour.

Quand ils se réveillèrent, la nuit commençait à tomber. Lentement, il acheva de la déshabiller puis de se déshabiller et l’aima tendrement. Ils finirent par réussir à s’extirper du lit et s’habillèrent sommairement pour descendre dîner.

- J’adore la vue., pipa Ryo, la voyant se pencher pour attraper des légumes dans le frigo.

Rougissante, Kaori tira sur le tee-shirt rouge pour couvrir ses fesses dénudées. Apparemment, son audace l’avait désertée. Elle se tourna vers le plan de travail et commença à éplucher et couper des carottes.

- Ca me donne des idées., susurra-t-il à son oreille, enserrant sa taille.

Il attrapa le lobe de son oreille et le mordilla. Surprise, elle en lâcha son couteau.

- Tu devrais te concentrer, Kaori. On doit manger. On aura besoin de forces pour cette nuit.

Il laissa ses mains glisser sur ses bras et attrapa les siennes. Doucement, il entreprit de nettoyer les légumes, de les couper finement, collé contre elle, son souffle caressant l’oreille de sa femme. S’habituant, elle finit par apprécier ce moment de douceur et se laissa aller dans ses bras.

- Je vais te laisser cuisiner seule. Ce sera plus prudent., dit-il, déposant un baiser sur sa tempe.
- D’accord., murmura-t-elle, regrettant déjà son absence.

Elle s’activa à la cuisinière et, en un quart d’heure, le tout était cuit. Elle se retourna et vit Ryo arriver, un sourire coquin aux lèvres.

- Tu veux ça ?, lui demanda-t-il, agitant au bout de son doigt sa culotte.

Il la vit serrer les cuisses et une légère couleur rose apparaître sur ses pommettes. Il sourit, sûr de lui. Voyant cela, elle releva le menton fièrement.

- Non, tu peux la garder., réussit-elle à dire d’une voix apparemment détachée.

Elle n’en menait pas large malgré ses grands airs. Elle se tourna vers l’armoire et se mit sur la pointe des pieds pour attraper les bols, dévoilant son postérieur dénudé. Ryo la regarda faire, stupéfait. Il l’observa l’attiser éhontément et décida de jouer lui aussi. Il approcha dans son dos et se colla à elle, frottant contre son fessier son désir personnifié. Il la sentit sursauter et s’appuya un peu plus contre elle, attrapant les bols avant elle. Comme s’il ne s’était rien passé, il s’écarta et repartit dans le séjour.

Voyant qu’elle ne l’avait pas suivi, il posa la porcelaine sur la table et s’appuya sur le plateau de bois pour souffler un coup. Autant dire qu’elle mettait ses nerfs, enfin plutôt son mokkori, à rude épreuve. Il se demandait s’ils allaient réussir à contrôler cette frénésie sexuelle et à prendre le temps de construire leur relation. Il avait peur de tout gâcher et de se tromper si leur unique occupation était le sexe, aussi intense fut-il. L’entendant arriver, il se reprit et l’accueillit un sourire aux lèvres.

- J’ai faim !, s’exclama-t-il.

Elle lui sourit et posa le plat sur la table. Elle servit les nouilles qu’elle avait fait sauter dans les bols et allait s’asseoir quand il l’attira sur ses genoux. Elle sentit ses cuisses nues sur les siennes aussi dénudées, son mokkori déjà bien en forme appuyer sur sa hanche à travers le tissu de son caleçon. Elle posa la main sur son torse musclé et en traça chaque ligne.

- Kaori, on doit manger., souffla-t-il.
- J’ai faim.
- Moi aussi., répondit-elle, le souffle court.

Elle l’embrassa langoureusement en passant les bras autour de son cou. Il l’attira encore plus contre lui approfondissant leur échange. Se sentant dériver vers des affres plus passionnés, il s’écarta d’elle.

- Manger Kaori. Je te jure que la nuit va être très longue., lui dit-il.

Il attrapa un légume entre les baguettes et le glissa entre ses lèvres avant d’en manger un également. Finalement, elle glissa de ses genoux et ils mangèrent proches l’un de l’autre, se touchant, s’embrassant. La fin du repas dériva et ils finirent allongés l’un sur l’autre sur le banc, se caressant, se déshabillant et s’aimant avant de migrer de nouveau dans la chambre et d’y finir la nuit.

Ensommeillés, ils virent le jour se lever enlacés.

