City Hunter Fanfictions
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Nogami81
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Sam 23 Mai - 18:22
Résumé : Une petite fic tout en douceur consacrée à la naissance de la relation entre Mick et Kazue, qui est juste évoquée dans le manga. J’ai eu envie de développer comment ils en sont venus à se mettre ensemble. La fic se déroule après l’épisode de Kaibara, où Mick a été exposé à l’angel dust.

Initialement la fic était conçue comme un one-shot, lequel est devenu ce premier chapitre. Ici on découvre le ressenti de Mick au fil des semaines, depuis le début de sa convalescence après être revenu du bateau de Kaibara.




Chapitre 1 : La pénitence de l'ange



J’ai mal… Très mal…


Kaori…


La dernière chose dont je me rappelle avec précision, c’est l’aéroport. Je repars pour les Etats-Unis, non sans avoir volé un baiser à la femme que j’aime.


Kaori…


Ensuite c’est flou. Je me rappelle avoir tiré sur quelqu’un dans l’avion, puis d’une formidable explosion. Comment ai-je survécu ? Je l’ignore. Mais pas en bon état visiblement…


Kaori…


J’ai un autre souvenir, mais c’est plus une sensation qu’un souvenir. Je me rappelle avoir été habité par une rage folle, sourde, une envie de tuer qui me tordait les entrailles. De toute ma vie je n’avais jamais connu une telle fureur, c’était viscéral.
De la brume… un bateau… Falcon, Ryo et…


Kaori !


Dans cet épais brouillard j’ai entendu la voix de Kaori. Elle semblait m’appeler, me supplier, je ne sais pas mais en tout cas elle a réussi à m’atteindre tout au fond de mes limbes. J’avais l’impression de me battre contre moi-même, contre ma rage, pour ne pas la mettre en pièces. Dans un dernier sursaut, j’ai voulu la protéger, la sauver… Mes mains m’ont soudainement fait atrocement souffrir, comme si un courant électrique me parcourait, me brûlait…


Kaori…



Où suis-je ? Ah oui… A la clinique du Doc. Comme chaque matin c’est le même rituel : la douleur qui me réveille durement. Ensuite mon cerveau démantelé se met doucement en route, et comme chaque matin je m’évertue à remettre de l’ordre dans mes souvenirs. Depuis combien de jours, de semaines ? J’en ai perdu le compte. A chaque fois j’ai l’impression que ma tête va exploser, que mon corps va se déchirer. Il aurait sans doute mieux valu que je meure dans cet avion, ou sur ce bateau, plutôt que d’endurer pareilles souffrances.

Physiques bien sûr, car la douleur explose littéralement le seuil de tout ce que j’ai pu endurer de pire – et en tant que nettoyeur N°1 des Etats-Unis je pense pouvoir dire que j’ai eu mon lot de souffrances et autres tortures. C’est lancinant, j’ai l’impression que mon corps va se scinder en milliers de petits morceaux, comme un verre qu’on laisse tomber au sol, ou que mon sang est en train de bouillir et va brûler mes vaisseaux. Personne ne peut supporter ça sans y laisser la raison, pourtant Ryo y est parvenu. Je mesure à présent toute l’étendue de ses propres souffrances, et je comprends à présent pourquoi il a toujours l’air si insensible. Rien n’est comparable à… ça.

Au-delà de la douleur physique, il y a aussi la souffrance morale. Cette Angel dust les exacerbe horriblement en période de sevrage, et je me prends mon amour à sens unique en pleine gueule. Et ça fait mal… Paradoxalement, je crois que c’est cet amour qui m’a permis de m’en sortir, de museler ma rage, et de ne pas devenir complètement fou depuis. Chaque matin c’est son nom qui me vient à l’esprit, les traits de son visage qui se dessinent sous mes yeux, le son mélodieux de sa voix qui résonne à mes oreilles…


Kaori.


Le Doc dit que ma vie n’est plus en danger, mais que le sevrage sera long, difficile, douloureux. Merci Doc, mais je crois que je m’en étais aperçu. Les perfusions d’antalgiques ne me soulagent que très peu, je souffre intérieurement comme extérieurement. Mais je ne suis pas seul dans tout ce processus curatif, le professeur Natori m’accompagne du mieux qu’elle peut. Dans mon malheur, j’ai la chance d’être épaulé par une jolie femme, que mon état me décourage de draguer comme je l’aurais fait il n’y a pas si longtemps. C’est elle qui vient chaque jour vérifier le débit de mes perfusions, rajouter les antidouleurs. Elle vient aussi s’occuper des pansements qui recouvrent mes mains meurtries, c’est ce qui lui prend le plus de temps. Un moment bien peu agréable, mais la douceur de ses traits le rend un peu plus supportable.

