City Hunter Fanfictions
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Mercury80
Habitué du Cat's Eye
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[ROMANCE/AU] CLANDESTINS [MERCURY80] Empty [ROMANCE/AU] CLANDESTINS [MERCURY80]

Mer 15 Avr - 4:37
Chapitre 1

- Oh mon dieu, c’est pas vrai ! T’as vu l’horreur !, gronda Ryo à Saeko, parcourant le parterre devant lui.
- Quoi ? Tu as un problème, Ryo ?, susurra la jeune femme, un sourire narquois aux lèvres, se doutant du problème du jeune homme assis à ses côtés.
- Je croyais qu’il y avait autant de filles que de garçons dans cette promo… Tu t’es foutue de moi encore une fois ?
- J’ai dit ça ? Je ne me souviens plus très bien., minauda-t-elle.

Il lui lança un regard mauvais. Dire qu’il s’était laissé embarquer dans cette histoire alors qu’il avait mieux à faire…

- Tu me le paieras, Saeko. Fille du préfet de police ou pas, tu me le paieras…, grogna-t-il en dévisageant le peu de visages féminins dans l’assistance.
- C’étaient quoi vos critères d’entrée pour les filles : beauté s’abstenir ? Franchement, peut mieux faire., dit-il, en n’allant pas plus loin que le troisième rang, dépité.
- Ryo, souviens-toi de ce que t’a dit le chef : tu gardes ton meilleur ami dans…
- Mon caleçon. Oui, je sais. Sinon c’est la porte directe et pour l’élève aussi., se souvint-il, amer : est-ce que c’était de sa faute s’il faisait craquer les demoiselles ?

Ryo regarda sa montre impatient. Il n’aimait pas attendre et, pour une fois, le maître de cérémonie était en retard, ce n’était pas son genre. Il décroisa les jambes et remonta sur son siège.

- Tu fais quoi ce soir ? Ça te dit que toi et moi nous sortions ?, tenta-t-il charmeur en approchant sa main de la cuisse de la jeune femme.
- Bas les pattes ! Je ne suis pas à ta disposition !, le rabroua Saeko en lui tapant sur la main sèchement.

Il entendit pouffer au premier rang et lança un regard assassin. Aussitôt le silence se fit.

- Il fait quoi Hide ? Ça fait des plombes qu’il devrait être là..., soupira Ryo, excédé.
- Il va arriver. C’est un peu particulier pour lui aujourd’hui.
- Ah bon pourquoi ?, demanda Ryo, mais l’arrivée de leur ami interrompit leur conversation.

Toute l’assemblée se leva à l’arrivée de l’inspecteur. Dans l’assemblée, Kaori vit son frère arriver et ressentit une bouffée de fierté à le voir au pupitre. Elle entendait autour d’elle certains se moquer de sa dégaine et ça l’énervait mais elle ne dit rien. Ces imbéciles ne le connaissaient pas et ne savaient pas que c’était un flic hors pair. Elle tourna son regard vers les deux personnes assises à l’estrade. Elle connaissait la jeune femme : Saeko Nogami était l’équipière de son frère et elle savait que ce dernier n’était pas insensible à la jeune femme et elle le comprenait tant elle était belle. Elle était jalouse et admirative de cette femme. En revanche, elle ne connaissait pas l’homme mais, à écouter les deuxièmes années qui étaient derrière eux, il était populaire, surtout parmi la gente féminine.

L’inspecteur Makimura les invita à s’asseoir. Il leur fit un discours de bienvenue, discours que Kaori avait déjà entendu et réentendu ces derniers jours, tant il l’avait répété dans leur appartement. Autant dire que tenir la première place ce jour était un calvaire pour une personne aussi réservée qu’Hideyuki, mais il n’en montrait rien. Il expliqua aux premières années le programme de la formation, ce qui était attendu de leur part, les examens et épreuves éliminatoires, les stages qu’ils devraient effectuer, les règles à respecter. Il leur présenta ensuite leurs professeurs. Le tout jeune lieutenant Nogami assurait la formation sur le combat de main à main et à l’arme blanche. Lorsqu’elle se leva, les sifflets d’admiration résonnèrent dans la pièce.

- Ce genre de comportement n’est pas toléré dans la police. Ce sera le dernier avertissement., rappela l’inspecteur Makimura, d’un ton sentencieux, ce qui calma l’ambiance.

Le lieutenant Ryo Saeba assurait la formation sur les armes à feu, la mise à niveau physique et, pour les plus spécialisés, la partie explosifs. Kaori entendit les murmures d’approbation lorsque l’homme se leva et rejoignit Hide. Certes, il était bel homme et avait un fort charisme. Mais Kaori sentait que cet homme était assez fier de sa personne et certainement un homme à femmes, ce que ne lui démentaient pas les propos qu’elle entendait dans son dos. Apparemment certaines avaient déjà succombé à ses charmes.

L’inspecteur Makimura avait lui l’ingrate tâche de leur enseigner les procédures et les lois. A ces mots, un grognement monta de la foule des élèves. Ce n’était pas la partie préférée de ces jeunes gens qui venaient de quitter les bancs du lycée et ses enseignements théoriques...

La promotion avait été divisée en trois groupes. La formation commençait le lendemain matin. Les nouveaux élèves pouvaient profiter du reste de la matinée pour faire connaissance et prendre des informations auprès des élèves des promotions précédentes. Kaori avait déjà les informations dont elle avait besoin. Hide l’avait briefée un nombre incalculable de fois en espérant la faire changer d’avis sur son choix d’orientation. Si elle l’avait écouté, elle serait dans une formation pour devenir institutrice ou infirmière… Mais elle lui avait tenu tête et avait choisi la police comme lui et comme leur père. Elle se dirigea donc vers les portes pour rentrer chez elle. Elle fut interceptée par une brunette au visage souriant.

- Bonjour, je m’appelle Miki. Et toi ?, dit la jeune femme en souriant.
- Bonjour, moi c’est Kaori. Tu es en quelle année ?
- Je viens de finir la formation de deux ans. J’interviens en tant que nouvelle titulaire. Tu as des questions ?
- Non, pas vraiment. Tu es affectée où ?, demanda Kaori, curieuse.
- Au commissariat de Shinjuku. Je suis dans la rue pour le moment. Et toi, tu voudrais être affectée où ?
- A Shinjuku également. Peu m’importe le service. Je veux être utile., répondit Kaori, d’une voix basse.

Ses copains de classe au lycée se moquaient toujours de son manque d’ambition. Ils pensaient qu’elle voulait se planquer mais ce n’était pas le cas. Sa volonté de rentrer dans la police était par dessus tout altruiste, liée au fait de venir en aide à ceux qui en avaient besoin, et non pas de vivre des sensations fortes. Mais Miki ne se moqua pas d’elle et, en posant une main sur son bras, lui répondit :

- C’est la réponse que je préfère. Kaori, j’aimerai te parrainer. Ca signifie que, lors de tes périodes sur terrain en première année, hormis les stages spéciaux, tu seras avec moi. Est-ce que ça te plairait ?
- Oui, bien évidemment., répondit la jeune femme avec un grand sourire.

Miki regarda la jeune femme rousse aux yeux noisettes et sentit qu’un lien indéfectible se nouait entre elles. Kaori regarda l’assistance autour d’elle et vit que les « professeurs » étaient descendus dans la foule des élèves.

- Dis Miki, ils sont comment les profs ?, demanda Kaori.
- L’inspecteur Makimura est droit mais sympa si tu ne perturbes pas son cours. Le lieutenant Nogami est calée dans son domaine, un peu hautaine mais on s’y fait.
- Et le lieutenant Saeba ?
- C’est un expert dans son domaine mais, méfie-toi, il adore les jolies filles et il a une mauvaise réputation à ce sujet.
- Merci, Miki.

Elles discutèrent encore un moment, faisant connaissance et échangeant avec plaisir. Certains deuxièmes années vinrent les accoster, demandant à Miki de leur présenter la charmante demoiselle. Kaori, qui n’était pas habituée à être complimentée, rougit de gêne, ce qui en amusa certains.

- Méfie-toi de tous ces renards, Kaori. Ils ne cherchent qu’une chose : marquer des points au lit. Ils ont un concours entre eux. Ne te laisse pas abuser., la prévint Miki, le regard dur.
- D’accord. C’est qui la brune là-bas ?, demanda Kaori, désignant une jeune femme élancée qui ne cessait de la dévisager depuis tout à l’heure.
- Méfie-toi aussi. C’est Reika Nogami, la petite sœur du Lieutenant. C’est la coqueluche de la promo. Pour elle, toutes les filles sont des rivales.
- Pour les postes à pourvoir., interrogea Kaori, naïvement.
- Non. Pour les mecs., répondit Miki, un sourire aux lèvres.
- Bonjour, officier., les coupa Hideyuki.

Miki et Kaori se mirent au garde à vous. Il leur fit signe de se détendre.

- Votre affectation vous plaît, Miki ?
- Oui, Inspecteur. Je ne pouvais rêver mieux.
- Tant mieux. J’adore entendre des remontées positives sur mes élèves et je suis gâté en ce qui vous concerne., continua Hideyuki, faisant rougir Miki.
- Je ne fais que mon travail, Monsieur.
- Continuez. C’est votre filleule pour le terrain ?
- Oui, Inspecteur. Kaori.
- Très bien, je vous laisse.

Il repartit aussi soudainement qu’il était venu. Il était satisfait que Miki parraina Kaori. Au moins elle serait affectée au même commissariat que lui et il pourrait ainsi garder un œil sur elle. Kaori regarda Hide s’éloigner, gênée.

- Miki, il faut que je te dise...
- Mesdemoiselles., l’interrompit une voix charmeuse.

Elle leva les yeux vers l’importun et croisa le regard couleur nuit du lieutenant Saeba. Malgré ce qu’elle savait, elle eut un mal fou à détacher ses yeux de ces prunelles sombres qui semblaient sonder son âme.

- Bonjour Lieutenant., répondit Miki, d’une voix distante.
- Bonjour, Lieutenant., enchaîna Kaori, timidement, légèrement rougissante.

Ryo les regarda toutes deux. Miki était une beauté renversante. Son amie était ravissante et avait une fraîcheur déroutante.

- Nouvelle recrue ?
- Oui, Lieutenant.
- Quel groupe ?, se plut-il à enchaîner les questions, la voyant rougir d’autant plus.
- Groupe 3, Monsieur.
- Donc j’aurai la chance d’être votre professeur demain après-midi, mademoiselle., enchaîna-t-il d’une voix suave qui la fit frémir malgré elle.
- Lieutenant Saeba, un appel pour vous., intervint le lieutenant Nogami, d’une voix ferme.
- Le devoir m’appelle, mesdemoiselles., dit-il en retournant vers sa collègue.

Kaori le regarda partir, ne sachant que penser. Elle se morigéna de s’être laissée intimider, charmer, ou autre, de la sorte par ce coureur de jupons.

- Dis donc toi, t’as intérêt à ne pas chasser sur le territoire des autres. Lui, c’est mon territoire !, l’interpella Reika Nogami, qui était venue à sa hauteur.
- Fiche-lui la paix, Reika ! C’est lui qui est venu, pas elle. Tu sais ce que tu risques si tu as une aventure avec lui., intervint Miki, d’un ton ferme, faisant partir Reika, furieuse.
- Que risque-t-elle ?, demanda Kaori qui n’avait relevé que la dernière partie de la discussion.
- L’élève et le prof qui ont une aventure pendant la formation seront renvoyés., l’informa Miki.

Saeko entraîna Ryo à l’écart de la foule. Elle le força à lui faire face et le regarda d’un air sévère. Elle était visiblement en colère contre lui.

- Tu n’apprendras donc jamais ? Il faut encore que tu fasses le joli coeur auprès des demoiselles ?
- Je n’y peux rien. C’est la nature qui veut qu’un homme et une jolie femme s’accouplent., répondit Ryo, un grand sourire aux lèvres.
- D’ailleurs toi et moi…
- Toi et moi rien, Ryo ! Tu ne m’intéresses pas ! Pas tant que tu continueras à butiner.
- Je suis trop jeune pour m’engager, tu le sais bien., répondit-il enjôleur, laissant son regard errer sur le corps de la beauté incendiaire en face de lui.

Saeko le dévisagea sévère. Elle le connaissait bien. Elle savait que Ryo n’était pas trop jeune pour s’engager : il en avait la trouille. C’était pour cela que les relations sans lendemain lui allaient très bien et qu’il fuyait dès qu’une jeune femme lui demandait un deuxième rendez-vous. Elle soupira et regarda l’assistance, ses yeux s’arrêtant sur la rouquine de tout à l’heure.

- Ryo, la rouquine qui était avec Miki, tu vois de qui je parle ?
- Oui, les yeux de biche., dit-il en dévisageant la silhouette d’un œil appréciateur.
- Tu n’y touches pas.
- Pourquoi ?, demanda-t-il, suspicieux.
- Ce n’est pas à moi de te le dire. Mais s’il y a un conseil que tu dois suivre, c’est bien celui-ci.

Elle le quitta sans ajouter un mot. Il retourna à son observation. Comme si elle avait senti son regard sur elle, la rouquine tourna le visage vers lui d’un air interrogateur. Il détourna les yeux, subitement gêné, puis sortit à l’extérieur du bâtiment.

Il fut intercepté par une main sensuelle qui lui attrapa le poignet et le tourna avant de sentir des lèvres se poser sur les siennes. Surpris, il écarta la personne et l’éloigna de lui.

- Reika ? Tu es folle ? Tu veux nous faire renvoyer ?, s’énerva le jeune homme.
- Ryo ! Ne me repousse pas ! Tu faisais moins le difficile l’année dernière., susurra-t-elle, s’accrochant à son cou.
- L’année dernière, je ne risquai pas de me faire renvoyer. Mais à cause de tes conneries, j’ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête., lui rétorqua-t-il d’une voix dure.

Reika avait poursuivi Ryo de ses assiduités toute l’année et il avait eu le malheur de céder une fois. Suite à cela, il avait rompu, en douceur pour une fois, mais la jeune femme ne l’avait pas entendu ainsi et avait provoqué un scandale. Il s’était fait sévèrement réprimander par ses supérieurs. Saeko lui en avait voulu mais ils avaient su reconstruire leur amitié. Mais Reika s’accrochait toujours autant et n’avait toujours pas compris le message apparemment.

- On s’en fiche, Ryo.
- Toi peut-être, ta famille est aisée, tu retomberas sur tes pattes. Moi, je n’ai pas ce privilège. Je n’ai que ce boulot et je ne compte pas le perdre. Tiens-le toi pour dit : toi et moi, c’est fini !, lui dit-il d’un ton dur en s’écartant d’elle.
- Ca n’aurait même jamais dû commencer. J’ai fait une énorme bêtise. J’ai failli perdre l’amitié de ta sœur. Il est hors de question que je la risque une nouvelle fois ! Alors cesse de me poursuivre et garde-toi bien de poser à nouveau les mains ou autre sur moi !

Il stoppa net et blêmit lorsqu’il vit qu’ils n’étaient pas seuls. Il croisa le regard de la jeune femme et se sentit… mal à l’aise. Il devait lui parler avant qu’elle n’aille tout dire. Il lança un dernier regard furieux à Reika et lui dit :

- Ne m’approche plus en dehors des cours.

Puis il partit en courant rattraper le témoin. Il la rattrapa très vite et passa devant elle pour lui bloquer le passage, pour qu’elle l’écouta :

- Attends, s’il te plaît., lui demanda-t-il en reprenant son souffle.
- Ecoutez Lieutenant, je n’ai rien vu, rien entendu.
- Je voudrai t’expliquer…
- Ce sont vos histoires, pas les miennes., rétorqua la rouquine, d’un air fermé.
- Tu me laisses en placer une ?, intima-t-il d’une voix qu’il aurait voulu moins dure.

Kaori se ferma. Elle qui avait horreur des situations vaudevillesques se retrouvait en plein coeur d’une. Le pompon, c’était qu’en plus ça concernait un des professeurs, ce qui pouvait faire de sa vie un enfer… Elle soupira et le regarda, conciliante.

- Allez-y.
- Elle s’est jetée sur moi. J’ai fait une connerie l’année dernière mais je ne veux pas que ça se reproduise. Elle ne comprend pas. S’il te plaît, garde-le pour toi., l’implora-t-il, pensant avec retard qu’il en avait trop dit mais c’était sorti tout seul.

Elle le regarda droit dans les yeux. Bizarrement, elle sentait qu’il ne lui mentait pas et décida de lui accorder le bénéfice du doute.

- Je n’aurai rien dit de toute façon. Comme je vous l’ai dit, ça ne me regarde pas.
- Merci., dit-il soulagé, passant la main dans ses cheveux.

Elle lui fit un signe de tête et reprit son chemin. Il la vit se faire intercepter par Hide et tressaillit d’autant plus quand celui-ci jeta un regard dans sa direction. Elle l’avait balancé : il sentit la colère monter en lui contre elle, contre Reika et contre lui… Ils échangèrent encore quelques mots, elle haussa les épaules et s’éloigna. Il vit Hide se diriger vers lui et se prépara à recevoir un sermon.

- Ca va, Ryo ?, demanda-t-il en passant, un petit sourire énigmatique aux lèvres.
- Oui et toi ?, répondit-il sans réfléchir.
- Ca va, merci.

Et il s’éloigna, laissant le jeune homme stupéfait. Il regarda dans la direction prise par la jeune femme et, même si elle n’était plus visible, il lui adressa des excuses silencieuses. Il rentra et se mêla à nouveau aux élèves, surtout aux hommes, décidant d’éviter les situations à risque pour le reste de la journée. Il vit Saeko et Hideyuki en grande conversation, se demandant de quoi ils pouvaient parler. Laissant cela de côté, il se plongea dans son rôle de professeur le temps nécessaire jusqu’à ce que les élèves furent tous partis. Puis les trois professeurs regagnèrent leur service pour finir la journée.

Hideyuki passa une bonne partie de la journée à réfléchir sur ce que lui avait dit Saeko. Il ne savait quelle position adopter et ça le rendait anxieux. Il ne voulait pas interférer outre mesure dans la vie de sa sœur et, à cette fin, moins le nombre de personnes connaissant son identité serait élevé, mieux ce serait. D’un autre côté, il voulait également la protéger comme il l’avait toujours fait. Elle avait à peine dix-huit ans depuis la veille. Il la savait très naïve sur certains sujets, même si elle avait un caractère bien trempé. Quel tourment…

Ce fut en arrivant chez son meilleur ami le soir même qu’il sut qu’il avait pris sa décision. Il pénétra dans le bâtiment, grimpa les escaliers et frappa à la porte de son appartement. Ryo lui ouvrit et le fit entrer, content de recevoir la visite de son ami.

- Hide, que me vaut le plaisir ?

Il lui tendit une bière que l’inspecteur prit, reconnaissant. Il en but une gorgée avant de poursuivre la conversation.

- Alors que penses-tu de nos nouveaux élèves ?
- Pas grand-chose pour le moment. J’attends d’avoir eu les trois groupes., répondit Ryo, posément.
- J’ai juste reproché à Saeko le manque de parité…, lui dit-il avec un clin d’oeil.
- Ryo…, s’exaspéra Hide.
- Je plaisante.

Le silence retomba dans la pièce, les deux hommes pris dans leurs pensées. Hide ne savait comment aborder le sujet qui l’avait amené jusque là. Il avait du respect pour le jeune homme malgré leur différence d’âge. Il connaissait son parcours et était fier qu’il s’en fut sorti partant de si loin.

- Alors l’installation ?, demanda Hide en désignant l’appartement.
- Comme tu le vois, encore dans les cartons. Si je passais un peu moins de temps au bureau, j’aurai peut-être le temps de faire les magasins pour meubler.
- Et les appartements des autres étages ?
- Je vais les réhabiliter au fur et à mesure et je verrai ce que j’en ferai.
- Tu as fait une bonne affaire ?
- Oui, je pense. Ce sont mes murs, c’est ce qui compte.

Hide approuva. Il appréciait de pouvoir rentrer chez lui et ne pas claquer tout son salaire dans un loyer. Surtout qu’ils vivaient à deux sur son seul salaire… Il n’osait imaginer ce qu’il aurait trouvé comme appartement en location…

- Tu vas tourner longtemps autour du pot ou tu vas cracher le morceau ?, l’interrogea Ryo, un sourire en coin.
- J’apprécie ta présence mais tu n’es pas du genre visite de courtoisie.
- Oui, tu as raison.
- Tu vas me faire un sermon pour Reika ?

Hide leva un regard surpris vers lui et rapidement se fâcha. Il se planta devant Ryo, furieux :

- Je pensais que c’était fini cette histoire, Ryo ! Tu veux vraiment te faire virer ?
- Stop ! Pour moi, c’est fini mais elle ne veut pas comprendre. C’est elle qui me tourne autour !
- J’espère bien. Ca me ferait mal de perdre un bon élément et un ami. Parles-en à Saeko si c’est nécessaire. Elle raisonnera sa sœur.
- Je suis grand. Je gère mes problèmes tout seul.

Hide remonta ses lunettes sur le nez et fourra ses mains dans les poches de son pardessus. Il se posta à la fenêtre et regarda le défilé des voitures dans la rue. Pourquoi c’était si difficile ?

- Ryo, je ne suis pas venu pour ça., soupira l’homme.
- Je t’écoute.
- Je ne te dirai pas ce que tu dois faire ou ne pas faire. Je ne suis pas ton père. Je compte plus sur ton sens moral.
- Je t’en remercie.

Hideyuki se tourna vers son ami, le jaugeant. Il avait une idée de l’homme que Ryo pouvait encore devenir. Il savait qu’il pouvait compter sur son respect et sa loyauté, que l’image qu’il donnait de lui était volontairement faussée pour masquer ses doutes, ses peurs.

- Mais à quel sujet, Hide ? Je n’ai pas encore de don de télépathe.
- J’ai une sœur, Ryo. Elle a eu dix-huit ans hier. Un sale caractère mais elle est belle à croquer.
- T’es sûr que tu parles de ta sœur ?, le taquina Ryo, un sourire en coin.
- Oui. Tu seras amené à la rencontrer. Je ne te dirai pas de la laisser tranquille mais, si tu as des vues sur ma sœur un jour, je ne te pardonnerai jamais d’en faire le coup d’un soir.
- T’es en train de me dire de draguer ta sœur ?

Ryo effaça le sourire moqueur qui s’étirait sur son visage face au regard menaçant de son ami. Maki était sérieux, très sérieux. Ryo se souvint des quelques conversations où l’inspecteur parlait de sa petite sœur, plus si petite apparemment, et se dit qu’il ferait mieux de ne pas plaisanter.

- Ok, mais tu n’as pas à t’inquiéter pour ta sœur, je ne la connais pas.
- Si, tu l’as rencontrée. Elle est rentrée à l’école de police aujourd’hui., affirma Hide, voyant le regard sidéré de Ryo.
- Une petite rousse, cheveux courts, yeux marron. Elle était avec Miki.

La lumière se fit dans le cerveau de Ryo : les yeux de biche. Il dévisagea son ami : ils ne se ressemblaient pas du tout…

- Oui, je vois., répondit Ryo, d’un ton calme.
- Donc la petite rousse aux yeux noisette, c’est ma sœur, c’est Kaori.

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Jeu 16 Avr - 5:47
Chapitre 2

La journée s’annonçait radieuse. Kaori arriva de bonne heure au centre de formation. Elle commençait par le cours de procédures et lois. Quatre heures de cours théoriques pour débuter la journée en beauté, grimaça-t-elle. En plus, elle avait voulu montrer à son frère pendant tous ces longs mois de négociation qu’elle était très sérieuse et avait ainsi déjà épluché tout le guide de procédures… Un coup de vent fit voler les pétales des cerisiers et elle s’émerveilla de la beauté de ce spectacle. Elle ferma les yeux sentant la douceur des pétales qui frôlaient son visage. Elle se mit à rire comme lorsqu’elle était enfant. Elle se retint cependant de tournoyer.

Hide qui discutait avec Ryo à la porte du bâtiment vit sa sœur profiter de ce moment et sourit indulgent. Son ami qui se demandait ce qui valait ce sourire suivit la direction de son regard. Il détourna vite les yeux de la vision qui s’offrait à lui. Il se sentait perturbé par la candeur de la jeune femme, par son innocence…

- Tu es sûr qu’elle sera assez forte pour ce métier, Hide ?
- Elle a du caractère mais elle est si naïve… Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que ce n’était pas ma volonté, sinon elle ne serait pas ici.

Ryo acquiesça mais n’ajouta rien. Kaori avait repris le chemin vers le centre. Elle ignora les regards de ses compères de promo, les sentant la détailler de pied en cape, ce qui la gêna. Elle était pourtant habillée simplement d’un jean, tee shirt et d’une veste, mais elle ne se rendait pas compte de la beauté qu’elle était. Lorsqu’elle passa à leurs côtés, elle tourna la tête vers eux et leur adressa un sourire :

- Bonjour Inspecteur, bonjour Lieutenant.
- Bonjour Mademoiselle., répondit Maki, simplement, la laissant passer.
- Alors vous allez vous ignorer de la sorte pendant deux ans ?, demanda Ryo en la regardant s’éloigner.
- Je ne veux pas interférer dans sa formation ou la mettre dans une position indélicate vis-à-vis de ses camarades. Alors, on s’en tient à Inspecteur et Mademoiselle.
- Et tu vas faire comment avec les jeunes loups qui s’intéressent à elle ?, rétorqua Ryo, passablement énervé, en désignant les hommes de première et deuxième années qui s’étaient engouffrés à sa suite.

Hide remonta les lunettes sur son nez et soupira. Il allait devoir supporter tout cela, la laisser vivre ses expériences… Après tout, elle était en droit d’avoir une vie sentimentale. Un jour, elle se marierait, aurait des enfants… Il tressaillit en pensant à ce que ça impliquait. Il ne pouvait imaginer les mains d’un homme sur sa sœur. Ryo lui tapota l’épaule…

- Courage, Hide ! J’espère que celui qu’elle choisira trouvera grâce à tes yeux.
- S’il était eunuque, ça m’irait…, murmura-t-il, désespéré.

Ryo rit de bon coeur, puis partit assurer son cours. Hideyuki prit la direction de l’amphithéâtre. Lorsqu’il entra, tous les élèves se levèrent. Il leur fit signe de s’asseoir. Parcourant des yeux la salle, il vit sa cadette assise au premier rang entourée par des garçons. Elle avait les yeux fixés sur son livre, les joues légèrement colorées. Visiblement, ces jeunes gens avaient décidé de l’approcher et ce n’était pas à son goût, aussi bien à elle qu’à lui. Il sentit une animosité dans la salle et chercha du regard. Il aurait dû s’en douter : Reika qui n’avait pas l’habitude d’avoir une rivale avait les yeux qui lançaient des éclairs.

- Prenez vos livres à la page cinq !, lança-t-il pour attirer leur attention.
- Mademoiselle Nogami, ayez l’obligeance de nous lire cette page, je vous prie.

La jeune femme s’exécuta non sans avoir lancé un regard mauvais à Kaori. Hide se dit que, si les choses évoluaient mal, il en toucherait deux mots à Saeko. Sa sœur avait la fâcheuse tendance d’attirer des ennuis à ceux qui l’entouraient. Il était hors de questions que Kaori paya les pots cassés alors qu’elle n’avait rien demandé ni fait pour se retrouver ainsi au centre de l’attention masculine. Le cours se passa relativement bien. Les deux trois énergumènes qui tentèrent de se faire bien voir de l’assistance en perturbant le cours furent rapidement remis à leur place. Sous ses airs placides, Hideyuki savait se montrer ferme et ses élèves le comprirent rapidement.

A la fin du cours, tous sortirent. Il vit avec amusement sa sœur rembarrer ceux qui l’invitèrent à déjeuner avec eux, récupérer ses affaires qu’un autre avait tenté de lui prendre des mains, par galanterie disait-il, et décocher quelques frappes stratégiques sur des mains baladeuses. Kaori savait se défendre. Elle sortit en lui adressant un regard malicieux. Il quitta la pièce et partit déjeuner.

La jeune femme s’était installée à l’abri des arbres dans le parc. Elle prit son déjeuner dans le calme ayant réussi à fuir tous ces hommes qui lui tournaient autour à son grand désarroi. Elle ferma les yeux profitant des premiers rayons de soleil de la saison. Elle pensa à son amie Eriko qui était partie en Europe pour poursuivre des études de stylisme. Elle lui manquait. Elle se sentait un peu seule dans ce centre. Elle avait du mal à se lier d’amitié avec des personnes de son âge. Elle se disait que c’était certainement dû au fait d’avoir été élevée par son frère à la mort de leur père. Elle eut un pincement au coeur en pensant à lui. Elle se demanda s’il aurait approuvé son choix de carrière. Peut-être lui aurait-il donné du fil à retordre comme Hide l’avait fait.

Elle entendit soudain des bruits de pas derrière elle et se retourna. Reika arrivait avec des amies. Elle n’avait pas l’air joyeux et Kaori se dit qu’elle allait passer un sale quart d’heure.

- Kaori, c’est ça ?, demanda Reika, d’un ton dédaigneux.
- Oui.
- Je vais t’expliquer quelque chose et, tu verras, même ton petit cerveau de mijaurée devrait comprendre., rétorqua-t-elle, ce qui fit rire ses copines.

Kaori la regarda sans répliquer. Elle n’avait pas pour habitude de rentrer dans les rapports de force stériles et futiles.

- Tes airs de sainte-n’y-touche fonctionnent peut-être avec les autres mais pas avec moi. Tu vas arrêter de tourner autour des mecs de la promo.
- Ou ?
- Ou tu vas avoir des ennuis. T’es en première année, reste à ta place, gamine !

Kaori se leva sans montrer le moindre signe de peur et la toisa.

- Je n’ai pas d’ordre à recevoir d’une érotomane. Fiche-moi la paix, Reika. Tu ne me fais pas peur, ni toi, ni ta bande de copines.
- Espèce de petite garce ! Tu me parles sur…
- Reika Nogami !, entendirent-elles soudain derrière elle.

Toutes se tournèrent en direction de la voix. Saeko se tenait derrière elles, furieuse. Ses yeux lançaient des éclairs. L’interpellée sembla perdre de sa superbe. La lieutenant força le barrage des amies de sa sœur et vint se poster face à elle.

- Tu as un problème, Reika ?, demanda sa sœur d’une voix posée.
- Non, Saeko., répondit la brunette, d’une voix où la colère était mal contenue.
- Alors je te conseille de repartir vers le gymnase pour ne pas rater le début de ton cours., l’enjoignit Saeko d’une voix autoritaire.

Reika passa devant elle sans mot dire et s’en alla suivie par son groupe. Saeko se tourna vers Kaori.

- Ca va ? Je suis désolée de son comportement.
- Ce n’est pas à toi de l’être. Et laisse-moi me débrouiller avec elle, ne t’inquiète pas.
- Kaori, je connais ma sœur. Je veux bien ne plus intervenir mais, si ça va trop loin, préviens-moi. Elle est peut-être ma sœur mais tu es la sœur de Maki…
- Pas ici. Ici je suis une élève comme une autre. Je ne suis ni la sœur de ni la fille de. Je veux juste vivre ma vie. Si je dois me battre pour cela, je le ferai. Alors merci Saeko mais non merci., répondit Kaori fermement, tout en tentant d’adoucir ses propos par un sourire chaleureux.

Saeko acquiesça et Kaori partit rejoindre son cours. Hide croisa la lieutenant qui revenait. Il avait assisté à la scène de loin.

- Tout va bien, Saeko ?
- Je viens de gentiment me faire rembarrer par ta sœur., lui apprit-elle, un sourire en coin.
- La si douce et si gentille Kaori… Tu sais, la petite fille que tu veux toujours protéger ?
- Oui, je vois., répondit-il, gêné.
- Ce n’est plus une enfant, Hide. Elle a bien grandi et il est temps que tu t’en aperçoives et la laisses faire ses expériences.
- C’est mon rôle de prendre soin d’elle., se défendit-il.
- Non, plus maintenant. Tu seras toujours là pour elle si elle en a besoin. Maintenant, tu dois la laisser s’envoler. Et s’il te faut vraiment quelqu’un de qui prendre soin, prends soin de moi., lui lança-t-elle, avec un clin d’oeil suggestif qui fit rougir l’inspecteur.

Elle le laissa seul et partit vers son cours. Hideyuki resta seul dans ses songes pensant à ce que venait de lui dire Saeko au sujet de Kaori… et à son sujet. Le message était à peine voilé… Il se reprit lorsqu’il fut bousculé par un élève qui arrivait en courant. Il soupira et rentra dans l’amphithéâtre.

Kaori s’était changée et attendait avec les autres l’arrivée du lieutenant Saeba. Il se présenta à eux en pantalon de jogging et tee-shirt sans manche. Elle vit avec désespoir toutes les filles se pâmer à la vue de ces biceps. C’était pathétique… Ils commencèrent par une course d’endurance de cinq kilomètres. Elle en vit plusieurs fanfaronner, d’autres soupirer. Le lieutenant se mit à l’avant du groupe pour les guider au début du moins. Kaori vit, sans surprise, Reika lui coller aux fesses, ce qui n’avait pas l’air de lui plaire. Dès qu’elle le put, elle se mit devant son nez pour lui montrer ses formes largement dévoilées par un short très court et un débardeur très collant et échancré. L’avantage, c’était que tous les autres garçons la suivaient et avaient laissé Kaori tranquille.

Au bout de deux kilomètres, le lieutenant était en bout de file pour pouvoir évaluer le groupe. Il sourit amusé de voir que les fanfarons fanfaronnaient moins et que les plus réticents s’accrochaient tant bien que mal. Tous étaient plus ou moins rouges et essoufflés mais personne ne traînait, ce qui était déjà un bon point. Il osa jeter un œil vers la sœur de Makimura. Son style était loin d’être ostentatoire, tout comme sa personne. Habillée d’un corsaire noir et d’un tee-shirt blanc un peu trop grand, elle faisait sa course sans s’inquiéter des autres. Comparée à Reika, c’était le jour et la nuit. Reika aimait paraître et séduire, Kaori avait l’air de vouloir disparaître et fuyait toutes les attentions mal placées. Il chassa ses pensées et reprit la tête du groupe pour les orienter jusqu’à la fin de la course.

Le cours se poursuivit par diverses séances de sprint, courses d’obstacles et parcours type commando. Kaori s’était préparée depuis longtemps à toutes ses épreuves, ayant longuement questionné son frère et s’étant informée depuis deux ans déjà. Elle était affûtée, ses gestes étaient précis, les efforts calculés. Ryo se garda bien de le montrer mais il était impressionné. Il avait rarement vu un première année, d’autant plus une fille, prendre la tête du groupe aussi facilement. Hideyuki s’était bien gardé de lui dire qu’il avait entraîné sa sœur. Il observa les autres membres du groupe et, à part Reika passablement énervée d’être surclassée par la jeune femme, tous semblaient admiratifs.

Puis vint le moment du cours sur les armes à feu. Kaori appréhendait. Elle avait déjà vu l’arme de son frère mais jamais il n’avait voulu lui montrer comment elle fonctionnait. Le début du cours se borna à la présentation du fonctionnement et des éléments composant l’arme. Puis au bout d’une demie heure, ils se dirigèrent vers la salle de tir. Le lieutenant leur montra la posture à adopter, leur donna divers conseils puis invita les deuxièmes années à prendre place. Ils vidèrent un chargeur, le lieutenant les observant attentivement, corrigeant certains défauts. Reika tenta d’interpeller l’homme mais il se retira aussi vite : il n’avait rien à redire. La jeune femme pesta. Puis les premières années prirent place.

Kaori était nerveuse. C’était la première fois qu’elle utilisait une arme à feu. L’arme pesait dans sa main. Le contact du métal froid sur sa paume n’était pas agréable. Elle prit sur elle. Elle savait en choisissant cette carrière qu’elle aurait à manier des armes à feu et ce n’était pas la partie qu’elle préférait. Elle chassa ses pensées et se positionna pour tirer. Elle ressentit la force du premier coup de feu remonter tout le long de ses bras. Elle dut résister pour ne pas reculer sous l’impact. Elle banda les muscles de ses bras avant de tirer une deuxième fois.

Ryo regardait les élèves tirer. Il passait derrière chacun pour corriger leurs positions. Le résultat n’était pas brillant mais, pour une première fois, c’était normal. Arrivé derrière Kaori, il la regarda enchaîner plusieurs coups puis attira son attention. Elle le regarda et se laissa guider. Il passa son pied entre ses jambes et les écarta un peu plus. Il dut faire abstraction de la sensation de sa cuisse contre la sienne. Ses mains déjà positionnées sur sa taille lui laissaient en sentir la finesse. Il remonta vers ses épaules et les tourna légèrement puis il secoua doucement ses bras pour qu’elle les détendit.

Kaori ressentait une drôle de sensation alors qu’il la touchait. Elle se morigéna se répétant qu’il ne la touchait ainsi que parce qu’il y était obligé, pour lui montrer les bons gestes. Il n’y avait rien d’autre. Elle s’énerva quand elle sentit ses joues virer au rouge. Elle aurait tellement voulu avoir les cheveux longs pour pouvoir cacher sa gêne. Elle se concentra et appuya sur la détente. Elle réussit un meilleur tir et en fut heureuse, laissant un grand sourire fendre son visage. Ryo sourit légèrement. Il était touché par son enthousiasme.

Il la laissa continuer à s’exercer. Il jetait de temps à autre un coup d’oeil vers la jeune femme, attiré comme un aimant. Il se demandait comment quelqu’un d’aussi ingénu s’en sortirait dans ce métier. Il l’avait bien vu rougir à son contact et n’avait pas relevé pour ne pas la gêner davantage. Il avait aimé la sentir contre lui. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un désir de la posséder mais de quelque chose de différent qu’il ne comprenait pas mais qui lui faisait du bien. Il entendit soudain des éclats de voix et vit Reika se disputer avec un des garçons. Elle le poussa violemment et il atterrit sur Kaori, la projetant violemment contre le pupitre. Ryo se précipita à ses côtés. Sans faire attention, il remarqua que la fin du cours approchait.

- Le cours est fini. Enlevez le chargeur des armes et vérifiez la chambre. Puis vous rapportez l’arme à l’armurerie. Vous deux vous restez là., fit-il à Reika et Aro, le garçon qu’elle avait poussé.
- Kaori, ça va ?, lui demanda-t-il, alors qu’elle reprenait son souffle.

Elle hocha la tête. Elle avait une douleur dans le bras et au niveau des côtes, mais elle allait bien. Elle avait été surprise par le choc et avait eu le souffle coupé par l’impact de son corps contre le pupitre.

- Vous deux, je veux vous voir à sept heures et demie demain matin dans l’amphithéâtre. Si vous vous défilez, les représailles ne se feront pas attendre. Déguerpissez maintenant.

Il les regarda partir. Il vit le coup d’oeil rageur de Reika à Kaori et n’en eut cure. Il tendit la main à Kaori pour l’aider à se relever. Elle accepta son aide et se remit sur pieds. Il prit son bras blessé et passa la main sur la surface.

- Ca n’a pas l’air cassé. Fais attention si ça gonfle. Tu as mal ailleurs ?
- Aux… aux côtes. Mais ça ira., dit-elle précipitamment en agitant les bras pour qu’il ne l’approcha pas.
- Tu es sûre ?, demanda-t-il, en se réfrénant de la toucher.

Elle acquiesça. Il nota ses joues rouge pivoine et ne fit toujours aucune remarque qui l’aurait certainement embarrassée un peu plus. Il n’avait jamais rencontré une jeune femme aussi timide d’autant plus quand elle était jolie. Et comme Maki l’avait dit, elle était belle à croquer. Ryo se fit une tape mentale. Terrain miné, se répéta-t-il. Kaori retira doucement son bras de la main de son instructeur qui la tenait toujours. Elle ne comprenait pas les sensations qui naissaient dans le creux de son ventre et s’en trouvait très perturbée.

- Je te laisse rendre ton arme. Veille à enlever les balles., lui dit-il tentant de sortir de cet envoûtement.
- Oui, Lieutenant., répondit-elle, remettant de la distance entre eux.

Elle enleva le chargeur et vida la chambre. Elle ramassa les douilles vides et alla rendre l’arme. Sans plus attendre, elle se changea et rentra chez elle. Elle se délassa sous une bonne douche chaude puis, une fois habillée, prépara le repas du soir. Hide ne devrait pas tarder à rentrer. C’était l’avantage des périodes de formation : elle était sûre qu’il rentrerait plus ou moins à heure fixe.

Lorsqu’il rentra, Hide regarda sa sœur mettre la table un instant puis partit enlever son manteau et déposer ses affaires. La rejoignant dans la cuisine, il se demanda s’il devait évoquer l’incident avec elle. Ryo lui en avait parlé, surtout qu’il devait assister à l’entrevue le lendemain matin pour décider des sanctions, mais il ne savait pas s’il devait l’évoquer avec elle ou la laisser venir à lui si elle le désirait. Il s’installa à table à son invitation. Elle avait mis toutes sortes de plats à table, plus appétissants les uns que les autres.

- Tu trouves encore le temps de cuisiner avec les cours, Kaori ?, s’étonna Hideyuki.
- Oui. Il faut bien se nourrir., dit-elle, simplement, légèrement rougissante.

Hide regarda sa sœur en coin. Il voyait qu’elle était perturbée. Il savait que faire la cuisine était aussi un exutoire pour elle. Il aurait aimé être une petite souris pour savoir ce qui s’était passé. Est-ce que finalement l’un des garçons de la promo avait fini par lui taper dans l’oeil ? Après tout, Saeko avait raison : Kaori grandissait, devenait une jeune femme, qui plus est adorable. Il serait normal qu’elle commença à avoir des rendez-vous galants, voire un petit ami.

Quand elle lui tendit un plat pour qu’il se servit, il remarqua l’hématome qui s’était formé. Il prit le plat, le posa et attrapa le bras de sa sœur.

- Qu’est-ce que c’est, Kaori ?, demanda-t-il, un regard inquisiteur posé dans le sien.
- Ca, rien. Juste un incident. Je me suis cognée. Tu sais à quel point je peux être maladroite., répondit-elle, plongeant le regard dans son assiette, honteuse de son mensonge.
- On ne t’aurait pas plutôt bousculée ? Ca ne sert à rien de me mentir. J’ai rendez-vous demain matin avec les deux protagonistes et Ryo.
- Ryo ?, releva la jeune femme, ne sachant à qui il faisait référence.
- Le lieutenant Saeba. Il m’a déjà expliqué ce qu’il avait vu. Alors pourquoi me mens-tu ?

Kaori se leva et commença à débarrasser la table. Elle avait besoin de remettre de l’ordre dans ses idées.

- Kaori ?, l’appela-t-il patiemment.
- Tu te rends compte que si tu n’étais pas à la formation, tu n’en saurais rien ?
- Je le sais. Mais le fait est que je suis le formateur en chef, donc je suis au courant. Ca ne justifie pas que tu me mentes.
- Pardon, aniki. Pour moi, c’est juste un incident. Ils se sont disputés et il a atterri sur moi, point. Il n’y a rien à ajouter.

Elle se tourna vers lui et leva des yeux implorant sa compréhension sur lui. Il vint à elle et la prit dans ses bras. Il entendit son léger gémissement de douleur quand il la serra contre lui. Ce n’était pas son bras. Il l’éloigna de lui et la regarda.

- Où as-tu mal ?
- Aux côtes. Ca passera, Hide.
- Tu ne vas pas au cours de combat demain.
- Quoi ? Non, c’est hors de question. J’irai quoique tu dises. Je ne vais pas m’arrêter pour quelques douleurs !, s’écria Kaori, furieuse.
- Tu te rends compte que ça pourrait empirer si tu prends un mauvais coup ?, s’énerva Hideyuki.
- Tu te rends compte que tu peux te prendre une balle mortelle dans une enquête de routine ?, riposta Kaori.

Ils se firent face tels des chiens de faïence. Kaori était fâchée contre son frère et lui voulait protéger sa sœur. Finalement, il se détendit et se mit à rire. Elle le regarda désarmée.

- Ok, ok, fais comme tu veux, Kaori.
- Merci, Hide. Je vais réviser. Le prof de procédure et droit est un tyran., lui dit-elle avec un clin d’oeil.
- Ne te couche pas trop tard.

Kaori s’enferma dans sa chambre et sortit son livre. Elle l’ouvrit et resta une bonne partie de la soirée, perdue dans ses pensées. La journée avait été riche. Elle réfléchit aux raisons qui poussaient Reika à être aussi agressive envers elle. Elle avait bien compris qu’elle aimait être le centre de l’attention et qu’elle se sentait évincée par sa présence. Mais qu’y pouvait-elle ? Elle ne comprenait même pas ce qui pouvait les attirer. Elle se leva et s’observa deux minutes dans le miroir. Elle ressemblait plus à un garçon manqué qu’à une jeune femme hyper féminine. Ses vêtements n’avaient rien de sexy et étaient plutôt quelconques. Elle trouvait ses yeux trop grands pour son visage, ses lèvres trop fines, sa poitrine trop peu fournie, ses fesses plates… Tout le contraire de Reika. Elle décida de continuer à les ignorer. Ils se lasseraient tôt ou tard de son manque d’intérêt et la laisseraient en paix. Reika arrêterait peut-être alors de l’enquiquiner.

Elle repensa après aux sensations qu’elle avait éprouvées quand le lieutenant Saeba l’avait touchée et se dit qu’elle devait arrêter de s’émouvoir pour si peu. La vérité était qu’aucun garçon ne l’avait touchée auparavant, ni ne s’était tenu aussi près d’elle. Elle n’était pas habituée. Oui, c’était ça. Elle n’était pas habituée. Le temps ferait son office et elle arrêterait de rougir à tout bout de champ quand il l’approcherait. Après tout, elle n’avait rien à craindre. Ce n’était pas le type d’homme qui lui plaisait. Elle voulait trouver quelqu’un de sérieux et fidèle, pas un homme volage. Et même s’il était beau et qu’il avait du charme, elle n’était pas une midinette qui se laissait impressionner par des muscles bien dessinés et des regards de braise.

Le deuxième moyen était de rapidement s’améliorer au tir pour qu’il n’ait plus à venir la corriger et ainsi poser ses mains chaudes et fermes sur son corps. Elle se frappa mentalement : depuis quand associait-elle les termes chaudes et fermes à mains ? Elle corrigea sa phrase : ainsi il n’aurait plus à poser ses mains sur son corps. Mais rien que cette pensée fit naître une douce sensation au creux de son estomac.

- Il est trop vieux pour toi, ma fille, alors cesse de rêvasser !, s’indigna-t-elle.

Elle finit par s’endormir, tentant d’exorciser ses démons.

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Ven 17 Avr - 3:16
Chapitre 3

Le lendemain matin à sept heures et quart, Ryo arriva au centre de formation. Hideyuki l’avait devancé et attendait dans l’amphithéâtre.

- Tu es bien matinal.
- Toi aussi. Je suis étonné que tu sois à l’heure de si bonne heure., le taquina Hide.
- Comment va ta sœur ?, demanda Ryo, se sentant responsable.
- C’est douloureux mais elle a refusé que je la dispense de combat main à main…

Ryo sourit devant l’air dépité de son ami. Il s’étira. Il lui manquait quelques heures de sommeil. Il avait rédigé ses notes sur les élèves, évalué les cartons. Il avait repoussé la rédaction de sa note sur Kaori à la fin et, de fil en aiguille, ses pensées avaient dérivé. Il avait essayé d’analyser les sensations qu’elle éveillait en lui. C’était étrange et nouveau pour lui. Il avait fini par se dire qu’il en avait tellement entendu parler par Hide qu’il se sentait responsable d’elle comme un ami ou un frère… Et il y avait un peu de cela : il avait envie de la protéger.

- Dis, cachottier, tu aurais pu me prévenir que tu avais entraîné ta sœur., l’apostropha Ryo.
- De quoi tu parles ?
- Aux épreuves de courses et de parcours, ta sœur était nettement au-dessus du lot. Elle est très affûtée physiquement. Allez, avoue, tu l’as préparée.
- Non, je ne l’ai pas préparée. Elle s’est débrouillée toute seule et en cachette parce que je n’étais pas au courant. Et, Ryo, ça me fait bizarre que tu dises de ma sœur qu’elle est physiquement affûtée. Ca paraît un peu trop…, répliqua Hideyuki séchant sur la fin de la phrase par gêne.
- Quoi ? Sexuel, peut-être ?, le taquina Ryo, mais il s’éloigna un peu sous le regard assassin de son ami.
- Ok, ok. T’inquiète. Je n’ai pas de vue sur ta petite sœur. Je tiens à mon poste. Et ce n’est qu’en tant qu’éducateur physique et sportif que je faisais cette remarque.
- Je préfère., marmonna Hide.
- Et les armes à feu, tu l’as préparée ?
- Non, pourquoi ?
- Pour savoir., indiqua Ryo alors que Reika et Aro pénétraient dans la salle.

L’entretien se déroula sans accroc. Les deux protagonistes furent remis à leur place et écopèrent d’une sanction avec sursis. Tout le long, Reika fit les yeux doux à Ryo, tentant d’attirer son attention sans succès. Elle sortit énervée de l’amphithéâtre. Ryo laissa Hide pour rejoindre son groupe et débuter les cours du matin.

Kaori arriva au cours du lieutenant Nogami, fraîche et dispose. Elle était néanmoins dans ses petits souliers. Elle avait envie de bien faire et de ne pas se louper devant la jeune femme. Elle avait l’estomac noué. Heureusement elle avait déjà pris des cours d’autodéfense et avait fait un peu de karaté au lycée, donc elle n’était pas totalement novice. Mais elle s’avouait volontiers que ce n’était pas son point fort. Le lieutenant les briefa sur les différents points qu’ils allaient aborder au cours des séances. Ils répétèrent des mouvements, puis ils formèrent des duos et s’entraînèrent. Kaori dut faire face à un plébiscite de la part des garçons du groupe qui voulaient être son partenaire.

- Du calme, Messieurs. Les groupes vont tourner., dit-elle en souriant.

Reika enrageait de son côté. Le lieutenant passa parmi les groupes pour corriger et guider. Elle entendit à plusieurs reprises en passant à proximité les mots doux que les garçons adressaient à la rouquine qui ne savait comment y répondre sans paraître intéressée. Elle était rouge cramoisi et ce n’était pas dû à l’effort de l’exercice… Elle avait pitié d’elle et se dit que Kaori aurait bien besoin d’un coach pour sa vie sentimentale. Ce n’était pas Hideyuki qui pourrait tenir ce rôle...

La fin du cours n’arriva pas assez vite au goût de Kaori. Elle en avait plus qu’assez qu’on lui tourna autour. Finalement, elle préférait les leçons de tir : au moins elle n’avait pas à subir le contact de tous ses mâles en rut. Elle fila en vitesse se changer avant d’aller déjeuner. Lorsqu’elle sortit, elle fut interceptée par l’un de ses camarades :

- Alors, ma jolie, j’ai droit moi aussi à mes cinq minutes comme les autres., affirma-t-il en lui bloquant le passage.
- Laisse-moi passer : je n’ai pas de temps à perdre., rétorqua-t-elle, excédée.
- Sois gentille avec moi et je serai gentil avec toi., lança-t-il, charmeur.
- Un baiser, un vrai baiser., précisa-t-il en bloquant la jeune femme contre le mur.

Ryo arriva dans le couloir à ce moment-là. Il sentit la colère monter en lui en voyant la scène mais attendit de voir la réaction de la jeune femme avant d’intervenir. La réaction ne se fit pas attendre. Elle lui envoya un coup de genou dans l’entrejambe qui le fit se plier en deux. Ryo sourit, satisfait. Il avança dans le couloir.

- Bonjour, Mademoiselle. Les cours de combat ont porté leurs fruits apparemment., lança-t-il avec un clin d’oeil malicieux à Kaori.
- Bonjour Lieutenant., répondit-elle, rougissante.
- Me permettez-vous de faire un bout de chemin en votre compagnie ?, lui demanda-t-il, lui offrant une sortie en sécurité.
- Avec plaisir, Lieutenant., dit-elle en lui emboîtant le pas.

Ils sortirent à deux du bâtiment puis se séparèrent, chacun partant de son côté. Tous deux avaient apprécié ces quelques minutes passées à deux alors même qu’ils n’avaient pas échangé un mot. La simple présence de l’autre leur avait suffi. Ryo avait rendez-vous avec Saeko et Hideyuki pour faire le point sur les groupes après les avoir tous eus. Il se garda bien de parler de l’incident à son ami. Ce n’était pas son rôle. Ils entamèrent leur revue des élèves.

Dans le parc entourant le centre de formation, Kaori avait trouvé un endroit tranquille pour déjeuner et bouquiner. Elle profitait du soleil et de sa chaleur pour soulager la douleur de ses côtes qui s’était réveillée suite au cours du matin. L’heure avançant, elle reprit le chemin de l’amphithéâtre. Elle croisa le chemin de Reika qui lui lança un regard meurtrier qu’elle ignora. Elle s’installa et fut aussi vite entourée de plusieurs garçons. Elle soupira. Vivement que cette première semaine se termine et qu’ils passent un peu de temps au commissariat…

Le cours se passa et la journée se termina. Elle reçut plusieurs invitations pour la soirée et les déclina, une à une. Lorsqu’elle sortit enfin de l’amphithéâtre, ce fut Reika qui s’y colla :

- Alors Kaori, tu as la côte à ce que je vois.
- Je m’en passerai bien, crois-moi.
- Qu’est-ce que tu as qui les intéresse tant ? Tu es riche ? Tu connais une célébrité ? Tu as quelque chose à offrir de plus ?
- Non, rien de tout cela. Fiche-moi la paix, Reika.
- Je sais ce que tu as. A te voir rougir et être effarouchée, je n’ai qu’une explication : tu n’as jamais eu de petit ami, tu es encore…
- Stop ! Arrête tes bêtises, Reika. Je m’en fiche de tous ces mecs. Tu peux tous les avoir, je m’en tape !, hurla Kaori, embarrassée.
- J’ai raison : tu es plus que naïve, tu es carrément innocente. J’adore !, lança-t-elle, méprisante.

Kaori lui tourna le dos et s’en alla, les larmes aux yeux.

- Quand ça va se savoir, tu auras la honte !, hurla Reika, goguenarde.

Elle rentra chez elle et se jeta sur son lit, évacuant sa rage. Elle n’avait jamais eu de petits amis, étant plus intéressée par ses études que par les garçons. Comme le lui avait dit Eriko, elle manquait aussi cruellement de confiance en elle et qu’avec seulement quelques ajustements, elle ferait des ravages. Elle manquait juste d’une figure maternelle pour la guider. Maintenant Reika allait faire savoir à toute sa promotion qu’elle était encore vierge et elle deviendrait la risée de tous. Elle qui ne demandait qu’à faire son boulot sans se faire remarquer allait être servie… Avec un peu de chance, elle n’aurait pas à supporter cela demain, tenta-t-elle de se leurrer…

Elle descendit faire le repas du soir et, lorsqu’Hide rentra, ils dînèrent en silence et, juste après, Kaori partit se réfugier dans sa chambre, laissant son frère perplexe. Il la laissa tranquille, mettant en application les conseils de Saeko. Si elle avait besoin de lui, elle savait où le trouver.

Le lendemain matin, Kaori arriva au centre, le coeur lourd, tentant de ne pas le montrer. Elle sentit les regards posés sur elle et les ignora. Elle fonça au vestiaire et se changea. Les filles avec elle la regardaient et pouffaient de rire à tout va. Ils entamèrent la course d’endurance sous la pluie. Kaori se laissa dépasser pour se retrouver en queue de groupe. Ainsi elle ne sentait plus les regards sur elle. Elle laissa ses pensées vagabonder pendant la course, ce qui lui permit de se détendre un peu. Elle aurait bien fait une boucle supplémentaire pour conserver ce sentiment de bien-être mais, comme toute bonne chose, la course s’acheva et ils continuèrent avec les parcours. Là ce fut moins drôle.

- Alors Kaori, ça va aller pour sauter les haies ? Tu es tellement peu habituée à lever la jambe.
- Eh Kaori, tu grimpes mieux à la corde qu’au rideau, j’espère.
- Kaori, au-dessus ou en-dessous ?

Elle ne répondit à aucune de leurs attaques. Elle prit sur elle, faisant de son mieux pour garder un visage sans expression. Ryo n’intervint pas même s’il rageait intérieurement. Il avait entendu les quolibets, les rumeurs qui circulaient à son sujet. Il savait qui en était à l’origine car elle ne cachait pas la satisfaction qu’elle ressentait. Reika aurait préféré voir sa rivale exploser ou pleurer mais la voir acculée lui procurait déjà un plaisir indicible. Ils se dirigèrent ensuite vers le stand de tir. Comme la veille, les deuxièmes années entamèrent l’exercice. Lors du changement, Kaori prit la place de Reika qui ne put s’empêcher de lui lancer une pique :

- Vas-y Kaori, je t’en prie, va tirer un coup… ce sera le premier de ta vie., dit-elle avec un sourire narquois.
- Peut-être le premier mais j’ai encore du respect pour ma personne. Tu me diras qui te respecte encore malgré ton expérience., répondit Kaori d’une voix qui ne trembla pas.

Reika resta figée à sa répartie, un grand silence se fit dans la salle de tir. Ryo se tint prêt à intervenir au cas où ça dégénérerait. Il connaissait Reika. Elle pouvait être féroce. Kaori se dirigea vers le stand de tir et s’équipa, tentant de calmer ses nerfs. Finalement Reika fut entraînée dehors par une de ses copines pour éviter l’esclandre. Ryo relança l’activité. Il passa dans les rangs et corrigea les positions de chacun. Arrivé à Kaori, il apprécia les efforts qu’elle faisait pour maîtriser ses émotions car il la sentait très tendue. Il toucha son épaule pour attirer son attention. Kaori retira le casque pour pouvoir l’entendre. Il se positionna derrière elle et corrigea quelque peu sa position.

- Ca va aller ?, lui demanda-t-il à voix basse.
- Oui Lieutenant., répondit-elle d’une voix tendue.
- N’aie pas honte de ce que tu es. Je trouve cela magnifique que tu aies des convictions., glissa-t-il à son oreille d’une voix douce et chaude qui la fit frémir.
- Merci., dit-elle se retenant d’ajouter « Lieutenant » qui lui semblait totalement déplacé.

Ses paroles la réconfortèrent. Elle sentit son regard posé sur elle encore quelques secondes puis il s’éloigna. Elle tenta d’ignorer la chaleur qui avait envahi son corps à le sentir près d’elle, la sensation de sécurité qui l’avait entourée… Ryo la regardait de loin. S’ils avaient été tous seuls, si elle n’avait pas été son élève et par dessus tout la sœur de son meilleur ami, il l’aurait serrée dans ses bras pour la réconforter. Il s’étonna lui-même de ses pensées. Il ne pouvait pas, pas elle. Maki avait été clair : elle ne pouvait être une aventure. Il la regarda à nouveau : elle était en position de tir, le visage concentré, les bras détendus, les pieds fermement positionnés sur le sol. Elle apprenait vite. Il se dirigea vers elle et regarda son carton. Il sourit et s’éloigna. Oui, elle apprenait vite. Bientôt elle n’aurait plus besoin de ses corrections, ce qui le déçut quelque peu…

La fin du cours arriva. Ryo prévint Kaori de se tenir sur ses gardes : Reika risquait de se venger. Elle acquiesça et le laissa. Elle prit son déjeuner sous le hall d’entrée, à l’abri de la pluie, espérant pouvoir profiter d’un moment de calme et elle fut exaucée. Elle se dirigea ensuite au gymnase pour le cours de combat. Ce cours fut pire que le précédent. Non seulement les garçons se bousculaient pour être en duo avec elle mais ils devenaient très pressants sur le fait qu’elle sorte avec eux. Elle n’en pouvait plus. La dernière heure fut dédiée aux premiers enseignements sur les armes blanches. Chacun fut amené à manipuler les armes présentées. Les armes passèrent de main en main calmement.

Soudain, un bruit métallique sur le sol attira l’attention du lieutenant. Elle se dirigea vers l’endroit et ramassa le couteau qui était tombé par terre.

- Faites attention. Ce sont des armes dangereuses tout de même., dit-elle en faisant face à deux jeunes femmes.

Elle blêmit en voyant Kaori et Reika se faire face, l’une surprise, l’autre victorieuse.

- Un problème, mesdemoiselles ?, demanda le lieutenant.
- Non, Lieutenant. J’ai… j’ai été maladroite., répondit Kaori, sans réfléchir, en tenant sa main ensanglantée.
- Vous êtes blessée. Allez vous faire soigner.
- Bien, Madame., répondit Kaori, en s’en allant.

Saeko reprit le cours et, à la fin, intercepta sa sœur alors qu’elle partait.

- Je sais ce que tu as fait, Reika.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, Saeko.
- C’est toi qui as blessé Kaori. Elle aurait difficilement pu se blesser la main droite en étant droitière. Tu dois ta poursuite de carrière au fait qu’elle se taise. Tu es en sursis, Reika. A la moindre erreur, tu seras dehors et je ne l’empêcherai pas.
- C’est ce qu’on verra.
- C’est tout vu. Fais profil bas et vis avec le fait qu’elle a sauvé ta tête.

Sur ces dernières paroles, Saeko laissa sa sœur, médusée. Elle croisa Ryo dans le couloir qui la suivit :

- Ca va Saeko ?, lui demanda-t-il en voyant son air soucieux.
- Non, je dois annoncer à Hide que sa sœur est blessée., lui dit-elle, l’air fermé.
- Que s’est-il passé ?, demanda-t-il, cachant tant bien que mal son inquiétude.
- Coupure au couteau. Maladresse à ce qu’elle dit.
- Tu n’y crois pas ?
- Non. Mais je ne peux pas le prouver.

Ils retrouvèrent Hide dans l’amphithéâtre. Il courut jusqu’à l’infirmerie dès qu’il sut. La blessure de Kaori avait été soignée et elle pouvait rentrer. Ils ne se firent pas priés. Le centre était désert, tous les élèves étaient partis. La semaine était finie. La semaine qui suivait, ils étaient attendus dans les commissariats. Hide la prit par l’épaule et Kaori se laissa guider en silence, tenant sa main. La journée avait été éprouvante. Elle ne voulait qu’une chose : se coucher et dormir.

- Kao, tu vas bien ?, demanda Hideyuki, inquiet de son silence.

Ca ne ressemblait pas à sa sœur d’être si peu bavarde, si peu enjouée. Elle respirait la joie de vivre en temps normal.

- Oui, je suis juste fatiguée. La journée a été longue., répondit-elle d’une voix lasse.

Il accepta sa réponse pour le moment. Elle avait certainement besoin de se reposer avant de pouvoir lui parler. Alors il la laisserait tranquille ce soir. Ils rentrèrent et Kaori partit se coucher, tombant sans attendre dans les bras de Morphée. Elle n’entendit pas les coups à la porte.

Hideyuki alla ouvrir et trouva Saeko et Ryo à la porte.

- On a ramené de quoi manger., dit Saeko en montrant des sacs du traiteur.
- Comment va Kaori ?, demanda-t-elle en entrant, ce qui évita à Ryo de poser la question qui l’avait taraudé depuis qu’ils s’étaient quittés au centre.
- Elle dort. Elle était fatiguée., les informa Hide.
- Elle t’a expliqué ce qui s’était passé ?, l’interrogea Ryo.
- Non. Elle a à peine parlé sur le chemin du retour.

Ryo baissa les yeux, réfléchissant à ce qu’il devait faire. Il ne pouvait rien faire pour aider la jeune femme. Hide le pouvait. Il pouvait la soutenir, lui parler.

- Hide, elle a fait l’objet de quolibets. Elle a supporté des moqueries très appuyées toute la matinée., l’informa Ryo, mal à l’aise
- A quel sujet ?
- Comment dire ? Je… euh… c’est que…, bafouilla Ryo, rougissant.
- Ryo ! Ne fais pas l’enfant.
- Sa virginité., dit Saeko, sauvant son ami de l’embarras.
- C’est Reika qui a lancé les hostilités. Je suis désolée Hide. Elle ne supporte pas que les garçons soient plus intéressés par Kaori que par elle.

Hide lança un regard vers la chambre de sa sœur, dégoûté. Comment pouvait-on faire une chose pareille ?

- Elle a déjà si peu confiance en elle…
- Je sais, Hide. Ma sœur est une peste pour cela.
- Ne te culpabilise pas, Hide. Ta sœur grandit et est plus forte que tu ne le penses. Elle va se forger une carapace et trouvera les armes pour rebondir.

Hideyuki regarda Ryo, surpris. Il n’avait jamais entendu son ami parler ainsi d’une femme. Avec lui, ça tournait plus autour des courbes de leurs corps ou de leurs mensurations que de leur capacité à se défendre.

- Elle apprend vite. Ce n’est plus une enfant. Laisse la faire.
- Ryo, tu ne peux pas comprendre…, soupira Hideyuki.
- Pourquoi ? Parce que je n’ai pas de famille., rétorqua le jeune homme, brutalement.
- Je… je suis désolé, Ryo. J’ai été maladroit.
- Prends-moi comme le coupeur de cordon, Hide. Il faut que tu coupes le cordon avec ta sœur. Tu as fait tout ce que tu avais à faire pour l’aider à grandir., reprit Ryo, plus calmement.
- Depuis quand es-tu aussi psychologue, Ryo ?, lui demanda Saeko, légèrement amusée.
- Moi aussi je mûris., répondit-il en lui faisant un clin d’oeil.
- Sur ces belles paroles, je vous laisse les amoureux. Je vais aller tester mes aptitudes psychologiques sur la gente féminine, sauf si tu as envie de me tenir compagnie, ma Saeko d’amour.

Ryo partit avec un grand sourire, laissant Hideyuki et Saeko seuls et embarrassés. Hide entreprit de débarrasser la table pour reprendre contenance.

- Sacré Ryo !, plaisanta-t-il.
- Oui, que va-t-il chercher ?, pipa Saeko, gênée.

L’inspecteur partit en cuisine où il s’éternisa un peu pour calmer ses nerfs. Il lui revint en mémoire les quelques mots de la jeune femme trois jours auparavant. Il revint auprès d’elle tentant de garder le courage dont il s’était armé.

- Saeko, accepterais-tu de dîner avec moi demain soir ?

Elle le regarda, surprise, étonnée, ravie, intimidée… et s’entendit répondre sans réfléchir :

- Oui. J’en serais ravie.
- Je passe te prendre à vingt heures, si ça te va.
- Oui, ce sera parfait.

Ils restèrent bêtement à se regarder pendant de très longues minutes, n’arrivant pas à réaliser ce qui venait de se passer, eux qui avaient tourné autour du pot pendant des années.

- Je…, commencèrent-ils en même temps.

Ils se regardèrent et éclatèrent de rire. Puis Hideyuki, reprenant son sérieux, s’approcha de la jeune femme et lui remit une mèche de cheveux derrière l’oreille.

- Pourquoi c’est si difficile ?, lui murmura-t-il.
- Le manque d’habitude, Hide.
- Tu manques d’habitude ?, lui demanda-t-il en levant un sourcil narquois.

Elle le frappa légèrement sur l’épaule.

- Dis tout de suite que je suis une femme légère., répondit-elle d’un ton léger.
- Bien au contraire. Mais tu as tout de même un record en terme de rendez-vous galants.
- Galants, peut-être. Amoureux, c’est autre chose., murmura-t-elle, en le regardant droit dans les yeux, lui faisant clairement passer le message.
- Je ne prends jamais d’acompte pour un rendez-vous galant. En revanche, je voudrais bien un avant-goût de ce que pourrait être notre soirée demain.

Hideyuki n’en croyait pas ses oreilles. Mais après tout, l’audace de sa collègue compenserait sa timidité maladive. Il fit un effort pour vaincre cette timidité et alla cueillir le baiser que lui réclamait Saeko. Il se sentit transporté dans un autre monde et apprécia la chaleur et la douceur de celle qu’il tenait dans ses bras et qu’il avait tenue à distance pendant des années pour ne pas perturber sa jeune sœur. Ils se séparèrent et Saeko le quitta, un doux sourire aux lèvres.

Hide finit de ranger la pièce puis partit se coucher. Il passa par la chambre de sa sœur et, voyant qu’elle dormait profondément, remonta la couverture sur elle et sortit. Elle avait grandi, certes, mais il avait du mal à ne plus voir la petite fille qu’il avait consolée et élevée depuis la mort de leur père. Il soupira et partit se coucher.

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Sam 18 Avr - 4:18
Chapitre 4

Kaori arriva au commissariat de Shinjuku un peu avant huit heures. Elle appréhendait un peu cette nouvelle expérience mais était impatiente de voir la réalité des choses. Miki l’attendait déjà. Elle l’accueillit avec un grand sourire et l’emmena directement aux vestiaires pour qu’elle enfila la tenue réglementaire. Pour son premier jour, elle devait rester au poste. Il fallait bien commencer quelque part, se dit-elle… Miki lui fit faire le tour des installations, ce qui leur prit pas moins d’une heure. Elle récupéra ainsi un badge aux ressources humaines ainsi qu’une carte de police. Kaori se sentit émue lorsqu’elle vit la carte. Elle se traita mentalement d’idiote : ce n’était qu’un bout de papier après tout mais il signifiait tellement pour elle…

A neuf heures, elles assistèrent à la réunion de service quotidienne. Kaori écouta religieusement les instructions données par le commissaire du poste. Elle vit arriver en cours de réunion son frère ainsi que les lieutenants Nogami et Saeba. Ils avaient participé à une interpellation le matin même très tôt et en rentraient. Elle sourit en regardant Saeko et son frère se jeter des petits coups d’oeil, l’air de rien. Ces deux-là avaient franchi un cap ce week-end, elle le savait puisque son frère lui en avait parlé. Elle était contente pour lui, connaissant les sentiments qui l’animaient. Son regard erra un peu à côté et elle croisa le regard amusé du lieutenant Saeba. Elle rougit prise en flagrant délit d’inattention et baissa les yeux.

Le pire moment fut quand le commissaire décida de présenter les nouveaux venus à l’assemblée et qu’elle fut obligée de se lever pour que chacun put la voir comme les trois autres. Heureusement pour elle, il eut la délicatesse lors de sa brève présentation de ne pas parler de ses liens de parenté avec Hideyuki et leur père. Ce qu’elle ignorait était qu’Hide en avait fait la demande auprès du commissaire afin de ne pas pervertir les relations qu’elle pourrait établir dans le commissariat. Pendant ce très court laps de temps, elle sentit également un regard courroucé se poser sur elle. Elle identifia très facilement Reika qui était juste derrière et qui, en même temps que le commissaire, faisait un petit laïus à sa sauce qui fit bien rire sous cape ses acolytes.

La réunion terminée, Kaori et Miki se dirigèrent vers l’accueil où elles devaient relayer les hommes qui y étaient postés. La matinée passa calmement, Miki expliquant à la jeune femme le B-A-BA des procédures concernant cette partie du poste. Elle fit feuilleter le cahier des mains courantes à Kaori pour qu’elle se familiarisa avec la rédaction du document et sa transcription en informatique. Peu à peu, Miki laissa la main à Kaori, lui faisant faire les procédures en restant en soutien et la guidant.