- Hier matin, je pensais que je me réveillerai aujourd’hui à des milliers de kilomètres., chuchota-t-elle.
- Tu aurais préféré ?, lui demanda-t-il, soucieux.
- Non. Ici, dans tes bras, c’est le seul endroit où j’ai vraiment envie d’être.
- C’est le seul endroit où je veux que tu sois., répondit-il, remettant une mèche derrière son oreille.
- Vraiment ?
- Oui, Kaori. Je me sens enfin à ma place.

Elle le regarda émue et leva la tête pour l’embrasser.

- Ca tombe bien, moi aussi., lui dit-elle.

Il resserra son étreinte et elle reposa la tête sur son épaule. Epuisés, ils fermèrent les yeux s’endormant sereinement… enfin…
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Mer 26 Mai - 5:21
Chapitre 24

Quand il se réveilla, Ryo fut surpris de se retrouver seul dans le lit. Il fut cependant vite rassuré en entendant Kaori vaquer à ses occupations.

- Apparemment, je ne t’ai pas encore assez fatiguée, Sugar., murmura-t-il avec un léger sourire.

Il se leva et se dirigea vers la salle de bains. Jetant un œil vers l’étage inférieur, il aperçut sa femme entrain de se dandiner sur un air de musique qui passait à la radio alors qu’elle faisait les poussières. Il ne comprendrait décidément jamais son besoin qu’il jugeait compulsif de faire le ménage aussi souvent mais ne s’en plaindrait plus si cela lui permettait de regarder ses fesses s’agiter de la sorte, pensa-t-il lubriquement. Il sortit de sa contemplation au bout de quelques minutes et alla se doucher.

Kaori s’était levée de bonne humeur en cette fin de matinée, encore fatiguée mais de bonne humeur et bourrée d’énergie. Après avoir passé quelques minutes à regarder Ryo dormir, elle avait décidé de se lever plutôt que de céder à l’envie grandissante de le réveiller pour une nouvelle séance mokkori. Il ne s’en serait peut-être pas plaint mais ils devaient apprendre à se contenir. Elle repensa à la frénésie sexuelle qui les avait poursuivis toute l’après-midi puis la nuit dernière et rougit de tout ce qu’ils avaient fait, de tout ce qu’elle avait osé faire. Ca avait été à la fois très torride, sensuelle mais en même temps si tendre et profond. Elle sentit une certaine volupté l’envahir en repensant à ses mains sur son corps, ses lèvres… et secoua la tête pour penser à autre chose et éviter de se précipiter pour le rejoindre sous la douche car, même si elle n’avait pas semblé le remarquer, elle avait été consciente de son regard posé sur elle. Elle n’avait juste pas voulu céder à un nouvel appel de la passion.

Cindy Lauper commençait à chanter « Girls just want to have fun » quand elle entendit Ryo sortir de la salle de bains. La chanson était si entraînante qu’elle se laissa aller à chanter. Le nettoyeur descendit les escaliers tentant de garder son sérieux mais lorsqu’il posa les yeux sur sa furie chantant à tue-tête, il ne put s’empêcher de sourire et l’approcha. Elle le laissa faire et glissa les bras autour de son cou alors qu’il la prenait par la taille.

- Les filles veulent s’amuser ?, murmura-t-il.
- Oui et les garçons aussi., répondit-elle avec un petit sourire amusé.

Il se pencha sur elle et l’embrassa tendrement. Il sentait les prémisses du désir monter en lui au même moment où il entendit :

Some boys take a beautiful girl
And hide her away from the rest of the world
I wanna be the one to walk in the sun
Certains garçons prennent une jolie fille
et la cache du reste du mondre
Je veux être celle qui marche sous le soleil

Il cessa de l’embrasser et la regarda. Etait-ce ce qu’il cherchait à faire ? Son envie de lui faire l’amour aussi frénétiquement n’était-elle qu’une manière de les faire rester chez eux et de ne pas avoir à assumer ce qu’ils étaient à l’extérieur ? Etait-il prêt à assumer leur couple publiquement ? Etait-ce qu’elle voulait ? Ils n’avaient pas encore pris le temps d’en parler. Ils s’étaient laissés emporter par la violence de leur désir et avaient fait fi de tout le reste.

- Ryo ?, l’appela-t-elle, inquiète en voyant ses sourcils froncés.
- Il faut qu’on parle, Kaori., dit-il.