Mes mains… Je ne m’étais pas trompé, c’étaient bien des brûlures, dues à un fort courant électrique. Ryo avait pris le temps de me raconter en détails ce qui s’était passé sur le bateau. Dire que j’aurais pu les tuer tous les trois… Dire que j’aurais pu la tuer, elle… Mon cœur se serre à cette pensée. Mes nerfs ont été très abîmés, il n’est pas certain que je recouvre un jour l’usage de mes mains, en tout cas il ne sera sans doute plus question pour moi de tenir une arme à feu. Le professeur Natori m’a proposé un traitement expérimental, à base de neurostimulant, qu’elle tente de mettre au point pour moi. Au point où j’en suis…

Mes journées se suivent et se ressemblent, rythmées par les soins prodigués au fil des heures. Ryo vient me voir parfois, nous parlons de tout et de rien. Du bon vieux temps, de sa propre expérience avec le PCP qui a failli lui coûter la vie, sa triste épopée m’aide beaucoup d’ailleurs. Il me parle de ses affaires en cours, des filles qu’il a draguées en chemin, des vestes qu’il s’est pris… Nous ne parlons jamais d’elle, je le soupçonne d’éviter le sujet pour ne pas avoir à m’avouer qu’il n’a encore une fois rien tenté pour lui avouer ses sentiments. Quel idiot… Croit-il vraiment que je ne vois pas ce qu’il ressent pour elle ? Ouvre les yeux, imbécile, tu l’as dans la peau, et elle aussi. S’évertuer à se faire autant de mal mutuellement, alors qu’il serait si simple d’assumer… Tout ça me dépasse.


Kaori…


Dire que j’ai renoncé à elle, je me suis effacé pour qu’il ne fasse rien. Enfin, « renoncer » est un bien grand mot, elle est bien trop éprise de lui pour que je n’aie jamais eu la moindre chance. Je le sais, pourtant mon amour pour elle continue de m’habiter, et je m’y accroche désespérément comme si c’était mon salut. Cela me permet de tenir, de tolérer toute cette souffrance qui me déchire aussi bien le corps que le cœur.


Les semaines ont passé. Je vais mieux, même si la douleur est toujours bien présente. Mais elle est désormais supportable. Je peux enfin me lever et prendre une douche seul, même si l’assistance d’une infirmière m’était très agréable je savoure le retour à une intimité salutaire. Mes réveils sont toujours aussi chaotiques, mais le retour à la réalité est plus rapide.


Kaori…


Le professeur Natori a enfin mis au point le sérum qui devrait m’aider à recouvrer l’usage de mes mains. Maintenant que le sevrage de la poussière d’ange est bien avancé, elle peut commencer à me l’administrer, à raison de deux injections quotidiennes qu’elle vient effectuer elle-même. Aujourd’hui, pour la première fois je me suis attardé sur autre chose que le physique de cette femme. Il se dégage d’elle une douceur rare, teintée d’une infinie tristesse que je sens tapie au fond d’elle. A-t-elle perdu un être cher ? Un fiancé peut-être ? Ou un frère ? Nos discussions n’en sont pas encore là, pour l’instant nos échanges tournent autour de ma récupération et des effets secondaires du traitement.


Kaori ?


Kazue. Elle se prénomme Kazue, elle enseigne à l’université de médecine et de biologie de Tokyo, elle fait de la recherche. Ce matin j’ai eu envie de sortir prendre l’air dans le parc qui jouxte la clinique, elle s’est timidement proposée de m’accompagner. Dans ce cadre de nature, la teneur de notre échange a pris un tour plus personnel. C’est une ancienne cliente de Ryo, qu’elle a rencontré peu après la mort de son fiancé. Celui-ci avait mis au point un venin particulièrement redoutable, que Ryo a bien involontairement testé… Je me suis retenu de rire quand elle m’a expliqué les effets que l’antidote avait eu sur lui. J’ai moins ri quand elle m’a avoué qu’elle était tombée amoureuse de lui à l’issue de cette affaire. Un amour non partagé, comme le mien.

Elle est douce, a le cœur sur la main, elle me rappelle énormément quelqu’un. Une confidence en amenant une autre, je lui rappelle furieusement Ryo sur certains points, je m’en offusque avec véhémence ce qui a le don de la faire rire. Je suis bien plus classe que cet étalon, et j’entends bien le lui prouver ! Elle a un rire cristallin, c’est si agréable de l’entendre que je fais tout pour la faire rire. Son sourire est apaisant, il me fait du bien, quand je la vois ainsi j’oublie pour quelques heures mes souffrances, mon invalidité désormais inéluctable. Sa présence illumine ma journée.


Kao…


Kazue me demande ce que je vais faire à présent. Je n’en sais rien. Depuis des années je n’ai jamais su exceller qu’à une chose, mais en suis-je encore capable ? Le neurostimulant me permet d’utiliser mes mains pour les gestes du quotidien, mais je ne suis plus capable d’actionner une gâchette. Je reste habile malgré tout, que ce soit en lancer de couteaux ou… en autre chose. Avant cet « accident » j’avais aussi un métier de couverture, je travaillais dans l’édition. Qui sait, peut-être pourrais-je reprendre mon activité au Japon ? Elle m’encourage dans ce sens.


Ka…


Je n’ai pas envie de retourner aux Etats-Unis, curieusement j’ai la sensation que ma vie est ici. Non, pas à cause de Kaori, même si j’ai un moment pensé le contraire. Je l’aime, et je l’aimerai sans doute jusqu’à mon dernier souffle. Mais cet amour si puissant a fini par se transformer en une amitié profonde et sincère, un amour plus fraternel que passionnel. De toute façon je n’ai jamais eu la moindre chance avec elle, et elle a toujours été franche sur ce sujet. Elle m’aime beaucoup, elle me soutient dans cette épreuve, mais les choses en resteront là.