Une jeune femme victime d’agression arriva au poste en fin de matinée. Elle était visiblement désorientée et anxieuse. Elle osa à peine franchir le seuil du commissariat et ne fut pas capable d’avancer plus loin. Miki étant déjà occupée avec une main courante, Kaori ne mit que deux secondes à réfléchir et agir. Elle quitta son poste et s’approcha doucement de la jeune femme. Lui parlant doucement, elle l’emmena s’asseoir sur les chaises un peu éloignées de l’entrée et du va et vient du commissariat. Elle était touchée par sa détresse mais ne se laissa pas submerger. Elle amena la jeune femme à parler et celle-ci s’effondra dans ses bras. Entre temps, Miki avait contacté le service adéquat et une femme arriva pour prendre la déposition de la victime.

Lorsque l’officier la prit par le bras, même délicatement, la jeune femme se braqua et tenta de s’enfuir. Kaori la rattrapa et, sans l’agripper pour ne pas l’effrayer davantage, la calma. Miki, à portée, entendit les paroles qu’elle lui adressa d’une voix douce, tranquillisante :

- Kimiko, regardez-moi. Vous avez eu le courage de venir jusqu’ici. Vous avez fait le plus dur en me racontant votre agression. Kimiko ?, appela-t-elle, attendant que la jeune femme leva le regard vers elle pour poursuivre.
- Cette dame ne vous veut pas de mal. Elle veut vous aider comme moi. Vous voulez bien l’accompagner et lui expliquer ce qui s’est passé, Kimiko.

La jeune femme secoua la tête négativement. Kaori posa prudemment la main sur le bras de la jeune femme qui releva la tête, effrayée, vers elle. Kaori se sentit bouleversée par son regard mais le soutint, tentant de lui insuffler du courage.

- Kimiko, si vous voulez, je peux vous accompagner. Est-ce que vous voulez que je vous accompagne ?
- Oui., murmura la jeune femme.
- Alors, venez. On va suivre l’officier., proposa Kaori en tendant la main vers Kimiko.

Celle-ci la regarda hésitante puis mit sa main dans la sienne. Kaori la serra doucement pour l’encourager et fit un pas en avant. Elle entendit la victime inspirer profondément puis la vit avancer et elles suivirent l’officier. Miki ne revit pas Kaori avant plusieurs heures lorsqu’elles se retrouvèrent aux vestiaires à la fin de leur journée.

- T’étais passée où ?, s’inquiéta la brunette.
- Je suis restée avec Kimiko. J’ai dû l’accompagner à l’hôpital pour faire les examens.
- Elle est où maintenant ?
- Toujours à l’hôpital où ils la gardent en observation jusque demain matin. On a réussi à joindre sa sœur il y a une heure.
- Ca va, Kaori ? Une victime d’agression pour une première journée, ce n’est pas évident.

La rouquine referma son casier et appuya la tête dessus un instant. Cette expérience l’avait vidée.

- Oui, ne t’inquiète pas. Je suis juste fatiguée.
- Allez viens, sortons d’ici. Je t’accompagne jusqu’au métro si tu veux., proposa Miki et Kaori acquiesça, reconnaissante.

Elles croisèrent l’officier qui avait pris en charge Kimiko en partant et cette dernière félicita Kaori pour son approche de la victime et la manière dont elle l’avait traitée. Kaori rougit au compliment et la remercia d’une petite voix. Puis elles rentrèrent chez elles.

Ryo pénétra dans le bureau de sa brigade en sifflotant. Il s’arrêta au bureau d’Hideyuki et s’assit sur le coin attendant que celui-ci daigna lui accorder son attention. Au bout de quelques instants, celui-ci se cala dans son fauteuil et leva le visage vers son ami qui affichait un sourire satisfait.

- Dans la famille Makimura, je demande la sœur !, sortit Ryo, malicieux.

A sa répartie, Saeko approcha, curieuse. Hide qui attendait la suite s’impatienta.

- Que se passe-t-il avec ma sœur ?
- Elle vient de se faire remarquer par la première division d’enquêtes.
- Qu’est-ce qu’elle a fait ?, grogna Hide connaissant la maladresse légendaire de sa sœur.
- Elle a géré une victime d’agression et a réussi à l’empêcher de partir avant de témoigner. Elle l’a accompagnée toute la journée.

Hide fronça les sourcils, sondant le regard de Ryo mais celui-ci était sérieux.

- Tu ferais mieux de rentrer, Hide., lui dit Saeko avant de poursuivre.
- Ce type d’expérience sans être préparée, ça peut faire mal.
- Il faut que je finisse le rapport. Je dois le rendre demain au commissaire avant la réunion de service.
- Va t’occuper de ta sœur. Je vais le finir ce rapport., le poussa Ryo.
- On le finira à deux., insista Saeko pour encourager Hide.
- Sinon, je peux aller m’occuper de ta sœur à ta place., proposa Ryo, en levant les sourcils, le regard pétillant.

Il se prit une gomme en plein front suivi d’un regard d’avertissement. L’inspecteur se leva, prenant son pardessus, et se dirigea vers la sortie.

- J’ai une idée du soin que tu lui apporterais et je ne sais pas si je crains plus pour elle ou pour toi., lui lança-t-il moqueur.
- Je t’ai déjà dit qu’elle était capable de se défendre., rétorqua Ryo, se souvenant du coup de genou qu’elle avait infligé à un de ses camarades.
- Le rapport sera sur ton bureau demain matin, Hide. Tu n’auras plus qu’à le signer., lui indiqua Saeko, puis se tournant vers Ryo, elle lui décocha, énervée :
- Idiot ?
- Qui ? Moi ? Vous manquez vraiment de sens de l’humour…, dit-il, satisfait d’avoir atteint son but avec Hide.

Celui-ci leur fit un signe de tête par la vitre et disparut. Il rentra chez lui et trouva sa sœur aux fourneaux. Elle avait un regard soucieux.

- Bonsoir, ma belle., dit-il en s’approchant d’elle et déposant un baiser sur sa joue.
- Bonsoir, aniki. Ta journée s’est bien passée ? Vous avez réussi l’interpellation ce matin ?
- Oui, tout s’est très bien passé, merci. Et toi, cette première journée ?
- Instructive. Miki est super, elle m’apprend plein de choses et me laisse en faire. C’est une perle., lui expliqua-t-elle, le sourire aux lèvres, les yeux pétillants.

Il sourit à la joie qu’exprimait sa sœur. Ca contrastait avec son humeur du week-end. Elle n’avait pas évoqué avec lui les évènements qui s’étaient passés mais, avec un peu de temps, elle avait réussi à les surmonter. Elle mit les plats à table et ils s’installèrent.

- J’ai entendu dire que tu avais géré une victime d’agression aujourd’hui.
- Oui., répondit simplement Kaori, ses yeux perdant leur éclat.
- Tu veux en parler ?, proposa son frère.
- Ce sont des cas difficiles et tu n’y as pas été préparée. Je suis là si tu veux.
- Je…, commença Kaori, mais s’arrêta sentant la tristesse l’envahir.

Elle inspira profondément pour reprendre le dessus. Soudain, elle frappa du poing sur la table, ce qui surprit son frère.

- Ca me met hors de moi. Comment peut-on faire ça à quelqu’un ? Elle est complètement détruite. Elle va mettre longtemps avant de s’en remettre, si elle y arrive.
- Je comprends, Kaori. Ce qui arrive à cette femme est horrible. Mais… laisse-moi aller jusqu’au bout, s’il te plaît…, lui demanda-t-il la voyant prête à objecter.
- Il va falloir que tu apprennes à ne pas t’impliquer personnellement. Soutenir et accompagner font partie de ton job mais fais attention à te préserver.
- Promis, Hide.
- Kao, je suis fier de toi., lui avoua-t-il avec un sourire chaud et réconfortant.

Elle débarrassa la table et se préparait à faire la vaisselle quand elle sentit deux bras l’enlacer. Elle se retourna dans les bras de son frère et profita de ce moment de chaleur. Puis il s’écarta et la poussa hors de la cuisine.

- Va te reposer ou prendre un bain. Je fais la vaisselle.
- Mais tu as ta journée…
- Toi aussi, Kaori. Tu travailles maintenant., répliqua-t-il, souriant.

Elle acquiesça, reconnaissante, et partit prendre un bain. Elle se délassa dans l’eau chaude et ferma les yeux, tentant de faire le vide. Deux prunelles grises vinrent danser devant ses yeux et elle rouvrit les yeux, surprise. Ses joues rosirent lorsqu’elle mit un nom sur cette image.

- Idiote !, s’indigna-t-elle et elle plongea sous l’eau.

Le lendemain matin, Kaori arriva discrètement avec Hideyuki suite à un problème de métro. Elle croisa Reika dans les vestiaires qui l’ignora et la bouscula légèrement en passant. Elle se changea en vitesse et rejoignit Miki. Elles passaient la journée sur le terrain avec un officier senior, un jeune homme d’environ vingt cinq ans, plutôt séduisant, Tomo. Ils patrouillèrent dans le quartier toute la journée, verbalisant les contrevenants, faisant passer des messages de prévention et sécurité. Tomo se montra particulièrement prévenant avec la nouvelle, voire séducteur même. Cela ne plut pas à Miki d’autant plus qu’elle savait Tomo proche de Reika. Elle conseilla à Kaori de se méfier mais celle-ci ne s’en était pas rendue compte tellement elle était plongée dans son apprentissage.

Lorsqu’ils rentrèrent au poste le soir, Tomo attendit Kaori à la sortie des vestiaires. Il lui décocha un sourire enjôleur à sa sortie, la complimentant sur sa tenue. Kaori regarda ses jean et pull et fronça les sourcils, ne comprenant pas.

- Merci, Tomo. Merci pour la journée. Elle a été très enrichissante.
- Si tu veux me remercier, accepte de venir boire un verre avec moi., lui proposa-t-il avec un sourire engageant.
- Non, je te remercie mais je dois rentrer.
- Un verre, Kaori. Juste un verre. Tu me dois bien ça. Tu égayerais ma soirée., insista-t-il en s’approchant d’elle, charmeur.
- Non, Tomo.

Elle tenta de s’éloigner de lui mais il la retint par le poignet et la plaqua contre le mur du couloir, se collant à elle.

- Lâche-moi., gronda-t-elle.
- Viens passer la soirée avec moi.
- Non. Et c’est un non qui veut dire non, pas peut-être. Trouve-toi une autre poule pour ce soir. Moi, je ne suis pas intéressée.
- Mais c’est toi que je veux.
- Je ne suis pas en libre service !

Kaori tenta de se débattre mais il lui bloquait tout mouvement par le poids de son corps sur le sien. Il baissa la tête vers elle pour l’embrasser. Kaori était en colère contre lui, contre son impuissance à agir. Elle voyait ses lèvres approcher et se dit que, dès qu’il serait suffisamment proche, elle le mordrait. C’était tout ce qu’elle pouvait faire. Soudain, elle se sentit libérée et vit le visage de Tomo s’éloigner surpris. Kaori suivit le bras qui tenait Tomo et découvrit le lieutenant Saeba, le visage fermé.

- Tomo., dit-il d’une voix dure.
- Bonsoir, Lieutenant., murmura Tomo.
- Vous avez un problème d’audition ?
- Non Lieutenant.
- Tout va bien, Mademoiselle ?, demanda Ryo à Kaori.
- Oui Lieutenant.
- Voulez-vous en référer à la hiérarchie ?

Kaori regarda le lieutenant puis Tomo. Elle ne voulait pas d’histoires : ce n’était que son deuxième jour…

- Non Lieutenant. Il s’agit d’une incompréhension, je pense.
- Oui, oui lieutenant. Je… je n’avais pas bien compris., bafouilla Tomo.
- Très bien. Bonne soirée, Tomo., lui dit Ryo, l’invitant à s’en aller et il ne se fit pas prier.

Ryo se tourna vers Kaori et la dévisagea. Elle regardait l’importun s’éloigner, le visage fermé, les poings serrés. Elle avait du mal à décolérer.

- Kaori ? Kaori, ça va ?, l’interpella Ryo, doucement en posant la main sur son épaule.

Elle tourna enfin le visage vers lui. Elle se sentait mal. Elle avait encore l’impression qu’il allait l’embrasser, que son corps pressé contre le sien allait en prendre possession. Ryo regarda la jeune femme et vit la détresse apparaître dans ses yeux. Sans réfléchir, il l’attira à lui pour lui apporter un peu de réconfort. Elle se laissa faire et posa la tête contre son épaule. Elle était bien. Elle se sentait en sécurité. Elle respira son odeur musquée, s’en enivrant.

- Viens., murmura-t-il à son oreille.
- Ton frère est en haut. Je t’y emmène.

Il passa son bras autour de ses épaules et la guida. Elle eut comme froid lorsqu’il l’avait lâchée mais elle se laissa entraîner et bientôt elle aperçut le visage rassurant de son frère qui était en pleine conversation avec Saeko. Ryo lâcha prise avant d’être aperçu : il ne voulait pas d’histoire avec son ami. Il la fit pénétrer dans le bureau, attirant l’attention des deux personnes.

- Kaori ?

Hide approcha de sa sœur et s’inquiéta de son teint livide.

- Que s’est-il passé ?, lui demanda Hide qui tourna son attention vers Ryo lorsqu’elle ne lui répondit pas.
- Un soupirant un peu trop pressant., résuma Ryo, cachant mal la colère contenue dans sa voix.
- Quelqu’un du commissariat ?

Ryo acquiesça. Saeko approcha de Kaori et mit le pardessus d’Hide sur ses épaules.

- Viens Kaori, on va faire un rapport.
- Non !, objecta Kaori, sortant soudainement de sa torpeur.
- Si, Kaori. Personne n’a le droit de faire…. ça !, s’énerva Hideyuki.
- J’ai dit non ! Je ne veux pas d’ennui. Si je fais ça juste pour un collègue qui voulait m’emmener boire un verre…
- Il voulait plus que cela, Kaori., intervint Ryo qui avait assisté à la majeure partie de la scène.

Elle lui lança un regard d’avertissement lui enjoignant de se taire avant de refaire face à son frère.

- Si je fais un rapport, je vais me retrouver au placard ou je vais devoir changer de commissariat et je ne veux pas. C’est mon quartier, je veux y rester !, finit-elle en serrant les poings de rage.

Elle se sentit soudain vidée et ses épaules s’affaissèrent.

- Je rentre. Je suis fatiguée.
- Attends, je rentre avec toi., lui dit son frère.

Il laissa ses collègues et emmena sa sœur. Ryo et Saeko les regardèrent partir. De rage, le jeune homme shoota dans une corbeille à papier. Sa collègue le regarda bizarrement.

- Ryo ?
- Ca va, ça va. Ca m’énerve qu’il s’en sorte si facilement. Si ça ne tenait qu’à moi…, commença-t-il mais il laissa sa phrase en suspens.
- Tu ferais quoi, Ryo ? Pourquoi ça te tient tellement à coeur ?, demanda-t-elle, plissant légèrement les yeux.
- C’est la sœur de mon meilleur ami. C’est comme si on touchait à ma sœur., répondit-il en soutenant son regard.
- Dis-moi que ça ne te touche pas, Saeko. La petite sœur de l’homme que tu aimes…, continua-t-il, en la dévisageant, et, comme il le pensait, elle se sentit gênée et rougit.
- Qu’est-ce que tu racontes, Ryo ?, éluda-t-elle, ne voulant pas évoquer sa relation naissante avec Hide.

Elle prit ensuite rapidement congé et le laissa. Ryo quitta à son tour le poste et rentra chez lui. Il se défoula sur son sac de boxe pendant une bonne heure, imaginant défoncer la belle gueule de Tomo. Il ne supportait pas les hommes qui profitaient de leur force pour obtenir ce qu’ils voulaient de plus faibles qu’eux. Ce genre d’hommes, il ne voulait qu’une chose : les détruire, leur pourrir la vie. Si ça n’avait tenu qu’à lui, il lui aurait collé un rapport sur le dos. Mais ce n’était pas ce que Kaori voulait et il ne voulait pas faire quelque chose qui aurait pu la blesser. Il frappa plus fort dans le sac.

Il revit la scène défiler devant ses yeux. Il se souvint du bruit sourd du corps de Kaori percutant le mur, de cet abruti collant son corps contre le sien, l’empêchant de bouger ses jambes. Il tenait ses bras fermement. Elle ne pouvait rien faire. Il donna un nouveau coup de poing rageur dans le sac. Il avait été surpris, un peu déçu même, quand elle avait refusé de faire un rapport sur cet imbécile. Mais elle était jeune, elle devait faire sa place. Il pouvait comprendre qu’elle ne chercha pas à faire de vagues. Ce n’était pas juste !

Il sortit de la pièce en sueur et partit prendre une douche. Il se déshabilla et se glissa sous le jet d’eau chaude. La chaleur sur son corps lui fit du bien et lui rappela la sensation du corps de la jeune femme contre le sien, tout contre le sien. Il ressentit tout : le premier contact de sa peau sur la sienne lorsque sa main avait effleuré sa nuque pour l’attirer, une peau douce et chaude, tellement agréable au toucher, son visage qu’elle avait blotti sur son épaule et le souffle chaud qui revenait régulièrement sur sa peau provoquant d’étranges picotements dans tout son corps, la sensation de ces lignes voluptueuses qui épousaient parfaitement son corps à lui, l’odeur de son shampooing… Il avait été enfermé dans une bulle de sensations nouvelles et étonnantes et, lorsqu’il avait dû quitter cette bulle, la lâcher pour l’amener à son frère, il s’était presque senti… nu, jaloux, en manque. Il ne savait pas vraiment.

Comment une jeune fille d’à peine dix-huit ans pouvait-elle faire naître de tels sentiments chez lui ? Il était un homme expérimenté, avait connu de nombreuses femmes et jamais il n’avait ressenti cela. En plus, il n’avait pas le droit de ressentir cela : Kaori était la petite sœur de son meilleur ami. Elle n’était pas une femme comme les autres. Si ça ne suffisait pas, elle était une de ses élèves et il savait ce qu’il risquait s’il cédait à la tentation. S’il devait retenir une leçon de ses erreurs passées, c’était de ne plus céder à une toute jeune élève comme il l’avait fait avec Reika. C’était trop dangereux.

Alors il décida de mettre ce soudain faible sur le compte de la fraîcheur de Kaori et de l’interdit qu’elle représentait. C’était une lubie passagère. Avec le temps et d’autres rencontres, il passerait outre cette attirance. En attendant, il devait juste faire en sorte de l’éviter ou de s’accoutumer à sa présence… A bien y réfléchir, il devrait s’accoutumer car, entre les cours et le commissariat, il serait amené à la rencontrer à de nombreuses reprises. L’attrait de la nouveauté se dissiperait et resterait l’amitié.

Il sortit de la douche, satisfait de sa décision. Sa conscience avait pris le dessus sur ses pulsions. Il s’en félicita et se coucha après une bonne soirée de détente.

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Dim 19 Avr - 4:31
Chapitre 5

Quelques semaines étaient passées maintenant depuis le début de la formation. Les professeurs regardaient leurs élèves évoluer, leurs points forts et faibles se révéler progressivement. Ryo regardait sa meilleure élève, les yeux froncés sur son arme. Kaori se demandait pourquoi aujourd’hui tous ses coups étaient manqués. Elle qui n’avait plus manqué sa cible depuis le premier jour et les premières corrections de son instructeur n’avait pas su mettre une balle depuis le début du cours. Quelque chose n’allait pas et ça l’énervait. Sentant un regard posé sur elle, elle leva la tête dans la direction et croisa le regard gris nuit du Lieutenant Saeba. Aussitôt, elle sentit son estomac se nouer, ses joues rosir et elle rebaissa les yeux.

- Je suis une idiote !, murmura-t-elle, énervée par son comportement puérile.
- Il était temps que tu t’en aperçoives !, persifla Reika qui passait à côté d’elle au même moment.
- La ferme, Reika., répondit Kaori en lui lançant un regard noir.
- Un problème, Mesdemoiselles ?, intervint Ryo qui gardait toujours un œil sur ces deux-là.
- Non Lieutenant., répondirent-elles.

Les choses ne s’étaient pas arrangées entre les deux jeunes femmes. C’était la guerre rangée, surtout depuis que le plan de Reika avait montré un effet pervers. Sans son influence, les railleries avaient disparu et la convoitise avait pris la place à la fois au centre de formation et au commissariat. Kaori faisait l’objet de l’attention, plus ou moins honnête, de beaucoup d’hommes célibataires… ou non à son plus grand désespoir. La sœur de Saeko se retrouvait donc reléguée au second plan, ce qui l’horripilait au plus haut point.

Kaori s’écarta un peu du groupe et examina son arme, soucieuse. Elle la pointait, la rebaissait, la soupesait et répéta inlassablement ce geste pendant cinq minutes puis elle s’assit et la démonta entièrement. Ryo la regarda faire en souriant légèrement. Il aimait son air concentré, la façon dont elle se mordillait la lèvre inférieure, penchait la tête légèrement de côté dégageant la ligne délicate de sa nuque… Il se donna une gifle mentale monumentale. Terrain miné, se dit-il pour la énième fois. Son problème ne s’était pas arrangé. Malgré le nombre de fois où il la croisait, l’attirance ne s’était pas amenuisée. Il fallait dire qu’il avait le chic pour découvrir régulièrement un petit truc qui le faisait craquer un peu plus. Heureusement pour lui, elle était douée au tir et il devait peu s’occuper d’elle, ce qui était un soulagement pour son self-control.

Il la regardait donc examiner son arme avec attention, sortir de la pièce et revenir avec une petite trousse en main et se mettre à la tâche. Il l’observa manipuler chaque pièce et travailler dessus. Il s’approcha et observa ses gestes précis et soigneux. Il la vit ensuite remonter son arme entièrement sans hésitation. Hide lui avait dit qu’elle avait passé des heures à le regarder faire et à lire des manuels sur le sujet, qu’il l’avait même laissée avec beaucoup de mal nettoyer son arme. Le connaissant à la fois pour être attaché à son arme qui le protégeait et à sa sœur qu’il voulait protéger des armes encore tout récemment, cela n’avait pas dû être une épreuve facile pour lui. Mais le résultat était là : Kaori, élève de première année depuis deux mois, était capable de démonter et remonter une arme parfaitement sans hésitation. Lorsqu’elle eut fini, elle soupesa l’arme dans sa main, satisfaite, puis elle aligna le canon vers elle et rebaissa l’arme.

- Ca va, Kaori ?, demanda-t-il, curieux.
- On va vite le savoir., répondit-elle, l’air sérieux en se dirigeant vers le stand de tir.

Elle se positionna à une place vide, inséra le chargeur et tira. Lorsqu’elle vit le résultat, elle se tourna vers lui, souriante, en levant un pouce. Il ne put s’empêcher de lui sourire en retour, à la fois touché par sa spontanéité et fier qu’elle ait réussi son test. Il vit ses joues rougir et elle se retourna se concentrant sur sa cible. Elle sentait des papillons voleter dans son estomac, encore… Quand allait-elle cesser de se comporter comme une adolescente de quinze ans ? Elle vida son chargeur sur la cible, heureuse que ses manipulations aient remis d’aplomb son arme. C’était bizarre tout de même de se retrouver avec une arme défectueuse… Elle s’aperçut soudain qu’elle était seule dans la pièce et, vérifiant l’heure, s’aperçut que le cours était fini. Le lieutenant entra alors qu’elle s’apprêtait à sortir.

- Alors Kaori, ce carton ?, demanda-t-il, une lueur énigmatique dans les yeux.
- Il m’a donné du fil à retordre, Lieutenant., répondit-elle, légèrement honteuse.
- Votre arme était défectueuse ?
- Oui, elle était mal remontée : le canon n’était pas aligné et il y avait un plomb dans la crosse.
- C’est étrange., répondit-il, amusé qu’elle ait découvert ses pièges.
- Comme vous le dites, Lieutenant. A se demander si…

Mais elle ne termina pas sa phrase volontairement et lui adressa un sourire énigmatique. Ryo se sentit démasqué et passa la main dans ses cheveux, embarrassé. Elle le laissa seul et partit rendre son arme et le matériel emprunté à l’armurerie. Lorsqu’elle repassa dans le couloir, elle entendit des voix et passa un œil dans la salle de tir. Reika et Ryo étaient en grande discussion mais elle était trop loin pour entendre ce qu’ils se disaient. Elle voyait juste le regard aguicheur que Reika lançait au Lieutenant. Soudain cette dernière se jeta à son cou et l’embrassa. Elle le vit lui porter ses mains sur les bras de la jeune femme mais s’enfuit, ne souhaitant pas en voir davantage. La scène lui avait fait mal, les larmes lui montaient aux yeux.

Juste après le départ inaperçu et précipité de Kaori, Ryo repoussa fermement Reika, furieux.

- Je t’ai dit que toi et moi c’était fini Reika. Je pensais que tu avais compris. Arrête de me tourner autour !
- Pourquoi Ryo ? Toi et moi, on s’est très bien entendus au lit., susurra-t-elle en passant la main sur son torse.

Il s’empressa d’écarter sa main qui lui faisait l’effet d’une brûlure. Il la regarda durement.

- Pas assez pour m’attacher à toi, Reika. Oublie-moi.
- Tu t’es déjà trouvé une autre greluche, c’est ça ? Regarde-moi et dis-moi qui a pris ma place ?, enragea-t-elle.
- Personne Reika. C’est fini tout ça. Je ne veux pas perdre mon poste. J’ai fait une énorme erreur en couchant avec toi l’année dernière. On ne m’y reprendra plus. Dégage d’ici maintenant !
- Non ! Je te veux, tu es à moi !
- Je ne suis à personne ! Dégage ou je te colle un rapport !, lui dit fermement Ryo.
- Non, tu ne feras pas ça. Tu n’oseras pas !
- Je n’en jurerai pas Reika. Et s’il ne le fait pas, je m’en chargerai., intervint Saeko qui était arrivée entre temps.

Reika recula sous le coup de la surprise puis s’enfuit en courant. Ryo se retourna vers sa collègue, contrarié. Il n’aimait pas ce genre de scène.

- Vas-y, ne te prive pas, Saeko., laissa-t-il échapper, s’attendant à se faire sermonner.
- A ce que je vois, je n’en ai pas besoin. Je pense que tu en as tiré la leçon.
- Oui et elle est amère…

Saeko s’approcha de lui et le prit par le bras l’entraînant vers l’amphithéâtre où ils devaient se retrouver tous les trois pour faire le point comme chaque fin de semaine de formation.

- Eh Ryo, il ne faut pas que ça t’empêche de trouver la femme de ta vie., le taquina-t-elle.
- Malheureusement pour moi, elle est déjà tombée dans les filets d’un autre., dit-il en lui faisant un clin d’oeil.
- Tu sais très bien que je ne suis pas la femme de ta vie. Elle t’attend encore. J’en suis sûre.
- Je ne sais pas si je suis capable d’aimer une seule femme pour le restant de mes jours… lâcha-t-il en soupirant.
- Moi non plus je ne pensais pas en être capable. Mais j’arrive à l’envisager maintenant., dit-elle à voix basse.
- Ah bon, tu as trouvé la femme de ta vie ? C’est Hide qui va être déçu., rétorqua Ryo, d’une voix chargée d’humour.
- Ryo !, s’insurgea Saeko en lui tapant sur l’épaule, faussement outrée.

Ils arrivèrent en riant dans l’amphithéâtre sous le regard curieux d’Hide. Ryo le regarda en riant et, posant une main sur son épaule, lui dit faussement compatissant :

- Je suis au regret de t’annoncer que Saeko a trouvé la femme de sa vie. Si tu veux, au nom de notre amitié, je veux bien te prendre dans mes bras et te consoler.
- Ryo ! Arrête de dire des idioties., s’insurgea Saeko.

Hide secoua la tête, un sourire amusé éclairant son visage. Il poussa les dossiers sur la table.

- Bon alors si on en revenait à nos moutons. On avait cinq élèves dans le rouge la dernière fois. Où en sont-ils ?

Ils évoquèrent chacun de ces cas avec beaucoup de sérieux, passant une bonne heure à essayer de trouver des solutions pour leur permettre de poursuivre leur formation avec des résultats suffisants. Leurs avis divergeaient mais ils mirent en place un plan d’action commun pour chacun. Ils évoquèrent différents points notables. Saeko mit sur le feu le sujet de sa sœur. Ryo en fut surpris.

- Elle a besoin d’être remise à sa place. Elle a pris ses aises et prend beaucoup de choses comme acquises. Elle s’adresse directement aux chefs de brigade pour obtenir des entrées dans les services. Ca a beau être ma sœur, la fille du préfet de police, elle reste une élève comme une autre., expliqua Saeko.
- Ryo ?
- Je tends à être d’accord avec Saeko mais que proposes-tu ?, demanda-t-il à Saeko.
- Nous la proposons pour les patrouilles de rue. Personnellement, je l’aurais bien mise à l’accueil mais ce n’est pas rendre service au public.
- Ca me va., conclut Hide.
- Autre chose ?

Il regarda ses deux collègues et vit que Ryo était pensif, tapotant son stylo sur la table.

- Ryo ? Tu veux ajouter quelque chose ?
- Je… oui., répondit-il, prenant une inspiration et fixant Hide.
- Ca concerne Kaori.

Il vit son ami se redresser sur son siège et réajuster ses lunettes sur l’arête de son nez, signe évident de malaise. Saeko attendait patiemment que Ryo continua, curieuse de savoir ce qu’il voulait dire.

- En ce qui concerne mon cours, Kaori est largement au-dessus du lot et ce, depuis le début. Elle a acquis toutes les connaissances nécessaires et, honnêtement, je lui délivrerais son port d’armes aujourd’hui si c’était possible.
- Vraiment ?, ne put retenir Hideyuki, surpris.
- Oui. Je ne sais pas ce qu’elle donne dans vos cours mais, de mon côté, je voudrais pouvoir pousser son apprentissage plus loin si tu l’autorises et si elle le souhaite., indiqua Ryo, calmement.
- De mon côté, elle se débrouille bien. Elle est dans les normes., précisa Saeko.
- Pour les procédures, elle avait acquis le cours avant de l’avoir, tellement elle voulait me prouver qu’elle était sérieuse dans son choix de carrière, alors…, finit Hideyuki, sombrement.

Il n’aimait pas l’idée que sa sœur fut « douée » en maniement d’armes à feu. Il n’aimait pas l’idée qu’elle put aller plus loin dans cet apprentissage. Il ne voulait pas que sa sœur apprit à tuer. Ca lui était insupportable. Mais là c’était le frère qui prenait le dessus, pas l’instructeur. L’instructeur devait écouter ses collègues et découvrir les potentialités de ses élèves pour les guider et servir son corps d’arme au mieux. Si Kaori était douée, il ne pouvait pas ne pas envisager approfondir cette piste. Il soupira et jeta son stylo, frustré.

Ryo et Saeko le regardaient en silence. Ils voyaient le panel d’émotions qui s’imprimaient sur son visage.

- Hide, tu sais combien d’hommes j’ai tués depuis que je suis devenu le sniper du groupe ?
- Rafraîchis-moi la mémoire., dit l’inspecteur d’une voix blasée.
- Quatre sur une centaine d’interventions. Les autres, je les ai neutralisés en les blessant et empêchant de tirer. Ta sœur ne va pas devenir une meurtrière. Je dirai même qu’à la limite elle sera plus à l’abri en haut d’un immeuble que dans la rue., indiqua Ryo, sachant qu’il touchait un point sensible.

Hide réfléchit à ces paroles. Ryo disait vrai. Lui avait tué plus de personnes en étant directement de toutes les interpellations. Lorsque c’était nécessaire, Ryo intervenait en couverture grâce à ses capacités. Il était moins exposé au danger tout en ayant un rôle déterminant.

- Que proposes-tu, Ryo ?
- Qu’on intègre Miki et Kaori dans notre unité. Lorsque la situation se présente, Kaori vient avec moi et je l’emmène en séance d’entraînement. Si je ne me trompe pas, dans deux ans, Yamamoto pourra partir en retraite l’esprit tranquille., indiqua-t-il en faisant référence au deuxième tireur d’élite de leur commissariat.
- Saeko, qu’en penses-tu ?
- Pour moi, elle est trop juste en close combat mais ça peut s’arranger. Sinon, c’est une bonne idée.
- Si ça peut t’aider à te décider Hide, je lui ai fait le coup de l’arme trafiquée…

L’inspecteur grogna et mit une main sur ses yeux, n’en croyant pas ses oreilles : Ryo avait refait sa vieille blague, Saeko et lui y avaient déjà eu droit. Il lui jeta un regard consterné, pensant à sa sœur qui avait bien dû se poser des questions sur ses capacités.

- Ryo, c’est le genre de choses qu’on ne fait pas à un premier année. Comment voulais-tu qu’elle s’en sorte ?
- Est-ce que j’ai dit qu’elle s’était faite prendre ? Elle a démonté son arme et l’a complètement remise d’aplomb. C’est moi qui me suis fait avoir…, acheva-t-il, amusé et étrangement fier de son élève.
- Ok, donc, en bref, je n’ai pas vraiment le choix., abdiqua Hide.
- Professionnellement, non. Personnellement, c’est toi qui vois. C’est ta sœur. Je n’irai pas à l’encontre de ta décision si tu ne veux pas me suivre et je n’en toucherai mot à personne., intervint Ryo, soupçonnant le dilemme auquel était confronté son ami.
- Pareil de mon côté, Hide. Mais Kaori n’est plus une petite fille. Ce serait plutôt à elle de décider., lui dit Saeko, posant sa main sur la sienne.

Hide baissa les yeux. Pourquoi avait-il fallu que Kaori ait voulu entrer dans la police ? Elle voulait aider les gens : elle aurait pu être infirmière ou assistante sociale, mais non elle avait voulu devenir policière… Comment accepter d’exposer la jeune femme qu’elle était au danger ? Elle avait toute la vie devant elle. Il voulait la voir se marier et avoir des enfants, pas être blessée ou tuée. Il connaissait les dangers de ce métier pour les affronter tous les jours, pour avoir vécu la mort de leur père… Allait-il être capable de supporter l’idée que sa sœur affronte la mort ?

Il regarda Saeko. Elle était la femme qu’il aimait et elle faisait le même métier que lui. Elle affrontait les dangers aussi et pourtant il ne lui viendrait pas à l’esprit de lui demander d’arrêter parce que c’était le métier qu’elle aimait. Ca ne l’empêchait pas d’avoir peur pour elle mais il vivait avec. Pourquoi ne pourrait-il faire de même avec Kaori ? Après tout, elle avait bien accepté d’affronter cette peur de ne pas le voir revenir pendant des années… Il poussa un profond soupir.

- C’est d’accord. Je dois repasser au poste où j’ai rendez-vous avec le commissaire. Je lui en toucherai deux mots. S’il est d’accord, on convoquera ces demoiselles lundi matin à huit heures pour leur proposer. Bon je dois y aller. Bon week-end, Ryo. A ce soir, Saeko.
- Ce soir Saeko ?, releva Ryo, moqueur.
- Je peux venir moi aussi ?
- Arrête de dire des inepties ! Non tu n’es pas invité !, rétorqua-t-elle, rougissante.

Elle rassembla ses affaires et s’apprêtait à partir quand elle se tourna vers Ryo.

- Tu te rends compte qu’entre Reika et Kaori, les choses vont empirer ?, dit-elle, d’une voix tendue.
- On veillera au grain. Ne t’inquiète pas., répondit Ryo d’une voix rassurante.

Il vit Saeko s’éloigner et prit le chemin de la sortie également. Il avait déjà entré cette donnée dans l’équation tout comme le fait que, Kaori entrant dans leur brigade, il serait plus souvent avec elle et donc plus souvent soumis aux sensations étranges qu’elle provoquait chez lui. Mais c’était une chance inespérée pour la jeune femme et pour le commissariat. Peu de première année et de jeunes officiers sortant de formation avaient l’opportunité d’intégrer les brigades de lutte contre le crime organisé. C’étaient de bonnes recrues et, comme lui en avait eu la chance, il voulait leur en faire profiter. Ryo rentra chez lui, prit une douche et ressortit. C’était vendredi soir et il comptait bien profiter de sa soirée et peut-être ne pas la finir seul…

Lorsqu’Hide rentra chez lui le soir, après sa discussion avec le commissaire, il croisa sa sœur qui était attablée. Elle le regarda, fautive.

- Je pensais que tu étais avec Saeko ce soir. Je me suis trompée de soir ? Attends je vais te sortir une assiette., dit-elle précipitamment en se levant.

Hide la stoppa d’une main sur l’épaule et lui adressa un sourire chaleureux.

- Tout va bien, Kao. Non, tu ne t’es pas trompée.
- Que fais-tu ici alors ?, dit-elle et porta aussitôt la main à sa bouche, s’en voulant que sa réplique ait sonné comme un reproche, ce qui fit rire son frère.
- Je suis passé me changer. Crois-moi ou non : me retrouver avec quarante jeunes gens à peine sortis de l’adolescence me donne des suées., plaisanta-t-il.
- A moi aussi., marmonna-t-elle, repensant encore aux diverses invitations qu’elle avait reçues pour le week-end.

Il se retourna sur le pas de la porte de la cuisine et fronça les sourcils, soucieux. Il dévisagea sa sœur et la trouva fatiguée.

- Ca va, ma belle ?
- Oui, oui, ne t’inquiète pas.
- Tu sais que tu n’as pas à demander ma permission pour sortir. Tu es jeune, Kao. Tu devrais profiter de la vie, avoir un petit copain…
- Avec les mecs que je côtoie ? Je ne peux pas leur faire confiance…
- Pourquoi ?, demanda-t-il et il la vit se refermer instantanément.
- Pour rien, ils sont bêtes, c’est tout., éluda-t-elle, refusant de discuter des raisons intimes qui la faisaient enrager.

Hide la laissa et revint quelques minutes après. Il avait des scrupules à la laisser seule à l’appartement. Il avait l’impression de la trahir et de trahir son père. C’était lui qui aurait dû la voir partir, pas l’inverse.

- Tu es sûre que ça va aller ? Je peux annuler…
- Non, n’annule pas., le coupa-t-elle, se sentant coupable de perturber son frère.
- Vis ta vie, Hide. Je vais me faire un bon film en pyjama, mettre de la musique de fille… Je vais bien.
- Ok. Je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer, ne m’attends pas., l’informa-t-il en l’embrassant sur le front.

Elle le regarda malicieuse et l’interpella alors qu’il s’apprêtait à sortir.

- Aniki, tu sais, tu n’as pas à me demander la permission pour découcher. Je sais où tu es si j’ai besoin de toi. Alors si tu dois rester dormir là-bas…, elle n’acheva pas sa phrase : au rouge de ses joues, elle sut qu’il avait compris.
- Bonne nuit Kaori., bafouilla-t-il.

Il ferma la porte, un sourire naissant sur ses lèvres, et s’en alla, entendant le rire de sa sœur. Un peu plus tard, Kaori partit enfiler son pyjama et se lova dans le canapé devant un film. Elle n’arrivait pas à se concentrer et laissa ses pensées dériver. Elle pensa à son frère et Saeko. Ca faisait deux mois maintenant qu’ils étaient ensemble et elle se demandait si et quand les choses évolueraient. Ca faisait tellement longtemps qu’ils se connaissaient qu’à ce rythme-là, ils se marieraient dans dix ans et auraient des enfants à la retraite… Pour le moment, ils ne se voyaient que chez elle et Kaori réalisa que peut-être son frère avait peur de l’amener chez eux… Elle devrait lui dire qu’il ne devait pas avoir honte, qu’elle était heureuse pour eux.

Ses pensées dérivèrent ensuite sur les évènements de la journée. Elle revit le regard amusé de son instructeur lorsqu’elle avait été au prise avec son arme déréglée. Elle se doutait que c’était son œuvre même si elle ne l’avait pas su dès le départ. Mais le regard qu’il lui avait lancé quand elle s’était rendue compte du problème puis son attitude à la fin de la séance la confortaient dans son idée. Elle ressentit à nouveau le trouble qui la prenait à chaque fois qu’elle sombrait dans ses yeux gris nuit. Elle se sentait emportée dans un autre monde, comme sortie de la réalité. Elle attendait avec impatience et appréhension son cours ou de le croiser au commissariat en se demandant ce qu’il ferait, lui dirait, s’il la regarderait… Elle aimait le contact de ses mains sur elle, l’odeur qu’il dégageait, la chaleur qui l’entourait quand il était à proximité d’elle...

Mais la réalité la rattrapa. Elle n’était pas le genre de filles qu’il affectionnait. Il préférait les filles comme Reika, plus séductrices, certainement plus expérimentées, qui n’attendaient rien d’autre de lui que de passer un bon moment. Clairement ce n’était pas elle ni ce qu’elle attendait d’une relation amoureuse. Cela ne l’empêchait pas pour autant d’être attirée par lui, de s’en être entichée et de souffrir à le voir serrer d’autres femmes dans ses bras, poser ses lèvres sur d’autres lèvres que les siennes, à l’imaginer dans un corps à corps torride avec une autre… Il n’y avait que dans ses rêves qu’il n’appartenait qu’à elle et, tous les matins, quand elle se réveillait, elle n’avait qu’une seule hâte : retrouver ses rêves et les bras de son amant virtuel. Ce fut sur ces pensées qu'elle partit se coucher…

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Lun 20 Avr - 5:05
chapitre 6

Le week-end passa rapidement et calmement. Ce qui ne fut pas le cas de l’arrivée au poste le lundi matin. Dès qu’elle mit un pied dans le vestiaire, Kaori fut entraînée par une Miki trépignant d’impatience à l’étage.

- Mais Miki, attends, je n’ai pas eu le temps de me changer !, protesta la jeune rouquine.
- Pas besoin, on nous attend à huit heures en tenue civile., répondit Miki en la tirant par le bras.

Lorsque Kaori reconnut le bureau devant lequel Miki s’arrêta avant de frapper, elle pâlit. Elle fut tirée à l’intérieur avant d’avoir pu dire un mot et conviée à s’asseoir à une table ronde où étaient déjà assis son frère et le commissaire. Les lieutenants Nogami et Saeba étaient adossés au mur en face d’elles. Miki était surexcitée mais Kaori se demandait anxieuse à quelle sauce elle allait être mangée et gardait obstinément les yeux baissés.

- Mesdemoiselles., entama le commissaire et par respect Kaori le regarda.
- L’inspecteur est venu me faire une demande vendredi soir à laquelle je suis prêt à accéder si vous êtes d’accord. Inspecteur, je vous laisse continuer.
- Merci, Monsieur. Miki, Kaori, au vu de vos évaluations respectives, nous vous proposons d’intégrer notre brigade.
- Mais je pensais que ce n’était possible qu’au bout de plusieurs années d’expérience !, s’étonna Miki, ébahie, puis elle se reprit, s’apercevant qu’elle avait coupé la parole à un supérieur.
- Pardon, Inspecteur.

Hide lui fit un geste signifiant que ce n’était pas grave. Kaori restait muette. Pourquoi ? Pourquoi elles étaient choisies elles ?  Et surtout elle, alors qu’elle n’était qu’en première année ?

- Miki, je sais que vous avez fait le vœu de devenir pilote d’hélicoptère. La formation est complète pour cette année, mais nous avons d’ores et déjà fait la demande pour l’année prochaine.
- Merci, Inspecteur. Moi qui pensais encore devoir attendre deux ans au moins., répondit Miki, extatique.
- Kaori., dit Hide en se tournant vers elle avec un peu d’appréhension.

Elle le fixa droit dans les yeux et ce qu’il y lut le fit tressaillir. Il était bon pour une bataille ce soir.

- Kaori, tu vas être sous la supervision directe du Lieutenant Saeba. Tu le suivras comme son ombre lorsqu’il aura son agenda personnel.

Elle n’absorba pas la totalité de la signification des mots à cause de la colère qui grandissait en elle. Il voulait contrôler sa vie. Elle n’avait pas voulu l’écouter et choisir un autre métier alors il la prenait dans son équipe contre toute logique pour garder un œil sur elle… Elle serrait et desserrait les poings à s’en faire pâlir les phalanges.

- Bien, Mesdemoiselles, vous avez un quart d’heure pour vous décider., leur précisa le commissaire.
- Et sur ce coup-là, votre décision doit être commune : nous ne pourrons refaire de nouveaux binômes avant un bon moment. L’inspecteur et moi avons un autre rendez-vous. Il recevra votre réponse à son retour.

Le commissaire sortit et Hide le suivit mais fut intercepté par sa sœur. Il sourit face à son air fâché. C’était tout Kaori. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Il savait parfaitement ce qu’elle pensait.

- Pourquoi tu me fais ça ? Tu ne peux pas me laisser en paix et faire mon chemin toute seule ?, gronda-t-elle à voix basse.
- Sache que ce ne sont pas mes recommandations. Va le voir lui., répondit-il calmement en indiquant Ryo du doigt.
- Et au poste, tu ne me parles pas sur ce ton, compris ?, la sermonna-t-il, d’une voix ferme mais douce.

Sa colère retomba d’un coup. Elle acquiesça tout en gardant les yeux fixés sur le lieutenant Saeba qui discutait avec Saeko et Miki. Elle entendit le claquement de la porte signifiant que son frère était parti. Elle soupira et se dirigea vers le lieutenant Saeba.

- Puis-je vous parler, Lieutenant ?, demanda-t-elle d’une petite voix.
- Bien entendu.

Il la guida vers un bureau à l’écart et ferma la porte. Kaori regarda quelques secondes par la fenêtre rassemblant son courage et tentant de calmer les battements de son coeur qui n’avait apparemment toujours pas compris que cet homme n’en valait pas la peine. Ryo la regardait patiemment, attendant qu’elle se décida. Il admirait la ligne de son corps qui se découpait dans la lumière de la fenêtre et se dit qu’il devait être masochiste pour aller au devant de la souffrance que sa présence lui infligerait.

- Vous m’avez vraiment recommandée, Lieutenant ?, demanda-t-elle en se tournant vers lui.
- Oui, Kaori. Tu es douée pour le maniement d’armes. Je voudrais pousser ton enseignement plus avant. Nous allons avoir besoin d’un autre tireur d’élite d’ici deux ans. Je pense que tu en as les capacités.
- Je… je ne veux pas tuer…, murmura-t-elle, en baissant les yeux.
- J’ai parlé d’un tireur d’élite, pas d’un tueur d’élite, Kaori. Je ne tue qu’en dernier recours et ça ne m’enchante jamais. Un bon tireur d’élite met sa balle où il a décidé. Tu dois annihiler le danger, pas tuer. Tu comprends la différence ?, lui demanda-t-il doucement en s’approchant d’elle.
- Je pense oui.

Ils s’observèrent quelques secondes. Pour la première fois, Kaori ne rougit pas en le fixant. Ce qu’elle lisait dans ses yeux ne relevait pas d’un jeu de séduction. Elle avait le sentiment qu’il lui demandait de lui faire confiance. Et sans s’en rendre compte, c’était le cas. Il n’aimait pas l’image qu’on collait à sa spécialisation et il avait envie qu’elle fasse la différence, qu’elle ne le voit pas comme un tueur froid et sans coeur, qu’elle sache que ce n’était pas ce qu’il voulait qu’elle devienne non plus.

- Alors que vas-tu faire ? Tu vas accepter ?, demanda-t-il, légèrement anxieux.
- C’est une chance exceptionnelle et je ne peux pas refuser cela à Miki., répondit-elle, un léger sourire aux lèvres.
- Alors c’est oui ?
- Oui, Lieutenant., souffla-t-elle, les joues légèrement rosies, enfin consciente de ce qu’impliquait sa décision.
- Alors première chose que tu dois savoir dans ce bureau, c’est Ryo, pas Lieutenant. Les grades ne vaudront qu’au centre de formation. Il en est de même pour Hide et Saeko. Si on allait voir ce que Miki a décidé., dit Ryo, ne se faisant pas trop de souci à ce sujet.

En effet, Miki arborait un sourire d’une oreille à l’autre. Elle savait qu’elle avait de la chance, qu’une opportunité comme celle-ci ne se présenterait pas à nouveau de sitôt. Elle se précipita vers Kaori et lui prit les mains.

- Dis-moi que tu es d’accord, s’il te plaît., l’implora-t-elle.
- Oui, je suis d’accord. Mais il y a quelque chose que tu dois savoir et je te fais confiance pour le garder pour toi, promis ?, lui demanda Kaori, mal à l’aise.
- Promis. Je t’écoute.
- L’inspecteur Makimura est mon frère., l’informa Kaori, anxieuse de sa réaction.
- Et tu as obtenu un traitement de faveur pour atterrir ici ?, l’interrogea Miki, sans trop y croire.
- Non ! Je n’ai rien demandé !, se justifia Kaori, vexée.
- C’est bien ce que je me disais. Alors il n’y a pas de problème., lui répondit Miki en souriant.

Hideyuki revint peu après et les deux jeunes femmes l’informèrent de leur acceptation. Il les briefa rapidement sur trois points – le non-port de l’uniforme, les horaires irréguliers, le fait qu’elles devraient tout de même passer quelques jours par ci par là en patrouille dans la rue- avant qu’ils ne partent ensemble à la réunion de service. Ils restèrent groupés. Kaori entendit son frère murmurer à Saeko que ça risquait de chauffer pour ses oreilles mais ne comprit pas pourquoi.

Le commissaire entra dans la salle, exceptionnellement suivi du Préfet de Police Nogami. Le fait était tellement rare qu’un grand silence plana. Le Préfet se mit en retrait et laissa le commissaire accomplir sa tâche. Celui-ci résuma les différentes affaires en cours, informa ces troupes des évènements à venir -la période estivale arrivant avec ses typhons, tout le monde devait rester sur le qui-vive et prêt à sortir de ses attributions habituelles-, et des divers changements d’affectation. Le dernier point fut particulièrement souligné car c’était à la fois un élément de rappel à l’ordre et d’émulation parmi les troupes.

- Mademoiselle Reika Nogami est affectée à la division de l’exécution de la circulation pour les mois à venir., commença le commissaire en lançant un regard lourd à la jeune femme en question.

Tout le monde savait ce que cela signifiait. C’était une punition en bonne et due forme, d’autant plus que la demoiselle était la fille du Préfet de Police et qu’elle aurait pu prétendre à un meilleur poste. Elle croisa les bras et baissa la tête, surtout pour éviter le regard peu amène de son père.

- Madame Ijuin et Mademoiselle Makimura sont affectées à la troisième division de lutte contre le crime organisé.

Un grand murmure se répandit dans la salle, ponctué d’un « Quoi ? » courroucé. Kaori sentit sur elle un regard meurtrier et n’eut aucun doute sur la provenance : Reika…

- C’est qui Madame Ijuin ?, demanda Ryo, à voix basse.
- C’est moi., répondit Miki avec un grand sourire.
- Tu t’es mariée ?
- Oui, le quatorze février avec Hayato.
- Hayato Ijuin, le mec du déminage ?, rétorqua Ryo, interloqué, en visualisant le géant et imaginant la frêle silhouette de Miki à ses côtés.
- Oui., répondit Miki rougissante.
- Une perte pour la gente masculine…, laissa traîner Ryo, en lui faisant un clin d’oeil.

Le commissaire laissa passer quelques instants puis reprit la main sur la réunion.

- Finissons-en. Ce fait nous a amené à prendre à Monsieur le Préfet et moi-même une décision exceptionnelle supplémentaire. Nous n’avons pas jusqu’à présent dérogé à certaines règles en place mais les circonstances nous ont amené à prendre la décision suivante.

Le commissaire s’interrompit et fit un signe à Hideyuki qui se tourna vers Kaori sortant deux objets de sa poche qu’il lui tendit, fier.

- Mademoiselle Makimura, bien qu’étant en première année, se voit accorder son permis de port d’arme et une arme de service qui lui seront indispensables dans le cadre de ses fonctions. Mademoiselle, faites-en peu et bon usage., lui dit le commissaire en se tournant vers elle.

Kaori regarda les objets dans la main de son frère et les prit avec précaution. A l’adresse du commissaire, elle tourna le visage vers lui et le remercia d’un sourire, les yeux brillants de larmes. Le commissaire mit fin à la réunion et le Préfet vint la féliciter ainsi que Miki avant de s’en aller. Toute la salle se vida et Hide fit signe aux autres d’avancer, retenant sa sœur un peu en arrière.

- Je suis fier de toi, Kaori. Papa le serait également., murmura-t-il, ému.
- Je… je n’arrive pas à y croire, Hide. J’ai l’impression de rêver., dit-elle d’une voix tremblante et il la pinça, lui arrachant un cri de douleur.
- Mais ça va pas la tête !, cria-t-elle en se frottant le bras, mais elle se calma face à son sourire chaleureux.
- Bienvenue dans la réalité. Kaori, fais attention à toi. Utilise ton arme à bon escient., lui conseilla-t-il.
- Promis.

Elle se lova quelques instants dans ses bras, reconnaissante d’avoir un frère aussi bon, aimant et attentionné envers elle. Quand elle s’écarta de lui, elle lui fit un petit sourire d’excuse :

- Pardon Hide, je ne le ferai plus. Tu es mon chef entre ses murs.
- Je reste ton frère avant tout, Kao. Mais oui, essayons de limiter les élans de tendresse ici. Allez, viens, on a du travail.

Ils remontèrent. Saeko fut chargée de mettre les filles au courant de leurs enquêtes en cours. Elle leur donna les dossiers, les pièces et resta à leurs côtés pour répondre à leurs questions. Hide avait convoqué Ryo à part pour faire le point car il avait plusieurs journées de formation prévues dans les semaines à venir et il voulait savoir comment il comptait s’y prendre pour entraîner leur nouvelle recrue. Hide fut étonné de voir à quel point Ryo avait déjà planifié les choses. Il ne doutait pas de son professionnalisme mais il sentait qu’il avait passé une bonne partie du week-end à réfléchir à la question sans même savoir s’ils obtiendraient l’accord du commissaire ou des filles. Quand ils eurent terminé, Hide observa Ryo un moment. Celui-ci, mal à l’aise face au regard scrutateur de son ami, commença à gigoter sur sa chaise.

- Arrête de me regarder comme ça, Hide. Je vais croire que tu as des vues sur ma personne., plaisanta-t-il pour évacuer sa gêne.
- Idiot. Ryo, fais attention à elle, d’accord ? Je sors de mes prérogatives mais je te confie ma petite sœur. Fais attention à elle, s’il te plaît., demanda Hide, d’une voix basse.
- Promis, vieux frère. Je garderai un œil sur elle. Je ne la lâcherai pas., répondit Ryo, honoré d’avoir la confiance de son ami.
- Merci.
- Bon, je vais l’emmener à l’économat. Il faut lui commander sa tenue de choc. Comme je dois la surveiller, je peux aller avec elle dans la cabine ?, lança Ryo, avec un sourire narquois en s’enfuyant.

Hideyuki sourit et rit même à la plaisanterie de son ami. Il avait confiance. Lorsqu’il ressortit de la pièce après avoir rassemblé ses papiers, les deux étaient déjà partis. Soudain, la porte voltigea brutalement et Reika entra dans la pièce en fureur.

- Tu me le paieras, Saeko. Tu n’avais pas le droit de me faire un coup pareil !, hurla sa sœur hystérique.
- Baisse d’un ton, Reika ! Tu n’es pas à la maison ici. Tu me dois le respect !, répondit avec fermeté Saeko.
- Ne me parle pas de respect, espèce de garce ! Tu veux juste m’écarter pour être la seule à profiter des largesses de papa ! Après tout, pourquoi tu couches avec ton supérieur ? Pas pour ses beaux yeux en tous cas !, rétorqua-t-elle dédaigneuse.

Saeko fut en deux enjambées face à sa sœur et lui colla une gifle magistrale, furieuse.

- Je te défends de proférer de telles horreurs ! Tu n’as qu’à t’en prendre à toi-même pour ce qui t’arrive ! Ton comportement au centre et au commissariat est injustifiable ! Arrête de courir après ton instructeur !

A ces mots, Reika recula de deux pas et tourna la tête dans tous les sens, cherchant Ryo du regard. Il n’était pas là, tout comme Kaori.

- Je vais la tuer ! Il est à moi !
- Reika Nogami !, tonna soudain une voix dure derrière elle.

Elle se tourna et fit face à son père. Elle blêmit face à son regard dur.

- Agent Nogami, je vous suspends de toutes vos attributions pour un mois. Vous irez déposer votre carte et votre badge aux ressources humaines. Vous ne serez pas acceptée non plus au centre de formation. Mettez cette période à contribution pour réfléchir à vos priorités et votre comportement. Maintenant dehors !, tonna-t-il en la suivant pour s’assurer qu’elle faisait ce qu’il lui avait ordonné.
- Tu me déçois énormément, Reika., entendirent-ils alors qu’ils s’éloignaient dans le couloir.

Saeko se tourna vers Hide, mortifiée. Ce qu’avait dit sa sœur l’avait blessée et elle espérait qu’il n’en croyait pas un mot. Elle avait attendu tellement longtemps qu’il se décida. S’il la lâchait maintenant, elle aurait du mal à s’en remettre.

- Tout va bien, Saeko., la rassura-t-il.
- Je suis désolée. Je ne la comprends plus. Ce qu’elle a dit…, murmura Saeko, humiliée.
- Est-ce que tu sors avec moi parce que je suis ton supérieur ?, lui demanda-t-il, un regard confiant.
- Non, tu le sais très bien.
- Alors tout va bien. Au boulot, les filles.

La semaine passa rapidement sans autre heurt jusqu’au vendredi après-midi lorsque le téléphone sonna et que Ryo fut demandé en renfort sur un braquage de banque qui s’était transformé en prise d’otages. Il regarda par la fenêtre en grognant :

- Un jour de pluie… Pas de chance.

Il invita Kaori à aller passer sa tenue et à le rejoindre au garage. Ils rejoignirent rapidement le poste de commandement établi à proximité de la banque. Après visualisation des lieux, Ryo désigna l’immeuble où ils se posteraient et ils s’y rendirent. Une fois arrivés au sommet, Ryo sortit son matériel et s’allongea par terre, indiquant à Kaori de prendre la même position. Elle tressaillit au contact de l’eau qui pénétrait leurs vêtements.

- Tu vas commencer par observer les lieux avec les jumelles. Ne te précipite pas. Tu dois définir la position de toutes les personnes qui sont dans ton champ direct de vision. Le but est de trouver le meilleur angle d’attaque si on doit intervenir. Compris ?
- Oui.

Elle prit les jumelles en main et commença son examen. Elle regardait à l’intérieur de la banque, comptait le nombre de victimes et malfaiteurs, regardait la configuration des lieux… son regard se perdit un peu à l’extérieur.

- Ca va, Kaori ?
- Ca fait beaucoup d’éléments à analyser. Je n’ai pas l’habitude. Je ne sais pas ce qui est important ou non.
- Tu as compté combien de malfaiteurs ?
- Trois.
- On est d’accord. Et les victimes ?
- Dix.
- Elles sont onze. Regarde derrière le guichet : il y a un pied qui dépasse. A défaut de savoir s’il est mort ou non, on le compte.

Ryo relaya l’information au centre de commandement. Pour eux, c’était capital car les baies vitrées étaient opaques sur près de deux mètres de haut et seule une bande de cinquante centimètres permettait de voir l’intérieur. De plus, le système de vidéosurveillance avait été mis hors service.

- Ryo, tu as vu dans la voiture là-bas dans la ruelle, il y a un homme qui paraît très nerveux., indiqua Kaori.

Il vérifia et elle avait raison. La voiture était peu visible de la rue, cachée par la pénombre de la ruelle.

- Bien vu, partenaire., souffla-t-il, ce qui la fit rougir.

Il signala le fait et un groupe de policiers intervint discrètement. Plusieurs heures passèrent sans aucun mouvement. Les preneurs d’otage finirent par accepter des collations pour les otages et relâchèrent une vieille dame. Pendant l’échange, l’un d’eux avait tenu une femme en joue.

- Alors leçon numéro deux. On a un angle de tir ou non ?, l’interrogea Ryo.

Kaori observa la position de l’homme et de la victime. Cette dernière était tellement apeurée qu’elle ne cessait de gesticuler.

- Non, la femme bouge trop. Ce serait trop risqué, je pense.
- Oui, d’autant plus qu’elle fait presque la taille de l’homme, ce qui le couvre bien. Il ne faut pas beaucoup d’espace pour un bon tir. Je vise en général la main ou l’épaule pour les empêcher d’utiliser une arme. Mais là, tu as raison, elle bouge trop.

L’attente reprit son cours. Soudain, ils entendirent deux coups de feu dans la banque. Le chef hurla dans l’oreillette qu’il voulait des infos et ils se concentrèrent. Ryo répondit du tac au tac.

- Un malfaiteur à terre. Les otages n’ont pas bougé.

Kaori le regarda un court instant avant de se tourner à nouveau vers la banque. Il était concentré sur sa cible, le regard acéré. Il donnait l’impression de s’être statufié. C’était impressionnant.

- Prépare-toi. Lorsqu’ils commencent à se tirer dessus, ce n’est jamais bon.

Comme en écho à ces paroles, le temps se gâta. Le vent se mit à souffler et la pluie à redoubler. Leurs casquettes ne leur servaient plus à rien. Ryo s’énerva.

- Bon sang, il me faudrait une hutte avec ce sale temps. J’y vois rien. La pluie vient dans mes yeux., marmonna-t-il.

Il entendit le chef de commandement lui dire qu’ils allaient tenter une opération, qu’il devrait éliminer le danger, si possible les deux s’il en avait l’occasion. Le top serait donné dans cinq minutes.

- Tiens-toi prête. Dans cinq minutes, ça va bouger., avertit-il sa coéquipière.
- Comment tu vas faire avec ce temps ?
- Je ne sais pas. Tu n’as pas un parapluie ?, plaisanta-t-il.
- Ben non., répondit-elle sérieusement.
- Kaori, c’était une blague., lui dit-il doucement.

Il la regarda et vit son regard anxieux. Elle était stressée et c’était normal puisque c’était sa première intervention sur le terrain même si elle ne devait qu’observer. Soudain, elle croisa son regard et il vit comme un éclair. Elle ouvrit sa veste.

- Rhabille-toi, tu vas attraper froid., lui dit-il.
- Remets-toi en position., ordonna-t-elle en le repoussant en position allongée.
- Euh, je ne suis pas sûr que ton frère apprécierait… laissa-t-il traîner, légèrement gêné.
- Sois sérieux, Saeba. On est en mission.

Ryo fut étonné par le ton employé mais ne dit rien. Il venait de découvrir une nouvelle facette de la jeune femme et le ton autoritaire qu’elle avait employé ne le laissait pas indifférent. Encore moins lorsqu’il sentit qu’elle se mettait à califourchon sur son dos.

- Que fais-tu Kaori ?, demanda-t-il, la voix légèrement étranglée.
- La hutte de Monsieur., murmura-t-elle au creux de son oreille, reconnaissante qu’il fit noir et qu’il ne put voir ses joues cramoisies.

Ryo dut faire un effort monumental pour faire abstraction de la sensation de ce corps au dessus du sien. Elle n’était pas couchée sur lui, seulement à quatre pattes, sa veste ouverte pendant de chaque côté de sa tête lui procurant un abri de fortune. Mais tout de même ses cuisses enserrait sa cage thoracique et sa tête relevée pour pouvoir viser frôlait sa poitrine. Bon sang, il s’en souviendrait de cette mission. Heureusement qu’il baignait dans de l’eau froide, sinon son meilleur ami aurait été de la fête lui aussi… Le top départ fut donné et Ryo visa le premier braqueur le touchant à l’épaule. Il vit l’arme de celui-ci tomber à terre, son porteur agrippant sa blessure. Les policiers entrèrent dans la banque et le deuxième braqueur se rendit. Ryo resta positionné prêt à intervenir jusqu’à ce que le commandant en chef leur signala la fin de l’opération.

- C’est fini, Kaori. Tu… tu peux te rhabiller., bafouilla-t-il.

Il sentit la jeune femme se relever doucement, étouffant un léger gémissement. Il la regarda refermer sa veste et étirer ses muscles endoloris. Le faible éclairage provenant des immeubles alentours donnait à son visage une apparence surréelle. Il la nimbait d’une espèce de halo. Elle était si belle… Ryo se secoua et se releva. Il lui tendit la main pour l’aider et elle accepta avec gratitude. Il surestima légèrement sa force et la jeune femme atterrit dans ses bras. Elle sentit sous ses doigts son coeur battre, la chaleur qui émanait de son corps et en fut émue. Lui ne put refouler la sensation de son corps pressé contre le sien, de ses courbes féminines, de son souffle sur son torse. Il posa ses yeux sur la chevelure rousse et, comme si elle avait été appelée, Kaori releva la tête vers lui et plongea son regard dans le sien. Sans plus réfléchir, il baissa le visage vers elle, regardant ses lèvres frémissantes.

- Lieutenant ! Lieutenant !, entendit-il dans son oreillette et il sortit de sa transe, s’écartant d’elle.

Il répondit à l’appel, puis se tourna vers la jeune femme et lui fit signe qu’ils s’en allaient d’une voix neutre. Il la regarda s’éloigner et se dit qu’il avait frôlé la catastrophe. Kaori était un peu perdue également. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris. Elle avait failli le laisser l’embrasser, son instructeur, son collègue… Quelle idiote ! Elle ne pouvait risquer sa place et lui non plus. Ils remontèrent en voiture et se dirigèrent vers le commissariat où ils se changèrent. Ryo la ramena chez elle, en l’absence de métro à cette heure tardive. Arrivés au pied de l’immeuble, il la retint par le poignet.

- Pour tout à l’heure…, commença-t-il.
- Il ne s’est rien passé, Ryo. Tout va bien. On est d’accord ?
- Oui. Bonne nuit Kaori.

Elle lui fit un signe de tête et rentra. Ils eurent tous les deux bien du mal à s’endormir cette nuit-là…

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Mar 21 Avr - 4:04
Chapitre 7

- Concentre-toi sur la cible. Inspire, expire doucement. Visualise l’endroit où tu veux mettre ta balle. Quand tu te sens prête, tu presses la détente sur l’expiration., murmura la voix chaude de Ryo.

Kaori se concentra, oubliant la caresse de son souffle sur son oreille. Inspirer, expirer, oublier tout le reste… Elle appuya sur la détente et attendit le verdict.

- Pas mal. Continue.

Elle recommença, sentant les premières gouttes de pluie tomber. Elle vida le reste de son chargeur. Il fallait avouer que manipuler un fusil longue distance était plus difficile, surtout en extérieur, allongée sur un sol brûlant où chaque brise de vent jetait de la poussière dans les yeux malgré les lunettes de soleil.

- Carton plein. Bravo, Kao. C’est le premier depuis le début de l’entraînement., s’exclama-t-il, fier d’elle.

Cela faisait huit semaines qu’il l’entraînait une à deux fois par semaine pendant de longues heures. De longues heures à le sentir près d’elle, le laisser la guider dans ses gestes, ses mains l’effleurant, son dos pressé contre son torse, la torture n’aurait pu être plus dure. A ces jours-là, s’ajoutaient les nuits où il apparaissait dans ces rêves, ce braquage de banque se soldant tout autrement entre eux deux. Elle avait beau se convaincre que tout cela n’était pas réel, pas pour elle, il ne s’échappait jamais de ses songes.

La pluie s’intensifia rapidement, bientôt accompagnée d’éclairs et de tonnerre. Kaori jeta un regard anxieux vers le ciel assombri. Elle n’aimait pas l’orage. Elle en avait toujours été effrayée. Elle ramassa son fusil et ses affaires et prit le chemin du centre d’entraînement sans traîner. Ryo avait même du mal à la suivre. Lorsqu’il entra à son tour, il la vit adossée au mur reprenant son souffle.

- Ca va, Kaori ?, demanda-t-il, légèrement soucieux.
- Oui, oui…, répondit-elle en baissant les yeux, honteuse.

Un coup de tonnerre résonna fortement et elle sursauta. Il mit un pouce sous son menton et la força à lever le visage vers lui. Il vit son regard effrayé et lui sourit sans se moquer.

- Tu n’aimes pas l’orage ?, l’interrogea-t-il d’une voix douce.
- Non. J’en ai peur., admit-elle à voix basse.
- Il n’y a pas de honte. Allez, dépêche-toi d’aller te doucher et changer. On va rentrer, il est tard.

Il la regarda partir au vestiaire et partit de son côté. La journée avait été chaude et moite. La terre leur collait à la peau. La douche lui fit du bien et lui permit de chasser les pensées qui l’assaillaient. C’était dur de rester de marbre à côté d’elle, de faire comme s’il ne ressentait rien lorsqu’il se positionnait à ses côtés ou derrière elle et qu’il sentait sa chaleur l’atteindre, de ne pas toucher ses lèvres lorsqu’elle lui souriait. Il s’habilla rapidement et retrouva Kaori dans le hall. Il déglutit en la voyant, elle portait un short en jean et un débardeur rouge qui laissait deviner la naissance de sa poitrine. Elle voulait sa mort. Ne se rendait-elle pas compte qu’elle était sexy en diable ?

Ryo lui fit un signe de tête vers la sortie et elle le suivit jusqu’à la voiture. Ils firent toute la route en silence sous une pluie diluvienne et l’orage battant son plein. Ryo touchait par moment sa main, un geste furtif mais qui la tirait de sa contemplation anxieuse du paysage. A vrai dire, elle ne savait ce qui était le plus dur : observer le déchaînement des éléments naturels ou résister à l’envie de glisser la main dans l’échancrure de sa chemise… Elle se secoua mentalement. Elle ne devait pas se laisser aller.

Ils arrivèrent bientôt en vue de Tokyo. Kaori poussa un soupir à la fois de satisfaction et de frustration. Ils étaient arrivés et elle allait pouvoir se réfugier chez elle mais, dans le même temps, le week-end était arrivé également et elle ne reverrait pas Ryo avant le lundi qui suivait et encore, il serait alors son instructeur…

- Idiote !, se fustigea-t-elle.
- Pardon ? Un problème ?, demanda Ryo, en se tournant vers elle.

Kaori rougit. Elle ne s’était pas rendue compte qu’elle avait parlé tout haut. Le regard insistant de Ryo la força à trouver une idée rapidement.

- Je… je crois que j’ai laissé mes clefs dans mon sac qui est dans le coffre., bafouilla-t-elle.
- Ne t’inquiète pas. D’ici, je pourrai l’attraper quand on sera arrivé.
- Ah super., répondit-elle en souriant.

Ils furent arrêtés au croisement avant l’immeuble de Kaori par un policier qui les informa qu’ils ne pouvaient aller plus loin : un incendie avait éclaté dans l’un des immeubles. Kaori, prise d’une appréhension soudaine, sortit de la voiture en courant. Ryo se gara un peu plus loin et la rejoignit. Elle était immobile comme tétanisée et regardait l’immeuble en feu, une main sur la bouche.