Elle s’écarta de lui, essayant de ne pas s’inquiéter inutilement à son air sérieux.

- D’accord. En mangeant ?, lui proposa-t-elle, masquant son anxiété.
- Si tu veux.

Kaori partit en cuisine réchauffer le plat qu’elle avait préparé. Elle se demandait ce dont il voulait discuter. Avait-il finalement retrouvé son calme et décidé de faire marche arrière ? Elle avait du mal à le croire même s’il l’avait habituée à des revirements assez soudains. Peut-être s’était-il rendu compte qu’il ne l’aimait pas, qu’il avait tenté de donner le change pour adoucir les choses et qu’il allait lui dire qu’il voulait rompre ?

- Pas déjà…, murmura-t-elle, le cœur au bord des lèvres.

Elle s’assit, sentant ses jambes trembler. Elle ne voulait pas retomber aussi vite qu’elle était montée. Elle ne le supporterait pas. Elle ne voulait pas revivre les montagnes russes des dernières semaines. C’était trop épuisant pour son corps et son esprit fatigués.

- Kaori ?, s’inquiéta Ryo en la voyant assise livide alors qu’une odeur de brûlé s’échappait de la casserole.

Il arrêta le gaz et s’approcha d’elle, s’accroupissant pour pouvoir voir son visage qu’elle gardait baissé. Il remarqua ses yeux brillant de larmes, le pli de ses lèvres affaissé et se demanda ce qui pouvait bien lui passer par la tête.

- Kaori, parle-moi., l’appela-t-il doucement.
- Tu vas me quitter., dit-elle simplement.

Ce n’était pas une question mais une affirmation et il eut beau réfléchir, il ne comprit pas d’où lui venait cette idée. Il tendit la main vers elle et caressa sa joue avant d’aller repasser une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Pourquoi dis-tu cela ?, l’interrogea-t-il.
- Ne cherche pas à gagner de temps, Ryo. Tu vas me quitter., répéta-t-elle.

La douleur dans sa voix lui serra le cœur mais il ne comprenait toujours pas plus son raisonnement.

- Je n’ai pas l’intention de te quitter, Kaori. Je t’aime. J’ai trouvé ma place et on est mariés, très officiellement qui plus est., lui répondit-il, patiemment.
- C’est vrai ?, répliqua-t-elle, la voix étranglée par le soulagement.

Il s’assit à ses côtés et l’attira à lui. Elle se laissa aller contre lui, ayant besoin d’être rassurée.

- Oui, c’est vrai. Je ne sais pas ce qui t’a mis en tête cette drôle d’idée mais je ne reviendrai plus en arrière, Kaori, sauf si ça ne marche pas entre nous mais ça, on ne le saura qu’en essayant d’abord.

Elle acquiesça contre lui mais ne quitta pas le cocon de ses bras. Elle avait soudain eu tellement peur qu’elle ressentait encore le froid en elle. Comme s’il le sentait, Ryo resserra son étreinte et déposa un baiser dans ses cheveux.

- Tu m’expliques ce qui t’a mis cette drôle d’idée en tête ?, lui demanda-t-il après quelques minutes de silence.
- Tu voulais parler…, répondit-elle simplement.
- C’est tout ?!, s’étonna-t-il.
- Je me demandais juste ce que tu voulais dire aux autres. Je voulais savoir si tu voulais leur en parler ou pas, leur dire que nous allons rester mariés ou si tu voulais attendre un petit peu, avoir le temps de réfléchir et de voir si ça marchait., lui expliqua-t-il.

Elle se sentit honteuse de s’être laissée aller à penser le pire. Elle devait apprendre à lui faire confiance. Elle se rendit compte alors que, tout comme le sentiment de protection qu’elle avait ressenti, sa confiance ne se limitait pour le moment qu’au fait qu’il serait là à coté d’elle. Elle manquait encore de confiance en ses sentiments et son envie réelle de s’engager. Elle allait devoir s’ouvrir, apprendre à s’abandonner à cette nouvelle vie au risque d’être blessée si ça ne fonctionnait pas, au risque d’être heureuse si tout cela durait.