La complicité qu’elle a développée avec Ryo dépasse l’entendement, ils peuvent communiquer sans se parler, anticiper leurs actions mutuelles et les coordonner, tout ça en un seul regard… Certes, lorsque nous étions partenaires aux Etats-Unis, Ryo et moi avions une complicité importante, mais là ça va au-delà de tout. Bien des couples mariés n’ont pas une telle confiance en l’autre, une telle capacité à comprendre l’autre... Chez eux c’est instinctif. Il n’y a que sur la question des sentiments que, bizarrement, rien ne filtre entre eux. Ou alors ils cachent bien leur jeu, ce qui ne m’étonnerait pas venant de lui. Il serait bien du genre à dissimuler sa relation avec elle aux yeux de tous, y compris de ses plus proches amis. Mais venant d’elle ce serait plus surprenant. Elle est entière, spontanée, parfois un peu bornée voire carrément susceptible, mais c’est ce qui fait son charme.


Kazue…


Cela fait déjà quelques semaines que je suis sorti de la clinique, et que j’ai emménagé dans l’immeuble en face de ce couple terrible. Pour autant, j’y repasse presque tous les jours. Kazue travaille d’arrache-pied sur le neurostimulant qu’elle m’injecte deux fois par jour, afin d’en réduire au maximum les effets secondaires. Lors de la dernière électromyographie, on s’est aperçu que mes nerfs repoussaient, doucement mais sûrement. C’est déjà une petite victoire en soi, et c’est en grande partie grâce au travail de titan qu’elle abat pour moi. J’ai vu ses yeux pétiller quand elle m’a annoncé les résultats, je la sens heureuse pour moi, et voir son sourire me réchauffe le cœur un peu plus.

Il n’est pas rare que je lui propose de venir boire un verre après le travail, ce qu’elle accepte de plus en plus. J’aime passer du temps avec cette femme, elle est douce, un peu timide, mais tellement charmante… J’aime son visage d’ange, son sourire, son rire, son regard… Depuis que j’ai quitté la clinique je me rends compte que ce n’est plus le visage de Kaori que je vois pendant mes phases de réveil. C’est celui de Kazue. Angel, mon vieux, tu es en train de tomber amoureux ! Non, non, elle me plaît c’est vrai, c’est une très belle femme, mais c’est avant tout un médecin. Mais ce n’est pas le médecin qui me plaît, c’est la femme qui se cache sous cette blouse blanche. Nous parlons d’ailleurs de beaucoup de choses sauf de médecine, exception faite de nos entrevues spécifiquement dédiées à mon état de santé bien entendu. Évidemment, ça n’a pas échappé à Ryo, qui depuis passe son temps à me chambrer sur la prétendue fin de mon célibat.


Kazue…



Cette femme-là, je n’ai pas envie de la draguer lourdement comme les autres pour la mettre dans mon lit. J’ai envie de la séduire, la courtiser, c’est vraiment une sensation étrange. Et j’ai parfois l’impression qu’elle ne dirait pas non à un rapprochement affectif significatif… et pour tout dire moi non plus. Depuis quelques jours je repousse sans cesse l’idée de l’inviter à dîner un soir, comme si j’avais peur qu’elle dise non. D’habitude, ce genre de choses ne m’effraient pas, alors pourquoi tout est différent lorsqu’il s’agit d’elle ? Si ça se trouve je suis réellement en train de tomber amoureux. Moi, Mick Angel, le séducteur de ces dames. Pas possible. Et pourtant, quel est donc cette étrange sensation qui s’immisce en moi depuis quelque temps ?


Non. J’aime Kaori. C’est la première femme pour qui j’ai éprouvé ce sentiment si fort, si prenant, si entier. En un seul regard elle m’a subjugué, rien ni personne ne pourra égaler ça. Mais peut-être que j’essaie de m’en convaincre ? Kaori restera à jamais un amour inaccessible, est-ce pour cela que je commence à me détourner d’elle pour un amour moins puissant mais plus à ma portée ?


Je ne sais plus. Merde, tu te poses trop de questions, Angel. Tu vas finir par devenir comme Ryo si ça continue, un éternel handicapé des sentiments, constamment torturé par une myriade de questions, d’interrogations, de craintes…


Ça y est. Après moult tergiversations, j’ai fini par lui proposer de l’inviter à dîner. Elle a paru surprise, puis son visage s’est éclairé d’un magnifique sourire avant de dire oui. Étrangement j’ai senti le sol se dérober sous mes pieds, comme si je venais d’accepter le plus gros contrat de ma vie. Je dois maintenant faire en sorte que cette soirée soit unique, j’ai réservé une table dans un très chic restaurant français de Shinjuku. Je dois aussi lui apporter des fleurs ! Bizarre, moi qui suis pourtant rompu à ce genre d’exercice, je me prends à hésiter sur la composition du bouquet à lui offrir… Deviendrais-je un grand romantique tout à coup ? Je me décide finalement pour des bleuets, moins connoté que les roses.

A l’heure dite je passe la chercher à la clinique, non sans avoir passé un temps inconsidéré à choisir ma tenue. J’ai finalement opté pour un costume bleu clair, assorti d’une cravate bleu marine. Quand je la vois sortir du bâtiment, je suis époustouflé par sa beauté simple et naturelle. Elle porte une robe noire plutôt sage, avec des empiècements de dentelle. Je reconnais la patte d’Eriko, cette robe lui va à ravir et souligne sa magnifique silhouette. Elle apprécie les fleurs, marque de délicatesse pour un premier rendez-vous.