- Kaori ?
- C’est… c’est mon immeuble. Notre appartement est en feu. Ryo, Hideyuki… Hide devait être là ce soir., bafouilla-t-elle, retenant avec difficulté ses larmes.
- Ne panique pas. Je vais essayer de l’appeler.

Il sortit son téléphone et fit le numéro de son ami. Il tomba directement sur la messagerie. Il s’approcha de Kaori.

- Il ne décroche pas. Tu es sûre qu’il devait être là.
- Oui. Saeko devait s’absenter ce soir… Il m’a dit qu’il était fatigué, qu’il se coucherait certainement tôt. Oh mon Dieu, Ryo, si ça se trouve, il s’est endormi et ne s’est rendu compte de rien. Je… je ne peux pas le laisser…, finit-elle en partant en courant pour sauver son frère.
- Kaori, non !, cria-t-il et il la rattrapa en deux enjambées, la ceinturant et la collant contre lui.
- Laisse-moi, Ryo. Il faut que j’y aille !, hurlait-elle en se débattant.
- Non ! Tu ne peux rien faire. Laisse les pompiers faire leur travail., lui murmura-t-il, tentant de la réconforter.
- Non, Hide..., gémit-elle.

Ryo la retourna et la serra dans ses bras contre lui. Il ne trouvait pas les mots pour l’apaiser. Tout ce qu’il pouvait faire était la serrer contre lui, être là pour elle. Il regarda l’immeuble brûler, les flammes sortir de leur appartement. Il ne pouvait lui-même croire que son meilleur ami était à l’intérieur. Il recomposa son numéro et tomba à nouveau sur la messagerie.

- Ryo…, entendit-il Kaori gémir.
- Dis-moi que c’est un cauchemar.
- Je…

Il fut interrompu par une énorme déflagration. Par réflexe, il se tourna pour protéger Kaori des éclats de verre qui avaient volé, faisant abstraction de sa propre sécurité. Puis dans un énorme fracas qui les fit se retourner tous les deux, ils virent l’immeuble s’effondrer. Il rattrapa à nouveau Kaori qui tentait d’approcher et la reprit dans ses bras, l’empêchant de bouger, la laissant pleurer toutes les larmes de son corps. Il n’arrivait pas à extérioriser sa propre douleur et il voulait se montrer fort pour elle. Elle venait de perdre son frère, après avoir perdu leur père. Elle se retrouvait seule au monde, comme lui. Non, il ne la laisserait pas. Il avait promis à son frère de faire attention à elle et il tiendrait sa promesse au-delà du travail.

- Kaori, regarde-moi., l’appela-t-il doucement.

Elle leva son visage baigné de larmes vers lui et il le prit en coupe, essuyant du pouce les larmes qui coulaient.

- Je ne t’abandonnerai pas. Tant que tu auras besoin de moi, je serai là, tu m’entends ?

Elle posa la tête contre son épaule et glissa ses bras autour de sa taille en un appel muet. Il sentit ses larmes couler à nouveau. Il ne sut combien de temps ils restèrent là, plongés dans la douleur, mais le vent se leva à nouveau les frigorifiant sur place. Ryo la prit par les épaules doucement et l’emmena jusqu’à la voiture. Elle était sous le choc. Elle ne ressentait plus rien. Elle était vidée. Elle se laissa guider, son cerveau refusant de fonctionner. Il l’amena chez lui, l’aida à se déshabiller et se sécher et il lui passa un pull et pantalon de pyjama à lui. L’ensemble était trop grand pour elle mais, au moins, elle n’avait plus ses vêtements trempés sur elle. Il se changea lui-même en deux minutes et l’emmena dans sa chambre. Ce n’était pas le meilleur endroit mais le seul qui était réellement aménagé.

Elle ne réagit pas quand il l’allongea sur le lit. En revanche, dès qu’il s’étendit, elle vint se blottir contre lui, cherchant sa chaleur et la sécurité de ses bras. Il remonta la couverture sur elle malgré la température élevée de ce mois d’août. Il sentait ses tremblements contre lui. Au bout de très longues minutes, il sentit que son corps s’apaisait et, lorsqu’il jeta un œil sur son visage pâle et anxieux, il vit qu’elle s’était endormie d’épuisement. Il laissa alors libre cours à son propre chagrin, repensant à tous ces moments passés, de leur rencontre, de l’impact qu’avait eu Hide sur sa vie, du manque que sa mort allait créer. Il pleura pour la femme qu’il tenait dans ses bras qui allait rester seule. Le sommeil l’emporta cependant également un peu plus tard.

Ryo se réveilla, tiré du sommeil par les rayons d’un soleil radieux qui perçaient au travers de la fenêtre. Quelle ironie, se dit-il, se réveiller par un si beau jour qui pour eux se révélait funeste. Il sentit la chaleur contre son corps et baissa les yeux sur la personne blottie dans ses bras. Elle avait les yeux ouverts et perdus dans le vague. Aucune larme ne coulait. Elle le regarda un très bref instant et il vit le vide qui régnait dans ce regard si brillant et joyeux d’habitude. Ca lui fendit le coeur. Elle mordillait son pouce, signe d’une immense anxiété. Il resserra la prise sur sa taille pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule et elle cessa de mordiller son pouce et passa le bras autour de son abdomen. Elle réagissait encore, c’était déjà un signe rassurant.

- Kaori, je vais appeler Saeko. Je ne veux pas qu’elle l’apprenne par les médias.

Elle hocha la tête lentement et le libéra.

- Je vais descendre. Je reviens dès que j’ai fini., la rassura-t-il en voyant la détresse dans ses yeux.

Il se leva et remonta la couverture sur elle. Sans réfléchir, il déposa un baiser dans ses cheveux et la laissa, lui adressant un regard réconfortant. Il appréhendait cet appel. Il était sept heures du matin et il allait réveiller son amie en lui annonçant la mort de son amant… Il aurait pu ne pas le faire, la laisser se réveiller et apprendre la nouvelle par les médias mais il trouvait cette attitude lâche. Il prit son téléphone, composa le numéro et attendit. Elle décrocha au bout de cinq sonneries et répondit d’une voix ensommeillée :

- Nogami, j’écoute.
- Saeko ? C’est Ryo., annonça-t-il d’une voix étranglée.
- Ryo, il y a un problème ?, demanda-t-elle tout à fait réveillée par le son étrange de sa voix.
- Saeko, il y a eu un incendie à l’appartement d’Hide…
- Quoi ?!
- L’immeuble a explosé et s’est effondré. Saeko, Hide…

Ryo ne put finir sa phrase, tellement l’angoisse lui serrait la gorge. A en juger au bruit du téléphone, Saeko avait lâché le combiné car il n’entendait plus rien.

- Ryo, c’est quoi cette histoire ? Où est Kaori ?

Ryo éloigna son téléphone de son oreille et le regarda bêtement. Ce n’était pas possible. Il reprit l’appareil.

- Hide ?, cria-t-il, une vague de soulagement le submergeant.
- Ryo, où est Kaori ?, redemanda inquiet son ami.
- Dans mon lit., répondit-il sans réfléchir.
- Quoi ? J’arrive dans un quart d’heure., vociféra-t-il.

Ryo raccrocha sans comprendre l’énervement de son ami et se dirigea vers sa chambre où était Kaori. Ce fut alors qu’il réalisa ce qu’il venait de dire.

- Je suis un homme mort…

Il soupira et se dépêcha de rejoindre Kaori pour lui annoncer la bonne nouvelle. Il entra dans la chambre doucement et revint s’allonger à côté d’elle. Elle se blottit à nouveau contre lui sans un mot. Elle avait tellement froid, elle se sentait tellement vide. Elle n’arrivait même pas à se remémorer des souvenirs. Son cerveau bloquait toutes ses tentatives.

- Kaori. Kaori., l’appela doucement Ryo.

Elle leva un regard bouleversant sur lui.

- J’ai eu Saeko…

Les larmes jaillirent de ses yeux en pensant à la femme que son frère aimait de tout son coeur et à la souffrance qu’elle devait endurer. Elle sentit les bras de Ryo se resserrer autour d’elle.

- Kaori. Hide…

Elle poussa un hurlement de douleur. C’en était trop, elle ne pouvait en supporter plus. Elle ne voulait plus entendre son prénom, elle voulait mourir, que la terre s’ouvrit et la prit. Elle ne se relèverait pas de cette perte supplémentaire. Elle ne voulait plus lutter contre la douleur, faire semblant que tout allait bien, qu’elle pouvait se reconstruire. Elle l’avait déjà fait une fois, elle ne pouvait pas le refaire, plus maintenant qu’elle était toute seule.

- Je veux mourir, Ryo. Je veux mourir. C’est trop dur., gémit-elle sous son regard effaré.
- Ne dis pas ça, Kaori., répondit-il en la serrant plus fort contre lui.
- J’ai… J’ai besoin de toi., murmura-t-il contre son oreille, ce qui eut l’effet de la sortir de sa crise.

Il sentit son corps se figer contre le sien. Sa respiration se calma lentement. Elle releva la tête et plongea son regard étonné dans le sien. Pour une fois dans sa vie, Ryo ne chercha pas à se cacher malgré le malaise qu’il ressentait à s’être ainsi découvert.

- J’ai vraiment besoin de toi., répéta-t-il pour lui confirmer ce qu’elle avait entendu.

Il entendit des portes de voiture claquer dehors et se tourna vers elle, un petit sourire aux lèvres. Il l’observa encore quelques instants et, entendant la porte d’entrée claquer, lui dit :

- Kao, ton frère est vivant. Il était chez Saeko.

Il regarda la vie revenir dans ses yeux, un peu plus brillante encore qu’avant.

Hideyuki était furieux depuis l’appel de Ryo. Furieux contre le sort qui avait fait croire à sa sœur qu’il était mort. Furieux contre lui d’avoir oublié de recharger son portable. Furieux contre Ryo qui avait emmené sa petite sœur dans son lit malgré la confiance qu’il lui faisait et profitant de sa détresse par dessus tout… Sa fureur décupla lorsqu’il vit les sous-vêtements de Kaori mêlés aux siens par terre dans la salle de bains et il se précipita dans la chambre de son ami, prêt à en découdre et lui flanquer la correction de sa vie.

- Ryo, je vais te tuer !, ragea-t-il mais il fut ratatiné par une tornade rousse avant d’avoir pu esquisser le moindre mouvement.

Kaori n’avait pu s’empêcher de se précipiter dans les bras de son frère, tellement soulagée de le revoir. Saeko arriva peu après, essoufflée, inquiète, mais se rassura vite.

- Aniki, j’ai eu tellement peur si tu savais., pleura Kaori de joie dans les bras de son frère.

Hide regarda sa sœur et vit l’enfer qu’elle avait vécue. En une fraction de seconde, sa colère s’évanouit pour laisser place à la tendresse. Il serra sa petite sœur dans ses bras, tentant de lui faire oublier ce mauvais cauchemar.

- C’est fini, ma belle. Je suis là. Tout va bien. Ce rustre s’est bien occupé de toi ?, plaisanta-t-il en désignant Ryo.
- Oui, aussi bien que tu l’aurais fait., répondit-elle en plongeant son regard dans celui de Ryo.
- Il a été là quand j’ai eu besoin de lui.
- Dans ton lit, Ryo ?, fit Hide, un sourcil levé, l’air de dire : « tu pensais à quoi ? ».
- J’allais pas la faire dormir par terre non plus. Il n’y a que cette pièce qui soit aménagée. Mon patron ne me laisse pas assez de jours pour aller faire les magasins., lui rétorqua-t-il, en lui faisant un clin d’oeil moqueur.

Après un long moment passé à se rassurer, ils descendirent prendre un café. Hide avait gardé sa sœur contre lui, se sentant coupable du mal qu’il lui avait involontairement fait, elle revenant doucement à la réalité, sortant de ce cauchemar. Ryo les regardait et se sentit… jaloux, dépossédé. Il se rendit compte que ses sentiments pour Kaori allaient bien au-delà d’une simple amitié, d’une simple attirance.

- Ryo, Kaori peut rester ici encore un peu ? Je vais aller à l’appartement voir ce qu’il en est., lui demanda Hide.
- On passera chez moi prendre quelques affaires de rechange pour Kaori aussi., proposa Saeko.
- Pas de problème. Elle peut rester aussi longtemps que nécessaire., dit-il simplement, cachant sa joie d’avoir encore la possibilité de profiter de sa présence.

Kaori laissa partir son frère à regret, mais se reprit très vite. Elle sentit la présence réconfortante de Ryo juste derrière elle et se retourna vers lui. Le regard qu’elle lui lança le fit frémir.

- Il faut qu’on parle, non ?, lui dit-elle d’une voix douce.
- Oui., répondit-il même s’il n’en avait aucune envie, s’il ne rêvait que de prendre ses lèvres et la faire vibrer de tout son être…
- Tu as besoin de moi, Ryo ?, reprit-elle d’une voix chaude.
- Oui, plus que nos positions ne m’y autorisent, plus que la raison ne devrait me le permettre., répondit-il en la prenant dans ses bras.

Il avait besoin de son contact car ce serait le dernier avant longtemps. Cette proximité qu’ils avaient eue pendant quelques heures, il ne pouvait permettre qu’elle se reproduise avant que leur situation ait changé. Elle restait son élève pour encore un an et cinq mois, soit dix-sept très longs mois et encore fallait-il qu’elle partagea ses sentiments.

- Je ne veux pas sortir de tes bras., l’entendit-il murmurer.
- Je sais que lorsque je le ferai, tu me diras qu’on ne peut pas continuer ainsi, qu’il faut attendre que la formation soit finie. Ma raison sait que c’est le mieux à faire, mais mon coeur…

Ryo sentit une joie immense envahir tout son être : elle tenait à lui également. Il se sentit ému et déposa un baiser dans ses cheveux, s’imprégnant de son odeur, de sa chaleur. Elle leva les yeux vers lui.

- Embrasse-moi., demanda-t-elle.

Il toucha ses lèvres du bout des doigts, en dessina le contour doucement. Elle était tellement belle. Mais il ne craqua pas.

- Non. Si je t’embrasse maintenant, je ne pourrai plus m’arrêter. On a le temps, Kaori. Dix-sept mois c’est long, mais ça nous laisse le temps de nous découvrir. Tu es encore jeune.
- Ne nie pas mes sentiments !, s’énerva-t-elle, tentant de sortir de son emprise mais il ne la lâcha pas.
- Je ne nie pas tes sentiments. Je les sens sous mes doigts à chaque fois que je te touche, les lis dans tes yeux quand je m’y noie, les ressens dans chaque fibre de mon être quand tu es à proximité de moi. Nous avons le temps, Kaori, le temps de rendre ce sentiment encore plus fort, le temps pour être sûrs de notre choix et ne blesser personne, surtout pas ton frère… Alors non, je ne t’embrasserai pas. Mais sache que je tiens à toi., lui dit-il, d’une voix douce et chaude.

Elle se serra contre lui, émue par sa déclaration, frustrée qu’il ait refusé sa demande, mais encore plus amoureuse si c’était possible. Ils restèrent ainsi enlacés un long moment, savourant la présence de l’autre. Puis Ryo s’écarta doucement d’elle.

- Il faut qu’on bouge, sinon ils vont se poser des questions quand ils vont revenir.
- D’accord. Je peux utiliser la douche ?, demanda-t-elle rougissante.
- Oui. Je vais te passer un tee-shirt et un autre pantalon.

Elle regarda soudain sa tenue et se souvint de ce qu’elle portait la veille, des gestes qu’il avait eus. Elle vira au rouge pivoine : il l’avait vue nue.

- Je te jure que je n’ai rien fait qui soit déplacé., se justifia-t-il, ayant suivi le cours de ses pensées.
- Je sais. Mais tu es le premier à m’avoir vue ainsi.
- La vue était loin d’être déplaisante., murmura-t-il à son oreille, ce qui la fit rougir encore plus.

Il prit sa main et la guida vers la salle de bains, la laissant seule se délasser sous l’eau.

Une heure plus tard, Hide et Saeko revinrent. Hide était dépité. Il ne restait rien de l’immeuble. Ils avaient tout perdu. Il fallait s’organiser pour se reloger, se rhabiller, se remettre en route et retrouver une vie normale.

- Je connais quelqu’un qui a beaucoup de place. Il faudrait juste meubler., pipa Ryo en regardant son ami et sa sœur.
- Ryo, je ne peux pas te demander cela.
- Me demander quoi ? D’héberger un ami ? C’est fait pour quoi les amis alors ? Tu as été là pour moi quand on était plus jeunes, c’est à mon tour., proposa Ryo.

Hide le regarda puis se tourna vers sa sœur qui acquiesça.

- D’accord.
- Il n’y a que cet étage qui soit habitable réellement pour le moment. Mais si on fait les travaux, d’ici quelques temps vous pourriez prendre l’un des étages en dessous. En attendant, il y a deux chambres libres. Ca te laissera le temps pour te retourner, attendre les assurances, etc.
- Pour le loyer…
- Tu plaisantes ?, grogna Ryo.
- Va plutôt acheter deux lits et des vêtements.
- Merci Ryo. Kao, je dois aller faire tous les papiers. Tu peux aller voir pour le minimum de survie pour aujourd’hui : deux lits et des vêtements pour toi. Moi j’ai quelques affaires de rechange chez Saeko.

Kaori accepta la mission que lui confiait son frère. Après avoir enfilé les vêtements prêtés par Saeko, qui firent leur effet, elle sortit avec Ryo qui s’était proposé pour l’accompagner, prétextant que c’était la bonne occasion pour lui-même meubler un peu plus son appartement. Ils passèrent tous deux une agréable journée, bien loin du stress vécu la nuit précédente. Ryo se moqua de Kaori qui rougissait à tout va, les vendeurs les prenant pour un couple. Ils rentrèrent épuisés mais heureux de leur journée passée à deux. La livraison interviendrait plus tard dans l’après-midi, ce qui leur laissait le temps de faire du ménage, ce qui ne fut pas du luxe, mais leur donna encore des occasions de rire et se détendre.

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Mer 22 Avr - 5:16
Chapitre 8

De toutes les semaines qu’elles avaient eues pour faire leur service sur le terrain, il avait fallu que ça tombe sur la semaine où l’automne s’était définitivement installé. Miki et Kaori patrouillaient dans la rue sous la pluie et les coups de vent qui faisaient voler les feuilles.

- Je rêve d’une bonne douche chaude en bonne compagnie., soupira Miki, en frissonnant.

Kaori rougit à cette idée, ce qui fit éclater de rire Miki. Elle adorait voir son amie embarrassée, c’était tellement mignon. Les occasions s’étaient raréfiées depuis qu’elles avaient intégré la brigade. Les jeunes hommes avaient progressivement cessé de lui tourner autour sous n’importe quel prétexte. Ne restaient que trois assidus qui avaient visiblement réellement craqué pour Kaori et ne renonçaient pas malgré les rebuffades. Miki lui avait bien dit de leur laisser une chance, après tout, elle était jeune et jolie, mais Kaori n’était pas intéressée.

- Et toi Kaori, avec qui tu voudrais prendre une douche ?, la taquina Miki.
- Quoi ? Que ? Mais avec personne ! Arrête de dire des bêtises, Miki., s’offusqua Kaori, tentant de ne pas penser aux images qui s’imposaient à son esprit, d’autant plus nettes suite à l’incident quinze jours auparavant.

Kaori faisait le ménage dans l’appartement de Ryo où ils vivaient depuis six semaines à trois. Ils s’étaient répartis les tâches plus ou moins équitablement -enfin équitablement pour une femme vivant avec deux hommes- et était partie nettoyer la salle de bains. Quelle ne fut pas sa surprise de tomber nez à nez avec Ryo dans son plus simple appareil sortant de la douche… Surpris, il avait mis quelques secondes à réagir et attraper une serviette pour s’en revêtir, partiellement. La jeune femme était restée mortifiée, sans bouger, prise sous un flot contradictoire d’émotions. Elle savait qu’elle ne pouvait rester là, mais en même temps, son corps refusait de bouger. La bienséance aurait voulu qu’elle détourna les yeux mais elle ne pouvait s’empêcher de mémoriser chaque parcelle de peau. Elle n’avait même pas réagi lorsqu’il s’était rapproché d’elle jusqu’à sentir la chaleur de son corps.

- J’espère que la vision t’a plu., murmura-t-il à son oreille, la frôlant de ses lèvres.

Elle ressentait encore la boule de feu qui avait envahi son bas-ventre. Elle avait été incapable de répondre et il était sorti. Toute la soirée, elle avait été incapable de soutenir son regard amusé.

- La Terre à Kaori ! La Terre à Kaori !, l’interpella Miki, en agitant la main devant ses yeux.
- Quoi ? Pardon, Miki. J’étais ailleurs.
- J’avais remarqué. A quoi tu penses ?
- A l’affaire. C’est la mise en examen aujourd’hui. J’espère que les preuves seront suffisantes., éluda-t-elle.
- Oui, moi aussi. Allez encore une heure à tirer. Si seulement la pluie pouvait cesser…

Elles continuèrent leur tournée. Elles étaient dans la rue des banques lorsque des coups de feu éclatèrent. Elles se dirigèrent vers l’origine du bruit après avoir prévenu le central. Elles arrivèrent alors que les malfaiteurs sortaient de l’agence. La foule s’était réfugiée à l’abri. L’un des malfaiteurs sortit son arme et visa Miki. Kaori tira et le toucha à l’épaule. Il se retrouva à terre sous la force de l’impact. Le deuxième pointa son arme sur la tempe de son otage. Anxieuse, Miki souffla à Kaori :

- Fais gaffe : elle est enceinte.
- Ok.
- Tu le surveilles. J’informe le central., lui indiqua Miki.
- Baisse ton flingue ou je la bute., hurla le malfaiteur.
- Lâchez-la et rendez-vous. Vous n’avez aucune chance., lui dit Kaori d’un ton ferme.
- C’est ce que tu crois, ma jolie. J’ai plus de ressources que tu penses. Alors lâche ton arme et laisse-nous partir et peut-être que vous la retrouverez en vie.

Kaori regarda la jeune femme terrifiée qui lui faisait face. Elle était visiblement enceinte de six mois, peut-être sept. Elle baissa son arme pour apaiser la situation.

- Ok, on va rester calme et tout va bien se passer.
- L’équipe va bientôt arriver. On maintient le statu quo., murmura Miki à son attention.
- Plusieurs patrouilles vont arriver. Si vous vous rendiez, ce serait plus sage. On pourrait soigner votre ami.

Le malfaiteur regarda son comparse à terre, se tordant de douleur. Sans aucun signe de remords, il lui tira une balle dans la tête. L’otage hurla de terreur et Kaori le remit en joue. Elle entendit les voitures de police arriver. La jeune femme tremblait de peur et bientôt un masque de douleur s’afficha sur son visage. Il fallait la sortir de là.

- J’ai un marché à vous proposer.
- Qu’est-ce qui pourrait m’intéresser ?
- Dans l’état où elle est, votre otage va vous poser problème. Prenez-moi à sa place., dit-elle d’une voix calme qui n’était pas le reflet de ses émotions intérieures.
- Kaori, non !, souffla Miki derrière elle.

Le braqueur réfléchit un instant et eut un sourire mauvais.

- Une fliquette en otage ? Ca me va. Ca fera réfléchir vos collègues avant de tirer. Approche.

Kaori baissa son arme qu’elle tendit à Miki qui lui faisait signe de ne pas y aller. Puis elle s’approcha doucement, mains en l’air, priant pour qu’il ne se décida pas à lui tirer dessus. Lorsqu’elle fut à sa hauteur, le malfaiteur la saisit par le cou et laissa partir son otage qui se précipita vers Miki qui se mit devant elle. Une minute plus tard, des dizaines de policiers les entouraient. Le braqueur entraîna Kaori à l’intérieur de la banque désertée pour s’abriter.

- Il semble qu’on va passer un peu de temps ensemble, ma jolie. Autant te le dire tout de suite, si tes copains m’éliminent, tu mourras avec moi quoiqu’il arrive. Tu vois ça, lui dit-il en lui montrant la télécommande dans sa main.
- Si je relâche le bouton, j’explose.

Il se pressa contre elle pour lui faire sentir sa ceinture d’explosifs. Elle ne l’avait pas vue sous sa veste. Elle tressaillit.

- Et au cas où, j’ai un deuxième détonateur. Donc, fais une prière., lui dit-il en partant d’un rire sadique.

Peu après, Ryo arriva sur les lieux, appelé en renfort. Il croisa Miki qui assistait une jeune femme enceinte. Elle le rejoignit de suite.

- Miki, que fais-tu là ? Où est ta coéquipière ?, demanda-t-il en regardant autour d’eux.

Il avait hâte que la semaine se termina pour retrouver Kaori dans leur équipe. Ils avaient été particulièrement occupés à la brigade et, rentrant tard, se croisaient à peine même à l’appartement. Elle lui manquait. Il vit le regard anxieux de Miki.

- Elle est là-bas., dit-elle en indiquant la banque.
- Elle s’est introduite dans le bâtiment ? Je croyais qu’il n’y avait pas encore d’opération en cours.
- Non, Ryo. Elle s’est substituée à l’otage., l’informa Miki à voix basse et elle vit son collègue blêmir.
- L’idiote ! Qu’est-ce qui lui a pris ?
- L’otage était enceinte. Tu connais Kaori., soupira-t-elle.
- Ok. Je vais voir le chef de l’opération et me mettre en place.
- Ryo, Hide…
- Je vais le prévenir en montant.

Il la laissa, se présenta au chef puis, après un bref échange, partit se mettre en place en haut d’un immeuble faisant face à l’agence. Tout en grimpant les escaliers, il téléphona à Hide et lui laissa un message. Une fois arrivé, il se servit de la lunette de son fusil pour évaluer la situation. Il cibla la femme de ses rêves. Il était en colère contre elle parce qu’elle s’était mise en danger volontairement mais il avait aussi et surtout peur pour elle. Elle regarda dans sa direction et sourit. Il fut surpris mais sourit en réponse même si elle ne pouvait pas le voir. Ca serait au moins un avantage d’avoir quelqu’un d’expérience dans la place. Il l’examina et vit qu’elle n’était pas blessée. Le braqueur était derrière elle. Il n’aimait pas son attitude. Il avait l’air fou. Il fit son rapport au chef d’opération et reprit son observation.

Kaori avait réussi à garder son calme malgré la situation. Elle savait que ça ne servait à rien de paniquer. Elle avait vu en observant les immeubles alentours la lumière reflétée par une lunette de fusil. Elle se doutait que Ryo était là et ça lui faisait du bien. Comment lui faire comprendre que la situation était un peu plus compliquée qu’il n’y paraissait ? Miki n’avait pas vu la ceinture d’explosifs. Elle repensa au film qu’ils avaient vu la semaine précédente : Alien. Elle tressaillit à l’évocation de ce film qui ne lui avait pas laissé de bons souvenirs, à part le rire tonitruant de son frère et Ryo à la voir terrifiée et de la scène qui avait suivi la fin du film quand elle s’était braquée.

- A quoi elle joue ?, se demanda Ryo, en voyant Kaori faire des mouvements avec ses mains au niveau de son ventre.
- Tu veux me dire quelque chose, Kao ? Je ne comprends pas. Je ne…, s’interrompit-il, quand un souvenir lui revint en mémoire.

Kaori s’était énervée quand Hide et lui s’étaient moqués d’elle la semaine dernière en regardant le film Alien.

- Vous vous imaginez vous voir votre ventre se distendre et exploser ? C’est horrible !, s’était-elle écriée, énervée par leurs moqueries parce qu’elle mimait la scène.
- C’est un film, Kaori. Ne t’énerve pas comme ça., avait lancé Ryo.
- Ah oui, tu t’imagines toi si ton ventre explosait. T’imagines ceux qui se retrouvent avec une ceinture d’explosifs autour du ventre., elle n’acheva pas sa phrase, réprimant un frisson d’horreur.

- Pas ça…, soupira-t-il en observant le malfrat à nouveau.

Il ne vit rien au départ puis l’homme entrouvrit sa veste et montra quelque chose à Kaori. Ryo vit alors des fils et ce qui ressemblait à des bâtons de dynamite sous le vêtement.

- Et merde, dans quel guêpier tu t’es fourrée…

Il informa le chef d’opération de la nouvelle information. A l’intérieur de la banque, Kaori regarda avec effroi le dispositif qui ceignait son assaillant. Il s’était énervé à la voir gesticuler et avait voulu lui faire peur en lui montrant sa bombe. Elle nota les fils reliés au détonateur, la dizaine de bâtons de dynamite et un petit boîtier transparent qu’elle reconnut. Ce type était prêt à mourir s’il ne pouvait s’en sortir et ce, en emportant son otage avec lui. Ils allaient tous devoir jouer serré. Elle devrait être réactive.

Les négociations commencèrent entre le preneur d’otage et la police. Il voulait un véhicule pour s’enfuir avec son otage et un avion prêt à décoller. La police demandait des compensations, mais, avec un seul otage, ce n’était pas possible. L’homme était prêt à mourir mais pas idiot. Au bout de longues heures, une voiture se gara devant la banque et les policiers présents reculèrent pour laisser sortir les deux personnes. Hide, Saeko et Miki attendaient anxieusement à l’écart, non loin du poste de commandement. Ils avaient pu rester à condition de ne pas interférer.

Ryo avait reçu l’ordre de tirer si l’occasion se présentait. Il était concentré et attendait la moindre brèche. Il observait sa cible et Kaori. Ils étaient dans le sas de la banque et l’homme poussa légèrement Kaori pour qu’elle avança. Elle progressa doucement. Grâce à l’entraînement qu’elle avait reçu, elle savait que, pour le moment, Ryo n’avait aucune fenêtre de tir. Elle était de la même taille que le braqueur et il se tenait serré contre elle. Elle regarda dans la direction de Ryo et posa sa main sur le bras du braqueur comme pour l’inciter à relâcher la pression de son bras sur sa gorge.

Ryo nota le mouvement et sourit. Elle décomptait avec ses doigts en toute discrétion. Il se tint prêt à tirer. Le décompte fini, elle pencha le buste en avant brusquement et attrapa la commande avec sa main bloquant la poigne de l’homme sur le bouton. Elle entendit la détonation, sentit le choc de l’impact sur le braqueur et passa son autre bras sous le bras de son assaillant pour le soutenir. Elle n’imaginait pas la force qu’il fallait avoir pour maintenir quelqu’un d’un poids équivalent au double du sien, poids mort qui plus est. Elle sentait le sang de l’homme mort couler dans son dos. L’envie de l’envoyer par terre ne lui manquait pas mais elle savait qu’elle était morte si elle le faisait.

Elle vit Hide arriver en courant suivi de Miki, Saeko et d’autres policiers.

- Lâche-le, Kaori., cria son frère, paniqué.
- Non, n’approchez pas. Je ne peux pas le lâcher : il a une ceinture d’explosifs avec deux détonateurs. Si je lâche la main qui tient le bouton, ça explose. S’il tombe par terre, il explose à cause d’un détonateur au mercure., cria-t-elle, ne voulant pas risquer la vie de nombreuses personnes.

Tous se retirèrent plus ou moins volontairement. Kaori vit arriver un géant chauve et lui sourit, reconnaissante. Elle se souvint que, la première fois où elle l’avait vu, il lui avait fait peur.

- Bonsoir Hayato., dit-elle, tentant de garder le sourire.
- Bonsoir Kaori., répondit-il calmement.
- Décris-moi ce que tu as vu pour commencer.

Elle lui répéta les fils, les détonateurs, les bâtons de dynamite. Elle lui dit aussi qu’elle fatiguait, que sa main tremblait et qu’elle n’était pas sûre de pouvoir conserver la position encore longtemps.

- Je dois d’abord regarder avant d’agir. Il faut que tu tiennes. Tu as besoin de quelque chose ?
- Un Manhattan et des cacahuètes ?, plaisanta-t-elle, sentant les gouttes de sueur perler à son front.
- Je ne peux rien pour toi. Mais si tu ne te sens pas bien, dis-le moi.
- J’ai soif. J’ai un peu la tête qui tourne., admit-elle, fébrile.
- Attends.

Ryo avait rejoint ses collègues près du centre de commandement.

- Pourquoi elle est toujours là-bas ?, demanda-t-il, inquiet.
- Elle ne peut pas lâcher le corps, sinon elle va exploser., l’informa Hide, tendu.

Ryo posa une main sur l’épaule de son ami pour le soutenir.

- Elle va s’en sortir. Hayato va la sortir de là., dit Miki, confiante.

Le démineur scotcha la main du malfaiteur sur la télécommande et Kaori put la lâcher avec soulagement. Un infirmier vint lui donner à boire. Elle retrouva un peu d’énergie et se recala doucement, donnant un peu d’espace au professionnel pour neutraliser le détonateur au mercure. Le temps passait lentement. Hayato ne parlait pas et Kaori fatiguait. Au bout d’une heure, il se releva et la regarda.

- Je pense que c’est bon. Par mesure de prudence, on va glisser une couverture anti-bombe sur ton corps pour te protéger au cas où il aurait inséré un troisième dispositif. D’accord ?
- Oui, répondit-elle d’une voix exténuée.

Un autre homme approcha et, pendant qu’Hayato soutenait le corps du braqueur, son collègue passa la couverture sur Kaori puis s’éloigna rapidement. Hayato reposa le corps sur Kaori et vérifia les fixations de la couverture.

- Je vais le pousser et toi tu t’écartes. A trois. Prête ?, demanda-t-il en la regardant dans les yeux et elle acquiesça.
- Trois, deux, un, zéro !

Kaori sentit le poids quitter ses épaules et avança sans un regard en arrière. Elle entendit le bruit sourd du corps frappant le sol puis… rien, pas d’explosion. Malgré tout, elle se retrouva par terre, les jambes sciées par la fatigue et le stress. Hayato se tourna vers le corps et enleva la charge et la mit à l’abri. Deux autres policiers avaient accouru pendant ce temps, aidant Kaori à se lever et s’éloigner jusqu’à l’ambulance où elle fut prise en charge. Hide attendait déjà impatient. Dès qu’il put, il prit sa sœur dans ses bras, heureux de la sentir contre lui, vivante.

- Ne me fais plus jamais un coup pareil, compris ?, lui dit-il d’une voix dure.
- Oui., répondit-elle d’une voix étranglée.
- Dès qu’on pourra, on rentrera. Tu as bien mérité une bonne nuit de sommeil.

Soudain, son téléphone sonna et Hide s’éloigna pour décrocher. Miki et Saeko approchèrent ensuite pour discuter avec la jeune femme qui montrait des signes de fatigue.

- Je dois retourner au poste. Un problème avec la mise en examen. Ryo, tu peux raccompagner Kao, s’il te plaît ?, demanda Hide, contrarié de devoir laisser sa soeur.
- Oui. Je m’occupe d’elle. Appelle-moi si tu as besoin de moi.

Hide partit après avoir embrassé sa sœur, suivi par Saeko. Miki rentra avec son mari au poste et Ryo ramena Kaori à l’appartement. Le trajet se fit en silence. Ryo tint le bras de la jeune femme pour monter les étages. Lorsqu’enfin il referma la porte derrière eux, il laissa éclater sa colère :

- Qu’est-ce qui t’es passé par la tête, bon sang ? Tu veux crever en héroïne ?, se mit-il à hurler, au-delà de toute raison.
- Je… je ne sais pas., murmura-t-elle, épuisée.
- Tu ne sais pas. Tu as pensé à ton frère ? Tu as pensé à moi ? Tu as pensé à nous ?

Ses yeux lançaient des éclairs. Il était furieux et n’arrivait pas à se contrôler. Elle devait dresser des contredanses, pas jouer les martyrs. Il la regarda, attendant sa réponse, même si rien de ce qu’elle dirait n’apaiserait sa colère, il le savait. Elle leva un regard perdu vers lui et se mit à pleurer. Il ne résista pas deux secondes avant de s’approcher d’elle et de la prendre dans ses bras, la laissant évacuer le stress accumulé pendant ces longues heures. Sa colère tomba et il se rendit compte que par dessus tout, il avait eu peur, peur pour elle, peur de ne pas avoir le temps qu’il voulait avec elle.

- Je suis désolé. J’ai eu tellement peur pour toi., murmura-t-il contre son oreille.

Il la garda contre lui un long moment jusqu’à ce qu’il se rendit compte que tout le dos de son uniforme était tâché de sang.

- Viens, prends une douche et après au lit., dit-il en la conduisant à la salle de bains et mettant la douche en route.

Elle en ressortit quelques minutes après et retrouva Ryo qui l’attendait dehors.

- Va te coucher, Kaori.
- Ne me laisse pas seule cette nuit, s’il te plaît., l’implora-t-elle.
- Kao…
- S’il te plaît, Ryo…, insista-t-elle, en levant ses yeux noisette vers lui.

Il hésita, tenta de résister à la tentation mais ne put se résigner à la laisser seule alors qu’elle avait besoin de lui… et lui d’elle.

- D’accord. Je prends une douche et j’arrive.

Il la rejoignit dans son lit quelques minutes plus tard. Son regard s’illumina quand elle le vit entrer comme si elle avait douté. Il s’allongea à ses côtés et l’attira dans ses bras. Elle se lova contre lui, se sentant en sécurité.

Il posa son regard sur elle puis fixa le plafond, tentant de chasser la sensation de son corps collé contre le sien, son souffle caressant son torse, ses cheveux chatouillant son épaule. Encore quinze mois à tenir avant de pouvoir faire d’elle sa compagne officielle. Ce qui lui avait paru au départ un temps déjà long devenait carrément interminable depuis qu’elle habitait sous son toit. Elle était là à portée de main et pourtant complètement intouchable.

Les travaux à l’étage que Kaori et Hide devaient occuper avançaient et ils pourraient bientôt emménager. Il retrouverait son chez-lui avec des voisins en plus. Il retrouverait son chez lui... cette pensée le fit sourire et il regarda Kaori. En deux mois, elle avait commencé à laisser son empreinte sur son appartement qu’il commençait à considérer comme le leur. Il lui avait demandé son avis lors du choix des meubles, l’avait laissé agencer le tout… Elle avait fait place nette, lui avait inculqué les bases du ménage qui allaient au-delà de faire la vaisselle une fois par semaine. Alors se dire qu’elle allait le quitter, même pour habiter à l’étage du dessous, ne le laissait pas indifférent, voire même nostalgique ou triste, il ne savait dire.

Quinze mois à attendre… Arriverait-il à tenir aussi longtemps ? Comment résister à l’envie de plus en plus pressante de l’embrasser, la toucher, la serrer dans ses bras, la faire sienne ? Il avait déjà eu deux bonnes excuses pour passer la nuit avec elle. Il n’allait tout de même pas espérer qu’elle se mette dans des situations impossibles pour renouveler l’expérience. Non, il allait devoir prendre son mal en patience et attendre encore tout ce temps… Il la regarda, si belle endormie, et se dit que jamais une femme ne lui aurait fait vivre cela, mais elle en valait la peine. Il finit par s’endormir.

Quelques heures plus tard, il fut réveillé par Hide qui était venu voir Kaori. Il était contrarié de voir Ryo dans le lit de sa sœur.

- Que fais-tu là, Ryo ?, marmonna-t-il pour ne pas réveiller la jeune femme.
- Elle ne voulait pas dormir seule. Je ne lui ai rien fait, Hide. Je n’ai jamais abusé d’une femme., répondit-il à voix basse.
- Désolé. Je…
- Laisse courir et va dormir. Tu as l’air d’en avoir besoin., lui dit Ryo, compréhensif.

Hide les laissa et partit se coucher, jetant un dernier coup d’oeil sur sa sœur paisiblement endormie. Elle l’avait échappé belle aujourd’hui et la savoir en sécurité était un réconfort. Il partit se coucher, reconnaissant de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un d’autre pour veiller sur Kaori.

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Jeu 23 Avr - 5:38
Chapitre 9

- Tu es magnifique…, murmura Ryo, regardant Kaori qui lui faisait face.
- Merci., répondit-elle en rougissant.

Il la dévisageait avec un regard de braise et elle ne savait plus où se mettre. Elle vit son reflet dans le miroir et ne se reconnut pas.

- Il en a de la chance celui qui va passer la soirée avec toi., lui dit-il, une pointe de jalousie dans la voix.
- Il va pouvoir t’admirer dans cette petite robe noire qui te va à merveille.
- C’est pour mon frère que j’ai accepté., se justifia-t-elle, baissant le regard, mal à l’aise.
- Ce dîner à quatre, c’est une idée de Saeko. Son cousin est arrivé en ville et elle voulait lui présenter Hide.

Ryo tendit la main vers la jeune femme et remit en place la mèche rebelle qui venait de bouger. Les petits papillons refirent leur apparition dans son ventre.

- Profite de ta soirée. Amuse-toi., lui conseilla-t-il même si ça lui faisait mal d’imaginer les mains ou le regard d’un autre sur celle qui faisait battre son coeur.
- Que vas-tu faire ?, lui demanda Kaori, anxieuse de savoir s’il risquait de partir en virée et faire la connaissance d’autres femmes.
- Je ne sais pas. Regarder un film peut-être.

Ils entendirent des pas dans l’escalier : Hide venait chercher sa sœur. Ryo aida Kaori à mettre son manteau, caressant sa nuque du bout des doigts, la sentant frémir à leur contact. Il aimait l’effet qu’il lui faisait : ça le rassurait sur le fait qu’elle tenait à lui.

Hideyuki pénétra dans l’appartement et vit sa petite sœur qui l’attendait. Il fut étonné du changement. Elle avait passé une robe noire légèrement décolletée, mais qui suivait particulièrement les lignes de son corps, des escarpins et était subtilement maquillée.

- Tu es très belle, Kao., lui dit-il mais Ryo sentit la retenue chez son ami et s’en amusa.
- Papa Hide va avoir des suées froides ce soir…, plaisanta-t-il.
- La ferme Ryo.
- Elle peut rester avec moi si tu préfères. Tu n’aurais pas à surveiller ses arrières toute la soirée., suggéra-t-il, espérant sans trop y croire qu’il accepterait.
- Non. Ca lui fera du bien de rencontrer des gens de son âge.
- Vous pourriez arrêter de parler de moi comme si je n’étais pas là ?, s’énerva Kaori.

Ils baissèrent la tête penauds. Puis Hide lui dit qu’il était temps de partir et ils laissèrent Ryo. Ils retrouvèrent Saeko et son cousin dans un restaurant traditionnel. Ryosuke était un jeune homme à l’allure dynamique, brun aux yeux marrons. Il travaillait dans une banque à Kyoto. Ils s’installèrent et commandèrent en bavardant tranquillement. Hide regardait amusé comment Kaori se comportait avec son voisin de table. Il remarqua que sa timidité s’était estompée. Elle ne rougissait plus à tout va dès qu’on lui adressait la parole, sauf lorsqu’on lui faisait un compliment sur sa personne comme venait de le faire Ryosuke. Apparemment lui aussi trouvait la robe de Kaori très à son goût.

- C’est vrai qu’elle te va bien, Kaori ! J’ai tout de suite pensé à toi quand je l’ai vue., lui dit Saeko, contente d’avoir convaincu la jeune femme de l’acheter, et elle se tourna vers son compagnon.
- Tu ne trouves pas Hide que ta sœur est ravissante ?
- Si, si., marmonna-t-il, ce qui fit rire sa compagne.

Elle comprenait son dilemme. C’était elle qui avait suggéré que Kaori les accompagna en ville ce soir-là, se disant que la jeune femme ne resterait peut-être pas insensible au charme de son cousin. Elle trouvait dommage qu’elle ne prit jamais le temps de sortir et resta seule dans son coin. Mais Hide était parfois plus père que frère et voir un homme, quel qu’il soit, tourner autour de sa petite sœur l’ennuyait.

Kaori, de son côté, n’aspirait qu’à voir la soirée se terminer. Elle n’était pas à l’aise avec ce Ryosuke. Il était charmant, mais il n’arrêtait pas de la détailler, de laisser son regard glisser sur elle et elle n’aimait pas cela. Si elle voulait être honnête, se dit-elle en regardant son reflet dans le miroir des toilettes, elle n’avait qu’une chose à lui reprocher : il n’était pas Ryo. Il était attentionné, la mettait en avant, la complimentait mais il ne faisait pas battre son coeur comme lui. Kaori savait aussi qu’elle aurait préféré profiter de cette dernière soirée pour passer du temps avec lui dans son appartement à lui, comme ils le faisaient chaque fois que le couple sortait. Ils ne faisaient rien d’extraordinaire mais passaient du temps à deux. A compter du lendemain soir, il lui faudrait trouver des excuses pour le faire car Hide et elle habiteraient l’étage du dessous. Elle soupira…

Lorsqu’elle revint à table, Ryosuke leur proposa d’aller danser. Kaori refusa mais fut bien obligée de céder face à l’insistance de Saeko et au regard persuasif de son frère. Elle suivit le groupe et ils finirent la soirée dans une boite de nuit. Kaori regardait avec envie Saeko et Hide danser à deux et vivre leur amour au grand jour sans avoir à craindre de se faire renvoyer. Elle avait l’impression que le temps passait à une lenteur exaspérante depuis que Ryo avait admis être attaché à elle et réciproquement. Elle rêvait de pouvoir se balader avec lui main dans la main, l’embrasser, danser avec lui, être dans ses bras sans crainte… Elle soupira. Ryosuke, pensant qu’elle s’ennuyait, lui proposa d’aller danser. Elle faillit refuser mais se dit qu’elle n’avait pas été très correcte avec lui et accepta finalement. Ce n’était qu’une danse après tout.

Un slow ! Pourquoi avait-il fallu qu’ils mettent un slow au moment où ils arrivaient sur la piste ? Elle ne pouvait plus faire marche arrière et se laissa guider. Le cousin de Saeko avait une main dans le bas de son dos et de l’autre avait pris la sienne. Elle sentait son pouce qui caressait sa peau à travers le tissu et ça l’agaçait mais elle ne dit rien. Il ramena leurs deux mains entre eux et déposa un baiser sur ses phalanges. Elle n’avait qu’une envie : retirer sa main et aller la laver. Pour qui il se prenait…

- Kaori, on a déjà dû te le dire mille fois mais tu es d’une beauté…, lui dit-il, un sourire charmeur aux lèvres.
- Mille fois, je ne sais pas. Mais c’est surfait !, lâcha-t-elle sèchement.
- Tes yeux sont un puits où j’aimerai me noyer…, susurra-t-il suavement.

Elle se retint de rire. A quoi il jouait ? C’était mal la connaître que de la prendre pour une midinette en manque de compliment à deux sous. Il avait écouté quand son frère lui avait expliqué qu’elle se formait pour devenir tireur d’élite ?

- Tes lèvres sont un appel au péché., dit-il en approchant sa bouche de la sienne.

Mais elle fut plus rapide que lui. Sa tentative se solda sur un cri de douleur lorsqu’elle enfonça son talon dans son pied. Elle n’aimait pas faire mal mais là, la coupe était pleine.

- Oh mince, je suis maladroite. Je ne t’ai pas fait trop mal ?, demanda-t-elle, feignant la culpabilité.
- Non, non, ça va.
- Tant mieux. Je pense qu’il faut y voir un signe du destin…, lança Kaori en repartant à leur table, rejoignant son frère et son amie.
- Faites comme vous le sentez mais moi je rentre. Je suis fatiguée et demain on déménage.
- On va rentrer. Je vais dormir chez Saeko ce soir. J’ai déjà démonté mon lit., l’informa Hideyuki, légèrement gêné, attrapant son verre pour le finir.
- Mais tu sais, aniki, tu es grand maintenant. Si tu veux dormir chez ton amoureuse, tu n’as pas à te justifier. Et puis ça me ferait plaisir d’avoir un petit neveu d’ici quelques temps., plaisanta-t-elle.

A ces mots, il avala de travers et se mit à tousser. Saeko et Kaori avaient éclaté de rire à le voir horrifié. Elles le laissèrent se calmer et attendirent Ryosuke qui était parti aux toilettes.

- Alors Kaori, Ryosuke et toi, vous avez l’air de bien vous entendre., lança Saeko, un sourcil levé.

Elle avait bien vu l’attitude de son cousin. Elle trouvait qu’il s’y était très mal pris mais, tout de même, elle gardait espoir qu’il se passa quelque chose. Kaori était quelqu’un de réservé, elle ne lui sauterait pas au cou le premier soir. Kaori jeta un coup d’oeil à Saeko et ne voulut pas la décevoir.

- Il est… comment dire… charmant., fut le mot le plus neutre et le moins désagréable qu’elle trouva.
- Je le savais ! Donc on pourra se revoir demain soir Kaori ?, intervint Ryosuke qui était revenu.
- Non ! Je… je suis déjà prise. C’est l’anniversaire d’une amie., inventa-t-elle pour se trouver une excuse.
- Oh quel dommage !
- Kao, tu pourrais peut-être emmener Ryosuke avec toi ?, proposa Hide.

Sa sœur se tourna vers lui avec un regard assassin. Pourquoi se liguaient-ils tous contre elle ?

- Ce n’est pas possible… Il n’y aura que des filles. Il s’ennuiera., prétexta-t-elle.
- Le programme, c’est glace et films à l’eau de rose., inventa-t-elle.
- Zut, c’est bête. Mais il reste dimanche. Je ne repars qu’en fin d’après midi. On pourrait aller déjeuner ensemble et se promener., proposa Ryosuke, plein d’espoir.

Il s’accrochait le bougre. Elle chercha désespérément une excuse qui tint debout mais n’en trouva pas et fut obligée d’abdiquer.

- Oui, pourquoi pas ?, répondit-elle sans grand enthousiasme puis elle prit ses affaires et se dirigea vers la sortie.

Hide la déposa à l’appartement et laissa Ryosuke, qui s’était porté volontaire, raccompagner Kaori jusqu’à la porte.

- Le pauvre, il se fait des idées., soupira-t-il.
- Tu crois qu’il n’a aucune chance ?, demanda Saeko, curieuse.
- Non aucune. Pas pour le moment en tous cas. Elle n’est pas disponible.
- Elle a quelqu’un ? Mais tu ne me l’avais pas dit !, lui reprocha Saeko.
- Non, elle n’a personne, je pense. Mais je ne crois pas qu’elle soit disposée à avoir une aventure.

Ils retournèrent à leur observation des deux jeunes gens qui s’étaient arrêtés près de la porte. Une autre paire d’yeux suivait la scène du haut de l’immeuble.

Ryo était sorti fumer et s’était perdu dans la contemplation de la nuit tokyoïte. Il avait passé la soirée à attendre, sans réellement comprendre pourquoi, le retour de Kaori. Il se demandait si elle s’amusait, si elle était tombée sous le charme du cousin de Saeko, s’il lui manquait, si elle pensait à lui. Parce qu’elle lui manquait et il ne pouvait l’ôter de ses pensées. Il avait bien tenté de regarder un film mais n’avait pas accroché. Il guettait son retour, regardant les minutes défiler inlassablement à la pendule. Lorsqu’il vit du toit la voiture d’Hide arriver, il sentit le soulagement le gagner, le soulagement et quelque chose d’autre qu’il ne chercha pas à nommer. Il regarda Kaori sortir de la voiture rapidement suivie par un jeune homme, apparemment déçu de ne pas avoir eu le temps de lui ouvrir la porte.

- Alors c’est toi le cousin ?, murmura-t-il, légèrement narquois.

Kaori cherchait ses clefs, légèrement énervée par l’intrusion du jeune homme. Elle sentait son regard sur elle et se doutait qu’il cherchait un moyen de renouveler son expérience manquée. Elle fit un grand sourire quand elle sortit son sésame de son sac. Elle déverrouilla la porte et se tourna vers Ryosuke pour ne pas le laisser sans dire au revoir. Elle se devait d’être polie au moins pour son frère et Saeko.

- Ryosuke…
- Je te l’ai déjà dit : appelle-moi Ryo comme mes amis., fit-il d’un ton chaud.
- Merci pour la soirée et bonne nuit Ryosuke., insista-t-elle.

Il était hors de question qu’elle utilise son diminutif. Il lui rappelait trop l’homme qu’elle aimait.

- On se voit dimanche, n’est-ce pas, Kaori ?
- Oui, dimanche midi., confirma-t-elle à regrets, espérant trouver une bonne excuse d’ici là.
- J’ai hâte. Alors bonne nuit Kaori., dit-il et il se pencha à nouveau vers elle pour l’embrasser.
- Oh regarde des étoiles filantes., s’exclama Kaori et elle le frappa du revers de la main avant qu’il ne l’ait atteinte.
- Décidément ce que je suis maladroite., dit-elle en mettant une main devant sa bouche pour cacher le sourire qui naissait sur ses lèvres.

- Bien joué, ma belle !, s’exclama Ryo sur le toit à l’abri de toute oreille indiscrète.
- C’est pas vrai…, grogna son frère, outré et gêné par l’attitude de sa soeur.
- Kaori 2, Ryosuke 0. Technique à revoir, cousin., plaisanta Saeko, tout sourire sous le regard interloqué de son amant.

Profitant de la stupeur du jeune homme, Kaori avait disparu derrière la porte, qu’elle referma soigneusement à clef, sans un regard en arrière. Elle monta à l’appartement où elle défit ses escarpins qui lui meurtrissaient les pieds puis chercha Ryo. Elle entendit la voiture redémarrer mais ne trouva pas celui qu’elle cherchait. Elle prit donc le chemin du toit où elle le trouva accoudé à la rambarde. Son profil se découpait dans la lumière de la ville. Il avait un charme phénoménal. Il y avait un je-ne-sais-quoi d’animal en lui qui ne demandait qu’à être dompté… non pas dompté, apprivoisé, apaisé. Elle sentit son coeur chavirer une nouvelle fois.

- Tu n’as pas honte ?, entendit-elle soudain.
- Honte de quoi ?, demanda-t-elle, sur le même ton amusé.
- De t’observer ?
- Non, de briser des coeurs., répondit-il en lui lançant un regard insondable.
- J’ai brisé le tien ?, murmura-t-elle d’une voix suave.

Il prit sa main et la posa sur son coeur qui battit plus vite. Elle sentit le sien se mettre au diapason et se colla à lui.

- Pour le moment, tu affoles mon coeur. Tu le briseras si tu t’en vas., admit-il en ne quittant pas son regard.
- Je ne compte pas m’en aller bien loin. J’en serais incapable.

Ryo l’enlaça et la serra fort contre lui. C’était agréable de sentir son corps contre le sien, sa chaleur pénétrer ses vêtements, ses bras autour de sa taille, l’odeur de ses cheveux. Il voulait tous ces moments-là et plus encore. Il la sentit frémir contre lui.

- Tu as froid ?, demanda-t-il soucieux.
- Non., lui répondit-elle, en plongeant son regard dans le sien.

Ce qu’il y lut le réchauffa intérieurement. Elle le désirait. Etre dans les bras de Ryo n’avait rien avoir avec être dans les bras de Ryosuke. Dans ses bras, elle se sentait bien, en sécurité, aimée. Elle se sentait femme sans crainte. Elle n’avait pas peur qu’il la maltraita, qu’il la jugea. Elle pouvait laisser son corps s’exprimer et, dans ses bras, elle sentait la fièvre l’envahir.

- Ryo, je sais qu’on a dit qu’on attendrait mais embrasse-moi.
- Kaori, je…
- Ecoute-moi. Mon premier baiser, je veux l’avoir de toi, pas d’un homme qui aura décidé à ma place.
- On va ouvrir la boite de Pandore, Kao…, murmura-t-il, en replaçant une mèche derrière son oreille.
- Ouvrons-la. J’ai beaucoup de premières fois à expérimenter et je veux le faire avec toi. Je sais qu’il ne nous reste que quatorze mois à attendre, que ce n’est pas énorme, même si ça paraît interminable, mais j’ai déjà failli me faire embrasser plusieurs fois sans le vouloir…, lui dit-elle, puis s’interrompit baissant les yeux.

Elle venait de réaliser qu’elle s’était peut-être trompée sur les sentiments de Ryo. Finalement, peut-être qu’il ne ressentait que de l’amitié envers elle. Peut-être qu’elle s’était laissée leurrer par leur proximité aussi bien professionnelle que personnelle. Elle s’écarta de lui, les larmes aux yeux, le coeur brisé.

- Je… je suis désolée. Je n’aurais jamais dû te demander cela., dit-elle, la voix tremblante et elle s’enfuit en courant regagnant l’appartement.

Ryo mit quelques secondes à réaliser ce qui s’était passé. Elle lui offrait son coeur, son corps et, deux secondes après, elle partait en pleurant. Il ne comprenait pas. Il la suivit d’un pas plus posé, tentant de remettre de l’ordre dans ses idées. Quand il disait qu’aucune femme ne lui avait fait vivre cela, il n’avait vraiment pas tort. Cette femme là, du haut de ses dix-huit ans, lui mettait la tête à l’envers. Elle avait tout chamboulé depuis qu’elle avait fait son apparition dans sa vie. L’homme à femmes se retrouvait l’homme d’une femme, tentant de prendre des décisions raisonnables pour leur avenir à tous les deux au détriment des pulsions du moment. Depuis quand était-il devenu si… responsable ? Bientôt, il porterait un impair élimé et une paire de lunettes, se dit-il en souriant…

Lorsqu’il entra dans le séjour, Kaori était adossée à la fenêtre et écoutait une musique qui passait à la radio. Ryo s’approcha d’elle et lui prit la main pour l’attirer vers lui, l’entraînant au son de la musique. Elle posa la tête contre son torse profitant de cet instant, peut-être le dernier. Elle avait du mal à comprendre les paroles, n’arrivant pas à se concentrer, mais elle se laissa porter par la sensualité et l’espoir qu’elle ressentait en l’écoutant. Elle ne devait plus penser qu’au moment présent. Son rêve se briserait toujours trop tôt. Pour le moment, il la tenait dans ses bras et ils dansaient, serrés l’un contre l’autre, sans devoir se méfier de l’arrivée soudaine d’un intrus.

La musique se termina mais Ryo ne la lâchait pas. Elle réprima un sanglot d’angoisse. Elle aurait tant voulu retourner en arrière et effacer ces paroles dites sur le coup de la passion.

- Toute ma vie, j’ai fui tout ce qui m’attacherait à un autre par peur d’être blessé. La première personne que j’ai laissé m’approcher était ton frère, puis Saeko., dit soudain Ryo, à voix basse.
- Je n’ai jamais cherché que mon propre plaisir, n’accordant jamais plus d’une nuit à une femme. Peu m’importait de savoir si c’était ce qu’elles voulaient ou non. C’était ce que moi je voulais : pas d’attaches, pas de sentiments…

Il resserra son étreinte sur elle. Il avait besoin de la sentir proche de lui pour apaiser ses craintes. Elle se nicha un peu plus contre lui.

- Puis tu as déboulé dans ma vie. Enfin déboulé n’est pas le terme exact. Ta fraîcheur, ton optimisme ont balayé les peurs que j’avais comme un tsunami. Puis, tu t’es immiscée à mon insu dans mon esprit et dans mon coeur.
- Ryo…, murmura-t-elle bouleversée en levant des yeux brillants vers lui.
- Chut, mon ange. Laisse-moi finir. Je ne veux pas d’une seule nuit avec toi mais toute ma vie. J’ai envie de faire les choses correctement avec toi, d’être responsable. Alors ne te trompe pas : je meurs d’envie de passer toutes ces premières fois avec toi, si tu m’expliques tout ce que tu envisages bien entendu., lui dit-il avec un clin d’oeil, la faisant doucement rire.
- Mais je ne veux pas mettre en péril nos carrières, ni nos attaches.
- Moi non plus, Ryo. J’ai été bête tout à l’heure : il m’avait tellement agacée., se justifia-t-elle.

Ryo la regarda et passa le pouce sur ses lèvres, ses lèvres si douces qu’un autre avait failli embrasser pour la première fois. Il sut qu’il était perdu : Kaori était à lui, personne d’autre ne pouvait la toucher.

- Quoiqu’il se passe, notre relation devra rester un secret, Kaori. Tu me comprends ?, lui demanda-t-il.
- Tu ne pourras en parler ni à ton frère, ni à Miki. Ca ne doit en aucun cas interférer dans ta formation ou dans le groupe.
- Promis.

Il se perdit dans la contemplation de son visage. Elle avait les joues légèrement rosies, le regard incertain. Elle devait être stressée car elle commença à mordiller sa lèvre inférieure. Cette femme était belle, tendre et elle l’aimait lui. Il ne comprenait pas ce qu’une jeune femme droite et douce comme elle pouvait lui trouver mais il ne la laisserait pas s’échapper.

Il posa doucement ses lèvres sur les siennes, un baiser tendre et léger qui envoya des milliers de feux d’artifice dans leurs esprits. Il avait l’impression de voler tant il se sentait léger à ce contact. Kaori avait l’impression qu’elle allait défaillir, que ses jambes ne la portaient plus. Par réflexe, elle s’accrocha au cou de son compagnon et glissa les mains dans ses cheveux. Ryo se fit plus pressant lorsqu’il sentit ses doigts caresser son cuir chevelu. Il laissa sa bouche voyager sur le visage de son ange avant de reprendre sa bouche en un baiser avide auquel sa partenaire répondit, testant, apprenant ce qui lui plaisait à lui.

Soudain, il la souleva et l’emmena jusqu’au canapé où il s’assit avec elle sur ses genoux. Il reprit ses lèvres continuant son apprentissage et l’élève était aussi douée dans ce domaine-là… Ses mains voyageaient doucement le long du dos de la jeune femme, sur son ventre mais évitaient toutes les zones plus sensibles. Ce n’était pas encore le moment. Malgré tout, il entendait les gémissements de sa compagne et sentait qu’elle s’enhardissait, partant elle-même à la découverte de parties de son corps.

Soudain, elle se leva et il ne put retenir un grognement de mécontentement. Il voulait encore ses lèvres, son corps contre le sien. Elle lui sourit, fière de son emprise sur lui, et se mit à cheval sur ses jambes. Il la regarda quelques secondes photographiant son visage rayonnant puis poussa doucement sur sa nuque pour reprendre leur activité. La jeune demoiselle était entreprenante et ce fut elle qui approfondit le baiser, entrouvrant les lèvres pour laisser à leurs langues l’occasion de se rencontrer aussi. Kaori ne contrôlait plus rien. Elle était une boule de feu en fusion. Son corps n’était plus que sensation. Toucher et être touchée étaient tout ce qui lui importait. Elle passa les mains sous le pull de son partenaire, touchant sa peau si chaude. Ce contact électrisa Ryo qui passa les mains sous la robe de Kaori, caressant doucement ses cuisses, la faisant gémir de plaisir.

Ce fut alors qu’il se rendit compte qu’il perdait toute maîtrise. Il retira ses mains et les reposa dans son dos. Doucement, il la fit basculer sur le canapé, s’allongeant à côté d’elle, puis ralentissant le rythme de leurs échanges. Il avait besoin de reprendre le contrôle de son corps qui ne demandait qu’à partir à l’assaut de ce corps tant désiré.

- Ryo., soupira la jeune femme encore sous l’emprise du désir.
- Il faut calmer le jeu, mon ange., lui expliqua-t-il en déposant un léger baiser sur ses lèvres rougies et gonflées.

Elle posa la tête contre son épaule, écoutant les battements de son coeur reprendre un rythme normal. Elle était bien là, lovée contre lui. Elle y serait bien restée toute la nuit. Mais Ryo, ne souhaitant pas qu’Hideyuki les surprit le lendemain matin, la reconduisit jusqu’à sa chambre où il la laissa après l’avoir tendrement embrassée. Même s’ils eurent du mal à s’endormir, leur nuit fut douce et peuplée de magnifiques rêves.

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Ven 24 Avr - 5:28
Chapitre 10

- Rends-moi ça tout de suite Ryo., gronda Kaori, le regard menaçant.
- Non. Je le garde., lui répondit-il, taquin.
- Rends-moi ça.
- Je t’ai dit non. Je l’ai trouvé, je le garde.
- Arrête de faire l’enfant. Rends-moi ça., dit-elle en essayant de l’attraper en s’agrippant à lui.

Rien que pour la sensation de son corps pressé contre le sien, il tendit son bras encore plus haut. Kaori avait les joues rougies par l’effort et la gêne. Il fallait qu’elle récupère son bien à tout prix. Elle ne savait pas pourquoi elle avait oublié de le ranger mais le fait était que Ryo l’avait trouvé et ramassé, d’un air intéressé et plein de convoitise. Et depuis cinq minutes, ils se chamaillaient.

- Rends-moi mon soutien-gorge tout de suite !, s’énerva-t-elle.
- Chut, moins fort ou ton frère va arriver., murmura-t-il d’une voix suave, la faisant frémir.
- Rends-moi mon soutien-gorge., redemanda-t-elle, un ton plus bas.
- Non. Ca me fera une excuse pour te voir revenir et ça alimentera mes rêves., lui dit-il en la déshabillant du regard.
- Tu es fou…, soupira-t-elle, désespérée.
- Oui, fou de toi., répondit-il, en l’enlaçant et l’embrassant.

Ils oublièrent où ils étaient et ceux qui pouvaient arriver inopinément. Ils s’embrassaient comme des affamés. Kaori ne pensait pas qu’il était possible de perdre autant la tête en embrassant quelqu’un. Elle se sentait complètement étourdie, enfermée dans un monde irréel. Soudain, un bruit les fit s’écarter l’un de l’autre, essoufflés, une douce sensation sur les lèvres.

- Kao, il y a quelqu’un qui est là pour toi., l’informa Hide en pénétrant dans la chambre qu’elle quittait.
- Ca va vous deux ?, leur demanda-t-il en les voyant essoufflés.
- Oui, oui. Je… on…, bafouilla Kaori, ne sachant quoi inventer.
- J’essaye de négocier des heures de ménage gratos à ta sœur., sortit Ryo, sans la moindre gêne.
- Tu ne manques pas de culot., lui fit Hide avec un sourire.
- Tu viens, Kao ?

Elle le suivit, Ryo aussi par curiosité, avec toujours le soutien-gorge de Kaori à la main. Elle stoppa net quand elle vit qui était là et Ryo se cogna dans elle. Elle réprima un grognement de désappointement de justesse.

- Ryosuke, quel bon vent t’amène ?, demanda-t-elle, essayant de contenir la colère qui montait en elle.
- Bonjour Kaori. Je me suis dit que si je vous donnais un coup de main, tu aurais peut-être un peu de temps à m’accorder avant d’aller à l’anniversaire.
- Quel anniversaire ?, pipa Ryo, qui n’était pas au courant.
- Mais si, l’anniversaire de Kimiko. C’est une de mes amies et il n’y aura que des filles. Glace et film, tu ne te souviens pas ?, lui dit-elle avec un grand sourire mais un sévère regard d’avertissement, l’air de dire « t’as intérêt à aller dans mon sens ».
- Ah oui, c’est vrai. C’est déjà ce soir ?, rétorqua-t-il, docile.
- Oui, tout à fait., répondit-elle en se radoucissant.
- Donc tu jeunes ce midi ? Parce que sinon tu vas te traîner à l’entraînement lundi., lâcha-t-il soudain.
- Ryo…. Je te conseille de ficher le camp sinon…, le menaça-t-elle, fâchée.

Ryosuke les regardait tous les deux bizarrement. Pourquoi ce malotru traitait-il Kaori ainsi ? Elle n’avait pas un gramme à perdre, elle était belle comme un coeur. Comment pouvait-on être aussi désagréable avec elle ? Il déguerpit sans demander son reste et Kaori se tourna vers Ryosuke.

- Ecoute Ryosuke…
- Je te l’ai déjà dit : appelle-moi Ryo, s’il te plaît., l’interrompit-il, avec un grand sourire.
- C’est gentil de ta part de vouloir m’aider mais je n’en ai pas besoin. Je n’ai plus qu’à ranger mes affaires et je n’ai pas vraiment envie d’être assistée. J’ai besoin de m’acclimater dans le calme., expliqua-t-elle, tentant de rester courtoise.
- C’est super !, s’exclama-t-il laissant Kaori surprise.
- Il n’est que quatorze heures. Tu en as pour quoi, deux heures à ranger. Ca nous laisse encore à peu près deux heures à passer ensemble…, affirma-t-il, confiant.

Kaori étouffa un cri de rage. Elle allait le tuer. Mais il ne comprenait donc rien ! Elle ne voulait pas le voir ! Il ne l’intéressait pas ! Comment pouvait-elle s’en débarrasser sans le froisser et s’attirer les foudres de son frère et Saeko ?

- Ryosuke sérieusement…
- Allez Kaori, je repars demain soir. N’avoir que demain avec toi, c’est trop peu pour apprendre à se connaître. Accorde-moi du temps aujourd’hui, s’il te plaît., la supplia-t-il, la coupant une nouvelle fois.
- Kaori, tu n’oublieras pas de nettoyer ta chambre de fond en comble. Je commence les travaux demain matin., cria Ryo de sa chambre.
- Oui, je sais. Tu vois, je ne peux vraiment pas., fit-elle faussement désolée.
- Je vais aller lui parler. Il n’a qu’à le faire lui-même. Tu n’es pas sa bonniche.
- Non, c’est vrai. Mais il a eu la gentillesse de nous héberger et c’est la moindre des choses de rendre les choses dans un bon état., justifia-t-elle.

Ryosuke abdiqua et s’en alla après lui avoir dit qu’il viendrait la chercher à onze heures le lendemain matin. Elle le regarda partir avec soulagement et se dirigea vers la chambre de Ryo. Elle entra mais ne le vit pas. Elle allait repartir lorsque la porte se referma et elle se retrouva entourée de deux bras puissants.

- Ryo…, soupira-t-elle de plaisir.
- Je mérite une récompense pour t’avoir sauvée, non ?, murmura-t-il d’une voix rauque.
- Oui., dit-elle en se retournant dans ses bras et en l’embrassant.
- Ryo !, entendirent-ils à travers la porte.

Ryo poussa Kaori derrière la porte pour qu’elle ne puisse pas être vue.

- Oui Hide ?
- Tu n’aurais pas vu Kaori ?, lui demanda-t-il, visiblement agacé.
- Non, tu as été voir sur le toit. Elle avait peut-être besoin de prendre l’air., suggéra-t-il et vit son ami acquiescer.
- Je vais voir.
- Au fait, c’était qui le beau gosse qui voulait la voir ?, demanda-t-il feignant la curiosité.
- Ryosuke, le cousin de Saeko.
- Ryosake, quel drôle de nom…, pipa-t-il et Hide sourit, comprenant immédiatement que le type ne plaisait pas à Ryo.

Ryo referma la porte en voyant Hide partir puis se tourna vers Kaori, visiblement inquiète.

- Ryo, il faut qu’on soit plus prudents. Il a failli nous prendre sur le fait deux fois déjà…, dit-elle à voix basse.
- Oui. Viens-là., dit-il en la prenant dans ses bras.

Elle posa la tête sur son torse et profita de ce moment de calme. Elle était si bien dans ce cocon.

- Tu as encore beaucoup de choses à descendre ?
- Un carton et j’ai fini. Je n’aurai plus qu’à déballer., murmura-t-elle à contre coeur.
- Je m’étais habitué à vous avoir autour de moi. Ca va me faire bizarre de me retrouver à nouveau seul.
- Moi aussi, surtout sachant que tu es juste au-dessus, si proche et…
- Pourtant si loin., acheva-t-il en la regardant dans les yeux.