- Je n’ai pas envie de leur mentir, ni de simuler devant eux, Ryo. Je peux restreindre mes élans si tu le souhaites mais pas leur cacher la vérité. Ils ont été là pour nous. Ce serait injuste de les blesser., lui dit-elle.
- Mais si tu as besoin de temps…
- Je n’en ai pas besoin. On ne leur cachera rien. On devra juste être un peu plus contenus sur le terrain. On ne peut pas perdre la tête comme on l’a fait ici dans la rue, tu comprends ?, s’inquiéta-t-il.
- Oui. Moi aussi, j’ai envie de vivre longtemps avec toi., répondit-elle.

Ils se regardèrent et se sourirent amoureusement. Ils trouvaient la même capacité à se comprendre personnellement et ça le rassura, le conforta dans sa décision. Après quelques minutes passées ainsi à se câliner, Kaori sortit de son cocon et se leva.

- Le repas est fichu et je n’ai plus rien dans les armoires., lui apprit-elle.
- Je connais un bon endroit où nous pourrons déjeuner et nous afficher en toute tranquillité., lui dit-il.
- Tu veux aller au Cat’s avec Miki et Falcon pour nous observer ?, s’étonna-t-elle.
- Oui et avec un peu de chance, il y aura aussi Mick et Kazue et, avec encore un peu plus de chance, Saeko et peut-être que si nous avons un tout petit chouïa de chance en plus…, commença-t-il avec un sourire malicieux
- Nous les surprendrons., conclut-elle suivant sa logique.
- Tu as tout compris mais c’est normal après tout, tu es une femme très intelligente., lâcha-t-il, le regard pétillant.
- Parce que je t’ai choisi, n’est-ce pas ?, répondit-elle, entrant dans son jeu.
- Oui. Et tu es aussi belle et douce, diablement sexy., dit-il en embrassant légèrement ses lèvres.
- Et j’adore quand tu deviens audacieuse pendant nos ébats., murmura-t-il d’une voix chaude.

Elle se sentit rougir à la fois de gêne et de plaisir. Il n’avait jamais été très généreux côté compliments et ça lui faisait tout drôle d’entendre ces mots dans sa bouche, surtout la concernant. Par dessus tout, elle était aussi émerveillée que perplexe face aux sentiments qu’il éveillait en elle, au courage que ça lui donnait pour se dépasser et surmonter certaines de ses peurs et sa timidité. Elle se sentait bien et même belle à ses yeux.

- Tu me transcendes, Ryo., murmura-t-elle.
- J’ai envie de te donner le meilleur de moi-même.
- Tu m’aimes déjà si bien, Kaori. Je doute que ça puisse être mieux mais je ne t’empêcherai pas d’essayer…, répondit-il, légèrement malicieux sur la fin.
- On y va ? Sinon je sens que je vais me rassasier d’une autre faim et, si j’ai bien compris, on a des courses à faire., reprit-il.
- Oui. On devrait même passer au tableau. Il serait temps qu’on reprenne nos habitudes, non ?, répliqua-t-elle.
- Certaines, oui, mais pas toutes., la corrigea-t-il, lui tendant son manteau.

Ils s’habillèrent et sortirent. Ils marchèrent jusqu’au café de leurs amis et entrèrent faisant tinter la clochette.

- Ma Kaori chérie !!!, s’écria Mick en se précipitant sur elle.

Il fut arrêté à un mètre d’elle par un Python 357 magnum rutilant estampillé « Pas touche à MA femme » braqué sur lui. Il s’immobilisa, les deux yeux fixés sur l’annotation.

- Tiens, c’est nouveau., remarqua Kaori.
- Oui. Ce n’est pas un privilège que tu as, ma chérie., répondit-il, fier de lui.
- Ok, je pense avoir compris le message., pipa enfin Mick.
- Les félicitations s’imposent, non ?, avança-t-il, un sourire chaleureux atteignant ses yeux posés sur eux.
- Oui., admit Ryo.
- Dans mes bras, ma belle, en tout bien tout honneur., fit-il en enlaçant Kaori.
- Je suis heureux qu’il se soit enfin décidé., murmura-t-il à son oreille.
- Moi aussi. Merci Mick., répondit-elle émue.

Elle devait avouer que de tous, c’était sa réaction qui l’avait le plus angoissée et elle était rassurée qu’il le prit aussi bien.

- Tu as fait le bon choix, Ryo., lui confirma l’américain en faisant une franche accolade à son ami.
- Si tu lui fais du mal, je te tue., le menaça-t-il cependant quand même à voix basse.
- Je n’en ai pas l’intention., lui assura Ryo très sérieusement.