Nous sommes tous les deux plutôt nerveux, je me fais presque l’effet d’être à mon tout premier rencard. Elle brise le silence en parlant de la qualité de la cuisine française. Nous passons la première partie de la soirée à parler de nos métiers respectifs, moi l’ex-nettoyeur N°1 des Etats-Unis, ex-City Hunter, et elle la biologiste, le professeur, le médecin. Ensuite nous enchaînons sur des sujets plus personnels, et Ryo et Kaori viennent s’inviter dans notre conversation. Je fustige cet étalon de pacotille sur son incapacité totale à assumer quoi que ce soit dès qu’il s’agit de Kaori, quitte à la faire souffrir. Je m’indigne de la façon cruelle avec laquelle il la fait souffrir depuis tant d’années, lui faisant douter de ses capacités de nettoyeuse et même de sa féminité. Je finis par lâcher que si j’étais à sa place, jamais je n’aurais fait souffrir Kaori aussi longtemps, que jamais je ne ferai souffrir la femme que j’aime d’une façon aussi odieuse.

Je me tais. J’en ai dit plus que ce que je souhaitais, et je vois ses yeux briller d’un éclat de tristesse. Oh mon Dieu, que je n’aime pas voir ses beaux yeux teintés d’une once de douleur ! Elle se reprend, me dit que ce n’est rien. Puis elle me parle de son fiancé, mort bien trop tôt, de la solitude qui l’a envahie, du froid qui s’est immiscé dans son cœur jusqu’à sa rencontre avec Ryo. Elle m’explique l’avoir aimé au premier regard, comme je l’ai fait avec Kaori, mais avoir vite compris que rien ne serait jamais possible entre elle et lui. Que son cœur a saigné pendant plusieurs années face à ce constat amer. Et que, depuis quelque temps, cette amertume s’estompe au profit d’un autre homme. Qu’elle ne pensait pas cela possible. Elle me regarde droit dans les yeux, je déglutis difficilement, parle-t-elle de moi ?? Le fait que sa main se pose doucement sur la mienne me laisse à penser que oui.

Alors je ne réfléchis pas. Je prends sa main dans la mienne, et lui dis que son cœur n’aura plus à saigner pour un amour impossible. Qu’elle n’aura plus à subir ce désert de glace et de solitude. Que, comme je l’ai dit il y a quelques minutes, jamais je ne la ferai souffrir. Elle pose son regard sur moi, j’y vois de l’étonnement, du soulagement, de la peur, et une petite étincelle de joie semble s’être logée au fin fond de ses prunelles. Mon cœur bat à tout rompre. Merde, je viens de lui faire une déclaration, sans m’en rendre compte ! Un peu gênés l’un et l’autre, nous profitons de l’arrivée du serveur avec l’addition pour rompre ce contact visuel et tactile.

Nous sortons, l’air est doux, parfait pour une balade en am… à deux. Nous prenons la direction du parc de Shinjuku, je la vois s’émerveiller à la vue des pétales de fleurs qui virevoltent au gré de la petite brise de printemps qui nous enveloppe. Puis l’air se rafraîchit, la soirée est déjà bien avancée mais je n’ai pas envie qu’elle se termine. Je lui propose de venir chez moi pour un verre, et je me donne mentalement des claques pour avoir fait une proposition tellement chargée de sous-entendus. Mais elle accepte, apparemment elle non plus ne souhaite pas rentrer tout de suite. Ou alors les Japonais ne sont pas sensibles à ce genre de plan sans équivoque. Sa main se glisse doucement dans la mienne, je la regarde un peu surpris, elle me fait un de ses magnifiques sourires, que je lui rends.

Chez moi, je m’en tiens à ma proposition initiale : un verre. Elle s’extasie sur la décoration moderne très occidentale de mon appartement, il est vrai que j’ai essayé de reproduire au maximum l’ambiance de mon ancien logement new-yorkais pour m’y sentir chez moi autant que possible. Au bout du compte c’est assez réussi. Nous prenons place sur le canapé panoramique, je lui dis que j’ai énormément apprécié cette soirée en sa compagnie, et que j’espère que ce sera la première d’une longue série. Elle acquiesce en rougissant, puis se tourne vers moi pour me parler de la teneur de notre dernière conversation au restaurant.

Elle veut savoir si je pensais ce que je disais, parce que cet autre homme qu’elle évoquait… c’est moi. Elle baisse les yeux en disant ces derniers mots dans un murmure à peine audible. Je pose doucement ma main gantée sur sa joue, que je caresse du pouce, puis je glisse mes doigts sous son menton, l’incitant à relever la tête. Je la regarde droit dans les yeux : oui, je le pensais. Kazue, tu n’auras jamais à souffrir par ma faute. Je vois ses yeux briller d’un éclat nouveau, elle pose sa main sur la mienne. Je m’approche d’elle, posant mon autre main sur son visage avant de la faire glisser dans sa nuque. Puis je l’attire à moi, et je pose mes lèvres sur les siennes. C’est un baiser chaste mais pourtant plein de promesses. Je sens un frisson parcourir mon corps, une décharge électrique se faufiler le long de mon échine, les battements de mon cœur s’intensifier. Nous nous écartons et nous regardons, avant de nous embrasser avec plus de ferveur. Je goûte à ses lèvres délicates, je caresse son cou, son dos. Je sens ses doigts fins plonger dans mes cheveux, caresser mon visage. Je sens son corps se rapprocher du mien et se blottir contre moi.

Ce soir, pour une fois, je ne mènerai pas la femme qui m’accompagne dans mon lit. Parce qu’elle n’a rien à voir avec toutes ces autres femmes que j’ai pu connaître le temps d’une étreinte charnelle. Ce soir je me contenterai d’embrasser celle qui, plus tard, sera la seule à partager mes nuits.