Ils étaient sur la même longueur d’ondes. La séparation physique allait leur être douloureuse. Ils s’observèrent ainsi quelques secondes encore puis Kaori le lâcha.

- Il faut que j’y aille, sinon Hide va retourner toute la maison., soupira-t-elle.
- Kao, quatorze mois. Je te jure qu’à la minute où la formation est finie, je viens chercher toutes tes affaires et tu emménages ici... si tu veux toujours de moi.

Elle lui adressa un merveilleux sourire qui lui réchauffa le coeur puis disparut. Il entendit Hide qui interpellait sa sœur et referma la porte. Il attrapa son otage de dentelle noir et le cacha sous son oreiller, souriant.

Kaori avait été interceptée par son frère qui redescendait du toit.

- T’étais passée où ? Je t’ai cherchée partout., lui reprocha-t-il.
- On a dû se manquer de peu., éluda-t-elle.
- Pourquoi tu n’as pas accepté de passer du temps avec Ryosuke aujourd’hui ?, lui demanda-t-il assez sèchement.
- Parce que j’ai d’autres choses à faire.
- Ca pouvait attendre, Kao.
- Non, parce que demain je dois déjà me le coltiner et que lundi je repars en formation., s’énerva-t-elle.

Oubliant le manque de tact de sa soeur, Hide sourit. Elle en avait assez dit pour qu’il comprit que Ryosuke n’avait aucune chance.

- Te le coltiner, Kaori ?, s’amusa-t-il, soudain plus indulgent.
- Oui, il est collant. C’est de ta faute si je dois passer la journée de demain avec lui., ne manqua-t-elle pas de lui reprocher.
- D’ailleurs j’apprécierai que tu ne cherches plus à jouer les entremetteurs à l’avenir. Occupe-toi de toi plutôt.
- Quoi moi ?
- Oui, toi. Saeko et toi ça fait six mois. Vous envisagez la suite ?
- Occupe-toi de tes affaires, Kao., lui lança-t-il gentiment.
- Tu vois ce que ça fait., répliqua-t-elle avec un clin d’oeil et le quittant.
- Qu’est-ce que je vais faire de toi…, soupira-t-il désabusé.

Il avait conscience que, pour beaucoup, Kaori était une jeune femme timide et un peu trop tendre voire naïve. Mais ce n’était que le premier abord. Dès qu’elle se sentait en confiance, elle savait montrer son côté plus passionné et déterminé. Mais ce côté-là peu le connaissait.

Quelques heures plus tard, Ryo apparut à la porte de leur appartement.

- Toc toc. Je peux entrer ?, demanda-t-il.
- Vas-y Ryo.

Ryo pénétra dans le séjour et regarda autour de lui. Tout était quasiment en place. A vrai dire, ils avaient eu peu de choses à remonter et bouger puisqu’ils avaient tout perdu dans l’incendie. Mais malgré tout, prévoyant l’emménagement, ils avaient acheté le nécessaire et devaient le mettre en place.

- Un soda ?, lui proposa Hide.
- Je veux bien. Ca se passe bien ? Si vous avez besoin d’aide, dis-le., proposa-t-il.
- Ca va. On a quasi fini. De toute façon, je dois retrouver Saeko dans une heure et Kao doit aller à sa fête d’anniversaire. Donc on va arrêter.
- Je vais en ville ce soir. Je voulais proposer à ta sœur de la déposer si ça l’arrangeait.
- Attends, on va lui demander. Kaori !, l’appela-t-il.

La jeune femme passa la tête par la porte de sa chambre. Ryo sourit en voyant la trace de poussière sur son front.

- Ryo va en ville et propose de te déposer. Ca t’intéresse ?, l’informa Hideyuki.
- Je ne voudrais pas déranger… dit-elle, essayant de réfréner le sourire qui ne demandait qu’à éclore.
- Ca ne me dérange pas., répondit-il d’une voix neutre que démentait la flamme qui brûlait dans ses yeux.
- Je veux bien. C’est gentil de ta part. A quelle heure tu dois partir ?
- Dans une heure.
- Je serai prête.

Elle disparut à nouveau dans sa chambre et s’appuya contre le mur tentant de calmer les battements de son coeur. Elle entendit Ryo partir et se précipita dans son armoire pour trouver quelle tenue mettre. Elle opta pour un pantalon noir et un pull mordoré. Elle alla prendre une douche et se maquilla légèrement. Lorsque Ryo vint la chercher, elle était prête. Elle le suivit sans mot dire et grimpa dans la mini à ses côtés.

- Alors je te dépose où pour la fête ?, l’interrogea-t-il avec un sourire en coin.
- Tu sais très bien qu’il n’y a pas d’anniversaire. Dépose-moi où tu veux. Je rentrerai dès qu’Hide sera parti.
- Non. Ce soir, appelle-moi Kimiko si tu le veux. Tu passes la soirée avec moi.
- Mais Ryo, on ne peut pas se montrer ensemble.
- Je sais mais je t’emmène dans un endroit où on ne sera pas vus.

Elle décida de lui faire confiance et regarda par la fenêtre le paysage défiler. Il s’engagea dans un parking souterrain et se gara. Il lui fit signe d’attendre et sortit. Elle le vit prendre un sac dans le coffre puis il vint lui ouvrir la porte. Elle prit la main qu’il lui tendait et, entrelaçant leurs doigts, le suivit. Ils prirent un ascenseur jusqu’au dernier étage puis il la guida vers l’escalier qui menait au toit.

- On a le droit ?, demanda Kaori timidement.
- Oui, je connais le gardien. Et on sera tranquille.

Il posa son sac près de la porte et l’emmena à la rambarde. Il se positionna derrière elle l’entourant de ses deux bras. Il la laissa s’imprégner de la vue. Il aimait venir à cet endroit pour se ressourcer, ressentir les vibrations de sa ville.

- Qu’est-ce que tu en penses ?, lui demanda-t-il, anxieux d’entendre sa réponse.
- Je… je ne sais pas comment t’expliquer., répondit-elle d’une voix émue.
- C’est impressionnant et, en même temps…
- On se sent seuls au monde., acheva-t-il et elle acquiesça.
- J’ai l’impression de sentir la ville pulser sous mes yeux., dit-elle, éblouie.

Elle se laissa aller contre lui et ils contemplèrent la nuit et la ville un long moment, appréciant la compagnie de l’autre en toute simplicité. Puis il la guida vers la porte et s’assit contre le mur où il avait laissé le sac. Il la fit s’asseoir entre ses jambes, sortant une couverture de son sac. Il la serra contre lui, embrassant tendrement sa tempe.

- Tu avais tout prévu ?, dit-elle amusée.
- Oui, il faut avoir de la ressource pour couvrir tes arrières., se justifia-t-il, sur le même ton.
- Tu n’as pas une idée pour me débarrasser de mon rendez-vous de demain ?
- Si. Je peux aller jouer les snipers fous si tu veux.
- Ah ah très drôle., fit-elle en levant le regard vers lui.

Leurs yeux se croisèrent et ils éclatèrent de rire. Ryo jouait avec ses doigts, les caressant, les touchant, les entrelaçant. Kaori le regardait faire, attendrie. Il ne disait pas un mot, perdu dans ses pensées.

- Un sou pour tes pensées., dit-elle, curieuse.

Il la regarda intensément puis observa le ciel, hésitant à tout lui dire. Ca faisait tellement peu de temps qu’ils étaient ensembles.

- Ce qu’on vit tous les deux, ça me fait un peu peur par moments. Ce que je ressens est tellement plus fort que tout ce que j’ai déjà vécu. Ca me donne le vertige. J’ai aussi peur…, s’interrompit-il, visiblement anxieux.
- De quoi, Ryo ?, demanda-t-elle d’une voix douce.
- Que tout ça, mon attirance pour toi ne soit que le résultat de l’interdit parce que tu es mon élève, la sœur de mon meilleur ami.
- Tu crois que, dans quatorze mois, tout s’évanouira ? Que tu ne m’… seras plus attiré par moi ?, l’interrogea-t-elle sans jugement.
- Je ne pense pas. Mais si je veux être honnête, je n’en sais rien, Kaori.

Il la serra plus fort contre lui, cherchant à écraser ce doute insidieux qui le prenait. Elle caressa son bras tendrement. Étonnamment, se dit-elle, sa franchise l’apaisa. Il avait des doutes sur eux, elle aussi. C’était aussi le signe que ça lui tenait à coeur, sinon il s’en ficherait. Le temps ferait son œuvre. Ils devaient se construire.

- Laisse le temps agir. On avancera pas à pas., lui dit-elle, d’une voix sereine.
- Tu es une spécialiste des relations amoureuses ?, répondit-il, légèrement narquois.
- Non. Je nous fais confiance. J’ai envie qu’on forme quelque chose de beau et fort tous les deux.
- J’ai toujours été seul. Je ne sais pas ce qu’est une famille. J’ai perdu mes parents trop jeune pour m’en souvenir et déjà trop âgé pour être adopté.
- Quel âge tu avais ?, demanda Kaori, bouleversée par son histoire.
- Trois ans.
- Je suis désolée, Ryo.

Il respira son odeur, s’en imprégnant. Cette femme, aussi jeune et inexpérimentée soit-elle, devenait le pilier de sa vie. Elle lui apportait une force et une sérénité qu’il n’aurait jamais pensé ressentir.

- Tu n’as pas à l’être, Kaori. Toi aussi tu as vécu la mort de ton père, n’as pas connu ta mère…
- J’ai été adoptée, Ryo., murmura-t-elle et il crut avoir mal entendu.
- Quoi ?
- J’ai été adoptée. Hideyuki est mon frère adoptif. Il ne sait pas que je sais et je préfère que ça reste ainsi.
- Je ne lui dirai rien. Je te le promets, Kaori.
- Je sais. J’ai confiance en toi.

Ils se regardèrent un instant et leurs lèvres se scellèrent en un baiser tendre et aimant. Tous les deux étaient enfermés dans une bulle de tendresse et de chaleur. Ryo déposa un baiser dans le cou de la jeune femme.

- Le jour venu, tu m’apprendras ce qu’est une famille ?, lui demanda-t-il, anxieux.
- Oui. Tu verras, ce n’est pas si compliqué. La base, c’est l’amour.
- Alors il faudra que tu m’apprennes à aimer.
- Tu n’as pas besoin d’apprendre. Il suffit que tu le laisses éclore en toi. Un jour, tu te rendras compte que c’est là.
- Alors il faut du temps. Il nous faut du temps.
- Oui.
- Il faudra que je brûle un bâton d’encens au temple pour remercier le dieu qui m’a fait te rencontrer.
- On le brûlera tous les deux. Moi aussi je dois le remercier de t’avoir mis sur mon chemin.

Ils restèrent là encore deux heures à discuter et profiter du temps qu’ils passaient ensemble. Lorsqu’ils rentrèrent, l’immeuble était plongé dans le noir. Ils montèrent les escaliers silencieusement et Ryo laissa Kaori à la porte de son appartement. Il entendit de loin les bruits caractéristiques de deux amants et se retourna pour voir la tête de Kaori. Elle avait viré au cramoisi mais, face à son regard amusé, elle releva le menton de défi et entra dans l’appartement refermant la porte derrière elle. Ca le fit rire.

Une demie heure plus tard, Ryo fut tiré de ses pensées : quelqu’un tapait à la porte. Il alla ouvrir et découvrit Kaori, les joues rouges, à sa porte.

- Tes voisins sont trop expressifs ?, lui demanda-t-il, amusé.
- C’est peu dire…, soupira-t-elle, se sentant un peu mieux.
- Ca te dérange si je prends le canapé cette nuit ?, l’interrogea-t-elle.

Il lui aurait bien proposé de dormir avec lui dans son lit, mais c’était trop tôt et trop tentant. Il n’était pas sûr d’être capable de rester maître de lui-même.

- Je vais te chercher un oreiller et une couverture.
- Merci.

Il revint et l’aida à s’installer puis la quitta. Arrivé au pied de l’escalier, il fut arrêté par une main sur son bras. Kaori le regardait avec tendresse. Elle l’enlaça et posa la tête sur son coeur. Il la serra contre lui, envahi par un bien-être incommensurable.

- Merci pour cette merveilleuse soirée, Ryo.
- J’espère que tu n’as pas été déçue de ne pas voir Kimiko., plaisanta-t-il.
- Non. Les glaces et les films pour filles, ce n’est pas mon truc. Je préfère être avec l’homme de mes rêves.
- Alors file vite dormir pour le retrouver., murmura-t-il à son oreille.
- On se retrouve au pays des songes ?
- Oui et ce sera à notre tour de réveiller ton frère…, lui dit-il avec un clin d’oeil suggestif.

Elle rougit légèrement et lui sourit. Elle se mit sur la pointe des pieds pour effleurer ses lèvres tendrement puis le laissa.

- A tout de suite, Ryo.
- Fais de beaux rêves, mon ange.
- Si tu y es, ils seront merveilleux., lui dit Kaori avec un de ses merveilleux sourires.

Ryo monta à sa chambre, heureux de savoir sa belle proche de lui. Il repensa à tout ce qu’ils s’étaient dits et s’endormit serein.

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Sam 25 Avr - 5:40
Chapitre 11

Elle avait disparu. Elle n’était pas rentrée. Où était-elle ? Que lui était-il arrivé ? Elle aurait prévenu si elle avait eu un problème. Avait-elle rencontré un fou ? Avait-elle été enlevée par un malfrat qu’ils avaient arrêtés ou sur qui ils enquêtaient ? Il était fou. Il ne pouvait pas la joindre sur son téléphone : elle l’avait oublié dans sa chambre.

- Où est-elle, bon sang ?, se demanda-t-il, paniqué.

Il sortit de son appartement et se rendit chez son ami et voisin. Il tapa à la porte et s’impatienta, trouvant l’occupant trop lent à arriver. Il tapa à nouveau mais son poing ne rencontra que le vide. Il resta un instant hébété puis se reprit.

- Bonjour Hide., l’accueillit un Ryo encore ensommeillé.
- Que me vaut une visite de si bon matin ?
- C’est Kaori., murmura-t-il, angoissé.
- Quoi Kaori ?, répondit Ryo, ne comprenant pas le problème, regardant dans la direction du divan où elle dormait paisiblement.
- Elle n’est pas rentrée et je n’arrive pas à la joindre., souffla-t-il, la voix tremblante.
- Papa Hide est inquiet., le nargua Ryo, hilare.

Hide lui lança un regard noir et bouleversé, alors il lui fit signe de le suivre et lui montra sa sœur endormie. Il n’eut pas le temps de le stopper qu’il la serrait dans ses bras, la tirant de son sommeil.

- Hide…., grommela-t-elle.
- J’étais fou d’inquiétude, Kaori.
- Pourquoi ?, dit-elle se réveillant progressivement.

Saeko arriva entre temps, inquiète de ne pas voir Hide redescendre. Elle n’était pas paniquée : Kaori était jeune et avait bien le droit de découcher. Elle s’inquiéterait dans quelques heures si elle ne revenait vraiment pas. Quand elle le vit étouffer sa sœur, elle se mit à rire.

Hide lui lança un regard gêné. Oui, il avait été un peu excessif. Il pouvait l’admettre maintenant qu’il était rassuré. Il sentait les regards de ses amis sur lui et il se vexa et la moutarde lui monta au nez et il s’en prit à la seule personne qui ne lui en voudrait pas.

- Pourquoi tu ne m’as pas prévenu ? Tu t’imagines à quel point je me suis inquiété ? Pourquoi tu as dormi ici plutôt que dans ta chambre ?, se mit-il à hurler en secouant sa sœur qui, surprise, ne réagit pas immédiatement.
- Hide, je suis désolée…
- Désolée, désolée ? J’en ai rien à faire de tes excuses. Il aurait pu t’arriver n’importe quoi !

Ryo était sur le point d’intervenir trouvant sa réaction excessive mais Kaori repoussa son frère sans ménagement, énervée d’être traitée comme une gamine.

- Ca suffit ! Pour qui tu te prends ? Je suis adulte.
- Adulte ? Tu ne m’as pas prévenu !, lui dit son frère en pointant un doigt accusateur vers elle.
- Tu voulais que je te prévienne ? Quand ? Entre deux gémissements lascifs ou quand tu criais le prénom de ta compagne en plein orgasme ?, hurla-t-elle, en colère.

Lorsqu’elle vit Saeko passer au rouge pivoine, son frère la dévisager gêné et Ryo la regarder amusé, elle prit conscience de ses paroles et mit la main devant sa bouche, horrifiée. Puis soudain Ryo ne tint plus et éclata de rire et tous le suivirent, la tension retombant instantanément.

- Bon, allez, petit déjeuner pour tout le monde, c’est la maison qui régale., dit Ryo en partant vers la cuisine.

Saeko le suivit laissant le frère et la sœur seuls, face à face. Kaori s’approcha de son frère et posa la main sur son bras. Il releva la tête vers elle, un sourire contrit aux lèvres.

- Kaori…
- Merci Hide., dit-elle en posant un regard reconnaissant sur lui.
- De quoi ?, demanda-t-il, ne comprenant pas.
- De t’inquiéter encore pour moi, de tenir à moi, de vouloir ce qu’il y a de mieux pour moi.
- Je… On est une famille, c’est normal, non ?, bafouilla-t-il, ému.
- Oui. Mais tu as Saeko maintenant et moi…, s’interrompit-elle, ne sachant comment formuler sa pensée.
- Toi ?, l’incita-t-il à reprendre.
- Je vais bien, je ne suis plus une enfant. Tu m’as donné les bases pour que ma vie soit belle et épanouie. Alors tu peux t’inquiéter un peu moins pour moi.

Hide, touché par ses paroles, la prit dans ses bras et la serra contre lui. C’était difficile pour lui d’admettre que cette jeune femme était encore il y a quelques temps la petite fille qu’il consolait dans ses bras après des cauchemars ou des bobos.

- Je vais me planter, me faire mal mais tout ira bien. Et je sais que, si j’en avais besoin, tu serais là.
- Toujours, tu auras toujours ta place dans ma vie, Kao.
- Je le sais. C’est ce qui m’aide à évoluer avec confiance. J’ai besoin que toi aussi tu me fasses confiance, Hide., murmura-t-elle, la voix chargée d’émotions, pensant à sa liaison naissante avec Ryo.
- J’ai confiance en toi, ma belle. Il faut juste que j’essaie d’avoir moins peur pour toi., admit-il.

Ryo, qui avait entendu la fin de la conversation, entra dans la pièce, tentant de garder le sourire. Il se sentait coupable d’avoir entraîné Kaori dans cette liaison secrète qui risquait de la ronger.

- Vous venez. C’est prêt., les convia-t-il.

Hide lâcha sa sœur et rejoignit Saeko dans la cuisine, suivi de peu par la jeune femme qui, en passant, frôla légèrement la main de son amant du bout des doigts. Ryo enlaça ses doigts furtivement puis les relâcha tout aussi vite et la suivit dans la cuisine. Ils déjeunèrent tous les quatre dans la joie et la bonne humeur, savourant le plaisir d’être ensemble.

- Alors Kaori, tu as rendez-vous avec Ryosuke ce midi ?, lança Saeko, un petit sourire aux lèvres.

La jeune femme sentit le froid l’envahir. Elle l’avait occulté celui-là. Elle réprima le soupir qui ne demandait qu’à sortir de sa gorge.

- Oui., répondit-elle simplement en baissant les yeux pour éviter son regard.
- C’est super ! Je suis sûre que vous allez passer un agréable moment. Tu vas voir, il est charmant., lui dit-elle avec un clin d’oeil.
- Oui, c’est super., marmonna-t-elle, désabusée.
- Et où comptes-tu l’emmener après le déjeuner ?, demanda l’inspectrice, sur un ton enjoué.

Kaori n’avait pas réfléchi à tout cela, vu ce qui s’était passé depuis vendredi soir. Elle était sur une autre planète et elle se rendit compte qu’elle devrait atterrir avant le lendemain matin, pour retourner au centre de formation l’air de rien. Elle sortit la première chose qui lui vint à l’esprit.

- Au parc de Hibya, c’est la fin du festival des chrysanthèmes. L’arrondissement de Chiyoda est juste à côté de Shinjuku. On ne sera pas trop loin de la gare., dit-elle, en ayant hâte que la journée soit terminée.
- C’est une bonne idée., approuva Saeko.
- Génial, je vais prendre ma douche. Laissez tout, je viendrai débarrasser après., proposa Kaori, se disant que ça lui ferait une excuse pour passer un peu de temps avec Ryo.

Elle les laissa et se réfugia dans la salle de bains à l’étage du dessous. Elle prit une douche rapide et s’habilla d’un col roulé noir et d’un jean un peu large. Elle sortit aussi son plus moche bonnet et sa plus grosse doudoune. Au dernier moment, elle prit également un cache-nez. Elle sortit de sa chambre, son paquetage sous le bras et se dirigea vers les escaliers pour aller accomplir sa tâche. Son frère l’intercepta et elle n’eut d’autre choix que de retourner dans l’appartement.

- On a fait la vaisselle et débarrassé. Tu n’es pas femme de ménage. Profite de ton temps libre avant ta corvée., lui dit-il avec un clin d’oeil.

S’il savait… s’il savait qu’il venait de la priver de son moment de clarté de la journée. Elle s’allongea sur son lit, dépitée, et laissa ses pensées voguer jusqu’à l’arrivée de Ryosuke. Il lui offrit un magnifique bouquet de roses qu’elle prit en le remerciant poliment et mit dans un vase. Puis ils partirent tous deux, laissant un Hideyuki hilare : Kaori avait mis le paquet pour en montrer le moins possible. Si Ryosuke ne comprenait pas le message, c’était le dernier des imbéciles, se dit-il.

Ryosuke emmena Kaori dans un restaurant, lui sortant le grand jeu. Il lui offrit du champagne, les meilleurs plats, du vin, qu’elle refusa, et surtout une démonstration en bonne et due forme de son talent de séducteur. Malheureusement pour lui, ça ne prit pas. Les sourires qui lui répondaient n’étaient que le fruit de l’hilarité contenue de la jeune femme. Mais ces sourires l’encourageaient. Il avait l’impression qu’elle était sous son charme, qu’il avait enfin réussi à la toucher.

- Tu as un sourire ravissant, Kaori., lui murmura-t-il en lui prenant la main.
- Merci, Ryosuke., dit-elle en la retirant.

Elle avait pris l’option de répondre avec le minimum de mots tout en restant polie. Après tout, elle avait la réputation d’être timide. Pour une fois que ça pouvait lui rendre service, elle allait en profiter.

- Appelle-moi Ryo., réitéra-t-il, avec un sourire séducteur.
- Je ne t’appellerai pas Ryo, Ryosuke. Je n’aime pas les diminutifs., lui mentit-elle, sachant pertinemment qu’elle ne voulait surtout pas utiliser le prénom de l’homme qu’elle aimait pour un autre, surtout quand celui-ci l’exécrait.
- On y va ?, proposa-t-elle, souhaitant remettre de la distance entre eux.

Il régla la note et ils sortirent. Kaori l’emmena au parc de Hibya. La journée était froide mais ensoleillée. Il y avait du monde, ce qui plaisait à la jeune femme. Elle avait enfoncé les mains dans ses poches pour les protéger du froid, enfin surtout des mains de Ryosuke. Changeant d’option après le restaurant, elle dirigea la conversation pour la garder sur des sujets neutres comme la beauté des fleurs, l’hiver qui s’annonçait particulièrement froid, le monde qu’il y avait, tout ce qui lui passait par la tête et qui n’amènerait pas le jeune homme à lui faire des compliments ou autre.

Alors qu’ils s’étaient arrêtés devant l’imposant bâtiment en briques rouges du Shisei Kaikan pour admirer son architecture, Ryosuke passa le bras autour des épaules de Kaori qui, sentant cela, se baissa pour refaire son lacet qui venait justement de se défaire… En se relevant, elle reprit la route s’arrêtant peu après pour lui demander ce qu’il attendait. Il pesta intérieurement de son manque de chance. L’après-midi avançant, Kaori les ramena doucement vers Shinjuku et sa gare.

- Tu as mis ton sac à la consigne ?, demanda-t-elle.
- Non, je l’ai déposé à l’hôtel., répondit-il.
- Mais tu ne logeais pas chez Saeko ?, l’interrogea-t-elle, surprise.
- Si. Mais j’ai réservé une chambre pour cette nuit.
- Pourquoi faire puisque tu reprends le train dans une heure ?
- J’ai changé mes plans. J’ai l’intention de passer la nuit avec toi. Tu me plais, Kaori, et je suis sûr que je te plais aussi à en juger la journée qu’on a passée ensemble., lui répondit-il en s’approchant d’elle alors qu’elle le dévisageait éberluée : avaient-ils réellement assisté à la même journée ?

Il la plaqua contre un pilier de la gare et, après avoir baissé son cache-nez, l’embrassa. Il avait à peine posé ses lèvres sur celles de la jeune femme qu’il ressentit une vive douleur à l’entrejambe et se retrouva projeté par terre. Kaori se tenait devant lui, droite comme un i, furieuse.

- Pour qui tu te prends ? Non seulement tu m’imposes ta présence la journée mais il faudrait en plus que j’accepte de coucher avec toi parce que Monsieur en a décidé ainsi ?, cria-t-elle, sous le regard ahuri des passants.
- Alors tu sais quoi : tu vas aller retrouver ta chambre d’hôtel tout seul et, si tu veux avoir de la compagnie, tu iras voir ailleurs ou tu t’occuperas tout seul. Je ne veux plus te revoir, c’est compris ? Tu me dégoûtes, toi et ton charme à deux balles !

Elle s’en alla sans un regard en arrière, furieuse, tremblante de colère. Elle rentra chez elle en claquant la porte de l’appartement, ce qui fit se retourner inquiets Hide et Saeko.

- Ca va, Kaori ?
- Parfaitement !, cria-t-elle en partant dans sa chambre.

Elle en ressortit deux minutes après en tenue de sport, écouteurs aux oreilles.

- J’ai besoin de me défouler. Je vais courir.
- Kaori, attends. Que s’est-il passé ?, demanda Saeko, inquiète.
- C’est Ryosuke ?
- Ton charmant cousin, railla-t-elle, a pris la liberté de repousser son départ à demain matin.
- Comment ça ?
- Il avait réservé une chambre d’hôtel pour qu’on y passe la nuit ensemble. Au fait, tu m’excuseras parce que j’ai dû me défendre quand il a essayé de m’embrasser sans mon accord. Je lui ai peut-être fait un peu mal., l’informa-t-elle, sans une once de compassion, puis elle ressortit.
- Je suis désolée, Hide. Je ne savais pas., s’excusa Saeko en se tournant vers son compagnon.
- Ne t’inquiète pas, elle s’en remettra. Il ne lui est rien arrivé. Elle a su se défendre. Elle va évacuer sa colère en courant et tout cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir…

Néanmoins, Saeko ne put s’empêcher de téléphoner à son cousin pour lui demander des explications et lui dire ses quatre vérités. Elle raccrocha et sourit.

- Mon cousin m’a juré qu’il ne l’approcherait plus. Il soigne son ego., expliqua-t-elle à Hide qui se dit qu’il aurait bien aimé lui mettre une correction également mais bon, il avait décidé de moins interférer dans la vie de Kaori.

La jeune femme courut une bonne heure jusqu’à ce que la colère tomba et que le froid ne la rappela à l’ordre. Elle rentra à l’appartement et se dirigea vers la salle de gym que Ryo leur avait dit pouvoir utiliser. Elle ne savait pas où il était et espérait un peu tomber sur lui. Il lui manquait et le voir lui aurait permis de mieux terminer sa journée. Mais elle fut déçue en arrivant et ne le trouvant pas. Elle tapa dans le sac de boxe un bon quart d’heure puis enchaîna plusieurs exercices de renforcement avant de finir par des étirements. Elle se sentait mieux, ayant évacué toute la tension qui l’avait gagnée. Elle referma les lumières et remonta doucement vers son appartement, se dirigeant vers la salle de bains pour prendre un bon bain.

Quelques minutes après son départ, Ryo pénétra dans la salle de gym à son tour. Il sentit dans l’air le parfum de sa bien aimée et regretta de ne pas être arrivé un peu plus tôt pour pouvoir la voir. La journée lui avait semblé longue sans elle et il s’était inquiété de savoir comment son rendez-vous avec Ryosuke s’était passé. Tournant en rond dans son appartement, il avait fini par sortir, surtout qu’il ne voulait pas embêter le couple d’amoureux qui s’était enfermé dans l’appartement du dessous. Il avait erré dans Shinjuku. Les rues étaient parées de leurs plus beaux atours pour célébrer l’arrivée de Noël. Bien évidemment, il mourait d’envie d’aller au parc d’Hybia et de perturber leur rendez-vous mais abandonna l’idée : il ne voulait pas attirer l’attention.

Finalement, étant entouré de personnes de bonne humeur commençant leurs emplettes pour la fête, il se laissa gagner par l’ambiance et laissa glisser son œil sur les vitrines. Jusqu’à maintenant, Noël avait toujours été un jour comme les autres pour lui. Pour le jeune délinquant qu’il avait été, si le jour en lui-même n’avait jamais eu aucune signification, les journées précédant cette fête étaient des jours propices pour multiplier les petits larcins. C’était d’ailleurs comme cela qu’il avait fait la connaissance d’Hideyuki. Se remémorant ces souvenirs et les comparant à sa situation actuelle, il ne put s’empêcher de sourire face au grand écart qu’avait fait sa vie. Sans Hide, il aurait fini sa vie de l’autre côté des barreaux. Grâce à lui, il avait trouvé sa place dans la société. Grâce à Hide, il avait trouvé Kaori et, grâce à Kaori, il connaîtrait peut-être enfin le bonheur d’aimer et d’être aimé, d’avoir une famille… Alors oui, pour lui, cette année, Noël commençait à prendre une autre dimension.

Il remonta après une heure d’exercice, agréablement fourbu. Il s’arrêta un instant devant la porte de l’appartement de Kaori et Hydeyuki. N’ayant aucune excuse pour pouvoir voir la jeune femme, il soupira et continua son chemin. Il aurait tant aimé pouvoir la tenir dans ses bras un instant, sentir sa chaleur l’envelopper, poser ses lèvres sur les siennes. Quatorze mois. Quatorze mois à devoir trouver des excuses pour passer du temps avec celle qui occupait une place importante dans son coeur, à devoir se cacher du regard des autres, à ignorer ses sentiments qui les liaient en public…

- Dis Saeko, tu crois que ton cousin et ma sœur pourront se retrouver à proximité l’un de l’autre sans s’étriper ?, demanda soudain Hideyuki à Saeko à brûle pourpoint.
- S’il ne cherche pas à l’approcher, peut-être. Encore faudrait-il qu’ils aient une raison de se revoir…, répondit-elle en haussant les épaules.
- Une raison de se revoir… Oui, c’est vrai à part si on se marie, il n’y a pas de raison qu’il se revoient., laissa-t-il échapper, l’air de rien, un petit sourire aux lèvres.

Saeko mit quelques secondes à réagir puis se tourna lentement vers lui.

- Hideyuki Makimura, que mijotes-tu ?, demanda-t-elle suspicieuse.
- Moi ?, fit-il innocemment puis il se mit un genou à terre devant elle qui était complètement ébahie.
- Je me demandais si la jeune femme impétueuse et indépendante que j’aimais de tout mon coeur accepterait de devenir ma femme., déclara-t-il en sortant un écrin de sa poche.

Elle le regarda les larmes aux yeux, sans y croire. Il… il … il la demandait en mariage. Il voulait faire d’elle sa femme. Il voulait la garder avec lui toute sa vie malgré ses défauts. Elle le regarda au fond des yeux et vit tout l’amour qu’il lui portait et elle en trembla. Il l’aimait comme elle l’aimait. Il la regardait impatient, très nerveux, et attendait sa réponse.

- Ce n’est pas une plaisanterie ?, rétorqua-t-elle, ayant besoin d’être rassurée.
- Non. Je veux avoir l’honneur de t’avoir jour après jour dans mon existence, de m’endormir auprès de toi le soir et m’y réveiller le matin, de fonder une famille avec toi, de vieillir avec toi. Alors Saeko, acceptes-tu d’être ma femme ?
- Je… Oui, Hideyuki., murmura-t-elle, un grand sourire venant éclairer son visage.

Il lui passa la bague au doigt et la souleva dans ses bras, l’étreignant à l’étouffer. Ils s’embrassèrent passionnément, savourant leur bonheur. Pendant ce temps, deux êtres que la vie tenait éloignés l’un de l’autre se languissaient…

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[ROMANCE/AU] CLANDESTINS [MERCURY80] Empty Re: [ROMANCE/AU] CLANDESTINS [MERCURY80]

Dim 26 Avr - 6:24
Chapitre 12

Kaori arriva au centre de formation fatiguée. Elle n’avait pas bien dormi, essayant de lister tout ce qu’elle ne devait pas faire en présence de Ryo pour ne pas se faire prendre. Elle avait vécu sur un beau petit nuage pendant deux jours mais, aujourd’hui, à la lumière blafarde du jour, elle se disait qu’elle avait fait une erreur monumentale. Pourquoi n’avait-elle pas eu la patience d’attendre quelques mois avant d’entamer cette liaison qu’elle chérissait de tout son coeur mais qui risquait de leur coûter leur place à tous deux ? Elle savait qu’elle avait forcé la main à Ryo, qu’elle avait su trouver les mots pour le convaincre de faire ce qu’elle voulait. Lui avait voulu être prudent. S’il leur arrivait quelque chose, ce serait de sa faute.

Elle le vit soudain près de la porte d’entrée en pleine conversation avec Hide et Saeko et elle eut l’impression qu’elle allait s’évanouir : son coeur battait plus fort à le voir et se serrer douloureusement de savoir dans quel pétrin ils étaient par sa faute. Elle se força cependant à avancer, affichant un masque neutre sur son visage.

- Bonjour Inspecteur, Lieutenants., dit-elle en passant.
- Bonjour Kaori., répondirent-ils tous trois.

Ryo regarda la jeune femme passer et s’inquiéta. Elle était livide, les yeux cernés. La lueur qui dansait dans ses yeux avait disparu laissant place à une tristesse indéfinissable. Que s’était-il passé ? Etait-ce ce maudit Ryosuke qui avait réussi à la miner à ce point ? Que lui avait-il fait ? Et si ce n’était pas lui ? Si elle avait des regrets ? Il devait en avoir le coeur net mais il devrait attendre, l’endroit n’était pas adapté.

- Elle n’a pas l’air en forme. Tu sais ce qu’elle a ?, demanda Saeko, culpabilisant un peu.
- Non, je ne sais pas. Et je ne le saurai pas avant ce soir, si encore elle veut bien m’en parler., répondit Hide, légèrement inquiet.

Dans l’amphithéâtre, l’ambiance était aussi froide. A peine Kaori était-elle entrée que Reika la harponna.

- Alors Kaori, tu as passé un bon week-end ? J’ai été surprise d’apprendre que tu savais t’habiller comme une fille sexy. Dommage que tu sois si frigide…, lui dit-elle, d’une voix narquoise, faisant profiter l’ensemble de l’assemblée.

Kaori alla s’asseoir et ne dit rien. Elle ne voulait pas rentrer dans son jeu.

- Pour une fois qu’un beau gosse s’intéresse à elle, Madame joue les vierges effarouchées et ne se laisse même pas embrasser., railla-t-elle.

Elle attendit en vain une réponse de la part de la rouquine.

- Ne me dis pas que tu es vierge de ce côté-là également ?, fit Reika, faussement horrifiée, sous le regard amusé de leurs camarades de classe.

Si elle savait... Jusqu’à vendredi soir, elle aurait eu raison. Mais non, elle avait reçu son premier baiser de l’homme même que Reika convoitait. Elle lui aurait certainement coupé le sifflet si elle le lui avait dit. Mais ça ne la concernait pas et elle ne pouvait pas le dire.

- Mais si. Décidément tu as beaucoup de choses à apprendre, Madame la tireuse d’élite. Tu n’auras qu’à demander à ton partenaire, il se fera un plaisir de t’initier. C’est un pro de cette gâchette-là aussi. Ah ben non, c’est vrai, c’est interdit par le règlement.

Kaori bouillait intérieurement. Reika avait connu Ryo avant elle et elle en fut jalouse. En même temps, elle avait envie de pleurer. Sur ce coup-là, Reika lui avait fait mal sans le savoir, très mal même. Mais elle réussit à garder son calme, ce qui énerva Reika.

- Pourquoi tu ne dis rien ? Tu es tellement idiote que tu ne te défends même pas ?, hurla-t-elle à travers les rangées.
- Tu n’as pas encore compris que, lors d’un interrogatoire, on ne fait pas les questions et les réponses ? De nous deux, qui est l’idiote d’après toi ?, la toisa Kaori d’un air dédaigneux et elle se retourna voyant l’instructeur arriver.

Hideyuki se rendit compte du silence pesant qui régnait dans la salle et, la balayant des yeux, vit Reika, pâle de rage, les poings serrés, tournée vers… Kaori indifférente et blasée. Il secoua la tête. Encore deux mois à les supporter en cours…

- Bonjour tout le monde., lança-t-il et il vit Reika tourner le regard vers lui.

Sa future belle-sœur était très énervée. Il la vit se rasseoir rageusement pendant que ses amis détournaient le regard, gênés. Il commença son cours, jetant de temps à autre un œil vers les deux jeunes femmes. Si les yeux de Reika avaient été des mitrailleuses, Kaori n’aurait pas eu assez des neuf vies d’un chat…

Lorsque le cours se termina, chacune partit de son côté au grand soulagement de tous. Hideyuki retrouva Saeko dans le hall d’entrée. Elle lui adressa un merveilleux sourire qui lui réchauffa le coeur et fit baisser la tension qu’il avait ressentie.

- Tu as l’air contrarié. Qu’y a-t-il ?
- Je pense que nos sœurs se sont encore pris la tête.
- Ca faisait un moment qu’on n’avait pas eu d’éclats. Il fallait s’en douter.
- Il faut que je mette à pied Kaori cette fois-ci ?
- Pourquoi ? A tous les coups, c’est encore Reika qui a sorti les griffes. Ce n’est pas le genre de ta sœur de s’épancher en public.
- En effet. Vivement fin janvier. On aura un mois de paix et après on devra les supporter au commissariat.

Ils se regardèrent et sourirent : ils n’avaient pas fini d’en baver. En plus, ils auraient les réunions de famille par la suite… Ils allaient assister à de grands moments de plaisir.

- En tous cas il faudra qu’on les briefe pour le jour j. Je refuse d’assister à une esclandre le jour de notre mariage., soupira Saeko, redoutant l’affrontement avec sa soeur.
- Ai-je entendu le mot mariage ?, demanda Ryo qui était arrivé entre temps.
- Alors ça y est, vous vous êtes décidés ?, reprit-il heureux pour eux.
- Oui. Elle a accepté ma demande hier soir.
- Félicitations. C’est quoi cette histoire d’esclandre ?
- Rien. Je pense que Reika et Kaori se sont encore données en spectacle ce matin., expliqua Hideyuki.
- Il faudrait les mettre dans un ring toutes les deux et les laissait se taper dessus une bonne fois pour toute., lâcha Ryo, à moitié sérieux.

Saeko et Hide le regardèrent stupéfaits. Il haussa les épaules.

- Sinon je les fais s’affronter en duel au revolver mais là ce sera définitif.
- Tu plaisantes, j’espère., lui demanda Saeko, interloquée.
- Oui, bien évidemment… en tous cas pour le duel. Les faire s’affronter au combat main à main n’est peut-être pas une si mauvaise idée. Réfléchissez-y. Hide, si tu es d’accord, je vais faire l’entraînement de Kaori ce soir. Ca vous laissera le temps de planifier les choses.
- D’accord. Ryo, je n’ai pas encore prévenu ma sœur. Tu gardes ta langue ?
- Promis. Mais tu me devras un service.
- Ca marche.

Ryo les laissa satisfait. Il avait une excuse pour passer du temps avec elle ce soir. L’entraînement au combat qu’ils avaient tous trois entrepris de lui donner en plus du cours normal avait porté ses fruits. Il était presque certain que les deux jeunes femmes seraient sur un pied d’égalité, c’était pourquoi il ne plaisantait qu’à moitié en proposant de les laisser se battre. Ainsi elles pourraient extérioriser leur colère dans un cadre défini. Ce serait pour lui moins risqué que d’attendre l’explosion qui arriverait tôt ou tard.

Les cours reprirent. La boucle de cinq kilomètres était un lointain souvenir et tout le monde arrivait à tenir maintenant les dix kilomètres. Ryo prit place au milieu du groupe. Comme à son habitude, Reika se mit devant lui pour le faire profiter du spectacle. Comme à son habitude, Ryo n’en avait que faire. Kaori regarda le manège de la brune puis dévia le cours de ses pensées. Elles reprirent le cours qu’elles avaient suivi le matin. Regardant Ryo, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle se sentait perdue entre ce qu’elle voulait et ce qu’elle devait faire. Ce qui lui avait paru si clair lorsqu’elle était dans ses bras vendredi et samedi soir était beaucoup plus nuancé à présent. Elle avait cédé à ses pulsions sans se soucier du lendemain. Ca ne lui était jamais arrivé auparavant, ce qui la rendait d’autant plus perplexe.

Elle qui avait affirmé avoir confiance en eux finalement en venait à douter. Elle se sentait bouleversée, sur le point de craquer, et s’arrêta pour contenir la nausée qui la prenait. Elle pencha la tête en avant, les mains appuyés sur ses genoux, pour reprendre son souffle quand elle entendit quelqu’un arriver. Une main chaude se posa sur le bas de son dos, une main qu’elle reconnut et qui lui fit du bien.

- Kaori, ça va ?, demanda Ryo, inquiet.
- Non. C’est trop dur., dit-elle simplement en levant les yeux vers lui.

Il y lut tout ce qui se passait : ses doutes, ses peurs, son amour, ses envies… Il comprit que ce n’était pas l’exercice physique auquel elle faisait allusion.

- Un pied devant l’autre, Kaori. Pense à respirer. Aie confiance., tenta-t-il de l’encourager à mi-mots.

Il lui fit un petit sourire et contint la main qu’il voulait tendre vers sa joue. Il regarda derrière lui et, voyant les élèves hors de portée, lui dit :

- Toi et moi avons une séance d’entraînement au combat ce soir. Je compte sur toi ?, lui demanda-t-il en la fixant intensément.

Il se fichait bien de savoir si elle serait présente à la séance. Il voulait savoir s’il pouvait compter sur elle pour croire en eux.

- Oui., murmura-t-elle, esquissant son premier sourire de la journée.
- Ne me pose jamais un lapin, Kao. Je ne le supporterai pas., lui avoua-t-il d’une voix intense.

Elle secoua négativement la tête.

- Je serai là. C’est promis., affirma-t-elle, en pensant à bien plus que la séance du soir.
- Allez, dépêchons-nous de rejoindre les autres., l’enjoignit-il et il reprit la course suivi de peu par Kaori.

Le cours se termina tranquillement, ponctué des piques plus ou moins venimeuses de Reika. Kaori laissa glisser. Elle avait repris sa place, les pieds sur terre, la tête… enfin le coeur dans les nuages. Alors tout ce qui pouvait se dire autour d’elle ne la touchait pas. Elle rentra chez elle, le coeur léger, frémissante d’excitation à l’idée de passer du temps avec Ryo. Elle se changea et attendit qu’il vint la chercher. Lorsqu’il frappa à la porte, elle sauta du canapé et se précipita pour ouvrir. Elle se morigéna devant la porte. Toutefois elle ne tint que deux secondes après avoir ouvert avant de se jeter à son cou et l’embrasser passionnément. Ryo la plaqua contre le mur et lui rendit son baiser avant de reprendre ses esprits et s’écarter.

- Ton frère ?
- Pas là., répondit-elle en reprenant ses lèvres et se serrant contre lui.

Ryo sentait sa compagne contre lui, pressée sans aucune retenue tout le long de son corps. Elle ne se rendait pas compte de l’effet qu’elle lui faisait, du désir qu’elle attisait en lui en laissant ses mains vagabonder sur son corps, sa bouche et sa langue jouer avec les siennes. Il ne pouvait la laisser continuer ainsi. Il connaissait les signes précurseurs : bientôt il ne maîtriserait plus rien. Il s’écarta doucement d’elle, entendant son gémissement de mécontentement.

- Doucement mon ange. Je ne suis qu’un homme., lui murmura-t-il.
- Et ?, demanda-t-elle sans comprendre.
- On a encore le temps avant de passer à l’étape suivante., lui expliqua-t-il en se pressant légèrement contre elle.

Elle sentit son désir contre sa cuisse et rougit. Elle baissa les yeux, gênée et en même temps ravie d’avoir cet effet-là sur lui. Mais il avait raison : ils avaient encore le temps et elle ne sentait pas encore prête. Il lui releva le menton doucement et déposa un baiser léger sur ses lèvres. Puis il prit sa main et ils descendirent à la salle de gym. Après quelques minutes d’échauffement, ils commencèrent leurs exercices de combat. Ils enchaînèrent différentes prises en silence, profitant simplement de la présence de l’autre. Au bout d’une demie heure, ils firent une pause et s’assirent l’un à côté de l’autre. Ce fut Ryo qui brisa le silence.

- Qu’est-ce qui t’a mis dans cet état ce matin ?
- Je… Rien. Ne t’inquiète pas., répondit-elle en baissant les yeux.
- Kao, parle-moi. Je ne suis pas là que pour les baisers, même si c’est très plaisant. C’est aussi ça un couple : être là l’un pour l’autre.
- Je m’en suis voulue de nous avoir mis dans cette situation.
- Tu ne m’as pas violé que je sache. J’étais parfaitement volontaire et au courant des risques.
- Je sais mais j’ai paniqué., admit-elle d’une petite voix, se sentant lâche.

Il passa un bras autour d’elle et l’attira vers lui. Elle posa la tête contre son épaule, sa chaleur l’apaisant immédiatement.

- Je vais te répéter des paroles de sagesse que j’ai entendues il y a peu : je nous fais confiance. Tu te souviens qui a dit cela ?, murmura-t-il à son oreille, la faisant frissonner.
- Oui. Moi., souffla-t-elle, émue.
- J’y crois, Kaori. Je ne te dis pas que je n’ai pas peur de ce qui peut se passer, mais j’y crois. Et toi ?
- Moi aussi. J’ai juste vraiment eu peur. Je suis désolée.
- Ne le sois pas. Mais ne m’exclue pas en te murant dans le silence. Viens me parler. Si vraiment c’est trop dur pour toi de tenir le secret, on en parlera d’abord à ton frère et peut-être que lui aura une idée.
- Promis. Merci Ryo.
- De rien mon ange. Allez, maintenant lève-toi et viens prendre ta raclée., la défia-t-il.
- Tu peux toujours rêver. C’est moi qui vais te botter les fesses.
- Ah oui ? J’adorerai cela., rétorqua-t-il d’un ton suggestif, ce qui la fit rougir.

Ils reprirent l’exercice et se battirent l’un contre l’autre, s’envoyant valser au sol mutuellement. Au fur et à mesure des prises, l’écart entre les deux corps diminua et progressivement lorsque l’un tombait, l’autre atterrissait dessus. Les mains se firent baladeuses, les regards se croisèrent plus ou moins longuement et leurs lèvres finirent par se sceller pour ne plus se quitter. Ils roulaient sur les tapis, hors d’haleine, complètement oublieux du monde qui les entouraient. Ils étaient enfermés dans un monde de sensualité et de douceur, un monde chaud et beau, un monde où ils étaient sereins et bien… et seuls…

Ils s’écartèrent un moment l’un de l’autre, haletants. Ils se regardèrent et se sourirent avec beaucoup de tendresse. Kaori posa la main sur la joue de son amant et la caressa lentement, appréciant la sensation sous ses doigts. Elle laissa son pouce errer sur ses lèvres.

- Je suis bien avec toi, Ryo., murmura-t-elle.
- Je me sens enfin entière dans tes bras.

Ryo passa les doigts dans ses cheveux, les caressant doucement. Il l’attira doucement vers lui.

- Moi aussi je suis bien avec toi. Tu m’apportes l’équilibre qui me manquait. Ne doute plus de nous, mon ange.
- Je te le promets, Ryo.

Il prit ses lèvres avec douceur, tentant de lui faire ressentir tous les sentiments qu’elle faisait naître en lui. Elle répondit avec autant d’intensité. Ils s’écartèrent à nouveau un instant puis leurs visages se rapprochèrent encore.

Soudain la porte s’ouvrit et Hide apparut.

- Ryo ? Kaori ?, dit-il, d’une voix blanche, sa sœur, Ryo...
- Tiens encore un moment, Kaori. Tu sens tes muscles se tétaniser ?, improvisa Ryo pour noyer le poisson.
- Oui… Encore longtemps ?, demanda-t-elle, évitant de regarder son frère et l’expression qu’il pouvait avoir.
- Un peu. Oui, Hide ?, interrogea Ryo, lançant enfin un regard sans faille vers son ami.
- Euh… j’étais venu vous dire que le repas était prêt., bafouilla-t-il, plus très sûr de ce qu’il avait vu.
- On finit et je la libère dans cinq minutes.
- Ok. Mais joins-toi à nous s’il te plaît., reprit Hide, d’un ton plus sûr.
- Merci. On arrive.

Hide leur lança un dernier regard et repartit, fermant la porte derrière lui. Il resta pensif un instant, se demandant si… puis secoua la tête et remonta. Entendant les pas d’Hide s’éloigner, Kaori reposa la tête sur l’épaule de Ryo, soupirant de soulagement.

- Tu crois qu’il y a cru ?, demanda-t-elle, inquiète.
- Je ne sais pas. Je pense. Il ne m’a pas tué, c’est déjà un bon signe, non ?
- Oui.
- Un dernier baiser avant la prochaine occasion., quémanda-t-il.

Elle ne se fit pas prier et l’embrassa tendrement. Il la serra contre lui puis la relâcha et la laissa se relever, la suivant. Ils remontèrent et, après s’être changés chacun de leur côté, rejoignirent Saeko et Hide dans la salle à manger.

- Ca a l’air délicieux, Hide. J’ai une faim de loup., s’exclama Kaori, enthousiaste.

Saeko et lui la regardèrent ahuris. Quel changement depuis le matin…

- Ca va Kaori ? Parce que ce matin ce n’était pas la forme., demanda Saeko, curieuse.
- Oh oui, ça va. Juste une baisse de régime. Je n’avais pas bien dormi., dit-elle en agitant la main.
- Après dix kilomètres de course à pied et la séance de combat, j’ai l’estomac dans les talons. C’est normal, non ?
- Oui, certainement., répondit Hide, légèrement soucieux.
- C’est en quel honneur tout cela, aniki ? Un tel festin, un soir de semaine, tu as quelque chose à fêter, non ?
- Oui, j’ai quelque chose à vous dire., annonça Hideyuki, légèrement embarrassé.

Ryo sourit, voyant le manège de son ami. De quoi avait-il peur ? De la réaction de Kaori ? Que serait-ce face au préfet de police ? Il se marra intérieurement mais soudain son hilarité s’évapora et il déglutit : un jour lui aussi pensait demander à Hide la main de sa sœur et il ne ferait certainement pas le fier, surtout au vu de la relation secrète qu’il avait déjà avec elle. Il jeta un regard en coin vers elle. Elle attendait légèrement nerveuse.

- J’ai demandé Saeko en mariage et elle a dit oui., dit-il en prenant la main de sa fiancée.
- C’est génial ! Félicitations à vous deux !, dit-elle en faisant le tour de la table et prenant Saeko dans ses bras.
- C’est prévu pour quand ?, continua-t-elle, enjouée.
- Le quatorze février.
- A la saint Valentin. C’est très romantique.

Kaori se rassit et ils continuèrent à discuter du mariage pendant le repas. Ryo regardait Kaori dont le sourire s’étendait d’une oreille à l’autre. Elle était heureuse pour son frère, ça se voyait. C’était presque le même sourire que celui qu’elle avait quand ils étaient ensemble et ça lui fit du bien de savoir que ce n’était pas feint.

- Ryo, je voulais te demander : accepterais-tu d’être mon témoin ?, lui demanda Hide.

Ryo le dévisagea, surpris. Il ne s’était jamais posé la question. Il se sentit honoré qu’Hide le lui demanda. Il sentait le regard apaisant de Kaori sur lui.

- Oui, avec grand plaisir., dit-il ému.
- Merci. Maintenant que je sais que tu viens, il te restera à me dire si tu seras accompagné ou non., plaisanta Hide.

A ces mots, Kaori se leva et prit deux plats pour les ramener à table. Elle voulait échapper aux yeux présents le temps de se remettre de cette remarque de son frère. Ryo avait une réputation. On s’attendait à le voir arriver accompagné. Elle ne supporterait jamais de voir une autre qu’elle se pendre à son bras. Kaori entendit par la porte ouverte la suite de la conversation.

- J’ai déjà dans l’idée que tu auras une prétendante : ma sœur. Elle ne sera plus élève à ce moment-là. Plus rien ne l’empêchera de te courir après et toi d’y répondre., suggéra Saeko avec une pointe de colère dans la voix.
- Ta sœur ne m’intéresse pas, Saeko. Même dans deux mois. Je regrette ce que j’ai fait l’année dernière. Ca n’efface pas la faute mais je regrette sincèrement. Non, si je dois venir accompagné, je ne vois que deux personnes possibles pour qu’il n’y ait pas d’équivoques., dit-il, un petit sourire aux lèvres.

Kaori, curieuse, approcha de la porte et le regarda. Elle voyait le dos des futurs mariés mais pouvait voir la lueur qui dansait dans les yeux de Ryo.

- Je doute cependant que le futur marié me laisserait aller à son mariage avec son épouse.
- Idiot., murmura Hide avec un sourire.

Kaori était en accord avec son frère et son regard n’échappa pas à Ryo qui sourit.

- La deuxième, c’est qui ?, demanda Saeko, curieuse.
- Après avis favorable du chef instructeur, chef de groupe et frère de la personne en question, ce serait ma partenaire de travail., osa-t-il enfin, en apparence serein, mais intérieurement anxieux.
- A partir du moment où tu n’as pas une attitude déplacée en public avec ladite personne, le chef instructeur et chef de groupe n’a rien à dire. Le frère t’a déjà fait ses recommandations il y a quelques mois.

Kaori fronça les sourcils à ses mots. C’était quoi cette histoire de recommandations ? Elle aurait une bonne explication avec son frère. Il allait voir de… rien du tout. Si elle mettait les pieds dans le plat, elle devrait tout lui dire et elle ne pouvait pas, pensa-t-elle en se mordant la lèvre.

- Ne te reste qu’à demander à la demoiselle en question si elle est d’accord pour accompagner son partenaire de travail., poursuivit Hide et il se tourna vers la porte.
- Alors Kaori, tu en penses quoi ?
- Ca pourrait être pire., laissa-t-elle échapper, ne sachant quoi répondre pour ne pas se trahir.
- Mademoiselle est trop bonne., fit Ryo d’un ton pincé.

Hide et Saeko se mirent à rire face à l’air vexé de leur ami. Intérieurement, ce dernier effectuait une petite danse de la victoire. Il allait pouvoir sortir en public avec la femme de son coeur et pas n’importe où. Il serait à ses côtés, pourrait danser avec elle, plaisanter avec elle… C’était un sentiment merveilleux.

Kaori revint s’asseoir à ses côtés, lui coulant un regard tendre. Elle aussi était heureuse.

- D’ailleurs, pour parachever le tout, je serais honorée si ta cavalière acceptait d’être l’une de mes demoiselles d’honneur., demanda Saeko, hésitante.
- Saeko, j’en serais très honorée. Mais je ne veux pas créer de situation conflictuelle avec Reika ce jour-là., l’informa Kaori, émue.
- Laisse-moi gérer ma sœur. Ca me ferait vraiment plaisir que tu acceptes.
- Je… D’accord. Mais si tu veux que je me retire, n’hésite pas. Je ne t’en voudrai pas. Vous êtes heureux à deux, c’est le plus important.

Saeko adressa un sourire chaleureux à sa future belle-sœur. La soirée continua paisiblement jusqu’au moment où ils se séparèrent. Hide et Saeko finissaient de débarrasser dans la cuisine après le départ de Ryo et ils avaient invité Kaori à aller se coucher.

- Hide ?
- Oui.
- Tu l’as vu ?

Il acquiesça, soucieux.

- Que vas-tu faire ?
- Rien.

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Lun 27 Avr - 5:43
Chapitre 13

Noël était arrivé avec ses flocons de neige et ses réunions familiales. Hide et Kaori avaient décidé de convier leurs moitiés, officielle et officieuse, à passer le réveillon chez eux. La jeune femme avait passé une bonne partie de la journée derrière les fourneaux préparant un repas de fête appétissant. Hide avait observé sa sœur s’affairer avec enthousiasme et bonne humeur, tentant de l’aider jusqu’à ce qu’il se fit éjecter de la cuisine. Il s’était cantonné à mettre la table et arranger la décoration puis il avait attendu patiemment l’heure d’aller se changer. Un quart d’heure avant l’arrivée prévue des invités, Kaori déboula en panique.

- Tu peux surveiller la cuisson du dernier plat, s’il te plaît ? Il suffit de touiller et de l’arrêter dans huit minutes. Pas une de plus. Je n’ai pas vu l’heure. Je dois aller me préparer., débita-t-elle sans reprendre son souffle.

Hide s’était approché d’elle et posa les mains sur ses épaules.

- Respire, Kao. Tout va bien. Ce n’est pas un concours. Je vais gérer. Va prendre ta douche et te changer sans courir. On t’attendra. D’accord ?
- Merci. Six minutes., dit-elle en le laissant après avoir regardé sa montre.

Il entendit la porte de la salle de bains se fermer puis la douche se mettre en route. Il sourit et vérifia l’heure. Il ne lui ferait pas louper son repas. Il alla donc en cuisine et attendit patiemment le délai. Il observa tous les plats sur la table et se demanda comment elle avait réussi à faire tout cela en une journée. Il entendit qu’elle sortait de la salle de bains pour aller à sa chambre, chantonnant gaiement un air de Noël. Elle était sur un petit nuage et ça faisait plaisir à voir. Une minute à peine après, on toqua à la porte. C’était Saeko suivie de peu par Ryo qui était descendu quand il avait entendu son amie monter.

- Joyeux Noël à tous les deux !, les accueillit Hide.
- Joyeux Noël, mon amour !, répondit Saeko en embrassant son fiancé.
- Joyeux Noël tout seul ! Et mon bisou à moi ?, chouina Ryo, l’air dépité.
- Viens-là mon Ryochou., lui dit Hide en s’approchant, goguenard.
- Euh non, ça va aller. Ta sœur n’est pas là ?, demanda Ryo, ne voyant pas la jeune femme arriver.
- Elle se change. Elle ne devrait plus tarder. Venez, je vais vous servir un verre., les invita le maître de maison.

Ils s’assirent sur le divan, un verre à la main, et Kaori les rejoignit quelques minutes plus tard, ayant revêtu la robe noire qu’elle avait déjà mise quelques semaines plus tôt.

- Elle te va toujours aussi bien., lui dit Saeko en embrassant la jeune femme qui rougit légèrement.
- Bonjour partenaire. Hide, ça peut devenir la tenue réglementaire pour les femmes ? C’est plus sympa que le bleu police…, proposa Ryo, cachant le désir qui l’avait pris sous une remarque humoristique.

Ce soir, c’était pour lui qu’elle portait cette robe tentatrice. Il aurait tout le loisir de l’observer, de la déshabiller des yeux, à défaut de la déshabiller tout court. Son regard la fit rougir.

- On peut toujours essayer mais je doute que les escarpins soient des outils de travail pratiques., répondit-il, une lueur ironique dans les yeux.
- Je vais chercher les amuse-gueule et je reviens., s’excusa Kaori, se dirigeant vers la cuisine.
- Je vais aller l’aider., dit Hide se levant.
- Attends, reste un peu avec Saeko. J’y vais., proposa Ryo.

Saeko et Hide se sourirent, complices. Ils n’étaient pas dupes. Ryo était arrivé dans la cuisine et vit sa dulcinée sortir des plats, les mettre au four.

- Dis donc tu as fait un repas pour un régiment ?
- C’est toujours difficile de calculer au plus juste.
- Tu y as passé la journée ?
- Oui. Mais j’aime cela. J’aime cette fête et d’autant plus cette année., dit-elle en le regardant, les yeux brillant d’une douce flamme.

Il s’approcha d’elle et, l’enlaçant, déposa un léger baiser sur ses lèvres.

- Dans deux ans, on n’aura plus à se cacher., lui chuchota-t-il à l’oreille.
- Dans deux ans ou après, quand tu le voudras, il y aura peut-être notre enfant à nos côtés pour fêter Noël., poursuivit-il avec un sourire chaud qui la fit fondre.
- Tu vas un peu vite, non ? On n’a même pas… tu vois quoi., murmura-t-elle, émue et gênée.
- J’ai des projets pour nous, mon ange. Te faire l’amour, t’épouser, avoir des enfants avec toi. Dans l’ordre que tu voudras et quand tu le voudras. Ce sera à ton rythme. Qu’en penses-tu ?
- Ca me va., lui répondit-elle, une vague de chaleur l’envahissant.

Il l’embrassa à nouveau puis ils se séparèrent à regrets, prenant les plateaux et les emmenant dans la salle à manger. Arrivés à la table basse, ils posèrent les plateaux sur la table et firent pour s’asseoir lorsqu’Hide leur fit signe que non et leur indiqua quelque chose au dessus de leur tête : une branche de gui. Kaori rougit violemment et Ryo était dans ses petits souliers.

- Allez, vous n’avez pas le droit de vous défiler., les incita-t-il, Saeko pouffant de rire à ses côtés.
- Ryo, tu ne vas pas te faire prier pour embrasser un jeune et jolie femme, non ? Tu as peur parce qu’il s’agit de ma sœur ? Je ne te cognerai pas, promis., le nargua-t-il.
- Moi ? Peur ? Que nenni., se défendit Ryo, vexé.
- Kaori, tu ne vas pas me frapper ?, demanda-t-il, en lui relevant le menton doucement.
- Non, promis., répondit-elle du ton le plus ferme qu’elle put.

Il baissa la tête et posa ses lèvres sur celles de la jeune femme, tentant de garder le baiser le plus neutre possible. Que c’était dur de ne pas laisser la passion les emporter… Ils se séparèrent au bout de quelques secondes, gênés, anxieux, espérant ne pas avoir laissé transparaître ce qui se passait entre eux. Leur premier baiser en public n’était pas du tout ce à quoi ils s’attendaient. Ryo avait imaginé que leur premier baiser en public serait celui que le prêtre les convierait à se donner lors de leur mariage, un baiser amoureux, symbolique. Kaori n’avait pas d’idée précise sur le sujet sauf que cela n’arriverait pas avant treize mois encore. Elle lissa sa jupe nerveusement puis ils s’assirent côte à côte sur le canapé et tout doucement la conversation reprit.

L’alcool aidant, Kaori se détendit un peu. Heureusement, elle devait régulièrement s’absenter pour aller surveiller les plats qui réchauffaient. Cela lui permettait de souffler. Elle était trop nerveuse. Se retrouver en soirée à quatre, comme deux couples normaux, alors qu’ils se cachaient, était beaucoup plus compliqué qu’elle ne le pensait. Elle enviait son frère et Saeko qui pouvaient agir normalement, se toucher, s’embrasser, se regarder amoureusement, qui parlaient de projets d’avenir ouvertement devant eux… Ryo et elle devaient se cacher dans la cuisine et murmurer pour en parler ou s’embrasser, se voir sous couvert de bonnes excuses pour passer un peu de temps ensemble. C’était son premier Noël avec l’homme qu’elle aimait et elle ne pouvait pas vraiment en profiter. Elle détestait cela. Le bip du minuteur la ramena à la réalité.

Elle revint dans la salle à manger et posa un plat fumant sur la table. Les trois amis la rejoignirent, s’extasiant sur le fumet qui se répandait dans la pièce. Ils se régalèrent.

- L’homme qui t’épousera sera un coq en pattes, Kao., lança Hide, une lueur amusée dans le regard, voyant ses joues se teinter.
- Tu ne crois pas, Ryo ?, insista-t-il, jetant un regard en coin à son ami qui le regarda surpris.
- Si, si., répondit Ryo, qui eut la désagréable impression d’être examiné sous un microscope.
- En tout cas, ce n’est pas moi qui serait capable d’en faire autant., pipa Saeko.
- Tu as d’autres qualités, ma chérie. Et j’adore cuisiner aussi., la rassura Hide.
- Tant mieux. Parce que moi et les fourneaux, ça fait deux.
- Au fait, vous allez vivre où après le mariage ?, demanda Ryo, curieux.

Tous les deux se regardèrent, légèrement soucieux, puis Hide répondit.

- Nous n’avons pas encore décidé. Il nous reste des détails à régler.

Kaori sentit le regard furtif que Saeko posa sur elle et un malaise la gagna.

- J’espère que je ne suis pas l’un de ses détails. Si c’est le cas, je préférerai que vous m’en parliez., leur avoua-t-elle, franchement.
- Hide a un peu de mal à se faire à l’idée de te laisser seule ici., admit Saeko mal à l’aise sous le regard plein de reproche de son fiancé.
- Hide, je ne suis pas à la rue. Je suis assez grande pour vivre seule. Tu dois me faire confiance.
- Je sais, mais tu n’as pas encore ton poste définitif. Je ne veux pas que tu manques de quoi que ce soit., se justifia-t-il.
- Ecoute, avec ma rémunération de policier en formation, je suis capable de me nourrir et payer les factures. Mariage, ménage, aniki. Tu dois penser à vous deux.
- Et si tu as peur de la laisser seule, je ne suis pas loin., intervint Ryo, voulant le rassurer.

Kaori et Ryo furent surpris par le regard perçant qu’Hide adressa à son ami, regard qui passa si rapidement à l’amusement qu’ils se demandèrent si finalement ils ne l’avaient pas rêvé.

- Je sais que je peux avoir confiance en toi, Ryo, et en Kaori aussi. C’est ma petite sœur. J’ai le droit de m’inquiéter après tout. Mais vous avez raison. Je pense que nous avons réglé le problème, ma chérie., dit-il se tournant vers Saeko.

Ils poursuivirent le repas sur un ton jovial. Kaori avait réussi à passer outre ses appréhensions du début et profitait au mieux de l’évènement. Ryo restait vigilant, échaudé par les diverses allusions qu’Hide avait faites. Ils échangèrent leurs cadeaux avant le dessert. Kaori reçut un holster de cuisse de la part de Saeko -toujours utile sous une jolie robe, lui dit-elle avec un clin d’oeil-, un livre de son frère et une écharpe de Ryo, écharpe qui portait son odeur d’ailleurs et qu’elle dut se réfréner de laisser autour de son cou. D’ailleurs il ne s’était pas foulé et avait offert la même chose aux trois personnes présentes, ce qui la fit sourire. Ryo et elle s’étaient cotisés pour offrir un cadeau commun au couple : un week-end en amoureux dans un centre de relaxation une semaine avant le mariage.

- Ca ne sera pas du luxe. J’ai ma mère et mon père au téléphone tous les jours pour l’organisation et ça m’agace.
- Il y aura combien d’invités ?, demanda Kaori, curieuse.
- Deux cents passés. Moi qui rêvait d’un mariage en petit comité…, soupira la jeune femme, désenchantée.
- Tu es la fille aînée du Préfet de Police. Il ne peut rien négliger. Et je suppose qu’en plus il faudra monter patte blanche. Avec tout le gratin qu’il y aura…
- Oui, ils ont déjà prévu un groupe de policiers pour surveiller les festivités. D’autant plus que l’affaire sur laquelle on travaille est délicate., admit Hideyuki.
- T’inquiète, on viendra armés., plaisanta Ryo.
- Tu ne penses pas si bien dire…, répondit Hideyuki d’un air sombre.

Ryo déballa le cadeau que Kaori lui avait offert : un cadre photo.

- J’ai remarqué que tu n’en avais pas chez toi. Il te restera à trouver une photo à y mettre., dit-elle doucement.
- C’est gentil, merci. Reste à trouver un visage agréable à photographier et regarder., répondit-il, sachant qu’il n’avait pas loin à chercher.

Le reste de la soirée passa calmement et ils se séparèrent, fatigués mais heureux. Au moment de partir, Ryo se tourna vers Saeko, intrigué :

- Ta sœur a trouvé un cavalier ?
- Non, pas encore. Pourquoi ?
- Je suis étonné de ne pas encore avoir eu de nouvelles de sa part. Étonné mais pas mécontent., précisa-t-il face aux regards sévères de Saeko et Hide.
- Elle continue son manège de séduction mais ne m’a toujours fait aucune allusion à ce sujet. Je me posais simplement des questions.
- Non. Je ne sais pas ce qu’elle mijote. Elle passe beaucoup de temps avec papa. Elle rattrape le coup pour avoir été mise à pied cet été, je pense. Peut-être attend-elle la fin de la formation…
- On verra. Chaque chose en son temps., conclut Ryo, les saluant et partant.

Kaori rangea le plus urgent après avoir envoyé le couple au lit. Ils étaient attendus le lendemain chez les parents de la jeune femme. Elle allait rester seule et aurait bien le temps de tout débarrasser. Elle éteignit toutes les lumières et partit se coucher, exténuée par la journée de préparation et la tension du dîner.

Le lendemain matin, elle fut tirée du sommeil par son frère qui lui apporta le petit déjeuner au lit.

- Bonjour, ma belle. Désolée de te réveiller mais il est bientôt dix heures et demie et on va devoir y aller. Je voulais te remercier pour le repas d’hier soir en t’apportant ton petit déjeuner au lit.
- C’est gentil, tu n’aurais pas dû.
- Y a pas de quoi ! Kao, pourquoi tu ne proposes pas à Ryo de venir finir les restes plutôt que de rester chacun de votre côté ?, lui dit-il, un léger sourire aux lèvres.
- Ce serait plus plaisant pour le jour de Noël, non ?
- Tu as raison. J’irais le voir après., répondit-elle, se retenant de lui sauter au cou.
- Si tu veux, je peux passer lui dire. Ca te laisse le temps d’émerger et te préparer. Midi ça t’irait ?
- Oui. Midi c’est très bien., murmura-t-elle en enlaçant son frère pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux.

A cet instant, elle se sentait coupable de lui mentir, coupable de le voir si gentil avec elle et le laisser croire que ce n’était que deux amis qu’il réunissait et non deux amants clandestins.

- Passe un joyeux Noël, Kaori. Sois heureuse, ma belle., lui dit-il doucement à l’oreille.

Ces mots résonnèrent étrangement dans l’esprit de Kaori comme s’il lui donnait sa bénédiction. Elle chassa ce léger malaise et répondit :

- Toi aussi, Hide. Profites de ta journée. Ne t’inquiète pas pour moi.