Il savait que Mick veillait comme un frère sur sa femme. Il se demanda un moment si Hide aurait aussi bien pris la chose. Il regarda Kaori, son sourire, ses yeux pétillants. Elle était heureuse. Oui, Maki l’aurait certainement bien pris, pensa-t-il soulagé.

- Ben alors, vous êtes tous sous le choc ou quoi ?, lança Mick aux trois autres présents.
- Le choc de quoi ?, gronda Umibozu.
- Qu’il ait enfin réalisé ce qui était une évidence pour tout le monde ? Il était temps que la lumière se fasse…, ajouta le géant.

Ryo le regarda et rit bêtement en se frottant les cheveux. Il n’allait pas donner tort à son ami. Il avait été quelque peu buté sur ce coup-là. Sentant sa gêne, Kaori s’approcha de lui et passa une main dans son dos.

- On a mis le temps mais ça valait le coup, non ?, le rassura-t-elle.

Il fut touché par son envie de minimiser sa part de responsabilité et caressa sa joue.

- Tu es trop gentille avec moi. J’ai mis le temps, Kaori. Du temps à être prêt et à accepter. Et oui, ça valait le coup, c’est même le coup du siècle pour moi., répondit-il, l’embrassant légèrement.

Il avait envie de bien plus mais il se sentait légèrement intimidé en présence des autres.

- Ca veut dire qu’on n’a plus rien à craindre de toi ?, demanda Miki.
- Non, plus rien. J’ai ma miss mokkori. 
- Et vous restez donc mariés ?, les interrogea Kazue.
- Oui.
- Tu lui as donc parlé mardi soir ?, demanda Mick.
- Mardi soir ?, répéta Kaori sans comprendre.
- Non, elle dormait quand je suis rentré. Tout s’est dénoué hier matin à la mairie., expliqua le nettoyeur.

Mick le regarda sans comprendre.

- Mais pourquoi la mairie ?, finit-il par dire.
- Parce qu’une certaine demoiselle refusait de m’écouter et que j’ai dû tout lâcher au moment où elle allait signer les papiers du divorce., répondit Ryo, amusé plus que fâché.
- J’ai dû mettre un genou à terre et lui demander de ne pas me divorcer., ajouta-t-il.

Miki et Kazue lâchèrent un « oh » d’extase devant ce geste romantique, provoquant le rougissement de la nettoyeuse.

- Quand est-ce que j’aurais le droit à une chose de ce genre-là, Mick Angel ?, demanda soudain Kazue, mécontente.
- Ce n’est pas le tout de m’offrir de la lingerie sexy et des fleurs de temps à autre., lui reprocha-t-elle.
- Mais… mais il a eu sept ans devant lui…, gémit Mick.
- Si tu crois que j’ai la patience de Kaori, tu te trompes. Alors réfléchis bien avant de passer six ans et six mois à dormir dans le canapé., lui enjoignit-elle.
- On était venus pour déjeuner. Je ne pensais pas qu’on provoquerait une scène de ménage., pipa Ryo, moqueur.

Il prit la main de sa femme et l’emmena au comptoir où ils prirent place côte à côte. Miki leur servit un repas chaud et ils avaient à peine commencé à manger qu’elle ne put se retenir plus longtemps.

- Alors, c’est vrai ? Vous allez rester mariés ?, demanda la mercenaire à son amie.
- Oui, Miki. Pour le meilleur et pour le pire., répondit Kaori, le regard pétillant.
- Vu ce par quoi vous êtes déjà passés, j’espère qu’il ne reste que le meilleur., pensa tout haut la barmaid.
- Moi aussi., convint Ryo.
- Mais connaissant nos vies, tout ne sera pas rose et paisible mais on peut au moins tenter d’en profiter au maximum., dit-il, posant une main dans la bas du dos de sa femme.
- En tout cas, le mariage te réussit., intervint Umibozu qui n’avait jamais senti son ami aussi serein.

Toutes les têtes se tournèrent vers lui, attendant un peu plus d’explications, à l’exception de Ryo qui sourit en regardant son assiette. Umi avait dit ce qu’il avait à dire : c’était simple, concis et efficace comme d’habitude.

- Oui. J’y ai vite pris goût., admit le nettoyeur.
- Et le devoir conjugal, ce n’est pas trop dur ?, entendirent-ils soudain derrière eux.