Je t’aime Kazue.






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Dernière édition par Nogami81 le Dim 24 Mai - 16:39, édité 1 fois
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Sam 23 Mai - 18:27
Second volet. Cette fois c’est le point de vue de Kazue qu’on découvre. Le titre du chapitre fait référence à l’effet Nightingale (traduction : rossignol), qui désigne le fait pour un soignant d’éprouver des sentiments pour son patient. Ca a été un peu plus compliqué, le personnage de Kazue étant très peu développé par Hojo.


Chapitre 2 : Le chant du rossignol


Ryo…


Il est là, près de moi. Il me tend la main pour prendre la mienne, il m’attire à lui, me serre dans ses bras. Il me dit qu’il a enfin compris, qu’il va tout arrêter pour moi, qu’il ne veut que moi… Ses lèvres se rapprochent des miennes, il me dit qu’il m’aime dans un souffle avant de m’embrasser…

Et je me réveille. Comme à chaque fois. Seule dans mon lit. Parce que ce n’est qu’un rêve, que ça n’arrivera sans doute jamais. A cette pensée mon cœur se serre. Pourquoi a-t-il fallu que je tombe amoureuse de toi, Ryo Saeba ?


Ryo…


Je m’appelle Kazue Natori. Je suis une scientifique, une biologiste spécialisée dans l’immunologie, j’ai également un diplôme de médecine. J’enseigne à l’université de Tokyo, où j’ai fait mes études, et où j’ai rencontré mon fiancé.

Celui-ci avait mis au point un poison dévastateur, dont les possibles usages militaires avaient fortement intéressé des personnages peu recommandables. Sous la contrainte, il leur avait fourni le venin, mais ces malfrats s’étaient débarrassés de lui avant qu’il ait pu mettre au point l’antidote. A sa mort, je me suis jetée à corps perdu dans le travail de recherche titanesque qu’il avait laissé inachevé. Plus rien ne comptait que la mise au point de cet antidote, et de récupérer les abeilles tueuses des mains des yakuza. Je suis allée très loin dans ma démarche, allant jusqu’à me fiancer avec le fils du chef du clan.

C’est ce jour-là que j’ai rencontré Ryo et Kaori. Ou plutôt que je leur suis tombée dessus. La mariée tombée du ciel… Je connaissais la réputation de l’étalon de Shinjuku, je le prenais pour le dragueur obsédé par excellence. A force de le côtoyer, j’ai découvert d’autres facettes de cet homme si troublant, si mystérieux. Il a des qualités humaines rares chez un homme de cette trempe et surtout de ce milieu, qu’il dissimule derrière un masque de coureur de jupons invétéré. Certes, il reste un épicurien dans l’âme, et surtout un obsédé notoire, mais au fond c’est un homme sensible et généreux à sa façon. Et puis, une fois débarrassé de ses ardeurs mokkoriennes, c’est un homme absolument charmant. Un homme dont je suis tombée éperdument amoureuse quand j’ai réalisé qui il était réellement. J’avoue avoir hésité avant de lui administrer l’antidote…


Ryo…


Le Doc m’a proposé de vivre à la clinique, avec lui. Enfin, pas tout à fait avec lui, hors de question de vivre avec cet homme libidineux ! Je loge dans un petit pavillon au fond du parc de la clinique, c’est assez confortable et je m’y sens presque chez moi, malgré les tentatives d’intrusion nocturne… Le Doc est clairement porté sur la gaudriole comme dirait Kaori, mais il a bon cœur, parfois je jurerais que lui et Ryo sont de la même famille tant ils se ressemblent sur ces points.


Ryo…


Quand je ne suis pas plongée dans mon travail, mes pensées vont vers lui. Même si avec le temps j’ai réalisé qu’il ne serait jamais à moi, même si j’ai fini par comprendre que son cœur appartenait à une autre, je l’aime toujours. Mais l’espoir m’a quittée. Alors je souffre en silence de mon incapacité totale à aller de l’avant. Et je me noie dans le travail, j’entame sans cesse de nouvelles recherches, j’ai déjà mis au point plusieurs baumes, sérums, calmants, protocoles de soins, adaptés aux blessures survenant dans un cadre pas très légal dirons-nous. Sur les encouragements du Doc j’ai même validé mon diplôme de médecine, j’ai repris l’enseignement à l’université. Je participe à des colloques scientifiques un peu partout. Tout pour ne pas penser à lui.


Ryo…


Je n’ai jamais été la rivale de Kaori. Personne ne le peut. Et personnellement je n’en ai même pas envie. Je suis jalouse de leur relation, de leur complicité, de leur amour qu’ils ne s’avouent pas mais qui transpirent par tous les pores de leur peau. Mais je ne peux pas la détester. Cette femme est d’une générosité incroyable, elle a le cœur sur la main. Il émane d’elle une douceur, une lumière, c’est ce qui fait sa force, leur force.


**********************************************************************************


Lorsqu’ils sont revenus du bateau de Kaibara, ils étaient tous en mauvais état. Falcon avait été roué de coups, Ryo avait été sérieusement blessé… Kaori avait pris une poutre sur le crâne, ce qui lui avait valu une amnésie temporaire des derniers événements. Et Mick Angel, l’Américain… L’espace d’un instant j’ai cru que cet homme était mort.