Il l’embrassa sur la tempe puis la quitta. Elle paressa encore au lit une dizaine de minutes puis partit prendre une douche et se préparer. Elle reprit ensuite le rangement de l’appartement. Elle desservait la table et faisait la vaisselle au fur et à mesure. Elle entendit la porte s’ouvrir et releva la tête. Il était midi. Elle ne put empêcher un sourire d’apparaître sur ses lèvres. Deux bras l’entourèrent rapidement et une pluie de baisers s’abattit sur sa nuque, la faisant rire.

- Bonjour, partenaire., dit-elle en tournant la tête vers lui, les mains toujours dans l’eau.
- Bonjour, mon ange., lui répondit Ryo, prenant ses lèvres avec beaucoup de tendresse.
- Bien dormi ?
- Non, pas vraiment. Les paroles de ton frère hier, toutes ses allusions… je ne suis pas tranquille.
- Pour toi aussi, ça faisait un peu trop de coïncidences, Ryo ?
- Oui.

Elle se sécha les mains et se retourna dans ses bras, soucieuse. Il l’enlaça pour la réconforter.

- Que fait-on ? On lui en parle ?, demanda Kaori.
- On fait profil bas. On le laisse s’amuser encore un peu à nos dépens s’il s’en est aperçu. Sinon, on noie le poisson.
- Tu penses qu’il nous dénoncerait s’il savait ? Je ne peux pas le croire., soupira la jeune femme.
- Je ne pense pas non plus, tant qu’on ne se fait pas prendre., la rassura Ryo.
- Pourquoi faut-il que ce soit si compliqué, Ryo ? Pourquoi ne peut-on s’aimer sans se cacher ?

Il resserra son étreinte sur elle, contrarié. C’était de sa faute après tout. Il avait trop joué avec le feu l’année précédente, avait trop étalé son attrait pour la gente féminine pour qu’on puisse croire qu’il soit capable d’aimer réellement une seule femme. Aimer… Il déposa un baiser dans les cheveux de Kaori. Il l’aimait. Cela faisait bientôt huit mois qu’ils se connaissaient, un mois qu’ils entretenaient une liaison et il venait de découvrir qu’il l’aimait, réellement, de tout son être, de tout son coeur.

- Tu avais raison, Kaori., murmura-t-il, la voix rauque.
- A quel sujet ?
- Je viens de me rendre compte d’une chose., répondit-il en la regardant droit dans les yeux et lui souriant heureux.
- Tu vas jouer aux devinettes encore longtemps ?, plaisanta-t-elle, indulgente.
- Je t’aime, Kaori., lui dit-il simplement.

Il n’attendit pas longtemps sa réaction. Elle jeta ses bras autour de son cou et l’embrassa avec fougue. Son baiser avait le goût des larmes de bonheur qu’elle versait. Elle pleurait et riait en même temps, ce qui le fit sourire lui aussi avec beaucoup de tendresse. Elle s’écarta de lui et plongea un regard intense dans le sien.

- Tu m’aimes ?, répéta-t-elle, un sourire ému aux lèvres.
- Oui, je t’aime. Je le sais, c’est tout. Je t’aime.
- Ryo, si tu savais ce que ça me fait de te l’entendre dire… Je t’aime aussi., lui dit-elle, le coeur battant la chamade.
- Je ne sais pas ce que tu me trouves mais je m’en fiche. J’ai trouvé une femme exceptionnelle et je la garderai jalousement.
- Garde-moi, je ne veux être à personne d’autre., murmura-t-elle, d’une voix sensuelle.

Il la souleva et l’emmena sur le canapé, ne décollant pas sa bouche de la sienne. Ils se dévoraient sans aucune retenue. Leurs mains voyageaient sur le corps de l’autre, leurs langues se mêlaient et démêlaient à l’envie. Kaori ne s’offusqua pas lorsqu’il lui enleva son pull et embrassa chaque parcelle de sa gorge, de sa poitrine et de son ventre. Elle se laissait emmener dans un monde de volupté et sensualité dont elle découvrait les délices et tortures. Elle s’enhardit et retira à son tour le pull de Ryo. Elle voulait sentir la sensation de sa peau sous ses doigts, de sa peau contre la sienne. Elle sentit ses doigts glisser contre la ceinture de son jean et tenter d’en ôter le bouton et, subitement, revint à la réalité. Elle posa sa main sur la sienne, l’arrêtant.

- Non, Ryo., dit-elle, haletante.
- Kaori…, gémit-il d’une voix langoureuse.
- Je… je ne peux pas., murmura-t-elle, rouge de honte.

Il posa la tête sur son épaule, tentant de reprendre le contrôle de son corps. Il savait qu’il ne la forcerait pas : il ne voulait pas lui faire de mal. Ils avaient le temps. Mais son corps était déjà bien conscient de la douceur de la peau de sa partenaire, de ses courbes idéales, de la passion de ses baisers, donc un peu moins enclin à suivre son cerveau.

Kaori était mortifiée. Elle n’avait pas réfléchi et maintenant il était en colère, sinon pour quelle autre raison ne lui parlait-il pas ? Elle sentait une boule se former dans sa gorge et les larmes lui brûler les yeux. Elle n’osait pas se lever pour aller chercher le pull qui cacherait ce corps qu’elle lui avait refusé alors qu’elle mourrait d’envie de se donner à lui. Elle voulut se justifier, qu’il comprit que ce n’était pas vraiment volontaire…

- Je suis désolée, Ryo… Je… Ce… Bon sang, si tu savais comme j’en ai envie., dit-elle d’une voix étouffée.
- Kaori., l’appela-t-il d’une voix rauque mais elle gardait obstinément les yeux rivés sur le plafond.
- Je ne voulais pas te repousser mais on ne peut pas…
- Eh, ce n’est pas grave si tu n’es pas prête, mon ange., lui dit-il en lui caressant la joue, ce qui lui fit tourner la tête.
- Non, Ryo, ce n’est pas ça. Je me sens prête. C’est avec toi que je veux passer cette étape, je l’aurai même fait maintenant mais…
- Mais ?
- Je suis une fille. Ce n’est pas le moment., déclara-t-elle en détournant les yeux.

Ryo réalisa enfin ce qui l’empêchait et se mit à rire. Kaori le dévisagea, un peu agacée, un peu stupéfaite.

- Il faudra qu’on s’y reprenne à deux fois pour toutes nos premières fois, tu crois ?
- Comment cela ?, demanda-t-elle, ne suivant pas son cheminement.
- Notre premier baiser aurait dû avoir lieu il y a des mois lors de notre première sortie comme duo, tu te souviens ?, lui rappela-t-il en s’asseyant de nouveau près d’elle et l’enlaçant pour la rassurer.
- Si je n’avais pas eu ce lieutenant dans l’oreillette...Aujourd’hui c’est dame nature qui s’y colle pour nous empêcher de faire l’amour., continua-t-il amusé.
- Je suis désolée, Ryo. Je n’avais pas prévu ce qui allait se passer.
- Je ne t’en veux pas, Kao. Après tout, on a encore du temps devant nous et ce type d’empêchement, c’est ce qui nous permettra de fonder une famille par la suite.
- Tu veux vraiment avoir des enfants, Ryo ?

Il entrelaça leurs doigts et déposa un baiser sur sa tempe.

- Oui. Je sais que, pour toi, ça doit sembler être rapide mais, pour moi, c’est naturel. J’ai grandi seul, Kaori, et cette solitude me pèse. J’ai enfin trouvé la personne avec qui je veux vivre et avec elle tout ce que j’ai envie de vivre. J’ai envie de rires, de chaleur et d’amour autour de nous. Maintenant, je peux comprendre que tu aies envie de vivre ta vie de jeune femme avant celle de mère ou d’épouse et je peux attendre quelques temps. Mais au moins, tu sais dans quoi tu t’engages et j’espère que ce projet te plaît autant qu’à moi. Sinon, on arrête tout de suite. Je ne risque pas nos carrières pour au final te voir partir quand tu en auras eu assez., déclara-t-il sombrement, défaisant ses doigts des siens.

Mais elle rattrapa sa main fermement et plongea son regard dans le sien, ferme et résolue. Son coeur s’était serré à entendre qu’il aurait tout arrêté s’ils n’étaient pas d’accord mais ce n’était pas le cas.

- Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un qui me dise au bout d’un mois qu’il voulait se marier et avoir des enfants avec moi. Oui, pour moi, c’est une surprise et ça va vite mais c’est la relation que je veux avec toi, Ryo. Je n’ai pas besoin de collectionner les hommes pour me sentir vivante. J’ai besoin de ton amour comme une fleur a besoin de soleil. Tu me fais me sentir vivante, aimée et je t’aime plus que je ne l’aurai cru possible en si peu de temps.
- Tu es sûre de toi ?, lui demanda-t-il, le regard indéchiffrable.
- Oui.

A sa réponse, ses traits s’adoucirent. Il ne l’aurait jamais admis mais il venait d’avoir la peur de sa vie. Il avait joué cartes sur table avec elle, se préparant à souffrir face à son désaccord, se préparant à la quitter même plutôt que de s’enfoncer un peu plus dans une relation uniquement passionnelle. Elle venait sans s’en rendre compte, du haut de ses presque dix-neuf ans, de lui offrir le monde, la lune et tout l’univers. Savoir que cette femme l’aimait à ce point l’emplissait de force et d’espoir. Pour la première fois de sa vie, il n’était plus seul : elle était sa famille. Pour la première fois de sa vie, il pouvait rêver à autre chose que sa carrière en sachant que son rêve se réaliserait.

Il la serra dans ses bras à l’étouffer, ce qu’elle ne manqua pas de lui dire en riant. Sentant le poids de son regard sur elle, Kaori releva les yeux sur son amour et fut ébahie de voir ses yeux brillant… de larmes. Elle caressa sa joue tendrement et il déposa un baiser dans la paume de sa main.

- Ryo, que se passe-t-il ?, demanda-t-elle, inquiète.
- Tout va bien, mon ange. Tu viens de me faire le plus beau cadeau de Noël de toute ma vie. Je te jure de tout faire pour te rendre heureuse et que l’on ait une belle vie.
- Tu me rends déjà heureuse, Ryo., dit-elle en posant la tête sur son épaule.

Une larme roula le long de sa joue sans qu’elle s’en rende compte. Cet homme avait réussi à la toucher au-delà de toute probabilité. Il lui inspirait tellement de sentiments qu’elle se sentait à la fois démunie et renforcée. Il savait se montrer fort, autoritaire, passionné mais aussi indulgent, drôle et compréhensif. Devant elle, il se montrait tel qu’il était ou qu’il pouvait être : un homme sensible, parfois fragile, déjà longuement éprouvé par la vie, mais qui avait su garder au fond de lui une étincelle qui ne demandait qu’à ressurgir et à s’enflammer. Cet homme-là se révélerait sans nul doute extraordinaire.

Un grognement sourd la tira de ses pensées et elle jeta un regard en coin vers son compagnon, penaud, qui tenta de se défendre.

- J’y peux rien. J’ai été invité à déjeuner. Il est trois heures et je n’ai encore rien eu à manger. J’ai faim, moi !
- Tu es en pleine croissance peut-être ?, dit-elle, narquoise en se levant et se dirigeant vers la cuisine.
- Moi non mais mon ami va avoir besoin de beaucoup de force pour te prouver la force de mon amour., lui dit-il, en la serrant contre lui et l’embrassant sensuellement.

Il la plaqua contre le mur de la cuisine et approfondit leur baiser sans retenue trouvant une adversaire très réceptive et entreprenante. Un deuxième grognement sonore les interrompit et ils éclatèrent de rire. Finalement, la faim l’emporta et ils finirent la journée tranquillement enlacés dans le canapé.

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Mar 28 Avr - 6:48
Chapitre 14

- Je vais l’étriper, la tuer, la massacrer. Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur la pire des garces et qu’en plus ce soit la sœur de ma future belle-sœur ?, se lamenta Kaori, désespérée.

C’était une de ces journées qui commençaient à merveille et finissaient comme un cauchemar. Ryo et elle avaient eu cinq minutes à eux à l’appartement. Certes c’était peu mais mieux que ce qu’ils avaient d’habitude alors ils en avaient profité pour débuter la journée en douceur avec quelques baisers et les bras de l’autre, ce qui les avait mis de bonne humeur. Arrivés au poste, Hide les avait fait se préparer parce qu’ils avaient enfin eu le feu vert pour interpeller le chef de clan qu’ils avaient dans leur viseur depuis des mois. L’opération avait été préparée depuis des jours maintenant et ils n’avaient plus qu’à se rendre sur les lieux avec les autres unités. L’interpellation s’était bien déroulée. Surpris, les hommes de main n’avaient pas eu le temps de dégainer et tout ce petit monde avait été emmené en garde à vue. Ils étaient rentrés sur le coup de midi et avaient été félicités par le commissaire et le préfet de police. Et, à partir de là, la journée était partie en vrille.

Reika était arrivée, un sourire mesquin aux lèvres. Le commissaire avait alors informé Hide qu’elle allait rejoindre la brigade, remplaçant Miki qui partait en formation de pilote d’hélicoptère. Tous les membres actuels de la brigade se regardèrent stupéfaits. Ce fut Ryo le premier qui extériorisa sa pensée par un grognement de frustration qui lui attira le regard sévère du commissaire.

- Un problème, Lieutenant ?
- Non, Monsieur le commissaire., répondit-il de mauvaise grâce.
- Je suis ravie d’intégrer votre brigade., intervint Reika, tout sourire.
- Lieutenant Saeba, l’officier Nogami souhaite intégrer la formation de tireur d’élite. Je compte sur vous pour son instruction.
- Quoi ?!, s’exclama-t-il, interloqué, se restreignant pour ne pas regarder sa partenaire.
- Monsieur le commissaire, j’ai déjà l’officier Makimura avec moi.
- Estimez-vous chanceux, Saeba : vous aurez deux jeunes et jolies femmes avec vous !, le toisa son supérieur.

Ryo se tut, ne souhaitant pas s’attirer les foudres du commissaire et du préfet de police qui était encore là. Il trouverait bien une autre solution pour ne pas avoir à la supporter. Hide et Saeko étaient encore sous le choc. L’inspecteur n’avait pas été mis au courant : il y aurait forcément opposé son veto. Mettre Kaori et Reika dans la même équipe revenait à mélanger l’eau et l’huile : elles n’arriveraient pas à travailler ensemble. Pour lui, c’était Kaori qui devait rester car elle avait plus d’ancienneté dans le poste, qu’elle avait fait sa place à force de travail.

- L’officier Nogami prendra ses fonctions lundi., les informa-t-il et il repartit, précédé du préfet de police, laissant Reika seule avec eux.
- Cachez votre joie !, dit-elle d’un ton pincé.
- Je pensais que toi au moins tu serais contente de me voir, Saeko !
- Comment tu as fait ?, demanda sa sœur d’une voix blanche.
- J’ai fait valoir mes compétences., répondit-elle, en relevant le menton d’un air de défi.
- A d’autres. C’est à ça que tu as employé ton temps avec papa, n’est-ce pas ? Tu l’as convaincu de te donner ta place ici. Dans quel but ?
- J’aime cette brigade, soeurette.
- Lieutenant Nogami ici même pour toi., la rabroua-t-elle sèchement.

Le téléphone du bureau sonna. Hide décrocha puis indiqua à Ryo d’aller prendre l’appel dans le bureau d’à côté. Saeko vit le regard de Reika et comprit ses motivations profondes, ce qui ne l’étonna même pas.

- C’est pour lui. Tu penses qu’en faisant partie du groupe et en formation avec lui, tu vas réussir à mettre le grappin dessus. Tu te fourres le doigt dans l’oeil, Reika.
- Je fais ce que je veux.
- Sauf qu’on ne joue pas à la dînette ici !

Kaori avait écouté toute la conversation essayant de prendre sur elle pour ne pas se trahir et laisser paraître son anxiété de la voir arriver dans leur groupe. Son arrivée faisait renaître des craintes qu’elle avait enfouies : Reika finissait sa formation à la fin de la semaine. Elle ne risquerait plus de se faire renvoyer si elle avait une liaison avec Ryo. Elle avait plus d’expérience qu’elle, plus de charme… Elle jeta un œil vers le bureau voisin où Ryo conversait, l’air concentré et très sérieux. Ils n’avaient pas avancé depuis Noël. Ils n’avaient jamais eu l’occasion de passer du temps ensemble seuls. A chaque fois, ils avaient été interrompus. Elle sentit la tristesse l’envahir. Comme s’il sentait ses doutes, Ryo releva la tête et plongea son regard dans le sien. Tout fut balayé d’un coup et elle retrouva sa sérénité.

- Alors Kaori, tu ne dis rien ? On va être partenaires après tout., demanda Reika, d’une voix venimeuse.
- Bienvenue Reika. J’espère que tu te plairas parmi nous., répondit-elle magnanime et elle repartit à son bureau pour reprendre son travail suivie de Miki, hilare.
- Bien joué, Kaori. Elle devait s’attendre à une scène…, chuchota-t-elle à l’oreille de la rouquine.
- Je ne lui ferai pas ce plaisir. On n’est pas dans une cour de récré.

Reika bouillait intérieurement. Cette petite peste était sur son chemin mais plus pour longtemps. Elle se l’était jurée. Elle devait avoir le champ libre.

- Ca doit être sérieux l’appel de Ryo. Ca fait un moment que ça dure., déclara Miki, curieuse.
- Oui, c’est vrai.
- Tu attends quoi, Reika ?, entendirent-elle soudain Saeko demander d’un air agacé.
- Ryo, je dois lui parler.
- Tu attendras ce soir, Reika. On a encore du boulot pour la journée., intervint Hideyuki fermement.
- Mais…
- Pas de mais. Tu commences lundi. D’ici là, tu nous laisses travailler. Bonne journée, Reika., la convia-t-il à partir d’un ton autoritaire.

Reika serra les poings de rage, jeta un dernier coup d’oeil en direction du tireur d’élite puis tourna les talons et s’en alla. Tous poussèrent un soupir de soulagement.

- Moi qui me disais qu’on allait enfin pouvoir respirer de ne plus vous avoir toutes les deux dans la même salle, je suis servi., soupira Hideyuki en regardant sa sœur.

Kaori ne s’offusqua pas de ses paroles. Elle savait qu’il ne lui en voulait pas. De toute façon, elle n’y pouvait rien.

- Cinq minutes de pause, faites comme si on n’était pas au commissariat. Kao, ça va aller ?
- Je vais faire avec. Ca ne m’enchante pas mais ça ira.
- Saeko ?
- Là, tout de suite, maintenant ? J’ai juste envie de tuer ma sœur. Elle va nous pourrir la vie.

Hide sourit à la virulence des paroles de sa fiancée. Il pouvait la comprendre. Reika ne cessait de l’agacer pour des broutilles sur tous les sujets.

- Tu en penses quoi, Miki ?
- Moi ? Si je n’avais pas ce rêve depuis que je suis gamine, j’annulerai ma formation pour qu’elle n’arrive pas ici.
- Ne regrette pas de partir. Tu l’as méritée cette formation., la rassura Hide.
- Merci, chef !, plaisanta-t-elle.
- Bon, il va quand même falloir faire avec elle.

Ryo revint à ce moment-là, l’air sombre. Il s’assit sur le bord du bureau de Kaori.

- Ryo ?, l’interrogea Hide.
- Une sale affaire. Yamamoto va arriver et je vous en parle. Reika ?
- Elle est repartie mais attends-toi à la voir ce soir.
- Génial…, soupira-t-il.

Yamamoto arriva et ils s’installèrent autour de la table centrale.

- Je viens d’avoir les commissaires Fuji de Kawasaki et Yamako de Yokohama. On a un tueur de tireur d’élites qui sévit.

Tous les yeux se rivèrent sur lui.

- Il a fait trois morts à Yokohama et deux à Kawasaki. Le même mode opératoire à chaque fois : il opère pendant un braquage et vise le tireur d’élite. Ils n’ont aucune piste pour le moment à part le lien avec les braqueurs.
- Ils veulent ton aide ?, demanda Hide, calmement.
- Oui. Avec mon expérience du terrain, ils pensent que je peux les aider. D’autant plus que la grande ville dans la lignée de Yokohama et Kawasaki, c’est Tokyo…, énonça Ryo, le visage fermé.

Il bridait son esprit pour ne pas penser. Ne pas penser qu’il avait mis Kaori en danger, que la femme qu’il aimait allait risquer sa vie à cause de lui, qu’ils n’auraient peut-être pas le temps qu’ils escomptaient… Il ne fallait pas qu’il se laisse entraîner sur ce terrain glissant.

- Ryo…, l’appela Hide qui semblait lire dans ses pensées.
- Tu dois partir quand ?
- Ce soir, je prends le train de dix-neuf heures., dit-il sombrement.
- On va gérer ici, ne t’inquiète pas., lui dit Yamamoto.
- Je sais. Fais attention à toi.
- Tu me tiens au jus ?, lui demanda son collègue en se levant pour partir.
- Oui, dès que j’en sais plus.

Ils le regardèrent partir. Ils restèrent à cinq.

- Je dois venir aussi ?, demanda Kaori, ne sachant trop comment réagir, ni ce qu’elle devait faire.
- Non, tu restes ici. Tu perdrais ton temps là-bas., lui dit Ryo.
- On a suffisamment de boulot pour s’occuper ici., confirma Hide.
- Ils vont m’envoyer le dossier par mail. Je vais boucler mes comptes-rendus et, si tu le permets, je rentrerai après préparer mon sac. Hide, je n’ai aucune idée du temps que ça va me prendre., acheva-t-il, maussade.

Rien que le fait de ne pas savoir combien de temps il serait parti le minait. Lui qui avait toujours aimé bouger et voyager en venait à devenir casanier. Il jeta un regard en coin à la femme de ses rêves et lui en imputa la faute, tout en souriant intérieurement. Il savait qu’une fois parti, il n’aurait qu’une hâte : boucler cette affaire pour pouvoir retrouver son foyer.

- Ca marche. De toute façon, après l’arrestation de ce matin, je vous le dis : on lève l’ancre tôt. Vous avez tous bossé d’arrache-pied. Et je crois que ces dames ont un essayage.
- Encore ! Vous allez les essayer combien de fois vos robes ?, s’exclama Ryo.
- Kaori une fois et moi encore trois., soupira Saeko, désabusée.
- Heureusement que le mariage est dans trois semaines et non six mois…
- Vous auriez mieux fait d’aller à Vegas.
- Oh que oui… Ou nous marier en secret. Quinze minutes à la mairie, c’est tout ce que ça nous a pris.

Ryo acquiesça amusé. Entendant le son caractérisant l’arrivée d’un mail, il se leva et se dirigea vers son ordinateur.

- J’ai le dossier. Je vous laisse., dit-il en s’asseyant à son bureau.

Tous se séparèrent et reprirent leur travail. Peu avant cinq heures, Hide les délogea tous de leurs postes. Ryo sortit suivi de peu par Saeko et Kaori qui partaient ensemble aux essayages. Ils eurent la surprise de trouver Reika devant le poste. Dès qu’elle vit Ryo, elle se précipita à sa rencontre.

- Bonjour Ryo., minauda-t-elle.
- Bonjour Reika. Tu m’excuseras mais je n’ai pas le temps.
- Juste une minute s’il te plaît.
- Fais vite.
- Je me disais que, toi et moi, nous pourrions aller ensemble au mariage de Saeko., lui dit-elle d’une voix sensuelle en se collant à lui.
- Ce ne sera pas possible. J’ai déjà une cavalière., lui répondit-il en se dégageant d’elle.
- Qui ?, demanda-t-elle, ses yeux lançant des éclairs.

Ryo ne répondit pas et reprit son chemin d’un pas vif, mettant de la distance entre Reika et Kaori volontairement. Saeko retint Kaori qui fit un geste pour le rejoindre.

- Non, n’y vas pas. Laisse-le se débrouiller.
- Mais…
- Il l’a éloignée exprès. Il doit craindre sa réaction.
- Je sais me défendre. Je ne crains pas Reika., se défendit Kaori, vexée.
- Je le sais et lui aussi. Mais il te protège, c’est plus fort que lui…, répondit Saeko, souriante.
- Pourquoi il me protégerait ? Il n’a pas de raison de le faire., se défendit une Kaori rougissante.

A quelques mètres de là, Reika avait stoppé Ryo violemment. Ses yeux brillaient d’une lueur dangereuse et elle était tendue :

- J’ai dit qui Ryo ?
- Je n’ai pas à te répondre., dit-il calmement.
- J’exige une réponse. On a couché ensemble, je t’aime. Je veux une réponse.
- Je ne t’aime pas, Reika, et on a fait une erreur regrettable., lui répéta-t-il encore une fois.
- Ne dis pas ça ! Alors qui est-ce ? Je le saurai tôt ou tard., dit-elle froidement.

Il jeta discrètement un œil vers Saeko et Kaori pour juger de la distance et se déplaça pour faire barrage si nécessaire.

- Kaori. Je vais au mariage avec Kaori.
- Mais tu… tu ne peux pas. Tu vas te faire renvoyer !
- Non. Je peux me faire renvoyer si j’ai une liaison avec elle mais je n’en ai pas., dit-il, en mettant un mouchoir sur son coeur qui se rebellait.
- Kaori est ma partenaire de travail.
- Tu vas me faire croire que tu ne te l’aies pas faite, la petite vierge effarouchée. Quand tu l’auras déflorée, tu reviendras vers moi. Tu regretteras mon expérience !, cracha-t-elle mais, face au regard furieux de Ryo, elle recula.
- Va-t-en, Reika. Ta jalousie te fait dire des inepties.
- Tu es à moi !
- Je ne suis à personne, tu m’entends ! Et certainement pas à toi !, s’énerva-t-il.

Puis il la bouscula et partit en direction de l’appartement, laissant Reika blême de rage. Saeko entraîna Kaori en direction de la boutique du couturier, profitant de l’inattention de Reika pour éloigner le sujet de sa fureur. Elles arrivèrent tendues et il leur fallut quelques minutes pour se détendre. Saeko avait choisi pour ses demoiselles d’honneur des robes d’un rose intense qui se dégradait progressivement pour finir en blanc. Chaque dégradé correspondait à un voile. La robe présentait une grande échancrure au niveau de la jambe droite. L’ensemble était près du corps mais très fluide.

- Il faudra que tu mettes ton holster à la cuisse gauche., l’informa Saeko.
- Vous étiez sérieux en disant qu’on devrait être armés ?, s’exclama Kaori, surprise.
- Oui. La prudence reste de mise. Tu n’as jamais assisté à un tel mariage ?
- Non. Jamais.

Le couturier revint et les informa que l’essayage était fini pour lui. Elles se changèrent à nouveau et ressortirent de la boutique, prenant chacune la direction de leur logement. Kaori se dépêcha de rentrer. Le train de Ryo partait dans une demie-heure : elle aurait peut-être le temps de le croiser. Son coeur se serra à l’idée de ne pas le voir pendant plusieurs jours, de le savoir loin. Elle pressa le pas.

Quand elle arriva au coin de sa rue, elle s’immobilisa. Reika était là devant la porte d’entrée. Ryo sortit quelques secondes plus tard. Kaori ragea. Elle aurait pu le voir, lui dire au revoir, sentir ses bras autour d’elle une dernière fois avant son départ… Mais non, il fallait que Mademoiselle Reika se cramponna encore et toujours. Il lui fallait quoi : un écriteau, un panneau lumineux, un message au tableau de la gare de Shinjuku pour comprendre.

Elle vit le visage de son amour se fermer. Apparemment, leurs sentiments étaient partagés sur ce sujet-là aussi. Elle regarda la scène. Reika se jeta au cou de Ryo, l’embrassant fougueusement. Kaori se retint d’aller lui mettre son poing dans la figure. Ryo la repoussa sans ménagement la faisant reculer de quelques pas. Elle vit Reika se mettre dans une fureur noire, vociférer à tout va, agiter les poings et Ryo rester impassible, l’air profondément ennuyé. Soudain, elle se jeta sur lui et se mit à lui tambouriner la poitrine. Il prit ses deux poignets et l’éloigna puis, la contournant, il s’en alla. Elle resta là, les bras ballants, énervée.

Ryo poursuivit son chemin vers la gare au pas de course. Reika l’avait mis en retard et l’avait énervé. Ce n’était pas elle qu’il voulait voir. C’était son ange. Il aurait voulu passer un peu de temps avec elle avant de partir, la rassurer si nécessaire sur tous les évènements de la journée. La prendre dans ses bras et sentir son parfum, prendre sa dose comme un drogué, auraient rechargé ses batteries et lui auraient permis de tenir ces quelques jours sans elle. Mais non, il avait eu droit à une crise d’hystérie. Dire qu’il allait maintenant devoir la supporter aussi dans la brigade et la regarder s’en prendre à Kaori sans vergogne. Il soupira et accéléra.

Kaori dut patienter une vingtaine de minutes avant que Reika ne se décida à quitter les lieux. Elle se donna cinq minutes de plus avant d’oser jeter un œil et traverser la rue pour rejoindre son appartement. Lorsqu’elle pénétra chez elle, elle vit tout de suite l’enveloppe marquée de son nom sur le sol et l’ouvrit sans attendre. « Fais attention à toi, tu me manques déjà. » Elle sourit, heureuse. Même dans l’urgence, il avait eu une pensée pour elle. Si seulement Reika n’avait pas été là ce soir, elle aurait eu la chance de le tenir serré contre elle ne serait-ce qu’une minute… Elle sentit la colère reprendre de la vigueur et tous les évènements de la journée remontèrent à la surface, l’alimentant. Plutôt que de broyer du noir, elle se changea et descendit à la salle de gym taper dans le sac de boxe. Elle pourrait ainsi laisser sortir ce trop plein d’énergie négative.

- Reika Nogami, tireuse d’élite, laisse-moi rire. Elle prendre un poste dans l’ombre, ce n’est pas du tout son genre. Elle veut juste être avec Ryo en se disant qu’elle réussira ainsi à l’avoir. Mais tu peux compter sur moi pour ne pas te laisser faire, ma grande. Foi de Kaori Makimura, tu ne me prendras pas l’homme que j’aime., grogna la jeune femme tout en tapant dans le sac.

Elle savait que Reika était retorse. Elle devrait se méfier de ses moindres faits et gestes pour ne pas se laisser prendre au piège et se faire évincer de son poste. Elle avait fait sa place à la brigade, travailler comme une dingue. Il était hors de question que cette peste ne lui prit sa place. Elle avait déjà dû la supporter en cours pendant un an presque, il allait falloir qu’elle prenne sur elle pour la supporter au bureau et en famille aussi dans une certaine mesure.

- Je vais l’étriper, la tuer, la massacrer. Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur la pire des garces et qu’en plus ce soit la sœur de ma future belle-sœur ?, se lamenta Kaori, désespérée.

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Mer 29 Avr - 6:25
Chapitre 15

La tension dans l’air était palpable. La situation était grave et nul ne savait s’ils en ressortiraient tous les trois vivants. Ryo avait été appelé en renforts sur un braquage qui avait tourné en prise d’otages. Il savait ce que cela pouvait signifier. Un troisième tireur d’élite avait été tué à Kawasaki et la bande était arrivée sur Tokyo où elle avait déjà fait une victime. Ce braquage relevait du même mode opératoire. Donc vraisemblablement ils seraient la cible, lui ou l’une de ses deux collègues. Ils étaient arrivés en haut de l’immeuble où ils allaient se poster. Il reprit le plan qu’il avait et le posa sur le mur.

- Les filles, voilà comment on va procéder., leur dit Ryo, un regard sérieux.
- Reika et moi allons nous poster là pour couvrir le braquage., indiqua-t-il en pointant un endroit sur la carte.

Reika lança un regard de triomphe à Kaori. C’était elle qui allait être aux côtés de Ryo, pouvoir le toucher, lui parler, le séduire. Kaori ne fit aucun commentaire, même si elle aurait préféré être avec lui, et attendit la suite des instructions.

- Kaori, tu vas te mettre là., indiqua-t-il sur la carte, pointant le recoin de l’abri de l’escalier.
- Si on a bien joué, il n’aura pas remarqué que nous sommes trois et tu pourras le chercher tranquillement. Tu as la permission de tirer si tu le juges nécessaire. C’est ton oreillette avec micro. Tu communiques avec moi et avec le poste de commandement.

Il fixa les appareils sur elle. Elle ressentit de la fierté. C’était la première fois qu’elle portait le dispositif et elle savait que ça signifiait qu’elle prenait une part active dans l’opération.

- On tient à les attraper et les juger. Mais si la situation l’exige, tu n’hésites pas.
- Et mon dispositif à moi ?, demanda Reika jalouse.
- Tu n’en as pas besoin. Tu es en formation. Tu prends ça, tu te tais et tu me suis., lui dit-il en lui donnant des jumelles.
- C’est pas juste. Pourquoi elle elle a une arme et pas moi ?, s’énerva-t-elle en pointant du doigt Kaori.
- Parce qu’elle est formée et sait viser à longue distance, ce qui n’est pas ton cas.
- Je veux une arme !
- Tu la fermes Reika ! On n’est pas au jardin d’enfant. Tu joues chez les grands maintenant, comporte-toi comme tel !, lui asséna Ryo, agacé.
- Si tu tiens tellement que cela à m’impressionner, tiens-toi bien pendant l’opération. Ca nous changera pour une fois. Si tu ne t’en sens pas capable, reste ici. Tu es prête ?, demanda-t-il en se tournant vers Kaori.

Elle vérifia son attirail et posa son casque sur la tête puis acquiesça. Il mit son casque également et posa la main sur la poignet attendant Reika qui, de mauvaise grâce, mit son casque et se prépara, furieuse d’avoir été traitée comme une gamine. Ryo ouvrit la porte et laissa Kaori sortir en première en cachette puis il lui emboîta le pas avec Reika et partit se positionner. Il la fit s’allonger à sa gauche, positionnant son corps pour la protéger des balles si nécessaire. Kaori se plaça au coin de l’abri et observa scrupuleusement les immeubles aux alentours. Lorsqu’elle eut sécurisé le premier côté, elle se mut discrètement jusqu’au coin suivant.

- Kaori, tu as vu quelque chose ?, demanda Ryo à l’oreillette.
- Non, pas pour le moment. Je suis sur le flanc sud., l’informa-t-elle.

La prise d’otage se passait dans le calme. Pour l’instant, il n’y avait aucun mouvement des deux côtés, ce qui correspondait au procédé connu. C’était seulement au moment d’évacuer que le tireur agissait. Kaori scrutait chaque façade, chaque toit des immeubles plus hauts qu’eux dans l’espoir d’y voir quelqu’un.

- Rien côté sud. Je passe à l’est.
- Roger., lui répondit Ryo pour confirmer qu’il l’avait bien entendu.

Au son de sa voix, il sentait qu’elle était concentrée. Elle ne paniquait pas malgré le danger. C’était ce qu’il aimait chez elle. Elle avait ses moments de doute et de peur mais, lorsque c’était vraiment nécessaire, elle savait être forte, calme et froide. C’étaient les qualités qu’il attendait d’un bon tireur d’élite.

Il sentit soudain une main glisser le long de sa cuisse. Il avait presque oublié la présence de Reika à ses côtés. Il avait vaguement entendu qu’elle lui parlait mais n’y prêtait aucune attention. Il avait fait abstraction de tout ce qui n’était pas le braquage ou Kaori surveillant les lieux. Mais cette main baladeuse le ramena à une autre réalité, bien moins importante mais ô combien ennuyeuse.

- Garde tes mains sur tes jumelles, Reika. Je te l’ai déjà dit : on n’est pas au jardin d’enfants.
- Je le sais bien, Ryo. Toi et moi, nous pourrions finir la soirée ensemble après tout cela.
- Même si nous nous en sortons vivants, ne compte pas sur un ensemble ni ce soir ni jamais ! Concentre-toi ou tu n’apprendras jamais rien.
- J’ai du mouvement à l’est., l’informa calmement Kaori.
- Le building Yamaka...
- Ca bouge ici. Ils vont sortir., entendirent-ils dans leur oreillette.

Kaori jeta un œil vers le couple allongés à quelques mètres d’elle et vit un point rouge sur la nuque de Ryo. Son sang ne fit qu’un tour. Elle se positionna et tira sur un point juste en dessous du tireur pour le déstabiliser. Soudain une balle siffla juste à côté de son oreille gauche et elle reçut des projections de béton. Elle recula de deux pas. Elle entendit les pas de Reika et Ryo qui venaient se mettre à couvert dans l’abri de l’escalier.

- Kaori, ça va ?, demanda Ryo.
- Oui. Il m’a visée mais m’a ratée.
- Poste de commandement à Saeba, rapport.
- Deux sur trois à couvert chef. Le tireur est sur le building Yamaka.
- Une équipe s’y dirige. On a donné l’assaut à la banque.

Ryo, protégé par la porte, jeta un œil sur le building en question. Le tireur était toujours là.

- Ryo, que fait-on ?, interrogea Kaori.
- Il attend qu’on bouge pour canarder. Tant qu’on reste sur nos positions, il ne se passera rien.
- Ryo, je vais vous rejoindre. Il devra se découvrir et tu pourras le viser.
- Non, Kaori. Ne bouge…
- Tu crois vraiment qu’on a le choix ? Je ne veux pas qu’il tue d’autres policiers. On a une chance de le coincer. J’ai confiance en toi. Je joue l’appât et tu le neutralises.

Ryo tergiversa un moment. Il n’aimait pas la tournure que les choses prenaient. Il ne voulait pas qu’elle risque sa vie mais il devait l’admettre : avec tout autre qu’elle, il aurait accepté sans vraiment rechigner sans gaieté de coeur. Il céda.

- A mon décompte. Tu es prête ?
- Oui.
- Un, deux, trois., dit-il en étant positionné.

Il entendit les pas de Kaori, repéra le tireur mais entendit la détonation de son ennemi avant la sienne. Il vit le tireur s’effondrer, une balle en pleine tête. Cependant une chose le paralysait : il n’avait pas senti le mouvement de Kaori passant derrière lui. Comme au ralenti, il baissa la tête et la vit étendue par terre à un mètre de lui, du sang coulant de son dos. Il s’approcha d’elle et s’agenouilla, cherchant son pouls. Il était là.

- Un homme à terre. Il me faut des secours., demanda Ryo, retrouvant ses réflexes.

Il tourna sa tête sur le côté et, appelant Reika, lui dit de comprimer la blessure qu’elle s’était faite au front en tombant, ce qu’elle fit en râlant. Sans bouger son corps, Ryo l’examina pour voir d’où provenait le sang. Elle avait son gilet pare-balles. Elle n’aurait pas dû saigner. Il regarda le trou dans le gilet et frémit. Se reprenant, il passa une main sous son ventre pour enlever les scratchs et soulever le gilet. Il passa ensuite sa main sur la blessure pour comprimer le saignement jusqu’à l’arrivée des secours.

- Le tireur est mort., entendit-il dans l’oreillette.

C’était une bonne chose. Les secours s’activaient autour de Kaori et très vite l’emmenèrent à l’hôpital le plus proche. Ryo réussit à monter avec elle en ambulance, laissant Reika seule et très très en colère. Sur la route, Kaori reprit enfin connaissance, groggy. Elle fut rassurée de le voir avec elle et lui tendit la main qu’il prit avec soulagement.

- Ryo., murmura-t-elle, désorientée.
- Tout va bien. On t’emmène à l’hôpital : tu as été blessée. Il faut que tu sois forte, Kao, d’accord ?
- Promis. Je suis fatiguée.
- C’est normal, Mademoiselle. Vous avez perdu du sang. Essayez de rester éveillée jusqu’à l’arrivée à l’hôpital. Parlez-lui, Lieutenant.

Ryo lui parla de tout ce qui lui passait par la tête : du mariage qui approchait, de la saison des cerisiers en fleurs qu’elle affectionnait tant, de son frère… Kaori avait du mal à garder les yeux ouverts, elle faisait des efforts mais c’était dur. Ils arrivèrent finalement à l’hôpital où Hide, prévenu par le chef de groupe qui le connaissait, attendait déjà avec Saeko. L’inquiétude se lisait sur son visage, d’autant plus que Kaori eut à peine le temps de lui sourire qu’elle sombra de nouveau dans l’inconscience et fut très vite emmenée en salle de réanimation.

- Que s’est-il passé Ryo ?, lui demanda Hide.
- Elle a repéré le tireur, a dévié son attention sur elle, le temps qu’on se mette à couvert. Puis on a dû le faire sortir de sa cachette et elle a voulu servir d’appât.
- Où a-t-elle été touchée ?
- Dans le dos. Hide, il avait des balles à tête de cuivre. Elle a traversé son gilet pare-balles. C’était la première fois. Les autres fois, il avait utilisé des balles normales. Je… Je suis désolé, Hide. J’aurais dû mieux la protéger., s’excusa Ryo, se sentant coupable de ce qui s’était passé.
- Tu n’y es pour rien, Ryo. C’est ce fou qui est responsable, pas toi. Vous avez tous les deux fait votre travail. Vous l’avez eu ?
- Oui, il est mort.

Ils virent le brancard de Kaori partir de la salle de réanimation et un médecin se diriger vers eux.

- Vous êtes de la famille ?, demanda celui-ci.
- Je suis son frère., répondit Hide.
- On l’emmène en chirurgie. Elle a une blessure par balle au dessus de la hanche droite. Ca saigne beaucoup mais a priori il n’y a pas d’organe atteint. On va retirer la balle, stopper l’hémorragie et ce sera tout. Dans quelques jours, tout ira bien., les informa le médecin.
- Ryo Saeba !, entendirent-ils hurler derrière eux.

Saeko vit sa sœur arriver comme une furie et se planter devant Ryo.

- Tu m’as laissée en plan sur le terrain !, cria-t-elle, furieuse.
- Reika, tu es dans un hôpital !, la reprit Saeko.
- Il n’avait pas le droit !
- Ca suffit maintenant, tu vas m’écouter et enregistrer ce que je vais te dire une bonne fois pour toute ! Ton nom ne te donne pas tous les droits et surtout pas celui de prendre nos actions sur le terrain à la légère. Si tu n’es pas capable de faire la différence entre ta vie privée et ta vie professionnelle, quitte ce boulot parce qu’il te coûtera la vie ou à quelqu’un qui t’entoure et qui devrait pouvoir compter sur toi.
- Ne me parle pas sur ce ton !, vociféra-t-elle.
- Je te parle comme c’est nécessaire ! Tant que tu n’auras pas mûri, je ne te reprends pas avec moi sur le terrain ni en formation.
- Mon père ne te laissera pas faire !
- Oh que si ! Sinon, il te retrouvera entre quatre planches un beau matin. Parce que Mademoiselle aura préféré butiner que faire attention à sa vie. Et je te le répète, Reika : tu ne m’intéresses pas., lui dit Ryo, puis il lui tourna le dos et se dirigea vers la salle d’attente de chirurgie, la laissant seule.

Il fut bientôt rejoint par ses deux amis, Saeko ayant renvoyé sa sœur chez elle.

- Tu ne pourras refuser longtemps de ne pas la former, Ryo., l’informa Hide.
- Qu’ils me virent alors ! Je refuse de continuer. Depuis qu’elle est à la brigade, soit elle pourrit la vie de Kaori, soit elle me séduit. Dis-moi qu’on arrive à tourner comme avant., demanda Ryo à son coéquipier.
- Non, c’est vrai., soupira-t-il.
- Sérieusement, je n’ai pas écouté un traître mot mais je sais que tout le temps qu’on a attendu avant l’action, elle me parlait. Elle m’a même caressé, Hide. On était en position, risquant de se prendre une balle d’on ne sait où, et elle me caressait… Ta sœur est plus jeune qu’elle mais elle a plus de plomb dans le crâne. Au final, c’est elle qui est allongée sur une table d’opération., s’énerva-t-il, puis réalisant ce qu’il suggérait, il se tourna vers son amie.
- Désolée Saeko, je ne souhaite pas de mal à ta sœur mais là…
- Ca va. Ca a beau être ma sœur, ça fait un bail qu’elle a dépassé les bornes.

Ils retombèrent tous trois dans le silence attendant des nouvelles de Kaori. Une heure passa lentement. Le jour se couchait dehors. Le téléphone d’Hide sonna et il s’éloigna avant de décrocher. Peu après, le chirurgien arriva et se dirigea vers eux.

- Vous êtes de la famille de Kaori Makimura ?, demanda-t-il à Ryo.
- Non, son coéquipier. Comment va-t-elle ?
- Je ne peux pas vous en parler. Elle a de la famille ?
- Son frère qui est là-bas., indiqua Ryo en serrant les dents de ne pas avoir de réponse.

Hide revint deux minutes après.

- Monsieur Makimura ?

Hide acquiesça.

- Votre sœur vient de sortir de chirurgie. L’opération s’est bien passée. Elle devra rester deux ou trois jours à l’hôpital puis elle pourra sortir.
- Très bien. On peut la voir ?, demanda-t-il soulagé.
- Oui mais pas plus de cinq minutes pour aujourd’hui. Elle a besoin de se reposer.

Tous trois le suivirent jusqu’à la chambre de Kaori. Elle se réveillait doucement de l’anesthésie et les regarda, un sourire léger aux lèvres.

- Bonsoir, ma belle. Comment tu te sens ?
- Ereintée. On l’a eu ?, demanda-t-elle en se tournant vers Ryo.
- Oui. C’est fini.
- Tant mieux., répondit-elle, ses yeux se refermant.
- Repose-toi. On reviendra demain., dit Hide en l’embrassant sur le front.

Ryo aurait aimé avoir un geste tendre envers elle mais la présence de ses amis l’en empêchait. Il soupira et sortit difficilement. Devant l’hôpital, Hide arrêta son ami, le regard sombre.

- Je viens d’avoir le commissaire. Tu es convoqué demain matin à huit heures au bureau. Je dois être là aussi. Tu sais de quoi il veut nous parler ?
- Certainement de mon refus de continuer à la former. Elle a dû se plaindre auprès de papa.
- Rien d’autre Ryo ?
- Non., répondit-il, sûr de lui.

Ils rentrèrent chez eux, tous ayant des difficultés à trouver le sommeil. Le lendemain matin, Hide et Ryo se rendirent dans le bureau du commissaire. Hide avait téléphoné à l’hôpital et lui avait dit que Kaori avait bien dormi. Ryo aurait aimé en juger par lui-même et pouvoir la serrer dans ses bras, mais il lui faudrait attendre. Le commissaire les fit s’asseoir et observa quelques instants Ryo.

- Lieutenant, j’ai eu vent de faits qui m’ont contrarié. J’ai demandé à l’inspecteur Makimura d’être présent à la fois en tant que chef de groupe et chef instructeur.

Ryo et Hide furent surpris : pourquoi devait-il intervenir en tant que chef instructeur pour Reika ?

- L’officier Nogami nous a prévenu hier que vous ne vouliez plus assurer sa formation parce qu’elle repoussait vos avances., dit-il d’un ton consterné.

Ryo crut s’étouffer. Elle avait inversé les rôles.

- Monsieur le commissaire, c’est plutôt le contraire : c’est moi qui repousse ses avances.
- On sait bien vous et mois ce qui s’est passé il y a deux ans maintenant, Saeba.
- Je ne nie pas ce fait, Monsieur. Mais pour moi, c’est du passé, ce qui n’est pas son cas. Elle ne cesse de me poursuivre et me faire des propositions que je refuse. Même sur le terrain, Monsieur. Elle n’est pas concentrée à ce qu’elle fait et met en danger sa vie et celle de ses coéquipiers., argumenta Ryo, tentant de gérer la colère qui le gagnait.
- Inspecteur, votre avis.
- Monsieur le commissaire, je corrobore ses faits pour avoir assister à plusieurs scènes. Si vous avez besoin d’autres témoignages, demandez au lieutenant Nogami.
- Très bien. Je lui demanderai. Lieutenant, si son comportement évolue, reprendrez-vous sa formation ?
- Oui, Monsieur., se sentit obligé de répondre Ryo.
- Ce sujet est donc clos. Mais un autre est à évoquer.

Le commissaire le regarda d’un œil perçant. Ryo ne comprenait pas ce qui pouvait encore l’attendre.

- Je vous écoute, monsieur le commissaire.
- Votre liaison avec une de vos élèves., répondit celui-ci.

Ryo et Hide furent stupéfaits. Tous les deux, sans savoir qu’ils partageaient les mêmes pensées, ne s’attendaient pas à cela. Leur relation avait été très discrète et surtout complètement invisible en dehors de l’appartement. Hide était certain que Saeko n’en avait parlé à personne alors comment ?

- Qui plus est la sœur de l’inspecteur. On nous a rapporté que vous aviez des rapports intimes avec votre élève depuis quelques mois maintenant. Parait-il que vous allez même vous afficher au mariage à son bras et ce, en dépit de l’avertissement que vous avez reçu l’année dernière de ne plus avoir ce genre de comportement.
- Alors oui je vais aller au mariage de mes collègues au bras de Kaori. C’est ma collègue et la sœur de mon meilleur ami. Mais je n’ai pas de rapports intimes avec elle. Nous sommes proches certes mais nous avons passé beaucoup de temps ensemble avec sa formation de tireur d’élites et notre travail dans le même groupe.
- Pouvez-vous me prouver que vous n’avez pas couché avec votre élève ?
- Comment voudriez-vous que je le fasse ? Confrontez nos témoignages. Vous savez où la trouver. Elle est à l’hôpital actuellement pour avoir pris une balle dans l’exercice de ses fonctions., répondit Ryo, mauvais.

Hideyuki posa sa main sur le bras de Ryo pour le calmer.

- Nous allons aller interroger l’officier Makimura également. Le préfet de police en personne doit actuellement être avec elle. Nous prenons cette affaire très au sérieux. Vous pourriez tous les deux perdre votre poste.
- Nous n’avons rien à nous reprocher., se défendit Ryo.
- Très bien. Nous en avons terminé pour ce matin. Vous pouvez disposer., les congédia sèchement le commissaire.

Ryo et Hide sortirent et se rendirent dans leur bureau. Ils croisèrent Saeko qui venait de recevoir un appel du commissaire. Hide la stoppa et, sous couvert de l’embrasser, lui murmura quelques mots à l’oreille. Elle acquiesça et sortit. Reika était à son bureau et s’absorbait dans un dossier, l’air narquois. Ryo réprima une envie de meurtre et alla faire son rapport sur le braquage de la veille. Sans nul doute, il y aurait une enquête interne, alors autant le faire avec les évènements encore frais en tête.

A l’hôpital, Kaori vit arriver stupéfaite le Préfet de Police Nogami. Sa présence la rendait perplexe et nerveuse. En fin stratège, et elle comprenait mieux d’où Saeko tirait ses capacités, il n’attaqua pas d’emblée le vif du sujet mais la félicita d’abord pour son action et lui demanda comment elle se sentait. Elle le remercia timidement. Puis il aborda l’objet réel de sa visite :

- Mademoiselle Makimura, nous avons eu vent de certaines allégations vous concernant., l’informa-t-il d’un ton neutre.
- A quel sujet ?
- Vous auriez des rapports intimes avec votre instructeur.

Il ne lui fallut pas un dixième de secondes pour comprendre que l’instructeur en question était Ryo. Bien qu’elle ne fut pas coupable, elle se mit à rougir à cause du sujet abordé. Le préfet de police voulut la rassurer :

- Ne vous inquiétez pas Mademoiselle. Nous ne vous souhaitons aucun mal. Mais si le Lieutenant Saeba a eu un comportement déplacé, vous devez nous en informer.
- Non. Il ne s’est rien passé. Le Lieutenant a toujours été très correct que ce soit au centre de formation ou au commissariat. Nos n’avons pas eu de rapports intimes.
- Pouvez-vous confirmer vos dires, Mademoiselle ? Dans le cas contraire, nous devons supposer que vous avez volontairement eu une liaison avec le lieutenant et vous connaissez tous les deux les conséquences de tels actes., lui dit-il d’un ton froid.

Kaori le regarda. Elle savait qui avait lancé cette affaire sur son dos. Elle n’avait aucun doute là-dessus. Elle espérait bien que cette fois-ci le bâton se retournerait contre celle qui l’avait lancé.

- Vous voulez des preuves ? Faites venir un gynécologue. J’accepte de me soumettre à son examen. Ma vertu est encore intacte. Ca vous suffira ?, demanda-t-elle, tentant de contenir sa colère d’être ainsi traitée.
- Ca me suffira. Je fais la demande de suite., dit-il en sortant.

Quelques minutes plus tard, une gynécologue se tenait devant elle et l’examinait, le Préfet se tenant à côté de Kaori pour respecter son intimité, avait-il dit, ce qui la fit amèrement sourire : si c’était vraiment le cas, elle ne serait pas jambes écartées, son intimité exposée. La gynécologue confirma les dires de la jeune femme, établit un certificat en double exemplaire et le Préfet lui présenta ses plus plates excuses. Kaori en aurait certainement ri tellement il semblait confus. Mais elle voulait juste se retrouver seule et ravaler les larmes amères qui lui brûlaient les yeux.

En milieu de matinée, le commissaire et le Préfet pénétrèrent dans le bureau de la brigade sous le regard méfiant de trois des quatre membres présents.

- Nous voulions vous informer que l’enquête est close sur les deux sujets. Vous êtes innocenté des deux plaintes qui vous concernaient.
- Mademoiselle Makimura a consenti à se faire examiner pour prouver sa virginité., admit le Préfet à contre-coeur, contrit.

A ces mots, Ryo eut un haut-le-coeur. Il pensait à ce qu’elle avait dû ressentir et elle avait dû vivre cela toute seule. Il regarda Hide dont le visage s’était fermé et Saeko qui adressait un regard lourd de sens à sa cadette qui n’en menait pas large.

- Tout cela est fini. Toutefois, il serait plus raisonnable de vous trouver une autre cavalière pour le mariage de vos amis., préconisa le commissaire.
- Non, c’est hors de question. Ce serait admettre que nous avons quelque chose à nous reprocher, ce qui n’est pas le cas et vous en avez eu la preuve., leur répondit durement Ryo.
- La seule personne qui doit se faire des reproches est celle qui a lancé ces fausses accusations.
- Ceci est exact et c’était le deuxième but de notre visite., indiqua le Préfet.
- Reika, tu es mutée pour deux mois à la circulation. Si ton comportement ne change pas, tu y resteras.
- Tu ne peux pas me faire cela, papa !, s’énerva-t-elle en se levant de son bureau.
- Ne m’appelle pas papa au commissariat ! Je fais ce que bon me semble pour assurer le fonctionnement. Ton comportement crée un dysfonctionnement, j’y remédie. Et c’est valable à compter de maintenant ! Tu prends tes affaires et tu sors !

Elle s’exécuta en pleurant, furieuse que son plan n’ait pas fonctionné.

- Ryo, quand tu auras fini ton rapport, tu pourras aller voir Kaori pour avoir le sien ?, demanda Hide, plus pressé de savoir sa sœur accompagnée que d’avoir réellement son rapport.
- Je suis coincé ici jusque milieu d’après midi.
- Ca marche. Je me dépêche.
- Ryo, je suis content que ce se soit terminé ainsi. Je n’aurais pas aimé vous voir tous les deux dehors.
- Ne t’inquiète pas. Ca n’arrivera pas., répondit Ryo qui était maintenant presque sûr qu’Hide était au courant pour eux deux.

Deux heures plus tard, Ryo était aux côtés de Kaori. Il s’était assis à ses côtés et l’avait prise dans ses bras, savourant sa présence et sa chaleur, lui apportant le réconfort dont elle avait besoin après l’épreuve de l’examen.

- Tu veux toujours de moi pour aller au mariage ?
- Oui, plus que jamais.
- Tu m’en vois heureux., murmura-t-il en déposant un baiser dans ses cheveux.
- Kao, il faut qu’on parle…

Elle leva un regard interrogatif vers lui et attendit.

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Jeu 30 Avr - 5:57
Chapitre 16

Le grand jour était enfin arrivé : Hideyuki et Saeko se mariaient. Ryo et Kaori se retrouvèrent au petit matin pour se rendre sur le lieu de la cérémonie où les futurs mariés les attendaient pour les aider à se préparer. Ils s’étaient tendrement embrassés et souhaités une joyeuse saint-Valentin avant de monter en voiture bavardant gaiement de tout et de rien. Kaori était sortie de l’hôpital deux jours avant et se remettait bien même si elle fatiguait vite. Ils se séparèrent une fois arrivés et se dirigèrent vers les salles où les attendaient respectivement les futurs mariés.

Kaori entra dans la salle où Saeko était en train de se faire maquiller. Elle avait l’air exaspéré.

- Maman, si tu allais te reposer un peu. Ca te ferait du bien avant la cérémonie., dit la jeune femme à la dame qui lui ressemblait et qui s’exécuta en soupirant.
- Bonjour Saeko. Tu veux que je te laisse, peut-être ?, demanda Kaori, timidement.
- Bonjour, Kaori. Non reste, s’il te plaît. Une présence amicale me fera du bien., lui dit-elle en souriant.

La maquilleuse eut vite fini et les laissa. Saeko soupira d’aise.

- Enfin… Allez, plus que la coiffeuse et la robe a passé et j’en aurai fini…
- Ca a l’air de t’enchanter…, ironisa Kaori.
- Je suis levée depuis sept heures du matin et en route depuis sept heures et demi. J’en ai ras le bol. J’aurais mieux fait de me marier à la sauvette.
- Dans deux heures, tout cela ne sera que du passé. Tu profiteras du moment et au final la journée passera très vite. Enfin c’est ce que tout le monde dit., finit Kaori en rougissant et baissant les yeux.
- Tu as raison. Et toi, tu n’as personne en vue ?

Kaori la dévisagea, légèrement surprise, puis lui sourit légèrement. Saeko et sa perspicacité…

- Justement si. Je… je voulais te dire. J’ai quelqu’un dans ma vie. Quelqu’un que j’aime de tout mon coeur mais c’est un peu compliqué.
- Qui est-ce ? Comment est-il ?
- Il est merveilleux. Il n’est pas parfait mais il sait ce qu’il veut et il prend soin de moi. Je sais que ce n’est pas qu’une simple aventure. Je me sens tellement bien avec lui.
- Tu es amoureuse, en somme ?
- Je l’aime, Saeko.
- Pourquoi est-ce si compliqué alors ? Il est marié ?, demanda-t-elle innocemment alors qu’elle s’amusait comme une folle.
- Non, il n’est pas marié. C’est… C’est Ryo., murmura-t-elle, doucement.

Saeko se leva et s’approcha d’elle. Elle se mit à côté d’elle à regarder par la fenêtre.

- Tu l’aimes vraiment ?
- Oui. Je n’arrive pas à t’expliquer. Quand il est là, mon coeur bat plus fort et en même temps je me sens plus sereine et plus forte.
- Oui, tu l’aimes. Et lui aussi j’en suis sûre. Je ne l’ai jamais vu aussi heureux et serein. Je l’ai toujours connu anxieux et débordant d’une énergie qu’il n’arrivait pas à canaliser. On assistera peut-être à votre mariage l’année prochaine.
- Je… peut-être., murmura Kaori.
- Si tu as besoin de parler, n’hésite pas à venir me voir. D’accord ?, lui dit Saeko et elle acquiesça.

Dans l’autre pièce, Hideyuki et Ryo discutaient tranquillement de choses et d’autres. Ryo était nerveux et ne savait comment aborder le sujet qui lui tenait à coeur.

- De nous deux, c’est moi qui devrait être entrain de me ronger les ongles..., lui dit Hide, hilare.
- Très drôle… Tu n’es pas nerveux ?
- Pourquoi ? Je vais me marier en public, c’est tout. Officiellement, c’est déjà fait donc je ne risque pas de me voir opposer un refus., lui indiqua Hide en haussant les épaules.
- Tout ça c’est de l’apparat pour la famille de Saeko. Moi je m’en contrefiche.
- Tant mieux, tant mieux.
- Crache le morceau, Ryo. Tu te sentiras mieux après.
- J’ai comme l’impression que tu sais de quoi je vais te parler., soupçonna Ryo.

Ils se toisèrent quelques secondes en souriant légèrement, puis Ryo se décida.

- J’aime ta sœur Hide, sincèrement. Mais tu le savais non ?, l’interrogea-t-il.
- Oui depuis qu’on vous a annoncé nos fiançailles.
- Tu es en colère ?, demanda Ryo, se sentant coupable.
- Un peu déçu mais pas en colère. Tu n’avais pas confiance en moi ?
- Du tout. Je ne voulais pas te mettre dans une position inconfortable.
- Pourquoi aujourd’hui ? Kaori ne finit sa formation que dans onze mois.

Ryo se leva et alla à la fenêtre. Il réfléchit une dernière fois avant de se lancer, pesant le pour et le contre juste pour se conforter dans son choix.

- Parce que je veux te demander sa main. Je veux l’épouser.
- Tu me demandes sa main ? Tu as encore le temps non ?
- Je veux l’épouser au plus vite. Je veux pouvoir avoir des nouvelles d’elle lorsqu’elle est à l’hôpital, je veux pouvoir la tenir dans mes bras et savoir qu’elle ne peut pas m’être enlevée…
- Tu veux pouvoir coucher avec elle., dit Hide, un petit froncement de sourcil s’affichant.
- Non je ne veux pas coucher avec elle. Je veux faire l’amour à ma femme. Tu sais qu’il ne s’est rien passé jusque maintenant. On essaie d’attendre le plus longtemps possible mais je ne suis pas sûr qu’on y arrivera.
- Honnêtement, je me demande même comment tu as fait jusque maintenant.
- J’ai du respect pour elle et pour toi. Je voulais être sûr que ce n’était pas qu’une simple attirance. Mais elle me rend meilleur, Hide. Elle a fait de moi un homme, un vrai, capable d’assumer ses peurs, ses craintes, ses responsabilités.

Hide le regarda en souriant légèrement. C’était vrai qu’il avait bien changé depuis un an. Plus responsable, plus mûr, il ne reconnaissait plus le gamin qu’il avait réorienté quelques années plus tôt.

- Je t’accorde sa main si elle est d’accord bien entendu. Mais je suppose que c’est oui., fit Hide en souriant.
- Je ne sais pas : je ne lui ai pas encore demandé., admit Ryo en souriant bêtement et se grattant la tête.
- Non ? Tu respectes la tradition toi maintenant ?, rétorqua Hide étonné.
- J’ai grandi en dehors de tout ça. J’ai envie de ce qu’il y a de mieux pour elle et je trouve que respecter la tradition est un bon début., répondit-il avec un petit sourire.
- En effet. Et tu comptes lui demander quand et l’épouser quand.
- Cette après-midi et lundi.

Hide se retourna vivement vers lui, plus que surpris.

- Elle n’est pas enceinte, tu es sûr ?, demanda Hide avec un grand sourire moqueur.
- Non, bien sûr que non. Tu me prends pour… C’était une blague., comprit Ryo
- T’es le Lucky Luke de la bague ?, blagua-t-il.
- Je suis fou d’elle. Je ne veux plus attendre sauf si elle le désire. C’est elle qui donne le tempo.
- C’est Kaori. Sous ses airs innocents, c’est une maîtresse-femme., admit Hideyuki.

Le temps avançant, ils se changèrent. Hide fit revérifier trois fois à Ryo qu’il avait bien les alliances, ce qui lui valut une taquinerie sur le fait qu’il n’était pas nerveux. Saeko regarda Kaori passer sa robe et l’aida à la fermer à cause de sa blessure qui l’empêchait de se contorsionner, puis passa la sienne avec l’aide de la jeune femme. Reika arriva à ce moment-là et regarda dédaigneusement les deux femmes faire sans lever le petit doigt. Elle était encore terriblement en colère pour ce qui s’était passé quelques jours plus tôt. La mère de Saeko arriva et fit le tour de sa fille inspectant scrupuleusement chaque pli et repli de la robe de la mariée. Finalement, elle donna son aval et la cérémonie put commencer.

Hide et Ryo attendaient près de l’autel avec un cousin de Saeko. Ils virent Reika et Kaori avancer dans leurs robes de demoiselle d’honneur. Ryo déglutit à la vision que lui offrait Kaori. Elle était superbe dans cette robe tout en légèreté. Puis Saeko s’avança dans sa robe de mariée. Elle était sublime. Hide ne pouvait quitter des yeux sa bien-aimée.

- Fais attention : ferme la bouche. Tu vas baver !, plaisanta Ryo.

Hide lui lança un regard noir, puis se concentra. Le prêtre commença la cérémonie. Celle-ci avançant, on entendait plus les pleurs de la mère de Saeko que le sermon du prêtre. Les mariés se sourirent indulgents. Vint le moment des vœux des mariés. Ils se tournèrent l’un vers l’autre, émus. Saeko prit la parole la première et fit un magnifique discours qui tira des larmes à Hideyuki. Puis Hide s’y colla et arracha lui quelques rires de l’assemblée et des larmes de sa femme. Ryo et Kaori s’adressèrent quelques regards discrets pendant ce temps.

La cérémonie toucha à sa fin avec le traditionnel baiser des mariés qui se laissèrent quelque peu emporter, sous les yeux effarés des parents de Saeko et les rires du reste de l’assemblée.

- Il a pris son temps. Il faut bien qu’il rattrape., murmura Ryo à l’oreille de Kaori en sortant à son bras, ce qui la fit rire.

A la sortie de l’église, Saeko se plia au lancer de bouquet. Toutes les femmes non mariées étaient rassemblées au pied de l’église, attendant plus ou moins impatiemment le moment fatidique. Kaori avait refusé d’y aller, craignant de recevoir un coup à sa blessure, mais y fut contrainte par sa belle-sœur. Reika arriva à ses côtés et lui décocha quelques phrases assassines puis de rage la poussa. Sans rien y comprendre, Kaori se retrouva avec le bouquet de la mariée dans les mains, faisant enrager encore plus Reika. Elle était tellement stupéfaite qu’elle resta un moment là alors que toutes partaient, déçues. Saeko était ravie, Hide la regardait heureux, et Ryo lui souriait… bizarrement.

Tout ce petit monde se dirigea ensuite vers la salle de réception. Il y avait énormément de monde et, malgré la fraîcheur extérieure, il faisait très chaud dans la pièce. Ryo voyait que Kaori avait du mal à rester debout.

- Tu as mal ?, chuchota-t-il à son oreille.
- Oui. J’ai dû me prendre un coup quand Reika m’a poussée. J’ai des antalgiques. Ca va passer., le rassura-t-elle.

Il la fit s’asseoir et revint avec un verre d’eau. Elle ne voulait pas l’avouer mais elle était aussi fatiguée et tout ce monde et ce bruit ne l’aidaient pas.

- Ryo, tu n’as pas envie d’aller faire un tour dehors ?, lui demanda-t-elle.
- Tes désirs sont des ordres, ma princesse., lui répondit-il en lui baisant la main.

Elle rougit puis rit. Ryo aimait le son de son rire qui lui réchauffait le coeur à tous les coups. Il la prit par la main et l’emmena marcher. Ils se dirigèrent vers un lac à l’écart de la foule et s’arrêtèrent au bord de l’eau. Il vérifia qu’ils ne pouvaient être vus et enlaça sa compagne.

- Ryo, on pourrait nous voir.
- Non, pas d’ici. C’est calculé., lui répondit-il avec un clin d’oeil.
- Tu es superbe dans cette robe, Kaori.
- T’es pas mal non plus dans ton genre., rétorqua-t-elle, le regard pétillant de malice.
- Je sais, je sais., dit-il suffisant.

Il la serra contre lui, s’imprégnant de sa chaleur et de son odeur. Cette femme était faite pour lui.

- C’était une belle cérémonie, tu ne trouves pas ?, demanda-t-elle d’un petite voix.
- Oui, c’est vrai. On tentera de faire aussi bien mais avec beaucoup moins de monde si ça te dit., répondit-il, une pointe d’anxiété dans la voix.
- Quoi ?, s’étonna Kaori s’écartant de lui.
- Kaori, je t’aime., commença-t-il en mettant un genou à terre.
- Veux-tu me faire l’honneur de devenir ma femme ?, lui demanda-t-il en prenant sa main et déposant un baiser dessus.
- Oui., souffla-t-elle et elle le répéta en le forçant à se relever pour l’embrasser avec passion.

Il sortit un écrin de sa poche et découvrit un bracelet portant son prénom avec un diamant incrusté dans le O.

- J’aurais aimé t’offrir une vraie bague de fiançailles mais la situation ne me le permet pas. Permets moi de t’offrir ce bracelet comme symbole de ma promesse.
- Je me fiche du symbole : ton amour est le plus important pour moi., répondit-elle en le regardant fixer le bijou à son poignet gauche.
- Kao, la belle cérémonie devra attendre mais je voudrai me marier au plus vite. Je veux faire l’amour à ma femme et je ne veux surtout plus rester dans l’ignorance si tu devais retourner à l’hôpital. Je veux faire partie de ta famille.
- Ton jour sera le mien, mon amour.
- Lundi alors., répondit-il simplement sous le regard surpris et émerveillé de sa fiancée.

Ils s’embrassèrent une dernière fois avant de repartir vers la salle, reprenant leur rôle de partenaires de travail et amis. Ils sentaient tous deux les regards posés sur eux par moments et restaient sur le qui-vive.

- Vous êtes divinement belle, Mademoiselle., entendit soudain Kaori et son sang se glaça.

Elle se retourna néanmoins, un sourire poli aux lèvres.

- Ryosuke, comment vas-tu ?, demanda-t-elle, poliment.
- Bien et toi ? Toujours aussi belle et désirable.
- Merci. Tu es venu accompagné ?, l’interrogea-t-elle plus par souci de converser que par intérêt réel.
- Non. Tu me feras l’honneur d’une danse ou deux ?
- Tu sais, je suis une piètre danseuse.
- Ca m’étonnerait. Je pense que tu es aussi bonne danseuse que comédienne., lui dit-il avec un clin d’oeil, signe qu’il s’était rendu compte au final de sa duplicité.

Il sourit et la laissa. Puis le repas fut annoncé. Ils se rendirent à la table des mariés où ils étaient attendus. Saeko avait fait attention à mettre Reika à l’extrême opposé de Kaori et Ryo. Elle était accompagné d’un parfait inconnu à qui elle ne se lassait pas de rendre des petites attentions plus ou moins marquées sous l’oeil outré de sa sœur. Après le premier plat, les mariés furent conviés à lancer les festivités. Ils dansèrent sous le regard attendri des convives puis invitèrent les autres à les rejoindre. Hide avait été chercher sa sœur et Saeko Ryo.

- C’est un beau mariage, aniki.
- Merci, Kaori. Alors Ryo et toi ?, murmura-t-il à son oreille.

Kaori baissa les yeux de honte : elle n’aimait pas mentir à son frère. Elle n’aimait pas le décevoir.

- Je suis désolée, Hide. Je ne voulais pas te faire de peine.
- Tout va bien, Kao. Rien de neuf sinon ?, demanda-t-il, à voix basse, avec un léger sourire.
- On va se marier lundi., lui chuchota-t-elle à l’oreille.
- Tu es d’accord ?, lui demanda-t-elle, anxieuse.
- Si toi tu l’es. Tu es majeure, Kaori. Tu n’as pas besoin de mon autorisation.
- Peut-être. Mais ta bénédiction me ferait du bien.
- Tu l’as. Ryo l’avait déjà demandée.
- C’est vrai ?, l’interrogea-t-elle incrédule.
- Oui. Il t’aime. J’ai confiance.