Nul besoin d’être grand clerc pour savoir qui avait posé la question. La personne en question se fit d’ailleurs écrabouillée par une massue « 100 % sombre crétin » par sa chère et… tendre.

- C’est vrai ça. Alors il vaut vraiment la réputation qu’on lui prête ?, demanda Miki, tout sourire.
- Miki !, gronda Umibozu.

Kaori baissa les yeux sur son assiette, sentant le rouge lui monter aux joues, puis, en ayant soudain assez d’être la cible de toutes leurs plaisanteries grivoises, releva le regard vers son amie.

- Encore mieux même., répondit-elle d’un ton égal.
- Tu diras, je n’en ai eu lucidement qu’un aperçu pendant notre croisière et toute l’après-midi ainsi que la nuit dernière jusqu’au petit matin. Je manque peut-être encore un peu de recul., confessa-t-elle, se tapotant le menton du bout du doigt.

Umibozu vira au rouge façon cocotte minute. Ryo regarda son épouse si timide et pudique, ébahi, expression qui vira bientôt à l’hilarité en voyant la tête de Miki et encore plus celle de Mick. Kaori elle affichait un visage impassible mais il sentait qu’elle prenait sur elle pour ne pas fuir à toutes jambes.

- Toute l’après-midi…, commença Miki.
- Et toute la nuit jusqu’au petit matin ?, compléta Mick.
- Et je peux vous jurer que je n’ai pas simulé., les acheva-t-elle.
- Moi non plus. j’ai trouvé la femme de mes rêves les plus fous., fit Ryo, adressant un regard coquin à son épouse qui rougit.
- Si on allait à la gare et faire les courses. Je meurs d’envie de finir la journée au lit., lui proposa-t-il.
- Pas autant que moi., souffla-t-elle.
- Moi plus., surenchérit-il.
- Non…, commença Kaori mais elle s’arrêta et un sourire aux lèvres, elle s’approcha de lui.

Elle lui murmura quelques mots à l’oreille et le regard de Ryo brilla de désir. Il l’enlaça et l’embrassa langoureusement.

- Vos désirs sont des ordres, Madame Saeba. Allez, dépêche-toi. Sinon, je te fais ça ici., lui enjoignit-il.

Ils s’en allèrent tous deux, le regard fiévreux.

- Ca fait du bien de les voir heureux., pipa Kazue.
- C’est vrai. Dis Mick, tu crois qu’elle lui a proposé quoi ?, l’interrogea Miki.
- Je ne sais pas mais ça devait être sacrément coquin., répondit-il.
- Je n’avais jamais vu Kaori aussi libérée en tous cas., remarqua la barmaid.
- C’est vrai. Oh non ! Si ça se trouve, elle lui a proposé un plan à trois. Je veux bien être le troisième…, gémit l’américain.
- Et tu connais ma deuxième copine pour un plan à trois ?, cria Kazue, l’encastrant sous une massue anti-pervers.

L’onde de choc se ressentit jusqu’à la gare de Shinjuku où le tableau trembla devant les nettoyeurs.

- Un tremblement de terre, tu crois ?, s’inquiéta Kaori.
- Non. Ca c’est Mick qui a sorti une idiotie et Kazue qui l’a corrigé. Maintenant que je suis casé, les sismologues auront deux fois moins de boulot sur Tokyo…, plaisanta Ryo.
- Ca dépend. On peut trouver une nouvelle manière de faire trembler la Terre., répondit Kaori, l’air de rien.

Il sentit le désir enflammer ses sens à ses paroles. Qui eut cru qu’un jour sa Kaori lui parlerait de galipettes en pleine rue ? Il saisit sa main et l’entraîna hors de la gare.

- Les courses attendront. On rentre à la maison., dit-il d’un ton urgent.
- Mais Ryo…
- Madame Saeba… J’adore t’appeler comme ça…, laissa-t-il échapper, puis il reprit un air plus sérieux.
- Madame Saeba, vous apprendrez qu’on ne provoque pas impunément l’Etalon de Shinjuku. Il n’oeuvre peut-être plus pour la communauté mais son désir de satisfaire est toujours aussi grand., lui apprit-il.

Arrivés chez eux, Ryo lui montra donc ce qu’il en coûtait, réalisant par la même occasion ce qu’elle lui avait proposé au Cat’s. La table s’en souvient encore…
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