Le Doc m’a expliqué que Mick Angel avait été exposé à une drogue très puissante et aux effets dévastateurs, l’Angel dust, un dérivé du PCP. Une dose massive plonge le sujet dans un état second, où seuls la rage et l’envie de tuer prévalent, le corps ne ressent plus la douleur et le sujet en est pratiquement réduit à l’état de zombie… Si par chance il survit, la convalescence sera terriblement douloureuse et pourrait durer des mois. Ryo m’a donné des précisions, étant donné qu’il est lui aussi passé par là il y a bien longtemps, il a failli en mourir. J’en tremble…


Quand il s’est réveillé la première fois, il a répété un prénom : Kaori. A plusieurs reprises, comme un mantra, une prière. Ryo m’a alors expliqué ce qui s’était passé là-bas, comment il avait réussi à surmonter les effets de cette drogue dévastatrice l’espace d’un instant, pour la sauver de sa propre rage… C’est son amour pour elle qui lui a permis de réaliser l’impossible.

Chaque matin c’est le même rituel. Son corps s’éveille douloureusement, puis son esprit tente de percer le brouillard dans lequel il nage, se raccrochant à une seule chose : Kaori. Il répète son prénom en boucle, comme la première fois. Les convulsions se calment à ce moment-là, mais la souffrance est toujours présente, constante, dévorante, palpable. Ses mains… Mon Dieu, ses mains sont dans un état… La décharge électrique aurait dû le tuer, mais l’Angel dust lui a paradoxalement permis d’échapper à la mort, au prix de dégâts considérables sur les tissus nerveux et musculaires. Je refais ses pansements quand il dort encore.

Après quelques jours, les phases de réveil sont plus rapides. Le traitement initié pour le sevrage fonctionne, même si la douleur se lit toujours sur son visage. Ses yeux sont emplis d’une mélancolie extrême… Mais il a envie de vivre. Je peux désormais faire ses soins quand il est éveillé, je l’accompagne du mieux que je peux. Ryo passe le voir de temps à autre, il ne le dit pas mais je vois bien qu’il est inquiet pour son ami.


Avec l’accord du Doc, je tente de mettre au point un sérum qui pourrait améliorer la récupération voire la restructuration nerveuse. Cela me prend beaucoup de temps, et je ne sais même pas si ça marchera. Mais ça vaut la peine d’essayer. Et puis j’ai l’accord de mon patient, il est conscient qu’il n’a rien à perdre alors il est prêt à tout tester. Son envie de vivre est sidérante, il se bat comme un lion malgré tout ce qu’il endure. Ryo a-t-il eu la même rage de vaincre, la même détermination ? J’en suis convaincue. Ces deux-là se ressemblent sur bien des points, et pas forcément les meilleurs à ce qu’on m’a dit… Deux tueurs, deux dragueurs invétérés, deux fêtards… et tous deux amoureux de la même femme. Je souris à cette pensée, elle qui est persuadée de ne plaire à personne, elle qui se dévalorise en permanence, elle ne se rend même pas compte de l’effet qu’elle a sur les hommes, et plus spécifiquement sur ces deux-là. Dans le même temps mon cœur se serre dans ma poitrine, car mon amour pour lui n’est et ne sera jamais partagé… Je le sais, mais je n’arrive pas à passer à autre chose, je n’arrive pas à l’oublier, je n’arrive pas à tourner cette page. Y arriverai-je un jour ? En ai-je réellement envie ?


Ryo…


Mon patient va mieux, je l’ai enfin autorisé à se lever et à reprendre certains gestes du quotidien seul. Les infirmières vont me le rendre au centuple, l’aider pour sa toilette commençait à relever du calvaire pour elles…

Mon sérum n’est pas encore au point, mais au moins il est opérationnel. J’ai commencé à effectuer les injections, matin et soir. Il reste des effets secondaires à contrecarrer, comme la douleur lors de l’injection, ou les picotements désagréables ressentis dans les minutes qui suivent. Il me fait part de ses ressentis avec précision, ce qui m’aide énormément pour améliorer le traitement. Je vois bien qu’il souffre toujours, mais ses yeux ont désormais un autre éclat, la vie a de nouveau investi son regard azur si fascinant. Pour nous Japonais, il est rarissime de voir des yeux bleus, et ceux de Mick Angel ont la couleur du ciel…


Ce matin mon patient a voulu prendre l’air. Je pense qu’il en a assez de rester enfermé dans sa chambre, et après tout son état le permet désormais. A part ses mains, ses blessures sont pratiquement guéries, et son état général est satisfaisant. Je me surprends à lui proposer de l’accompagner. Au fil de notre balade, nous en venons pour la première fois à évoquer nos vies en dehors de toute considération médicale. Il me parle de sa vie aux Etats-Unis, à New York, de son partenariat avec Ryo. Il m’explique avoir eu du mal à le reconnaître lorsqu’il est revenu le voir récemment, il a vu en lui une envie de vivre qu’il ne lui avait jamais connue. Puis il me parle de Kaori, de son coup de foudre pour elle, de ses sentiments non partagés. J’en viens à lui parler de mon regretté fiancé, de ma rencontre avec le duo City Hunter, des sentiments qui m’ont aminée au premier regard posé sur Ryo… Je lui parle du venin et de l’antidote, j’ai bien vu qu’il s’était retenu de rire à l’évocation des effets secondaires. Puis j’ai vu son visage se crisper quand j’ai osé remarquer les ressemblances entre lui et Ryo. Il était très contrarié, ce qui m’a fait rire. Je l’ai alors tout de suite vu s’apaiser. C’est bon de rire aux côtés d’un homme comme Mick, j’aime sa compagnie.