Elle serra son frère dans ses bras laissant échapper quelques larmes. Elle savait qu’elle avait de la chance de l’avoir.

- Je t’aime aniki.
- Moi aussi ma Kaori. Allez viens je te raccompagne. Je sens tes jambes trembler, tu dois être fatiguée.
- Oui., souffla-t-elle.
- Mademoiselle Kaori pleure comme un bébé. Tu as raison de te demander si un jour toi aussi tu te marieras. T’inquiète, tu te consoleras avec les bouquets des mariées.
- J’ai plus de chance de me marier pour une bonne raison que toi qui risques de te marier parce que tu tomberas enceinte, en tous cas., s’énerva Kaori face au comportement indécent de la jeune femme.
- Je prends mon pied moi pas comme certaines qui sont complètement coincées et frigides. T’arrives même pas à te faire sauter par ton partenaire qui est pourtant un coureur de jupons. C’est dire le lot que tu fais., ricana Reika.
- Au moins je suis sûre qu’on ne me court pas après pour ce que je peux apporter à ces messieurs !, asséna Kaori à Reika.
- Ca suffit maintenant, vous deux !, intima Hide, sévère.
- Pardon Hide. Je suis désolée.

Après un regard de son ami, Ryo prit la main de sa compagne et l’emmena danser pour l’éloigner de la table. Il vit au loin Hide et Saeko faire une mise au point musclée avec Reika qui se leva et s’en alla offusquée. Il resserra son étreinte sur sa fiancée et l’observa en douce. Elle avait les traits tirés et le teint pâle. Sans nul doute, elle payait le contre-coup de sa blessure.

- Viens, on va rentrer, Kaori. Tu es fatiguée.
- Non, je…
- Si ça continue, tu vas t’évanouir. Ne fais pas d’histoire. Il est déjà tard.
- D’accord.

Ils regagnèrent leur table et saluèrent les mariés, leur souhaitant un agréable voyage de noces.

- Ne faites rien de ce que je ne ferai., leur conseilla Ryo avec un clin d’oeil, ce qui les fit rire.

Puis ils récupérèrent leurs affaires et rentrèrent. Kaori s’endormit dans la voiture et ne se réveilla pas quand ils furent arrivés. Ryo la prit dans ses bras et l’emmena dans sa chambre. Il la déposa sur son lit, lui enleva sa robe délicatement, admirant au passage son magnifique corps puis la recouvrit de sa couverture. Il la laissa et alla également se coucher, le sourire aux lèvres : dans moins de quarante-huit heures, ils seraient mariés.

La journée du dimanche passa rapidement. Kaori rejoignit Ryo dans son appartement et ils se reposèrent une bonne partie de la journée, tendrement enlacés dans les bras l’un de l’autre.

Et leur grand jour arriva. Le lundi matin, tous deux se présentèrent à la mairie de Tokyo, remplirent les papiers et un quart d’heure après, ressortirent mariés… Ils se regardèrent bêtement en se demandant s’ils n’avaient pas vécu un rêve éveillé mais non, le papier qu’ils détenaient leur prouvait le contraire.

- Je te jure qu’on fera une vraie cérémonie l’année prochaine., affirma Ryo.
- Là, c’est vraiment trop glauque. Tu veux bien ?
- Oui. Une cérémonie officielle et un peu plus romantique., approuva Kaori.

Elle regarda cependant son alliance, ce petit anneau qu’elle ne pourrait que trop peu porter qui symbolisait leur union, et ne put s’empêcher de sourire.

- Alors Monsieur Saeba, ça fait quoi d’être marié ?
- J’attends la nuit de noces pour te confirmer mais, pour le moment, ça n’est pas déplaisant., répondit-il un sourire aux lèvres.
- Quelle nuit de noces ? Ce n’est pas une nuit de noces que tu vas avoir mais une journée de noces. Tu ne penses pas qu’on a du temps à rattraper., lui dit-elle d’une voix sensuelle, se sentant pousser des ailes.

Il ne se perdit pas en temps de réponse ou tergiversation. Il la ramena en moins de temps que nécessaire à l’appartement, ferma tous les verrous, débrancha les téléphones et emmena sa femme dans leur chambre. Une fois la porte fermée, le temps sembla ralentir. Il prit tout son temps pour amadouer sa belle, la mener sur les chemins d’un plaisir intense, lui faire découvrir le plaisir de recevoir et partager, l’art de communiquer à l’autre au travers des gestes et soupirs l’amour qu’il inspire. Kaori fut surprise de ne pas ressentir de douleur mais plus une légère gêne lorsqu’il vint en elle pour la première fois. Elle se dit que sans appréhension, la chose était plus aisée, puis tout sens de la réflexion disparut sous le flot de sensations inédites qui parcourut son corps.

Ce moment fut de toute beauté pour l’expert es conquêtes qu’était Ryo. Il n’avait jamais vécu une étreinte de cette intensité. La demoiselle était une élève rapide et douée, très instinctive pour leur plus grand plaisir. Il découvrit de nouvelles facettes de sa femme et ne l’aima que plus.

Leur première danse terminée, ils se lovèrent dans les bras l’un de l’autre, reprenant leur souffle et leurs esprits.
- Kaori., l’appela Ryo.

L’intensité et la tendresse qu’il avait dans la voix en prononçant son prénom la firent frémir. Elle se tourna vers lui, lui décochant le plus magnifique sourire qu’il ait jamais vu. Il sentait son coeur battre dans sa poitrine.

- Tu m’as touché le premier jour où je t’ai vu. Ta joie de vivre, ton espoir m’ont appris à voir, à espérer autre chose que mon petit monde de luxure et de solitude. Ton amour m’a fait grandir. Kaori, je te jure amour et fidélité jusqu’à la fin de mes jours. Ensemble, nous vaincrons tous les obstacles qui se présenteront sur notre route, nous construirons le foyer qui abritera notre famille, nous nous aimerons., lui dit-il le regard brillant d’amour.
- Ryo, je t’aime., dit-elle en posant une main sur sa joue.

Emue par son discours, elle l’embrassa tendrement, laissant glisser sa main dans ses cheveux, ce qui acheva son homme.

- Round numéro deux, Madame Saeba., lui dit-il, la voix chargée de désir.
- Je vais vous mettre au tapis, Monsieur mon mari., répondit-elle mutine.
- Tant que tu me fais du bouche à bouche, ça me va.
- Tais-toi, idiot. Fais-moi l’amour.

Il s’exécuta avec plaisir.

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Ven 1 Mai - 5:51
Chapitre 17

Complètement déconnectée de la réalité, un corps recroquevillé et ensanglanté tentait d’endiguer la douleur qui l’assaillait…

La journée avait commencé sur les chapeaux de roue pour deux amoureux qui n’avaient que la chaleur de leur foyer pour se laisser aller. Le réveil avait sonné mais un mauvais élève avait entrepris de réviser sa leçon d’anatomie sur sa partenaire. De soupirs en gémissements, de gémissements en petits cris de plaisir, tous deux avaient laissé libre cours à leur amour et au cri de stupéfaction quand ils virent qu’ils étaient très, très en retard. L’option de la douche à deux écartée car trop tentatrice, ils remercièrent le ciel ou tout autre protecteur d’avoir deux salles de bains à disposition. Ils arrivèrent au coin de la rue menant au commissariat. Sans un regard, Kaori sortit de la voiture et Ryo alla la garer au parking, la suivant un peu après en courant.

Quand ils déboulèrent dans le bureau, Hide leur lança un regard consterné où pétillait tout de même une lueur de malice.

- Panne de réveil ?, demanda-t-il.
- Oui, oui., répondirent-ils tous les deux, mais les joues rouges de sa sœur confirmèrent ses soupçons.
- Vive la jeunesse… Kaori, tu nous quittes pour la journée : ils ont besoin de renforts à la circulation à cause du sommet international., l’informa Hide.
- Ok, j’y vais. Bonne journée à tous les trois., lança-t-elle en ressortant du bureau pour aller se changer aux vestiaires.
- Nous devons préparer notre témoignage pour le procès de la semaine prochaine., indiqua le chef de groupe à ses deux acolytes.

Kaori rejoignit les autres officiers pour savoir avec qui elle ferait équipe. Elle eut la surprise, déplaisante, de se retrouver avec Reika qui, ayant plus d’ancienneté, se retrouva au commandement de leur binôme, autant dire qu’elle tenait sa vengeance sur sa rivale... Elle passa toute la matinée à dire à Kaori ce qu’elle devait faire, comment le faire et ne se privait pas de la rabaisser devant tout le monde en hurlant. Elle lui faisait faire toutes les corvées pendant qu’elle observait la rue, les passants, les vitrines. Elle s’en prit vivement à sa collègue qui indiquait la route à un couple de touristes, sous leurs regards effarés.

Le midi alors qu’elles prenaient leur pause dans le parc, Reika s’allongea dans l’herbe avec un soupir d’aise. Kaori s’assit un peu plus loin, poussant elle un soupir de soulagement. Elle aurait peut-être un peu de paix. Elle laissa ses pensées s’évader, le regard dans le vide. Elle observa les cerisiers en fleurs et sourit, se souvenant de ses pensées un an presque auparavant. Elle débutait alors sa formation et ne se doutait pas de tout ce qui se passerait durant cette année, certainement pas qu’elle serait mariée à l’homme de sa vie. Cela faisait six semaines maintenant et elle avait encore du mal à y croire. Elle se sentait tellement bien, tellement femme. Ryo semblait épanoui aussi et elle espérait qu’il était aussi heureux qu’elle.

- Kaori, va me chercher un soda., lui demanda Reika sèchement.
- Je ne suis pas ta bonniche. Vas-y toi-même., répliqua-t-elle.
- Je suis ta supérieure pour la journée, tu fais ce que je te dis.
- Ton autorité s’arrête aux limites du professionnel. Tu veux une boisson, tu te lèves et tu y vas.

Reika se leva furieuse et vint se poster devant Kaori. Elle pointa son doigt sur elle, rageuse.

- Je te jure que je vais te coller un rapport si tu ne fais pas ce que je te dis ! Pour une fois, tu n’auras pas ton frère pour te protéger., la nargua-t-elle.
- Tu crois que j’ai besoin qu’on me protège ? Tu te fourres le doigt dans l’oeil. Alors ton soda, tu vas te le chercher toute seule comme une grande. Ca te changera de faire quelque chose par toi-même !, lui asséna-t-elle, excédée.
- Je vais te démolir, Kaori Makimura !, hurla-t-elle en trépignant de rage.

Kaori se releva, la toisa et la contourna calmement. Reika serrait et desserrait convulsivement les mains, le visage contorsionné de fureur.

- Tu viens ? La pause est finie, on a du boulot.
- C’est moi qui donne les ordres ! On va de ce côté-là., ordonna-t-elle par pur esprit de contradiction.
- Tu sais que ce n’est pas notre secteur par là ?, lui demanda Kaori.
- Tu la boucles et tu me suis, pigé ?

Kaori soupira et la suivit. Elles allaient sortir du parc par un côté qui sortait de leur périmètre, d’autant plus que ce quartier-là de Shinjuku était dangereux et qu’il était affecté à des officiers ayant plus d’expérience.

- Reika, on devrait faire demi-tour., lui dit Kaori qui avait un mauvais pressentiment.
- Madame la tireuse d’élite a la trouille quand elle est en bas avec le commun des mortels ?, se moqua sa coéquipière.
- Non. Ce n’est pas notre secteur., répondit simplement Kaori mal à l’aise.

Soudain, Kaori ressentit une vive douleur au niveau de la poitrine, sombrant dans l’obscurité avant même que son corps ne toucha le sol lourdement. Reika la regarda figée, ne comprenant pas ce qui lui arrivait, et se retrouva soudain entourée par trois hommes. Elle ne savait plus quoi faire. La peur la pétrifiait et elle ne pouvait que regarder impuissante ces hommes qui rangeaient leurs revolvers munis de silencieux et leur chef qui sortait son couteau. Elle voulut hurler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle aurait mieux fait d’écouter Kaori...

Kaori émergea difficilement du brouillard. Elle ouvrit ses yeux et vit le bleu du ciel parsemé de points blancs, des pétales de cerisiers… Elle sourit : c’était tellement beau. Soudain, tout lui revint en mémoire et elle se releva brusquement, réprimant un cri de douleur. Assise, elle porta la main à son coeur et sentit le métal d’une balle enfiché dans son gilet pare-balles. Reika ? Où était Reika, Elle entendit un gémissement non loin d’elle et se tourna dans sa direction.

- Reika, non !, cria-t-elle en se levant et courant vers elle.

Reika gisait au sol dans une mare de sang. Elle avait été frappée à plusieurs reprises par un couteau dans l’abdomen. Elle avait du mal à respirer, le teint cireux.

- Kaori, j’ai froid., bégaya-t-elle.
- Tiens le coup !, lui répondit la rouquine.

Elle ouvrit les pans de la chemise de Reika pour voir les dégâts et découvrit avec horreur qu’elle ne portait pas son gilet pare-balles. Elle ôta ensuite son pull puis sa chemise qu’elle roula et appuya fortement sur les plaies pour contenir les saignements. De son autre main, elle actionna sa radio et demanda une ambulance et des renforts. Rien ne lui disait que celui ou ceux qui les avai(en)t attaquées n’étai(en)t pas encore dans le coin.

- Tu me fais mal, sale brute !, râla Reika.
- Tais-toi ! Si je relâche, tu vas te vider de ton sang.
- Ca te plairait que je crève, hein ? T’aurais le champ libre pour Ryo.
- Ce n’est pas le moment, Reika., ragea Kaori qui devait lutter contre la jeune femme qui repoussait ses mains.
- Tu crois que je n’ai pas vu ton petit jeu ? Tu lui tournes autour depuis le début., persifla-t-elle, sa voix se faisant de plus en plus hachée.
- Garde tes forces pour rester en vie.

Elle entendit au loin les sirènes de l’ambulance qui rapprochaient.

- Pourquoi Kaori ? Pourquoi tu veux que je reste en vie alors que je te pourris la vie ?, demanda Reika alors que ses yeux perdaient leur lumière.
- Ne me le demande pas. Je dois être masochiste., plaisanta-t-elle pour diminuer la tension.
- Pourquoi ?
- Pour toi, Saeko, tes sœurs, tes parents… Pense à eux. Reika ? Reika !, cria Kaori, affolée.

Reika venait de perdre conscience. Non, elle ne respirait plus. Sans réfléchir, elle commença un massage cardiaque. Appuyer, appuyer, appuyer, respirer. Appuyer, appuyer, appuyer, respirer. Appuyer, appuyer, appuyer, respirer. Appuyer, appuyer, appuyer, respirer. Appuyer, appuyer, appuyer, respirer. Les perles de sueur commençaient à rouler sur son front et elle s’essuya du revers de la main. Elle ne sentait pas la douleur lancinante qui lui vrillait la poitrine.

- Reste avec moi, Reika ! Reste, je te dis ! Tu crois que t’en as fini avec moi ? Tu crois que ça m’a fait quelque chose pour le moment ? Rien, tu m’entends. Tu ne m’as pas blessée, ni vexée. Je sais que tu peux faire mieux que ça. Et Ryo alors ? Tu vas abandonner si facilement ? Tu vas le laisser finir avec une autre que toi ? Je pensais que tu avais plus de cran que ça. T’es qu’une mauviette pour en finir. Que de la gueule Reika ! Allez, réveille-toi, accroche-toi., l’invectiva-t-elle, tout en pleurant sans s’en apercevoir.

Finalement, elle entendit, au bout de ce qui lui parut une éternité, des pas arriver vers elle en courant. Sur le qui-vive, elle sortit son arme et la dirigea vers les bruits mais la rabaissa automatiquement : c’étaient les ambulanciers. Elle reprit le massage sans réfléchir et, alors qu’ils s’agenouillaient près d’elle, elle leur expliqua la situation d’une voix essoufflée. L’un des ambulanciers soigna les plaies pendant que l’autre vérifiait le pouls de Reika et ses constantes. Quand il eut fini, il fit s’écarter Kaori et installa le défibrillateur et lui donna le respirateur. Il lança un premier électrochoc puis reprit le massage pendant que la jeune femme appuyait sur la pompe. Il fit un deuxième électrochoc et le coeur repartit à un rythme régulier. Des policiers avaient encerclé la zone et interrogeaient les passants. Les ambulanciers installèrent ensuite la patiente sur un brancard et demandèrent à Kaori de les accompagner : ils avaient encore besoin d’elle. Ils partirent sirènes hurlantes à l’hôpital.

Au commissariat, un brigadier arriva en courant dans le bureau d’Hideyuki, Saeko et Ryo.

- Inspecteur ! Deux agents ont été agressées dans le parc., dit-il, essoufflé.

Ils se regardèrent tous trois, atterrés. Ils pensaient tous à Kaori qui était justement partie sur le terrain. Ryo sentait ses jambes trembler sous lui et s’agrippa au bureau, Hide était pâle comme un linge.

- Qui ?, demanda Saeko, qui voyait l’émotion de ses deux partenaires.
- Votre sœur, Lieutenant., lui dit-il en baissant les yeux.

Saeko porta la main à sa bouche contenant les sanglots qui restaient coincés dans sa gorge. Hide posa la main sur son épaule et se tourna vers le brigadier.

- Où a-t-elle été emmenée ?
- A l’hôpital le plus proche.
- Le préfet de Police est au courant ?
- Le commissaire le prévient., l’informa-t-il.

Hide prit Saeko par le coude pour l’emmener à l’hôpital. Le brigadier les intercepta au moment de sortir.

- Inspecteur, l’officier Makimura était avec elle. Apparemment elle n’a pas été blessée.

Ryo prit sa veste sans réfléchir et les poussa tous deux dans le dos.

- Je vous emmène., dit-il d’une voix sombre.

Kaori agressée… Kaori a été agressée… Sa Kaori avait été agressée… Ryo ressassa ses pensées tout le long du trajet, heureusement très court. Lorsqu’ils arrivèrent à l’hôpital, ils survolèrent la salle d’attente cherchant où se diriger. Leur regard s’arrêta sur un corps recroquevillé et ensanglanté posé sur un siège. D’un commun accord, Ryo se dirigea dans cette direction pendant qu’Hide accompagnait Saeko à l’accueil pour avoir des nouvelles de Reika. Ryo approcha doucement de Kaori, contenant difficilement sa peur à la vue de tout ce sang. Il toucha son épaule délicatement, ne cherchant pas à la brusquer.

Kaori était perdue. Elle ne voyait plus, n’entendait plus, ne ressentait plus rien... sauf le froid et cette douleur au niveau du coeur. Alors elle se mettait en boule pour garder ce peu de chaleur et contenir la douleur. Elle sentit soudain une chaleur sur son épaule, juste un effleurement, et releva les yeux. Elle eut un peu de mal à se focaliser puis vit apparaître le visage de Ryo, inquiet.

- Kao ?, l’appela-t-il en s’agenouillant devant elle.

Elle le suivit des yeux et lui sourit faiblement. Elle tendit sa main couverte de sang séché et effleura son visage. Il était là, il était réel, tout était réel… Elle sentit les larmes rouler sur ses joues. Pourquoi Reika n’en avait fait qu’à sa tête ? Pourquoi fallait-il qu’elles ne s’entendent pas ? Pourquoi elles ?

Ryo regarda Kaori et lut toute la détresse dans son regard, toutes ses questions qui resteraient sans réponse. Il la prit dans ses bras et la sentit trembler contre lui.

- Pourquoi elle ne portait pas son gilet, Ryo ? Pourquoi ? Pourquoi elle ne portait pas son gilet ?, l’entendit-il murmurer, la stupéfaction s’inscrivant sur son visage.

Puis elle se mit à pleurer, l’angoisse de cette heure sortant enfin. Ils furent rejoints peu après par Saeko, Hide et le Préfet de Police inquiet et furieux.

- Je veux savoir ce qui s’est passé ! Je veux qu’on coince celui qui a fait ça à ma fille ! Makimura, je veux savoir ce qui s’est passé ! Tout de suite !, hurla-t-il.

Kaori se cramponna à Ryo, choquée par la fureur explosive du Préfet. Elle n’y comprenait rien. Elle ne savait pas ce qui s’était passé. Elle ne savait que l’après : le sang, les murmures de Reika, la douleur, la panique, appuyer, appuyer, appuyer, souffler…

- Je… je ne sais pas., balbutia-t-elle.
- Comment ça vous ne savez pas ? Vous y étiez, non ? Que s’est-il passé ?, cria-t-il à nouveau.
- J’ai eu mal là, dit-elle en portant la main à son coeur, et plus rien.

Ryo écarta la main de Kaori de son gilet pare-balles et découvrit avec effroi qu’il avait failli perdre sa femme, sa toute jeune femme de six semaines. Une balle avait été stoppée par le gilet. Sans cela, elle serait morte d’une balle en plein coeur. Il la resserra contre lui pour la protéger et se rassurer et se tourna vers le Préfet.

- Elle a reçu une balle en plein coeur, heureusement arrêtée par le gilet., dit-il d’une voix qu’il tentait de maîtriser.

Le Préfet regarda Kaori, stupéfait. Hide réalisait qu’il avait été proche de perdre sa petite sœur et se sentait soulagé que le destin ne se soit pas encore une fois attaqué à sa famille. Saeko était partagée entre le soulagement que Kaori en est réchappée et la douleur de savoir sa sœur entre la vie et la mort.

Un médecin arriva et invita Kaori à le suivre pour être examinée. Elle le regarda anxieuse, ne voulant pas être seule. Hide regarda Ryo, acquiesçant.

- Tu ferais bien d’y aller pour récupérer ses affaires. La balistique aura besoin de la douille. Je préfère rester avec Saeko si ça ne te dérange pas., dit-il, simplement.
- D’accord., répondit-il.

Kaori se leva et suivit le médecin, accompagnée de Ryo. Le gilet avait bloqué la balle mais l’impact était tout de même rendu visible par l’hématome qu’il avait engendré. Le médecin examina Kaori et déclara qu’à part le choc et l’hématome, elle n’avait rien. Il lui proposa d’aller se doucher pour enlever le sang. Ryo l’accompagna et attendit juste à l’extérieur, anxieux. Il ne pouvait décemment pas rentrer : ils n’étaient officiellement que partenaires. Elle sortit quelques minutes plus tard, propre, les cheveux humides, le regard dans le vague, les bras croisés autour d’elle.

- Kaori, ça va ?
- J’ai froid.

Il enleva sa veste et la passa autour de ses épaules puis lentement ils regagnèrent la salle d’attente. Le médecin des urgences était avec le Préfet de Police. Kaori s’arrêta dès qu’elle le vit. Elle avait instinctivement resserré la veste autour d’elle. Ryo la poussa légèrement pour la faire avancer mais elle ne bougea pas d’un pouce, paralysée. Elle voyait Saeko pleurer dans les bras d’Hide, le Préfet de Police résigné et son corps refusait de lui obéir devant la constatation qui s’imposait à son esprit.

- Viens, on va prendre des nouvelles., lui proposa Ryo.
- Non. Je… Je ne peux pas. Je… Elle ne peut pas être morte. Pas après tout ça… Pas comme ça…, balbutia Kaori, livide, les larmes sortant de leur propre chef.
- Kaori, tu ne sais pas. Tu as fait tout ce que tu pouvais pour la sauver. Viens, on va voir., lui enjoignit-il en la prenant par les épaules et avançant.

Ils s’arrêtèrent près de Saeko. Kaori gardait la tête baissée, se sentant coupable de ne pas avoir pu faire plus.

- Alors ?, demanda Ryo.
- Elle est gravement blessée. Le pronostic vital est engagé. Elle a été touchée à dix reprises. Perforation des intestins, foie, rate… Elle a peu de chances de s’en sortir, surtout qu’elle a perdu beaucoup de sang. Ce que je ne comprends pas c’est que son gilet aurait dû stopper les coups. Kaori, tu le lui as enlevé ? Les agents ne l’ont pas retrouvé sur place., demanda Hide, sous le regard attentif et anxieux du père et de la sœur de Reika.
- Elle ne portait pas son gilet., répondit Ryo, Kaori restant figée, les mots ne voulant pas sortir de sa bouche.

Tous les trois la regardèrent, interloqués. Reika n’avait pas son gilet mais pourquoi ? La plus élémentaire des prudences, celle qui lui aurait sauvé la vie.

- On va monter dans la salle d’attente de chirurgie pour attendre la fin de l’opération., soupira le Préfet.
- Je vais ramener Kaori chez elle. Elle a besoin de dormir., proposa Ryo, mais elle refusa.
- Je voudrais rester si vous le permettez., murmura-t-elle.

Hide regarda Saeko et son père. La décision leur revenait. Saeko s’approcha d’elle et lui tendit la main.

- Viens. Tu as permis qu’elle arrive ici en vie. Tu as le droit de savoir si tu as fait tout cela en vain ou non en même temps que nous., lui dit-elle.

Kaori lui prit la main, froide, et la suivit. Arrivés dans la salle, tous les quatre s’assirent et le Préfet commença à faire les cent pas. Bientôt, ils furent rejoints par la mère et les autres sœurs Nogami, paniquées. Kaori s’était à nouveau recroquevillée, tellement elle avait froid. Ryo partit quelques minutes et Hide vint s’asseoir à ses côtés, l’enlaçant.

- Pourquoi j’ai aussi froid, Hide ?
- Tu es en état de choc. C’est normal. C’est une dure épreuve par laquelle tu viens de passer. Tu aurais pu mourir, Kao, et ta collègue est entre la vie et la mort. Ne joue pas les grandes et laisse sortir tes émotions, sinon ça te rongera., la prévint-il.
- Essaie de dormir un peu. L’opération va être longue. On te réveillera si on a des nouvelles. Regarde qui est de retour., dit Hide avec un petit sourire.
- Enfile ça, Kao., lui ordonna Ryo en lui tendant un gros pull.

Elle le prit avec gratitude et le mit. Elle se sentit de suite réconfortée, entourée par son odeur, ses bras, sa chaleur. Au bout de quelques minutes, elle sombra dans un sommeil agité, des images lui revenant en tête à tout bout de champ. Une heure après, toujours sans nouvelles de Reika, ils virent débarquer deux agents des services internes qui étaient venus interroger Kaori. Ils la réveillèrent sans ménagement, ne laissant pas le temps aux autres de s’interposer. Ils voulurent l’emmener pour l’interroger seule alors qu’elle revenait avec difficulté à la réalité mais Hide et Ryo les en empêchèrent. S’en suivirent d’âpres pourparlers ponctués de menaces de sanction finalement abrégés par l’intervention du Préfet qui leur imposa de l’interroger dans la salle d’attente.

Ils s’installèrent un peu à l’écart et Kaori raconta les évènements de la manière la plus neutre possible en présence des inspecteurs, son frère, Ryo, Saeko et le Préfet.

- Pourquoi n’étiez-vous plus dans votre secteur ?, demanda l’un d’eux.
- L’officier Nogami avait opté de passer par là pour que l’on reprenne notre tournée par l’autre extrémité de notre secteur., mentit Kaori, gardant les yeux fixés au sol.
- Pourquoi ne portait-elle pas son gilet ?
- Je ne sais pas.
- A quoi ressemblaient vos agresseurs ?
- Je ne sais pas.
- Vous ne savez pas grand-chose, Officier., ricana l’un d’eux.
- Elle s’est pris une balle en plein coeur et s’est évanouie sous le choc. Un peu de respect !, s’énerva Ryo, encore terrifié à l’idée qu’il aurait pu la perdre.
- Où sont vos affaires ?, demanda le deuxième agent pour calmer le jeu.
- Sous scellé, à l’accueil., répondit-elle, d’une voix lasse.
- Très bien. Nous en resterons là. Restez à notre disposition, je vous prie., dit l’un des deux et elle acquiesça.

Tous les regardèrent partir puis Saeko se tourna vers Kaori, le regard suspicieux.

- Kaori, je veux la vérité maintenant. Pourquoi vous n’étiez plus dans votre secteur ?

Elle releva la tête surprise et les hommes lui lancèrent un regard éberlué. Ryo se rapprocha de Kaori comme s’il voulait la protéger.

- Saeko, qu’est-ce que tu racontes ?, lui demanda-t-il.
- Par pur esprit de contradiction. On venait de se disputer. Je suis repartie en direction de notre secteur et elle a décidé de partir de l’autre côté. Je l’ai prévenue plusieurs fois qu’on sortait de notre périmètre mais elle a refusé de m’écouter. C’était elle aux commandes.
- Pourquoi vous vous étiez disputées ?
- Saeko, non, ne fais pas ça., soupira Kaori, épuisée.
- Kaori, pourquoi ?
- Parce qu’elle voulait que j’aille lui chercher une boisson et que j’ai refusé… J’aurais mieux fait d’obéir, on n’en serait pas là., répondit la jeune femme, se mettant à trembler.

Saeko s’éloigna choquée que la bêtise de sa sœur l’ait menée à sa perte et tous plongé dans ce désespoir. Kaori la regarda s’éloigner et accepta le jugement de sa collègue et amie : elle était responsable. Si elle s’était exécutée, Reika n’en serait pas là. Hide les regarda tour à tour, ne sachant quoi faire. Il était partagée entre les deux femmes de sa vie. Kaori se leva, chancelante.

- Je n’ai pas ma place ici. Je suis désolée. C’est de ma faute. Je m’en vais., annonça-t-elle, les larmes aux yeux.
- Kaori, tu n’as rien à te reprocher. Tu as fait le maximum., la rassura Ryo.
- Non, si j’avais obéi, elle n’en serait pas là., objecta-t-elle.
- Ryo a raison : tu n’as rien à te reprocher. Elle s’est laissée empêtrer dans cette foutue rivalité qui vous oppose… enfin c’est faux, qui surtout l’oppose à toi, et ça a obscurci son jugement., intervint Hide.
- Son comportement a failli te coûter la vie à toi aussi, Kaori. Elle a eu la bêtise de ne pas mettre son gilet, c’est son problème mais elle aurait pu te tuer., lui dit Saeko, qui était revenue près d’elle.
- Saeko a raison, officier. Je vous remercie d’avoir omis certains faits devant l’inspection interne mais vous n’êtes pas responsable. Restez, je vous prie, si vous le voulez bien sûr., proposa le Préfet.

Elle les regarda tous puis se rassit, incapable de rester plus longtemps debout, les forces lui manquant. Hide s’accroupit près de sa sœur et, lui caressant le visage, lui demanda :

- Ca va aller ? Tu es sûre que tu ne veux pas rentrer pour te reposer ?
- Je veux rester.
- Très bien. Je te confie à Ryo. Je vais rester avec ma femme. Tu es entre de bonnes mains., lui dit-il avec un petit clin d’oeil, ce qui la fit légèrement sourire.
- Essaie de redormir un peu.
- Je m’occupe d’elle, ne t’inquiète pas, Hide., l’assura Ryo.
- Je ne m’inquiète pas. J’ai confiance, toujours eu confiance même., répondit-il.

Il les laissa à deux, retournant auprès de sa femme qui avait elle aussi besoin de réconfort. Kaori s’allongea sur la banquette et posa la tête sur les genoux de son mari et se rendormit vite. Lorsqu’elle commença à s’agiter, il posa une main sur ses cheveux, laissant glisser ses doigts dans leur masse soyeuse, ce qui la calma et ils restèrent là jusqu’à ce que le chirurgien arriva.

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Sam 2 Mai - 2:44
Chapitre 18

Cela faisait trois heures qu’ils attendaient quand le chirurgien arriva, visiblement fatigué. La famille approcha et attendit les nouvelles avec impatience et anxiété. Hide jeta un regard vers Ryo en faisant un signe vers Kaori. Il lui fit un signe négatif de la tête. Il s’approcha de son ami pour comprendre :

- J’attends de savoir ce qu’il en est. C’est moi qui lui dirai ou toi si tu le souhaites. Mais je veux pouvoir maîtriser les choses. Elle est déjà assez secouée., expliqua Ryo à Hide.
- Ok, je vais voir et je te tiens informé.

Ryo resta donc à l’écart, caressant tendrement les cheveux de sa femme. Il regarda la scène de loin, tentant de comprendre ce qui se jouait. Aucun cri ni pleurs, ce qui en soi était un bon signe, mais aucun sourire ou soupir de soulagement non plus, ce qui voulait dire que Reika n’était pas sortie d’affaire. Il avait beau ne pas la porter dans son coeur, il ne souhaitait pas la mort de Reika. Elle l’énervait, lui courait après, lui avait valu quelques ennuis mais tout cela ne suffisait pas à lui souhaiter de mourir. Il lui en voulait d’avoir causé des ennuis à Kaori, mais ça non plus ne suffisait pas à vouloir la voir mourir. Il avait vu une autre facette de Reika avant qu’elle ne devint une harpie jalouse et possessive et il était persuadé que cette jeune femme là était encore présente quelque part.

Il regarda Kaori, inquiet. Comment réagirait-elle si elle mourrait ? Mal certainement. Kaori tenait du bon samaritain. A en juger ses réactions précédentes, elle se sentait responsable de ce qui était arrivé. Nul doute que si Reika y restait, elle aurait bien du mal à se défaire de ce sentiment. Elle était si jeune, si fragile… Comment lui faire comprendre qu’elle n’y pouvait rien ? Que les premiers responsables étaient ceux qui les avaient agressées et la deuxième sa collègue pour ne pas avoir suivi les instructions en ne mettant pas son gilet pare-balles ? Pas elle. Elle était victime, passée à deux doigts de la mort. Il réprima une vague de nausée en imaginant Kaori sur une table de la morgue. Lui qui voulait les voir entourés de bonheur et de rires n’aurait qu’à peine eu le temps de profiter d’elle avant de la voir six pieds sous terre, enterrant avec elle son avenir et les enfants qu’il voulait d’elle. Leurs amis apprendraient leur mariage en voyant son nom gravé sur une stèle… Son visage se fendit d’un sourire cynique.

- Ryo ?, l’interpella Hide, soucieux.
- Je vais aller voir le commissaire et tout lui dire pour nous deux., murmura-t-il, d’un ton las.
- Tu as cru la perdre, Ryo. N’agis pas sur le coup de l’émotion. Prends un peu de recul avant de te décider., lui conseilla son ami en caressant la joue de sa sœur du bout du doigt.
- Comment va Reika ?
- Ils ont réparé les dégâts. Mais elle a perdu beaucoup de sang, elle est très faible. Ils réservent leur pronostic pour le moment. Tu la réveilles ? On va rentrer.

Ryo appela doucement Kaori, lui pressant doucement le bras. Elle émergea, se sentant un peu mieux, mais aurait bien dormi encore un peu. Elle regarda autour d’elle et se souvint d’où elle était et pourquoi.

- Reika ?, demanda-t-elle d’une voix inquiète.
- Elle est toujours en vie. L’opération s’est terminée., l’informa Ryo, d’un ton réconfortant.
- Tu lui as sauvé la vie, Kao. Le chirurgien l’a dit : si tu n’avais pas ralenti l’hémorragie, elle serait morte., lui sourit Hide.
- Maintenant il faut que tu prennes soin de toi. On va tous rentrer : les visites sont interdites. Rentre et repose-toi, d’accord ?
- Promis, Hide., dit-elle en se levant lentement.

Il prit sa sœur dans ses bras et la serra contre lui, heureux qu’elle fut en vie. Si Reika n’avait pas été si mal en point, elle aurait eu droit à un sacré sermon de sa part.

- Hide, tu m’étouffes..., plaisanta-t-elle, réprimant un gémissement de douleur, trop heureuse de le sentir près d’elle.
- Pardon, ma belle. Je suis juste heureux d’avoir encore à te supporter un bon moment., lui dit-il embarrassé en la lâchant.
- Moi aussi, aniki., murmura-t-elle.

Les parents et sœurs de Saeko partirent en premiers, suivis des quatre amis. Ryo les ramena au commissariat dans le silence où ils récupérèrent leur voiture puis repartit avec Kaori chez eux. Elle regardait par la fenêtre, pensive. Elle frottait sans y prêter attention son hématome. La scène se répétait dans sa tête : la douleur puis le noir, la douleur puis le noir, la douleur puis le noir, la douleur puis le noir… Il n’y avait pas eu de détonation, pas de signe avant-coureur, juste la douleur puis le noir. Dans le garage, elle descendit de voiture et monta les escaliers machinalement. La douleur puis le noir. Ryo la guida jusqu’à son appartement et elle se laissa faire. La douleur puis le noir. Elle pénétra dans le séjour et regarda la pièce qu’elle avait quittée ce matin. La douleur puis le noir. Elle se tourna vers son mari et le dévisagea intensément. La douleur puis le noir. Soudain, elle réalisa. La douleur puis le noir. Elle avait été à deux centimètres de mourir, l’épaisseur de son gilet pare-balles.

Ryo avait vu le cheminement se faire dans la tête de Kaori. Son air absent, le froncement de sourcils, signe d’intense réflexion comme chez son frère, le poing refermé sous le menton, la tension dans les épaules et cette deuxième main qui frottait le point d’impact… Elle réalisait enfin ce qui avait failli se passer, elle allait bientôt extérioriser ces émotions. Il croisait les doigts pour que cela arriva à l’appartement, à l’abri des regards, là où il pourrait le mieux l’aider, sans restriction. Il souffla lorsqu’il ouvrit enfin la porte et la laissa entrer. Il referma la porte silencieusement et la regarda contempler la pièce puis lentement, comme au ralenti, elle se retourna et le fixa. Il vit le moment arriver dans la lueur de ses yeux : la réalité, la panique, la douleur, la colère, le soulagement, le désespoir, l’espoir, l’incompréhension… Elle laissa échapper un hurlement et se mit à trembler, ses genoux se dérobant sous elle. Il eut à peine le temps de la rattraper.

- Pleure, Kaori. Laisse sortir., lui dit-il simplement en la prenant dans ses bras et la serrant contre lui.

Il ne sut combien de temps il resta là à la tenir, l’entendre pleurer et hurler. Mais aussi soudainement la tempête était arrivée, aussi soudainement elle se calma. Il sentait Kaori tremblante dans ses bras, tentant de reprendre sa respiration, la maîtrise de son corps. Elle s’accrochait à lui avec une telle force que ses phalanges en étaient blanches et lui ne relâcherait pas son étreinte d’un iota avant d’être sûr qu’elle avait suffisamment de force pour ne pas s’effondrer.

- Comment tu te sens ?, demanda-t-il.
- J’ai failli mourir, Ryo., déclara-t-elle, d’une voix tremblante.
- Je sais mais tu es vivante, mon ange. Tu es bien vivante.
- J’ai failli mourir et je ne m’en rends compte que maintenant., poursuivit-elle.
- Tu étais en état de choc, Kao. Tu as agi dans l’urgence pour sauver Reika. Ton cerveau s’est protégé en omettant le reste. C’est normal, c’est humain.
- J’ai froid, Ryo.
- Viens avec moi.

Il l’emmena à la salle de bains et fit couler un bain bien chaud, moussant. Il la déshabilla doucement et parsema son cou et son visage de petits baisers, ce qui doucement amena un sourire sur son visage.

- C’est mieux comme ça, non ?, chuchota-t-il à son oreille.

Elle acquiesça. Elle le vit stupéfaite se déshabiller également et la prendre par la main pour la faire rentrer dans la baignoire avec lui. Elle rougit, gênée par la situation.

- Tu sais, depuis six semaines, j’ai tout vu, tout touché, tout lé…, commença-t-il, d’une voix chaude et sensuelle.

Elle posa sa main sur sa bouche lui coupant la parole, mortifiée, le visage cramoisi. Ryo laissa échapper un rire sonore, ce qui la détendit. Il s’assit dans le fond et l’attira entre ses jambes doucement. Elle prit sur elle et s’assit doucement. Elle sentit l’eau chaude l’entourer, associée aux bras de son mari, formant un cocon autour d’elle. Elle se laissa aller contre son torse et ferma les yeux, laissant le sentiment de bien-être remplacer peu à peu le froid dans son corps.

- Ca fait du bien., murmura-t-elle.
- C’est l’objectif. Détends-toi, dors si tu en as besoin, fais comme tu le sens. Je ne bouge pas et resterai avec toi tant que tu en auras besoin.
- Merci, Ryo., répondit-elle en posant ses mains sur les siennes.

Ils restèrent ainsi en silence quelques minutes, profitant de ce moment de douceur pour apaiser les tensions de la journée.

- Ca t’est déjà arrivé ?, demanda-t-elle, légèrement anxieuse.
- Oui., dit-il sans avoir besoin de précision sur le sujet.
- Mais c’était dans un tout autre cadre. J’avais seize ans.
- Quoi ?!, s’étonna Kaori, surprise.
- Tu m’as bien entendu. Tu ne sais pas grand-chose de moi, Kaori. Je t’ai beaucoup parlé de notre futur mais très peu de mon passé.

Elle réfléchit à ses paroles et admit qu’il avait raison. Ils savaient ce qu’ils voulaient pour après. Elle avait même été étonnée qu’il soit si ouvert à en parler, faire des projets. Mais elle savait peu de choses de son passé à part qu’il était orphelin.

- Si tu ne veux pas en parler, je peux comprendre., l’informa-t-elle, ne voulant pas le mettre mal à l’aise.
- A part ton frère, personne n’est au courant. Je n’ai pas été un adolescent modèle, Kao. J’étais un petit délinquant. Je volais pour nourrir et acheter des vêtements pour les plus jeunes, pour survivre. J’étais un pickpocket et c’était ma seule raison d’apprécier Noël jusqu’à l’année dernière du moins., dit-il en déposant un baiser dans son cou, ce qui la fit frémir et sourire.
- Seulement un jour, j’ai volé la mauvaise personne, un yakuza. Il a voulu me le faire payer très cher, trop cher même. Il m’a poursuivi et a voulu me poignarder. Alors qu’il allait frapper, j’ai vu ma vie défiler. J’ai eu la trouille. Ca m’a hanté pendant des semaines.
- Comment tu t’en es tiré ?
- Ton frère est passé dans la rue à ce moment-là. Il a arrêté le type et moi aussi par la même occasion.
- Pourquoi toi ? Tu étais la victime., s’offusqua-t-elle, le faisant rire.
- Une victime qui n’avait pas encore pris le soin de jeter les portefeuilles de ses victimes de la journée… et tant mieux pour moi. Parce qu’il m’a ouvert les portes d’un autre monde : il a négocié avec le procureur et j’ai atterri en internat. De là, j’ai repris sérieusement des études puis je me suis engagé dans l’armée pendant deux ans et après la police. Et sans lui, je ne serais pas dans cette baignoire avec toi., murmura-t-il à son oreille.
- Tout ça pour te dire que tu vas y repenser encore, que ça sera douloureux mais que tu n’es pas toute seule. Je suis là et Hide aussi. Alors ne nous tiens pas à l’écart., lui dit-il sérieusement.
- D’accord., dit-elle en penchant la tête en arrière et lui adressant un sourire aimant.

Il ne put s’empêcher de cueillir le baiser qui semblait l’attendre. Ses mains commencèrent à caresser son ventre faisant naître un brasier qui bientôt lui réchauffa tout le corps. Elle se retourna dans ses bras, une lueur de désir brillant dans les yeux, et reprit ses lèvres avec passion. Elle sentait les mains de son amant parcourir son corps avec fièvre, ses doigts massant les pointes de ses seins au passage puis partant se perdre dans son intimité pour lui infliger mille et une tortures. Elle-même n’était pas en reste, laissant errer plus ou moins sauvagement ses doigts sur le dos, dans les cheveux, sur le ventre et le torse de son amant, finissant par emprisonner entre ses doigts celui qui lui infligerait le plus grand plaisir par la suite.

- Tu préfères continuer dans la chambre ?, lui demanda Ryo dans un dernier moment de lucidité.
- Non, on est bien ici, tu ne trouves pas ?, répondit-elle, mutine.

Il ne répondit pas mais, tenant ses hanches, s’introduit en elle et s’immobilisa. Elle était là, elle était sienne, vivante, vibrante entre ses bras, gémissante sous l’assaut des vagues de plaisir. Kaori se rebella et bougea doucement les hanches, sentant le plaisir décupler et circuler dans ses veines. Elle était en vie et heureuse de pouvoir le ressentir dans les bras de l’homme qu’elle aimait. Elle tomba contre le torse de Ryo après avoir atteint le sommet de leur danse, haletante. Elle sentait sous ses doigts son coeur battre vite et ça la fit sourire.

- Je t’aime, Ryo., murmura-t-elle.
- Moi aussi, mon ange. Je prie pour qu’on finisse nos jours ensemble vieux, très vieux même. Si on le pouvait, je te ferai un enfant dès aujourd’hui. J’ai vraiment eu peur de te perdre., lui avoua-t-il.

Elle tourna son visage vers lui pour capter son regard.

- Je suis là, Ryo, et bien vivante. Je te promets qu’on aura un bébé l’année prochaine si tu y tiens toujours. Encore huit mois à tenir, mon amour. Huit mois, on en avait dix-sept au départ. Il faut qu’on tienne.
- On attendra. Mais en attendant…, laissa-t-il en suspens, une lueur moqueuse dans les yeux.
- En attendant ?
- Il y aura beaucoup d’exercices pratiques. Je ne voudrais pas qu’on perde la main., dit-il en souriant et l’embrassant.

Ils sortirent de l’eau et profitèrent de leur soirée pour se retrouver, se rassurer.

Quelques jours plus tard, la tension qui animait le groupe disparut : Reika était sortie d’affaire. La convalescence serait longue et son cas serait évoqué dans une commission de discipline. Elle n’avait pas respecté la procédure et devrait être sanctionnée à ce titre mais ce n’était pas le plus important : elle était en vie. Kaori sentit dès lors parfois le regard de Saeko et son frère peser sur elle. Elle se demandait bien ce que cela pouvait signifier mais laissa couler. Elle pansait ses blessures de son côté, reprenant petit à petit le dessus sur la colère et la peur qui la prenaient encore par moments.

Le commissaire accepta la demande surprenante de Ryo de faire une journée de patrouille avec elle pour qu’elle remit le pied à l’étrier en confiance. Elle apprécia le geste et prit même une photo de son homme en uniforme car, à l’entendre pester, elle savait que ce serait l’une des rares fois où elle aurait l’occasion de le voir ainsi. Pourtant l’uniforme lui allait bien et elle n’était pas la seule à le penser, voyant les femmes se retourner sur son passage. Ces pensées la distrayant, la journée passa relativement vite et sans trop de stress. Le stress arriva au retour au commissariat où Saeko l’attendait, nerveuse également. Elle attendit qu’ils soient changés pour parler à Kaori.

- Reika voudrait te voir., dit-elle d’une petite voix.
- Pourquoi ?, demanda Kaori étonnée.
- Je ne sais pas. Elle m’a demandé d’intercéder en sa faveur auprès de toi. Est-ce que tu accepterais ? Je pense que c’est important pour elle.

Kaori réfléchit. Elle n’était pas sûre d’être capable de maîtriser sa colère devant elle si elle la provoquait. Elle sentit une main se poser sur son épaule.

- Je pense que ça te ferait du bien aussi, Kaori. Tu ne seras pas seule., lui dit Ryo d’une voix sereine et rassurante.
- D’accord. Quand ?
- Maintenant si tu veux. J’y vais aussi.

Ils partirent à trois, Hide ayant une réunion avec ses supérieurs. Arrivés devant la chambre de Reika, Kaori s’immobilisa, plus très sûre de vouloir entrer. Ses sentiments étaient mitigés et elle ne voulait pas déstabiliser Reika qui devait encore être fragile. Ryo l’interrogea du regard et vit ses doutes. Il lui sourit d’un air confiant et lui tendit la main. Elle la prit et il referma les doigts sur les siens. Elle fit signe à Saeko qu’elle était prête et ils entrèrent, Ryo lâchant Kaori à la porte.

Les deux jeunes femmes s’observèrent un moment. Reika était allongée, le teint pâle et visiblement fatiguée. Elle était perfusée et branchée à un électrocardiogramme.

- Kaori, merci d’être venue.
- Je… de rien Reika. Comment te sens-tu ?, demanda-t-elle ne sachant quoi dire.
- Comme une survivante je pense., répondit-elle, un léger sourire aux lèvres.
- Je voulais te remercier de m’avoir sauvée la vie.
- C’est normal., rétorqua Kaori, gênée.

Elle n’aspirait qu’à s’en aller. Elle ne sentait pas bien dans cette chambre.

- Je… Je vais te laisser. Tu dois être fatiguée., dit-elle, en se tournant vers la porte.
- Kaori attends !, cria-t-elle, le plus fort qu’elle put.

Kaori se figea et attendit, tournant toujours le dos à la patiente.

- Je suis désolée. Je voulais m’excuser., lâcha-t-elle, le regret perçant dans sa voix.

Les épaules de Kaori s’affaissèrent un peu. Tout se bousculait dans sa tête : elle ne savait plus où elle en était.

- Pour quoi Reika ?, demanda-t-elle d’une voix dure qui fit se rapprocher Ryo d’elle et Saeko de sa sœur.
- Pour m’avoir pourri la vie depuis un an, pour m’avoir rabaissée à tout va, pour avoir failli me tuer, pour m’avoir forcée à te dire des choses horribles pour te garder consciente, pour les nuits de sommeil entrecoupées de cauchemars depuis plus d’une semaine ? Pour quoi Reika ?, réitéra-t-elle en se retournant pour ne pas lui épargner la douleur et la colère qu’elle ressentait.

Reika baissa la tête, la culpabilité brisant pour la première fois depuis qu’elles se connaissaient la carapace qu’elle s’était forgée.

- Je suis désolée pour tout ce que je t’ai fait. Je ne pensais pas que les choses en arriveraient là. Je pensais tout maîtriser.
- Comme toujours… Honnêtement, je n’en suis pas capable aujourd’hui. Je suis touchée que tu y aies songé mais je ne suis pas encore prête à t’excuser ni à te pardonner. J’ai besoin de plus de temps.
- Je comprends., bafouilla Reika, les larmes aux yeux.
- Je suis navrée si ce n’était pas la réponse que tu attendais. Mais Reika, je suis contente que tu sois vivante., lui dit Kaori en se dirigeant vers la porte et sortant, mais avant de passer la porte, elle se retourna vers elle :
- Je ne considère pas cette conversation close, juste reportée à une date ultérieure. Entendu ?
- Entendu. Merci Kaori., lui répondit Reika, reconnaissante.

Ryo referma la porte derrière eux et rejoignit Kaori qui l’attendait aux ascenseurs. A l’intérieur, comme ils étaient seuls, elle se tourna vers lui :

- Je te déçois ?, demanda-t-elle, la gorge serrée.
- Non, tu m’épates. Je l’aurais certainement envoyée paître. C’est pour ça que je t’aime., lui dit-il, rassurant, et elle lui sourit.
- Ramène-moi à la maison et montre-moi ça., chuchota-t-elle à son oreille en l’enlaçant, ayant besoin de réconfort, de moments de chaleur et de partage.

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Dim 3 Mai - 5:54
Chapitre 19

Le mois de mai était bien entamé. Il faisait beau et chaud, les coeurs étaient insouciants et heureux. Dans le parc du centre de formation, les étudiants profitaient d’une pause déjeuner au soleil. La nouvelle fournée était arrivée depuis un mois et demie et les discussions allaient bon train. Kaori n’avait pu s’empêcher d’être anxieuse à voir toutes ces jeunes femmes tourner autour de son homme mais s’était vite relaxée en voyant son indifférence face à leurs minauderies. Leur relation particulière, mise sur le compte de leur partenariat, s’était vite imposée à tous et il avait eu la paix. L’ambiance était beaucoup plus détendue que l’année précédente. Pas ou peu de rivalités s’exprimaient, quelques histoires de coeurs un peu tendues mais c’était tout.

Kaori déjeunait seule et était perdue dans ses pensées. Elle était anxieuse et en même temps pleine d’espoir. Elle ne savait comment gérer ses émotions contradictoires. Comment arrivait-elle à se réjouir de quelque chose qui pouvait leur causer des problèmes ? Comment se sentir heureuse quand elle pouvait détruire leur carrière ? Elle avait besoin d’y voir plus clair mais n’arrivait pas à réfléchir sereinement, la fatigue la prenant par surprise. Elle ferma les yeux et se reposa. Elle fut réveillée en sursaut par Ryo.

- Il faut qu’on y aille, Kaori., lui dit-il, très concentré.
- C’est déjà l’heure des cours ?, demanda-t-elle, ensommeillée.
- Non, on doit couvrir une prise d’otages. Ca va aller ?, répondit-il, soucieux en voyant les cernes sous ses yeux.
- Oui, je vais me réveiller sur la route., le tranquillisa-t-elle, acceptant la main qu’il lui tendait pour se relever.

Il la rattrapa de justesse quand elle eut un vertige. Il la dévisagea sérieux et inquiet en même temps.

- Tu es sûre que ça va aller ? Tu n’as pas l’air en forme.
- Oui, je t’assure. Je me suis relevée trop vite, c’est tout.

Ils partirent au commissariat pour se changer puis rejoignirent le poste de commandement mis en place pour couvrir la prise d’otages. Un salarié licencié venait de prendre en otages ses collègues de travail dans un building du centre-ville. Il était lourdement armé et semblait ne rien avoir à perdre. Ils s’installèrent dans un building faisant face à l’étage concerné et observèrent.

- Aujourd’hui, c’est toi le tireur. Je reste en retrait, Kaori., l’informa-t-il en souriant légèrement.
- Pourquoi ? Je… je ne sais pas si je suis prête., bafouilla-t-elle, anxieuse.
- Tu es prête depuis longtemps. Tu en as les capacités., la rassura-t-il.
- N’oublie pas tout ce que je t’ai appris. Oublie tout ce qui n’est pas la prise d’otages, concentre-toi. Tiens, ton dispositif de communication. J’en ai un aussi. Reste calme et tout se passera bien.
- D’accord., murmura-t-elle.

Elle se positionna et fit le vide dans sa tête. Pour la première fois depuis trois jours, elle était calme et sereine. Elle ne pensait à rien d’autre que ce qu’elle voyait, se concentrant sur les personnes en face d’elle.

- Il y a quinze… non dix-sept personnes dans la pièce, plus le preneur d’otages. Je ne vois pas de blessés. Il a l’air très nerveux.
- Autre chose ?, demanda-t-il, d’une voix posée.
- Il a barricadé la porte principale. Attends, il y a quelque chose de bizarre., dit-elle en se concentrant et prenant les jumelles qui lui donnaient un plus gros zoom.
- Il a mis un explosif sur la porte. On dirait du C4 et il en a mis beaucoup trop. D’après le dispositif, si on tente de forcer la porte, ça enclenchera l’explosion.
- Depuis quand tu t’y connais en explosif ?, demanda-t-il surpris, ce n’était pas un sujet qu’ils avaient encore abordé au centre.
- Disons que lorsque je vois Miki, on ne se cantonne pas à faire les boutiques ou papoter. Hayato nous a enseigné quelques rudiments… balbutia-t-elle en rougissant.
- Quelques rudiments ? Pour que tu me dises qu’il y a trop de C4, ce ne sont pas quelques rudiments que tu as…, plaisanta-t-il.
- Et tu as raison sur toute la ligne. La quantité qu’il a mise va non seulement faire exploser l’étage mais faire s’écrouler l’immeuble. Tireur à centre de commandement, il faut faire évacuer les immeubles aux alentours et prévenir le déminage. La porte des bureaux est piégée avec assez de C4 pour démolir le bâtiment.
- Centre de commandement, bien reçu., entendirent-ils.
- Ca fait combien de temps que tu reçois des cours particuliers en explosifs ?
- Un an bientôt. On a commencé par discuter et, de fil en aiguille, il nous a filé des bouquins puis des cours. C’est comme ça que j’ai su, pour le preneur à la bombe l’année dernière, que je ne pouvais pas le laisser tomber… admit-elle en se remémorant ce moment.
- Ca bouge., chuchota-t-elle.

Elle avait discuté tout en gardant un œil dans le viseur. Un des otages tentait de raisonner le preneur d’otages qui semblait devenir très nerveux.

- Centre de commandement, la cible devient nerveuse. Que fait-on ?, demanda Kaori.
- Stand-by, tireur.
- Entendu., répondit-elle.
- Ryo, si l’autre ne se rassit pas, il va tirer.
- Je sais mais le centre va le contacter. Concentre-toi.

Kaori vit le preneur d’otages se diriger vers le téléphone et le prendre. Une conversation s’engagea, semblant calmer le jeu. Ils soufflèrent tous deux. De longues heures s’écoulèrent sans action. Le soir arriva. Ryo passa à Kaori une barre de céréales et une bouteille d’eau qu’elle prit avec gratitude puis prit le relais quelques minutes, le temps qu’elle se dégourdisse les jambes ankylosées d’avoir tenu la même position autant de temps.

- Comment tu te sens ?, demanda-t-il quand elle revint prendre son poste.
- Fatiguée, mais ça va.
- On va devoir tenir jusqu’à la relève. Normalement Yamamoto arrivera demain matin. Si tu ne tiens pas le coup, tu me préviens, d’accord ?
- Oui.

Elle jeta un coup d’oeil furtif vers Ryo qui somnolait déjà. Elle était admirative de sa capacité à s’endormir aussi facilement en tous lieux, elle qui avait parfois du mal à trouver son sommeil même dans son propre lit. Elle resta en observation posément pendant trois heures, bloquant toute pensée autre que la prise d’otages pour ne pas se laisser distraire. Soudain, le centre de commandement adressa un message général : ils avaient prévu de lancer l’assaut. Ryo fut en un instant à ses côtés, jumelles en main.

- Tu es prête ?
- Oui., souffla-t-elle, anxieuse.
- Que vas-tu viser si nécessaire ?, lui demanda-t-il.
- La main droite pour qu’il ne puisse pas tirer ni actionner la commande de la bombe., répondit-elle.
- C’est ce que j’aurais fait aussi.
- J’ai eu un excellent professeur., dit-elle, un sourire aux lèvres, sentant son regard posé sur elle.

Ils virent des hommes avancer par les bureaux adjacents à la salle où ils étaient tous. Les parois étaient assez fines pour être détruites sans trop de dégâts et de risques pour les personnes aux alentours.

- Centre de commandement à tireur, y a-t-il des personnes dans les deux lignes de projection ?

Kaori vérifia les positions des troupes.

- Non, centre de commandement. Les otages sont regroupés au centre de la pièce et entourent le preneur., répondit Kaori.
- Entendu. Vous avez une ligne de tir ?
- Oui, nous pouvons neutraliser le danger.
- Tireur, vous avez l’autorisation de faire feu. Passage à l’action dans cinq minutes. Attendez mon signal.
- Entendu, centre de commandement.

Ryo posa la main sur son micro et murmura d’une voix suave.

- Tu crois que j’aurai aussi l’autorisation de faire feu en rentrant ? Je suis prêt à passer à l’action aussi.
- A quoi tu joues ?, bafouilla-t-elle, les joues rougies par la gêne.
- Il n’y a que toi qui t’amuses pour le moment. Je m’ennuie, j’ai de l’énergie à dépenser., dit-il en lui lançant un regard éloquent, qui déclencha une vague de chaleur dans tout son corps.
- Arrête, Ryo. Tu me déconcentres.
- Avoue que tu es moins stressée qu’il y a trois minutes. Ca t’en laisse une et demie pour te préparer., dit-il tout sourire.

Elle dut admettre qu’il avait raison. Sa diversion avait marché. Elle n’avait pas senti la tension la gagner après l’ordre du centre de commandement mais là elle était plus détendue. Peu après, elle entendit l’ordre qui lançait l’attaque. Elle visa la main droite du preneur d’otages, ne pensant qu’à l’endroit où elle voulait mettre sa balle. Elle ne pouvait pas rater sa cible. Elle inspira, expira et appuya sur la détente. Elle vit l’arme voler en l’air et l’homme tenir sa main ensanglantée puis les autres policiers débouler dans la pièce. Les otages furent évacués dans le calme.

- On a fini. On peut rentrer., lui dit Ryo en se relevant.
- Donne-moi deux minutes., demanda-t-elle, s’asseyant, le dos appuyé contre le mur.

Elle ferma les yeux, laissant la tension disparaître et laisser place à la fatigue. Ryo s’approcha d’elle et enleva leurs dispositifs de communication.

- Kao, ça va ?
- Je suis fatiguée.
- Viens, on rentre à la maison.
- Ryo, j’ai une semaine de retard., murmura-t-elle en ouvrant les yeux et le regardant.
- Une semaine de…

Il réalisa soudain de quoi elle parlait. Une vague de bonheur l’envahit avant qu’il n’arriva à la contenir.

- Tu as fait un test ?
- Non, je n’ai pas encore eu le courage., poursuivit-elle.
- Pourquoi ?
- J’ai peur… peur d’être déçue et de ce qui se passera si c’est réel.
- Il faut qu’on sache avant tout, Kaori. Ca ne sert à rien de tirer des plans sur la comète., voulut-il la rassurer.
- Allez, viens, on rentre. On en reparlera demain après une bonne nuit de sommeil.

Il prit sa main et l’aida à se lever. Il ramassa leurs affaires, prenant son paquetage à elle aussi, et ils partirent au centre de commandement avant de rentrer au commissariat, puis chez eux. Ils prirent une douche rapide puis se couchèrent. Kaori s’endormit rapidement, épuisée. Ryo se tourna vers elle et l’observa un moment. Ils allaient peut-être avoir un bébé. Il se sentait serein et émerveillé. Certes, ça ne tombait pas au bon moment mais c’était leur enfant. Ils étaient mariés, cela atténuerait certainement la colère de ses supérieurs, mais serait-ce assez pour leur éviter le renvoi ? Il en doutait. Il trouverait bien une solution de repli si c’était nécessaire. Mais Kaori ? Elle était si passionnée par son métier, que se passerait-il si elle devait ne plus pouvoir l’exercer ? Est-ce qu’elle lui en voudrait ? Est-ce que ça les briserait ? Il soupira et se dit qu’il devait appliquer son propre principe : ne pas tirer de plan sur la comète.

Le lendemain matin, il se réveilla doucement et sentit la chaleur de sa femme contre lui. Kaori dormait paisiblement, la tête posée sur son épaule, un bras autour de son ventre. Il resta ainsi un long moment. Pour eux, la matinée était off, étant rentrés en plein milieu de la nuit de leur mission. Ils étaient surtout attendus au commissariat dès que possible pour faire leur rapport puis regagneraient le centre de formation l’après-midi. Pour lui, ce n’était pas plus mal : elle ratait le cours de Saeko. Il ne fallait surtout pas que Kaori se douta de ses pensées ou elle le tuerait volontiers, il en était certain. Dans le genre « je ne suis pas une petite chose en sucre », Kaori se posait là et aurait été vexée qu’il se montra soudain si protecteur. De ce fait, il ne se pressa pas de la réveiller et la laissa encore dormir une demie-heure avant de la réveiller.

Ils ne traînèrent pas à déjeuner et se préparer et, une heure après, étaient assis au commissariat devant leur rapport. Quand Kaori eut fini, elle donna son rapport à Ryo. Ils confrontèrent leurs versions pour voir s’ils n’avaient rien oublié puis se rendirent au centre de formation ensemble.

- J’ai un truc à faire ce soir, je ne rentrerai pas directement., l’informa Ryo, mystérieux.

Elle acquiesça et partit de son côté. Le cours de procédures lui parut long. Elle ne se sentait pas au mieux de sa forme et n’avait qu’une envie : rentrer dormir. A la fin du cours, elle resta un moment assise, pensive, et son frère vint la voir, soucieux.

- Alors Mademoiselle, on ne veut plus déloger ?
- Si, si, inspecteur. Je cherche juste la motivation pour me lever.
- Ca va, Kao ?
- Je suis épuisée. Je vais rentrer et me coucher.
- On va te raccompagner. Tu es pâle. Je ne te laisse pas reprendre le métro dans cet état.
- Mais non Hide ça va aller., dit-elle en se levant, mais dut se rasseoir aussitôt à cause d’un vertige.
- Bien sûr. Allez tête de mule. Ecoute ton vieux frère pour une fois.
- D’accord…

Elle le suivit sans mot dire et lui et Saeko la ramenèrent à l’appartement. Il monta avec elle pour s’assurer qu’il ne lui arriva rien dans les escaliers puis repartit. Kaori se posa sur le canapé et ferma les yeux. Elle se réveilla une demie-heure plus tard et décida de se changer pour des vêtements plus confortables.

Lorsque Ryo rentra un peu plus tard, il fut étonné de ne pas trouver Kaori à la cuisine comme à son habitude. C’était en général l’heure à laquelle elle cuisinait. Il la chercha dans l’appartement et la trouva dans la chambre.

- Coucou, je suis… Kao, qu’y a-t-il ?, lui demanda-t-il en se précipitant vers elle.

Elle était allongée sur le lit et pleurait. Elle avait l’air désespéré et ça lui arracha le coeur. Il ne dit rien et la prit dans ses bras, lui laissant le temps de se calmer. Au bout de quelques minutes, elle cessa de pleurer et se nicha contre lui sans mot dire. Elle avait l’air tellement perdu…

- Kao, mon ange, que se passe-t-il ?, redemanda-t-il doucement.
- Je… je ne suis pas enceinte, Ryo., répondit-elle, la voix chevrotante, en baissant les yeux honteuse.
- Elles viennent d’arriver, je ne suis pas enceinte… et ça fait mal., admit-elle.
- Tu souffres beaucoup ?, demanda-t-il inquiet.

Elle leva le regard vers lui et lui caressa le visage tendrement.

- Pas plus que d’habitude. Mais j’ai vraiment pensé qu’on allait avoir un bébé, Ryo. Ca me terrifiait mais en même temps…
- Ca te rendait heureuse., acheva-t-il, comprenant ce qu’elle ressentait car c’était ce que lui ressentait.
- Oui.
- Moi aussi, Kaori, ça m’a rendu heureux. Mais ce n’est que partie remise, d’accord ?
- Oui., murmura-t-elle, en baissant les yeux pour qu’il ne vit pas les larmes qui revenaient ; elle y avait tellement cru…
- Eh, ne te cache pas. Je suis là. On est un couple, on se soutient. N’aie pas honte de pleurer un enfant que tu as voulu même si tu ne l’attendais pas. J’ai mal moi aussi, tu sais, mais ce n’était pas mon corps qui me l’a fait vivre comme s’il existait. C’était certainement bien plus réel pour toi.

Elle acquiesça et se laissa bercer par ses gestes et ses mots qui apaisèrent sa souffrance peu à peu. Elle finit par se rendormir et il la déposa dans le lit, la recouvrant, avant de la laisser et d’aller réfléchir sur le toit. Il alluma une cigarette sur laquelle il commença à tirer, puis la jeta. Il aurait des habitudes à perdre quand ils auraient un enfant et celle-là en faisait partie, même si enfant il n’y avait point encore. Il se rendit compte qu’il ne lui avait pas fallu longtemps, moins de vingt-quatre heures en fait, pour avoir tracé leur vie à trois. Il avait déjà fait une liste des aménagements à faire, des choses à acheter, de ce qu’ils devraient prévoir, des écoles maternelles du coin… Vingt-quatre heures de rêve et au bout du compte rien. Il réprima une vague de colère. Il n’en voulait à personne en particulier, c’était juste là… Il entendit la portière d’une voiture s’ouvrir et vit Hide en sortir. Alors qu’il levait la tête vers le toit, peut-être attiré par la silhouette qui se détachait, Ryo lui fit signe et il le rejoignit directement.

- Quel bon vent t’amène, vieux frère ?, demanda Ryo, un sourire de façade.
- J’étais inquiet pour Kaori. Elle n’avait pas l’air bien tout à l’heure., répondit-il.
- Elle dort., dit-il, d’un air sombre, qui n’échappa pas à son ami.
- Elle est malade ?
- Non… Hide, elle a cru qu’elle était enceinte, ce qui s’est avéré faux, mais ça l’a bouleversée.

Hide resta silencieux un moment, digérant la nouvelle.

- Tu le savais depuis quand ?
- Hier soir… Elle avait peur de faire un test et quand je suis rentré ce soir… ce n’était plus nécessaire., dit-il d’une voix blessée.
- Ca va, toi ?, demanda Hide, compatissant.
- Ca va aller. J’ai juste besoin d’un peu de temps pour m’ôter de la tête tous les projets que j’avais déjà…, répondit-il en grimaçant.
- A ce point-là ?, fit Hide, surpris.

Ryo acquiesça, un sourire triste aux lèvres.

- Elle est la famille que j’ai toujours voulue sans le savoir.
- Je n’aurais pas pensé que tu puisses tomber amoureux de quelqu’un à ce point, toi qui ne faisais que passer d’une fille à l’autre. En si peu de temps, j’ai du mal à le croire., admit Hide.
- Moi aussi, mais c’est réel.
- Sans minimiser les choses, c’est certainement mieux ainsi, Ryo. Il ne vous reste plus très longtemps avant de vous dévoiler sans danger. Ce serait moins stressant si ça pouvait se passer sans anicroche.
- Je sais. On fait attention, tu sais., se justifia Ryo.
- Je me doute. Je sais que vous n’êtes pas inconscients. Je vais te laisser.
- Tu ne veux pas la voir ?
- Non. Elle risque de dormir un moment. Je sais que tu t’en occupes, que vous prenez soin l’un de l’autre. Ca me suffit. Ryo, si tu as besoin de parler, tu sais où me trouver…, dit-il en partant.

Ryo redescendit quelques minutes plus tard et leur prépara un repas léger. Kaori se réveilla deux heures plus tard et le rejoignit dans le salon.

- Tu dois mourir de faim. Je vais faire à manger., s’excusa-t-elle, penaude.
- Je sais encore cuisiner, tu sais. J’ai préparé. Tu as faim ?
- Un peu. J’ai l’estomac noué.

Il s’approcha d’elle et la prit par l’épaule pour l’emmener à la cuisine.

- Kaori, ce qui vient d’arriver nous fait mal à tous deux mais laisse un peu de temps passer, ça ira mieux.
- Je m’en veux, tu sais.

Il s’arrêta et la força à lui faire face.

- Pourquoi ? Tu as fait quelque chose de mal ? Tu n’étais pas enceinte, Kao. Tu n’as pas perdu notre enfant. Tu as cru qu’il existait. Tu t’es inquiétée pour notre enfant qui n’existait pas. Tu n’as à te sentir coupable de cela. Moi je ne t’en aime que plus.

Elle le regarda stupéfaite par ses paroles.

- C’est une nouvelle facette de toi que je découvre et je suis sûr que tu seras une mère parfaite pour mes enfants.
- Nos enfants, Saeba. Ne t’avise pas de m’en rapporter un qui ne soit pas de moi., lui dit-elle le tapant de son doigt, faussement menaçante.
- Même s’il a ma bouille d’ange ?
- Bouille d’ange ou pas, je te prive de sexe pendant dix ans si ça arrive.

Il afficha une mine horrifiée à sa répartie puis, reprenant son sérieux, la serra contre lui.

- Il n’y a que toi depuis un an maintenant et ce jusqu’à la fin.
- Je t’aime Ryo.

Son regard fut attiré par un paquet sur la table.

- Qu’y a-t-il dans le sac ?, demanda-t-elle, curieuse.
- Un test de grossesse. On s’en servira une prochaine fois., dit-il, d’une voix chargée d’espoir.
- Une prochaine fois, ça me va., répondit-elle d’une voix plus sereine.

Cette nuit-là ne pansa pas la blessure mais le temps se chargea de le faire.

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Lun 4 Mai - 2:50
Chapitre 20

Le calme qui régnait dans la salle de conférence du commissariat contrastait avec le typhon qui soufflait dehors. Tous les participants regardaient le diaporama qui passait sur l’écran blanc, concentrés. Il présentait les différents membres de l’organisation du dragon blanc qui étendait ses opérations en Asie et débordait maintenant en Amérique à grands renforts de violence. Ainsi la CIA avait approché les autorités du Japon pour tenter de la démanteler. L’opération était redescendue jusqu’au commissariat de Shinjuku Ouest et logiquement de ce fait sous la responsabilité de la deuxième brigade de lutte contre le crime organisé.

- Chef, pourquoi s’est tombé sur notre commissariat ?, demanda Hide, un peu surpris.

Il savait que certaines brigades étaient mieux loties qu’eux en terme de personnel et moyens.

- C’est une demande de la CIA. Tiens justement, voilà votre homologue., déclara le commissaire en faisant signe à l’américain d’entrer.
- Eh Kao, célibataire en vue ! Ca ne te dirait pas d’aller vivre aux States ?, plaisanta Miki en se penchant vers Kaori.

Ryo lui décocha un regard noir qui lui fit perdre son sourire. Kaori n’en avait, elle, pas manqué une miette et sourit face à la jalousie de son compagnon. Elle tourna la tête au moment où l’homme entra. Grand, blond, un regard bleu translucide, il était effectivement très bel homme si on aimait le genre arrogant, sûr de lui et séducteur.

- Bel homme mais à tous les coups coureur de jupons. Je passe mon tour., déclara-t-elle, sentant le regard transperçant de Ryo sur elle.
- Excellent jugement, partenaire. J’ai eu de la chance., murmura-t-il tout bas pour qu’elle seule l’entendit et un sourire fut sa seule réponse.
- Je vous présente l’agent Mick Angel de la CIA. Il fera la liaison entre nos services et les siens. Agent Angel, je vous présente l’inspecteur Makimura, les lieutenants Nogami et Saeba, les officiers Makimura et Ijuin., les présenta le commissaire, chacun lui faisant un signe de tête à son tour.
- Enchanté. Vous auriez dû me prévenir, Monsieur le Commissaire, que votre équipe comportait autant de talents., fit-il charmeur appréciant les minois de ces dames.
- Merci agent Angel, nous apprécions votre clairvoyance., ricana Ryo, voyant clair dans son jeu.
- Je vois que tu sais toujours aussi bien t’entourer., répondit l’américain, complice.
- La lumière attire les lucioles, Angel., plaisanta-t-il, narquois.
- Hum hum, vous vous connaissez messieurs ?, demanda le commissaire, étonné.
- Oui, chef. On s’est croisé il y a quelques années sur les champs de bataille., résuma Ryo.
- Ok. Bon si on en venait au fait. Agent Angel, je vous laisse expliquer la stratégie évoquée.

Mick ôta sa veste, révélant sous sa chemise un corps parfaitement musclé et entretenu. Il jeta un coup d’oeil furtif pour voir s’il avait l’attention de l’assistance, ou plutôt s’il avait fait mouche auprès d’une certaine partie de l’assistance, et commença à exposer leur position en venant rapidement à l’opération qu’il voulait mettre en place avec leur aide.

- Nous voulons infiltrer deux agents auprès du chef de l’organisation, Li Chang Hui. Je dois le rencontrer dans deux semaines et lui présenter un nouveau client. Pendant mon infiltration, nous avons appris ses points forts et faibles. Je ne vais pas réussir à obtenir les informations nécessaires pour faire tomber l’organisation : il me manque un va-tout, le petit quelque chose ou plutôt quelqu’un qui pourra rester auprès de lui et avoir accès quasi illimité aux informations.
- C’est quoi ce va-tout ?, demanda Hide, curieux.
- Une femme.
- Tu veux qu’on lui serve une femme sur un plateau pour lui servir de maîtresse ? Ca va pas la tête !, s’énerva Ryo.

Mick le regarda bizarrement.

- Je ne te connaissais pas aussi sentimental… Non, je ne vais pas lui servir une maîtresse, il ne saurait pas quoi en faire. Il est impuissant suite à une altercation il y a quelques années. En revanche, c’est un voyeur et il adore la compagnie de jolies jeunes femmes.
- Donc tu vas livrer une femme en pâture à ce mateur…
- Un couple. L’homme sera son partenaire d’affaires. Si la jeune femme est à son goût, vous serez invité à rester sur le bateau…
- C’est dégoûtant., soupira Saeko, blasée.
- Ne me dis pas que ce qu’il aime voir ce sont les couples en pleine action., fit Ryo.
- Si.

Tous restèrent abasourdis. Cette mission était bien plus glauque que ce qu’ils pensaient au départ. Hide et Saeko se regardèrent mal à l’aise mais déterminés.

- Alors c’est nous qui nous y collerons., dit Hide, tenant la main de sa femme.
- Ce ne sera pas possible., indiqua Mick en soutenant son regard.
- Et pourquoi ?
- Le lieutenant est très à mon goût mais déjà trop âgée pour Li., déclara l’agent Angel, ce qui lui valut un coup d’oeil vindicatif de Saeko.
- Et c’est quoi son type de femme ?, demanda Ryo, un mauvais pressentiment le prenant.
- Vingt ans au plus, élancée, sportive et plus elle paraît innocente, mieux c’est., répondit-il en fixant Kaori des yeux, puis la pointant du doigt.
- L’officier Makimura est son type de femme. C’est elle qu’il nous faut.
- Non !, intervinrent en choeur Ryo et Hide.

Le commissaire les dévisagea durement puis se tourna vers l’agent de la CIA.

- L’officier Makimura est la sœur de l’inspecteur et la partenaire du lieutenant. Ils sont un peu protecteurs., expliqua-t-il.
- C’est bon à savoir., fit Mick, en regardant Kaori, un petit sourire aux lèvres.
- Kaori n’a jamais fait d’infiltration. Elle n’est pas formée pour cela., justifia Ryo.
- L’officier Makimura nous a déjà fait montre de ses capacités d’adaptation malgré son jeune âge., argumenta le commissaire.
- Vous lui demandez de mettre son intégrité physique en jeu., intervint Hide.
- Elle est encore en formation.
- Ce qui ne l’a pas empêchée de s’échanger contre un otage, de devenir tireuse d’élite, de sauver la vie de sa coéquipière dans la rue… On pourrait largement la dispenser de formation, ce qui d’ailleurs est en cours de discussion avec le Préfet de Police.
- Et si la principale intéressée nous donnait son avis ?, demanda l’agent Angel, se tournant vers Kaori.

Elle redressa la tête et rougit sous le regard attentif de ceux autour d’elle. Voyant cela, l’américain se dit que c’était elle et nulle autre qui devait faire cette mission. Kaori ne savait, elle, quoi répondre. Infiltrer le milieu, devoir s’exhiber et coucher avec un homme devant les yeux d’un autre, elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas coucher avec un autre que Ryo. C’était le seul par qui elle acceptait d’être touchée. D’un autre côté, avait-elle le droit en tant que policière de refuser une mission qui permettrait de démanteler une organisation criminelle et de sauver des vies humaines ? Est-ce qu’elle avait fait toute cette formation pour ne penser qu’à son petit confort personnel ? Elle baissa les yeux et posa la tête entre ses mains pour réfléchir. Elle avait trop de choses en tête.

- Rien ne t’y oblige, Kaori., entendit-elle Hide lui dire.

Elle sentait l’anxiété dans sa voix et le regarda, indécise. Elle allait lui faire du mal si elle acceptait. Elle savait ce que c’était parce qu’elle avait déjà vécu le rôle de celle qui attend. C’était dur, l’angoisse de ne pas savoir quand on reverrait l’autre, si on le reverrait, dans quel état…

- Officier Makimura… Kaori, vous nous rendriez un énorme service. Vous sauveriez tellement de vies., intervint Mick, d’une voix douce.
- Je t’interdis, Angel ! N’essaie pas de l’amadouer., s’opposa Ryo.

Mais il était trop tard. Les mots avaient déjà pénétré son cerveau. Confort personnel ou sauvetage de vie ? Egoisme ou altruisme ? Pourquoi était-elle entrée dans la police ? Pour être utile. Cette mission, c’était tout cela : elle serait utile. Elle releva la tête.

Ryo regardait sa femme cogiter et ça prenait trop de temps à son goût. Il aurait voulu l’entendre refuser depuis longtemps. Mais il connaissait Kaori et les derniers mots de Mick avaient fait mouche bien plus que l’américain n’aurait osé espérer. Il le savait et Hide aussi à en juger à son regard anxieux.

- Combien de temps ?, entendit-il Kaori demander d’une voix sourde.
- On table sur trois mois, quatre tout au plus., répondit Angel, confiant.

Elle allait accepter. Il en était sûr. Il la voyait prendre sur elle, n’osant jeter un regard vers lui de peur de lire sa désapprobation. C’était exactement ce que Kaori ressentait. Elle aurait aimé avoir le temps d’en parler avec lui, de prendre la décision avec lui, mais on ne lui laissait pas le choix. Elle ne voulait pas le décevoir mais elle devait faire ce qu’elle croyait juste.

- Qui sera mon partenaire ?, demanda-t-elle d’une voix à peine audible.
- Je ne…, commença l’agent Angel, mais il fut interrompu.
- Moi et c’est non négociable., fit Ryo d’une voix autoritaire.
- Vu le peu de temps qu’on a, il faut que les deux agents aient déjà l’habitude de travailler ensemble. On est un binôme. On se connaît. Si elle le fait, c’est avec moi et personne d’autre.
- Ryo, cela implique que tu couches avec Kaori, tu sais ce que vous risquez., interjeta Saeko, inquiète, lançant un regard en coin au commissaire.
- Les règles sont faites pour être respectées mais nous pouvons, nous devons même être capables de les adapter lorsque les circonstances l’imposent., répondit le commissaire, magnanime.

Kaori et Ryo se regardèrent pour la première fois depuis le changement de tournure de la conversation. Ryo se leva entraînant Kaori par le coude sous le regard stupéfait de l’assistance.

- On revient dans cinq minutes. On doit parler avant de vous répondre.
- Très bien, on attend., répondit Mick avec un petit sourire.

Ryo emmena Kaori dans leur bureau, dans la pièce qui fermait et qui était à l’abri des regards, et ferma la porte. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui, anxieux.

- Tu sais ce qui t’attend si tu te lances dans cette histoire ?, lui demanda-t-il d’une voix grave.
- Je sais que c’est dangereux. Mais je sais que je dois le faire., répondit-elle, anxieuse également.
- Tu vas devoir te montrer nue devant cet homme. Il pourra voir tout ce que je te fais dans l’intimité. Il me verra te caresser, t’embrasser, te toucher, te pénétrer. Tu vas devoir le séduire, peut-être te laisser caresser par ses mains pour l’amadouer. Kaori, il ne couchera pas avec toi, mais il va te violer du regard. Ce sera violent. Je ne pourrai pas l’en empêcher, je ne pourrai pas te protéger.
- Je me doute. Mais ai-je vraiment le choix, Ryo ?, soupira-t-elle en se serrant encore plus contre lui.
- Protéger et servir, c’est notre rôle, non ?
- Oui, mais qui te protégera de l’horreur de cette mission ?, murmura-t-il, inquiet.
- Toi, notre amour, nos projets… J’ai confiance en nous. Je me fiche de la gloire ou de l’effet que ça peut avoir sur ma carrière. Si je ne le fais pas, je ne pourrai plus me regarder en face parce que je me serai placée avant ce en quoi je crois., lui dit-elle avec conviction.
- Ton frère m’a dit que tu étais une vraie tête de mule.
- Ryo, j’ai quand même besoin qu’on soit d’accord sur le sujet., dit-elle en s’écartant de lui et levant ses yeux noisette vers lui, ses yeux où brillaient la détermination, la foi, l’espérance, l’inquiétude et le manque d’assurance.
- On est d’accord, Kao. Mais, si je dis qu’on décampe, tu ne me poses pas de question et tu me suis. Promis ?
- Promis. Merci, Ryo.
- Une dernière chose avant de partir, Mick est quelqu’un de bien mais c’est un séducteur. Ne te laisse pas prendre à son jeu.
- Je t’aime toi et personne d’autre.

Et pour lui prouver ses dires, elle dérogea à la règle qu’ils s’étaient fixés et avaient strictement suivie jusque là et l’embrassa au commissariat. Puis ils repartirent à la salle de conférence.

- J’accepte., répondit Kaori après s’être assise.
- Ryo ?, demanda Mick.
- Je te l’ai dit, si elle le fait, c’est avec moi et personne d’autre.
- Alors le sujet est bouclé. Nous allons tous travailler ensemble. Nous serons tous les trois sur le terrain et vous trois en renforts pour nous guider. Ca vous va ?
- Non, mais apparemment nous n’avons pas le choix., fit Hide, en lançant un regard noir à sa sœur et son ami.

Kaori sentit une vague de tristesse l’envahir. Elle n’aimait pas être en désaccord avec Hide. Il avait tellement fait pour elle qu’elle n’aimait pas le décevoir ou faire souffrir.

- Je vous ai d’ores et déjà réservé une suite au Sun City. Vous avez la journée pour vous faire une garde-robe digne de votre statut et vous trouvez des alliances. Tu es un homme heureux, Ryo. Tu as une magnifique partenaire. Mais ta femme doit maintenant devenir très sexy tout en gardant son côté innocent., lui dit Mick, un sourire ravageur s’affichant sur son visage.
- Mick, je te préviens loyalement. Tu as maintenant trois femmes mariées devant toi. Si tu les touches, tu t’en mordras les doigts.
- J’en connais une qui ne sera mariée que pour trois mois. Libre à moi de la courtiser par la suite., le taquina l’américain, les yeux plein de convoitise.

Kaori suivit son groupe jusqu’à leur bureau. Hide leur fit signe de le suivre dans le bureau adjacent.

- Pourquoi ?, leur fit-il, furieux.
- Hide, c’est mon boulot. Tu l’as déjà fait. Tu sais ce que c’est.
- Non, Kaori. Je ne sais pas ce que c’est. Tu vas te montrer nue devant un autre homme, faire l’amour devant lui. Je ne comprends pas comment tu peux accepter cela.
- Je ne le fais pas de gaieté de coeur mais dis-moi que tu ne le ferais pas pour sauver des vies, pour faire tomber une organisation. On sait de quoi ils sont capables, Hide. On a vu leurs œuvres ici à Shinjuku. Je ne veux plus de ça. Alors si je dois sacrifier un peu de ma dignité, ce sera au final peu cher payé pour avoir sauvé des vies., dit-elle avec véhémence.
- Comment tu peux la laisser faire, Ryo ?, demanda-t-il en se tournant vers son ami, vu qu’il n’avait pas gain de cause avec sa sœur.
- Elle a des convictions et c’est pour cela que je l’aime. Alors tant qu’à la laisser faire, je l’accompagne parce que je préfère être celui qui sera à ses côtés dans cette épreuve, là pour l’aider et la soutenir que de la voir partir et revenir détruite. Toi et moi sommes les deux hommes qui la connaissons le mieux et tu ne peux décemment pas coucher avec ta sœur.
- Je vois que je ne vous ferai pas changer d’avis alors promettez-moi de faire attention à vous. Je ne veux pas avoir à vous enterrer., murmura-t-il, défait.
- Promis, aniki.
- Promis, Hide.

La discussion terminée, ils ressortirent sous le regard soulagé de Saeko et Miki qui s’étaient attendues à une violente dispute. Lorsque le typhon perdit enfin en intensité, Saeko emmena Kaori faire les boutiques pour lui faire une garde-robe digne d’une femme de parrain. Elle acheta des dizaines de robes, jupes, chemisiers, débardeurs, sous-vêtements, tous bien en dehors de son style habituel. Saeko savait exactement trouver les vêtements adéquats pour sa silhouette et, lorsque Kaori ressortit de la boutique dans une robe noire boutonnée qui s’ajustait comme il le fallait à son corps, elle vit, gênée, le regard des hommes qui se posaient sur elle appréciateur. Il en fut de même au commissariat où elles rejoignirent les autres membres du groupe. Elles empaquetèrent les vêtements dans une valise et attendirent Ryo qui était en conversation avec le commissaire.

Lorsqu’il revint, il s’arrêta à la porte et contempla sa femme, déglutissant. De sa poche, il sortit leurs deux alliances et lui passa la bague au doigt devant leurs trois collègues et amis.

- Kaori Makimura, acceptes-tu de devenir ma femme ?
- Oui, de tout mon coeur.
- J’espère qu’elle sera à la bonne taille., dit-il avec un petit sourire amusé.
- Tu as l’oeil, apparemment., répondit-elle, regardant son alliance qu’elle ne portait jamais en dehors de chez eux avec beaucoup d’émotion.
- On est mariés alors ?, dit-elle la gorge serrée.
- Oui, mari et femme. Tu me dois obéissance., rétorqua-t-il, très sérieux.

Hide et Saeko pouffèrent de rire alors que Kaori le regardait avec un sourcil levé.

- Tu peux toujours courir.
- Hide, je te la rends : elle est trop méchante ta sœur.
- Ah non, tu te débrouilles : tu l’as voulue, tu l’as eue. Le mariage, c’est pour le meilleur et pour le pire., se dédouana Hideyuki.

Mick arriva à ce moment-là et jeta lui aussi un regard appréciateur à la jeune femme.

- Je me demande si je ne vais pas en faire ma femme. Qu’en penses-tu, Kaori chérie ?, dit-il, d’un ton enjôleur.
- Que le dernier qui m’a appelée ainsi a ramassé ses bijoux de famille en petits morceaux., rétorqua-t-elle, le regard noir, ce qui fit reculer notre américain de deux pas.
- Ok, on conserve les rôles. Je ne voudrais pas priver la gente féminine d’un trésor de la nature.
- Trésor de la nature, Angel ? Tu te vantes pas un peu ?, le nargua Ryo.
- Tu vas encore me dire que tu es plus armé que moi ?, s’énerva le blond.
- Moi ? Je suis un homme marié maintenant. Je me tiens à carreaux., dit-il en embrassant la main de sa femme.
- Ouais. Admettons. Bon, je vous emmène à l’hôtel.

Ils dirent au revoir à leurs collègues puis prirent leurs valises et suivirent Mick. Il n’avait pas lésiné sur l’apparat. La suite qu’il leur avait réservée était magnifique. La vue donnait sur l’ensemble de Shinjuku et était spectaculaire de nuit avec les néons allumés. Ils voyaient au loin le port de Tokyo et l’étendue de la mer. La suite était presque aussi grande que leur appartement et vu le temps qu’ils y passeraient dans les jours à venir, ce ne serait pas du luxe. Mick leur proposa de le rejoindre pour dîner, ce qu’ils acceptèrent. Ils passèrent un excellent moment, l’américain déployant tout son charme à l’égard de son homologue japonaise qui le rembarrait gentiment mais fermement sous le regard hilare de son ami. Kaori les quitta à la fin du repas, leur proposant de rester entre hommes pour boire un dernier verre.

Ils discutèrent de tout et de rien, à mots couverts pour ne pas dévoiler leur couverture, jusqu’à ce que Mick aborda le sujet fatidique :

- Alors toi et ta partenaire, ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?
- Tu sais très bien depuis quand on est mariés, tu y étais., lança Ryo, sur ses gardes.
- Les regards, la connivence, tu ne me tromperas pas. Ca fait bien plus longtemps que ça. Admets-le.
- Je n’admets rien, mon ami. Occupe-toi de tes affaires., le rabroua Ryo, sèchement.
- Ok. Le sujet est clos. N’empêche que c’est un beau petit lot que tu as dégoté.
- Ne parle plus jamais ainsi de ma femme, tu m’as entendu ?, lui dit Ryo, en lui lançant un regard dur.
- Entendu., répondit-il en souriant intérieurement.

Ils se séparèrent et remontèrent dans leurs chambres respectives. Kaori attendait Ryo dans le divan de la suite, un livre à la main.

- Tu lis quoi ? L’art du déminage, le tir de roquette pour les nuls ?, s’enquit-il, un sourire moqueur aux lèvres.
- Non, non, c’est plus sobre : comment devenir veuve sans se faire arrêter., répliqua-t-elle, tout sourire.
- Tu veux me tuer ?, dit-il en s’approchant d’elle.
- Je ne sais pas. Ca vaut le coup ?, demanda-t-elle, le regard pétillant.
- Non. Je n’ai que l’immeuble. Mais quelques briques ne te feront pas monter au ciel comme je sais le faire., dit-il en prenant ses lèvres.

Elle laissa tomber son livre et passa les bras autour de son cou. Il la souleva du divan et l’emmena dans la chambre.

- Je te propose de nous entraîner pour notre mission., dit-il d’une voix sensuelle.

Il sentit la tension dans le corps de sa chère et tendre. Il tourna son visage vers lui doucement.

- Quand on y sera Kao, ne regarde que moi, ne pense qu’à moi, oublie tout le reste comme lorsque tu étais dans cet immeuble il y a deux mois. Je suis ta cible, tu n’as que moi dans ton viseur, le reste n’existe pas.

Elle acquiesça et se détendit progressivement, appréciant à leur juste valeur les baisers et caresses qu’il lui prodiguait. Elle ne put retenir les gémissements de plaisir lorsqu’il s’ingénia à ouvrir un à un les boutons de la robe, laissant traîner la langue sur la peau ainsi dénudée.

- Saeko a le souci du détail., dit-il admirant la dentelle noire qui ornait le corps de sa belle.

Curieux, il suivit l’élastique du dessous féminin et retint son souffle à la sensation exquise.

- Elle a réussi à te faire mettre un string ?, souffla-t-il, les yeux brillants de désir.
- Ne m’en parle pas. Je ne sais pas comment on peut supporter cela toute une journée., dit-elle, intimidée.
- Je vais te montrer., murmura-t-il la voix rauque, laissant ses doigts puis sa bouche rejoindre le point de la démonstration.

Autant dire qu’il n’y eut point de conversation les minutes qui suivirent…

Les quinze jours précédant la rencontre avec Li furent bouclés en préparation de la mission, mises au point diverses et variées, rencontres avec des sous-fifres. Le soir leur servait à se forger des souvenirs et une carapace pour endurer ce qui allait venir.

Puis le grand jour arriva…

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Mar 5 Mai - 6:27
chapitre 21

- C’est ta dernière chance, Kao : tu es sûre que tu veux y aller ?, lui avait demandé Ryo dans la chambre juste avant de partir.

Il lui avait laissé une porte de sortie, la dernière. Après, ce serait fini : elle ne pourrait plus faire marche arrière. Elle l’avait regardé droit dans les yeux, sondé un instant puis finalement acquiescé, la gorge serrée par le stress.

Elle était maintenant dans la berline qui les conduisait Mick, Ryo et elle au port de plaisance de Tokyo où était amarré le yacht de Li. Ryo n’avait pas lâché sa main, la serrant doucement, sa main chaude et rassurante entourant ses doigts glacés. Elle repassait toutes les consignes qu’ils lui avaient données : ce qu’elle pouvait dire, faire, devait dire, faire, ne devait pas dire, pas faire, quinze jours de rabâchage, mises en situation, qui l’avaient éprouvée mais préparée à affronter la situation. Elle se rappelait les premiers jours où Ryo et elle s’étaient embrassés devant Mick, des fards qu’elle avait piqués, des fou-rires nerveux qui l’avaient prise quand Ryo la touchait. Depuis un an, ils s’aimaient incognito, réprimant tous ces petits gestes qui auraient pu les trahir, alors se montrer ainsi en public était loin de la laisser indifférente. Elle avait appris à se maîtriser.

Mick avait même tenté sa chance, leur proposant de leur tenir compagnie pendant qu’ils s’enverraient en l’air, selon ses propres termes. Il se retrouva les quatre fers en l’air après une prise d’art martial de la jeune femme, sous le regard narquois de Ryo. Il avait râlé, disant qu’il était un incompris, qu’il ne voulait que les aider… Cet épisode ne fut qu’un parmi de nombreux où Mick paya de sa personne ses tentatives de séduction trop poussées. Il se rendit vite compte que la douce et timide Kaori cachait un tempérament de feu, ce qui fut loin de le laisser indifférent. Alors, il changea de tactique et se fit plus subtil. Kaori n’était pas restée indifférente mais elle était loin de ressentir pour lui ce qu’elle ressentait pour son mari. Non, un seul homme faisait battre son coeur plus vite et c’était celui qui tentait actuellement de la rassurer. Elle serra ses doigts sur les siens et lui adressa un sourire.

Ryo reçut son sourire en plein coeur. Il espérait qu’il le reverrait encore et encore, surtout après cette foutue mission. Kaori avait été une élève sérieuse et appliquée, donnant le meilleur d’elle-même comme toujours. Il n’était cependant pas sûr que cela suffirait à la faire sortir indemne de cette épreuve. Il espérait que la mise en garde qu’il lui avait adressée avant de partir porterait ses fruits, que la nuit qu’ils avaient passée à s’aimer lui laisserait un souvenir assez fort pour l’aider à se remettre après.

- Souviens-toi de qui nous sommes, Kaori. Met une barrière autour de ton coeur pour le protéger. A partir du moment où nous serons sur ce bateau, ce ne sera plus moi qui te parlerai mais celui que j’interprète et cet homme-là n’est pas forcément doux ni tendre., avaient été ses paroles pour préparer l’après.

Elle n’avait pas forcément compris ce qu’il voulait lui dire mais il était persuadé qu’elle comprendrait le moment venu. Il l’attira dans ses bras, la forçant à s’asseoir sur ses genoux et l’enlaça contre lui. Elle se laissa aller contre lui, l’enveloppant de sa chaleur et de sa douceur.

- Je t’aime, Kaori., lui chuchota-t-il à l’oreille.
- Tu… tu ne me l’avais jamais dit., répondit-elle émue.
- C’est chose faite. Il est temps, non ?
- Oui.

Elle se pencha sur lui et l’embrassa tendrement, le laissant approfondir leur baiser. Ils se séparèrent, haletants. Elle frotta son nez contre le sien et le regarda droit dans les yeux :

- Je t’aime aussi, Ryo., murmura-t-elle, recevant son magnifique sourire en réponse.

Mick les regarda dans le rétroviseur en fronçant les sourcils. Il toussota pour les avertir qu’ils étaient arrivés. Ils reprirent leur place. La voiture arrêtée, Ryo sortit, refermant la veste de son costume, et tendit la main pour aider Kaori à sortir. Ils se regardèrent tous deux, se trouvant mutuellement très séduisants.

- Le gris te va bien., lui dit Kaori en lissant le revers de sa veste.
- Tout comme cette petite robe rouge sur toi.
- Bon, les amoureux, on y va ?, fit Mick, puis retenant Ryo par le bras :
- Tu es sûr que ce n’est que ta partenaire ?
- Occupe-toi de tes affaires, Mick., répondit Ryo d’une voix ferme.

Ils rattrapèrent Kaori et Mick les conduisit au bateau de Li. Ils n’étaient pas encore montés à bord que l’homme en question les observait arriver, surtout elle. Il la détailla sans vergogne de son minois rehaussé de deux magnifiques prunelles noisette, cette gorge laiteuse qui descendait vers une poitrine qu’il avait hâte de pouvoir découvrir à ces jambes fines et interminables. Cette silhouette lui plaisait. Il espérait que l’arrière valait l’avant… L’homme était grand et bien bâti, il dégageait un charme certain, quelque chose de félin. Un lion et une gazelle, il sourit, ayant hâte de jouir du spectacle.

- Li, c’est un plaisir de vous revoir !, fit Mick, en tendant la main.
- Moi aussi, Mick., répondit-il, en se tournant de manière accueillante vers les deux autres personnes.
- Monsieur Li Chang Hui, je vous présente Monsieur Hamato, le client dont je vous ai parlé.
- Monsieur, c’est un plaisir de vous rencontrer. Appelez-moi Ryo, si vous le voulez bien. Ma femme Kaori., le salua Ryo en lui serrant la main vigoureusement.
- Ryo, permettez-moi de vous dire que vous avez une femme magnifique., lui dit Li en prenant la main de Kaori et y faisant un baise-main.

La jeune femme rougit et baissa les yeux sous le compliment. Elle surjoua à peine, encore peu habituée à être complimentée sur sa beauté. Intérieurement, Li jubila et se sentait comme un prédateur chassant sa proie. Extérieurement, il lui fit un sourire contrit.

- Pardonnez-moi, Kaori… vous me permettez de vous appeler Kaori ?

Elle acquiesça timidement.

- Je ne voulais pas vous embarrasser.
- Je… je vous en prie. Il n’y a aucun problème., bafouilla-t-elle.
- Puis-je vous proposer de venir vous installer et vous offrir un rafraîchissement ?, demanda-t-il, en lui offrant son bras.

Kaori jeta un œil vers Ryo et attendit son assentiment avant d’accepter et de poser la main sur l’avant-bras du chef. Ryo réprima un sourire moqueur : elle avait bien appris son rôle de femme soumise et effacée. Tous les quatre se dirigèrent vers les banquettes à l’arrière du bateau. Li plaça Kaori à côté de lui, profitant de jeter un œil pour évaluer sa chute de reins et l’arrondi de ses fesses qui l’émoustillèrent. Ryo se plaça de l’autre côté, Mick à ses côtés. Ils discutèrent de choses et d’autres pendant un moment, s’apprivoisant mutuellement puis ce fut Li qui proposa de passer aux choses sérieuses. Ryo se tourna vers Kaori :

- Kaori, tu veux bien nous laisser, je te prie., lui enjoignit-il d’un ton ferme.
- Il y a des bains de soleil et des magazines à l’avant si vous le souhaitez, ma chère., la renseigna Li avec un sourire chaleureux.
- Merci, Monsieur., le remercia-t-elle avec un sourire chaleureux.

Elle se leva mais Ryo la prit par le poignet et l’attira à lui écrasant ses lèvres sur les siennes, forçant le barrage de ses lèvres sans retenue. Sans plus d’égards, il la relâcha et lui enjoignit de partir. Mick sourit en son for intérieur : la manœuvre avait marché, Li était ferré. De là où il était, Mick pouvait voir Kaori. La jeune femme avait retiré ses chaussures et flânait sur le pont avant. Enfin flâner… elle repérait les lieux, Li ayant changé de bateau depuis la dernière fois que Mick l’avait vu. Elle était belle, sa silhouette se découpait dans la lumière du soleil. Elle était vraiment désirable.

- Mick, quand tu auras fini de reluquer ma femme, tu t’intéresseras un peu à la conversation. N’oublie pas que celle-là, tu n’y toucheras pas.
- Oh tu dis ça mais d’ici quelques semaines, tu la délaisseras et te trouveras une jolie poupée. Je pourrais alors avoir mon tour.
- Tu ne toucheras pas à elle. Je l’ai éduquée aux joies du sexe pour en faire ma femme, ma maîtresse et la mère de mes enfants… Je ne laisserai personne risquer de la mettre enceinte à ma place. Malgré notre vieille amitié, tu la touches, je te tue., le prévint Ryo, menaçant.
- Vous envisagez d’avoir des enfants, Ryo ?
- Oui et j’ai trouvé la pouliche qu’il me fallait. Belle, docile et sportive., se targua-t-il, vomissant intérieurement ce qu’il disait.

Kaori s’arrêta en entendant les mots qu’il venait de prononcer. Elle s’appuya momentanément contre le mur de la cabine, les jambes coupées. Elle se reprit : ils étaient en mission, c’était son personnage. Elle releva dignement la tête et s’approcha.

- Monsieur Li, excusez-moi. Je cherche la salle de bains., demanda-t-elle timidement.
- Bien sûr. Venez, je vais vous y conduire., dit-il tout sourire.

Il posa la main dans le bas de son dos et la conduisit jusqu’au lieu recherché.

- Vous avez un magnifique bateau, Monsieur Li., s’émerveilla la jeune femme.
- Appelez-moi Li, je vous prie. Monsieur Li, c’est trop révérencieux, nous sommes entre amis.
- D’accord Monsieur… Euh pardon Li., bafouilla-t-elle rougissante.
- Voilà, nous y sommes. Rejoignez-nous vite, Kaori., dit-il laissant glisser ses doigts sur ses fesses.

Kaori réprima une grimace de dégoût et lui sourit naïvement, rougissante. Elle le regarda partir et pénétra dans la salle de bains richement décorée. Elle profita de ce moment pour étudier la pièce. Nul doute que pour un pervers dans son genre, cette pièce était truffée de caméras. Elle en trouva deux mais se dit qu’il y en avait certainement bien plus… Elle se repoudra, histoire de gagner un peu de temps pour son examen puis ressortit de là, rejoignant les hommes. Mick et Ryo s’étaient levés en la voyant approcher.

- Nous allons vous laisser, Li., fit Ryo, posant une main sur l’épaule de sa femme.
- Ce fut un plaisir, Ryo.
- Plaisir partagé. J’espère que nous aurons l’occasion de faire affaires.
- Je le pense. Je serai très heureux si vous acceptiez de m’accompagner en mer quelques jours pour que nous puissions développer tout cela à l’abri des oreilles indiscrètes.
- J’en serais ravi. Kaori trouvera bien une occupation en attendant., lâcha Ryo, attendant la réaction de Li.
- Voyons mon ami. Quand on a une jeune femme aussi ravissante, on ne la laisse pas seule aussi longtemps. Il est bien évident que Kaori sera la bienvenue à bord.
- Très bien, nous vous remercions. Quand souhaitez-vous appareiller ?
- Disons, ce soir vers dix-neuf heures. Puis-je compter sur votre présence pour le dîner ?
- Avec plaisir, Li., répondit Kaori, un sourire chaleureux aux lèvres.
- Mick, je vous dis à bientôt. Nous n’allons pas vous faire perdre votre temps.
- A bientôt Li. Je vous les ramènerai ce soir à l’heure convenue.

Tous trois descendirent de bateau et ne se détendirent qu’une fois installés dans la voiture.

- La première phase est réussie. Tu l’as complètement ferrée celui-là, Kaori., fit Mick, adressant un clin d’oeil à la jeune femme.
- Un beau salaud. Il a truffé la salle de bains de caméras. Sa façon de me toucher me fait froid dans le dos., dit-elle réprimant un frisson.
- Ryo, qu’en as-tu pensé ?
- Que j’ai hâte que cette mission se termine., répondit-il laconiquement.
- Dis donc toi, tu as trouvé la pouliche qu’il te fallait ?, grogna Kaori, faussement fâchée, cherchant surtout à le sortir de son état morose.

Il se recroquevilla légèrement sur lui-même, s’apprêtant à subir les foudres kaoriennes.

- C’était mon personnage. C’était pour te protéger de lui., se défendit-il en pointant vers Mick.
- Eh laisse-moi en dehors de tes déboires conjugaux ! Mais si tu ne veux plus de lui, Kaori chérie, je suis là pour te consoler…, lança-t-il, avec un regard étrange.
- T’as de la chance de conduire, sinon tu l’aurais payé cher. Je t’en ficherai des Kaori chérie., dit-elle d’un ton sévère.
- Et toi, je passe pour cette fois., avertit-elle Ryo, en tapant du poing sur sa tête.

Il poussa un petit cri de douleur et se frotta le crâne. Mais il se sentait un peu plus léger.

- On s’en est bien sortis. Mais je t’avoue que je ne suis pas à l’aise à l’idée de me retrouver en mer avec lui.
- Il va se mettre hors de portée des systèmes d’écoute. Il n’a pas prévu le nouveau jouet qu’on a inventé. C’est une puce qu’on va placer dans vos montres. Elle supporte l’eau, pas de risque donc.
- Tant mieux.
- En revanche, prévoyez la crème solaire. Parce que sur le bateau ce sera maillot de bain toute la journée. C’est le seul moyen pour lui de s’assurer que vous n’êtes ni armé, ni sur écoute.
- Que vas-tu faire pendant qu’on sera en mer, Mick ?, demanda Kaori, curieuse.
- Je serai au commissariat. On se relayera pour les écoutes.
- Quand tu verras Hide et les autres, tu leur diras bonjour de ma part., lui demanda tristement Kaori.

Mick la regarda dans le rétroviseur et vit la lueur nostalgique briller dans ses yeux. Il eut un coup au coeur à la voir si triste.

- Tu es proche de ton frère ?, l’interrogea-t-il doucement.
- C’est la seule famille qu’il me reste., dit-elle en échangeant un regard discret avec Ryo.
- Si tu avais une sœur, je l’embrasserai., plaisanta-t-il puis reprenant sérieusement :
- Oui, je lui donnerai de tes nouvelles et lui dirai que tu penses à lui. Et pareil à tes collègues.
- Merci., répondit-elle, simplement.

Ils arrivèrent à l’hôtel où ils préparèrent leurs bagages pour le soir. Ils firent le point à trois puis partirent se reposer, Mick sur le divan de la suite, Ryo et Kaori dans la chambre. Le couple s’allongea enlacé et s’endormit rapidement. Une bonne heure après, Mick arriva la bouche en coeur, tentant sa chance auprès de Kaori. Ryo dormait un bras replié sous son oreiller, l’autre entourant la taille de Kaori. Il approcha de la jeune femme, profondément endormie, et admira la ligne élancée de son corps, l’arrondi de ses fesses, apparemment très fermes, ses cuisses appétissantes et ses doigts de leur propre chef se dirigèrent vers l’objet de la tentation. Il s’arrêta net en entendant le cliquetis d’un chien qu’on arme et redressa lentement la tête pour voir Ryo pointer son revolver vers lui.

- Tu as perdu quelque chose, Mick ?, demanda-t-il à voix basse, les yeux plissés.
- Mes lentilles., dit-il en se tournant vers le sol pour chercher.
- Commence par en mettre., répondit-il en lui faisant signe de son arme de dégager de là.

Il s’exécuta et fut rejoint deux minutes après par Ryo qui se posta devant lui.

- A quoi tu joues, Mick ?
- De quoi tu parles ?, demanda-t-il innocent.
- Avec Kaori. Ne joue pas les idiots avec moi., lui dit-il, excédé.
- A rien. Elle est célibataire à ce que je sache. J’ai bien le droit de tenter ma chance.
- Laisse-la, Mick. Ce n’est pas une femme pour toi.
- Pourquoi donc ? Tu crois que tu la mérites plus que moi ?
- Non, elle mérite mieux que nous deux. Kaori n’est pas la femme d’une aventure et c’est tout ce que tu cherches, Mick.

Mick dévisagea Ryo, un air insondable sur le visage.

- Et qui te dit que pour elle, je ne serais pas prêt à me ranger ?, le défia-t-il de son regard bleu azur.

Ryo le regarda et, abasourdi, s’aperçut qu’il était sérieux. L’effet Kaori avait encore frappé…

- Tu l’as bien fait, toi. Tu ne me feras pas croire qu’il n’y a rien entre vous deux. C’est visible comme le nez au milieu de la figure. Vous vous aimez., poursuivit Mick.
- Mick…
- N’aies pas l’audace de me mentir. Tu n’es pas encore sur écoute. Dis-moi la vérité.
- C’est ma femme.
- Pour la mission, je sais mais vous êtes ensemble ou pas dans la vraie vie ?, insista-t-il.
- C’est ma femme mais personne ne le sait à part son frère et Saeko., lui redit Ryo.
- T’es sérieux ? Tu t’es marié ? Tu l’as mise enceinte ?, demanda l’américain, ébahi.
- Très sérieux, ça fait cinq mois et, comme tu peux le voir, elle n’est pas enceinte.
- Félicitations, vieux frère. Je l’aurais jamais cru.
- Moi non plus, mais c’est bien réel. Ne l’approche pas. Tu perdras un ami.

Ils discutèrent de tout et de rien jusqu’au réveil de Kaori. Mick plaça ensuite les puces dans les montres du couple. Ils firent des essais pour s’assurer que tout allait bien puis la journée avançant, ils se préparèrent à partir pour le bateau.

- Ryo, comme tu as déclaré que tu voulais lui faire un enfant, tu as pensé à retirer tu sais quoi de tes bagages ? Li ne comprendra pas que tu te protèges., l’interrogea Mick, mal à l’aise.
- Et toi, Kaori chérie, à moins que tu ne veuilles vraiment tomber enceinte, planque ta pilule et sois discrète pour la prendre., lui conseilla-t-il.

Ils ajustèrent leurs bagages et s’en allèrent finalement. Arrivés au port, Mick les laissa sur le quai, serrant la main à son ami et, enlaçant Kaori, lui murmura à l’oreille :

- Fais attention à toi, ma belle. Essaye de te préserver. Bonne soirée, les amis, à bientôt., fit-il plus haut en regagnant la voiture et partant.

Ryo prit leurs bagages et se dirigea vers le yacht, Kaori lui emboîtant le pas. Li descendit du bateau pour donner le bras à Kaori pour monter à bord. Celle-ci accepta lui adressant un sourire timide. Il la conduisit jusqu’à leur chambre, les invitant à s’installer puis le rejoindre à l’arrière du bateau.

Kaori ne put s’empêcher d’admirer la pièce, richement décorée et très confortable. Ryo s’approcha d’elle.

- C’est à ton goût ?, demanda-t-il d’une voix suave.
- Oui. Je… je n’étais jamais montée dans un yacht., dit-elle en le fixant.

Il prit son visage en coupe et l’embrassa tendrement, puis assez vite accentua le baiser, la soulevant et l’emmenant sur le lit.

- Ryo ?, l’interrogea-t-elle, anxieuse.
- Juste un avant-goût de la nuit., dit-il en tirant sur la cordelette qui tenait le haut de sa robe, dénudant sa poitrine.
- On est attendus, Ryo., soupira-t-elle, le plaisir la gagnant.

Il laissa ses lèvres et ses mains errer sur le haut de son corps, arrachant des gémissements de sa compagne. Puis, après un dernier baiser langoureux, il remonta le tissu et l’aida à se lever. Elle noua le haut de sa robe et ils sortirent de la chambre. Li, qui avait apprécié le spectacle, savourant la beauté de cette voluptueuse poitrine, les attendait un sourire aux lèvres.

- J’espère que vous appréciez votre chambre., demanda-t-il, l’air concerné.
- Enormément Li. Merci pour votre hospitalité., le remercia Kaori, les joues rosies, posant la main sur son bras.
- J’en suis heureux. Pour la durée de votre séjour, j’espère que vous accepterez ma lubie de travailler en maillot de bains. Je trouverai cela dommage de ne pas profiter de ce magnifique soleil. Bien entendu, le dîner sera habillé, les soirées restent fraîches.
- Comme on dit, à Rome, faisons comme les romains. Nous vous suivrons., accepta Ryo, conciliant.
- Passons à table, je vous prie., les invita Li, tirant la chaise pour laisser Kaori s’installer et pouvoir ainsi jeter un œil à ce décolleté si alléchant.

Ryo, qui avait bien vu le regard lubrique de Li, n’en montra rien et s’assit près de sa femme. La conversation alla bon train, Li se révélant un hôte charmant, agréable et cultivé. Ils évitèrent les sujets liés aux affaires en présence de la jeune femme, ne les évoquant que rapidement lorsqu’elle s’absenta quelques minutes. Vers vingt-deux heures, ils se retirèrent dans leurs chambres respectives. Li regarda le manège du jeune homme qui caressait la fesse de sa femme en se dirigeant vers leur chambre. Leur souhaitant une bonne nuit, il se retira dans sa chambre et alluma la télévision, branchant sa chaîne préférée : la chambre voisine.

A peine entrés, Ryo avait plaqué Kaori contre la porte pour l’embrasser passionnément, glissant ses mains sous la robe. D’un geste vif, il la souleva et elle entoura ses hanches de ses cuisses. Ainsi, il n’avait plus à se pencher pour l’embrasser et pouvait butiner le haut du corps de sa partenaire, ce qu’il ne tarda pas à faire après avoir à nouveau dénoué les liens qui retenaient le haut de sa robe. La passant par dessus sa tête, il la jeta par terre sans ménagement, laissant Kaori uniquement vêtue de sa culotte. Li était au paradis. Ces deux-là tenaient leurs promesses. Elle était maladroite d’inexpérience, lui félin et sauvage dans son approche. Il le regarda mener sa compagne sur le lit et la plaquer le dos contre son torse, caressant sa poitrine, lui infligeant de petits pincements qui la faisaient crier ou gémir, laissant ses mains glisser sur son ventre plat puis disparaître sous le sous-vêtement.

- Retire-lui, j’y vois rien. Elle a l’air d’aimer ça en tous cas., commença-t-il à dire, la voix rauque, excité.

Comme s’il l’avait entendu, Ryo retira le barrage de tissu et se déshabilla à son tour. Li changea la caméra pour avoir un meilleur angle et vit l’homme guider sa compagne intimidée pour l’initier à lui prodiguer du plaisir. Il la fit s’allonger et la regarda un moment.

- Tu t’es dégotée un bel étalon, ma petite. Tu vas prendre ton pied., haleta-t-il en regardant comme hypnotisé le membre qui allait bientôt emplir la petite.

Il vit ensuite Ryo attirer sa femme vers lui et, la positionnant comme il le voulait, la prendre dans ménagement. Li put apprécier la souplesse de la jeune femme, sa capacité à encaisser les coups de reins profonds de son partenaire, semblant y prendre un grand plaisir. Et l’homme était endurant. C’était de loin l’une des plus belles scènes auxquelles il avait assistées. Il observa le corps de la belle se soulever, se cambrant tel un arc, lorsqu’elle atteignit le summum du plaisir, suivie peu après par son partenaire qui la tenait par les hanches, profondément ancrée en elle, puis s’allongea sur elle sans quitter son intimité. Il la vit refermer les bras sur lui dans un geste de tendresse qui lui arracha un sourire carnassier. La belle était éperdument amoureuse d’un homme qui ne voyait en elle qu’une matrice pure et innocente.

Ne sachant à quoi s’attendre, il laissa la télévision allumée, se calant contre son oreiller en allumant une cigarette. Il avait pris son pied même si aucun signe physique normal n’en attestait. Quelques minutes après, il vit l’homme se rhabiller et attraper son paquet de cigarettes. Il entendit la porte claquer. La demoiselle remonta légèrement le drap sur elle et sombra dans un sommeil profond. Li ne tint pas longtemps avant de se lever et se diriger vers la chambre de ses invités. Il pénétra discrètement et approcha du lit. Ses yeux brillaient de désir en suivant la ligne de cette colonne vertébrale de la nuque jusqu’à la naissance de ses fesses. Il laissa ses doigts errer légèrement sur l’arrondi mais les retira vite quand elle bougea et se tourna vers lui, le laissant admirer ses seins dont la pointe rosée le narguait. Il posa à nouveau les doigts sur cette peau chaude et veloutée, caressant la colline puis descendant vers ce ventre plat dont il sentait les muscles jouer au passage.

Ne pouvant détacher ses yeux de ce visage innocent et apaisé, il continua sa route vers le bas-ventre de la jeune femme. Il ne pouvait résister à son désir de toucher ce trésor qu’il ne pouvait plus visiter, de sentir cette chaleur humide l’entourer, faire vibrer la demoiselle sous de longs mouvements de va et vient. Le contact froid du métal sur son crâne le ramena à la réalité et le fit suspendre son mouvement.

- Que tu nous mates, c’est une chose. J’accepte les compromis en affaires., gronda Ryo.
- De… de quoi tu parles ?, demanda Li, anxieux.
- Des caméras que tu as planquées dans la pièce., répondit Ryo, d’une voix ferme.

Li déglutit. Il se dit que crier pour avertir ses hommes ne lui serait certainement pas profitable, aussi se borna-t-il à attendre la suite des évènements.

- Je vais faire appel au connaisseur d’arts que tu nous as prouvé être au dîner. Tu regardes mais tu ne touches pas à l’origine du monde. Compris ?, demanda Ryo d’une voix dure.

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Mer 6 Mai - 3:14
Chapitre 22

Au commissariat de Shinjuku Ouest, Mick se relevait époussetant sa tenue après avoir volé dans les airs. Qu’avait-il donc bien pu se passer ? Sa chaise était intacte, une bombe n’avait pas explosé, il ne s’entraînait pas au combat… sauf si se retrouver projeté en l’air par une Miki excédée de supporter ses avances pouvait être considéré comme un entraînement. Elle avait dû subir ses remarques indécentes, ses plaintes sur le chanceux qui s’envoyait en l’air à sa place, en plus de la gêne à écouter ses amis dans un moment qui aurait dû être intime... Ses nerfs étaient donc déjà mis à rude épreuve lorsqu’il avait proposé de lui donner un peu de plaisir pour passer le temps. Sa réaction ne s’était pas faite attendre.

La voix froide et dure de Ryo résonna dans la pièce, les figeant tous deux sur place. Mick se rassit précipitamment à sa chaise, sérieux.

- Déconne pas, Ryo., murmura-t-il, tendu en l’entendant parler des caméras.
- Il ne va pas le tuer quand même ? Non, il ne va pas… Il va ?, s’interrogea-t-il à voix haute, inquiet.
- C’est un pro. Il ne le tuera pas., répondit Miki, calmement.
- Mais il le mériterait bien…, murmura-t-elle pour elle-même.
- Il s’y connaît en art maintenant ?
- Pour deux coureurs dans votre genre, ce doit bien être le seul tableau que vous connaissez…, laissa échapper Miki, narquoise.

Mick lui fit une grimace, vexé. Ils attendirent la réponse de Li avec impatience.

Sur le bateau, Li se tourna lentement vers Ryo, les mains en l’air. Il se racla la gorge nerveusement.

- Ryo, gardons notre calme. Nous sommes partenaires. C’est normal de partager des choses entre partenaires., dit-il, affichant un sourire confiant.

Ryo le regarda froidement et arma le chien de son arme. Li recula d’un pas.

- Mick est mon ami et je le tuerai s’il touchait à ma femme. Vous concernant, vous êtes un partenaire de travail., le menaça Ryo, voyant Kaori se réveiller doucement.
- Je ne lance pas de menace en l’air, Li. Alors le partage se limitera au visuel. Sortez d’ici avant que je ne change d’avis., l’avertit-il, désarmant son arme en la baissant.

Kaori se releva et vit Li sortir de la chambre. Se rendant compte de sa nudité, elle remonta le drap sur elle, soudain prise d’effroi.

- Ryo ?, l’interpella-t-elle, inquiète face à son air sombre et sa mâchoire crispée.
- Tout va bien. Tu peux te rendormir., la rassura-t-il.

Elle se leva, tenant le drap autour d’elle, et s’approcha de lui, lui attrapant le bras doucement.

- Tu viens te coucher ?
- J’arrive., dit-il en se dégageant.

Il sentait toujours la rage froide qui l’avait envahi en voyant ce… pervers toucher Kaori. Il se sentait lui-même comme un pervers de lui infliger des rapports qui relevaient plus de films pornographiques que de leurs étreintes tendres et passionnées habituelles, alors le voir lui tenter de profiter de sa belle endormie…

Kaori voyait la tension dans le corps de son mari. Elle ne savait quoi faire pour le calmer. Elle s’approcha de lui et lui fit face. Elle laissa tomber le drap et passa les bras autour de son cou, déposant des baisers légers sur son torse nu, le sentant frissonner sous ses attouchements.

- Kaori…, murmura-t-il, la voix rauque.
- J’ai froid sans toi dans le lit., le coupa-t-elle, d’une voix sensuelle.

Il baissa le visage vers elle, caressant l’ovale de son visage. Elle se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa langoureusement. Elle l’aimait encore malgré tout mais ce n’était que la première journée, la première nuit. Combien en faudrait-il pour la pousser à bout ? Combien pour la détruire ? Il mit ses pensées de côté, les noyant dans la tendresse dont elle l’entoura. Li bénéficia d’un nouveau film cette nuit-là.

Au commissariat, Mick se tourna vers Miki.

- J’ai froid sans toi, ma belle Miki., susurra-t-il.

La jeune femme lui lança un regard noir et l’américain atterrit dans le couloir sous le regard médusé d’un agent qui passait par là…

Le lendemain matin, Ryo se réveilla sous le regard amusé de la jeune femme. Ils échangèrent quelques mots tendres dans un murmure à peine audible. Puis dans un rire sonore, Ryo fit basculer sa femme sur le dos et répondit à son défi très passionnément. Au commissariat, Hideyuki, subitement très rouge, se leva précipitamment et proposa un café à sa femme, n’attendant même pas sa réponse avant de sortir du bureau, entendant son rire cristallin derrière lui.

- S’il pensait qu’ils jouaient aux cartes la nuit, ses illusions viennent de s’envoler…, murmura-t-elle pour elle-même amusée.

Quelques temps plus tard, le couple rejoignit leur hôte à l’arrière du bateau. Il les convia à petit déjeuner, appréciant la vue splendide qui s’offrait à lui. Son invitée avait revêtu un bikini noir qui soulignait très agréablement sa superbe poitrine dont il gardait en mémoire la précieuse image. Le repas passa agréablement, la discussion se faisant légère. Puis Kaori les laissa seuls partant profiter du soleil à l’avant du bateau. Elle prit un magazine et grimaça : tout ce dont elle avait horreur, des magazines people à n’en plus finir… Elle retourna à sa cabine récupérer le livre qu’elle lisait et croisa sur le retour Li qui, sous couvert de lui parler, se rapprocha d’elle, la coinçant contre le mur et frôlant sa poitrine de son corps. Tout à son rôle, elle chassa la vague de colère qui l’envahit et piqua un fard.

- Vous aimez lire, Kaori ?, demanda-t-il d’une voix suave.
- Oui, plus des romans que des magazines., répondit-elle timidement.
- Venez avec moi., dit-il, l’entraînant vers le fond du bateau.
- Je vous donne accès à ma bibliothèque personnelle., fit-il en ouvrant la porte sur une pièce qui devait à la fois lui servir de bibliothèque et de bureau.
- N’hésitez pas à venir vous servir en livres. Vous verrez que mes ouvrages sont très éclectiques.

Elle se dirigea vers les étagères et en fit la revue. Il y avait des romans policiers, des romans historiques, des ouvrages philosophiques et politiques. Ses joues rougirent en lisant le titre de l’ouvrage mis en évidence sur l’une des étagères.

- Je suis un amateur des plaisirs de la vie. Si vous souhaitez l’emprunter pour agrémenter les nuits avec votre mari, n’hésitez surtout pas., murmura-t-il à son oreille en caressant sa hanche.
- Je… Je ne… Li… Je… Ryo n’a certainement pas besoin de cela., bafouilla-t-elle, plus que gênée en s’écartant de lui et de son édition du Kama Sutra et se dirigeant vers la porte après avoir pris le premier livre qui lui tombait sous la main.

Ryo vit Kaori ressortir de la cabine, rouge pivoine, comme si elle avait le diable aux trousses. Il fronça les sourcils d’autant plus lorsque Li ressortit avec un sourire carnassier aux lèvres.

- Li…, gronda Ryo d’une voix menaçante.
- Votre femme est très… rafraîchissante. Elle a visiblement été choquée de trouver un Kama Sutra dans ma bibliothèque et surtout que je le lui propose en lecture., plaisanta-t-il.
- Bon, revenons-en au fait. J’ai quelques exemplaires des armes qui vous intéressent dans un entrepôt en ville. Si vous êtes intéressé, j’aurai une cargaison d’ici deux mois. Que dites-vous de nous y rendre dans trois jours ?
- Ca me va.
- Ryo, je préfère vous prévenir. Lorsque j’ai un nouveau client, celui-ci reste mon invité jusqu’à la première livraison. Question de sécurité. J’espère que vous saurez profiter de mon hospitalité et, après tout, ces quelques semaines pourront vous servir de vacances et nous savons qu’il n’y a pas de moments plus propices pour engendrer., lui suggéra Li.
- Je vais vous laisser quelques minutes pour m’enquérir de l’heure du repas. Votre femme sera certainement heureuse de pouvoir profiter un peu de vous.
- Très bien.

Ryo regarda Li se lever et pénétrer dans la cabine. Ryo se doutait qu’il y avait quelques hommes à l’intérieur mais ni lui ni Kaori n’avaient su déterminer leur nombre. Ils étaient très discrets. Il se leva à son tour et se dirigea à l’avant du bateau. Lorsqu’il s’approcha d’elle, Kaori baissa son livre et se redressa. Il en profita pour se glisser derrière elle et la coller contre lui, sentant sa peau douce sur son torse.

- Je commençais à m’ennuyer., dit-elle.
- Tu as besoin d’occupation ?, répondit-il laissant glisser les doigts sur son bras, la faisant frissonner.
- Il nous regarde., murmura-t-il pour la prévenir.

Elle se retourna dans ses bras et l’embrassa.

- Il me laisse libre accès à sa bibliothèque qui est en même temps son bureau., l’informa-t-elle en lui souriant coquinement comme s’ils avaient une discussion plus sensuelle.
- Génial, comme ça tu trouveras peut-être des choses intéressantes., dit-il en laissant glisser ses mains le long de son corps et empoignant ses fesses.
- Kao, on va devoir rester ici un long moment. Ca va aller ?, lui demanda-t-il en la basculant sur le côté pour la cacher à la vue de Li, le temps qu’elle lui répondit.
- Oui. Par contre, on va aller jusqu’où dans notre petit jeu actuel ?
- On va lui en donner encore un peu pour son argent., dit-il, dégrafant son haut de maillot de bain mais la protégeant pour que Li ne vit que son dos dénudé.

Le chef trépignait : il en voulait plus. Si seulement ils étaient dans leur cabine, avec toutes les caméras, il aurait changé de plan mais sur le pont du bateau, ce n’était pas la même chose. Là où ses yeux faisaient défaut, son imagination l’emportait. Il s’imaginait perdu dans cette poitrine voluptueuse et ferme, exaltant le désir de sa partenaire par de savantes caresses, des baisers et coups de dent bien dosés… Il fallait qu’il les voit de plus près. Très discrètement, il monta sur le deuxième pont et s’assit sur le divan qui donnait sur l’avant du bateau. Il n’y voyait malheureusement pas beaucoup plus mais profita du son à défaut d’avoir l’image, et la demoiselle était expressive, à son plus grand plaisir. Lorsque le repas fut prêt, Li alla les avertir en personne. Il s’approcha discrètement du couple, imaginant ses doigts à la place de ceux de Ryo dans ce bas de maillot de bain, sa bouche sur ses seins, la sensation de cette peau douce et chaude qui commençait à se colorer contre la sienne…

- Le repas est prêt. Je vous laisse quelques minutes pour me rejoindre., dit-il, savourant la gêne de la jeune femme d’avoir été ainsi surprise et le regard empli de désir inassouvi de son partenaire.

Il se sentait d’humeur à faire une sieste, se dit-il avec un sourire pervers. Ce qu’il ne se priva pas de faire après le repas, prenant le soin d’allumer son écran, au cas où ses invités auraient dans l’idée de faire une sieste eux aussi, crapuleuse en ce qui les concernait. Le spectacle ne manqua pas.

Au commissariat, Hideyuki tournait comme un lion en cage, blême de rage.

- Sérieusement, Mick, dis-moi qu’il y a des moments où on peut couper le son parce qu’entendre… ça…, dit-il à défaut de meilleure expression en pointant vers les écouteurs où on entendait les gémissements de Kaori et Ryo.
- C’est au-dessus de mes forces et ce n’est que le premier jour., soupira-t-il.
- Si tu veux, je peux demander à d’autres agents de prendre la relève., répondit Mick, conciliant, sachant d’avance quelle serait la réaction de l’inspecteur.
- Tu plaisantes ! Ma sœur bosse ici. Si d’autres l’entendent dans… en…, bref, tu imagines l’image qu’elle aura après.
- Donc nous n’avons pas le choix, c’est nous quatre. Et non je ne peux pas couper le son car je ne saurai pas quand le remettre.
- Si ce Li avait pu avoir un défaut autre que celui-là…, laissa échapper Hide, démoralisé.
- Sachant que Ryo prétend vouloir la mettre enceinte, attends-toi à ce que ça se renouvelle et souvent même., se moqua Mick.

Hide grogna et retourna à son poste d’écoute, tentant de faire abstraction de ce qu’il entendait.

Sur le yacht, les deux hommes se retrouvèrent quelques temps plus tard. Ryo avait laissé Kaori dormir encore un peu. Il savait qu’étant avec Li, elle ne serait pas épiée pendant ce temps.

- Bien dormi, Ryo ?, demanda Li, un petit sourire aux lèvres.
- Le spectacle vous a plu, j’espère., répondit Ryo, sombrement.
- Oui, vous formez un couple magnifiquement assorti. C’est un plaisir de vous voir ensemble.
- Plaisir non partagé, je vous rassure., rétorqua-t-il, le regard noir.
- J’espère que nos affaires me rapporteront un max de fric parce que le compromis est assez indigeste.
- J’apprécie votre honnêteté. Un de mes hommes peut vous remplacer si vous ne souhaitez plus être la vedette de mes soirées privées., suggéra Li, un regard vicieux.
- J’en connais deux ou trois qui sont très bien montés et pourraient faire passer du bon temps à votre femme à deux… ou plus.

Ryo vit dans ses yeux que la suggestion n’était pas humoristique et que l’idée lui plaisait. Imaginer Kaori, non pas dans les bras, mais aux prises d’un ou plusieurs hommes, subissant leurs assauts, lui donna envie de vomir et exacerba la colère qui l’habitait déjà.

- On ne touche pas à ma femme. Si l’un de vos hommes ose en faire son quatre heures, ils en paieront tous le prix et vous avec. Me suis-je bien fait comprendre ?, le menaça-t-il.
- Pour un homme du milieu, vous y êtes beaucoup trop attaché.
- J’attache de l’importance à ce que l’enfant qui portera mon nom soit bien le mien et ne subisse pas les désagréments d’une saloperie qu’un autre aurait pu refiler à sa génitrice. Ne lui accordez pas d’autre importance., asséna-t-il durement.

Il sentit dans son dos la présence de Kaori. Sans mot dire, elle se dirigea vers l’avant du bateau, prenant place sur un des bains de soleil. Le regard perdu dans le vague, elle essaya de s’ôter de la tête les paroles dures qu’avaient eues Ryo, se répétant que c’était son rôle, pas lui, que l’homme qu’elle aimait n’était pas celui qui avait prononcé ces mots… Malgré tout, elle ne put empêcher les larmes de couler.

- Reprenons notre discussion de ce matin, Li., dit sèchement Ryo, énervé et anxieux.

Ils s’assirent sur les divans du pont arrière et parlèrent business toute l’après midi. La soirée se déroula comme celle de la veille, le couple assurant le divertissement du pervers.

Les journées s’enchaînèrent ainsi inexorablement pendant plus d’un mois et demi. L’affaire leur coûtait humainement, leur seul réconfort étant d’être à deux pour affronter l’adversité, mais ils avaient tellement peu d’occasion d’être eux-mêmes que Ryo sentait que même cela ne durerait pas.

Un après-midi, en plein milieu d’une conversation, l’un des hommes de Li arriva et lui murmura quelques mots à l’oreille, déposant quelque chose dans sa main. Le chef acquiesça et l’autre repartit. Li se tourna alors vers Ryo et le regarda, suspicieux.

- Que se passe-t-il ?, s’agaça ce dernier.
- Si vous souhaitez avoir un enfant, pourquoi votre femme prend-elle encore la pilule ?, lui demanda Li en jetant la plaquette sur la table entre eux deux.
- Parce que vous fouillez dans nos affaires maintenant ?, fit Ryo, énervé, en prenant la plaquette dans les mains.
- Répondez à ma question.
- Seule ma femme pourra y répondre et j’en fais mon affaire. Kaori, viens ici !, cria Ryo en se levant en colère.

Comment allaient-ils se sortir de là ? Pourquoi avait-il fallu qu’ils tombent là-dessus ? Sous sa colère apparente, Ryo avait une peur bleue de ce qui pouvait se passer. Kaori arriva et stoppa net face au regard noir de son mari.

- Ryo, qu’y a-t-il ?, demanda-t-elle d’une petite voix.
- C’est quoi, ça ?, lui demanda-t-il, en lui montrant le médicament.

Elle blêmit à la vue de sa pilule. Elle fit un pas en arrière mais se rendit vite compte de la futilité de son geste : ils étaient en mer. Il la rejoignit en deux enjambées et la saisit par le poignet.

- C’est quoi ça ?, répéta-t-il.
- Ma… ma pilule., bégaya-t-elle.
- Pourquoi prends-tu encore la pilule alors que tu m’avais juré l’avoir arrêtée ?, demanda-t-il énervé.
- Je… je…, hésita-t-elle en mordant sa lèvre inférieure, tremblant de peur.

Au commissariat, Saeko et Mick étaient tendus. La situation pouvait déraper à tout moment.

- Trouve quelque chose Kaori., l’encouragea Mick.
- Il faut se préparer à intervenir, Mick. On ne peut pas les laisser.
- On ne peut rien faire. Le temps qu’on arrive, il sera trop tard. Elle va trouver, j’en suis sûr., dit-il, moins confiant qu’il en avait l’air.

Kaori regarda Ryo dans les yeux, cherchant désespérément une idée, quand soudain elle se mit à pleurer.

- Je voulais juste attendre un petit peu encore. Je voulais te faire la surprise pour Noël, pour te faire un beau cadeau puisque ça va faire un an qu’on s’est rencontrés à cette époque-là. J’allais arrêter à la fin de la plaquette.
- Ce n’était pas ta décision. Tu m’as menti par-dessus tout, Kaori., dit-il durement, soulagé par son excuse qui leur ouvrait une porte de sortie.
- Je suis désolée. Je trouvais cela tellement romantique de mettre des petits chaussons sous le sapin pour te l’annoncer., dit-elle en se jetant dans ses bras.

Contre toute attente, il la repoussa et la gifla violemment, ce qui la fit tomber. Elle releva la tête, se tenant la joue, abasourdie. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait cela ? Elle ne comprenait pas. Elle se releva lentement sous le regard ravi de Li et comprit : elle n’était qu’une petite chose qui devait être obéissante et docile à ses yeux et Ryo lui en donnait pour son compte. Ca la glaça.

- Je suis désolée., murmura-t-elle, baissant les yeux.
- Je n’en ai rien à faire. Regarde ce que j’en fais., dit-il en jetant la plaquette par dessus bord.

Elle regarda, médusée, la plaquette flotter sur l’eau : se rendait-il compte qu’il venait de les mettre dans une position dangereuse ? Ils n’avaient plus aucun moyen de contraception. C’était sa dernière plaquette. Mick devait subtilement lui en redonner la prochaine fois qu’ils se verraient mais ce n’était pas avant trois semaines… Elle sortit de sa réflexion quand Ryo l’empoigna et la tira vers leur cabine.

- Ryo ?, demanda-t-elle inquiète.
- Je suis très en colère, Kaori. Tu as beaucoup de choses à te faire pardonner., dit-il en la faisant entrer dans leur cabine.
- Déshabille-toi !, lui ordonna-t-il, sèchement en ôtant son maillot de bain.
- Non, ne fais pas ça., dit-elle, ne sachant si c’était son personnage ou elle qui parlait.

Il s’approcha d’elle et, tout en lui murmurant « pardonne-moi », lui arracha son maillot de bain. Li, enfermé dans sa chambre, se délecta du spectacle d’un homme affirmant sans ménagements sa domination sur sa très jeune et jolie femme provoquant larmes et cris chez elle.

Au commissariat, Saeko et Mick reposèrent leurs écouteurs, ne pouvant supporter ce qu’ils entendaient. La jeune femme retint ses larmes et soupira :

- Heureusement qu’Hide n’est pas là, tu serais un homme mort…
- Je préférerais être mort qu’entendre ça…, l’informa Mick, se sentant coupable.
- Je ne sais pas comment ils s’en sortiront après ça., murmura Saeko.
- Mick, cette partie-là, je ne veux pas qu’Hide tombe dessus ni personne d’ailleurs., demanda-t-elle en le regardant droit dans les yeux.

Il appuya sur quelques touches et le compteur repartir en arrière.

- Oops, je crois que j’ai fait une fausse manip., l’informa-t-il, faussement navré.

Ils se sourirent sans joie et reprirent leurs écoutes quelques minutes plus tard, l’action passée.

Ryo laissa Kaori en larmes enfermée dans la chambre, pour sa sécurité. Il sortit sur le pont arrière et observa Tokyo au loin. Il dut se rappeler pourquoi il avait fait cela, pourquoi il avait imposé cette humiliation à la femme qu’il aimait, pourquoi il ne pouvait extérioriser la nausée qu’il ressentait ou le cri qu’il voulait hurler, pourquoi il ne pouvait retourner dans cette chambre, sur ce lit, prendre sa femme dans ses bras et lui demander pardon pour tout cela. Ils étaient en mission pour sauver des vies. Il regarda cette ville sombrement, cette ville qu’il aimait tant et qui risquait de lui coûter la femme qu’il aimait.

- Dans quel merdier tu nous as fourrés, Mick…, murmura-t-il, désespéré, sans savoir qu’à quelques kilomètres de là son ami l’avait entendu.
- Je suis tellement désolé, Ryo., répondit-il alors qu’il ne pouvait l’entendre.

Ryo entendit des pas derrière lui. Ce ne pouvait être Kaori, ça ne laissait que Li.

- Satisfait de ma manière de régler les choses., lui demanda Ryo.
- Très. Je vois que vous savez être dur en temps voulu.
- L’art de la guerre, Li. On n’obtient pas toujours tout par la force. Il faut savoir user d’autres atouts.
- Bien. Reprenons notre discussion où nous en étions.

Longtemps après que les larmes se furent taries, Kaori resta allongée, sans un mouvement, sans un mot, l’esprit vide. Peu à peu, la réalité reprit le dessus et elle se releva pour aller prendre une douche. Par le hublot, elle vit le soir tomber. Elle avait mal physiquement et émotionnellement. Elle se sentait vidée, salie, trahie. Elle ne supportait plus ce bateau. Elle était en pleine mer, l’horizon s’étendait à perte de vue et pourtant elle se sentait claustrophobe. Elle attendit que l’eau chaude fit un peu d’effet puis sortit et s’habilla d’un pantalon et d’une tunique. Elle avait besoin de se sentir couverte, à l’abri. Elle se dirigea ensuite vers la sortie mais lorsqu’elle actionna la poignée, la porte ne s’ouvrit pas. Elle retenta plusieurs fois, la panique la gagnant, puis tapa sur la porte en criant. Aussi vite qu’elle était montée, la panique retomba et, vidée de ses forces, Kaori se retrouva par terre, les genoux entourés de ses bras, la tête penchée en avant.

- Je veux rentrer, j’en ai assez. Sortez-moi de cet enfer., sanglota-t-elle amèrement.