Mick…


Régulièrement je m’arrange pour le croiser fortuitement à la machine à café, j’aime parler avec lui. J’ai bien conscience qu’il est un séducteur dans l’âme, mais je n’ai pas l’impression qu’il cherche à me faire la cour, et je me surprends à le regretter… Je lui demande ce qu’il compte faire une fois sorti de la clinique, reprendre son activité de nettoyeur serait trop risqué. Ses mains ne pourront plus jamais actionner un revolver, elles sont trop faibles pour cela désormais. Je tremble à l’idée qu’il se fasse tuer… Il a l’air d’hésiter. Il me dit qu’aux Etats-Unis, il avait monté une société d’édition, ça lui permettait de blanchir l’argent qu’il amassait en tant que tueur à gages. Il a le sens des affaires, il pourrait recommencer sa vie ici. Ca tombe bien, la jeune Yuka Nogami recherche justement un autre éditeur pour son prochain roman, je passerai l’information à ses sœurs. Il n’envisage pas de retourner dans son pays, je pense qu’il est conscient que le risque serait trop grand, il est devenu une cible trop facile à abattre maintenant qu’il est physiquement diminué.


Mick…


Je réalise qu’il va devoir bientôt quitter la clinique. Le médecin qui est en moi en est soulagé, mais la femme que je suis éprouve un pincement au cœur à cette idée. Cet homme me plaît, il a ses travers mais son cœur est bon malgré tout. Et puis il faut bien avouer qu’il est séduisant physiquement. J’ai rêvé de lui l’autre nuit… Je crois que je commence à éprouver des choses pour cet homme si particulier, et je m’interroge. Serait-ce l’effet Florence Nightingale ? Ou bien mon cœur est-il prêt à aller de l’avant ? J’ai mis tellement de temps à me remettre de la mort de mon fiancé, que je me suis accrochée aux sentiments que j’avais pour Ryo. Mais c’était une chimère, une sorte de mécanisme de défense pour m’aider à passer à autre chose, je ne m’en rends compte que maintenant. Un bien piètre mécanisme d’ailleurs, car j’ai souffert plus que de raison en réalisant que mes sentiments pour Ryo ne seraient jamais partagés. Mais aujourd’hui, je ne sais pas, j’ai comme l’impression que mon cœur s’est animé d’un souffle nouveau… La bague qu’il m’a offerte ? Un matin, je l’ai retirée et l’ai rangée dans son écrin, je ne sais pas pourquoi. Une soudaine impulsion, qui m’a prise il y a quelques jours… Cette bague n’avait pas quitté mon doigt depuis cinq ans…


Cela fait maintenant quelques jours que Mick a quitté la clinique. J’en ai été profondément attristée, plus que de raison, mais je me suis bien vite consolée en constatant qu’il vient me voir tous les jours pour ses injections et la surveillance de sa récupération. J’ai reçu les résultats des différents examens que je lui ai fait passer, et le constat est sans appel : mon neurostimulant fonctionne, ses nerfs se régénèrent tout doucement, l’influx nerveux se fraye à nouveau un chemin. Je suis heureuse pour lui, plus que pour un patient ordinaire.

Il m’invite régulièrement à sortir de la clinique, pour prendre un café. Au début je refusais, un peu intimidée par ces sentiments nouveaux qui m’animent en sa présence, puis devant son insistance je me suis laissé faire. C’est devenu un rituel entre nous, j’apprécie sa compagnie de plus en plus, et je sens que lui aussi. Serais-je en train de tomber amoureuse ?


Mick m’a invitée à dîner ce soir ! Je suis heureuse et en même temps un peu angoissée. Est-ce un rendez-vous galant ? Ou juste une sortie entre deux amis qui ont traversé ensemble de dures épreuves ? Je fouille dans ma garde-robe, ne trouvant rien qui me convienne, la plupart de mes toilettes sont si… ennuyeuses ! Je me rends compte que ces dernières années, je n’ai jamais fait le moindre effort pour plaire, m’étant dévouée corps et âme à mon métier. J’avise une petite robe noire qu’Eriko m’avait donnée pour le dernier colloque de médecine auquel j’ai participé. Elégante sans en faire trop, avec un peu de dentelle ici et là pour casser l’apparence décidément trop sage du vêtement… mais qui me correspond finalement bien.


Je suis prête, je l’attends. Je triture mes doigts dans tous les sens, signe évident de nervosité. Enfin, le voilà ! Je n’en mène pas large, et lui non plus. Sous son apparente assurance, je le sens nerveux lui aussi. Il me tend un bouquet de bleuets : en langage des fleurs, c’est un signe d’amour naissant, ou une marque de délicatesse. Quel est le message ? Je me pose trop de questions, j’ai l’impression d’être une adolescente qui se rend à son premier rendez-vous ! Le restaurant français dans lequel il m’emmène est très chic, à sa mesure mais pas à la mienne. J’aurais dû mettre autre chose, je ne mérite pas une telle attention… Je chasse toutes ces pensées, sinon je ne vais pas profiter de ma soirée ! Surtout que la cuisine est excellente. Je suis déjà allée à Paris, et j’avoue que la gastronomie française est un régal. Ouf, j’ai trouvé le moyen de chasser ce silence un peu pesant qui commençait tout doucement à s’installer.