Au poste de police, Hide se tourna vers Mick, encore présent alors que son tour était fini, et, le regard froid, lui demanda :

- Combien de temps encore devra-t-elle supporter cela ? Il faut les sortir de là.
- On doit attendre la marchandise. Sinon elle aura fait tout cela pour rien., lui dit-il, ravalant la bile qui lui brûlait la trachée.

De rage, Hideyuki balança sa tasse à café qui se fracassa sur le mur.

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Jeu 7 Mai - 6:29
Chapitre 23

Le grand jour était enfin arrivé. La cargaison avait eu un mois de retard. Cela faisait trois mois et demie que la mission était commencée, trois mois et demie d’une plongée progressive en enfer. Aujourd’hui, ils sortiraient tous les deux de là. Mick les avait rejoints pour prendre sa commission au moment de la livraison. Ryo se rapprocha de lui pour lui demander à mots couverts des informations sur la mission.

- Alors ta chienne a mis bas ?, lui demanda Ryo, soucieux.
- Ma chienne ?, l’interrogea Mick, les yeux ronds comme des soucoupes.
- Oui ta chienne. Quand on a rencontré Li, ça devait arriver sous peu. Le doc en pense quoi ?, dit Ryo, le regard perçant cherchant à lui faire passer le message codé.
- Ma chienne ? Ah oui suis-je bête ! C’est bon. Les chiots sont arrivés. Je les disperse actuellement.

Kaori les regarda parler sans comprendre. Mick la regarda soucieux. Elle était éteinte, amaigrie, les traits tirés. Li les fit entrer dans l’entrepôt pour leur faire vérifier la marchandise. Les hommes chargeaient des camions.

Li fit ouvrir des caisses et fit la démonstration à Ryo des différentes armes qu’il avait acquises. Kaori se tenait en arrière avec Mick qui s’était approché d’elle.

- Dès que la transaction sera terminée, les troupes vont entrer. Tiens-toi prête, Kaori. Quand ils rentrent, tu te couches., lui chuchota-t-il.

Il se demanda si elle l’avait entendu car elle n’acquiesça pas et elle semblait perdue. Il resta à côté d’elle.

- Eh, mais je t’ai flinguée, toi !, entendit-il soudain et se tourna dans la direction de la voix tout comme Ryo.

Un homme pointait Kaori du doigt. Elle le regarda mais ne le reconnaissait pas.

- C’est une flic, Monsieur Li. Je lui ai tirée dessus en avril et dézingué sa collègue dans le parc.

Li se tourna vers Kaori et pointa son revolver vers elle. Elle ne réagit même pas. Elle ne trembla pas. Après tout, la mort lui apporterait la fin de ce calvaire. Mick voyant cela se mit devant elle.

- Li, déconne pas. T’as vu la petite ? Tu la vois en fliquette ? Elle n’est pas de taille., argumenta Mick.
- Je ne vois pas comment il aurait pu tirer sur elle alors qu’on était en Europe jusqu’en mai, comme nous en avons déjà parlé., l’informa Ryo, tentant de maîtriser son angoisse.

Que faisait Kaori ? Pourquoi ne réagissait-elle pas ? Pourquoi n’essayait-elle pas de se défendre ?

- Ryo, dans notre métier, la prudence est de mise : soit vous vous occupez d’elle, soit je vous tue tous les deux. Je ne peux pas laisser le doute planer, aussi mignon soit-il., lui dit Li, tendu.
- Très bien. Donnez-moi cinq minutes.

Ryo s’avança vers Kaori posément, le regard dur. Mick s’interposa.

- Ryo ?
- Laisse-moi passer, Mick. Et tiens toi prêt., lui murmura-t-il en passant.

Il s’approcha de Kaori qui le regardait sans le voir. Il prit son visage en coupe et se pencha sur elle pour l’embrasser.

- A mon signal, tu te laisses tomber à terre., l’informa-t-il, à voix basse.

Il posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa tendrement. Elle ne répondit pas à son baiser. Il la fit tourner pour que Li ne vit que son dos et ne put s’apercevoir de la supercherie et tira. Ce qu’il n’avait pas prévu était qu’au son du coup de feu, Kaori s’évanouirait. Il amortit sa chute, inquiet, la posa à terre délicatement puis, voyant Li se détourner satisfait, il retourna près de lui. Arrivé au niveau de Mick qui était resté ébahi, il le prit par l’épaule et, l’attirant vers lui, le prévint de donner le signal de déploiement dès qu’il serait avec Li. Mick sortit de son hébétude et acquiesça, jetant un œil vers Kaori. Ne voyant aucune trace de sang, il se sentit soulagé et observa Ryo. Dès qu’il fut à côté de Li, Mick lança le signal et, moins d’une minute après, l’entrepôt fut envahi de policiers. Ryo mit Li en joue, priant quelque part pour qu’il fit quelque chose qui le poussa à tirer mais ce ne fut pas le cas. Mick resta près de la jeune femme, la couvrant au cas où quelqu’un aurait voulu lui faire du mal. En moins d’un quart d’heure, toutes les personnes présentes étaient arrêtées.

Ryo regarda ce petit monde se faire embarquer et, dès que Li fut emmené, il se dirigea vers Kaori qui émergeait de son inconscience. Quelque part, la facilité de cette dernière partie lui semblait risible après ce qu’ils avaient vécu. Mick avait posé sa veste sur Kaori pour la réchauffer. L’air frais de ce mois d’octobre s’était infiltré par les portes grandes ouvertes et sa peau était gelée. Ryo s’agenouilla près de sa femme, lui caressant la joue tendrement.

- C’est fini, Kaori., murmura-t-il, se voulant rassurant.

Elle tourna la tête vers lui et il frémit sous son regard vide. Il aurait préféré lire de la tristesse, du désespoir, de la colère, n’importe quoi plutôt que cette absence de sentiments qui lui était si peu caractéristique. Elle le regarda quelques secondes puis tourna la tête vers la porte, observant sans le voir le ballet des policiers. Soudain des pas précipités attirèrent leur attention.

- Kaori !, s’écria Hide, inquiet.
- Ma chérie, tu m’as fait tellement peur., dit-il en la prenant dans ses bras.
- Kao... Kao ?, répéta-t-il, en l’absence de réponse de sa sœur.

Il l’éloigna un peu de lui et la regarda, blêmissant. Son regard était inexpressif comme si elle n’était plus connectée à la réalité. Il se tourna vers Ryo et Mick, les interrogeant du regard.

- Je pense qu’elle est en état de choc. Où est l’équipe médicale ?, répondit Ryo, nerveux.
- Elle arrive. Miki est partie les chercher., répondit Saeko.

En effet, deux minutes après, deux ambulanciers arrivaient avec un brancard. Hide prit sa sœur et la déposa dessus et, après un examen rapide, elle fut emmenée à l’hôpital. Miki partit avec elle, la présence des autres étant encore requise sur place puis au commissariat. Ils y passèrent la journée, dressant rapports, procès-verbaux, palabrant en réunions téléphoniques, physiques avec les divers services concernés qu’ils soient américains ou japonais. Ryo était anxieux et n’aspirait qu’à rejoindre Kaori à l’hôpital, la voir, la prendre dans ses bras et la rassurer, se rassurer.

Grâce aux informations fournies par Kaori lors de son séjour à bord, le bateau fut fouillé de fond en comble et ils y trouvèrent d’innombrables preuves ainsi que des enregistrements que Mick s’empressa de mettre de côté, souhaitant préserver ses amis du mieux qu’il put. Il les visionnerait par lui-même et écarterait toute vidéo qui n’apporterait rien.

La soirée était bien avancée lorsque tous les quatre arrivèrent à l’hôpital. Ils furent surpris de trouver Miki devant la porte de la chambre.

- Il y a quelqu’un avec elle, un médecin peut-être ?, demanda Ryo, curieux.
- Non, personne. Elle ne veut voir personne. Le médecin l’a sédatée et a interdit l’accès à la chambre., les informa Miki, bouleversée.
- C’est quoi cette histoire ?, s’énerva Ryo qui partit se renseigner aux bureaux des infirmières.

Il revint dépité, jetant un œil anxieux sur la porte de la chambre.

- C’est Kaori qui a demandé à ne voir personne. Le médecin lui a administré un tranquillisant pour la calmer quand elle a commencé à s’agiter., leur répéta Ryo.
- Pour ce soir, on va rentrer chez nous et dormir. Ca nous fera le plus grand bien. On se retrouve demain., proposa Hide.

Il était déçu de ne pas pouvoir voir sa petite sœur mais il la savait en sécurité à l’hôpital. Elle n’était plus livrée en pâture à un voyeur au milieu de l’océan. Ce soir, il pouvait dormir sans s’inquiéter pour la première fois depuis plus de trois mois.

- Hide, je passerai par ici demain matin avant d’arriver au bureau., le prévint Ryo.
- Tu rentres chez toi, Ryo ? Tu ne fais pas l’idiot, promis ?, s’enquit son ami.
- Je vais lui tenir compagnie., proposa Mick, inquiet de laisser Ryo seul.
- Ca marche. Bonne nuit tout le monde.

Tous se quittèrent épuisés. Ryo rentra chez lui en compagnie de Mick. Il observa les lieux. Rien n’avait bougé à part la poussière qui s’était accumulée. Kaori n’aimerait pas cela. Il montra les lieux à Mick, lui proposant d’utiliser la douche en premier puis lui prépara un lit. Lorsque l’américain sortit, il prit la place et se glissa sous le jet d’eau chaude. Sans réfléchir, il prit le gel douche que Kaori utilisait et le huma. Il se sentit transporté quelques semaines en arrière quand tout était normal, quand la seule préoccupation qu’ils avaient été de s’aimer sans se faire remarquer, le temps d’attendre la fin de la formation. Il sortit de la douche et passa un pantalon de pyjama puis descendit au salon. Il avait besoin d’un verre. Il entendit Mick arriver et en versa un deuxième qu’il lui tendit.

- A quoi tu penses ?, demanda l’américain.
- Trois mois… c’est le temps qu’il nous reste à devoir nous cacher, c’est aussi le temps que ça aura mis à la détruire…, murmura Ryo, sombrement.
- Tu m’en veux ?
- Un peu. Mais c’est peu par rapport à la haine que je ressens pour ce que je lui ai fait. Je ne cesse de me demander ce que j’aurais pu faire différemment pour moins la faire souffrir.
- Ryo, tu jouais un rôle. Tu l’avais déjà fait, pas elle.
- Mick, je l’ai giflée, je l’ai violée...
- Tu exagères là. Tu ne l’as pas violée, tu as été brutal., répondit Mick tentant de calmer le jeu, mais Ryo rit dédaigneusement :
- Appelle un chat un chat. Quand une femme te dit non et que tu t’imposes, ça s’appelle un viol, même mariés. J’ai violé la femme que j’aime. J’étais celui qui devait la protéger, pas lui faire du mal.
- Ryo…
- Il n’y a rien à dire, Mick. J’espère juste qu’on arrivera à avancer. Je vais me coucher. Bonne nuit.

Mick regarda son ami partir et entendit la porte de sa chambre se fermer. Il se massa la nuque et soupira. Il n’arrivait pas à se départir de son sentiment de culpabilité. Tout ce mal, ce piège qui s’était refermé sur eux, c’était lui qui les avait jetés dedans. Il finit son verre d’un trait et monta se coucher également.

Dans sa chambre, Ryo s’était allongé sur le lit. Les draps sentaient le renfermé. Il n’avait pas pris le temps de les changer et se promit de le faire le lendemain. Il ferait tout pour que Kaori revint dans un appartement nickel, comme si rien ne s’était passé. Il glissa la main sous l’oreiller et sentit un objet. Le tirant, il découvrit avec un sourire nostalgique le soutien-gorge en dentelle noire qu’il avait gardé en otage lors de son déménagement. Etonnant qu’elle ne le lui ait pas repris depuis tout ce temps… Il le remit sous son oreiller et s’endormit pensant à elle.

Le lendemain matin, il se réveilla difficilement. Son corps réclamait encore du repos mais son esprit s’y refusait. Il se leva et se doucha rapidement. Après s’être habillé, il prépara un sac avec des vêtements et une trousse de toilettes pour Kaori. Mick le vit descendre et se moqua de lui gentiment pour lui arracher un sourire, en vain. Ryo le déposa au commissariat et fila à l’hôpital. Il tapa à la porte mais personne ne répondit. Une infirmière l’informa que Kaori avait été emmenée à un examen qui lui prendrait un bon bout de temps. Il soupira, malheureux comme les pierres de ne pouvoir la voir. Il laissa le sac dans la chambre et repartit. La journée passa rapidement entre interrogatoires et paperasses.

Le soir arrivant, Ryo, Mick, Hide et Saeko partirent à l’hôpital. Cette fois, ils furent invités à entrer. Kaori était habillée et, le sac posé sur le lit, attendait. Lorsqu’elle les vit rentrer tous les quatre, elle se força à leur sourire légèrement. Son regard triste leur arracha le coeur. Ryo s’approcha d’elle et l’enlaça.

- Kaori, je suis heureux de te voir debout. Comment tu te sens ?, lui demanda-t-il, sans noter qu’elle n’avait pas répondu à son étreinte.
- Ca va, merci., dit-elle d’une voix neutre.

Elle s’approcha de son frère et lui sourit affectueusement. Il la prit dans ses bras et elle referma les siens autour de lui, se mettant à pleurer. Il la berça un long moment, laissant échapper une litanie de mots rassurants. Lorsqu’elle se calma, elle le lâcha et se tourna vers Saeko qui l’embrassa également.

- Tu peux rentrer ?, lui demanda Ryo, déstabilisé par tout cela.
- Oui, je peux sortir de l’hôpital., répondit-elle, ne cherchant pas son regard.
- Alors, viens, on rentre à la maison., lui dit-il en lui tendant la main, un sourire aux lèvres.

Elle le regarda enfin, puis sa main puis à nouveau lui, les larmes aux yeux.

- Ma maison a brûlé l’année dernière. Je n’ai plus de maison.
- Kaori, nous sommes mariés. Toi et moi sommes une famille., murmura-t-il, abasourdi.
- Je ne sais plus qui tu es, je ne sais même plus qui je suis. La seule chose dont je sois sûre c’est que je ne repartirai pas avec toi., asséna-t-elle froidement, les laissant tous figés.

Ils s’observèrent longtemps, muets, incapables de se quitter des yeux, incapables de bouger. Ce fut Hideyuki qui brisa le moment demandant à Ryo de le suivre à l’extérieur.

- Ca va aller ?, lui demanda-t-il avec sollicitude.
- Je… je ne comprends pas. Enfin, si, c’est le pire. Je comprends mais je ne m’y attendais pas., répondit Ryo sous le choc.
- Ryo, loin de moi l’idée de m’immiscer entre vous mais peut-être qu’elle a besoin de quelques jours. Elle est visiblement fatiguée et n’a plus les idées claires. Tu peux peut-être la convaincre de revenir chez vous mais je ne suis pas sûr que ce serait bon ni pour toi ni pour elle.
- Je ne pense pas non plus., soupira-t-il, lucide malgré tout.
- Elle peut venir chez nous le temps de clarifier les choses., proposa Hide.
- C’est certainement la seule chose à faire., admit Ryo à contre coeur.
- Dis à Mick que je l’attends ici. Je n’ai pas la force de la voir partir sans rien faire. Dis-lui qu’elle me manque, que je l’aime., demanda Ryo à son ami qui acquiesça.

Hide repartit. Mick sortit rejoindre Ryo après avoir embrassé Kaori sur la joue. Puis Hide regarda sa sœur lorsqu’il lui dit les mots de son mari et s’inquiéta de son manque de réaction. Peu après, ils partirent tous trois de l’hôpital, sans plus un mot.

Kaori s’installa dans la chambre d’amis de leur nouvelle maison. Les jours qui suivirent, elle y passa le plus clair de son temps, dormant énormément. Petit à petit, elle retrouva la forme, recommençant tout doucement à sourire, cessant de s’endormir en pleurant. Mais elle refusait toujours de parler à Ryo, sans vouloir s’expliquer, ce qui le désespérait.

Un soir, Hideyuki arriva comme un dératé auprès des deux jeunes femmes qui cuisinaient, Saeko profitant de la présence de Kaori pour apprendre. Il prit sa femme par les épaules et l’attira à lui, fou de joie.

- Hide ?, l’interrogea-t-elle, surprise.
- Dis-moi que c’est vrai. Dis-moi qu’on va avoir un bébé., lui demanda-t-il surexcité.

La jeune femme ébaucha un sourire éblouissant et acquiesça. Il la serra à nouveau contre lui à l’étouffer.

- Quand ?
- Pour fin juin., répondit-elle, puis soudain réalisant.
- Mais comment tu l’as su ? Moi même je ne le sais que depuis ce matin.
- J’ai trouvé ça par hasard dans la poubelle où j’avais fait tomber mes lunettes., admit-il piteusement en montrant un test de grossesse positif.
- Je suis si heureux, Saeko.
- Seulement je l’ai appris ce matin du médecin que j’ai vu. Je n’ai pas fait de test de grossesse., lui apprit sa femme, gênée.

Tous deux se regardèrent puis tournèrent la tête vers la seule autre femme de la maison. Celle-ci, livide, s’accrochait au plan de travail comme si sa vie en dépendait, secouant la tête en signe de dénégation.

- Kaori ?, murmura son frère, ébahi.
- Je… non… Ce test n’est pas bon. Je… Je ne… Je ne peux pas être enceinte. Pas comme ça…, s’effondra-t-elle en larmes sur le sol.
- Calme-toi, Kaori. Ca va aller., lui dit son frère, la prenant dans ses bras.
- Calme-toi. Une chose après l’autre. Tu as vu un médecin ?
- Ca ne peut pas être réel, Hide. C’est un cauchemar. Pourquoi ma vie tourne au cauchemar ?, pleura-t-elle, désespérée.

Hideyuki ne sut quoi répondre. A deux, ils tentèrent de la réconforter. Kaori finit par s’endormir dans les bras de son frère. Le lendemain matin, Saeko réussit à avoir un rendez-vous express chez son médecin qui confirma quelques heures plus tard la grossesse de la jeune femme. Hide se sentit tiraillé lorsque Ryo lui demanda, comme tous les jours, des nouvelles de Kaori. En attendant d’être fixé, il tut la nouvelle, préférant protéger le plus faible des deux. Se retrouvant à trois le soir, Hide aborda le sujet fatidique :

- Quoi Ryo ?, s’énerva Kaori.
- C’est ton mari, Kaori. C’est le père de cet enfant. Tu dois lui dire., l’encouragea son frère.
- Pas si j’avorte., répondit-elle d’une voix égale en se levant et se mettant à la fenêtre.
- C’est vraiment ce que tu veux, Kao ?, lui demanda Saeko, surprise.
- Je ne sais pas ce que je veux. Nous avons conçu un bébé en nous exhibant ! Je l’ai laissé utiliser mon corps comme une poupée gonflable, comme un moyen de sanction ! Je l’ai laissé faire des choses qu’on n’avait même pas tentées ni même imaginées jusque là !, cria-t-elle, puis sa voix se brisa :
- Le pire, je pense, c’est qu’on y a pris du plaisir… Comment peut-on s’aimer et se faire aussi mal ? Comment je peux continuer à le regarder, le laisser me toucher sans me demander si ce qu’il cherche c’est une partie de jambes en l’air torride ou un pur moment de partage comme on en a eu tant auparavant ? Je n’arrive plus à distinguer Ryo Saeba de Ryo Hamato, Kaori Makimura de Kaori Hamato.
- Kaori, démêler tout cela va te prendre du temps. Ryo et toi, vous vous aimez. Nous en avons été témoins, tous les deux. C’est ton choix, mais je pense sincèrement que, si tu avortes, tu le regretteras parce que ce bébé, vous l’avez déjà espéré et perdu une fois tous les deux, ensemble.

Kaori tourna la tête vivement vers son frère, surprise.

- De quoi tu parles, Hide ?, s’enquit-elle d’une voix blanche, n’osant croire qu’il savait.
- Du mois où tu as pensé être enceinte. Ryo m’en a parlé et je sais que ça vous a marqué.
- Kaori, le plus dur à présent, c’est de franchir le pas et accepter de lui parler. Tant que tu refuseras de lui parler, tu seras coincée. Tu n’es plus toute seule., ajouta Saeko.
- Je… je ne sais pas. J’ai besoin d’y réfléchir., murmura-t-elle.

Elle regarda encore quelques minutes par la fenêtre avant de les laisser et d’aller se coucher. Elle eut du mal à s’endormir, cogitant leurs paroles et digérant la nouvelle de sa grossesse. Avant qu’ils partent le lendemain matin, elle leur demanda si Ryo pouvait passer le soir et s’ils acceptaient d’être présents. Ils acceptèrent avec soulagement.

Quand ils arrivèrent à trois le soir, Kaori n’était pas dans la maison. Elle avait tourné en rond toute la journée, réprimant à plusieurs reprises une furieuse envie de s’esquiver et fuir la confrontation. Finalement, angoissée, elle était sortie sur la terrasse et regardait les dernières feuilles tomber. Perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas les voitures se garer ni la porte d’entrée claquer.

Ryo la trouva assise sur le bord de la terrasse. Comme elle ne l’avait pas remarqué, il profita de ces quelques instants de calme pour l’observer et calmer la tension qui l’habitait. Elle était perdue dans un grand pull, probablement emprunté à son frère, manie qu’il avait déjà notée alors qu’ils étaient ensemble. Elle le faisait quand elle avait besoin de réconfort et de chaleur. Il s’approcha d’elle doucement et vint s’asseoir à ses côtés.

- Bonjour Kaori., dit-il timidement.

Elle tourna ses yeux noisette vers lui et le dévisagea longuement. Il vit tout un panel d’émotions passer dans ce regard et se sentit rassuré d’avoir retrouvé une partie de sa femme. Une larme coula sur sa joue qu’il essuya tendrement. Des jours qu’il attendait qu’elle voulut le voir et aujourd’hui il ne savait ni quoi dire ni quoi faire. Il ne voulait ni lui paraître froid ni trop entreprenant, ni être possessif ni laxiste… Quel était le juste milieu ? Cette femme lui manquait horriblement mais si ça lui était nécessaire pour qu’ils se retrouvent dans les meilleures conditions, il était prêt à lui laisser le temps qu’il fallait loin de lui.

- Ryo, tu es venu.
- Tu me manques, mon ange. La maison est vide sans toi.

Elle continua de le regarder, ne sachant quoi répondre. Elle n’avait pas tout solutionné. Elle ne se sentait toujours pas prête à rentrer avec lui. Elle mourrait d’envie de sentir ses bras autour d’elle mais en même temps l’appréhender. Elle ne pouvait passer outre le fait qu’il devait être déçu, fâché qu’elle les ait entraînés dans cette situation, qu’elle se soit laissée manipuler aussi aisément...Non, il n’y avait qu’une chose dont elle était sûre.

- Je suis enceinte, Ryo. On va avoir un bébé., lui avoua-t-elle, voyant l’incrédulité se peindre sur ses traits, suivie par la joie et la douleur.

Elle ne savait si elle devait en rire ou en pleurer. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle ne pouvait en supporter plus. Elle se leva et partit, le laissant seul avec ses pensées.

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Ven 8 Mai - 4:51
Chapitre 24

Deux jours plus tard, Kaori reprit son poste à la brigade, poussée par son frère. Elle était cantonnée comme Saeko au bureau. Elle appréhendait de se retrouver avec Ryo. Ils ne s’étaient pas revus depuis qu’elle lui avait annoncé être enceinte. Elle ne savait pas s’il était heureux ou en colère, s’il voulait du bébé ou non… Elle prit sur elle pour rester calme. Elle avait décidé qu’elle garderait le bébé quoiqu’il arriva. Il n’y était pour rien. C’était un petit être innocent qui n’avait fait de mal à personne et elle devait le protéger et l’aimer, même si elle se retrouvait seule pour le faire. Elle suivit son frère et Saeko dans le bureau et, après avoir slalomé entre les cartons de preuves, posa ses affaires sur son bureau. Se retournant, elle tomba nez à nez avec Ryo. Il la regarda une lueur indéfinissable dans les yeux.

- Bonjour Kaori., tenta-t-il de dire d’une voix neutre.
- Bonjour Ryo., murmura-t-elle.

Miki, Hide et Saeko attendait nerveusement de voir comment ils allaient réagir. Ils semblaient aussi timides qu’au premier jour, une touche de désespoir en plus. Nerveux, Ryo regarda Kaori : elle avait repris un peu de couleur, elle semblait un peu plus sereine, ce qui le rassura. Il mourait d’envie de la prendre dans ses bras mais craignait aussi d’être rejeté. Il savait qu’il avançait sur un filin tel un funambule ;

- Comment tu vas ?, demanda-t-il doucement.
- Mieux. Et toi ?
- On fait aller. Il faut que je me réhabitue à dormir seul., murmura-t-il.

Il vit une lueur de culpabilité passer au fond de ses yeux et s’en voulut.

- Désolé, je ne voulais pas…
- Non, ça va, Ryo. Je sais ce que c’est.

Sa réponse le réconforta car, si elle aussi avait ce sentiment, tout n’était pas perdu pour eux.

- Ne force pas aujourd’hui, d’accord ?, lui demanda-t-il, inquiet pour elle.

Elle allait devoir travailler sur les preuves accumulées pendant leur mission et il avait peur que de mauvais souvenirs refirent surface. Il leva le bras pour remettre une mèche en place mais se retint au dernier moment. Néanmoins, elle avait eu le temps de remarquer son geste et rougit légèrement. Ils se rassemblèrent tous lorsque Mick arriva et firent un point rapide pour mettre Kaori au courant de leur avancée. Quand ils eurent fini, l’américain emmena la jeune femme un peu à l’écart du groupe pour débriefer plus profondément.

- Alors, ma belle, comment ça va ?
- Je reprends le dessus progressivement.
- Ne force pas.
- Ryo m’a dit la même chose., dit-elle en souriant faiblement.
- On tient à toi. Tu as reçu l’aval du psy pour repartir sur le terrain ?
- Le psy, oui. Mais je suis en service restreint.
- Tu n’as pas été blessée pourtant, à moins que…, dit-il gêné, pensant que peut-être tous ses rapports répétés avaient laissé des séquelles.
- Je suis enceinte, Mick., lui apprit-elle.

Il n’avait pas pensé à cette séquelle-là. La culpabilité refit surface. Une nouvelle complication naissait dans leur histoire à cause de lui. Elle sut à son regard qu’il était gêné, ne sachant si c’était une bonne ou mauvaise nouvelle.

- Tout va bien, Mick.
- Ryo est au courant ?
- Oui., répondit-elle en baissant les yeux.

A son comportement, il se douta que les choses n’étaient pas simples et que la famille Saeba avait encore du chemin à faire pour retrouver sa plénitude.

- Il ne m’en avait pas parlé. Il a peut-être besoin d’un peu de temps ou de savoir où vous en êtes.
- Comment il va, Mick ?, ne put s’empêcher de lui demander Kaori, d’une petite voix.
- Disons que je l’ai connu plus heureux. Tu lui manques.

Kaori se mit à triturer ses doigts en signe de nervosité. Ryo lui manquait aussi mais elle avait encore besoin de temps, de remettre les choses à leur place. Mick changea de sujet, voyant la tension monter, et ils parlèrent de la mission, établirent le rapport de Kaori. En début d’après-midi, Ryo vint chercher la jeune femme et l’emmena au centre de tir. Ils échangèrent quelques banalités dans la voiture avant qu’elle ne s’endormit, la grossesse prenant le dessus.

- Tiens, ton fusil. Je te laisse gérer. Il faut que tu te réentraînes sinon tu vas perdre ton habilitation. Ca va aller ?
- Je pense., murmura-t-elle, anxieuse.

Elle se positionna un genou au sol et épaula son fusil. Dans son esprit, la cible se transforma et elle vit Li apparaître. Toute la rage et la colère contenues en elle explosèrent et elle tira, le visage crispé. Les balles lui transperçaient le corps mais il était toujours là avec son sourire pervers et sa rage ne faisait que grandir. Elle ne sentait pas les larmes couler sur son visage. Dans sa tête, un seul mantra tournait en boucle : « crève ».

Ryo était resté juste derrière elle, n’intervenant pas alors qu’il avait senti le changement d’humeur. L’instructeur qui vaquait de stand en stand s’approcha pour arrêter Kaori mais Ryo lui fit signe de ne pas l’interrompre et il changea de direction. Au bout de quelques minutes, voyant son visage livide, il posa la main sur l’épaule de Kaori et lui prit le fusil. Il le posa derrière lui et se positionna derrière elle, comme il le faisait au début de leur entraînement, juste assez prêt pour la frôler. Il approcha de son oreille et murmura :

- Tu l’as vu, n’est-ce pas ?
- Oui., souffla-t-elle dans un sanglot.
- Il est hors d’état de nuire, Kaori. Il ne te fera plus de mal. Viens, on rentre., dit-il en lui tendant la main pour l’aider à se lever.

Elle accepta son aide et ne le lâcha pas pendant quelques secondes. Elle regardait leurs mains enlacées et se demandait quand cela avait eu lieu la dernière fois. Elle n’arrivait pas à s’en souvenir. Mais ce contact lui faisait tellement de bien après la tension qui l’avait envahie qu’elle voulait qu’il dura toujours. De son côté, Ryo voulait y aller en douceur. Il savait que, s’il voulait mener son plan jusqu’au bout, il ne devait pas la brusquer. Il serra légèrement sa main puis la lâcha, partant vers le bâtiment. Ils se changèrent et, avant de sortir, Ryo se tourna vers elle regardant le mur où elle s’était appuyée :

- C’est ici que tu m’as avouée avoir peur de l’orage., dit-il en souriant légèrement se rappelant la course effrénée qu’elle avait faite ce jour-là.

Kaori le regarda sans mot dire, étonnée qu’il se souvint de l’endroit exact. Sur le trajet, Kaori regardait par la fenêtre, laissant son esprit voguer, pendant que Ryo conduisait respectant son silence.

- Ce soir-là, tu caressais furtivement ma main. C’était pour distraire mon attention de l’orage ?, demanda-t-elle, subitement, se tournant légèrement vers lui.
- Tu m’as démasqué., répondit-il, d’un ton enjoué, puis plus sérieusement.
- Je n’aime pas te voir anxieuse, Kaori. Tu te souviens de ce qui s’est passé ce soir-là ?
- Oui, l’incendie. L’un des pires moments de ma vie. J’ai cru que j’avais perdu mon frère. J’étais tellement désespérée.
- Tu ne voulais plus te battre, tu te pensais seule au monde…, compléta-t-il, faisant taire la souffrance qui lui revenait en mémoire.
- Mais tu étais là. Et tu m’as dit la plus belle chose que j’avais jamais entendue., murmura-t-elle, d’une voix étranglée.

Elle essuya les larmes qui perlaient à ses yeux, se rappelant sa stupéfaction, la chaleur qui l’avait envahie, le réconfort de savoir son amour à double sens, ce qui atténuait un peu sa peine et lui avait redonné le courage de se battre.

- Tu m’as dit que tu avais besoin de moi.
- J’ai toujours besoin de toi., lui dit-il simplement, d’une voix douce.

Elle le vit passer le commissariat et se rendre au centre de formation, vide cette semaine.

- Que fait-on ici ?, demanda-t-elle, curieuse.
- Suis-moi.

Ils s’arrêtèrent près du hall d’entrée. Il pointa en direction de l’allée centrale du parc.

- Le premier jour, je t’ai suppliée de ne rien dire sur l’altercation entre Reika et moi. Je ne sais pas pourquoi mais je voulais tellement que tu crois en mon innocence. Juste après je t’ai maudite te voyant discuter avec ton frère, puis je me suis excusé. Le deuxième jour, tu m’as terrassé. Et tout cela tu ne t’en es même pas rendue compte.
- Comment ça terrassé ?, demanda-t-elle n’y comprenant rien.
- Tu remontais l’allée et t’es laissée emporter par une pluie de pétales de fleurs de cerisiers. Ta candeur, ta fraîcheur… je n’avais jamais rencontré quelqu’un comme toi. Tu n’as rien d’une séductrice, Kao, pourtant tu es capable de mettre tous les hommes à tes pieds sans le vouloir. Moi tu m’as eu et je ne veux jamais que tu me laisses. La femme que tu es me rend meilleur. Sans toi, je ne suis rien., lui avoua-t-il, arrachant une larme à sa femme.

Il lui tendit la main et elle la saisit, retrouvant le contact chaud et réconfortant de ses doigts autour des siens. Il l’emmena dans un des couloirs.

- A cet endroit, j’ai su que la jeune femme douce et timide était quelqu’un de fort et déterminé, beaucoup moins fragile qu’on ne le pense. Tu te souviens pourquoi ?, lui demanda-t-il, souriant.

Il la vit fouiller dans sa mémoire et vit la lumière se faire.

- Ce n’est pas ici que j’ai remis un garçon à sa place et tu es arrivé juste après ?
- Si et on est sortis ensemble. Pour moi, c’est l’un de nos beaux moments même s’il ne s’est rien passé d’extraordinaire, juste parce qu’on était tous les deux, complices., avoua-t-il.

Elle acquiesça, comprenant ce qu’il voulait lui dire. C’était la marque de ce qui les avait liés, de ce lien indéfectible qui faisait qu’ils se comprenaient sans mot dire, qu’à deux ils se sentaient presque invincibles.

- Tu m’emmènes où maintenant, Ryo ?, demanda-t-elle avec un léger sourire.
- Je suis démasqué, encore., plaisanta-t-il, tentant de rester léger car il avait peur qu’elle refusa de le suivre.
- En ville, si tu veux bien.
- Le groupe va se demander où on est., pensa-t-elle.
- Ne t’inquiète pas de cela. Tu viens ?

Elle le suivit et ils partirent en ville. Kaori découvrit le premier immeuble où ils étaient intervenus ensemble. Elle monta lentement les escaliers, les souvenirs remontant en mémoire : l’attente, les premiers conseils, la pluie qui battait sur eux, elle qui s’était mise à quatre pattes au dessus de lui pour le protéger et qu’il put viser en sécurité… Elle rougit à cette évocation.

- A quoi tu penses ?, l’interrogea-t-il, amusé.
- A la hutte.
- C’était ingénieux. Une véritable torture aussi. Je sentais ta poitrine frôler ma tête, tes cuisses m’enserrant... Je ne te dis pas l’exercice de self-control…, laissa-t-il échapper en riant légèrement.
- On a failli s’embrasser ce soir-là., dit-elle tout bas en le regardant hésitante.
- Oui. Tu aurais aimé que je t’embrasse ?

Elle acquiesça, les joues rosies par la gêne. Il s’approcha d’elle et s’arrêta à son niveau, ne quittant pas son regard.

- Tu voudrais qu’on répare ce manquement ?, lui demanda-t-il, la gorge serrée.
- Oui. Comme si c’était la première fois., murmura-t-elle.

Il posa la main sur son visage et caressa sa joue de son pouce, doucement. Puis il se pencha lentement vers elle et posa les lèvres sur les siennes. Ce fut un baiser très tendre et doux. Il sentit la jeune femme se détendre au bout de quelques secondes et y répondre timidement. Sentant le désir le gagner et ne souhaitant pas la brusquer, il mit fin à leur baiser et admira le visage de Kaori. Elle était si belle, les lèvres entrouvertes, les yeux encore fermés. Lorsque finalement elle les rouvrit et le regarda, il se sentit rougir et rit bêtement.

- Pris en flagrant délit de rêverie.

Elle lui sourit et lui tendit la main.

- Tu m’emmènes où maintenant ?
- Sur le lieu de notre premier rendez-vous., dit-il en l’entraînant.

En cette fin novembre, la nuit était déjà tombée et, lorsqu’ils arrivèrent tout en haut de l’immeuble, ils purent admirer Shinjuku et ses illuminations. Le spectacle était toujours aussi époustouflant. Ryo s’était mis derrière Kaori et prit le risque de l’enlacer. Soulagé, il la sentit venir s’appuyer contre lui et laissa ses mains descendre sur son ventre.

- C’est ici que j’ai partagé mes envies avec toi, Kaori. Elles n’ont pas changé depuis. Tu es ma famille, Kaori. Tu es peut-être perdue en ce moment, mais sache que les choses n’ont pas changé. Je t’aime, je te veux dans ma vie. Je serais complètement paumé si tu partais. Je survis pour le moment en espérant que tu me reviennes mais, si tu ne dois pas le faire, tue-moi parce que j’en mourrai., lui avoua-t-il, à voix basse.

Elle trembla dans ses bras et il resserra son étreinte. Il ne parlait que d’eux deux. Il n’incluait pas le bébé dans leurs projets. Que devait-elle en penser ? Elle voulait ce bébé. Elle savait aussi qu’elle retrouverait le chemin de ses bras, le temps l’aidant. Mais les deux étaient-ils compatibles ? Elle ne put empêcher les larmes de sortir.

- Kaori, parle-moi. Qu’est-ce qui ne va pas ?, demanda-t-il anxieux.
- Tu parles de nous, Ryo. Mais le bébé… j’attends notre enfant., répondit-elle, la voix tremblante.
- Quoi notre enfant ?, s’interrogea-t-il sans comprendre.

Elle se retourna dans ses bras, les yeux lançant des éclairs. Elle se retenait de le frapper, tellement elle était furieuse mais également angoissée, terrifiée, ce qu’il sentit.

- Notre enfant, Ryo. Le bébé que je porte. Fait-il partie de tes plans ? Tu parles de toi, de moi, de nous mais pas de lui ! Qu’est-ce que je dois comprendre ?, s’énerva-t-elle, les yeux pleins de larmes.
- Kaori…, murmura-t-il, comprenant la méprise, puis la prenant dans ses bras et la serrant contre lui :
- Bien sûr que je veux cet enfant, mon ange. Je ne t’ai jamais caché que c’était l’un de mes rêves les plus chers.
- C’est vrai ?, lui demanda-t-elle, hoquetant.
- Oui, Kaori. Je te veux toi et notre enfant. Vous êtes ma vie., la rassura-t-il.

Il la laissa pleurer un long moment, la berçant tendrement. Il espérait que ces larmes étaient un bon signe pour lui, qu’il avait réussi à atteindre son but.

- Merci, Ryo. Merci de m’avoir rappelé tous ces moments qui nous ont construits.
- A ton service, ma belle. Mais Kaori, je… j’ai encore quelque chose à te dire…, ajouta-t-il, soudain préoccupé.
- Je te demande pardon pour tout ce qui s’est passé pendant cette mission. Je sais que je t’ai blessée et bouleversée. Je ne sais pas ce que j’aurais pu faire différemment mais ce que je t’ai fait… je suis désolé.
- Ryo, ne te culpabilise pas pour tout ça. Si je n’avais pas accepté cette mission, on n’en serait pas là. C’est de ma faute.
- Non, Kaori…
- Tu me raccompagnes, s’il te plaît. Je suis fatiguée., l’empêcha-t-elle de continuer, cette partie de la discussion lui étant encore trop pénible.

Il garda le silence et ils repartirent. Il lui proposa de passer par l’appartement pour récupérer quelques affaires supplémentaires. Il avait noté qu’elle avait ouvert le bouton de son jean et les choses n’allaient pas s’arranger. Elle accepta. Ils se retrouvèrent dans leur chambre, Ryo regardant Kaori prendre quelques vêtements avec anxiété. Il devait s’avouer qu’il espérait secrètement qu’elle rentrerait avec lui ce soir même s’il n’avait pas misé dessus, alors la voir faire son sac lui faisait mal, très mal. Quand elle le ferma, il se leva et s’approcha d’elle.

Kaori le regarda. Certes elle n’était pas prête à reprendre la vie conjugale mais elle n’avait pas non plus envie de s’en aller. Elle s’était sentie revivre cette après-midi. Elle avait l’impression d’émerger d’un mauvais rêve. Elle avait aimé retrouver la chaleur de ses bras, la douceur de ses lèvres, le plaisir de rire et discuter à deux. Elle allait rentrer chez son frère, dans son foyer, jouant les trouble fêtes, et se sentirait toujours aussi seule. Comme s’il avait senti son sentiment d’isolement, il ouvrit les bras et elle s’y réfugia, se laissant aller contre lui. Quand il referma son étau autour d’elle, tout ce qui lui faisait peur, tout ce qui l’embrouillait, s’évanouit. Pour la première fois depuis des semaines, elle se sentit en sécurité.

Elle sentit ses lèvres se poser sur ses cheveux et releva la tête, son regard plongeant dans celui chaud et aimant de Ryo. Instinctivement, ils se rapprochèrent et s’embrassèrent. Rapidement, le baiser s’approfondit et leurs langues se mêlèrent avides. Le souffle court, ils se séparèrent et se dévisagèrent. Comme deux aimants, ils furent de nouveau attirés l’un vers l’autre et reprirent leur échange passionné, leurs mains se mêlant au ballet, touchant, caressant, s’immisçant sur et sous les vêtements qui volèrent rapidement dans la pièce. Ils se dévoraient comme deux affamés, leurs bouches redécouvrant des contrées déjà explorées.

- Kaori, tu m’as manqué. J’ai tellement envie de toi., souffla Ryo, la voix rauque, en la couchant sur le lit.

Les mots pénétrèrent lentement le nuage de désir et atteignirent son cerveau. Elle se figea. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle ne se sentait pas prête. Elle se laissait faire comme une poupée encore une fois. Elle n’avait donc aucune dignité ? En même pas deux minutes, elle était nue et allongée sous lui, prête à le laisser assouvir ses désirs en elle. Elle se figea et le repoussa, refermant instinctivement les cuisses.

Ryo la sentit tendue brusquement. Elle ne participait plus et l’empêchait de s’unir à elle. Reprenant difficilement le contrôle de son corps et son cerveau, il posa la tête sur son épaule. Le retour à la réalité était dure. Il se coucha sur le dos, reprenant son souffle. Lorsqu’il recouvra son calme, il s’en voulut de s’être laissé emporter : c’était exactement ce qu’il ne voulait pas faire. Il s’était juré de ne pas aller plus loin que des baisers et quelques caresses éventuellement. Il s’invectiva mentalement.

- Je suis désolée, je ne peux pas., murmura-t-elle, s’attendant à essuyer sa colère.
- Viens ici., dit-il doucement en tendant son bras.
- Si tu en as envie, bien sûr., précisa-t-il doucement.

Elle le regarda puis s’approcha de lui, se lovant dans ses bras, malgré la peur qu’il ne tenta de la forcer à aller plus loin. Ryo referma le bras sur ses épaules et la serra doucement contre lui.

- Je suis désolé de t’avoir brusquée. Je me suis laissé emporter.
- Je… ce n’est rien., dit-elle se détendant très progressivement.
- Tu as peur de moi ?, lui demanda-t-il, fixant le plafond.

Il sentit son souffle se suspendre puis elle le relâcha lentement. Elle se releva doucement sur le bord du lit et commença à se rhabiller. Il se redressa et l’attrapa par l’épaule pour attirer son attention mais elle garda désespérément la tête baissée.

- Kaori, réponds-moi : tu as peur de moi ?, répéta-t-il, anxieux.

Elle acquiesça. Il sentit son coeur sombrer, la culpabilité reprenant le dessus. Elle se leva et ramassa le reste de ses vêtements. Il se leva à son tour pour s’habiller. Quand ils furent tous les deux habillés, ils s’observèrent un moment et Kaori baissa les yeux.

- Je suis désolée, Ryo., murmura-t-elle, les larmes aux yeux.
- C’est moi, Kao…
- Non, je suis désolée de ne plus avoir confiance en nous, de douter. Je t’ai trahi, je nous ai trahis et je ne sais pas quoi faire pour réparer le mal que je nous ai fait.
- Tu ne nous as pas trahis, mon ange. Tu as juste oublié. Il faut que tu te rappelles, qu’on réapprenne ce qui faisait notre essence. Tu as besoin d’un peu de temps.
- Pourquoi ça semble plus facile pour toi ?, lui demanda-t-elle, bouleversée.
- Je ne suis pas enceinte. Je ne suis pas bourrée d’hormones en folie. J’ai aussi plus d’expérience que toi. Mais, Kao, tout cela ne m’a pas laissé indemne non plus et ma plus grande peur, c’est de te perdre. Je n’ai pas peur pour notre enfant parce que je suis sûr que tu ne m’empêcheras pas de le connaître mais j’ai peur de te perdre, perdre la femme que j’aime. Alors, je t’en prie, ne prends pas de décision hâtive. Si tu as besoin de temps, prends-le.

Il la prit dans ses bras tendrement, cherchant à la rassurer. Elle se blottit contre lui, ce qui le rassura : si elle n’était pas prête à être intime avec lui, elle avait l’air d’apprécier encore ses bras. Elle n’était pas dans le rejet complet.

- Je suis sûr qu’un jour, tu verras que tu m’aimes encore assez pour passer outre la peur et me redonner ta confiance. Pour le moment, prends soin de toi, de vous. Je saurai t’attendre.

Elle le serra plus fort. Après quelques minutes, Ryo lui proposa de la ramener. Il l’accompagna jusqu’à la porte, déposa un léger baiser sur ses lèvres et repartit. Elle le regarda s’éloigner, un pincement au coeur, puis rentra. Ses deux hôtes ne lui posèrent pas de questions malgré l’heure tardive. Saeko lui demanda juste si elle avait mangé et Kaori stupéfaite se rendit compte que non. Elle avala les restes d’un repas que sa belle-sœur avait préparé puis partit se coucher, cogitant un moment sur tout ce que ce petit périple avait réveillé comme souvenirs.

Lorsque Ryo rentra chez lui, il croisa Mick qui venait juste de rentrer. Il lui proposa un verre qu’il accepta.

- Alors ce petit voyage dans le passé a porté ses fruits ?, demanda l’américain, sincèrement intéressé.
- J’espère. La balle est dans son camp. Je ne peux plus qu’attendre., répondit Ryo sombrement.
- Jusqu’où tu es remonté ?, l’interrogea Mick, un regard suggestif.
- Mick…, grogna Ryo, lui balançant un coussin dans la figure.

Mick se mit à rire, ce qui arracha enfin un sourire au japonais. Ils se couchèrent un peu plus tard, l’un éreinté par sa journée, l’autre préoccupé pour une jeune femme rousse qui dormait, espérait-il, trop loin de lui…

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Sam 9 Mai - 2:55
chapitre 25

L’ambiance était tendue au commissariat. Les effectifs restreints devaient faire face à une grande menace et nul n’aurait su dire quel serait le résultat à la fin de cette épreuve. Kaori et Saeko firent face, armes au poing, pour accueillir le nouvel arrivant dans leur bureau. Le préfet Nogami, en tenue de combat, leva les mains, essoufflé.

- Papa, que fais-tu ici ?, demanda Saeko interloquée.
- Je… je ne voulais pas te laisser seule., dit-il simplement, ne s’emportant pas pour une fois qu’elle l’ait appelé papa au lieu de Monsieur le Préfet.

Des coups de feu les rappelèrent à la réalité de la situation. Kaori retourna à la fenêtre et observa la scène à couvert.

- A quoi ils jouent ? Pourquoi les membres de différents clans se sont alliés et s’attaquent au commissariat ? Il n’y a rien ici qui puisse les intéresser…, dit-elle tout haut, anxieuse.

Elle ne vit pas le regard qu’échangèrent père et fille, puis Saeko soupira, ce qui attira l’attention de sa belle-sœur.

- Si, Kaori. Ils ont un allié commun qui peut tous les faire tomber… Li Chang Hui.
- Non, il est en détention à la prison centrale.
- Non, il a été amené ici ce matin. Il tente de négocier avec les services sa liberté en échange d’informations.

Elle vit Kaori blêmir et s’adosser au mur. Elle s’approcha d’elle. Elle voyait l’anxiété et la colère dans ses yeux. Kaori se sentait trahie par ceux au dessus d’elle. Li était là et on ne lui avait rien dit. Il essayait de négocier sa liberté et on ne l’avait pas prévenue. Pour comble de malchance, trois membres sur cinq de son équipe étaient appelés sur les lieux d’une attaque comme la plupart de leurs collègues du commissariat et les communications étaient coupées.

- L’attaque de la gare, c’est une diversion, n’est-ce pas ?, souffla Kaori, dont le coeur battait comme un dératé.
- Ce qu’ils veulent, c’est récupérer Li., comprit-elle.

Soudain le calme se fit dans son esprit. Elle avait pris sa décision ce matin et rien ne se mettrait en travers de son chemin. Ce soir, elle rentrerait chez elle. Ce n’était pas une centaine de yakuzas qui allaient lui mettre des bâtons dans les roues et ce Li…

- Saeko, je te préviens : je le tuerai plutôt que de le voir libre., affirma-t-elle d’une voix sourde.
- Aujourd’hui ou après les négociations, il est hors de question qu’il s’en sorte impunément.
- Réglons un problème à la fois, officier., ordonna le Préfet de Police dont elle avait oublié la présence.
- Les portes du bas sont bloquées. Nous sommes vingt policiers sur place plus dix prisonniers et trente six civils. On a d’ores et déjà regroupé les civils au dernier étage avec cinq policiers en protection. Les autres prisonniers sont regroupés en bas avec quatre policiers.
- Li… Il faut l’amener ici. Si c’est lui qu’ils veulent, il faut l’isoler. J’ai mon idée pour le tenir sans policier supplémentaire., lui dit Kaori qui était passée en mode guerrier.

Le Préfet la dévisagea puis jeta un œil à sa fille.

- C’était sa mission. Laisse-la gérer., dit-elle simplement.

Le Préfet ordonna qu’on amena le prisonnier Li. Kaori demanda les clés de l’armoire où ils rangeaient leurs armes et en sortit son fusil, des grenades, de la ficelle et des menottes.

Lorsque Li arriva, elle le fit asseoir sur une chaise en métal et l’attacha avec les menottes pieds et poings. Elle se fichait de lui faire mal aux chevilles, les menottes fermant tout juste en les enserrant fortement. Après le mal qu’il lui avait fait, ce n’était que justice. Puis, sous son regard effaré et celui inquiet du Préfet, elle disposa des grenades fixées sur la chaise dont elle relia les goupilles aux membres de Li.

- Si tu bouges, tu défais la goupille et boum ! Alors tiens toi à carreaux., le prévint-elle, sans aucune once de pitié.
- Comme si une fillette dans ton genre savait ce qu’elle faisait., ricana Li, plein de morgue.
- Sache que la fillette a appris avec le meilleur démineur du coin. Mais si tu veux tenter ta chance..., lui dit-elle, un regard froid, voyant avec satisfaction les perles de sueur apparaître à son front.

Puis elle le laissa et partit se poster à la fenêtre aux côtés de Saeko et son père.

- Quel est le plan, Monsieur ?
- Saeko, tu as le plus d’expérience de leurs méthodes. Une idée ?

Saeko observa la scène qui se déroulait en bas. Les yakuzas attendaient un signal pour lancer l’attaque après une première rafale.

- Poste quatre policiers en premier rempart au rez-de chaussée, puis les quatre autres à l’étage au dessus du notre. Le problème c’est le sniper sur le toit d’en face.
- Dommage que vos deux snipers soient occupés ailleurs., les nargua Li.
- Qui a dit que nous n’avions que deux snipers, Monsieur Li ?, répondit le préfet.

Tous les trois se regardèrent en souriant. Saeko se tourna vers sa coéquipière.

- Kaori, il faut que tu les surprennes. Que nous proposes-tu ?
- Je monte là-haut. Je règle le cas du sniper au silencieux et je fais sauter les voitures. J’en ai quatre dont le réservoir est en ligne de mire.
- Vous pouvez le faire ?, s’inquiéta le Préfet.
- Ce n’est pas une question de pouvoir, mais de devoir. Il faut qu’on gagne du temps pour que les renforts reviennent ou qu’on les batte., répondit Kaori, d’un air résolu.
- J’ai eu un excellent professeur. Je sais où je dois placer mes balles et j’y arriverai.
- Bon, alors synchronisons-nous. Le temps que tu grimpes là-haut, les hommes seront en place. Quand la première voiture explose, on rejoint l’action.
- Vous me faites rire. Comme si une gamine pouvait réussir ce qu’un professionnel met des années à atteindre.
- Celui-là me casse les oreilles., s’énerva Kaori qui s’approcha de Li et lui mit un scotch sur la bouche pour le faire taire.
- J’y vais., leur annonça-t-elle en se dirigeant vers la porte.
- Officier, si on réussit à s’en sortir, je vous devrai un fier service. J’espère bien voir mon petit-enfant grandir., lui dit-il ému.
- Moi aussi, Monsieur. Saeko, si… si je ne m’en sors pas, dis-lui que j’allais rentrer et… que je suis tombée amoureuse le premier jour., demanda Kaori à son amie, les larmes aux yeux.
- Promis. Mais je préfère que tu lui dises toi-même.

Kaori sortit du bureau, son fusil sur l’épaule. Le préfet se tourna vers sa fille.

- De qui elle parle ?, lui demanda-t-il, curieux.
- Qui me le demande ? Le préfet ou le père ? Parce que le Préfet pourrait ne pas aimer la réponse et le père devra la garder pour lui s’il ne veut pas se fâcher avec sa fille., l’informa-t-elle, sérieuse.

Il préféra ne pas poursuivre cette discussion et mettre en place le plan. Kaori grimpa quatre à quatre les escaliers jusqu’au toit. Elle prit une minute pour retrouver sa respiration avant de sortir accroupie et s’avancer jusqu’au garde-corps. De là elle voyait le sniper. Elle s’allongea, face contre terre, et grimaça. Elle sentait son ventre comprimé et n’appréciait pas la position mais elle devrait faire avec. Elle s’excusa mentalement auprès de son enfant de le mettre dans une position aussi inconfortable. Elle cibla le sniper. Il ne l’avait pas détectée, concentré sur l’observation des fenêtres. Elle inspira, expira et tira. La première balle toucha son épaule droite, la deuxième l’épaule gauche. Elle voulait être sûre qu’il ne représente plus aucun danger. Elle le vit inconscient. Puis elle dirigea son viseur vers les hommes en bas. Aucun n’avait bougé. La première phase était réussie.

Elle choisit l’ordre dans lequel elle tirerait sur les voitures avec soin pour à la fois maximiser l’impact sur les hommes et minimiser les perturbations visuelles. Elle se sentait étrangement calme. Elle ne pensait plus à rien, juste à faire sa part du job : faire exploser ses quatre voitures. Elle inspira et pensa : « c’est parti. », expira « on s’en sortira tous vivants », et tira « Merci mon amour de m’avoir si bien coachée ». Le première voiture explosa et les tirs venant du commissariat commencèrent.

A la gare, Ryo, posté en haut d’un immeuble adjacent, sursauta à la première explosion. Immédiatement, il repéra les lieux mais ne vit rien. Lorsque les trois autres explosions suivirent, il se retourna et regarda les nuages de fumée qui s’élevaient dans le ciel. Et il comprit alors ce qui les avaient perturbés depuis qu’ils avaient été appelés au matin.

- Tireur à poste de commandement. Les explosions viennent du commissariat ! C’était une diversion. Ils ont attiré le gros des troupes ici pour laisser le minimum de personnes au commissariat., lança-t-il, tentant de rester calme.

Mais c’était difficile : Kaori et Saeko étaient là-bas, toutes seules et enceintes. Mick lui avait dit que Li allait être amené au poste pour les négociations. Ryo ragea : depuis qu’il avait appris ça, il se maudissait de ne pas l’avoir tué le jour de l’arrestation. Tout aurait été plus simple ! Car nul doute pour lui que l’intervention des clans alliés visait à le soustraire à la justice. Pourquoi n’avaient-ils pas compris tout de suite ?… Il se concentra sur la scène à nouveau entendant des coups de feu résonner plus bas. Il vit Hide et Miki abrités derrière une voiture répondant aux tirs. Il cibla un tireur embusqué en hauteur dans les bâtiments de la gare et le neutralisa puis s’appliqua à viser les tireurs qu’il avait dans sa ligne.

- Poste de commandement à tous les agents. Des témoins nous ont informés que le commissariat est attaqué par une centaine d’hommes. Les communications sont brouillées. Equipes 8 à 20, on intervient dans deux minutes pour parer l’attaque ici. Le SAT va nous rejoindre dans vingt minutes. Les équipes 1 à 7 vont d’ores et déjà se rendre pour aider le commissariat. Bonne chance à tous.

Ryo se leva, soulagé : il était avec Hide et Miki dans l’équipe 7. Ils se retrouvèrent en bas avec les autres équipes et quittèrent les lieux. Ils se mirent en attente deux rues avant le poste. Il fut décidé que Ryo partirait en repérage, les autres attendant ses informations pour se positionner. Il grimpa au sommet d’un des buildings et se mit en position. Il repéra Kaori, positionnée sur le toit, puis le sniper inconscient sur l’immeuble d’à côté et le signala. Deux minutes après, deux policiers intervenaient et l’emmenaient. Il reprit son observation et tomba à nouveau sur sa femme mais cette fois-ci, elle l’avait repéré et lui fit un signe de reconnaissance auquel il répondit. Elle fit juste un signe vers le bas et reprit son activité. A défaut de pouvoir faire exploser les voitures, elle visait les tireurs quand l’un d’eux se découvrait ou tentait de les déconcentrer en visant les vitres des voitures pour les faire éclater. Ils entendirent bientôt de nouveaux coups de feu. Les équipes venant de la gare prenaient les yakuzas à revers de chaque côté de la rue, les obligeant à tenir trois fronts.

Soudain Kaori entendit une balle siffler et se planter dans le béton juste devant elle. Elle se couvrit la tête pour se protéger des éclats. Elle recula quelques instants. Elle en profita pour observer Ryo.

Ryo vit avec effroi l’impact de la balle à deux centimètres du visage de Kaori. Son sang se glaça dans ses veines et il ne fut rassuré que lorsqu’il vit son visage indemne réapparaître. Elle devait rentrer maintenant : elle était repérée. Il était là et prendrait la suite. Il lui fit signe espérant que, de un, elle comprit son ordre, et, de deux, elle l’appliqua.

A ses gestes, elle comprit qu’il lui demandait de rentrer. Elle faillit s’énerver mais s’aperçut qu’elle n’avait presque plus de munitions pour son fusil. Apparemment elle s’était un peu laissée emporter dans l’action… Elle s’exécuta et rejoignit Saeko et son père. Satisfaite, elle vit que Li suait à grosses gouttes mais n’avait pas bougé. Il avait l’air beaucoup moins arrogant que lorsqu’elle les avait quittés.

- Je n’ai plus de munitions pour mon fusil. Je suis revenue vous prêter main forte.
- La cavalerie est arrivée, on dirait., soupira le Préfet de police qui n’avait plus participé à une opération depuis longtemps.
- Oui. Le lieutenant Saeba est sur un toit en face. Les équipes dans la rue ont couvert les deux côtés de la rue.
- Je pense qu’il reste la moitié des hommes encore contre lesquels se battre., précisa Saeko, d’une voix posée.

Ils s’accroupirent quand une balle brisa l’une des vitres du bureau, projetant des éclats de verre sur eux.

- Vous allez bien, mesdames ?, s’enquit le Préfet, inquiet.
- Oui, Monsieur.
- Oui, papa.
- On ne pourrait pas leur balancer des grenades ?, demanda Kaori, fatiguée de tout ce vacarme.
- On a peut-être des lacrymos à l’armurerie., pensa le Préfet.
- J’y vais et je reviens. Vous tenez le fort., leur ordonna-t-il en se levant.

Kaori se mit à la fenêtre jouxtant celle où était postée Saeko et visait les yakuzas. Quelques-uns tentèrent une percée vers la porte mais furent stoppés par les tirs rapprochés. Quelques minutes plus tard, une explosion retentit faisant vibrer l’immeuble. Au même moment, le Préfet revenait avec un carton.

- Qu’est-ce que c’était ?, se demanda-t-il, inquiet.

Saeko regarda par la fenêtre et vit des hommes se précipiter vers le bâtiment. Au même moment, des coups de feu retentirent à l’intérieur du commissariat.

- Ils sont rentrés. Papa, va dans le bureau à côté et lance les lacrymos sur ceux qui sont à l’extérieur. Kaori, toi et moi couvrons le couloir. Tiens, prends une deuxième arme. Tu n’auras peut-être pas le temps de recharger. Kaori, si c’est moi qui ne m’en sors pas, dis à Hide que je l’aime.
- Je le ferai, mais je préférerais que l’on élève nos enfants ensemble.
- J’apprécierais beaucoup également.

Elles se postèrent chacune d’un côté du couloir. Elles voyaient leurs collègues céder du terrain et se réfugier dans le couloir en face d’elles. Kaori avisa la lance à incendie et la montra à Saeko. La femme de ménage avait laissé l’aspirateur en plan au moment où les civils avaient été emmenés au dernier étage. Saeko comprit où elle venait en venir et lui fit signe qu’elle la couvrait. Elle tira vers les yakuzas qui progressaient, le temps que Kaori mit la lance en position et en eau. Une fois qu’il y eut une flaque suffisante, elle alla chercher l’aspirateur, le mit en position marche, déroula le fil électrique et attendit.

- Li est au premier si c’est lui que vous cherchez., cria-t-elle, espérant mettre les personnes en bas à l’abri.

Lorsqu’une dizaine d’hommes se regroupa enfin sur le palier, Kaori brancha l’aspirateur sur la prise à côté d’elle et les regarda gesticuler alors que le courant faisait son effet. D’autres hommes apparurent et leurs tirèrent dessus mais à six, les policiers en abattirent la plupart.

- J’espère que c’est bientôt fini parce que je suis épuisée., soupira Kaori, livide.
- Moi aussi. Ce soir, je rentre et je prends un bain pour dénouer tous les muscles de mon dos. Après je dors. Je pourrai dormir trois jours…, dit Saeko, fermant les yeux et tentant de reprendre le dessus sur la fatigue.

Elles se regardèrent et soupirèrent lorsqu’elles entendirent encore plus de pas arriver.

- Mais ils sont combien ?, s’énerva la lieutenant.

Elles mirent en joue les nouveaux arrivants et baissèrent leurs armes sitôt identifiés. C’était le SAT plus des hommes du commissariat. Kaori débrancha l’aspirateur avant d’électrocuter un collègue puis se laissa retomber contre le mur. Le préfet sortit en courant du bureau, extatique :

- Ils se sont rendus ! C’est fini ! On a gagné !, s’écria-t-il, tel un gamin.

Saeko le regarda, souriante. Il s’approcha d’elle et, faisant fi de toutes les convenances qu’il lui avait imposées jusqu’à ce jour, la prit dans ses bras et la serra contre lui. Kaori les regarda tous les deux, émue, puis, poussant un long soupir, elle ferma les yeux, cherchant le repos. Une main chaude se posa sur sa joue et la sortit de sa torpeur. Elle sourit au regard bienveillant et plongea dans les bras qu’on lui offrait.

- Hide…, soupira-t-elle, posant sa tête contre lui.
- Ca va, Kao ?
- Je suis crevée, mais on s’en est sortis. Et toi ?
- Pas une éraflure. J’étais mort de trouille pour vous deux.
- On avait une bonne équipe. Tu devrais aller voir ta femme., suggéra-t-elle, voyant le Préfet libérer sa fille.
- Hide !, l’appela Saeko, heureuse de le voir.

Il s’approcha d’elle et la souleva dans ses bras, la faisant rire. Ils se murmurèrent quelques mots et s’embrassèrent tendrement, oublieux des gens qui les entouraient. Puis Hide reposa sa femme et, l’enlaçant, appela sa sœur.

- Tu viens Kao. On sort d’ici.
- Je ne peux pas encore. Il faut que j’attende les hommes qui prendront en charge Li.
- Pourquoi ?
- Le libérer. Il est en auto-garde dans le bureau., expliqua-t-elle, en pointant du doigt.

Hideyuki, ne comprenant pas le concept d’auto-garde, jeta un œil dans le bureau et secoua la tête, désespéré.

- Si le Préfet voit ça…
- Il est déjà au courant, mon amour. Il était là quand elle l’a fait. Alors ne t’inquiète pas.
- Kao, dès que tu l’as libéré et remis entre de bonnes mains, tu vas voir les secours pour qu’ils t’examinent. Promis ?
- Hide…, râla-t-elle.
- Promis ?, lui redemanda-t-il d’un ton qui n’admettait pas la discussion.
- Promis.

Il la laissa emmenant sa femme se faire examiner. Deux policiers arrivèrent pour prendre en charge Li. Kaori défit un à un tous les fils qui reliaient les grenades, les rangea dans l’armoire puis défit toutes les menottes sauf une paire qu’elle referma sur les deux poignets de Li.

- Merci de ta coopération., lui dit-elle narquoise.

Elle l’entendit marmonner au travers du scotch mais ne lui enleva pas. Les agents l’emmenèrent dehors et elle les suivit. L’air frais lui fit du bien. Elle ferma un instant les yeux, respirant à pleins poumons, se sentant épuisée mais vivante, sereine, en adéquation avec elle-même, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Une seule chose lui manquait et pas des moindres. Elle rouvrit les yeux et le vit devant elle, faisant monter un yakuza dans une des camionnettes. Il se retourna et leurs regards s’accrochèrent un moment, laissant passer tout un flot d’émotions allant du soulagement à la joie de se retrouver. Sans s’en rendre compte, Kaori se mit à courir et se jeta dans les bras qu’il ouvrit et referma sur elle. Elle posa la tête sur son épaule, les bras autour de son cou, et, pour la première fois depuis des semaines, se sentit légère. Le poids qui pesait sur son coeur était enfin parti.

- Je rentre., murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

Sa seule réponse fut de resserrer les bras autour d’elle et de laisser échapper un long soupir de soulagement. Ryo était ému, heureux, rassuré : elle était de retour, elle revenait dans sa vie. Après les évènements de la journée, qui auraient pu être dramatiques, l’annonce de son retour était la cerise sur le gâteau. Elle releva la tête pour pouvoir le regarder et lui dit d’une voix douce :

- Je me suis réveillée ce matin et je me suis rendue compte que je n’avais jamais cessé de t’aimer. Tu es ma vie, ma moitié, mon foyer. Sans toi, je suis perdue. Je t’aime, Ryo.
- Je t’aime aussi, Kaori.

Ils se regardèrent encore quelques secondes avant de fondre sur les lèvres de l’autre, inconscients des gens qui les entouraient et surtout des deux personnes à qui ils ne devaient pas se montrer. Mais, après tant de mois, le bonheur de se retrouver était plus fort que la prudence. Un vacarme soudain les fit se séparer et ils se tournèrent dans la direction du bruit. Li avait réussi à se libérer et venait de faire feu sur l’un de leurs collègues. Aussi vite il mit en joue Kaori qui l’avait rabaissé les heures qui précédaient. Instinctivement Ryo la prit et la plaqua au sol se mettant sur elle alors qu’un coup de feu résonnait dans l’air. Il se redressa sur les coudes et posa la main sur son visage :

- Ca va ?, demanda-t-il, inquiet.
- Oui, je crois., répondit-elle encore un peu sonnée par la rapidité des évènements.
- Vous allez bien ?, leur demanda Mick en arrivant, l’arme au poing.
- Oui. Li ?, s’enquit Ryo, refusant de se lever tant qu’il ne savait pas Kaori en sécurité.
- Mort, je l’ai abattu. Qu’est-ce qui s’est passé ici ?, l’interrogea Mick qui revenait d’une réunion avec ses chefs à l’ambassade.

Il aida Ryo à se lever puis Kaori. Ryo l’entoura de suite d’un bras autour de la taille, la voyant vacillante. Une équipe médicale arriva pour l’examiner et la fit s’allonger après qu’il leur ait dit qu’elle était enceinte. Hide et Saeko arrivèrent quelques secondes après. Le temps qu’elle fut examinée, ils expliquèrent tous trois les évènements de la journée à Mick qui en resta stupéfait. Finalement avec tous les yakuzas qu’ils avaient arrêtés et qu’ils pourraient interroger, les retombées seraient certainement plus importantes que prévues avec les informations de Li et ce dernier était désormais définitivement hors d’état de nuire.

Le commissaire et le Préfet s’approchèrent quelques minutes plus tard. Ils s’enquirent d’abord de la santé de tous avant d’embrayer sur le sujet réel de leur entrevue :

- Lieutenant Saeba, Officier Makimura, nous vous attendons lundi à neuf heures pour un entretien disciplinaire. D’ici là, vous êtes en congés., leur dit le commissaire puis il s’en alla, sans être suivi par le Préfet.
- Papa, c’est quoi cette histoire ?, s’alerta Saeko, sentant la moutarde lui monter au nez.
- Vous vous êtes embrassés devant tout le monde. Il vous fallait encore attendre un mois., répondit-il, embarrassé.
- Le commissaire avait déjà une dent contre vous, Lieutenant. Je dois un service à l’officier… non pas un mais deux d’ailleurs pour mes deux filles qu’elle a contribué à sauver., dit-il en jetant un rapide coup d’oeil vers sa fille.
- Mais je ne peux pas vous promettre de vous sauver tous les deux., l’informa-t-il.

Ryo avait pris la main de Kaori et la serra très fort pour la rassurer.

- Je comprends, Monsieur.
- Préparez vos arguments pour lundi. Au final, c’est moi qui aurai le dernier mot mais je ne peux pas me permettre de prendre une décision arbitraire.
- Je comprends., soupira Ryo.
- Reposez-vous bien en attendant., leur dit-il en guise d’au revoir.

Ryo se tourna vers Kaori et le groupe. Il leur fit un sourire rassurant.

- J’ai retrouvé la femme que j’aime. Le reste, c’est alimentaire. Je retomberai sur mes pattes. Le plus important, c’est que tu gardes ton poste. Ce métier, c’était ton rêve, Kaori., lui dit-il tendrement.
- Je suis désolée, Ryo. Je n’ai pas réfléchi., lui répondit-elle angoissée.
- Kaori, ta déclaration, ne la regrette pas. Ca vaut tous les sacrifices. Notre histoire ce n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase en ce qui me concerne. Tu n’en es en rien responsable.
- Votre histoire ?, demanda Miki, sidérée.
- Vous êtes ensemble ?

Elle regarda tous les autres qui regardèrent leurs pieds.

- Oui. Mais c’était un secret dans lequel ils sont entrés par le plus grand des hasards, Miki. N’en veux pas à Kao. C’est plus de ma faute que de la sienne.
- Je m’en fiche moi si vous êtes heureux ensemble., répondit-elle d’une voix enjouée.
- Très heureux, Miki.

Kaori acquiesça, gardant avec difficulté les yeux ouverts.

- On a tous mérité une bonne nuit de sommeil. Rentrez chez vous, mes enfants., leur ordonna Hide, prenant Saeko par l’épaule et l’entraînant pour rentrer.
- Oui, papa., répondit Ryo, tout sourire.

Miki les suivit, ayant hâte de retrouver son mari après cette journée mouvementée. Ryo aida Kaori à se lever et la prit dans ses bras, la voyant faiblir, l’emmenant chez eux, accompagnés de Mick. Hide les attendait au parking, le sac de sa sœur à la main.

- Certaines choses rentrent dans l’ordre., dit-il, compatissant.
- Le plus important, c’est ce qui compte., répondit Ryo, stoïque.

Hide lui sourit et ils se quittèrent, chacun rentrant dans son foyer profiter d’un repos amplement mérité.

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