Nous parlons de nous, de nos métiers. Il me parle de son ancienne vie de nettoyeur professionnel, en omettant volontairement les détails les plus sordides de cette activité, et je l’en remercie intérieurement. Quelle vie solitaire il a mené… La conversation prend un tour plus personnel, nous en venons à parler de Ryo et Kaori. Lequel de nous deux les a fait venir dans la discussion ? Je ne sais plus, j’avoue ne pas avoir particulièrement envie de parler d’eux, de leur façon de gérer leurs sentiments, de leur histoire… Mais je n’ai pas besoin de dire quoi que ce soit, Mick s’en charge pour nous deux. Je le vois s’enflammer sur le sujet, évidemment dès qu’il s’agit de Kaori… Mais non. Il ne comprend pas pourquoi son ex-partenaire se complaît dans cet éternel statu quo, pourquoi il torture ainsi Kaori sur tous les plans… Il poursuit en me disant que jamais il ne lui aurait fait subir tout ça, et mon cœur me fait soudainement mal. Il l’aime toujours, il ne l’a pas oubliée. Et moi je suis là, à l’écouter m’expliquer qu’il aurait su l’aimer comme il se doit… Il termine en déclarant que jamais il ne fera une chose pareille à la femme qu’il aime.

Je le regarde, ébahie. Je ne suis pas sûre de comprendre ce qu’il a voulu dire, mais je pense qu’il ne parlait plus de Kaori… Je crois qu’à la façon dont il a brusquement cessé de parler, il s’est rendu compte que ses mots avaient trahi sa pensée. Je sens que j’ai les larmes au bord des yeux, il a l’air peiné de me voir ainsi. Je tente de le rassurer, et je me mets moi aussi à me livrer, sans détour ou presque. Alors je lui ouvre une partie de mon cœur. Je lui parle de la douleur immense que j’ai ressentie quand mon fiancé est mort, de la chaleur que Ryo a insufflé dans mon cœur, de la dure réalité qui s’est imposée à moi et qui m’a fait si mal pendant ces dernières années… Mais aussi que mon cœur penche vers une autre personne désormais. Sans le vouloir, à ces derniers mots, je pose ma main sur la sienne, trahissant l’identité de celui qui me fait chavirer depuis quelque temps, et je l’interroge du regard. Je me noie dans l’océan de ses yeux, j’ai envie de m’y noyer pour toujours…

Soudain il prend ma main. Sa voix est apaisée, par ces paroles il me fait comprendre que pour lui aussi une page est en train de se tourner, envisagerait-il d’écrire la suivante avec moi ? Ai-je bien compris ? Le serveur coupe court à notre discussion, il est temps pour nous de quitter cet endroit, mais la soirée n’est pas terminée. Je ne veux pas qu’elle s’achève ainsi. Il me propose une balade pour profiter de la douceur de l’air, je l’entraîne vers le parc de Shinjuku. A cette époque de l’année les cerisiers sont en fleurs, c’est un spectacle magnifique. Je me laisse happer par la beauté de l’instant, je souris, je suis heureuse. Il commence à faire frais, la nuit tombe, mais je ne veux pas rentrer. Pas encore. Il me propose un verre chez lui, j’accepte bien volontiers de prolonger ces instants. Nous prenons la direction de son appartement, main dans la main.


Arrivée chez lui, je m’émerveille de la modernité de la décoration, c’est si chaleureux, ça lui ressemble. Et ça me change de l’ambiance traditionnelle de mon logement à la clinique. Il nous sert puis m’invite à m’asseoir sur ce canapé immense qui fait face à la grande baie vitrée donnant sur la rue. Il a apprécié la soirée lui aussi, il aimerait que nous en passions d’autres, et je ne peux empêcher mes joues de se teinter de rose en lui disant que je partage son souhait.

Est-ce l’effet du vin que nous buvons ? Je me sens prise d’une audace nouvelle. Je me tourne vers lui, je reparle de notre conversation au restaurant. Je plonge dans ses yeux clairs pour y trouver la force de l’exprimer. Je dois le lui dire. Maintenant, sinon j’ai peur de ne plus m’en sentir capable… Je baisse la tête, je n’arrive pas à aller au bout de ma pensée, ma voix s’étrangle. Je sens maintenant sa main se poser sur mon visage, me caresser doucement la joue. Je relève la tête, et dans son regard j’y vois la détermination qui m’a manquée à cet instant crucial. Il me confirme ce que je n’osais pas espérer. « Kazue, tu n’auras jamais à souffrir par ma faute ». Je suis comme transportée, mon cœur manque un battement, puis deux… Je pose ma main sur la sienne comme pour le remercier par ce simple geste. Son visage s’approche du mien, son autre main se glisse à la racine de mes cheveux. Puis ses lèvres se posent sur les miennes, je sens tout mon corps vibrer comme jamais. Nos visages se font à nouveau face, nous échangeons un regard plein de tendresse avant qu’il reprenne possession de mes lèvres. Alors je me laisse aller complètement, nos corps se rapprochent et je me serre contre lui. Enfin.


A présent, je sais que ce n’était pas l’effet Nightingale qui me troublait ainsi. Mon amour pour Mick s’est construit petit à petit, au fil des jours passés ensemble à la clinique, et s’est intensifié à mesure que j’apprenais à connaître l’homme derrière le patient. Oserai-je lui dire un jour que c’est lui qui hante mes rêves désormais ? Peut-être pas ce soir. Mais je sais que nous avons lui et moi entamé un nouveau chapitre de notre histoire, un chapitre à deux.


Fin



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